Environ 1.300 personnes ont défilé samedi dans les rues de la capitale pour défendre la dépénalisation du cannabis en France.
Dans le cortège se trouvaient de nombreux jeunes mais aussi
des militants plus âgés.@ Thomas SAMSON / AFP
Quelque 1.300 personnes, selon la police, ont défilé samedi à Paris pour la dépénalisation du cannabis en France, qui "reste bloquée" alors que, pour les organisateurs, "les autres pays n'ont jamais autant avancé" sur ce dossier.
"Un discours abominable qui empêche une vraie prévention".
Dans une ambiance festive, derrière un bus à impériale diffusant rap, reggae et techno, le cortège, dans lequel se trouvaient de nombreux jeunes mais aussi des militants plus âgés, est parti peu après 15 heures de la Bastille pour rallier la place de la République. "On entend en France un discours abominable qui empêche une vraie prévention" des effets néfastes de l'usage du cannabis, "même des policiers en ont marre de cette chasse à la boulette", a déclaré à l'AFP Farid Ghehiouèche, un des organisateurs de la marche et cofondateur de Cannabis sans frontières. "Légaliser, ce n'est pas inciter les gens à prendre plus de drogue, au contraire", a-t-il ajouté.
"Les autres pays n'ont jamais autant avancé. La France, elle, reste bloquée", déplore Cannabis sans frontières sur son site internet. Comme chaque année, la sénatrice écologiste Esther Benbassa, ceinte de son écharpe tricolore, est venue apporter son soutien à la "Cannaparade", déclinaison parisienne d'une marche organisée dans plusieurs autres grandes villes du monde. "Je n'ai jamais consommé mais je pense qu'aujourd'hui, dans un pays démocratique et moderne, l'usage du cannabis récréatif ne devrait pas être puni", a-t-elle expliqué. "À cause de ce tabou, on ne légalise pas le cannabis thérapeutique dont des milliers de personnes ont besoin", a-t-elle regretté.
L'amende prévue "n'est absolument pas la dépénalisation".
Quant à "l'amende délictuelle" de 300 euros pour usage de stupéfiants que le gouvernement prévoit d'instaurer, "ce n'est absolument pas la dépénalisation", a estimé la sénatrice, qui y voit une "inégalité de traitement" entre "ceux qui pourront payer" et "ceux qui ne le pourront pas et subiront les aléas d'un jugement". Le gouvernement de Justin Trudeau a annoncé la légalisation du cannabis au cours de l'été prochain au Canada, cinq ans après l'Uruguay, premier pays à l'avoir fait, alors que plusieurs États permettent un usage thérapeutique de ce produit.
Source: europe1.fr
A Lyon, «Collomb, il en connaît pourtant des fumeurs»
Photo Frankie et Nikkie
Pour la 17e édition de la Cannaparade, ce samedi, les fumeurs lyonnais ont grillé l'hypocrisie du ministre de l'Intérieur quant à la pénalisation de l'usage du cannabis.
«Gérard Collomb, hypocrite !», scande un homme dans un micro, devant un petit sound system monté sur un triporteur. Autour de lui, une centaine de personnes brandissent des pancartes ornées de quelques feuilles de cannabis et de slogans appelant à sa légalisation. La play-list enchaîne les classiques un brin surannés : la Main verte de Tryo, la Fille du coupeur de joint de Thiéfaine, Clandestino de Manu Chao, Kaya et Legalize It de Bob Marley...
Amende forfaitaire
Ce samedi, à l’occasion de la 17e édition de la Cannaparade, les manifestants lyonnais n’ont pas manqué d’étriller le ministre de l’Intérieur, ex-maire de la ville, dont le parti au pouvoir ne semble pas prêt à rompre avec des décennies de prohibition. «Collomb, il en connaît pourtant des fumeurs. Dans la petite équipe qui l’a aidé à devenir maire de Lyon, un certain nombre faisait tourner des joints en soirée. Quand il a été élu, il nous a laissé organiser en paix l’appel du 18-Joint. Maintenant qu’il est ministre, on attend de lui autre chose que des contraventions. Cette nouvelle amende, on ne voit vraiment pas à quoi ça va servir», juge Jérôme Expuesto, membre du Collectif d’information et de recherche cannabique (Circ) de Lyon.
Le gouvernement s’est en effet déclaré favorable à la proposition du député LREM Eric Pouillat d’infliger une amende forfaitaire de 300 euros pour punir l’usage de cannabis. «Une mesurette marginale plutôt qu’une réforme véritable et cohérente afin d’éviter tout procès en laxisme», dénonce le communiqué du Circ. «C’est une connerie de plus, considère Christian Tharel, membre du collectif. Encourager la chasse aux fumeurs, ça ne règle rien, la police et la justice s’en voient déjà pour arrêter les petits et les grands trafiquants, ils ont autre chose à faire.» Sebastian, 23 ans, «étudiant travailleur», partage ce constat : «Cette substance est mal gérée en France, alors qu’elle n’est pas dangereuse pour la société, rien à voir avec les problèmes liés à l’alcool. Pourtant, pour consommer, on doit accéder à des marchés illégaux.»
Désobéissance civile
Les fumeurs en pétard souhaitent promouvoir une chaîne économique viable : «Il faut autoriser l’autoproduction et faciliter la production et la revente, en faisant payer aux producteurs une espèce de patente pour qu’ils puissent fournir une coopérative, avec une certification bio ou garantissant un taux de THC convenable, explique Christian Tharel. C’est ça qui permettra la revente aux particuliers avec un maximum d’informations, de prévention, de réduction des risques. La prohibition empêche de se pencher réellement sur les enjeux de santé publique. »
«Nous, on est prêts à payer des taxes, à donner de l’argent à des institutions pour qu’elles gèrent cet accompagnement», affirme en écho Jérôme Expuesto. Une prise en charge devenue plus qu’urgente en matière d’usage thérapeutique, souligne Dominique Loumachi, militant emblématique de cette cause, présent dans la manifestation lyonnaise. «Pour nous les malades, dit l’homme atteint d’une myopathie, la désobéissance civile est un devoir, le devoir de vivre et de lutter contre les associations de malfaiteurs que sont les pharmacopées légales.» Le cortège progresse vers l’hôtel de ville, son terminus. Suite du programme ? «Dispersion, tranquillement», dit un habitué de cette marche annuelle. Sourire : «On n’est pas des délinquants.»
Par Maïté Darnault, Correspondante à Lyon
Source: liberation.fr
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