À l'époque, en août 2008, l'homme avait défrayé la chronique. Dans son jardin, dans la campagne de Plomelin, les gendarmes étaient tombés sur une véritable forêt de cannabis. 1 520 plants, jusqu'à trois mètres de hauteur, qu'il cultivait au su et eu vu de tout le monde en les protégeant par un système d'alarme artisanal fait de fils et de clochettes.Au fond du jardin, dans une cabane, une centaine de plants étaient aussi en train de sécher. Et, dans la maison, 3,5 kg d'herbe avaient déjà été récoltés. Pour couronner le tout, les gendarmes avaient trouvé des armes, collectionnées par l'homme mais malheureusement non déclarées.
« La petite maison dans le champs de cannabis »
En regardant les photos, hier, Bernard Molié, le président du tribunal correctionnel de Quimper, s'amuse : « Ce n'est plus la petite maison dans la prairie. Mais la petite maison dans le champs de cannabis. On s'étonne qu'il ait fallu autant de temps pour que les gendarmes vous mettent la main dessus. »
À la barre, le prévenu, 56 ans, longue barbe blanche, bottes, pantalon et gilet en cuir avec un cheval ailé imprimé sur le dos, hausse les épaules. L'ancien chauffeur routier et intermittent du spectacle, « un bon bonhomme qui ne fait de mal à personne », explique « cultiver du cannabis depuis 40 ans ».
Fier de faire pousser de l'herbe bio
« Oui, oui, poursuit le juge, toujours aussi amusé. Et vous sembliez même en tirer une certaine fierté parce que ce n'est que du bio ! »
Aujourd'hui, l'homme ne cultive plus. Sous traitement médicamenteux, il doit d'ailleurs s'asseoir pendant l'audience. « Je suis devenu drogué avec des drogues à la con. Maintenant je ne fume plus. Je suis un drogué... mais un vrai, avec la dope vendue en pharmacie ! » La justice ne lui reproche pas de trafic. Uniquement des faits d'usage et de détention de stupéfiants. Il ne revendait que de temps à autre dans des concentrations de motards. « Car vous êtes un biker, relève le juge. Vous avez la barbe à la ZZ top, ça nous ramène à quelques années en arrière. »
« Comme dans Easy Rider »
Même commentaire du procureur, Philippe Lemoine : « Monsieur a l'impression de vivre dans une époque lointaine, comme dans Easy Rider, où l'avenir était radieux et où on pouvait faire pousser dans son jardin du cannabis. Il a expliqué qu'il ne faisait de mal à personne, qu'il faisait sa production dans son coin, ne vendait pas... Certes, si c'est pour usage personnel, ce n'est pas si grave que ça. C'est une philosophie de vie. Sauf que c'est interdit par la loi. »
Le procureur pointe aussi les armes non déclarées trouvées chez lui. « Il est un peu jardinier. Et aussi un peu armurier. » Il requiert une « peine d'avertissement » de dix mois d'emprisonnement avec sursis et une amende de 150 € pour la détention d'armes. Le tribunal suit.
Source : Ouest-France