En quelques jours, trois des principales candidates de gauche à la présidentielle ont été amenées, à leur corps défendant, à se prononcer sur la dépénalisation du cannabis. Ne faisons pas durer plus longtemps cet insoutenable suspens. La réponse a été unanime: pas un seul oui.
Source : Drogues news
Parce que «la distinction entre drogues légales et illégales s'estompe au profit d'un message de prévention des toxicomanies et d'une approche plus lucide des phénomènes de délinquance liés aux mafias des drogues dans les quartiers», pour Dominique Voynet (Verts), qui si elle n'a pas formellement dit non, jeudi sur le site de Libé, a esquivé la question.
Parce que «la question est globale, [que] c'est une question éducative de lutte contre toutes les formes de toxicomanie et aussi une interrogation sur les raisons pour lesquelles les jeunes transgressent», pour Ségolène Royale (PS) chez Serge Moati dimanche (Ripostes).
Parce que «je n'ai pas envie de banaliser les drogues, et toutes les drogues d'ailleurs», pour Arlette Laguiller (LO) chez Denisot hier (le Grand Journal).
A moins que Marie-George Buffet ne change radicalement son pétard d’épaule, toutes les candidates de gauche devraient donc esquiver le débat.
Bien sûr, les choses évoluent et le refus n’est pas absolu.
Voynet concède que «les Verts ont toujours pointé l'hypocrisie de la politique française en matière de drogue». «On traitait comme un criminel le consommateur occasionnel de cannabis, et comme un signe de virilité la cuite du samedi soir.»
Royal accorde: «Je crois qu'il faut sortir de l'hypocrisie. Ce dont les jeunes souffrent, c'est de polytoxicomanie, c'est-à-dire le mélange drogue, alcool, qui est quand même une drogue légale, et quand on voit aujourd'hui l'alcoolisme chez les jeunes, il est souvent aussi grave que la consommation de drogues dites douces.»
Quant à Laguiller, elle y est presque: «Je ne suis pas pour poursuivre et faire faire de la prison pour les jeunes, et pas seulement les jeunes d'ailleurs.» Mais c’est non quand même. Peut-être pour sa septième candidature à l’Elysée...
Ni vraiment pour, ni vraiment contre : on sent bien, à lire ces contributions, le malaise régnant sur la question au sein de la gauche française. Et pourtant, un simple regard vers nos voisins européens permettrait peut-être aux candidates de franchir ce petit pas qui semble si douloureux. Car même si tout le monde s’accorde sur le fait que les simples consommateurs de cannabis finissant en prison sont aujourd’hui une exception, la France est loin d’être devenue une société permissive, comme on l’entend souvent à droite (voir les récents propos de Nicolas Sarkozy). Elle est même l’un des pays européens les plus répressifs en la matière: dans l'Union à 25, seuls Chypre, la Grèce, la Finlande et la Suède font aujourd'hui de la consommation de cannabis une infraction pénale. Ce qui n’empêche pas notre jeunesse d’être l’une des plus grosses consommatrices de cannabis en Europe. Devant les Pays-Bas...