Quand le groupe post-rock islandais s’associe avec la marque californienne spécialiste des produits infusés au cannabis Lord Jones, cela donne une édition limitée de bonbons "wild sigurberry" hautement addictive.
Ces bonbons sont uniques en leur genre. La raison ? Nées de la collaboration du groupe pop rock Sigur Rós et du le label californien de denrées ultra-luxes infusés au cannabidiol (CBD) Lord Jones, ces pâtes de fruits à la saveur inspirée des baies sauvages d’Islande - framboises, mûres et myrtilles – pays d’origine du trio musical, sont infusées à l’extrait de cannabis riche en CBD.
Disponibles en 10mg et 20mg, chaque dose individuelle promet "une sensation apaisante de bien-être inspirée par la musique de Sigur Rós". Proposés par neuf dans une boîte illustrée par l’artiste londonien Andrew Rae, voici autant de shoots de bonheur à glisser sous la langue.
Lord Jones + Sigur Rós, boîte de bonbons Sigurberry en Edition Limitée, 40 dollars.
En juillet, l’Uruguay proposera en pharmacie du cannabis produit sous contrôle de l’Etat. Une première au monde…
Des barrettes de cannabis. Illustration. - Krod - WPA - Sipa
L'Uruguay, qui deviendra en juillet le premier pays au monde à vendre en pharmacies du cannabis produit sous contrôle de l'Etat et pour un usage récréatif, ouvre ce mardi son registre des consommateurs, ont annoncé les autorités.
La condition pour acheter légalement du canabis
C'est sur ce registre que les Uruguayens et étrangers titulaires d'une carte de résident permanent devront s'inscrire, s'ils souhaitent s'acheter du cannabis par ce biais. La drogue douce sera commercialisée au prix de 1,30 dollar le gramme, chaque consommateur pouvant en acheter au maximum 10 grammes par semaine. La drogue sera commercialisée en sachets de 5 et 10 grammes, au plus tard au mois de juillet, selon les autorités.
Deux producteurs privés sous contrôle de l’Etat
L'Uruguay dispose pour l'instant de 400 kilos de cannabis, produits par deux entreprises privées sous contrôle de l'Etat. L'Uruguay a adopté en décembre 2013 une loi polémique, autorisant trois modes d'accès au cannabis: culture à domicile pour la consommation personnelle, appartenance à un club cannabique pour planter de manière coopérative et achat de marijuana en pharmacie.
Les deux premiers volets ont déjà été mis en pratique, mais celui de la vente en pharmacies, qui suscitait notamment de nombreuses réticences chez ces dernières, a été plusieurs fois repoussé. Cette loi unique au monde avait suscité un fort intérêt médiatique international lors de son approbation.
Cannaweed s'associe à SoftSecret France et au proches de Jérôme pour lui rendre hommage.
Ces derniers mois, plusieurs personnalités du monde du cannabis nous ont quittés. C’est avec tristesse que l’équipe de Soft Secrets France a appris la disparition de Jêrome Tétaz, le président de Principes Actifs, l’association de défense des usagers de cannabis thérapeutique, à l’age de 37 ans.
Lui-même atteint d’une grave maladie, Jérôme se déplaçait en fauteuil roulant. Cela ne l’empêchait pas d’être très actif et de se montrer particulièrement solidaire avec les autres usagers thérapeutiques qu’il aidait beaucoup. Jérôme était très apprécié dans le milieu du cannabis.
Nous l’avions notamment rencontré en juillet dernier à la première Coupe de Haschishins ou il avait remporté la première place dans la catégorie Haschisch. Nous avions pu à cette occasion déguster les extractions de qualité qu’il fabriquait lui-même : iceolator et jelly hasch. Good bye Jérôme !
Jérôme Tétaz à la Coupe des Haschishins en juillet dernier
Plusieurs centaines de partisans de la dépénalisation du cannabis ont défilé à Paris, samedi 29 avril, sur des airs de rap et de reggae. En organisant cette marche dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, les participants espèrent que le prochain chef de l’Etat s’emparera du sujet.
Boulevard du Temple (IIIe), le 29 avril. Les participants à la marche
ont défilé entre Bastille et République.
LP/B.D.
Dans les rangs du cortège, de nombreux jeunes mais aussi des personnes malades, militant pour un usage du cannabis à des fins thérapeutiques. Parti peu après 15 heures de la place de la Bastille vers la place de la République, de nombreux jeunes mais aussi des personnes malades, militant pour un usage du cannabis à des fins thérapeutiques. Tous se sont réunis derrière la banderole : « Marche mondiale du cannabis dépénalisation autoproduction cannabis thérapeutique. Une autre politique des drogues est possible ».
« En 2012, on avait de grands espoirs en François Hollande, au moins qu’il ouvre un débat sur le plan européen, mais il a manqué de courage, il a trahi son électorat », estime Farid Ghéhiouèche, un des organisateurs de la marche et fondateur de Cannabis sans frontières. Dépénalisation
A quelques jours du second tour de la présidentielle, le militant a exprimé une préférence pour le candidat d’En Marche ! : « Marine Le Pen, elle veut renforcer la répression, Macron, ça rime avec légalisation, fin de la répression, plus de concertation… J’ai l’espoir qu’il incarne ce que Justin Trudeau incarne au Canada. »
Lire aussi : On a (enfin) compris ce que veut Emmanuel Macron sur le cannabis
Alors que le Canada permet déjà la consommation de cannabis à des fins médicales depuis 2001, le gouvernement de M. Trudeau veut, en effet, légaliser le cannabis d’ici à juillet 2018. Quant au programme d’Emmanuel Macron, il prévoit la dépénalisation ce qui signifie instaurer une simple contravention pour l’usage et la détention des petites doses cannabis sans peine de prison. La marche pour la dépénalisation du cannabis, qui se tient régulièrement dans d’autres pays, comme l’Espagne ou le Canada, sera organisée le 13 mai dans une douzaine d’autres villes françaises Source: lemonde.fr
En Espagne, grâce au succès des "clubs" qui essaiment depuis 2011, le cannabis est devenu un nouvel or vert. Produits dérivés, cliniques spécialisées, tourisme associé… Toute une économie a fleuri autour de cette plante, dont la production reste pourtant illégale en Espagne. Nos reporters ont exploré les diverses facettes – publiques et cachées – de cette activité en plein boom.
Tout a commencé en 2011, lorsque des amateurs de cannabis ont réussi à exploiter une faille dans la loi antitabac espagnole, leur permettant de consommer du cannabis dans des lieux fermés et privés. L’État a fermé les yeux sur ces associations sans but lucratif, où seuls les membres inscrits ont le droit de consommer en toute liberté. Depuis, les "cannabis clubs" ont fleuri dans toute l’Espagne. On en compterait aujourd’hui plus de 700 à travers le pays. Au total, ils réunissent des centaines de milliers d'"associés" et brassent des millions d’euros chaque année.
Vente de graines de cannabis, matériel et engrais pour en faciliter la pousse, laboratoires pour en contrôler la qualité, sucettes et boissons à base de THC (le principe actif du cannabis), extrait liquide pour voyager, applications pour téléphone, chaîne de télévision sur le web, en passant par son utilisation thérapeutique dans des cliniques proposant des soins à base de "cannabinoïdes"… L'"or vert" a engendré toute une économie. En témoigne le succès des salons spécialisés de Barcelone ou encore d'Irun, au pays basque. Des concours y sont organisés pour élire les meilleurs clubs et les meilleures variétés.
La production reste illégale
Quant au "tourisme cannabique", c’est un domaine en pleine expansion. En effet, de plus en plus de "cannabis clubs" un peu trop gourmands laissent les étrangers accéder à leurs établissements. À Barcelone notamment, leur développement est devenu un problème pour la ville. Car le paradoxe, c’est que la production de cette plante reste illégale sur le territoire espagnol. Il faut donc ruser pour fournir tous les consommateurs des clubs. Et c’est là où nous nous sommes frottés à la face cachée de cette industrie. Il nous a fallu montrer patte blanche pour que les portes des clubs nous soient ouvertes et que des acteurs majeurs acceptent d’être suivis en toute confiance par nos caméras.
La plupart des personnes que nous avons rencontrées sont des trentenaires qui maîtrisent déjà tous les codes de la communication et du marketing, parfaitement au fait de ce qui peut être montré et dit – ou pas – à la caméra. Il faut dire qu’ils sont tous conseillés par des juristes spécialistes de la question, et ont une excellente connaissance des outils juridiques à leur disposition pour faire face à d’éventuels problèmes avec la Guardia civil ou la justice.
Conscients de leur poids dans l’économie espagnole, ils sont aujourd’hui bien décidés à peser de tout leur poids pour que le cannabis finisse par devenir légal dans le pays, à l’image de ce qui s’est passé dans certains États aux États-Unis, comme celui du Colorado. Et ils ont bon espoir qu’en la matière, l’Espagne devienne un modèle pour l’Europe. C’est donc à la découverte d’un monde méconnu et réservé aux initiés que nous vous proposons de partir dans ce Reporters.
La loi de 1970, aux intentions pédagogiques pour l’usager, est devenue l’outil d’une politique répressive inefficace. Revue des arguments en faveur d’un changement de loi.
La loi de 1970, genèse
En 1916, l’idée prohibitionniste prend corps en droit français: la loi est résolument répressive, elle sanctionne la vente, l’achat et l’usage du haschich. Progressivement, le droit va inclure des mesures de sûreté curative applicables aux toxicomanes. Ainsi, la loi du 24 décembre 1953 introduit une figure juridique nouvelle, celle de l’usager de drogues, à la fois malade et délinquant.
Cette figure ambivalente est au cœur de la loi de 1970, qui constitue toujours le socle juridique du droit de la drogue français. Elle a été votée dans un contexte de panique morale et a d’abord été pensée comme une loi de répression contre les trafiquants.
Mais s’agissant des usagers, le législateur n’était pas dans un état d’esprit punitif: en assimilant la consommation de stupéfiants à une pathologie, les parlementaires semblent à l’époque délaisser la répression pour organiser le traitement médicosocial des toxicomanes. La position des députés et des sénateurs est sans ambiguïté à l’égard des consommateurs: il faut «les guérir, leur punition ne devant être envisagée qu’avec une extrême prudence, sous la contrainte de la nécessité si l’on ne peut obtenir de résultats par une voie moins coercitive.»
Guérir ou punir
La loi de 1970 tient donc lieu de pédagogie pour les drogués et la priorité est accordée à la rééducation, ce qui se traduit par la possibilité offerte d’échapper aux poursuites en s’engageant dans une démarche thérapeutique avec l’abstinence pour finalité. Depuis 1970, la loi a connu quelques retouches et de nombreuses circulaires, qui témoignent d’une remarquable continuité idéologique: la spécificité prophylactique du traitement juridique du consommateur de drogues est une constante du droit français.
Personne ou presque ne prétend qu’il convient de punir les usagers de drogues et, pourtant, c’est ce qui arrive: le réel a résisté aux intentions généreuses du législateur.
L’idée que la sanction pour usage devrait servir à contraindre au traitement médical a fait long feu et la volonté de mettre l’institution pénale au service du sanitaire a été contrecarrée par la réalité clinique et les pratiques judiciaires. Force est de constater sur le terrain l’échec du dispositif de soin obligatoire, un échec admis par le ministère de la Santé et celui de la Justice. Des délits multiples
À mesure que l’illusion de la cure se dissipait, le dispositif juridique de répression a connu une destinée très favorable, facilitée par le renforcement de l’arsenal susceptible d’être mobilisé: l’usage simple est puni d’un an de prison et il faut compter avec les incriminations complémentaires qui visent l’usager revendeur, l’usager prosélyte ou l’usager conducteur. En outre, la consommation de stupéfiants implique d’autres actes matériels: l’acquisition, la détention ou la production qui sont eux-mêmes punissables, ce qui laisse la porte ouverte à un concours de qualifications pour poursuivre les usagers.
Ce potentiel répressif de la loi de 1970 se donne à voir dans les statistiques pénales, avec une hausse continue des interpellations pour usage là où les arrestations pour trafic restent stables. Un échec patent
Cette loi est un échec en matière de résultats sur le terrain de la consommation: si son objectif était d’éradiquer l’usage de stupéfiants, notamment de cannabis, force est de constater que nous n’en avons jamais été aussi éloignés. La tendance est à la hausse et les indicateurs au rouge: la France compte 1,5 million de consommateurs réguliers, dont 700 000 usagers quotidiens, à l’âge de 17 ans, une personne sur deux a expérimenté l’herbe, une sur dix en consomme une fois par mois et 4 % en font un usage quotidien.
Malgré sa législation particulièrement répressive, la France est dernière de la classe européenne, loin derrière les Pays-Bas où les «coffee-shops» ont pignon sur rue, loin derrière le Portugal où la consommation est dépénalisée. Une économie parallèle en forme
Par-delà l’absence de résultats, il faut aussi compter avec les effets pervers: la prohibition a pour effet de renvoyer dans le domaine de l’économie informelle un marché énorme. Cette économie se caractérise par l’absence de contrôle étatique sur les produits ou les acteurs du marché, avec des effets délétères: circulation de produits frelatés dangereux pour la santé (herbe coupée aux microparticules de silice), violence des échanges marchands réglés par la loi du plus fort (cf. règlements de comptes dans les banlieues de Marseille), profits astronomiques non taxés, corruption de l’économie légale et de son système bancaire. Sans oublier la difficulté pour les consommateurs en détresse de trouver de l’aide en raison de leur statut de délinquant et de la stigmatisation dont ils font l’objet.
Certains affirment même que l’interdit encouragerait la consommation: la transgression contribuant à rendre le produit désirable. Ce serait presque réconfortant, cela signifierait que l’interdit légal est intégré symboliquement d’une certaine manière, or il me semble que ce n’est plus le cas. Je crains que la norme juridique ait perdu toute sa signification. La prévalence de l’usage témoigne du fait que cette pratique relève d’une forme de normalité sociale, même si elle demeure une transgression aux yeux du droit.
L’usage du cannabis n’est pas un acte transgressif, pour le plus grand nombre, le rapport à la loi paraît secondaire, et la question de la légalité de l’usage est indifférente au citoyen. Inanité partagée
J’interviens chaque année dans une filière sélective à Assas, en 3e année, ces étudiants sont intelligents et super conservateurs: ils défendent une conception réactionnaire de l’ordre public... Et ils sont massivement convaincus de l’inanité de l’interdit qui pèse sur le cannabis, parce qu’ils consomment pour une partie d’entre eux, mais également parce qu’ils sont entourés de consommateurs parfaitement intégrés.
L’interdit pénal est pour une eux une vaste blague qui ne s’applique ni à eux ni à leurs proches. Quand la transgression n’éclaire plus le rapport des consommateurs aux produits, on peut penser qu’elle n’est pas non plus une catégorie opératoire pour penser la réponse institutionnelle. J’appelle Montesquieu à la rescousse qui montrait dans L’Esprit des lois que le peuple connaît, aime, et défend toujours plus ses mœurs que ses lois.
Ses mœurs, toujours selon Montesquieu, sont le résultat d’un ensemble de causes physiques et morales, ce qui conduit à ne pas surestimer le rôle du juridique sur la société. Changer la loi
Il faut donc changer la loi: que peut-on espérer de sa réforme? Sur le plan économique, on peut espérer le développement de nouveaux emplois, l’apparition de revenus générés par la taxation d’une drogue devenue légale, et surtout une baisse des dépenses de répression.
Sur le plan sanitaire, la création d’un marché légal donnerait lieu à un contrôle de la qualité des produits distribués, et la légalisation permettrait un développement plus rigoureux des politiques de réduction des risques, inhibées par l’idée prohibitionniste. Substituer la vaporisation ou l’ingestion à la combustion n’est pas la panacée pour résoudre les problèmes de consommation excessive, mais c’est certainement un pas dans la bonne direction.
Sur un plan sécuritaire, la légalisation conduirait à une baisse de la délinquance, la réglementation de la production et de la distribution affaiblirait les acteurs de la criminalité organisée et réduirait les risques de corruption des agents publics.
Sur un plan politique, il convient de ne pas sous-estimer les vertus pacificatrices de la légalisation. La forme radicalisée de la prohibition, «la guerre à la drogue», n’est pas sans conséquence sur le lien social: la répression attise des tensions entre des institutions de maintien de l’ordre de la République et certaines minorités ethniques, certaines classes d’âge. L’interdit a perdu sa puissance éducative, mais il a conservé un effet symbolique, et pervers: il sape le fondement des droits et des institutions. Il faut donner un autre visage à l’autorité républicaine que celui du contrôle d’identité, de la fouille intégrale et de la violence symbolique liée.
Légaliser peut prendre du temps, cela demande de la volonté politique, de l’imagination juridique, autant de denrées rares par les temps qui courent. À défaut et en attendant mieux, il faut urgemment dépénaliser l’usage, cela apportera un peu de sécurité juridique aux dix millions de Français qui sont aujourd’hui des criminels.
Si jamais vous faites partie de ceux qui passent leur temps à fumer des joints, ça risque de vous intéresser. Des chercheurs berlinois cherchent actuellement des fumeurs de cannabis pour suivre leur consommation sur plusieurs années.
Sous réserve d’approbation gouvernementale, cette enquête souhaiterait "étudier les conséquences du cannabis sur les consommateurs adultes et sains d’esprit". Les participants se verront envoyer 30 grammes d’herbe chaque mois. Seules contraintes : il faut être majeur et n’avoir aucun problème de santé mentale (y compris d’addiction), et il ne faut pas se mettre à la fumette pour l’étude.
Le but est d’appréhender de façon plus fine les effets au long terme d’une consommation récréative de cannabis. Si la science s’est beaucoup intéressée à ses propriétés thérapeutiques, il semble important de se pencher sur ses effets dans le cadre du quotidien.
Plus tôt cette année, une loi autorisant l’utilisation thérapeutique de cannabis aux malades atteints de certains symptômes (sclérose en plaque, douleurs chroniques, manque d’appétit, nausées) a été votée en Allemagne. Le cannabis est la drogue illégale la plus consommée en Allemagne : 7,3 % des adolescents et 6,1 % des adultes ont déclaré en avoir déjà consommé. Plus de 2 000 personnes ont déjà proposé leur candidature.
Laurette Onkelinx annonce le dépôt d’une proposition de loi en ce sens. Il s’agit d’un combat porté par les socialistes depuis… 2000.
photo@belga
Feu Patrick Moriau (PS) en était un ardent défenseur. Les socialistes vont déposer une nouvelle proposition de loi en faveur de la dépénalisation du cannabis, a annoncé jeudi Laurette Onkelinx, cheffe de groupe à la Chambre. "Sociologiquement, on constate qu’il n’y a pas d’autres solutions", a-t-elle déclaré jeudi à l’occasion d’une rencontre avec la presse. "Le système actuel ne fonctionne pas" parce que, dit-elle, "les gagnants sont les réseaux de trafiquants".
Depuis 2003, la consommation de cannabis, sans être autorisée, n’est plus sanctionnée si des conditions très strictes sont respectées (être majeur, ne pas posséder plus de trois grammes ou une plante cultivée pour une consommation personnelle, etc.). Le PS veut donc aller plus loin et dépénaliser la consommation de cette drogue douce. La mesure devra cependant s’accompagner d’un cadre réglementaire précis et de "campagnes de prévention à destination des jeunes", a détaillé Laurette Onkelinx.
Plusieurs textes similaires ont déjà été déposés par le PS ces dernières années. La toute première fois, c’était en 2000, à l’initiative des anciens députés fédéraux Thierry Giet et Patrick Moriau. C’est à cette occasion-là que le parti s’était officiellement prononcé en faveur de la dépénalisation du cannabis. La proposition actuelle, promet le PS, est toutefois la plus complète et la plus aboutie.
La réaction allergique ressemble aux autres, mais pas le produit. L’allergie au cannabis est de plus en plus fréquente.
Charlón/Flickr
L’allergie peut prêter à sourire. Mais chez les allergologues, le phénomène est pris au sérieux. Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, le cannabis peut provoquer des réactions allergiques. Si les symptômes sont courants, le diagnostic l’est moins. Et pour cause : dans l’immense majorité des pays du monde, la consommation est interdite.
Cette illégalité pose de nombreux problèmes aux spécialistes mais elle pourrait se résoudre. Le candidat d'En Marche ! Emmanuel Macron, présent au second tour de l'élection présidentielle, est favorable à la dépénalisation de cette substance. L'allergie va-t-elle exploser ? Elle est en tout cas en plein développement. Les allergologues ont fait le point sur le sujet lors du Congrès Francophone d’Allergologie qui se tient du 25 au 28 avril au Palais des Congrès de la Porte Maillot (Paris). Une allergie complexe
L’allergie au cannabis est connue depuis les années 1970. Elle reste pourtant peu évoquée. Le Pr Didier Ebo, immunologiste et allergologue à l’hôpital universitaire d’Anvers (Belgique), en a fait les frais il y a quelques années. « On a retrouvé dans la littérature quelques dizaines de cas, pas plus, se souvient-il. On recherche activement d’autres patients mais on n’a aucune idée sur sa prévalence. »
Sur le papier, la situation est simple. L’allergie au cannabis fonctionne sur le même principe que les autres formes. « Elle pourrait être déclenchée par la fumée, en inhalant les allergènes, mais aussi par une exposition cutanée, résume le Pr Ebo. Ce sont les deux voies de sensibilisation qu’on observe pour le moment. » En effet, l’immunoglobuline E est à l’origine des réactions diverses, comme les rhinites ou l’asthme.
Sauf que plusieurs allergènes sont impliqués dans la réponse au cannabis. Certains d’entre eux sont particulièrement résistants à la chaleur et restent actifs dans le système digestif. Résultat : des symptômes gastro-intestinaux et des réactions générales (urticaire, troubles respiratoires, choc anaphylactique) surviennent.
La pénalisation ou la dépénalisation du cannabis suscitent des réactions qui dépassent le cadre d’un raisonnement sur ses conséquences en termes de santé. La pénalisation de la consommation représente un instrument de renforcement du contrôle de l’État sur sa population, qui s’exerce à travers l’institution policière. En retour, la place qu’occupe cette dernière dans la lutte contre les stupéfiants influe sur la définition des politiques en ce domaine.
De multiples facteurs viennent interférer dans la construction de la politique policière, qui va au-delà d’une stratégie rationnelle fondée sur l’efficacité. En effet, en termes de niveaux de consommation, ou de lutte contre le trafic, l’approche actuelle, fondée principalement sur la répression, a depuis longtemps montré ses limites. Les comparaisons internationales montrent que la sévérité de la législation et l’importance du nombre d’interpellations ne mènent pas à une baisse de la consommation ni du commerce illicite.
Ce constat conduit pourtant les professionnels à réclamer toujours davantage d’outils légaux et de moyens matériels ou humains pour renforcer cette lutte, dans un mouvement de spirale infernale qui fait que la réponse à ces revendications débouche elle-même sur de nouveaux constats d’inefficacité et à de nouvelles demandes.
Vu de l’intérieur de l’organisation policière, la cohérence se trouve non pas dans les résultats attendus de cette politique sur le terrain, mais dans la compréhension des enjeux qui pèsent sur elle et l’amènent à instrumentaliser les politiques de lutte contre les stupéfiants. Une première dimension de la réflexion concerne justement les modes d’évaluation de l’efficacité policière, et notamment sa dimension chiffrée, devenue primordiale depuis une quinzaine d’années.
Pour prouver aux gestionnaires sa capacité à être performante, la police est évaluée sur des statistiques, en particulier sur le nombre d’interpellations réalisées et sur le taux d’élucidation, c’est-à-dire le rapport entre le nombre d’affaires connues des services et le nombre d’affaires pour lesquelles un auteur a été identifié. Un tel objectif invite naturellement les policiers à rechercher les infractions «qui rapportent».
À ce titre, les consommateurs de stupéfiants sont une cible privilégiée, à la fois parce qu’ils sont nombreux, relativement facile à interpeller, et parce qu’un consommateur interpellé, c’est simultanément un délit constaté et un délit élucidé. En matière de stupéfiants, le taux d’élucidation est toujours supérieur à 100%, alors que dans d’autres domaines, tels que les cambriolages par exemple, il avoisine les 10%. Pour présenter un bilan «correct», les chiffres des stupéfiants sont utiles.
Une deuxième dimension concerne l’utilisation de la lutte contre les stupéfiants dans le cadre du contrôle de l’espace public. Depuis que les forces de police nationales ont abandonné l’essentiel des stratégies de présence dans la rue hors situation de crise ou d’urgence, la présence policière dans ces espaces se justifie essentiellement par les actions de répression qu’elle peut y mener. Dès lors, la lutte contre les stupéfiants représente l’un des outils importants par lesquels la police va manifester sa maîtrise de l’espace public, voire semi-privé, si l’on considère les halls d’immeubles.
Même si les recherches de produit ne débouchent pas sur des résultats, elles montrent que la police agit, qu’elle «combat» le crime, parce qu’elle fonde sa légitimité sur ce mode d’action. En lien avec les contrôles d’identité, cette instrumentalisation permet de faire pression sur les personnes qui occupent l’espace public. Si ce positionnement n’est pas interdit, il gêne souvent, soit parce que les personnes concernées se livrent effectivement à des trafics et sont menaçantes, soit parce que leur simple présence suscite la crainte ou l’irritation. Le contrôle d’identité, éventuellement répété, sert souvent de moyen de contrainte pour faire partir ces personnes.
Le glissement, souvent abusif du point de vue du droit, du contrôle d’identité à la palpation de sécurité, puis à la découverte incidente de produit stupéfiant, sert à faire basculer le rapport de force au profit du policier dans ses interactions avec les jeunes qui sont dans la rue. Ici encore, même si aucun produit n’est découvert, le policier pense sa légitimité renforcée par ces usages de la politique de lutte contre les stupéfiants.
Une troisième dimension, qu’il faut aborder dans ces relations police-politiques de pénalisation de l’usage, touche la lutte contre le trafic de stupéfiants. Une idée largement diffusée veut que la pénalisation de la consommation permette de remonter les filières et de combattre ainsi les gros fournisseurs. La lutte contre les usages, notamment dans la rue, est censée désorganiser le commerce et offrir les informations conduisant aux échelons supérieurs du trafic. Pourtant, les policiers qui exercent dans les secteurs les plus touchés par cette économie parallèle se plaignent de la présence d’un réseau de «guetteurs» très organisé, rémunéré, qui permet aux réseaux d’éviter les saisies importantes qu’on attendrait de ces opérations de polices.
Une observation des pratiques montre qu’au contraire, ce sont davantage des opérations discrètes de longue haleine qui sont seules susceptibles de remonter les filières, en évitant d’attaquer les consommateurs pour ne pas donner l’alerte. La lutte contre les gros trafics se mène aussi en traquant les gains financiers illicites qu’ils génèrent, beaucoup plus efficace que de s’attaquer à la consommation.
Tous ces arguments ne constituent pas, il est vrai, de raisons suffisantes pour justifier une dépénalisation de la consommation de cannabis, mais ils montrent que l’interférence entre stratégies policières et stratégies de lutte contre cette consommation amène à une grande confusion. Les policiers ont tendance à considérer cette question à travers le prisme de leurs propres préoccupations, au rang desquelles la santé ou la prévention ne figurent pas en première ligne. Intérêts professionnels, pesanteurs organisationnelles et considérations morales se mêlent aux enjeux de santé et de prévention.
Comme trop souvent en France, on fait appel à la police pour résoudre des problèmes qui, en grande partie, ne relèvent pas de sa compétence, et pour lesquels on lui enjoint d’adopter une attitude répressive qui ne débouche pas sur des résultats pertinents.