CARNETS DE LA PRIMAIRE J-13 Des élus marseillais ont appelé dimanche 8 janvier à légaliser la consommation de cannabis. Ce sujet qui divise la gauche depuis 20 ans fait à nouveau débat entre les candidats à la primaire.
Benoît Hamon, candidat à la primaire PS, prône une légalisation du cannabis /
Jean-Christophe Verhaegen/AFP
Légaliser, dépénaliser ou au contraire pénaliser la consommation de cannabis ? La question qui divise à gauche depuis plusieurs années a refait surface ces dernières semaines. Dimanche 8 janvier, cent cinquante Marseillais, dont les députés PS Patrick Mennucci et Marie-Arlette Carlotti, ont lancé un appel dans le JDD pour une « légalisation contrôlée » du cannabis.
Parmi les candidats à la primaire organisée par le parti socialiste, plusieurs sont sur cette ligne. Benoît Hamon veut ainsi aller plus loin que la dépénalisation (l’usage n’est plus un délit mais la culture et le commerce restent punis) et prône une légalisation. Il avance deux arguments : tuer le trafic et améliorer la prévention.
« J’utiliserai les 568 millions d’euros annuels utilisés pour la répression à des fins de prévention et d’information sur les risques associés à cette consommation », explique-t-il dans son programme. Le député des Yvelines cite notamment comme exemple à suivre le Colorado. Dans cet État américain qui a légalisé cette drogue en 2014, la consommation chez les jeunes est en effet restée stable.
Pinel, de Rugy, Bennahmias aussi favorables
Sylvia Pinel, candidate du parti radical de gauche (PRG) partage cette position. Pour l’ancienne ministre du logement, la légalisation « encadrée » de la marijuana relève d’une question de « santé publique et de sécurité publique ». « Est-ce qu’on continue à rester sans rien faire et à se voiler la face ?
Aujourd’hui la légalisation du cannabis, c’est finalement une question de santé publique, parce qu’on sait très bien que les drogues consommées sont souvent trafiquées (…), elles sont dangereuses », expliquait-elle en décembre sur France 2.
Les écologistes François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias sont aussi partisans d’une légalisation. François de Rugy envisage de tester cette mesure sur cinq ans, avant de décider de légiférer.
Manuel Valls opposé
À l’inverse, Manuel Valls tout comme Arnaud Montebourg se sont toujours refusé à parler de légalisation ou de dépénalisation. De son côté, Vincent Peillon souhaite rouvrir le débat mais s’oppose à la légalisation.
En 2012, l’ancien ministre de l’éducation avait été au centre d’une polémique. Alors que François Hollande et son premier ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault, avaient évacué ce sujet, Vincent Peillon avait laissé entendre qu’il était favorable à une dépénalisation. « On peut lutter par les moyens de la répression, je suis absolument pour, mais en même temps je vois que les résultats ne sont pas très efficaces », avait-il déclaré sur France Inter.
Un débat vieux de 20 ans
Les débats autour de la consommation du cannabis ne datent pas d’hier. En 2002, Lionel Jospin alors en campagne réaffirmait son opposition à un changement de législation, tout en relativisant la consommation de marijuana : « fumer un joint chez soi est certainement moins dangereux que boire de l’alcool avant de conduire, pour soi et aussi pour autrui. »
Chez les Verts, Noël Mamère avait défendu une légalisation contrôlée en interdisant les drogues douces aux moins de 16 ans. En 1997, Dominique Voynet, alors ministre de l’environnement dans le gouvernement de Lionel Jospin, s’était dite dans les colonnes de Charlie Hebdo, favorable à la légalisation.
Par Alban de Montigny
Source: la-croix.com