La ministre de l’enseignement supérieur accuse les écologistes de vouloir la “vente libre de toutes les drogues”. Une éxagération préélectorale.
Source: Les décodeurs
Pécresse : les Verts veulent légaliser toutes les drogues
La ministre de l’enseignement supérieur accuse les écologistes de vouloir la “vente libre de toutes les drogues”. Une éxagération préélectorale.
Ce qu’elle a dit
Invitée des 4 Vérités, sur France 2, le 9 janvier, la ministre de l’enseignement supérieur a assuré que “les Verts sont pour la vente libre du cannabis et la vente libre de toutes les drogues.” Avant de demander : “Quelle est la position du PS ? Ils vont s’allier aux Verts au deuxième tour. Est-ce que M. Huchon est favorable à la vente libre du cannabis ? Est-ce que la gauche est favorable à ce que la drogue pénètre dans les lycées d’Ile-de-France ?” (Voir la vidéo ici)
Pourquoi c’est faux
1 - Les Verts ne sont pas pour la “vente libre” des drogues
Le programme de Dominique Voynet en 2007 défendait “une dépénalisation de toutes les drogues et la légalisation du cannabis.” (Voir ici). Et Cécile Duflot, interrogée sur la question sur RMC en novembre (voir ici) estimait : “Il faut avoir avec l’ensemble des drogues la relation qu’on a avec d’autres drogues légales comme le tabac ou l’alcool. Il faut avoir une politique de santé publique mais pas une politique faux-derche où on laisse les gens consommer.” “Vous êtes pour la dépénalisation du cannabis ?”, lui demande le journaliste. “Oui”, répond la secrétaire nationale des Verts.
Une position que m’a confirmée Djamila Sonzogni, porte-parole des Verts : “Nous sommes pour la dépénalisation du cannabis. Et pour les usagers d’autres drogues, on ne
pense pas qu’on va régler le problème en les mettant en prison. Il faut les soigner, les aider, c’est comme pour les personnes dépendantes de l’alcool. Mais nous ne disons pas pour autant qu’il faut fumer du cannabis !”
“Il faut que Mme Pécresse comprenne que la vente libre, c’est ce qui se passe aujourd’hui, avec du cannabis mélangé à n’importe quoi, vendu dans des caves dans des
conditions dangereuses. C’est en contrôlant les endroits de vente qu’on pourra assurer un suivi psychologique ou médical”, explique-t-elle encore. “Nous ne défendons absolument pas la vente libre des drogues !”
Par ailleurs, on peut souligner que le programme d’Europe Ecologie (qui comprend les Verts, mais pas seulement) aux régionales, tout comme aux européennes , n’évoque
pas cette question.
2 - Dépénaliser ne veut pas dire mise en “vente libre”
Renaud Colson, maître de conférence en droit privé et sciences criminelles à l’université de Nantes, précise que dépénalisation et légalisation sont “des catégories bien distinctes juridiquement”. La dépénalisation consiste “à maintenir l’incrimination mais exclure la pénalisation effective”, explique-t-il. En substance, la drogue reste illégale mais on ne poursuit plus les consommateurs. La dépénalisation est par ailleurs un concept assez flou, qui peut recouvrir des réalités assez différentes, plus ou moins tolérantes ou répressives.
La légalisation, elle, reviendrait à rendre légaux l’usage et la commercialisation de drogues, explique Renaud Colson. “Mais ça n’existe nulle part, et pour y parvenir, la France devrait renier les traités internationaux qu’elle a signés, ce qui n’est pas prêt d’arriver”.
“Surtout, la notion de ‘vente libre’ ne correspond à rien juridiquement, on est dans le registre de la démagogie de bas étage, cela ne veut rien dire !“, souligne-t-il.
Par Nabil Wakim
Continuez à soumettre aux “décodeurs” vos propositions d’enquête de vérification sur les propos publics dans les commentaires, à l’adresse mail lesdecodeurs@gmail.com, ainsi que sur le compte Twitter du blog.
A voir sur le même sujet
► Drogue/lycées: "tolérance zéro" en Île de France