CANNABIS. Jugée pour détention et usage de drogue en Ardèche, une habitante de Seine-Maritime a défendu sa consommation devant le tribunal de Rouen...
Original. Une habitante de Seine-Maritime a comparu en fin de semaine dernière devant le tribunal correctionnel de Rouen pour répondre d'une affaire de détention et usage de stupéfiants. Seule, sans avocat, c'est avec ses notes et des feuilles de tabac à rouler que cette ex-Ardéchoise âgée de 54 ans a défendu la dépénalisation du cannabis et donc plaidé sa propre relaxe.
« Aucun problème de santé, depuis dix-sept ans ! »
« Vous avez été interpellée par les gendarmes le 25 août 2010 alors qu'ils patrouillaient dans la commune où vous habitiez il y a un an, à Saint-Pierre-de-Colombier. Ils avaient vu dans votre jardin des plants de cannabis… Trente-deux ! », raconte le président Philippe Prudhomme. « Oui, j'avais acheté les graines via Internet, en Hollande. Je fume cinq à six joints par jour, depuis dix-sept ans monsieur et je n'ai aucun problème de santé ! », lance spontanément la quinquagénaire, condamnée à deux reprises pour le même type de faits.
« C'est interdit madame ! », répond le juge. « Mais en faisant cela, je ne fais de mal à personne. Et le tabac est beaucoup plus nocif que le cannabis. L'alcool aussi… », reprend la prévenue.
« C'est illégal madame ! », répète le procureur-adjoint Christian Dreux. « Oui mais moi je me défends ! C'est la réalité des choses. L'Etat ne fait pas face à ses responsabilités : ce système est incohérent et d'une hypocrisie totale. D'ailleurs il y a débat actuellement », insiste-t-elle, toujours ses papiers à la main. « Qui fabrique ces feuilles croyez-vous ? Leur achat profite à qui croyez-vous ? »
« Je ne me laisserai pas faire »
Cocasse. Le président Philippe Prudhomme n'a pas à juger une polémique mais une personne, en l'occurrence poursuivie, ici, en état de récidive, qui risque donc une peine plancher de… dix ans de prison ! « Je sais que je vais être condamnée parce que je suis dans l'illégalité mais je ne me laisserai pas faire ! », lance encore cette dame, audacieuse.
Le ministère public requiert 90 jours-amende à 5 € (ce paiement non honoré, la durée réclamée se transformerait en peine de prison). C'est finalement à six mois de suspension du permis de conduire que la quinquagénaire est condamnée. Elle aurait préféré des travaux d'intérêt général. « Y a des gens très biens qui fument du cannabis », confie-t-elle avant de quitter la salle…