La politique migratoire du président Donald Trump va-t-elle avoir un impact sur le vin américain? Oui, estiment des producteurs de Californie qui s'inquiètent de la pénurie de main-d'oeuvre tout en faisant face à la concurrence de l'industrie du cannabis.
Un vignoble dans la région de Malibu en Californie, aux Etats-Unis, le 19 avril 2017 (AFP/Mark RALSTON)
Bien que le ciel semble dégagé pour le vin américain à l'issue d'une année 2016 record, les producteurs californiens s'attendent à une saison de récolte agitée en septembre, lorsque d'autres travailleurs seront nécessaires dans les vignes. "Le réservoir de main-d'oeuvre est assurément plus réduit" que ces dernières années, déplore Michael Silacci, vigneron au sein de l'Opus One dans la Napa Valley, région au nord de San Francisco, la plus célèbre aux Etats-Unis pour sa production de vin. "Il y a une préoccupation concernant le changement des politiques d'immigration et la situation dans les zones agricoles devient de plus en plus fragile", reconnait M. Silacci. "Les gens se demandent ce qui se passera et surveillent ce qui se passe dans d'autres cultures agricoles". Les vignerons affirment que le défi consiste de plus en plus à trouver du personnel qualifié parmi un échantillon qui se réduit. Majoritairement, il s'agit de Mexicains ciblés par le durcissement de la politique migratoire, alors que les Américains ne se bousculent pas, compte tenu de la nature éreintante du travail. - Vin ou cannabis? - Une autre préoccupation de l'industrie viticole est le secteur en plein essor du cannabis, estimé à plusieurs milliards de dollars et qui devrait progresser de manière exponentielle avec la légalisation de l'usage récréatif de la marijuana en Californie, l'un des plus grands marchés du pays. Le ministère américain de l'Agriculture indique qu'environ 4.200 établissements vinicoles sont installés en Californie, le plus important Etat viticole d'Amérique. Les producteurs de cannabis ont désormais des revenus deux fois plus élevés que ceux dans le vin, et peuvent ainsi attirer des travailleurs avec des salaires plus élevés, estime John Truchard, PDG de John Anthony Vineyards et FARM Napa Valley, une société de gestion agricole. La pénurie de travailleurs -renforcée par une économie qui se relance au Mexique et un reflux de personnes traversant la frontière- a entraîné une guerre pour le recrutement de personnels, les exploitants essayant de conserver leurs travailleurs. Les salaires ont régulièrement augmenté ces dernières années, variant entre 15 et 25 dollars par heure dans la Napa Valley. Un taux deux fois plus élevé que dans le centre de la Californie (10 à 12 dollars de moyenne). Et si certains producteurs de la Napa Valley peuvent se le permettre, la demande pour leurs vins ayant augmenté parallèlement, les producteurs d'autres régions luttent pour leur survie.
- La solution de l'automatisation - "Pendant la saison des récoltes, vous avez des équipes de base, mais vous recrutez également des travailleurs supplémentaires et ils vont au plus offrant", précise M. Truchard. Certains exploitants "paient un supplément de cinquante dollars par tonne". En plus des augmentations de salaire, les employeurs proposent des moyens novateurs et incitatifs pour garder leurs travailleurs, comme des services de garde d'enfants ou des possibilités d'étudier. Les vignerons affirment que la pénurie de main-d'oeuvre et les coûts croissants forceront l'industrie -estimée à près de 60 milliards de dollars annuels- à se tourner de plus en plus vers l'automatisation. "Les vignobles qui, dans le passé, ont compté sur la récolte à la main explorent la mise en oeuvre de la récolte par les machines", précise Jim Stollberg, partenaire de deux entreprises de la région viticole de Santa Maria. À court terme, cependant, certains pourraient se tourner vers leurs employés de bureau et leur demander de se retrousser les manches. "Dans une situation extrême, nous avons parlé d'avoir une équipe venant du bureau", reconnaît Michael Silacci, qui considère qu'il s'agit d'une "réserve" de travailleurs comme une autre.
Le casse-tête des industriels du cannabis: Liasses de billets dans des coffres-forts surveillés en permanence, sacs de grosses coupures livrés aux impôts par véhicules blindés, dispensaires truffés de capteurs et caméras, montages financiers... Dans l'industrie américaine du cannabis, on paye souvent en cash.
Cette situation la force à toutes sortes de contorsions rocambolesques, évoquant des films ou des séries comme "Breaking bad". Autorisé à usage médical dans 29 Etats et récréatif dans huit, le cannabis reste interdit au niveau fédéral.
Les banques qui ouvrent des comptes aux entrepreneurs du secteur peuvent être accusées de blanchiment d'argent. La majorité d'entre elles préfère donc ne pas toucher à tout ce qui à trait à la célèbre feuille. Seules environ 300 institutions sur près de 12.000 aux Etats-Unis acceptent --discrètement et en faisant payer cher leurs services-- quelques clients du secteur, selon Standard and Poor's, essentiellement des banques coopératives ou régionales.
"C'est un sérieux problème. A cause du gouvernement fédéral", qui considère le cannabis comme une drogue dure, "nous sommes forcés d'opérer presque à 100% en liquide", explique Steve DeAngelo, fondateur du vaste dispensaire Harborside Health Center à Oakland (Californie). Plus encore que les entreprises ayant pignon sur rue, "nous les cultivateurs, fonctionnons complètement en liquide", renchérit Justin Calvino, exploitant dans le comté de Mendocino, au nord de San Francisco, surnommé le "triangle émeraude" en raison des nombreuses plantations de cannabis.
- Epée de Damoclès -
De plus en plus de PME parviennent à trouver une banque ou une forme de trésorerie électronique, mais risquent en permanence fermetures de comptes ou saisies: 3.000 dollars déposés en liquide suffisent à déclencher un signalement d'"activité suspecte" au fisc. Justin Calvino en est ainsi à son "sixième compte en cinq ans".
Michael Katz, patron d'Evoxe, qui fabrique des huiles au cannabis, explique avoir eu "13.000 dollars gelés pendant 19 jours par Square", l'organisme de paiement sur appareils mobiles. Chacun essaie de contourner le problème à sa façon.
Une responsable marketing a raconté à l'AFP avoir un jour reçu un message de l'application Venmo sommant sa société de ne plus utiliser leurs services. Ils utilisent maintenant Paypal en espérant que la description "produits de bien-être" de leurs huiles pour le corps au THC --une substance extraite de la marijuana-- n'attirera pas l'attention. Il y a aussi ceux qui utilisent la monnaie dématérialisée Bitcoin, des distributeurs de monnaie inversés qui prennent de l'argent liquide contre une transaction électronique ou d'autres systèmes innovants.
Autre piste, les montages financiers: "Vous établissez plusieurs sociétés pour les différentes activités de votre entreprise", autrement dit une entité qui gère le marketing ou la comptabilité peut avoir un compte et devenir cliente de celle qui vend le cannabis, poursuit Michael Katz. L'administration Obama, voyant la perspective de recettes fiscales colossales, avait mis en place un cadre juridique permettant aux banques de travailler avec les industriels du cannabis où il est légal, au prix d'un fardeau de paperasses qui en a découragé plus d'un. Son successeur républicain Donald Trump pourrait renverser la vapeur et se mettre à poursuivre les acteurs du secteur.
Vu l'impossibilité de prévoir, beaucoup d'entrepreneurs gardent un bon matelas de liquidité au cas où, remarque M. Katz, mais c'est très contraignant: "L'argent n'est pas assuré et difficile à sécuriser".
- Forteresse -
Un cultivateur du sud de la Californie confie, sous couvert d'anonymat, avoir des "milliers de dollars dans un coffre-fort gardé 24 heures sur 24 dans un entrepôt". Justin Calvino, père de famille un peu "hippie" qui jongle en permanence avec les rentrées d'argent liquide et le paiement de ses employés ou de factures, dit s'être fait voler par une employée une grosse somme qui était dissimulée.. sous son lit.
A l'inverse, Harborside est une forteresse: "Pour entrer, il faut montrer ses papiers d'identité, passer au détecteur à métaux, nous avons 50 caméras, des capteurs de chaleur et de mouvements déclenchant des alarmes, un lecteur d'empreintes digitales pour les employés, ...", énumère Steve DeAngelo.
Autre casse-tête: la comptabilité. Les employés d'Harborside comptent pièces et billets manuellement dans une chambre forte... Quant aux impôts: "Chaque mois mes employés emmènent 100.000 dollars en liquide" pour payer la ville d'Oakland, explique M. DeAngelo. "On essaie de changer de véhicule, de personne, de route...".
En Californie, l'Etat le plus peuplé du pays, le problème devient épineux à l'approche de la légalisation de la marijuana à usage récréatif en 2018. "Ca va devenir un secteur trop gros pour que les banques ne s'y engouffrent pas, malgré les risques" estime Troy Danton, co-fondateur du cabinet de recherche spécialisé Arcview, qui prévoit que l'industrie légale de 6,7 milliards de dollars actuellement triple en cinq ans.
En France, la question du cannabis reste sensible puisque, selon les estimations, plus de 4 millions de personnes âgées de 12 à 75 ans en auraient déjà consommé.
Ce stupéfiant fait l’objet de nombreuses études aux conclusions contradictoires. Futura est parti à la rencontre de Paul Hofman, directeur du laboratoire de pathologie de Nice et chercheur pionnier dans la détection du cancer du poumon, pour en savoir plus sur cette substance.
Une jeune entreprise de Trois-Rivières, fondée il y a deux ans, a flairé la bonne affaire. Biotechnologies Ulysse a développé un produit à base de bactéries qui permet de stimuler la croissance des plants de marijuana. Elle pu tester son produit au cours des derniers mois et les résultats sont concluants.
Les plants de cannabis à l'usine de Tweed Photo : Radio-Canada/Frédéric Pepin
Grâce à un partenariat avec le seul producteur de marijuana 100% biologique au Canada, Whistler Medical Marijuana Corporation, l’entreprise trifluvienne a vérifié l’efficacité de sa potion.
Le reportage de Marie-Pier Bouchard
On obtient environ 10% plus de cannabis en utilisant les bactéries.
Yves Hurtubise, président Biotechnologies Ulysse
Biotechnologies Ulysse, une entreprise de Trois-Rivières, a développé un fertilisant permettant de stimuler la croissance des plants de marijuana. Photo : Biotechnologies Ulysse
Biotechnologies Ulysse serait la seule entreprise à se spécialiser dans ce domaine selon son fondateur, Yves Hurtubise, qui compare son biofertilisant à des probiotiques.
On prend des probiotiques dans les yogourts, dans le pain, dans plein d'endroits au niveau alimentaire. Mais au lieu d’être un humain, c’est une plante.
Yves Hurtubise, président Biotechnologies Ulysse
Yves Hurtubise, président de Biotechnologies Ulysse Photo : Radio-Canada/Jean-François Fortier
Environ 60 essais ont été nécessaires pour en arriver au produit actuel qui est sur le point d’être commercialisé sous le nom d'Onatha.
Comme les brasseurs de bière
L’équipe de Biotechnologies Ulysse récupère des bactéries de la nature à partir d’échantillons de terre ou d’eau.
Bactéries au microscope. Photo : Biotechnologies Ulysse
Les chercheurs chez Biotechnologies Ulysse testent leur biofertilisant sur des plants de laitue, de tomates et autres. Photo : Radio-Canada/Jean-François Fortier Minutieusement choisies, les bactéries sont transférées dans un premier fermenteur pour ensuite suivre les autres étapes de transformation.
Les brasseurs de bière récupèrent le liquide et se débarrassent de la levure. Alors que nous on se débarrasse du liquide et on conserve la bactérie.
Yves Hurtubise, président Biotechnologies Ulysse
Processus de fermentation des bactéries pour le développement d'un biofertilisant permettant la stimulation des plants de cannabis chez Biotechnologies Ulysse, à Trois-Rivières. Photo : Radio-Canada/Marie-Pier Bouchard
Un allié de taille
Originaire de Bécancour et fraîchement diplômé, un spécialiste en microbiologie appliquée, François Gagné Bourque, n’aurait jamais pensé pouvoir travailler dans son domaine Canada, ni au Québec et encore moins dans sa région natale. Il s’était fait à l’idée de travailler à l’étranger.
François Gagné Bourque est directeur du développement chez Biotechnologies Ulysse. Photo : Radio-Canada/Marie-Pier Bouchard
Quand Biotechnologies Ulysse a communiqué avec lui, il a sauté à pieds joints dans l’aventure.
François Gagné Bourque, directeur du développement chez Biotechnologies Ulysse Photo : Radio-Canada/Jean-François Fortier
Une vision à long terme
Il y a une douzaine d’années, le fondateur de Biotechnologies Ulysse avait déjà un intérêt pour le marché de la marijuana. C’était trop tôt à l’époque selon Yves Hurtubise, mais il affirme que le fruit est maintenant mûr.
C’est un secteur prometteur. Le potentiel du marché est bon.
François Gagné Bourque, directeur du développement Biotechnologies Ulysse
Laboratoire de l'entreprise Biotechnologies Ulysse, une entreprise de Trois-Rivières. Photo : Radio-Canada
Le terrain de jeu des entrepreneurs est immense et après s’être attaqués à la croissance des plants de marijuana, ils travaillent sur un autre produit qui permettrait de les protéger des maladies ou des champignons.
D’ici trois ans, il a bon espoir de créer quelques emplois et de voir son entreprise atteindre un chiffre d’affaires avoisinant le un million de dollars. Des rencontres avec des producteurs de cannabis sont déjà à l'horaire de l’entreprise la semaine prochaine.
Philippe Vandel s'intéresse aujourd'hui à une drogue douce, consommée notamment comme psychotrope dans de nombreux pays.
Culture de cannabis thérapeutique à Ontario (Canada),
le 5 décembre 2016. (LARS HAGBERG / AFP)
Selon les autorités sanitaires, fumer du cannabis provoque à long terme des hallucinations et des troubles de la coordination neuromusculaire. Mais surtout, sur l’instant, un relâchement général. Alors pourquoi est-il considéré comme un dopant ?
Au même titre que la cocaïne, la caféine, l’EPO, la testostérone ou l’hormone de croissance, la créatine, la cortisone, ou autres anabolisants ? Quel sprinter aurait l’idée de se faire un joint juste avant un 100m, en se disant : tiens, ça va m’aider à courir vite ?
D’abord qu’est-ce qu’un dopant ?
La définition évolue constamment. En France, la première définition légale du dopage date de 1965. Est alors considéré comme dopé "quiconque aura en vue ou au cours d’une compétition sportive, utilisé sciemment l’une des substances déterminées par le règlement de l’administration publique, qui sont destinées à accroître artificiellement et passagèrement ses possibilités physiques et sont susceptibles de nuire à sa santé" (loi N°65.412 du 1er juin 1965).
En France, les premiers contrôles antidopage concernant le cannabis datent de 1993. De nos jours, l’Agence Mondiale Anti-Dopage (WADA) stipule que pour qu'une substance soit interdite, "elle doit être un agent masquant ou répondre à deux des trois critères suivants : améliorer les performances sportives, être un risque potentiel ou réel pour la santé, représenter une violation de l'esprit du sport."
C’est indéniable : le cannabis représente un risque pour la santé
Mais en quoi peut-il améliorer les performances sportives ? Tirer sur un joint peut aider dans certaines disciplines. Sa molécule active, le THC (6-9 tétrahydrocannabinol), agit sur les neurorécepteurs du cerveau, et améliore la relaxation musculaire et la vision, ce qui est très utile dans certains sports d’adresse, comme le tir.
À faible dose, il agit comme un anxiolytique et aide à contrer les souvenirs anxiogènes, ce qui peut rajouter de la confiance, élément indispensable. La consommation de cannabis augmente le temps de sommeil et la récupération, ce qui accroit les performances d’un athlète qui doit multiplier les compétitions sur de courtes périodes. Certaines études montrent que le THC favorise l'oxygénation des tissus.
Enfin, le cannabis est un analgésique
C'est ce qui repousse les limites de la douleur, ce qui est utile aussi bien en compétition qu’à l’entrainement. Tout ceci explique sa classification comme "dopant" ; n’en déplaise aux fans du film Rasta Rocket, l’histoire de l’équipe jamaïcaine de Bobsleigh. Mais ce n’est pas de là que vient le mot "descente"…
Le duo de rappeurs JeanJass et Caballero s’apprêtent à sortir une émission d’un genre nouveau dans le paysage belge : une série de tutoriels de cuisine, saupoudré de pas mal d’humour et de cannabis.
4/20. Le 20 avril. Si pour beaucoup, la date n’évoque rien de spécial, si ce n’est l’anniversaire d’une vieille tante qu’on doit absolument appeler, pour tous les amateurs de ganja, de weed, de Marie-Jeanne, de spliffs, de beuh – et tous les autres petits noms qu’on donne au cannabis –, aujourd’hui est un jour spécial. À l’occasion du « quatre-vingt », on célèbre à travers le monde la petite plante narcotique à feuilles vertes. C’est aussi le jour qu’ont choisi les acolytes du rap belge JeanJass et Caballero pour sortir le premier épisode de leur nouvelle émission YouTube « High & Fines Herbes », qui sera dévoilé à 18h.
Fast-food revisité
Plus «
» – la série du cuistot et rappeur américain Action Bronson – que « Top Chef », le concept sous influence des Laurel et Hardy du hip hop bruxellois est néanmoins né de la rencontre avec un vrai chef, JB. Le cuisinier les a approchés, après une demi-douzaine d’années à avoir tâté l’inox de grands établissements étoilés français. Amateur de recettes à base d’herbe magique, JB s’est spécialisé en « junk food de luxe » et rêvait d’une série du genre. Avec JeanJass et Caballero, la mayonnaise a tout de suite pris, et le duo s’est improvisé chefs à domicile, dans votre écran.
À l’image, on retrouve la clique copieusement affalée dans un salon, décrivant avec détails une herbe choisie pour sa qualité et sa rareté. Sans complexe, elle est partagée et fumée, passant de mains en mains au rythme des blagues, parfois graveleuses, d’un Caballero particulièrement remonté. « Tout est bio », assure-t-il, en parlant tant de la tête duveteuse de la weed que des aromates qui sont ensuite présentés, avec les autres ingrédients, dans une petite cuisine. Le menu du jour ? Pizza à l’huile infusée au THC et milkshake arrangé. Et après le cours, vient la dégustation. « Une réussite totale », lâche l’un des rappeurs, la bouche pleine de grillz et de mozzarella.
« Chef, je veux le plat le plus cher sur la carte / (…) Le plat est fini, j’ai le fumant / Dis-moi chef, je veux la beuh la plus chère sur la carte », égrène le duo dans le clip de leur morceau « Yessaï », entre un sommelier et un foodtruck. Si le titre n’est pas la bande son officielle de « High et Fines Herbes », elle en laisse deviner l’ambition. « On a eu la chance de rencontrer quelqu’un qui fait passer ça du côté gastronomique de la chose : pas juste des space cakes ou des space cookies, mais des plats plus élaborés », raconte JeanJass, à propos de JB.
« Je suis quelqu’un qui regarde beaucoup d’émissions culinaires, depuis que je suis tout petit. Je me rappelle, je regardais Joël Robuchon le midi. La weed et la bouffe, ce sont vraiment deux passions communes à Caballero et moi – peut-être plus la weed pour lui et la bouffe pour moi », poursuit le rappeur.
Apologie ou pédagogie ?
Même si le programme est hébergé sur YouTube, qui compte d’autres émissions du genre – « Eat your green » sur Vice ou la néerlandaise «
», pour ne citer qu’elles -, JeanJass et Caballero savent qu’ils risquent d’être rapidement accusés de faire l’apologie de la drogue – notamment auprès des plus jeunes, grand consommateurs de vidéos en ligne.
Ils s’en défendent, culinairement d’abord : « On ne veut pas que l’émission soit un tuto pour apprendre des recettes à la weed, parce que c’est trop fort. On a voulu la jouer plus calme de ce côté-là, en disant ‘c’est une belle émission de divertissement pour te faire rire, si vraiment tu veux faire cette recette-là, renseigne-toi plus d’abord’ », assure Anthony Consiglio de Back in the Dayz, label qui entoure le groupe. « La drogue est une donnée qui existe dans la vie des jeunes », poursuit-il. « Moi, ça ne me dérange pas d’en parler. C’est comme quand on ne parlait pas de sexe avec ses parents, c’est un peu ridicule, il faut parler de ces choses-là pour éviter les surprises le jour où ça arrive ».
Du côté d’Infordrogues, association subventionnée d’information et d’aide autour de la consommation de drogues, le discours est étonnamment similaire.
Pour Jean-Michel De Herde, psychologue chargé de consultations, « qu’il y ait un discours alternatif autour du cannabis, qui est par ailleurs original, puisqu’on parle de l’aspect culinaire, c’est une bonne chose ». Selon le spécialiste, il s’agit de désenclaver le consommateur, jusque-là tenu entre le marteau et l’enclume d’une criminalisation de la drogue et des stigmats liés au toxicomane.
« Et dans ce cas-là, il y a aussi toute la question de l’éducation à l’image qui peut se poser. Se dire que parce qu’un jeune aurait vu une telle émission où quelqu’un consomme du cannabis, il puisse devenir dépendant au cannabis, c’est beaucoup trop court comme raisonnement ». L’expert salue également le côté informatif de telles émissions, « rapide, visuel et facilement accessible ».
L’herbe gastronomique
« On s’adresse clairement à un public adulte », rappelle aussi JeanJass, qui est certain que son public sera réceptif au concept, habitué à ses rimes univoques. « Le but, c’est vraiment de faire rire et de divertir. On ne pousse absolument pas à la consommation. Toutes les recettes sont absolument faisables sans herbe. On a mis des doses mainstream, dans le sens que le but, au niveau de la cuisine, est de bien manger et de goûter cette weed, plutôt qu’être défoncé ».
C’est de la weed très rare, qui coûte très cher, le double d’une beuh moyenne. C’est comparable à une bouteille de vin qu’on paierait une centaine d’euros – Anthony Consiglio de Back in the Dayz Une démarche que soutient le psychologue d’Infordrogues : « En Belgique, on a combien de recettes de cuisson de viandes à la bières ? », questionne-t-il. « On associe les mets avec du whisky, avec de la vodka ». Selon lui, une série culinaire comme « High & Fines Herbes » « permet de démultiplier l’esthétique du bien-manger. On entre dans quelque chose qui n’est plus seulement une drogue, un truc sec, brutal, qui abîme, mais on développe un savoir-faire, un savoir-consommer ».
« Ça peut aussi servir à débattre : la dépénalisation est un débat qui a pris de la place dans la présidentielle française, par exemple. Je pense qu’on se dirige vers une dépénalisation et donc on suit un peu le courant, on anticipe », analyse le rappeur, pointant également une culture de la consommation de la marijuana plus épanouie, aux États-Unis. « Du côté américain, c’est quelque chose qui est tout à fait accepté. Si on prend le rappeur Wiz Khalifa, sur ses réseaux sociaux, il peut poster une photo avec son fils que tout le monde trouve mignonne et la suivante, où il roule un joint énorme – ça ne gène personne ».
En Francophonie, on est peut-être encore trop politiquement corrects – JeanJass « On va chaque année à Montréal, qui est pour nous le parfait mélange entre scène américaine et francophonie« , raconte à ce propos Anthony Consiglio. « Comme dans la musique, on ne veut pas forcément retranscrire le mode de consommation excessif, mais plutôt voir les choses en grand avec des petits moyens. On a tourné ça dans un petit appartement avec peu de moyens, mais on voulait que ça brille tout autant qu’une production Golden Moustache. Entre nous, on se dit ‘il faut que ce soit l’Amérique’ ». Et ce, même si « High & Fines Herbes » a quand même de jolis accents sauce andalouse.
La Journée Internationale du Cannabis qui a lieu aujourd’hui est l’occasion de faire un point sur cette substance, qui continue de diviser...
Si la légalisation du cannabis fait débat à l’approche de l’élection présidentielle, son usage et son utilité dans le milieu médical est de plus en plus reconnu.
Le cannabis, un allié contre le cancer
Pour les patients sous chimiothérapie, le cannabis serait un moyen efficace pour lutter contre les effets secondaires du traitement des cancéreux, comme les nausées et les vomissements, manque d’appétit, douleurs.
C’est le THC, principale substance euphorisante du cannabis, qui est utilisé pour améliorer la qualité de vie de ces patients. D’après plusieurs études parues sur le sujet, cette substance semble également exercer une action anti-invasive, qui permet d’empêcher la prolifération des cellules cancéreuses.
Son efficacité prouvée contre la sclérose en plaques
En janvier dernier, un rapport publié par l’Académie américaine des sciences reconnaissait l’efficacité du cannabis thérapeutique dans la réduction des douleurs des patients atteints de sclérose en plaques. Au Canada, un spray buccal (Sativex) est d’ailleurs disponible en pharmacie pour les personnes qui souffrent de sclérose en plaques. Ce médicament, qui soulage les douleurs, devait arriver en France depuis plusieurs mois, mais la commercialisation semble pour le moment bloquée.
Certains pays l’ont déjà légalisé
Si son usage récréatif est autorisé ou toléré dans certains pays et formellement interdit dans d’autres, son utilité dans le domaine de la santé est de plus en plus reconnue par le corps médical. En Colombie, c’est en 2015 que la marijuana a fait l’objet d’un cadre légal dans un but uniquement thérapeutique : « La Colombie franchit un pas important pour se positionner à l’avant-garde de la lutte contre les maladies et nous le faisons par un décret qui vise à mettre à profit les bienfaits du cannabis pour améliorer la vie des gens » s’était félicité le Président colombien à la télévision.
L’Europe ouvre petit à petit la voie à cet usage médical, comme en Allemagne où les députés votaient en début d’année la légalisation du cannabis à usage thérapeutique. Les médecins peuvent depuis le mois de mars prescrire à leurs patients qui souffrent de maladies graves (cancer, épilepsie, sclérose en plaques…) de l’extrait de cannabis ou de fleurs séchées. L’Irlande suivra malgré quelques réticences : le gouvernement irlandais dénonce dans le même temps le manque de preuves sur la sécurité, l’efficacité et les bienfaits de la drogue pour la santé. Le ministre de la santé du pays, Simon Harris a donné son feu vert mais pour « les patients qui n’ont pas répondu à d’autres traitements et dans les cas où il y a des preuves que le cannabis peut être efficace ».
L’Italie et l’Angleterre font également partie des pays qui autorisent la prescription de dérivés du cannabis à des fins médicales.
En France, il est autorisé… à titre exceptionnel
Chez nous en revanche, l’usage du cannabis dans un cadre médical est très encadré : depuis 2013, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) est habilitée à donner des autorisations de mise sur le marché de produits thérapeutiques contenant du cannabis ou ses dérivés.
La délivrance de ces produits reste très contrôlée, le Marinol par exemple est l’un des seuls dérivés autorisés, et il doit faire l’objet d’une procédure particulière.
Des centaines d'Israéliens se sont retrouvés aujourd'hui sur une colline proche du Parlement à Jérusalem pour fumer des joints, un rassemblement destiné à faire pression pour une légalisation de la consommation de marijuana.
Une fille israélienne pose avec un fau joint de marijuana à Jérusalem le 20 avril 2017
lors d'un rassemblement pour exprimer l'opposition aux lois en vigueur
THOMAS COEX (AFP)
Assis par petits groupes sur l'herbe du Jardin des Roses, proche de la Knesset, les participants ont allumé leurs joints à 04h20 de l'après-midi, en clin d'oeil aux "rassemblements 420" qui réunissent partout dans le monde des amateurs de cannabis.
Le mois dernier, le gouvernement israélien a approuvé un projet dépénalisant partiellement la consommation de cannabis à usage récréatif au profit d'un système d'amende. Cette dépénalisation concerne uniquement la consommation personnelle. Mais les participants au rassemblement appelé "Big Bong Night" réclament une légalisation complète.
Des rassemblements similaires de fumeurs de marijuana ont déjà eu lieu en Israël. Le premier avait été organisé à l'initiative d'Amos Dov Silver en 2014. Poursuivi en justice et emprisonné, il a ensuite quitté Israël pour la Californie où il vit depuis 18 mois.
Jeudi 20 avril, journée annuelle pro-marijuana en Amérique du Nord, sept militants pour la légalisation du cannabis ont été arrêtés par la police dans la capitale américaine, près du Capitole, au cours d'une distribution gratuite de joints.
Un plant de cannabis (illustration) Crédit : AFP / Brendan Smialowski
Le 20 avril a beau être reconnu en Amérique du Nord comme la journée informelle pro-marijuana, les forces de l'ordre du Capitole, à Washington, ont arrêté jeudi sept militants pour la légalisation du cannabis pendant une distribution de joints gratuits.
D'après les agents auteurs de l'arrestation, trois des personnes interpellées l'ont été pour possession de cannabis avec intention de le distribuer, tandis que quatre autres ont été menottés pour simple possession. "En vertu de la loi fédérale, il est interdit de détenir du cannabis", a justifié Eva Malecki, directrice de la communication de cette force de police.
Aux États-Unis, le "420" (pour 4/20, soit le 20 avril, ndlr) est le code universel pour les amateurs de marijuana et c'est à l'occasion de cette journée annuelle que se déroulait la distribution à Washington.
Loi de l'État contre loi de l'État fédéral
Les personnes arrêtées, dont Adam Eidinger, co-fondateur de la DC Marijuana Coalition qui milite pour la légalisation dans la capitale américaine, estiment qu'ils se trouvaient durant la distribution sur une parcelle de terrain "non fédéral". Leur arrestation, selon eux, est donc injustifiée, puisqu'à Washington, depuis 2015, la possession jusqu'à 56 grammes de cannabis et la culture de six plants maximum sont légales à des fins récréatives pour les personnes majeures. En revanche, si la distribution est possible, la vente ne l'est pas.
Dans une vidéo de son arrestation publiée par le Washington Post, Adam Eidinger conteste le motif de son interpellation : "Ceci est une activité 420 légale pendant laquelle on distribue du cannabis dans le District de Columbia" (l'autre nom de Washington, ndlr). Et l'homme d'ajouter, menotté dans le dos : "Sur un trottoir de Washington, c'est 100% légal".
À l'occasion du 20 avril, la journée internationale de la weed, Tealer a misé sur une stratégie de communication assez décalée : murs placardés d'images de cannabis, libre distribution de chocolat ressemblant à de la marijuana... La marque de vêtements n'a pas manqué d'inventivité.
"Four-twenty" est une expression utilisée en Amérique du Nord pour désigner de manière discrète la consommation de cannabis. C'est aussi 16 heures 20, moment propice à la fumette. Le terme désigne également le Weed Day – la journée internationale de l'herbe ayant lieu chaque année le 20 avril – qui célèbre la consommation du cannabis ainsi que la contre-culture qui s'y rattache. À cette occasion, la marque de vêtements et accessoires Tealer a organisé une chasse au(x) trésor(s) ainsi que des livraisons pas comme les autres.
Des murs des rues des 20 arrondissements parisiens ont ainsi été recouverts de photos de cannabis, tandis que des boîtes rouges renfermant des pochons remplis de "beuh" ont été installées un peu partout. Du cannabis en libre-service dans tous Paris ? C'est ce que la marque appelle des "kush box emergency", sorte de kit d'urgence spécial. Dans ces pochons ce sont en fait des chocolats OG Kush, ressemblant en tout point à de la weed. Une sorte de deuxième fête de Pâques en quelque sorte.
Bon, c'est rigolo, mais si l'initiative de distribuer du chocolat est bienvenue, il est important de rappeler que le cannabis peut être néfaste.