Amsterdam est-elle en passe de perdre son statut (peu envié) de capitale européenne des drogues ? Alors que les Pays-Bas ont interdit les champignons hallucinogènes et envisagent des mesures pour limiter le nuage de narcotouristes, la République tchèque fait le chemin inverse et dépénalise la possession de petites quantités de drogues, de l'herbe à l'héroïne.
Source: Rue89
A la fin de l'année dernière, l'Assemblée tchèque votait un nouveau code pénal dépénalisant la possession de « petites quantités » de drogues. Laissant au gouvernement la responsabilité de définir ce que représentait une « petite quantité ». C'est désormais chose faite, avec effet au 1er janvier. Ça promet pour le Nouvel an !
La semaine dernière, le gouvernement de Jan Fischer annonçait ainsi que les Tchèques cultivant jusqu'à cinq pieds de cannabis, de coca, de cactus à mescaline (s'attirant paradoxalement les foudres des botanistes amateurs de cactus ! ) ou encore jusqu'à 40 champignons hallucinogènes ne seraient plus poursuivis. Ces plantes restent illégales mais leur culture dans ces limites ne fera plus encourir qu'une simple amende.
Ce lundi, la ministre de la Justice Daniela Kovarova a rendu publics les nouveaux arbitrages tant attendus du gouvernement, basés sur les pratiques actuellement en vigueur dans les tribunaux tchèques. Sera désormais passible d'une simple amende, la possession de :
- 15 grammes d'herbe (soit la consommation hebdomadaire d'un très gros fumeur)
- 5 grammes de hasch
- 1,5 gramme d'héroïne
- 1 gramme de cocaïne (si quelqu'un a une idée de la raison de cette différence de traitement entre héroïne et cocaïne, je suis preneur…)
* 2 grammes de méthamphétamine (encore rare en Europe mais qui fait des ravages, au sens propre, en Asie et en Amérique)
- 5 doses de LSD
- 4 ecstasy
Photo : à la Fête du 18 joint 2009, à Paris (Audrey Cerdan/Rue89)
Enfin, peut-être pour ne pas paraitre totalement laxiste, le gouvernement avait la semaine dernière, au nom de la lutte contre le dopage, autorisé la possession d'une unique dose d'anabolisants.
Au-delà de ces quantités, mais avant d'être assimilée à du trafic, la possession devrait être punie d'un an d'emprisonnement pour le cannabis. Deux ans pour les autres drogues. La nouvelle réglementation ne dit pas ce qui se passera si l'on est arrêté en possession de toutes ces substances simultanément ou si elle s'applique aux touristes.
La France à contre-courant
Reste que cette décision est d'autant plus courageuse qu'elle intervient dans le pays qui compte la jeunesse la plus friande de cannabis en Europe, avec 22% de jeunes âgés de 16 à 34 ans ayant fumé dans l'année écoulée, selon l'OEDT. Un leadership qu'elle partage, notamment, avec la France, où, rappelons-le, la simple possession d'un gramme de cannabis peut conduire tout droit à la case prison.
La France qui risque bien de se retrouver à contre-tempo sur le sujet, alors que le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, annonçait la semaine dernière sa volonté de mettre en place un « pacte européen contre la drogue », à l'image de celui sur l'immigration qu'il avait fait adopter par l'Union en 2008.
Lors des « rencontres de Beauvau », le ministre a déclaré avoir reçu « une lettre de mission très précise du président de la République », lui demandant de mettre en place un « plan global de lutte contre le trafic de stupéfiants ». Il a également annoncé la création d'un « secrétariat général à la lutte contre le trafic de drogue » regroupant tous les services de répression.
Par Arnaud Aubron