A Monsieur le Premier Ministre,
A Monsieur l'Inspecteur Général de la Police,
A Monsieur le Président de la Commission Nationale de Droits De l'Homme SUHAKAM,
A Monsieur l'Ambassadeur,
Anvers, 16 avril 2007
En tant que coalition européenne ONGs et individus concernés par le problème mondial des drogues, nous voudrions vous informer par cette lettre de notre préoccupation la plus sincère concernant l'exécution prochaine de M. Basil Omar (36 ans), dont la sentence à la peine de mort a été récemment confirmée.
M. Basil Omar a été capturé en possession de 1 kilo de cannabis le 31 janvier de 1990 et a été condamné à la peine de mort en septembre 1994.
Le 20 mars 2007, M. Omar fait appel à la Cour Fédérale de Malaisie pour annuler la sentence, ce fut un échec.
L'usage de la peine de mort est contraire à la protection universelle de droits de l'homme et n'est pas conforme la tendance internationale que tout éloigne de cette mesure. Très peu de pays actuellement mènent à termes des exécutions : des chiffres provisoires d'Amnesty International indiquent que seulement 20 des 193 états des Nations Unies ont mené à bien des meurtres d'état en 2006. Dans des pays comme la Corée du Sud ou Taiwan, les autorités pensent abolir cette mesure. Nous espérons que ce sera le cas en Malaisie aussi.
Toutefois, dans ce cas particulier, nous croyons qu'il n'existe aucun argument valable pour mener cette sanction à son terme, et nous vous demandons de faire tout ce qui est possible pour annuler la sentence. Le cannabis est un produit naturel, une substance qui n'entraîne pas la mort. Sa consommation est largement diffusée de par le monde, comme ça a été le cas pendant des milliers d'années pour de nombreuses cultures et peuples. Dans la majorité des pays européens, la possession du cannabis pour la consommation personnelle n'est même plus pénalisée. Durant les prochaines années, nous attendons des changements législatifs plus importants qui permettront la culture et la distribution de cannabis à des adultes dans plusieurs pays européens.
Malgré les exécutions de vendeurs de drogues en Malaisie, le pays ne sera jamais libéré des drogues. Beaucoup de gens en Malaisie veulent consommer du cannabis et d'autres drogues, donc il est évident que d'autres personnes pourront les fournir.
En prenant la vie de M. Omar vous ne changerez pas cette situation. Le trafic de drogues est la plus importante activité d'organisations criminelles internationales. M. Omar ou d'autres qui sont occasionnellement capturés par les autorités avec des quantités relativement petites n'ont pas de responsabilités plus importantes dans cette affaire. En les tuant vous n'allez pas provoquer la fuite des bandes de narco-trafiquants. Au contraire, il est bien possible que grâce à ces peines, les barons des drogues puissent continuer à justifier des prix extrêmement élevés.
ENCOD est convaincu que le problème des drogues peut être réduit seulement par des politiques efficaces dans le cadre social et sanitaire, non par des sanctions légales. On a besoin de stratégies innovatrices pour se confronter au problème mondialement, et la mise en oeuvre de la prohibition des drogues est un obstacle à l'introduction de ces stratégies.
Le renforcement des politiques qui ont eu cours jusqu'à présent augmentera le manque de crédibilité des autorités aux yeux du public en général.
Nous appelons à votre raison pour appliquer les principes de bon gouvernement et annuler la sentence de peine de mort pour M. Basil Omar. Aussi nous vous offrons notre collaboration afin de convaincre les gouvernements européens de soutenir la Malaisie dans la création de structures qui permettraient la réduction des risques causés par la production, la distribution et la consommation de drogues illicites.
Cordialement, le comité exécutif :
Christine Kluge, Allemagne
Marina Impallomeni, Italie
Virginia Montañes, Espagne
Farid Ghehioueche, France
Jan van der Tas, Hollande
Joep Oomen, Belgique
EUROPEAN COUNCIL FOR JUST AND EFFECTIVE DRUG POLICIES
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