C’est en tout cas la proposition mercredi lors d’un meeting à Dijon par François Rebsamen, le “Monsieur Sécurité” de François Hollande, candidat socialiste à l’élection présidentielle. “J’ai proposé à François Hollande que l’on transforme le délit de consommation de cannabis en contravention”, a déclaré le sénateur-maire de Dijon précisant qu’il “ne savait pas si François Hollande retiendrait cette proposition”. On attend.
“142.000 procédures pour 24.000 poursuites”
“Il y a 142 000 procédures de consommation de cannabis par an, cela représente des centaines de milliers d’heures de travail pour les policiers et elles ne donnent lieu qu’à 24 000 poursuites”, a déploré François Rebsamen. Martine Aubry, lors des primaires, s’était elle aussi déclaré favorable à une dépénalisation.
Il a affirmé que Nicolas Sarkozy par ce biais là “fait monter le taux d’élucidation” dans le cadre de “sa politique du chiffre”. “Aujourd’hui, un jeune en France qui a fumé une fois un pétard peut se retrouver dans un fichier, par contre si vous êtes un grand délinquant alors vous n’êtes pas dans les fichiers” a-t-il dénoncé devant plusieurs centaines de participants enthousiastes.
Il a promis, si François Hollande est élu, le rétablissement de la “sous-direction des affaires économiques et financières” “celle qui se préoccupe de la délinquance en col blanc, de la délinquance qui trafique les armes et la drogue” et qui a été supprimée par Nicolas Sarkozy. “S’il vivait en France, Al Capone ne serait même pas dans les fichiers” a-t-il ironisé.
Lors des primaires, tout en plaidant pour un changement de la législation et “une grande campagne d’information” sur toutes les drogues, François Hollande a appelé à “faire attention à ce qu’on dit, aux mots qu’on emploie”. “Il faut “maintenir l’interdit, je l’affirme”, avait déclaré le député de Corrèze.
Une légalisation, et pas une simple dépénalisation, du cannabis, qui serait vendu avec une taxe fixée par l’Etat comme pour le tabac, rapporterait 1 milliard d’euros selon l’économiste Pierre Kopp, professeur à l’université Panthéon-Sorbonne (Paris-I). Pierre Kopp avait comparé le coût de la politique de lutte contre le cannabis à celui d’une éventuelle autorisation.
Voilà une étude qui devrait relancer le débat autour de la consommation de cannabis, et des conditions dans lesquelles elle s’exerce en France. Les législations encadrant l’usage et la commercialisation de drogues diffèrent beaucoup d’un pays européen à l’autre, la France se classant parmi les plus répressifs.
Une attaque contre le “système Sarkozy”
Le sénateur de Côte d’Or a lui poursuivi sa charge contre le “système Sarkozy qui s’est mis en place dans le domaine de la sécurité, de la gendarmerie, de la police” où la “proximité avec le chef de l’Etat” a remplacé “le mérite républicain” pour l’accès à des postes de responsabilité.
Il a ainsi dénoncé successivement “le directeur de la police nationale” (NDLR: Frédéric Pechenard) qui “dit je suis un ami du président” “quand on lui demande pourquoi il est là” puis le “directeur central du renseignement intérieur” (NDLR: Bernard Squarcini) qui à la même question “ne répond pas grâce à mon mérite, mais grâce à mon ami le président”.
“Le directeur des ressources humaines du ministère de l’Intérieur était dans l’assurance” mais “quand je demande pourquoi il est là on me répond, c’est le fils d’un ami du président”, s’est-il indigné.
“La gauche n’a pas de leçon à recevoir en matière de sécurité, tous les ministres de l’Intérieur de gauche qui se sont succédé ont fait les grandes avancées” a-t-il lancé citant notamment Gaston Deferre et “la formation des policiers” et Pierre Joxe “qui a créé la police scientifique et technique et le Raid dont Nicolas Sarkozy se vante tous les jours”. “Nous serons meilleurs” a proclamé celui dont on parle comme ministre de l’Intérieur en cas de victoire de François Hollande.
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Source: RTL