Le maire (EELV) de Grenoble, Eric Piolle a appelle le gouvernement à revoir la proposition d'un rapport parlementaire de sanctionner les usagers de cannabis par une amende délictuelle ou une contravention. Il dénonce une approche du « tout sécuritaire ».
Éric Piolle, maire (EELV) de Grenoble et partisan de la légalisation du cannabis, a appelé lundi le président Macron et son gouvernement à abandonner les « vieilles recettes » du « tout sécuritaire ».
L'écologiste, à la tête d'une ville moyenne en proie à des trafics de drogue comparables à ceux de Paris, Lyon ou Marseille, a qualifié de « demi-mesure » la proposition d'un rapport parlementaire de sanctionner les usagers de cannabis par une amende délictuelle ou une contravention. La loi prévoit actuellement jusqu'à 3 750 euros et un an de prison.
« Cette mesure ne cherche pas à lutter contre les trafics. Or les trafics gangrènent nos villes, pourrissent la sécurité et la vie des habitants, avec un pendant de santé publique important », a dit M. Piolle.
« En pratique, ça serait une sorte de demi-mesure qui essaie juste de réguler la charge de travail de la police, voire d'améliorer le confort du client puisqu'il sait ce qu'il risque », a-t-il renchéri.
Approche « sécuritaire »
L'élu déplore surtout que l'on « reste dans une approche totalement sécuritaire, or cette stratégie est en échec, ici en France comme ailleurs »: « il ne faut pas que le président Macron et son gouvernent restent prisonniers de l'ancien monde en appliquant de vieilles recettes! ».
L'élu cite l'exemple du Portugal. « Au bout de presque 20 ans de légalisation, dit-il, ils ont réduit de moitié le nombre de toxicomanes et il y a un effet sur le trafic aussi ». « Les premiers chiffres qui émergent aux États-Unis dans les états qui ont légalisé montrent une baisse importante de la délinquance », ajoute-t-il.
Quant au procès en « banalisation » du cannabis fait aux partisans de sa légalisation, Éric Piolle rappelle que « la banalisation » existe de fait: « on a le record d'Europe des fumeurs de moins de 16 ans », dit-il, une situation imputable selon lui à « la politique des dernières décennies ».
« Il faut une solution moderne qui répondent aux enjeux de sécurité et de santé publique », a-t-il plaidé. Il demande d'ouvrir « vraiment le débat » et « pas uniquement aux amis de M. Macron et de M. Wauquiez », en allusion aux deux auteurs du rapport qui reste dans une « logique de prohibition totale ».
« Pendant qu'on ne fait rien, le monde des trafic se structure: à Grenoble, on trouve des offres d'emplois de guetteur passées sur Snapchat », affirme le maire.
Source: ouest-france.fr
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