Le Nevada est devenu le cinquième État américain à légaliser l'usage récréatif du cannabis. Les adultes de plus de 21 ans peuvent y acheter jusqu'à 28 grammes par jour.
La légalisation de l'usage du cannabis dans le Nevada a
provoqué un afflux de consommateurs chez les revendeurs
.@ Ethan Miller / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
De longues files d'attente se sont formées samedi devant les dispensaires de cannabis du Nevada, alors que cet État de l'ouest des États-Unis est devenu le dernier en date à légaliser l'usage récréatif de la marijuana.
La légalisation du cannabis : une aubaine pour Las Vegas. Le Nevada a ainsi rejoint quatre autres États (le Colorado, l'Oregon, Washington et l'Alaska), où la vente de marijuana à des fins récréatives est autorisée. Fumer du cannabis est également légal dans d'autres États, mais reste interdit au niveau fédéral.
La vente légale de cannabis se présente comme une aubaine pour la principale ville du Nevada, Las Vegas, et devrait encore renforcer sa réputation de lieu de tous les excès pour des millions de visiteurs venus du monde entier pour ses casinos.
"Un grand changement". "Je parie que l'État se fait la jolie somme d'un million de dollar ce week-end", a tweeté le sénateur démocrate Tick Segerblom, avocat de longue date de la légalisation de cette drogue. "C'est un grand changement pour Las Vegas et le tourisme ici", a-t-il ajouté dans les pages du journal local Las Vegas Sun.
Destiny Diaz a fait la queue pendant presque trois heures devant un dispensaire de cannabis, attendant l'entrée en vigueur à minuit heure locale de la loi. "Un grand jour". "C'est un grand jour et une chose que les gens attendaient depuis longtemps", explique-t-elle au Las Vegas Sun. "Nous n'allions pas manquer ça." Selon la nouvelle législation, les adultes de 21 ans et plus peuvent acheter jusqu'à 28 grammes de cannabis par jour ou 3,5 grammes de concentré.
Fumer dans la rue ou avant de prendre la route est toujours interdit. La police de Las Vegas a dressé la liste de ce qui reste interdit : vendre à des jeunes de moins de 21 ans, fumer du cannabis dans la rue ou encore conduire après un joint.
Du placard à la "cannabis factory": la culture d'herbe de cannabis "made in France" surfe sur un marché "extrêmement dynamique", selon les autorités, et bouscule d'année en année un paysage dominé par la résine importée du Maroc.
Les policiers nordistes n'avaient jamais vu ça. En février 2016, les enquêteurs de la police judiciaire (PJ) de Lille tombaient sur une "cannabis factory", près de 4.000 pieds dans un entrepôt à Hem (Nord).
"Quand vous avez 25 pieds dans votre salle de bains, il n'y a pas de soucis de récoltes, mais quand vous en avez 4.000... On change de braquet", décrit une source policière. "Il faut créer un tableau électronique de professionnel, pareil pour l'éclairage, l'irrigation, le local, la main d'oeuvre pour récolter... Il faut forcément une surface financière pour investir avant. On tombe dans la criminalité organisée", ajoute cette source qui chiffre l'investissement initial à environ 200.000 euros.
La proximité avec le Benelux, où graines et matériel s'achètent en vente libre, l'existence de nombreuses friches et locaux vacants font du Nord de la France un territoire de prédilection pour le développement de cette culture "industrielle".
Ces "cannabis factories" sont directement inspirées d'un modèle britannique et surtout néerlandais et sont souvent liées à des mafias étrangères, en particulier la criminalité organisée vietnamienne qui trouve parmi ses sans papiers une main d'oeuvre corvéable. Inconnues en France jusqu'au début des années 2010, elles restent toutefois rares, selon les limiers de la lutte antidrogue.
"C'est très rentable", observe-t-on à la direction du renseignement et de la stratégie de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Octris). Mais le démantèlement de structures de plus de 1.000 plants ne représentent que "quatre ou cinq affaires par an". C'est à l'étage inférieur, entre 200 et 1.000 plants que selon l'Octris, la cannabiculture est "indéniablement en expansion", en "indoor" dans des pavillons, ou en "outdoor" à l'abri des passages et des regards: "on a affaire à des délinquants locaux" qui visent le "circuit court".
La dernière strate, qui concerne les cultures inférieures à 100 pieds, est plus artisanale. Popularisée par internet, la vente en ligne et l'implantation de "growshops" (magasins de vente de matériel de culture), elle constitue un phénomène "important".
'Aspirations des consommateurs'
Michel Gandilhon, chercheur à l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), estime "que selon certaines projections réalisées à partir des données du Baromètre-santé, il y aurait entre 80 et 100.000 pratiquants de l'autoculture", lointains héritiers des néoruraux qui ont développé cette culture dans les années 1970.
Dans une synthèse publiée en juin, l'OFDT juge le marché de l'herbe en France "extrêmement dynamique" et souligne le "record historique" du nombre de saisies d'herbe, atteint en 2016 (18 tonnes d'herbe sur 71 tonnes de cannabis saisies). Si le nombre de saisies de plants a baissé en 2016 (126.400 contre 154.000 en 2015), l'augmentation "depuis 2010 témoigne de l'implantation d'une cannabiculture à grande échelle", affirme l'OFDT.
Pour M. Gandilhon, le développement de la culture de l'herbe répond à "un changement des aspirations des consommateurs qui se tournent vers un produit réputé plus biologique, même s'il est plus dosé en THC" (on trouve de plus en plus de saisies, à 20, 25, 30 % de cet agent actif du cannabis). Mais aussi au souhait de "ne pas se rendre sur les lieux de trafic et notamment dans les cités".
"On assiste à une atomisation de la production qui dépossède partiellement le monopole des groupes criminels. Il y a une contraction du marché qui peut être génératrice de violences", souligne David Weinberger, chargé de recherche à l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice.
"Ça va changer aussi la donne pour les policiers qui étaient habitués à démanteler des réseaux relativement structurés, remarque M. Gandilhon. Aujourd'hui, on a quelque chose de plus diffus qui peut toucher un peu tout le monde dans un contexte de banalisation."
Le chanvre, une plante d'avenir pour les agriculteurs du sud-ouest
Cette cousine du cannabis, cultivée en 3 mois, est utilisée en alimentaire, en textile, en thérapeutique et même dans le bâtiment. Une entreprise développe ces différents débouchés dans les Landes. Elle fait travailler une quarantaine d'agriculteurs ravis de pouvoir diversifier leurs productions.
Il a longtemps été surfer professionnel, installé à Hawaï, avant de se poser dans les Landes.
Vincent Lartizien, soucieux de la préservation de l'environnement, s'est lancé dans le chanvre en 2015. Il a embarqué une quarantaine d'agriculteurs des Landes, des Pyrénées-Atlantiques et du Gers dans son aventure, respectant tous la culture biologique.
Les plantes qu'il leur achète lui permet de transformer les graines dans son atelier de St-Géours-de-Maremne.
A l'entendre, c''est une plante miraculeuse : "les chinois, déjà, l'utilisaient il y a plusieurs milliers d'années, en alimentaire, en cosmétique, en thérapeutique" explique t-il. On a même retrouvé des "pyramides égyptiennes construites en béton de chanvre".
Les débouchés sont donc nombreux et plutôt porteurs, alors "pourquoi se limiter avec une plante qui pousse en trois mois !" nous confie cet ardent défenseur des produits naturels.
Frédéric Labatut est un de ses fournisseurs. Cette nouvelle culture s'avère être pour lui une belle aubaine. "Ca me permet de me diversifier et de faire des rotations entre les cultures d'hiver et de printemps" explique t-il, pour une plante qu'il vend 2000 euros la tonne.
Dans les Landes, la filière chanvre commence à se développer avec plusieurs dizaines d'hectares plantés. Le potentiel semble tel qu'elle pourrait bien très vite exploser.
Le reportage d'Andié Hirrosbéhère et Laurent Montiel :
En Thaïlande, des voix s’élèvent en faveur de la dépénalisation de la marijuana. Un basculement historique tant l’Asie du Sud-Est demeure la région du monde où la législation contre les drogues est la plus répressive.
Buntoon Niyamapha dans la Station agricole royale de Pang Da.
PHOTO : Jonas Gratzer
Nous sommes au tout début du printemps. Dans quelques semaines s’épanouira la splendide floraison des pêchers et des goyaviers dans les plantations et vergers de cette région du nord de la Thaïlande. Déjà, un petit groupe de plantes d’environ 1,50 mètre de hauteur protégées par un léger voile blanc d’hivernage exhibe leur beauté. Car c’est ici – au beau milieu d’un champ s’étendant dans une vallée proche de la ville de Chiang Mai – que poussent les premiers plants de cannabis cultivés au grand jour dans le pays depuis de nombreuses années.
Dans les années 1980, la Thaïlande était un des principaux exportateurs de cette plante aux propriétés stupéfiantes. Ce commerce a été réprimé et éliminé sur l’insistance des États-Unis, mais depuis peu les attitudes à l’égard du cannabis ont évolué dans les deux pays. Les spécimens que l’on peut voir à la Station agricole royale de Pang Da et dans les plantations commerciales environnantes ne sont que des plants de chanvre à très faible teneur en tétrahydrocannabinol (THC), le constituant psychotrope de la plante. Ils seront surtout utilisés pour leurs fibres et leurs huiles nutritionnelles.
Mais des variétés plus puissantes, cultivées à des fins récréatives aussi bien que médicales, pourraient être introduites si les projets de légalisation complète de la plante aboutissent. Cela marquerait un tournant pour l’ensemble de l’Asie, et en particulier l’Asie du Sud-Est, dont les politiques antidrogue comptent parmi les plus sévères du monde.
Prison et peine de mort
Au cours des quatre dernières décennies, l’approche mondiale à l’égard des stupéfiants a été essentiellement punitive. La tolérance zéro, des peines minimales obligatoires et l’attribution de larges pouvoirs aux forces de police ont été la norme. Pourtant, un nombre croissant de pays reconsidèrent aujourd’hui cette approche. Enfermer les consommateurs de drogue s’est révélé coûteux et inefficace. La tendance est aujourd’hui à la prise en charge et à la réduction des risques.
L’Asie du Sud-Est demeure une exception. À Singapour, les fumeurs de cannabis encourent jusqu’à dix années de prison. En Indonésie, les trafiquants sont exécutés, quel que soit leur pays d’origine ou les efforts de leurs gouvernements pour les faire libérer. Entre juin 2016 et février 2017, on estime que 7 000 personnes ont été tuées aux Philippines en raison de leur implication supposée dans le trafic de drogue. La plupart ont été abattues dans la rue, avec la bénédiction du gouvernement.
À lire aussi Philippines. La sale guerre contre la drogue de Duterte Le site de la police de Hong Kong indique que, dans cette cité-Etat, “toute personne cultivant une plante du genre cannabis […] encourt une amende de 100 000 dollars de Hong Kong [11 500 euros] et jusqu’à quinze années d’emprisonnement”. C’est la Thaïlande qui, à partir de 2003, a planté le décor de la guerre contre la drogue dans la région. Au cours des trois mois qui ont suivi la mise en œuvre des “mesures extrêmes” recommandées par le Premier ministre d’alors, Thaksin Shinawatra, pour enrayer le trafic des amphétamines, plus de 2 000 personnes ont trouvé la mort, les peines ont été durcies et les prisons submergées.
Aujourd’hui, si le pays abrite 10 % des habitants de l’Asie du Sud-Est, il compte 40 % de ses détenus [290 000 prisonniers]. Pendant ce temps, l’usage des drogues progresse. L’échec a été si patent qu’en 2016 le ministre thaïlandais de la Justice de l’époque, Paiboon Koomchaya, a déclaré que la guerre contre la drogue était perdue. Parmi les solutions qu’il a alors proposées figurait la légalisation du cannabis. L’idée était qu’en autorisant les usagers à expérimenter légalement l’ivresse d’une drogue douce, on les détournerait de l’envie d’essayer les drogues dures. Certains espèrent que cette nouvelle approche améliorera la santé du pays et boostera le tourisme médical.
“Robin des bois du cannabis”
Le domicile de Buntoon Niyamapha, dans la capitale, Bangkok, est un laboratoire de drogue décoré d’affiches de Walt Disney. La Belle et la Bête et Rox et Rouky semblent contempler une table couverte de petits flacons médicaux en verre que la sœur et la femme de Buntoon emplissent d’huile de cannabis à l’aide de pipettes. Dans une autre pièce, Buntoon nous montre une pâte sombre séchant dans une casserole à proximité d’un ventilateur parmi tout un appareillage de laboratoire. “Du THC pur”, dit-il fièrement. Il a perfectionné sa méthode d’extraction depuis 2012, date à laquelle on a diagnostiqué à sa sœur Kamootpon un cancer de la paroi utérine. Il l’a d’abord persuadée de boire de l’eau chaude dans laquelle infusaient des bourgeons de marijuana. (Les termes cannabis et marijuana peuvent être indifféremment utilisés.)
J’étais morte de peur jusqu’à ce que mon frère me fasse lire des études en ligne”, se souvient-elle. Le cancer a disparu, mais Kamootpon continue à se mettre chaque soir une goutte d’huile sous la langue. “Je sens que ça me fait du bien et je dors beaucoup mieux”, ajoute-t-elle. Pour Buntoon, qui aime le fumer, le cannabis n’est plus seulement récréatif – c’est devenu une vocation. Il fait cuire deux à trois kilos de plante par jour et donne l’huile qu’il en tire à “au moins 200 personnes” qui en ont besoin. “C’est de la charité, pas du business, souligne-t-il. Je suis le Robin des bois du cannabis.” Cette joyeuse bande forme un groupe d’adeptes enthousiastes de la marijuana médicale dont l’influence ne cesse de s’étendre.
En quelques années, ils sont passés du statut de marginaux à celui d’organisateurs de séminaires en présence de représentants du gouvernement. Parmi les participants à ces rencontres, on trouve toujours un groupe de convertis qui témoignent des effets positifs que la plante a eus sur eux. En 2002, on a diagnostiqué à Nivate Pipatanatiganant un cancer de l’intestin grêle. Quand on lui a dit qu’il ne lui restait plus que deux mois à vivre, il renonça à sa chimiothérapie et décida d’expérimenter. Il se fit moine, modifia radicalement son régime alimentaire et se mit à consommer du cannabis.
Nivate a été influencé par un cours de médecine traditionnelle thaïe. Il y a appris que le cannabis avait été utilisé dans le pays durant deux mille ans à des fins récréatives et nutritionnelles, mais qu’il était aussi employé comme analgésique et sédatif dans les huiles de massage. Tout ce que je savais à son sujet, c’est que c’était une drogue illégale dont on pouvait devenir dépendant, dit-il. Mais quand on se noie, de telles considérations ne tiennent plus ; on essaie tout.” Toutefois, en raison de la prohibition, Nivate a dû se tourner vers le marché noir et improviser. Comme il ne fume pas, il faisait infuser sa marijuana dans une bouteille de vodka et en buvait un petit verre matin et soir. “Je n’ai pas osé avouer à mon médecin que je prenais du cannabis, dit-il. Il continue à penser que c’est un miracle. Je crois que Dieu m’a donné un cancer pour que je vienne en aide aux autres patients.”
GI et anti-guerre du Vietnam
Il existe depuis des millénaires des preuves empiriques du pouvoir curatif du cannabis. D’après le Classique de la matière médicale du Laboureur céleste, ou Shennong bencao jing, un recueil de prescriptions médicales chinoises qui aurait été composé il y a quatre mille sept cents ans, le cannabis soulage le paludisme, les rhumatismes et, plus inattendu, la distraction. Les médecins occidentaux ont utilisé la plante jusqu’à son interdiction à la fin des années 1930. [La prohibition du cannabis date de 1937 aux États-Unis.]
Il suffit de taper “marijuana” et le nom de n’importe quelle maladie dans le moteur de recherche Google pour voir surgir une pléthore de témoignages fabuleux, ainsi que des articles expliquant comment “le système” a conspiré pour maintenir la plante hors de portée du plus grand nombre. Le cannabis a joué un rôle important dans les rites chamaniques depuis l’âge de pierre et la feuille de la plante est devenue le symbole de la contre-culture moderne, ce qui ne l’a guère aidée à renforcer sa crédibilité.
À lire aussi Cannabis. Pourquoi cette drogue devient dangereuse La Thaïlande a joué un rôle majeur dans ce processus. Dans les années 1960, de nombreux soldats américains combattant les forces communistes au Vietnam et au Laos voisins étaient cantonnés en Thaïlande. D’autres y venaient pour des permissions ou des séjours de repos. Nombre d’entre eux commencèrent à fumer du cannabis dans des pipes en bambou – des baungs ou, prononcé à la façon américaine, des “bongs”. Plus tard ils rapportèrent aux États-Unis non seulement cette habitude, mais aussi, grâce à de complexes réseaux d’approvisionnement clandestins, le produit lui-même.
Le cannabis joua rapidement un rôle central dans le mouvement antiguerre. Ayant perdu la guerre au Vietnam, le gouvernement américain en lança aussitôt une autre, mais cette fois contre la drogue, qualifiée de nouvel “ennemi public numéro un”. Le cannabis fut classé parmi les substances illégales les plus nocives, plus dangereux encore que les amphétamines ou la cocaïne. En Thaïlande, les États-Unis aidèrent les autorités à brûler les bongs et à éradiquer les plantations, ce qui eut pour résultat de les repousser au Laos.
La florissante industrie du cannabis
Le changement récent d’attitude vis-à-vis du cannabis a été d’une ampleur spectaculaire. Vingt-cinq des cinquante États américains ont légalisé la marijuana à usage médical et huit, depuis l’Alaska à l’ouest jusqu’au Maine à l’est, en autorisent aussi l’usage récréatif. Le cannabis est devenu l’industrie américaine enregistrant le plus fort taux de croissance et, si l’on en croit le cabinet d’analyse New Frontier Data, générera en 2020 plus d’emplois aux États-Unis que l’activité manufacturière. [soit 250 000. 100 000 à 150 000 emplois ont été créés.] Plus d’une trentaine d’autres pays se sont engagés dans la même voie. Leur démarche se fonde à la fois sur les statistiques et sur la science.
Les chiffres ont montré que les lois répressives ne font pas baisser l’usage des drogues. La science, elle, prouve que le cannabis n’est pas chimiquement addictif et qu’il est impossible de succomber à une overdose en en consommant. Il a été en outre démontré que sa substance active pouvait contribuer à soulager les symptômes d’une série de maladies, depuis la maladie de Crohn [maladie inflammatoire intestinale] et le syndrome de la Tourette [maladie neurologique] jusqu’à la sclérose en plaques et l’asthme. En 2015, prenant en compte toutes ces données, le directeur américain de la santé publique, Vivek Murthy, plaida en faveur d’une initiative politique et de la poursuite des recherches, “pour voir ce que la science [pouvait] nous dire sur l’efficacité de la marijuana”.
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Pendant ce temps, l’Asie du Sud-Est reste prise entre les extrêmes. Individuellement, de nombreux Asiatiques tolèrent l’usage de la drogue tant que cela ne les touche pas de manière négative. Le président philippin Rodrigo Duterte a reconnu qu’il ajustait pour son propre plaisir le dosage du puissant et potentiellement addictif analgésique fentanyl qu’il prend régulièrement, ce qui n’a visiblement pas entamé le soutien dont il bénéficie dans sa guerre contre la drogue. La Thaïlande est loin d’être le seul pays de la région à avoir une longue histoire avec le cannabis. D’un autre côté, beaucoup d’habitants du Sud-Est asiatique sont révulsés par la dégénérescence que peut provoquer l’abus des drogues.
Les médias font leurs choux gras d’images de violence, de crime et de corruption, et le cannabis est présenté comme une “porte d’entrée” conduisant à la consommation de substances plus insidieuses. Les déclarations martiales permettent de remporter les élections, tandis que punir usagers et vendeurs dans les quartiers pauvres est souvent aussi populaire que peu coûteux.
Puissant anticancer ?
En Thaïlande, le cannabis est classé parmi les drogues illégales les moins nocives. D’ailleurs, dès le début du déclenchement de la guerre contre la drogue, le premier ministre Thaksin avait envisagé de le légaliser. Mais le moment n’était pas encore venu, a-t-il estimé. Aujourd’hui, vu le changement d’attitude en Occident vis-à-vis de la plante, il l’est peut-être. Depuis quelques années, un groupe d’anciens résidents américains en Thaïlande aujourd’hui rentrés aux États-Unis publient le magazine Highland ; des musiciens écrivent des chansons sur la plante ; et les bongs sont à nouveau vendus ouvertement en Thaïlande.
L’année dernière, le débat s’est intensifié dans le pays quand la sortie d’un livre intitulé “La marijuana est un médicament qui soigne le cancer” a attiré l’attention des médias. Son auteur, le Dr Somyot Kittimunkong, a côtoyé des patients thaïs atteints de cancer qui s’automédicalisent à l’aide de cannabis, et a rendu compte de leurs résultats souvent remarquables.
Il ne s’agit pas d’un article académique, et le Dr Kittimunkong n’est que dermatologue, mais son ouvrage a suscité l’intérêt d’un public ouvert aux traitements médicaux alternatifs. Et des études récentes montrent que ses affirmations – et celle de ses patients – pourraient ne pas être aussi extravagantes qu’elles paraissent.
Depuis de longues années, les cannabinoïdes, les principaux composants psychoactifs du cannabis, se sont révélés efficaces contre le cancer chez la souris. En février dernier, la firme britannique GW Pharmaceuticals a présenté les résultats d’une étude menée sur l’homme. Elle a comparé deux groupes de personnes affectées par des tumeurs agressives au cerveau.
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Les patients traités avec un médicament combinant du cannabidiol et du THC, l’élément qui provoque l’ivresse haschichine, présentèrent un taux médian de survie d’environ six mois de plus que ceux qui avaient pris un simple placebo. Face à cette accumulation d’éléments, la Thaïlande a approuvé en janvier une proposition de loi autorisant dans quinze districts la culture d’une variété de chanvre contenant du cannabiol, substance qui n’a pas d’effet euphorisant.
Le problème en Thaïlande est que les gens ne se tournent vers le cannabis qu’en tout dernier ressort, souligne le Dr Somyot. Cela ne laisse pas assez de temps à la drogue pour produire son effet.” Certains médecins vont jusqu’à aider leurs patients à se traiter avec du cannabis. Somnuk Siripanthong, du centre de santé holistique Panacée, installé à Bangkok, organise des réunions publiques dans l’église qu’il fréquente. Il y informe les participants des vertus curatives du cannabis et leur donne des flacons de l’huile distillée par Buntoon. Ces réunions attirent des gens affectés par toutes sortes de maladies, mais c’est le cancer qui intéresse le plus Somnuk. “Les rayons et la chimiothérapie marchent bien chez certains patients, constate-t-il. Mais d’autres voient leur état se détériorer rapidement.”
Il se plaque un pistolet imaginaire sur la tempe et fait mine d’appuyer sur la détente. “Clic, vous vous en sortez ; bang, vous êtes mort, dit-il. Pendant longtemps, nous n’avons pas compris pourquoi. Jusqu’à ce que l’on découvre qu’une mutation génétique affaiblit considérablement le système immunitaire de certaines personnes. Les cannabinoïdes ont prouvé qu’ils étaient très efficaces pour remédier à cette faiblesse et aider l’organisme à éliminer le cancer.”
Un chemin encore long
C’est peut-être parce que Somnuk est lié au gouvernement et que Buntoon est un ancien policier que leur prosélytisme en faveur du cannabis ne leur attire pas d’ennuis. Mais les deux hommes préféreraient avoir la loi de leur côté afin de pouvoir procéder à des essais reconnus de leur produit et en ajuster le dosage.
Ils voient également le potentiel économique d’une éventuelle légalisation ; le cannabis pourrait fournir une raison supplémentaire de se rendre dans ce qui est déjà l’une des cinq premières destinations de tourisme médical dans le monde, avec près de 3 millions de visiteurs chaque année – dont beaucoup originaires de Hong Kong. “Des centres médicaux pour étrangers où serait utilisé le cannabis permettraient de soigner gratuitement les Thaïlandais, remarque Somnuk, qui pense que son pays pourrait à nouveau être respecté pour son herbe.
Le chemin vers une légalisation pleine et entière pourrait être encore long. L’homme qui en a défendu le principe, l’ancien ministre de la Justice Paiboon, a été promu au conseil privé du roi, et pour l’instant aucun autre représentant officiel n’a repris le flambeau. [D’ailleurs, le Premier ministre, le général Prayuth Chan-ocha a demandé d’accentuer la répression à l’occasion de la Journée mondiale contre la drogue, le 26 juin.] Et puis il y a ceux qui ont intérêt à étouffer la petite flamme ; la légalisation totale du cannabis pourrait restreindre la latitude d’action de la police, dont certains membres accumulent aujourd’hui des butins considérables grâce aux pots-de-vin et aux saisies de stupéfiants.
Des autorités longtemps impliquées dans le trafic
“Pour changer l’approche à l’égard de la drogue, il faut impliquer la police et en faire un pilier essentiel et fondamental de la nouvelle politique, observe Olivier Lermet, le conseiller de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour la région. Les policiers doivent comprendre l’objectif et le rôle qui leur sera dévolu.”
Les autorités thaïlandaises ont longtemps été impliquées dans le trafic de drogue. Publié en 1972, le livre d’Alfred-W. McCoy La Politique de l’héroïne : l’implication de la CIA dans le trafic des drogues, raconte comment, après le monopole du trafic de l’opium instauré par le gouvernement jusqu’à la fin des années 1950, les militaires ont établi des liens avec l’État Shan, qui produisait l’opium en Birmanie, tandis que la police garantissait la sécurité des filières d’exportation.
Amplifié par le soutien économique et militaire apporté par les États-Unis aux forces anticommunistes, ce processus finit par donner naissance au Triangle d’or, une région de collines à cheval sur la Thaïlande, la Birmanie et le Laos qui, jusque dans les années 1990, a satisfait l’essentiel de la demande mondiale en opium. Même si aujourd’hui les autorités thaïlandaises s’efforcent officiellement d’éradiquer le trafic de drogue, l’ONUDC estime que celui-ci continue de générer 30 milliards de dollars [26 milliards d’euros] de recettes chaque année, et qu’il est directement lié aux trafics tout aussi lucratifs des animaux sauvages et des êtres humains.
Des enjeux financiers aussi énormes entraînent naturellement des phénomènes de corruption. Le maigre salaire des policiers exacerbe le problème, tout comme la fragilité du système démocratique thaïlandais [le pays a connu deux coups d’État depuis 2006 et une junte militaire est au pouvoir depuis mai 2014].
Remplacer les champs de pavots par le cannabis
Le pays a pourtant montré à plusieurs reprises qu’il était capable de lutter efficacement contre l’usage de drogue. Entre 1965 et 2003, le pays a divisé par cent la surface des terres consacrées à la culture du pavot à opium.
Le facteur essentiel a été le développement économique ; on a donné aux paysans des collines du Nord-Est les moyens de se lancer dans des cultures commerciales alternatives. Ce projet a été applaudi comme l’un des plus réussis du genre, et beaucoup des plantations modèles qui ont vu le jour à cette occasion – comme les plantations de théiers et de fraisiers du Khun Wang Royal Project Development Centre, près de Chiang Mai – sont aujourd’hui devenues des destinations touristiques recommandées par certaines agences de voyages. Les visiteurs qui se rendent à Pang Da découvrent à leur arrivée une vallée soigneusement cultivée. Les champs de haricots, courges amères et choux chinois dessinent un damier entre les pentes boisées des collines.
Et depuis le début de l’année, on peut apercevoir, surgissant parmi ces cultures tel un cortège nuptial, un carré de plantes voilées de blanc, les premières tiges, peut-être, d’un produit agricole aussi bénéfique à l’économie qu’il l’est pour la santé.
LÉGALISATION - Le Parlement régional de Catalogne a adopté mercredi une loi autorisant et encadrant les clubs de consommateurs de cannabis.
Les fumeurs de cannabis catalans sont désormais dans leur bon droit s’ils se réunissent en un club. Le Parlement régional de la deuxième autonomie la plus peuplée d’Espagne a largement adopté une loi détaillant dans quelles conditions les clubs de cannabis sont autorisés.
A l’intérieur de ces clubs, chaque membre devra avoir au moins 18 ans. La vente d’alcool et de tabac y sera interdite et celle de cannabis ne devra pas dépasser une certaine quantité (non indiquée pour le moment) pour chaque personne.
11 % des adultes âgés entre 18 et 64 ans – soit environ 4,1 millions de personnes – ont fait usage de ce produit au moins une fois en 2016.
La consommation de cannabis en France s’ancre « à un niveau très élevé » par rapport aux autres pays européens, selon l’Observatoire français des drogues et toxicomanie (OFDT). En 2016, 11 % des adultes âgés entre 18 et 64 ans – soit environ 4,1 millions de personnes – ont fait usage de ce produit au moins une fois dans l’année (5 millions en ajoutant les 11-18 ans). Un pourcentage identique à celui de 2014, année de la précédente enquête, où la consommation avait bondi de 3 points par rapport à 2010. Elle s’élevait alors à 8 %, un taux stable depuis dix ans. En 1992, seuls 4 % des Français adultes fumaient au moins une fois dans l’année.
Cette stabilisation de la consommation à un niveau élevé est le principal enseignement du volet cannabis du baromètre santé de Santé publique France publié vendredi 23 juin par l’OFDT. La révélation de ce chiffre, qui vient conforter la France en tête des pays les plus consommateurs en Europe, intervient presque un mois après l’annonce, le 24 mai, par le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, de la mise en place – selon des modalités encore très floues – d’ici « trois ou quatre mois » d’une contravention pour les usagers de cannabis. Une réforme qui vise d’abord à alléger le travail de la police et de la justice.
L’enquête dévoilée vendredi, réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 15 000 personnes, est une publication intermédiaire qui ne comprend pas tous les chiffres de la consommation. Les usages réguliers ou quotidiens de cannabis n’y figurent par exemple pas et ne seront connus que début 2018. « Mais au regard de l’évolution de l’usage dans l’année, il n’y a pas de raison de penser que ces usages aient évolué différemment », note Stanislas Spilka, le responsable des enquêtes et analyses statistiques à l’OFDT.
Consommation générationnelle
Pour l’Observatoire, en 2016 comme en 2014, 1,4 million de Français adultes fument donc au moins dix fois par mois, parmi lesquels 700 000 de façon quotidienne. Pour expliquer cette stabilité du niveau de consommation, M. Spilka souligne l’absence d’« évolution majeure » dans les politiques publiques concernant le cannabis ces dernières années.
Davantage que les diplômes ou les statuts sociaux, ce sont d’abord le sexe et l’âge qui caractérisent les consommateurs de cannabis. Chez les adultes, 15 % des hommes disent avoir fumé au moins une fois dans l’année contre 7 % des femmes. La moitié (51 %) des hommes entre 18 et 64 ans disent avoir déjà consommé du cannabis au moins une fois dans leur vie, contre seulement un tiers (34 %) des femmes dans la même tranche d’âge.
Le cannabis est par ailleurs une consommation « générationnelle » : 28 % des 18-25 ans en ont consommé au moins une fois dans l’année, 17 % des 26-34 ans, et 8 % des 35-44 ans. Des niveaux stables par rapport à 2014.
Usages thérapeutiques
Phénomène notable : 5 % des 45-54 ans ont fait usage de cannabis au moins une fois au cours des douze derniers mois, contre 4 % en 2014 et 2 % en 2010. « Alors que quasiment aucune personne de plus de 45 ans ne fumait à la fin des années 90, on constate qu’une nouvelle génération semble poursuivre ses consommations en vieillissant », relève Stanislas Spilka. Pour la première fois, l’OFDT a mesuré la consommation chez les 65-75 ans. Résultat : 0,2 % de cette tranche d’âge consomme du cannabis. Une proportion « non nulle » d’usagers qui « corrobore les observations des acteurs de terrain », et qui pourrait en partie être liée « à des usages thérapeutiques du produit », note l’OFDT.
Pour expliquer des niveaux d’usage du cannabis « très élevés » en France, l’OFDT met en avant un développement de l’offre. Elle relève pêle-mêle la proximité avec des pays producteurs comme le Maroc, l’accroissement des cultures en France et le « dynamisme » du marché de l’herbe. Selon de nouveaux chiffres de l’Octris, l’office central pour la répression du trafic illicite, dévoilés par l’OFDT, 126 400 plants ont été saisis en 2016 par les forces de l’ordre (après 154 000 en 2015), et 18 tonnes d’herbe, contre 17 en 2015 et 10 en 2014. L’OFDT constate également que l’« attractivité » du cannabis et son « accessibilité » perçue par les jeunes demeurent très fortes.
«La drogue n'annule pas le Ramadhan contrairement à l'alcool qui ne doit plus être consommé 40 jours avant le mois sacré, car l'alcool reste dans le sang tout au long de cette durée. Avec le kif, il suffit d'une douche pour que le corps soit purifié», explique un «apprenti imam» qui préparait «religieusement» un autre joint...
(Flickr/Carlos Octavio Uranga)
Pendant le Ramadhan, c'est le...Kif! Les vendeurs de kif et de psychotropes fleurissent dans la rue durant la période du jeûne. C'est donc un mois béni tant pour les croyants que pour les dealers. Ces derniers apprécient particulièrement ce mois sacré vu le profit qu'ils en tirent. Pour preuve, depuis le début du Ramadhan les services de sécurité ont interpellé plus de 90 personnes impliquées dans des affaires de trafic de drogue. «Ces opérations se sont soldées par la saisie de 908 boîtes de médicaments, 141g de drogue et sept armes blanches utilisées dans des cambriolages et des agressions contre les citoyens», a révélé la police algérienne dans un communiqué. L'alcool manquant, la demande de drogues augmente...
«Pendant le Ramadhan, la consommation d'alcool diminue fortement, mais elle est remplacée par des drogues de substitution: cannabis et médicaments», nous confirme un inspecteur de police qui a requis l'anonymat. «Je n'ai pas de chiffres précis. Mais de par mon expérience, l'augmentation de la consommation de drogues pendant le Ramadhan est évidente. Bien sûr, ces drogues ne sont pas consommées pendant la journée, mais à partir de la rupture du jeûne», précise le même «flic». D'ailleurs, comme pour la mercuriale, les «prix du cannabis augmentent à chaque veille du Ramadhan», souligne notre ami.
Effectivement, les dealers de la capitale sont presque en rupture de «stock». Ceux qui ont encore de la marchandise l'écoulent à prix fort, sachant que quoi qu'il en coûtera ils auront toujours des «clients». Car, c'est devenu une «tendance» de prendre un joint après «l'iftar». Beaucoup de jeunes puisent la spiritualité du Ramadhan dans les joints... Deux cuillerées de «chorba» et un demi-«bourek», ils se précipitent plus tard vers les ruelles de leur quartier pour commencer leur «sahra» (soirée).
Toutes sortes d'excitants sont au menu! Tels que le thé, le café, la cigarette et le narguilé. Mais ce dernier est malheureusement accompagné par le kif! Assis tout seul derrière un arbre, Samir fait partie de ces jeunes à la recherche de la «khalwa» (état psychique et physique après la consommation du haschich). Il est à peine 21h, cela ne fait même pas une heure que l'appel à l'iftar a été prononcé par le muezzin et Samir en est déjà à son deuxième joint. Samir qui semble être au 7e ciel commence alors à nous parler de ses soirées hallucinogènes...
«Pour moi, le kif pendant le Ramadhan est quelque chose de sacré», assure-t-il. «C'est devenu une tradition bien ancrée comme 'le bourek, la chorba, la zlabia ou encore le kalbelouzze''», ajoute-t-il, avec un long rire qui prouve que la «zatla» commençait à faire son effet. Samir qui se drogue en soirée a-t-il jeûné? «Si, si je fais et j'ai toujours fait carême», affirme-t-il. Alors, comment se fait-il qu'il se drogue? N' y a-t-il pas un paradoxe dans l'histoire?
Le Ramadhan n'est-il pas, annulé par la drogue? «Non, non le kif est une «djanaba qui part après une douche et n'annule pas le Ramadhan contrairement à l'alcool qui ne doit plus être consommé 40 jours avant le mois sacré, car l'alcool reste dans le sang pendant 40 jours.
Ces 40 jours sont ainsi considérés comme étant la durée minimale pour éliminer toute trace d'alcool dans le sang, le corps est après purifié», répond cet «apprenti imam» qui préparait «religieusement» un autre joint. C'est sans doute cette ambiguïté d'une interdiction non explicite qui pousse à la substitution de l'alcool par du haschisch, vu qu'il n'y a pas de verset clair à ce sujet. Ce qui pousse certains, comme Samir, à se faire des «auto-fetwas» afin de se donner bonne conscience...Ce qui fait que les jeunes «kifent» le Ramadhan...
La mémoire de souris âgées est revenue à un niveau semblable à celui de la mémoire de jeunes rongeurs après un traitement à faible dose comprenant un ingrédient actif du cannabis, montrent les travaux de chercheurs allemands et israéliens.
Le THC, l’ingrédient actif du cannabis, permet de diminuer les
problèmes associés au vieillissement du cerveau chez la souris.
Photo : iStock
Comme les autres organes, le cerveau vieillit. La première conséquence tangible du phénomène est la diminution des capacités cognitives avec l’âge.
On peut le remarquer, par exemple, lorsqu’il devient difficile d'apprendre de nouvelles choses ou encore de porter son attention sur plusieurs choses en même temps. Ce processus biologique est normal, mais il peut également favoriser la démence. Les chercheurs tentent depuis plusieurs décennies de trouver des moyens pour ralentir ou même d'inverser ce processus. Or, des scientifiques des universités de Bonn en Allemagne et de Jérusalem en Israël ont réussi à y arriver chez la souris.
Ces rongeurs ont une espérance de vie relativement courte et montrent les premiers signes clairs de vieillissement cérébral autour de l’âge de 12 mois. Les chercheurs ont administré une petite quantité de THC, l’ingrédient actif du cannabis, à des souris de 2, 12 et 18 mois sur une période de 4 semaines pour tester leur capacité d’apprentissage et de mémorisation par la suite.
Celles qui avaient reçu un placebo ont montré des pertes cognitives habituellement liées à l’âge. Toutefois, les souris qui avaient été traitées avec du THC ont montré des capacités cognitives semblables à celles du groupe contrôle, où les souris sont âgées de 2 mois.
Le traitement a complètement inversé les pertes de performances des vieux rongeurs. Andreas Zimmer, Université de Bonn
Prochaine étape : des essais sur les humains
Des doses légères de THC ont été administrées aux souris pour s’assurer qu’il n’y a pas d’effet toxique. Des produits du cannabis sont déjà en vente comme médicaments, par exemple pour soulager la douleur. La prochaine étape consiste à mener un essai clinique chez l’humain pour déterminer si le THC inverse également les processus de vieillissement dans le cerveau et s'il peut accroître les capacités cognitives.
Les chercheurs, dont les travaux sont publiés dans la revue Nature Medecine, ont bon espoir d’obtenir des résultats concluants, ce qui pourrait même permettre de créer des médicaments qui s’attaquent à la démence liée à l’âge.
Bertrand Rambaud Bertrand Rambaud est vice-président de l’association UFCM I care. Depuis de nombreuses années les membres de cette association se battent pour l’utilisation des cannabinoïdes en médecine. Dans ce film, Bertrand Rambaud exprime la souffrance, la condition précaire et l’illégalité totale des patients qui suivent, par nécessité, un traitement au cannabis. Il milite pour la mise en place d’une filière légale de cannabis thérapeutique à l’image de l’Allemagne et de L’Italie.
Jean Costentin Le professeur Jean Costentin est l’une des voix qui s’élèvent contre toutes formes de démocratisation du cannabis. Membre des académies nationales de Médecine et de Pharmacie, il est actuellement professeur en pharmacologie à la faculté de Rouen. Son grand ennemi est le THC, cependant, il reste ouvert aux potentielles utilisations des cannabinoïdes non psychoactifs en pharmacologie.
La contraventionalisation du cannabis proposée par Gérard Collomb ne résoudra aucun des problèmes cruciaux causés par la prohibition. Voilà pourquoi.
Cannabis By:
arachnized Ѫ mechanid - CC BY 2.0
Le 24 mai dernier une annonce a fait du bruit dans le monde de la prohibition des drogues en France : le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a annoncé que, conformément au programme du candidat Macron, l’usage de cannabis sortirait du cadre pénal pour n’être sanctionné que par des amendes. Ce changement devrait advenir « dans les trois-quatre mois », a-t-il expliqué sur RMC – BFM-TV.
On pourrait accueillir cette nouvelle avec joie puisqu’elle tendrait à aller dans la bonne direction, celle de plus de liberté. En effet, depuis 1970 l’usage de stupéfiant est passible d’1 an de prison et 3750 euros d’amende. Le passage à un régime de contraventions peut ainsi être vu comme un assouplissement mince mais appréciable de la répression illégitime envers les usagers pacifiques de drogues.
L’échec de la répression
Plusieurs projets de loi en ce sens ont été déposés sans succès depuis une quinzaine d’années. En 2011 par exemple, une loi votée par le Sénat proposait de remplacer les condamnations pour premier usage par une amende de 3ème classe, similaire à celle des excès de vitesse. En cas d’usage répété, la personne retombait sous le coup de la loi actuelle. Cette proposition avait été combattue par le garde des Sceaux de l’époque Michel Mercier car elle lui semblait « en contradiction avec un message de fermeté ».
Quand on connaît les résultats de ce « message de fermeté » après plus de 40 ans de prohibition ferme, à savoir 17 millions de Français qui ont déjà pris du cannabis dans leur vie et 700.000 usagers quotidiens selon l’OFDT, cela prêterait à sourire si les conséquences de la prohibition n’étaient pas désastreuses.
Des peines pénales peu appliquées
L’idée de la contraventionalisation de l’usage du cannabis est revenue sur la table en 2015 à l’occasion d’un rapport commandé par Manuel Valls. Ce rapport, produit par un groupe de travail de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), recommandait une nouvelle fois de passer à des amendes pour sanctionner l’usage de cannabis. La lecture de ce rapport est intéressante car pour appuyer son propos il dressait un état des lieux de la répression de l’usage de cannabis en France. En 2014, 101 019 affaires d’usage de stupéfiants ont fait l’objet d’une réponse pénale.
Sur ces 101 019 affaires, 33 645 connurent une condamnation pour usage de stupéfiant, parmi lesquelles 3 426 consistèrent en une peine d’emprisonnement (principalement pour des personnes récidivistes). Sur ce total, 1 345 subirent de la prison ferme, ce qui représente 4% des condamnations prononcées.
Fin d’une pratique scandaleuse
Il est heureux que cesse cette pratique scandaleuse qui consiste à enfermer des personnes pacifiques dans des cages parce qu’elles ont consommé une plante non approuvée par l’État. De manière plus large, la contraventionalisation permettra de mettre fin à ces milliers d’heures gâchées chaque année à placer en garde à vue des usagers (environ 33 000 personnes en 2014). Enfin, un certain désengorgement des tribunaux ainsi que la fin des inscriptions sur le casier judiciaire seront là aussi d’excellentes choses.
Il s’agit toutefois de nuancer ce tableau en réalisant bien que les peines prévues par la loi de 1970 étaient extrêmement rarement appliquées. Sur les 170 126 usagers interpellés en 2014 en France, 0,8% ont subi une peine d’enfermement ferme, ce qui a conduit certaines personnes à évoquer une « dépénalisation de fait du cannabis ».
C’est bien cela qui motive les partisans de la contravention : une moindre efficacité du régime de prohibition actuel pour punir les consommateurs de drogues. Les membres du MILDECA qui ont produit le rapport expliquaient ainsi que le régime légal actuel avait le défaut d’être « globalement peu dissuasif pour les consommateurs (faible risque pénal) ». Le but n’est ici donc pas d’alléger la répression contre les usagers, mais bien au contraire de la massifier.
Alors qu’aujourd’hui un contrôle se terminait très souvent par un simple avertissement et une confiscation du stupéfiant pour éviter d’entrer dans le lourd processus de pénalisation, le passage à des contraventions systématisera la répression contre des fumeurs qui ne nuisent à personne sauf à eux-mêmes. Du point de vue des usagers, ce pas qui semble à première vue aller dans la bonne direction pourrait donc bien se révéler très nocif.
Le désastre de la prohibition qui reste entier
La contraventionalisation du cannabis ne résoudra aucun des problèmes cruciaux causés par la prohibition. Dans son interview pour RMC – BFM TV, Gérard Collomb a souligné à juste titre que « on voit de plus en plus qu’il y a une articulation très forte entre trafic de stupéfiants, trafics divers d’ailleurs et terrorisme », alors que le passage à des amendes pour sanctionner l’usage ne résoudra strictement rien par rapport à tous les financements que permettent les trafics.
En effet, en préservant toute la forte criminalisation du côté de l’offre de cannabis, le marché noir continuera de prospérer. Toute la violence associée à ces marchés noirs perdurera, et les forces de police et justice continueront d’être monopolisés pour cette guerre sans fin qui a amplement montré son échec total.
La persécution continuera
La persécution des personnes faisant usage du cannabis pour des visées médicales continuera. Les produits continueront à être peu sûrs, mettant en danger la santé des consommateurs. Les associations qui font des efforts de prévention et de réduction des risques continueront d’être harcelées par la police et la justice alors que leur rôle est essentiel pour la santé publique.
Face à ce sombre constat, une seule solution s’offre à Gérard Collomb s’il souhaite mettre un terme à toutes les conséquences délétères des trafics du marché noir tout en promouvant courageusement les libertés individuelles : la légalisation complète des drogues. À travers le monde on se dirige progressivement vers cette solution indispensable… À quand la France ?