Bruxelles, Correspondant - Un projet du gouvernement néerlandais visant à soumettre l'achat de cannabis dans les "coffeeshops" à l'obtention d'un document officiel (le "wietpas") suscite une polémique croissante aux Pays-Bas.
Le ministre de la justice, Ivo Opstelten (libéral), a annoncé, peu de temps après sa récente entrée en fonction, qu'il entendait imposer aux coffeeshops de cinq villes du Sud du royaume – Eindhoven, Breda, Tilburg, Den Bosch et Helmond – l'introduction d'un tel "passeport". La mesure devrait ensuite être étendue à tout le pays. La ville d'Amsterdam a, comme quelques autres municipalités, indiqué qu'elle s'opposerait à cette mesure. Des maires du Sud du pays, confrontés aux nuisances liées au commerce de la drogue, en sont, en revanche, d'ardents partisans.
Le gouvernement entend éviter que des consommateurs étrangers continuent à s'approvisionner en masse dans la zone proche des frontières belge et allemande. Appuyé par des responsables locaux, il affirme aussi que le "passeport" permettra de réglementer, outre la vente, la production du cannabis.
UNE OPTION CONTESTÉE
A l'inverse, pour certains spécialistes, le commerce se déplacera des coffeeshops vers la rue et encouragera des groupes criminels, avec, à la clé, un développement de la violence. Ces opposants évoquent une décision "purement symbolique".
Une étude conduite par une chercheuse de l'université de Tilburg et évoquée, lundi 6 décembre, par le quotidien Trouw confirme cette analyse. Selon Nicole Maalsté, les "touristes de la drogue" trouveront toujours - comme les Néerlandais qui refuseront de s'enregistrer - à s'approvisionner sur des marchés clandestins.
Mme Maalsté suggère plutôt un système de contrôle basé sur l'examen des passeports et une légalisation de la culture du cannabis, un secteur en bonne partie contrôlé par des groupes mafieux à l'heure actuelle.
Les autorités néerlandaises sont en attente d'un jugement de la Cour européenne de justice qui doit se prononcer, le 16 décembre, sur la légalité, au regard du droit européen, d'une mesure qui exclura de fait tous les étrangers de la vente légale de cannabis.
Source: Le Monde