Interrogée sur la dépénalisation du cannabis sur le site de Libé en décembre, la candidate des Verts, Dominique Voynet, avait éludé la question.
Source : Drogues news«Nicomartin: prônerez-vous, comme Noël Mamère en 2002, la dépénalisation du cannabis ?
«Les Verts ont toujours pointé l'hypocrisie de la politique française en matière de drogue. On traitait comme un criminel le consommateur occasionnel de cannabis, et comme un signe de virilité la cuite du samedi soir. On n'en est plus là. La distinction entre drogues légales et illégales s'estompe, au profit d'un message de préventions des toxicomanies, d'une approche plus lucide des phénomènes de délinquance, liés aux mafias des drogues dans les quartiers.»
Interrogée à nouveau sur cette question par les lycéens de la FIDL, Voynet s'est cette fois prononcé clairement pour la dépénalisation :
«Je plaide en faveur d’une dépénalisation de l’usage de toutes les drogues et la légalisation du cannabis.
«Je précise qu’il ne s’agit nullement de pousser à la consommation du cannabis, mais de rompre avec une politique passablement hypocrite et inefficace.
«Il a fallu des années de discussion pour faire admettre que la Mildt devait se préoccuper d’abord des personnes, souvent polytoxicomanes (usant et abusant tour à tour de drogues différentes) et rompre avec une approche «par produit», distinguant de façon arbitraire entre les drogues aujourd’hui légales: alcool, tabac, psychotropes (dont les Français sont quand même les consommateurs les plus enthousiastes en Europe!) et celles qui ne le sont pas, cannabis ou cocaïne. Je ne veux pas rentrer dans le débat sur la «dangerosité» de chaque produit. Parce que le débat est complexe. S’il est exact que le tabac, ou l’alcool, tuent beaucoup, beaucoup plus que le cannabis, il est juste aussi de reconnaître que les «produits» mis aujourd’hui sur le marché n’ont plus grand chose à voir avec l’herbe cultivée sur le balcon par les «babas cools» des années 70. En vérité, tous ces produits sont susceptibles de provoquer l’addiction, avec des conséquences sur la santé de l’usager, sur sa sécurité, et sur celle des autres, en cas de conduite de machines sur le lieu de travail, ou de véhicules sur la voie publique.
«Il en va de la responsabilité de chacun d’être conscient des risques d’accoutumance, d’assuétude, de la responsabilité des parents d’informer leurs enfants, de la responsabilité des pouvoirs publics, des enseignants, des services de santé, de les y aider, en apportant des éléments précis sur les risques.»
J'avais, lors de sa première intervention, sévèrement critiqué l'hypocrisie de la candidate verte, qui se situait alors très en retrait de ses prédécesseurs et de la position officielle de son parti. Je ne peux aujourd'hui que la féliciter de cette proposition courageuse et responsable, qui la singularise au sein de la gauche dite «de gouvernement».
A noter: la FIDL a recueilli les réponses de cinq autres candidats (Bayrou, Besancenot, Buffet, Royal et Sarkozy) sur cette même question. Sans surprise, seul Besancenot se retrouve du côté de madame Voynet. La palme de la réponse la moins inspirée revenant à François Bayrou: «La dépénalisation ne pourrait être perçue que comme un signal d’encouragement.» Un peu court pour celui qui se veut le candidat des jeunes.