La députée socialiste héraultaise A.-Y. Le Dain : "Réguler le marché du cannabis"

La députée socialiste héraultaise A.-Y. Le Dain : "Réguler le marché du cannabis"
Par mrpolo ,

La députée héraultaise cosigne un rapport parlementaire.

 

 

 

 

Anne-Yvonne Le Dain : "Une sorte de “Seita du shit”."

C. PALASZ

 

 

Pourquoi défendez-vous la légalisation du cannabis ?

Tout simplement parce qu'on est submergé. On n'arrive pas à endiguer le phénomène. 30 % des moins de 17 ans ont au moins fumé une fois dans l'année. Cela veut dire qu'en pratique, ils en fument beaucoup plus. Les saisies spectaculaires sont en constante augmentation, reléguant à un passé sépia les "petites mules". Tous les pays du monde sont en train de faire ce constat.

 

Comment l'expliquer ?

Pour la France, je dirais que nous n'avons pas voulu voir et c'est pathétique. Nous avons une approche moraliste et non politique de la question. Pour preuve, très peu de campagnes de sensibilisation sont menées dans les établissements scolaires.

 

Pourtant, à la veille du bac, une des recommandations a été "le cannabis dégrade les performances le lendemain"…

Cela montre que, sur ces questions, l'Éducation nationale est un peu perdue, avec une politique publique peu stable. L'important est que, pour une fois, l'institution en a parlé. Enfin. Comme le tabac et l'alcool, dangereux pour la santé, il faut contrôler la vente. Et faire de la prévention massive.

 

Que voulez vous dire ?

Je ferais une sorte de “Seita du shit” (société d'exploitation des tabacs, NDLR). Pour maîtriser le sujet. D'autant qu'avec les techniques agricoles d'amélioration variétale, on constate une forte évolution des teneurs en THC (la principale substance à effets psychotropes du cannabis NDLR). Sans oublier la dangerosité des barrettes de shit coupées avec du plâtre ! Et que dire de l'argent sale, blanchi à l'étranger...

 

Pensez-vous que cela suffira à mettre un terme au trafic ?

Non, on le voit d'ailleurs avec le marché parallèle du tabac en France. Aujourd'hui 1,5 million de paquets de cigarettes rentrent en fraude. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas avoir un marché régulé et sûr. Pour le cannabis, la puissance publique doit agir, car on fume partout et à tout âge.

 

Passer par la contraventionnalisation ?

Ce pourrait être une étape. Mais cela ne réglera pas grand-chose. Il faut sortir du débat moral et punitif.

 

Êtes-vous inquiète de la prolifération du trafic sur internet ?

Oui. Comme je suis inquiète de la nature du produit délivré, de sa composition. Il n'y a aucun regard, aucun contrôle sanitaire ou chimique sur cette production, qui suscite chaque jour de nouvelles convoitises, avec des réseaux puissants et aussi l'arrivée des producteurs artisanaux, plus locaux. Tout cela est bien réel et il ne faut plus l'ignorer. Il faut donc que le cannabis “propre” soit distribué sous contrôle de l'État et régulé. Et seulement pour une consommation à domicile. Sans oublier l'interdiction aux moins de 18 ans.

 

Recueilli par ZOÉ CADIOT

 

Source: midilibre.fr


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