La députée socialiste des Landes a pris position contre l'interdiction aujourd'hui en vigueur, relayant l'étude publiée ce mardi matin par Terra Nova
Florence Delaunay : "Je plaide pour un marché encadré par l'état." ©
archives Pascal Bats
"Sud Ouest". Pourquoi avoir choisi de prendre position sur le sujet du cannabis ?
Florence Delaunay. Cela ne date pas d'aujourd'hui. J'ai toujours été dans l'expectative concernant l'interdiction telle qu'elle est pratiquée en France. On voit bien, en se baladant par exemple sur la côte l'été, que celle-ci n'est pas respectée et qu'elle ne peut pas l'être. Nos forces de l'ordre consacrent déjà près d'un million d'heures de travail chaque année pour faire la chasse aux consommateurs et aux trafiquants. Je crois qu'elles ont mieux à faire, et notre justice également.
N'y a-t-il pas tout de même des enjeux de santé publique ?
Justement, l'interdiction totale a pour conséquence de ne pas faire entrer un seul centime dans les caisses de l'État. Cet argent pourrait être réutilisé pour la prévention et le suivi sanitaire des consommateurs. Il existe aussi de nombreux usages thérapeutiques du cannabis, pour soulager la douleur causée par la fibromyalgie ou certains cancers par exemple. De nombreuses études le prouvent. On associe souvent le cannabis au tabac et à la fumée mais il y a d'autres manières de le consommer, en gâteau par exemple !
A quoi pourrait ressembler un marché légalisé ?
Je plaide pour un marché encadré par l'État. Aujourd'hui, il est pris en charge par des réseaux mafieux, au même titre que la prostitution. On ne sait pas où va l'argent, ni ce qu'il finance. Ce serait une manière de leur couper les vivres. Très franchement, je préfère que cet argent aille dans les caisses de la collectivité plutôt que dans la poche des réseaux mafieux. Je pense aussi à nos agriculteurs, pour qui la culture du cannabis pourrait être intéressante, sur le modèle des cultures de tabac sous contrat avec l'État. D'ailleurs, on cultive déjà le chanvre dans les Landes, à destination du bâtiment par exemple. Et la gendarmerie trouve souvent des pieds de cannabis au milieu du maïs en été, c'est donc qu'il y pousse plutôt bien !
Pensez-vous que votre position est majoritaire au sein du Parti Socialiste ?
Je ne pense pas. L'idée fait son chemin mais beaucoup ont encore du mal à prendre position. Ils ont sans doute peur de passer pour des soixante-huitards attardés… Il y a plein d'a priori sur ce sujet. Je crois qu'il ne faut pas s'autocensurer et refuser d'en parler pour de mauvaises raisons. L'étude publiée par Terra Nova est un bon point de départ pour examiner les conséquences d'un marché légalisé et trouver la meilleure solution. Je ne dis pas qu'il faut le faire demain mais ce serait idiot de ne pas étudier la question.
Comment expliquez-vous que la question resurgisse avant chaque grande élection, pour disparaître ensuite ?
Je n'en sais rien. Personnellement, je ne me positionne pas sur ce sujet pour draguer d'éventuels électeurs. Mais tant mieux si les élections sont l'occasion de remettre des sujets importants sur la table.
Source: sudouest.fr