LE SCAN POLITIQUE - Alors que les banlieues restent minées par le trafic, Bruno Le Roux souhaite que la classe politique puisse «mener une réflexion» sur le sujet du cannabis et accuse la droite de bloquer les débats.
Bruno Le Roux. Crédits photo : BERTRAND GUAY/AFP
Christiane Taubira le réclame de longue date. Mais ce lundi, c'est un proche de François Hollande, soucieux du respect des consignes du couple exécutif, qui propose d'ouvrir un débat sur la question du cannabis. Alors que le gouvernement tient ce lundi un comité interministériel aux Mureaux (Yvelines) sur la question des banlieues, et après l'assassinat ce week-end de trois jeunes liés au trafic de drogue à Marseille, Bruno Le Roux souhaite que la classe politique «mène une réflexion» sur les solutions alternatives à la pénalisation.
«J'aimerais que sur cette question on arrive à créer un consensus pour ouvrir le débat», réclame le patron des députés socialistes ce lundi sur Public Sénat, sans se prononcer directement pour la dépénalisation ou la légalisation. Le député socialiste de la circonscription de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), où le trafic continue de prospérer, accuse la droite de bloquer tous les débats dans une sorte de réflexe pavlovien: «À partir du moment où l'on dit qu'on va réfléchir sur la question du cannabis, il y a toujours une frange de la droite qui crie au laxisme avant d'avoir réfléchi. Ils sont conditionnés à cela».
«En empêchant absolument toute réflexion pour savoir comment faire en sorte de tarir les flux d'argent, comment faire en sorte de tarir les trafics, parce que ça ce sont des réflexions utiles. On est dans un jeu de rôles, il y a ceux qui crient au laxisme et qui condamnent absolument tout résultat possible», déplore-t-il.
Le duo exécutif inflexible
Le président du groupe PS assure en discuter «depuis des années avec Daniel Vaillant, peu connu pour son laxisme». L'ancien ministre de l'Intérieur, auteur d'un rapport remarqué sur le sujet en 2011, est en faveur d'une légalisation contrôlée du cannabis. D'autres socialistes se sont prononcés en ce sens, comme la députée Anne-Yvonne Le Dain, qui proposait il y a un an dans un rapport une vente sous le contrôle de l'État.
Au sein du gouvernement, outre Christiane Taubira, l'ex-ministre de l'Éducation Vincent Peillon s'était également dit favorable à l'ouverture d'un débat sur la dépénalisation. Il s'était immédiatement fait recadrer par la tête de l'exécutif, qui maintient une position de fermeté sur le sujet. Dernière mise au point en date, celle de Manuel Valls en juillet dernier: «On peut toujours débattre de ces questions mais le gouvernement ne prendra aucune initiative qui légalise, autorise, dépénalise l'usage du cannabis», assurait le premier ministre sur France inter. Inflexible, donc.
Source: lefigaro.fr