Une mission d’information parlementaire sur le cannabis a officiellement lancé ses travaux mardi dans l'espoir de "dépassionner" le débat, récurrent en France, autour de son usage récréatif ou thérapeutique.
"Il y a une urgence du sujet car notre pays a une législation sur les usages de stupéfiants assez répressive" mais "c'est en France où l'on en consomme le plus", a déclaré le député LR Robin Reda, président de la mission, lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale.
Au total, cinq millions de Français déclarent avoir déjà fait usage du cannabis. Pour faire évoluer la réponse pénale, une amende forfaitaire de 200 euros doit bientôt être expérimentée pour sanctionner les consommateurs.
La mission, qui rendra ses premières conclusions au deuxième semestre, a pour but de dresser un état des lieux des enjeux à la fois sanitaires, sécuritaires, économiques et agricoles, autour de l'usage du cannabis et de la production de chanvre.
"C'est une question très mal connue de nos citoyens" et elle "ne se limite pas à la question du cannabis comme drogue", a poursuivi le député.
"Il faudra dépassionner au maximum la question car le débat est souvent hystérisé", a aussi souligné Jean-Baptiste Moreau, député LREM et rapporteur général de la mission.
Selon lui, "il faudra sortir du dogme car on a refusé toute évolution pendant des années", tout en assurant que l'objectif des travaux n'était pas d'aboutir à une "légalisation totale".
La mission, dont le travail sera axé autour de trois grands usages du cannabis - thérapeutique, récréatif et pour le "bien-être" - étudiera également la situation à l'étranger, et notamment aux Etats-Unis où plusieurs Etats ont franchi le pas de la légalisation.
Pointant un "flou juridique" sur la commercialisation des produits issus du cannabis, les membres de la mission estiment que la France "sur-transpose" actuellement la réglementation européenne en interdisant tous "les produits issus de la fleur du chanvre" et en restreignant l'utilisation du chanvre "au seul commerce des fibres et des graines".
Ces produits favorisent "la réduction du stress et de l'anxiété, l'amélioration du sommeil et de la récupération" et peuvent être consommés sous forme alimentaire, liquide, vaporisés ou de produits cosmétiques, soulignent ces élus.
Ainsi, le Syndicat professionnel du chanvre (SPC) se "réjouit" du lancement de cette mission qui était "attendue par de très nombreux acteurs qui investissent déjà les secteurs du chanvre bien-être et du cannabis thérapeutique". Il y a "urgence à faire évoluer le cadre réglementaire", selon le communiqué du SPC.
L'expérimentation du cannabis à usage médical, pour laquelle l'agence du médicament (ANSM) a donné son aval, débutera d'ici à quelques semaines en France et sera au coeur de la première audition de la mission.