Les dieux de la marijuana se seraient-ils ligués contre Gordon Brown ? Le 18 juillet, le tout nouveau Premier ministre britannique annonçait sa volonté de mettre un terme à la dépénalisation du cannabis, entrée en vigueur en 2004 dans le royaume. Principal argument (très en vogue depuis quelques mois) : de nouvelles variétés de cannabis entraîneraient des maladies mentales.
Source : Rue89
Le lendemain de cette annonce, cinq membres de son gouvernement, ministre de l'Intérieur en tête, admettaient publiquement avoir déjà consommé du cannabis. La semaine dernière, c'est à nouveau du ministère de l'Intérieur qu'est venu le coup de poignard dans le dos. Selon le British crime survey, le nombre de fumeurs de cannabis déclarés aurait sensiblement diminué depuis l'entrée en vigueur de la dépénalisation et ce dans le pays européen jusque-là le plus friand de marijuana:
"10% des personnes âgées de 16 à 59 ans ont déjà consommé un stupéfiant; soit le plus bas niveau depuis le démarrage de cette enquête, en 1996. Cette baisse s'explique largement par la baisse de la consommation de cannabis depuis 2003/2004."
Le pourcentage de jeunes (16-24 ans) ayant fumé du cannabis au moins une fois dans les douze derniers mois serait ainsi passé de 25 à 21% (soit 1,3 million de jeunes) depuis sa déclassification, qui signifie que sa consommation n'est, en pratique, plus passible de prison mais d'un simple avertissement. Parallèlement, une autre enquête démontre que les saisies de cannabis ont, elles, augmenté de 47% sur la même période, pour atteindre 69 tonnes.
La cocaïne, dont l'usage est loin d'avoir été dépénalisé, continue elle à être de plus en plus consommée dans toutes les tranches d'âge en Angleterre et au Pays de Galles... Malgré ces résultats assez spectaculaires, le gouvernement ne semble pas décidé à changer son fusil d'épaule et à abandonner son projet de durcissement de la loi. Une porte-parole du Home office déclarait ainsi fin octobre:
"Nous avons mis en oeuvre une consultation ouverte et nous accueillons avec plaisir toute idée constructive pour réduire les risques liés à la consommation de stupéfiants. Toutefois, le gouvernement est opposé à la légalisation des drogues, qui aggraverait les conséquences du trafic et briserait les lois nationales et internationales."
En Europe, seuls cinq pays prévoient encore la possibilité de peines de prison pour les simples consommateurs de cannabis: Chypre, la Grèce, la Finlande, la Suède et... la France, qui ne s'en classe pas moins en deuxième position au hit-parade des fumeurs de pétards européens.