Alors que les statistiques annoncées se basent sur la détection de traces de THC chez les conducteur(trice)s accidenté(e)s, responsables ou victimes, personne ne peut encore affirmer la corrélation existant entre le cannabis et les accidents de la route. Déjà et d'une parce que les tests n'indiquent pas si la personne est sous l'emprise du produit mais si elle en a consommé plus ou moins récemment.
Nouvel exemple de la stigmatisation du cannabis et de ses usagers autour d'un thème anxiogène et fédérateur, celui de la sécurité routière avec cet article de la presse canadienne.
Nous sommes en la matière dans une logique de répression aveugle qui pourrait avoir deux objectifs : le premier de légitimer la prohibition en insistant sur de prétendus dangers auxquels cette dernière est cependant incapable de répondre ; la seconde de permettre aux compagnies d'assurance de ne pas rembourser leurs client(e)s dès lors qu'il a été établi qu'ils/elles avaient consommé du cannabis. Cela peut également par la suite, les amener à pratiquer des « tarifs préférentiels » aux cannabinophiles ou à refuser de les assurer…
Des mesures intelligentes en la matière, il en existe. À commencer par l’organisation d’une enquête poussée. Les moyens et les volontaires ne manquent pas. À l’issu d’une telle étude, il serait sans doute possible d’évaluer les réels dangers du cannabis au volant. L’on pourrait sans doute distinguer son impact sur les usagers débutants et les autres aguerris. Déterminer si un individu est en mesure de conduire en appréciant ses capacités motrices et non plus seulement en vérifiant le taux de métabolites de THC présent dans son organisme.
Elle permettrait peut-être aussi d’établir si l’usage du cannabis entraine une conduite plus prudente sur la route comme notre expérience nous amène en effet à le penser. Si cette suggestion semble audacieuse, voire provocante, elle n’en demeure pas moins pertinente en demandant à être évaluée.
Des études sur la conduite ont déjà été menées. Réalisées à l’étranger, elles n’ont jamais été traduites. Le CIRC Lyon a produit un dossier à ce sujet, consultable en ligne. Il dénonce la toute relative efficacité des tests pratiqués et les conclusions tirées des statistiques.
Comme toute les questions liées à la consommation d’un psychotrope, celles posées par le cannabis supposent avant tout une réflexion pondérée, un débat argumenté et non pas ces formules à l’emporte-pièce dénuées de toute rationalité auxquels nous ont habitué des partisans de la prohibition préférant l’hystérie à la sérénité, la confusion à la clarté. Sans doute le signe d’un cruel manque d’arguments face à ceux avancés par leurs opposant(e)s, de plus en plus éprouvés par des années de pratiques prohibitionnistes infructueuses.
Fédération des CIRCs
Par KShoo
Source:mediapart.fr
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