(AFP) – Il y a 5 heures
PARIS — Le directeur de l'Observatoire des drogues et de la toxicomanie Jean-Michel Costes ne sera pas reconduit dans ses fonctions, a-t-il annoncé mercredi à l'AFP, jugeant faire les frais de ses désaccords avec le président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue (Mildt).
"J'avais postulé pour un nouveau mandat mais ma candidature n'a pas été retenue", a expliqué M. Costes dans un entretien téléphonique, confirmant des informations parues dans Le Monde.
Pour M. Costes, qui quitte l'OFDT après 15 ans à sa tête, il s'agit d'une éviction "dans un contexte politique délicat, avec des pressions de plus en plus fortes sur l'autonomie de l'établissement" de la part du président de la Mildt, Etienne Apaire, "particulièrement sur la présentation des résultats des données" épidémiologiques sur les drogues.
"Les pressions s'exerçaient sur l'interprétation des données", a assuré M. Costes. "M. Apaire voulait notamment que j'appuie les éléments de langage du gouvernement sur les salles de consommation de drogue", dont M. Apaire est un farouche adversaire.
M. Costes faisait partie du groupe d'experts de l'Inserm qui avait préconisé l'an dernier une expérimentation en France de ces salles de consommation.
"On a des restrictions de communication en permanence depuis deux ans. Pour moi il est évident que je paie cette résistance aux pressions", a conclu M. Costes.
M. Apaire, président de la Mildt qui coordonne les actions gouvernementales en matière de lutte contre les addictions, s'est défendu mercredi de ces accusations en assurant qu'il s'agissait "plus d'un problème de management dans la fonction publique que d'une question idéologique".
"M. Costes occupe ses fonctions depuis 15 ans, c'est une durée très longue à la tête d'une structure", a-t-il déclaré à l'AFP.
Par ailleurs, "personne ne m'a dit au cours des dernières années que j'avais censuré le travail de l'OFDT", a-t-il poursuivi.
Le Conseil d'administration de l'OFDT pourrait désigner vendredi Maud Saporta, polytechnicienne et médecin de santé publique à la tête de l'Observatoire, selon des sources proches du dossier.