Plusieurs associations dénoncent la campagne gouvernementale de prévention contre les drogues, affirmant que cette campagne "bling bling" constitue un retour en arrière.
Source: NouvelObs
Plusieurs grandes associations de réduction des risques liées aux drogues et les Verts dénoncent samedi 10 octobre de manière virulente "la stigmatisation" des usagers et "la régression" qui caractérisent selon elles la campagne anti-drogues lancée lundi par le ministère de la Santé.
Une campagne "à contre-courant"
L'association française pour la réduction des risques liés à l'usage des drogues (AFR) a ouvert le feu jeudi en condamnant une campagne allant "à contre-courant" des évolutions internationales, "jetant l'opprobre" sur les consommateurs de drogues et "balayant 10 années de maigres progrès".
"Après l'inaction, la régression", lance Act-Up dans un communiqué reçu samedi. Act-Up relève, comme d'autres associations n'ayant pas même été invitées ou informées de la conférence de presse de lundi, que la campagne lancée par le ministère, l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé (Inpes) et la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) "n'a fait l'objet d'aucune consultation des usagers de drogues et des acteurs du champ de la toxicomanie".
Cette campagne intitulée "Drogues: ne fermons pas les yeux", renvoie "20 ans en arrière" estime Act-Up, qui demande son "retrait immédiat", notamment parce que le "message sur la peur" envoyé par les pouvoirs publics ne fait que "renforcer la stigmatisation à l'encontre des usagers" encouragés à se refermer "dans la clandestinité".
"Des idées toujours aussi anciennes et confuses"
De leur côté, dans un texte commun les associations Asud (auto-support des usagers de drogues) et l'Anitea (association nationale des intervenants en toxicomanie et en addictologie) estiment que cette campagne décline "des idées toujours aussi anciennes et confuses".
Elles s'interrogent sur les "discordances de communication" gouvernementale sur des questions "pourtant essentielles" de santé publique en faisant un parallèle entre la répression et la prohibition des drogues et l'ouverture à la concurrence prônée par le gouvernement des jeux d'argent en ligne qui relèvent également des addictions.
Une prévention gouvernementale "bling bling"
Asud et l'Anitea rappellent que "des responsables de premier plan, sur la scène internationale, soulignent l'échec des politiques de prohibition et autres différentes guerres à la drogue" alors que Daniel Vaillant, élu socialiste à Paris et ex-ministre de l'Intérieur a suggéré vendredi de "tenter le pari de la réglementation" du cannabis pour faire baisser sa consommation.
De leur côté, les Verts dénoncent également dans un communiqué samedi une prévention gouvernementale "bling bling" et "démagogique" qui constitue "un grand retour en arrière".
Comme les associations, ce parti s'indigne de la séparation "arbitraire" entre drogues licites et illicites puisque la campagne gouvernementale "oublie le tabac et l'alcool, responsables de plus de 100.000 décès par an en France" alors que ces produits sont "les plus consommés par les jeunes".
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