Un entrepreneur, inventeur d'une cigarette électronique au chanvre, a été reconnu coupable aujourd'hui à Marseille d'avoir utilisé du cannabis pour soigner ses troubles psychiques, mais dispensé de peine, une première pour ce type de malades selon son avocate. Sébastien Beguerie, 31 ans, était poursuivi pour la détention et l'usage à son domicile marseillais de dix-neuf plants de cannabis dont il a plaidé l'usage thérapeutique.
Sébastien Beguerie (à gauche) et Antonin Cohen (à droite) lancent une vaporette au cannabis issu de la production agricole légale de chanvre. LP/PHILIPPE LAVIEILLE
Il s'agit de «la première dispense de peine pour un prévenu atteint de troubles psychiques» et non d'une maladie entraînant des souffrances physiques, a précisé son avocate, Ingrid Metton, spécialisée dans ce type de dossiers. Devant le tribunal, Sébastien Beguerie a affirmé qu'il cultivait du cannabis pour traiter deux pathologies dont il souffre: des troubles de l'attention avec hyperactivité et une bipolarité.
En 2011, alors qu'il suivait un Master 2 en sciences des plantes au Pays-Bas - études sponsorisées par des producteurs de cannabis médical - il avait été traité avec du cannabis à visée thérapeutique. «De retour en France, les traitements chimiques administrés en ont fait un zombie», a plaidé Me Metton, citant le père du jeune homme qui l'avait «vu dépérir petit à petit». Sébastien Beguerie a fourni au tribunal des ordonnances de médecins luxembourgeois, français et hollandais lui prescrivant du cannabis médical.
Le procureur, Denis Devallois, avait requis quinze jours de prison avec sursis: «Il ne s'agit pas de ne pas prendre en compte la maladie, on peut exprimer de la compassion mais en l'état du droit positif, l'usage du cannabis, quels qu'en soient les motifs, demeure interdit en France», a-t-il rappelé.
Depuis 2013, l'usage médical du cannabis est reconnu par décret mais le seul médicament autorisé pour les malades de scléroses en plaques à crampes n'est toujours pas disponible, a précisé l'avocate. Le prévenu, Sébastien Beguerie, a par ailleurs maille à partir avec la justice depuis qu'il a fondé une start-up, KanaVape, qui ambitionnait de commercialiser en France une vapoteuse au chanvre. Celle-ci ne contenait pas, selon ses fabricants, de tetrahydrocannabinol (THC), principe psycho-actif du cannabis, mais le ministère de la Santé a menacé de l'interdire et le pôle santé publique du parquet de Marseille a ouvert en janvier une enquête pour exercice illégal de la profession de pharmacien.
Les investigations sont toujours en cours.
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Source: lefigaro.fr avec AFP