« Cannabis light » : prison ferme requise contre le commerçant
Le commerçant vendait des produits dérivés du cannabis à Sierck-les-Bains. Mais son magasin a été mis sous scellés cet été. Le gérant de 46 ans est poursuivi devant le tribunal correctionnel pour trafic de stupéfiants en récidive, provocation à l’usage, pratique commerciale trompeuse, entre autres.
Le commerçant a déjà fait parler de lui. Sa boutique, installée à Sierck-les-Bains, vendait des produits à base de cannabidiol (CBD), un des composants du cannabis. Quelques jours après son ouverture en août 2018, les gendarmes avaient saisi de la marchandise pour expertise. Le champ où il faisait pousser du chanvre a été détruit.
Rebelote en juin 2019. Le magasin, Au comptoir du chanvre , a cette fois été fermé, mis sous scellés. Le procureur de la République estime que le commerçant n’est pas dans les clous et que ses produits dérivés enferment une teneur en THC (le composant psychotrope du cannabis) interdite par la loi française.
Christophe Kolerski est déjà connu de la justice, condamné en 2018 pour une affaire en lien avec le cannabis. Cette fois, il est poursuivi devant le tribunal correctionnel de Thionville pour trafic de stupéfiants, provocation à l’usage de stupéfiants, pratique commerciale trompeuse et exercice illégal de la profession de pharmacien. Il vendait des tisanes, des huiles, des fleurs voire des suppositoires aux effets prétendument relaxants, apaisants.
Défonce ou pas ?
Depuis des mois, le prévenu dénonce une procédure abusive. Il a même ouvert une autre boutique de CBD , à Schengen, côté luxembourgeois où la législation est un peu plus souple qu’en France. Et c’est bien là-dessus que rebondit son avocat, Me Vincent Guiso. Il plaide la relaxe et s’appuie sur le droit. Comme d’autres avocats mandatés sur ce type d’affaire, il pointe la non-conformité du droit français avec la directive européenne (plus permissive) sur la production de chanvre, la vente de produits dérivés. Il discute aussi des méthodes d’analyse différentes.
« Un produit stupéfiant est un produit qui défonce », vulgarise-t-il. Or, il maintient que ce n’était absolument pas la vocation du commerce. Le gérant s’est fié aux indications de ses fournisseurs européens sur la composition des biens qu’il vendait. Enfin, l’avocat balaie l’infraction liée à l’exercice illégal de la profession de pharmacien : « Depuis quand une crème hydratante est un médicament ? », force-t-il.
Jugement le 17 décembre
« Si Monsieur Kolerski trouve que la loi n’est pas assez claire, s’il avait des doutes, il n’avait qu’à demander au procureur de la République », glisse le ministère public. Sa représentante soutient que le commerçant vendait des produits illicites, fabriqués à partir de plantes dont le THC dépasse le seuil légal de 0,2 %. Elle condamne sa mauvaise foi et reprend les messages incitatifs adressés sur les réseaux sociaux, sur le site internet, sur la vitrine de la boutique. « Il se moque du monde et il en joue », assène-t-elle.
La magistrate requiert trois ans de prison dont un an avec sursis soumis, notamment, à l’obligation d’exercer une profession légale. Elle demande aussi une interdiction de gérer pendant 5 ans.
« Des réquisitions à l’indonésienne », tempête l’avocat de la défense. Le tribunal appréciera. Il se prononcera le 17 décembre. Et ce ne sera pas une première. Une affaire semblable a été évoquée le mois dernier devant le même tribunal correctionnel de Thionville. Le gérant thionvillois d’une autre boutique de CBD sera, lui, fixé sur son sort une semaine plus tôt, le 10 décembre.
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