La révolution du cannabis réservé à la consommation récréationnelle a frappé de plein fouet les Etats-Unis en 2014. Si la marijuana était déjà légale dans plus de 20 pays avec une prescription médicale, le Colorado a ouvert la voie à une légalisation totale en 2014. Le succès a été au rendez-vous et l’argent a coulé à flots dans les caisses de l’État.
La marijuana légale au Colorado est soumise à une taxe de 29,9 %.
500 millions de dollars de taxes en trois ans
Une recherche publiée par VS Stratégies, cabinet de recherche favorable à la légalisation du cannabis basé à Denver, a analysé les revenus issus de la légalisation du cannabis au Colorado. Depuis janvier 2014, en effet, les habitants du Colorado peuvent consommer de la marijuana légalement à l’instar de ce qui se fait aux Pays-Bas.
Sans surprise, le marché a été florissant et avec lui les taxes n’ont cessé de grossir. La marijuana récréationnelle, au Colorado, est soumise à une forte taxation : une TVA de 2,9 % appliquée également sur la marijuana à visée médicale à laquelle s’ajoutent une accise de 15 % et une taxe supplémentaire de 10 %. Au total, donc, 29,9 % de taxes.
Cette taxation de près de 30 % a permis au Colorado de collecter 76 millions de dollars dès 2014. en 2016 les taxes collectées ont été de 200 millions et, selon la recherche de VS Strategies, le montant total est de 506 millions de dollars en trois ans.
Des records de rentrées d’argent dans les autres pays
Après le succès du Colorado, qui devrait battre le record de 200 millions de dollars de taxes issues du marché de la marijuana en 2017, plusieurs Etats américains ont suivi la tendance. L’État de Washington, qui a légalisé le cannabis en juillet 2014, a collecté 256 millions d’euros de taxes depuis. L’Oregon, plus petit et dont l’ouverture du marché ne date que d’octobre 2015, 60 millions.
Un tel gain d’argent a permis au Colorado d’investir dans des écoles et même des programmes pour contre la consommation de drogue. Mais ce qu’il est intéressant de voir c’est que le Colorado ne compte que 5,5 millions d’habitants.
En trois ans, donc, le pays a collecté l’équivalent de 100 dollars de taxes par personne. Bien que ce soit une comparaison tirée par les cheveux, le même succès en France pourrait permettre de récolter 6,7 milliards de dollars de taxes en 3 ans, sans compter les retombées touristiques.
Sclérose en plaques, épilepsie, SIDA, cancer, douleurs: le cannabis a déjà prouvé son efficacité.
Dans un tableau, intitulé «Effets thérapeutiques du cannabis étudiés et possibles applications», on trouve une bonne partie des maux qui accompagnent l'humanité, des vagissements aux derniers râles: nausées, glaucome, dépression, sclérose en plaques, maladie de Crohn, asthme, insomnies, cancer…
Le cannabis thérapeutique, ou médical, agirait donc contre toutes ces maladies: «Le THC et le CBD, deux composants du cannabis, sont connus pour soulager certaines personnes qui ont des difficultés somatiques ou psychiques. Prescrit pour ses vertus thérapeutiques, le THC propose un large spectre: il peut être un antidouleur ou un stimulateur d'appétit. Il est beaucoup utilisé pour réduire les spasmes de la sclérose en plaques. Le CBD peut favoriser l'endormissement et combat l'anxiété», écrit le GREA, le Groupement romand d'études des addictions, dans une publication datée du 4 mai 2017.
Il fut un temps où le cannabis était en vente libre dans les pharmacies de Suisse: «Jusqu'en 1950, la teinture de chanvre était un médicament courant qu'on trouvait en pharmacie. Les gens soignaient leurs douleurs grâce à cette teinture: c'était un analgésique assez faible, mais il faut repenser à la médecine d'il y a 100 ans», explique le docteur Claude Vaney, président du groupe d'experts Application médicale limitée de stupéfiants interdits. C'était avant que le cannabis (ou le chanvre) soit diabolisé et confié aux bons soins des dealers, ces amis du genre humain.
Sclérose en plaques La sclérose en plaques, une maladie encore mystérieuse, probablement auto-immune, se caractérise par des crampes et des spasmes musculaires. «C'est l'une des possibilités thérapeutiques les plus encourageantes pour le THC et le CBD», estiment les experts du GREA. «La tolérance est jugée bonne, les effets indésirables sont classés comme étant principalement modérés et passagers», écrit le docteur Vaney, dans un article de la Revue médicale suisse (2015).
Des études américaines ont démontré l'action positive des cannabinoïdes sur les personnes atteintes de sclérose en plaques. «Aujourd'hui en Suisse, poursuit le GREA, les spasmes musculaires violents et douloureux peuvent être traités médicalement par le Sativex, un extrait de cannabis contenant une quantité égale de THC et de CBD. Il est ainsi possible notamment de réduire les doses d'opiacés.» Commentaire de Claude Vaney: «Aujourd'hui, le Sativex, un spray à base de cannabis, est homologué, mais il coûte 650 francs pour une cure de deux mois, alors que la plante pousse gratuitement, ou presque…» Une motion – la motion Kessler – demande au Conseil fédéral d'autoriser le cannabis à des fins thérapeutiques.
SIDA et cancer Les traitements lourds, visant à lutter contre le SIDA ou le cancer, s'accompagnent souvent d'amaigrissement et de troubles de l'appétit. En stimulant directement l'hypothalamus, qui règle les sensations de faim, les cannabinoïdes combattent l'inappétence et les pertes de poids. De plus, ils ont des propriétés antivomitives, qui réduisent les nausées. En ce qui concerne le cancer, une étude de 2003 a montré que des traitements à base de cannabis pouvaient réduire la croissance tumorale.
Douleurs «Les cannabinoïdes permettent de lutter efficacement contre les douleurs chroniques (rhumatisme, migraines) et aiguës», relève le GREA. Le cannabis s'est révélé être une alternative pour les patients qui sont devenus résistants aux antidouleurs conventionnels. En associant le cannabis et les opiacés, il est possible de diminuer les doses d'opiacés, «avec un effet identique et moins d'effets secondaires». Aux Etats-Unis, où de nombreux Etats ont déjà légalisé le cannabis, on a constaté une baisse de la consommation des opiacés, avec nettement moins de morts par overdoses liées aux opiacés. Parallèlement, la consommation des analgésiques traditionnels a baissé.
Epilepsie, Parkinson… Le cannabis a montré une efficacité dans les cas d'épilepsie, avec des crises moins fréquentes. Il peut réduire les mouvements involontaires dans la maladie de Parkinson. En outre, ses effets anti-inflammatoires sont utiles dans certaines maladies, comme la maladie de Crohn, et ses propriétés antioxydantes lui ouvrent de larges perspectives thérapeutiques. Commentaire du Groupement romand d'études des addictions: «Les études réalisées à petite échelle et les rapports médicaux soulignent déjà le fort potentiel du THC et d'autres cannabinoïdes pour le traitement de plus de 50 maladies et pathologies. Il faudra des décennies pour examiner cela à travers des études de grande ampleur.»
Trois questions à Claude Vaney Claude Vaney est président du groupe d’experts Application médicale limitée de stupéfiants interdits.
Si maintenant, je veux me soigner avec du cannabis, comment dois-je faire? Si vous avez une sclérose en plaques, il suffit que le médecin fasse une ordonnance stupéfiant, comme pour aller chercher de la morphine. Et avec cette ordonnance, le malade reçoit son spray, le Sativex. Pour une autre maladie, une fibromyalgie par exemple, le médecin doit ajouter à sa demande d’ordonnance stupéfiant une justification auprès de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), en précisant la situation du patient. Cette demande est examinée par l’Office fédéral de la santé publique, qui en reçoit près de 1000 par année, et dans 99% des cas elle est acceptée. Quelquefois, l’OFSP hésite et demande un avis supplémentaire auprès du groupe d’experts.
Nous avons dans le cerveau des récepteurs pour les cannabinoïdes. Que faut-il en conclure? Cela veut dire que cette plante nous accompagne depuis des millénaires, comme les opiacés nous accompagnent. Le corps humain recèle des endocannabinoïdes, ce sont des neurotransmetteurs dont la formule chimique ressemble à la formule de certains composés du chanvre. C’est une structure chimique que l’homme et les plantes ont en commun. En prenant la plante, on apporte des cannabinoïdes extérieurs, qui vont se fixer sur ces récepteurs. Par exemple, cela peut aider à combattre certaines inflammations, car le THC, l’un des composants du cannabis, agit sur la concentration des cytokines, qui sont des messagers du système immunitaire en cas de réaction allergiques et inflammatoires. Voilà pourquoi certaines maladies inflammatoires peuvent répondre aux cannabinoïdes.
Pensez-vous que l’Etat devrait contrôler la vente de cannabis? L’Etat devrait contrôler ce marché, oui. Certains pays, comme l’Equateur, l’Uruguay, l’Allemagne et le Canada considèrent maintenant que le chanvre a une valeur thérapeutique. Une personne de 40-50 ans, qui a tout essayé pour lutter contre ses douleurs, pourquoi ne se tournerait-elle pas vers le cannabis à des doses bien contrôlées? Le cannabis n’est pas une plante magique, mais elle a des propriétés certaines et elle devrait trouver sa place dans la médecine moderne.
L’Uruguay commençait ce mercredi à vendre en pharmacies du cannabis pour un usage récréatif, sous contrôle de l’État, une première au monde.
L'Uruguay commençait ce mercredi à vendre en pharmacies
du cannabis pour un usage récréatif, sous contrôle de l'État,
une première au monde. | AFP
Pour l’heure, seules 16 officines dans tout le pays de 3,4 millions d’habitants devaient commencer à distribuer cette drogue douce. L’État n’est pas parvenu à trouver un accord avec les grandes chaînes de pharmacies. L’emplacement de cette poignée d’établissements, jusqu’ici tenu secret, devait être dévoilé au tout dernier moment, dans la nuit de mardi à minuit. Le cannabis sera vendu au prix de 1,30 dollar le gramme, chaque personne inscrite au préalable sur les registres de consommateurs pouvant en acheter au maximum 10 grammes par semaine.
Trois façons de s’en procurer
Le calendrier de début de la vente de cannabis en pharmacies était un des points d’achoppement de la loi sur le sujet voté en 2013, sous la présidence de José Mujica (2010-2015). Ce texte avait légalisé trois façons de se procurer du cannabis : culture à domicile pour la consommation personnelle, appartenance à un club cannabique pour planter de manière coopérative, et achat de marijuana en pharmacie sous le contrôle de l’État. Les deux premiers volets ont déjà été mis en pratique, mais celui de la vente en pharmacies, qui suscitait notamment de nombreuses réticences chez ces dernières, a été plusieurs fois repoussé.
Deux types de cannabis commercialisés
Selon les dernières données de l’IRCCA, près de 5 000 personnes se sont enregistrées depuis le 2 mai sur les registres de consommateurs. Lundi, la Commission nationale des drogues (JND, Junta nacional de drogas) a publié sur son compte Twitter @jnduruguay le type de conditionnement, semblable aux pochettes renfermant les sachets de thé individuels.
Voir la pièce-jointe : 2017-07-19_10h50_45.png
Deux types de cannabis seront commercialisés, l'« Alfa I », avec une prédominance de Indica, et le « Beta I », avec une prédominance de Sativa. Sur l’emballage on pourra également lire le pourcentage de THC (tétrahydrocannabinol), la principale substance à effets psychotropes de la marijuana, ainsi qu’un « avertissement » et des « recommandations » pour son usage.
Pendant que certains pays sont encore en train de décider si la vente de cannabis est légale ou pas, une société a mis en place un dispositif technologiquement avancé permettant de tester la qualité du cannabis.
Alors que la moitié des jeunes français est, selon un récent sondage, favorable à la légalisation du cannabis en France, et que Microsoft lui même soutient la vente légale de cannabis, la technologie n’a pas attendu que nos députés légifèrent sur la question. Les personnes qui fument du cannabis peuvent se réjouir, puisque une société commercialise MyDx, un analyseur portable de… cannabis ! Ce dernier permet en effet d’identifier facilement quels sont les cannabinoïdes et les terpènes présents dans l’herbe que vous consommez. Divers experts ont fait part de leur satisfaction à la présentation de cet analyseur, puisque les consommateurs de cannabis pourront à présents vérifier la qualité de ce qu’ils fument, un plus pour leur « santé » même si dans les faits le ministère de la santé réprouve bien entendu la consommation de cannabis quelle que soit sa qualité. Mais certains consommateurs réguliers pourraient y trouver un moyen de se rassurer.
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cdxlife.com
L’analyseur MyDx Jusqu’à présent, pour déterminer quelles sont les propriétés du cannabis, la seule possibilité était de réaliser des tests en laboratoire, tests généralement chers et non accessibles au commun des mortels. C’est pour cette raison que la société CDX Life a créé l’Analyseur Cannabis MYDX Tester, assurant l’analyse des plantes de cannabis pour aider le consommateur à déterminer leur qualité, détecter les pesticides ainsi que les éventuels produits chimiques présents. En effet l’analyseur portable peut être utilisé aussi bien sur une plante que sur l’herbe déjà prête à fumer : dans le premier cas, il permet de déterminer le bon moment pour procéder à la récolte en fonction du niveau de cannabinoïdes contenu ; et dans le second cas, il indique le niveau de CBD que contient l'herbe analysée ce qui est très intéressant dans le cadre d’une consommation médicinale.
Sans que nous l’ayons bien entendu testé, la précision serait au rendez-vous. Cet analyseur inclut un auto-analyseur mydx de cannabinoïdes, un micro-capteur spécifique pour cannabinoïdes, des cartouches pour échantillons et un an de garantie. Le Growshop PevGrow, leader en produits de culture de cannabis, commercialise déjà ce dispositif hors de nos frontières (la vente et la consommation de cannabis étant illégales en France), preuve de son intérêt par le grand public.
La technologie à la rescousse
C’est en étudiant le fonctionnement de cet analyseur que nous découvrons l’impact de la technologie. Il est en effet nécessaire que l'utilisateur dispose d'un smartphone sous Android ou iOS pour pouvoir utiliser au mieux de ses capacités l’analyseur de cannabis MYDX. Ce sera en effet à partir de l’application de l’analyseur qu’il est possible de contrôler le mécanisme et de voir les résultats des tests effectués; ensuite, il est possible d’effectuer différents types d'enregistrements. De même, les consommateurs ont accès à une base de données qui leur permet de savoir quel type de souche est le mieux adapté à ses besoins. Ce qui est idéal pour les personnes qui souffrent d'une maladie, dans le cadre du cannabis thérapeutique, mais ne savent toujours pas quoi utiliser et quels changements faire pour obtenir les effets souhaités.
Grâce à son système Bluetooth, l’application mobile et le dispositif sont en communication. Lorsque l'échantillon est prêt, il est introduit et, par l'intermédiaire du smartphone, l’analyse est activée. En moins de dix minutes, l'échantillon est traité et l'application exécute un affichage de ses caractéristiques (cannabinoïdes et terpènes) sur l’écran. On ne peut pas faire plus simple et il semble, selon les premiers utilisateurs, que les résultats soient cohérents entre les différents échantillons du même type et les changements de concentration dans d’autres échantillons de différentes souches. Une avancée intéressante de la technologie mais il faudrait toutefois que la législation française avance sur la question, à l’heure ou de très nombreux pays ont déjà légalisé la vente de cannabis que ce soit à but thérapeutique ou récréatif.
La Team CannaWeed toujours sur la brèche s'est fendue d'un séjour à Amsterdam pour prendre la température en ce début d'été et vous ramener quelques images et comme toujours une vidéo BudPorn de nos sélections en coffee...
Une péniche qui en plus d'un sticker Sensi fait pousser!
Je vous invite à lire le report complet de cette visite agrémenté des images de notre photographe de choc sur terre comme sur l'eau ainsi que que gros plan sur le coffee Mr K & Co.
Rares sont les fleurs sujettes à controverses. Peu de personnes critiquent durement les tulipes, les pétunias ou les orchidées. Depuis toujours en revanche, la fleur de cannabis inquiète autant qu’elle séduit, tout en jouant un rôle important dans l’industrie, la médecine, ou encore la culture populaire.
Surtout, c’est un produit agricole, et non des moindres, car avec la pomme de terre et la tomate c’est l’une des plantes les plus répandues dans le monde. A ce titre, on ne peut qu’abonder dans le sens de Jose Mujica (président de l’Uruguay), quand il déclare qu’elle mérite « d’être mieux connue, et traitée avec plus de respect. »
L’Himalaya, le point de départ de notre histoire…
L’histoire du cannabis commence en des temps immémoriaux sur les pentes de l’Himalaya, sa terre d’origine. Les chinois le cultivaient certainement depuis le Néolithique mais ce sont les Grecs de l’Antiquité qui l’introduiront en Europe, puis au reste du monde, après l’avoir rapporté de leurs expéditions. Les propriétés de la plante se font vite apprécier : les fibres contenues dans ses feuilles et ses tiges sont extrêmement solides, et permettent de produire facilement des cordages ou des tissus de bonne qualité.
Le cannabis est aussi une plante robuste, qui pousse dans tous les sols et sous tous les climats, ne craignant presque aucune maladie ; de plus, son pollinisateur est très bien réparti sur le globe puisqu’il s’agit… du vent. En effet la fleur de cannabis, verte et inodore, intéresse peu les insectes, mais les pollens qu’elle produit sont si légers qu’ils se déplacent au moindre souffle. Bien entendu, les propriétés médicinales et psychotropes du cannabis ne tarderont pas à être découvertes et commentées…
Les plus anciens traités médicaux, dont le Papyrus Ebers (qui date de l’Égypte pharaonique), préconisaient déjà son utilisation comme anti-douleur, par exemple pendant les accouchements. Il n’est donc pas exclu que Ramsès et Toutankhamon soient nés de mères embrumées.
Le Shennong Bencao Jing, qui est le plus ancien traité pharmacologique de Chine, mentionnait déjà le cannabis.
Les champs de cannabis, donc, envahissent rapidement la planète. La France n’est pas épargnée ! Apportée par les romains, puis encouragée par Charlemagne, la culture du cannabis était à l’époque un enjeu stratégique pour l’économie d’un pays. Mais en Occident, sa consommation dite « récréative » est probablement l’apanage de quelques élites seulement : la pipe n’existe que dans les pays arabes et le tabac, comme la cigarette, seront introduits bien plus tard lors des Grandes Découvertes. De plus, les variétés cultivées à l’époque n’avaient pas forcément des effets psychoactifs très prononcés.
Néanmoins dès le XVIIIe siècle, quand Diderot et d’Alembert écrivent leur fameuse Encyclopédie, ils semblent bien informés sur la « sorte d’ivresse » que procure la plante. A la même époque, George Washington, le premier président des Etats-Unis, cultive du cannabis à titre personnel pour se procurer, lui aussi, cette sorte d’ivresse... Au XIXe, le cannabis est vendu comme médicament dans les pharmacies : la reine Victoria s’en voit prescrire comme remède à ses douleurs menstruelles.
Pendant ce temps, en France, Théophile Gauthier fonde à Paris le Club des Haschichins, dont l’unique objet est d’organiser dans un hôtel particulier de l’île Saint-Louis des soirées appelées Fantasias, où le gratin littéraire et artistique de la capitale vient consommer des quantités déraisonnables de haschich dans une ambiance feutrée. Alexandre Dumas, Flaubert et Delacroix chasseront les éléphants roses ensemble. Baudelaire consignera ses expériences et ses observations dans plusieurs écrits. Balzac aussi, les yeux rougis, entendra « des voix célestes » et verra « des peintures divines »…
Théophile Gautier : le premier pothead de l’histoire de France ?
Depuis la Renaissance pourtant, le cannabis tombe en désuétude. Pour le textile, on lui préfère le lin (plus doux), ou encore la jute (plus robuste). De plus, le pape Innocent VIII, qui était très impliqué dans la lutte contre la sorcellerie (une tâche à ne pas négliger), déclara que le cannabis était utilisé pour les rites sataniques. Il oubliait certainement que sous son pontificat, Gutenberg imprima la première bible de l’histoire… sur papier-cannabis.
C’est au début du XXe siècle que la plante est vraiment maudite, et ce retournement de l’opinion publique va d’abord se produire aux Etats-Unis. Le prohibitionnisme y fut encouragé par les fondamentalistes chrétiens, ainsi que par le racisme ambiant (le cannabis était consommé presque exclusivement par les mexicains et afro-américains). Les lobbys industriels du papier, du textile et du pétrole ont certainement joué un rôle aussi, même si son ampleur est discutée. Ce qui est certain, c’est que la société fut inondée de propagande accusant le cannabis d’être une émanation du diable poussant au meurtre, au viol et menant à la mort.
Des films comme
, Assassin of Youth ou encore Reefer Madness appuyaient ce message avec des histoires farfelues que plus personne ne prendrait au sérieux aujourd’hui. En 1937, le Marihuana Tax Act fait un premier pas vers l’interdiction de notre fleur tombée en disgrâce, et différents pays s’en inspireront. Les réglementations nationales seront uniformisées en 1961 par la Convention unique sur les stupéfiants, ratifiée par 183 pays membres de l’ONU.
L’affiche d’un documentaire informatif, impartial et mesuré (1942).
Mais le cannabis n’a pas dit son dernier mot… Alors qu’il avait pratiquement disparu de nos campagnes européennes après la deuxième guerre mondiale, les agriculteurs le ré-introduisent par petites touches depuis plusieurs années. Ils en tirent de l’huile (l’une des meilleurs d’un point de vue nutritionnel) ou des cosmétiques. Surtout, les copeaux de cannabis sont de plus en plus prisés par l’industrie du bâtiment en tant qu’isolant phonique et thermique, substitut non-toxique à la laine de verre et aux mousses de polyuréthane. Inutile par contre d’aller fumer les murs de votre maison : développée par l’INRA, la variété cultivée par les agriculteurs français est pratiquement dépourvue de THC, la molécule responsable des principaux effets psychotropes.
En parallèle, depuis les années 1960, le cannabis devient un phénomène social en Occident ainsi qu’un élément important de la contre-culture, ce qui pousse les scientifiques à mener plus de recherches sur la plante et son mode d’action. Une demi-douzaine de molécules sont identifiées, dont le fameux THC. Surtout, ses effets thérapeutiques sont mieux compris, et de nouveaux usages sont découverts : contre les troubles du sommeil et de l’appétit, les douleurs, la dépression, certains symptômes psychiatriques, les dépendances, l’épilepsie, les symptômes du vieillissement…
Depuis les années 1990, différents pays commencent à autoriser et encadrer son usage thérapeutique. En 1995 le journal médical de référence au niveau mondial, The Lancet, démystifie le cannabis pour de bon en affirmant que « son usage, même sur une longue période, n’est pas dangereux pour la santé ». Avant d’enfoncer le clou : « Il n’est pas un danger pour la société, mais persister à le diaboliser peut en être un. » Et l’opinion publique change à nouveau…
Une fumeuse de cannabis au Colorado, premier état des Etats-Unis à légaliser l’usage récréatif, en 2014 (Photo: AP Photo / Brennan Linsley / The Telegraph)
S’il n’est pas un danger pour la société, la légalisation du cannabis peut avoir sur l’agriculture des effets négatifs. En Amérique-du-Nord, où la prohibition se lève petit à petit, les politiques ont pris une tournure ultra-libérale. Au Canada par exemple, les particuliers ont acquis dès 1999 le droit de cultiver du cannabis pour un usage médical. Puis les industriels ont fait du lobbying intensif pour s’accaparer ce droit. Ils ont gagné : du jour au lendemain, 30 000 cultivateurs à domicile se sont retrouvés hors-la-loi, et depuis les fermes à cannabis du Canada sont les plus intensives du monde.
Si la France devait légaliser le cannabis, elle aurait besoin d’une autre politique. Le secteur du maraîchage est en crise : les producteurs ne parviennent plus à vendre à des prix rémunérateurs, la faute aux charges trop importantes, ainsi qu’à la redoutable concurrence des pays étrangers (l’Espagne notamment). En conséquence, les surface agricoles destinées aux fruits et légumes ne cessent de reculer, ce qui n’est pas une bonne chose quand on cherche à s’alimenter avec des produits sains et locaux…
Et si la France innovait en refusant les fermes de cannabis industrielles, mais en permettant aux petits producteurs d’en faire un complément de revenu ? Ces derniers pourraient certainement s’en servir pour compléter leurs productions, afin d’obtenir un modèle équilibré, bien encadré par l’Etat. Le débat ne fait que commencer… Dix mille ans après leur découverte, les fleurs du mal continuent de cristalliser les opinions ; mais il n’est plus possible de nier qu’elles font, depuis le début, partie de l’aventure humaine.
Cet article a été écrit en collaboration avec Olivier Escuder, expert en botanique pour le Muséum National d’Histoire Naturelle.
La légalisation du cannabis à des fins récréatives entrera en vigueur le 1er juillet 2018 au Canada. En attendant, la bataille pour la production a commencé et les producteurs des fruits et légumes espèrent avoir droit à leur part du gâteau. Contribuer à la réflexion
Un employé de l’entreprise Tilray arrose des plants
de cannabis qui sont produits à des fins de consommation médicale.
Photo Credit: Entreprises Tilray
Les producteurs en serre du Québec ont fait part de leur volonté de contribuer à la réflexion qui aboutira à l’élaboration de la loi sur l’utilisation du cannabis à des fins récréatives au Canada. Le projet de loi a été déposé en avril dernier par le gouvernement fédéral et le Québec a lancé des concertations publiques sur la question. Son projet de loi-cadre sera déposé à l’Assemblée nationale dans quelques mois.
Les producteurs en serre du Québec veulent apporter leur pierre à l’édifice. Dans un entretien avec Alice Chantal Tchandem, le président, André Mousseau, a précisé qu’il s’agit de faire des propositions pour s’assurer que la production sera de qualité.
La production ne doit pas être la seule affaire de grands groupes financiers
Le marché de la marijuana à des fins récréatives s’annonce particulièrement lucratif, avec une demande de plus en plus importante.
Un constat qui fait dire à M. Mousseau que sa légalisation devrait bénéficier à toutes les entreprises serricoles de la province, peu importe leur envergure et leur créneau de production. Plusieurs de ces entreprises ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt pour cette production, mais André Mousseau a peur que le marché de la production et de la commercialisation soit contrôlé par deux ou trois grands groupes financiers pour desservir l’ensemble du pays.
« Les Producteurs en serre du Québec sont d’avis que l’encadrement adéquat de la production de cannabis devra se faire en considérant l’expertise diversifiée des entreprises serricoles oeuvrant déjà à la production conventionnelle ou biologique de légumes, fruits et végétaux d’ornement. En effet, ces dernières ont développé au fil des années des compétences considérables en matière de techniques de production diversifiées, de contrôle de la qualité, de recherche et développement, de traçabilité et de respect des lois et règlements. »
« […] mettre en place des garanties contre la discrimination dans la législation, les politiques et la réglementation » notamment en révisant et abrogeant « les lois punitives qui se sont avérées avoir des incidences négatives sur la santé et qui vont à l’encontre des données probantes établies en santé publique. »
Voilà matière à faire réfléchir le gouvernement français quant à la pertinence d’une mesure qui ne fera que renforcer le sentiment d’injustice déjà vivement ressenti par une certaine catégorie des cannabinophiles.
Ces propos ne sont pas ceux des habituels partisans de la réforme de la politique internationale des drogues. Ils sont extraits de la déclaration commune de l’ONU et de l’OMS publiée le 27 juin dernier, curieusement passée sous silence dans les médias. Il s’agit pourtant là d’un véritable tournant en la matière, ces deux vénérables institutions stigmatisant « […] des lois qui pénalisent ou interdisent autrement l’expression du genre, les relations homosexuelles, l’adultère et les autres comportements sexuels entre adultes consentants ; la prostitution entre adultes consentants ; la consommation de drogues ou leur possession en vue d’un usage personnel ».
De discrimination, il en sera toujours question tant que la question des drogues sera abandonné aux seuls policiers. La réaction globalement positive des principaux syndicats de police à cette mesure n’est donc pas une surprise. Contraventionnaliser les usagers des drogues revient à légitimer des pratiques arbitraires de harcèlement et de persécution des jeunes, principalement issus des quartiers populaires et des « minorités visibles ». Un racket institutionnalisé que dénonce depuis toujours l’ensemble des associations d’usagers et les organisations qui les soutiennent.
Seule une régulation complète de la filière chanvre/cannabis récréatif et thérapeutique permettra de mettre un terme dégâts provoqués par près d’un demi-siècle de prohibition à la française. En choisissant d’adopter une politique respectueuse des individus, de leur capacité de jugement et non en les infantilisant ; en considérant cette question sous son aspect sanitaire certes, mais aussi et surtout culturel, la France pourrait ainsi rejoindre les pays de plus en plus nombreux cherchant à se sortir de l’impasse prohibitionniste, notamment outre-Atlantique.
Le gouvernement de messieurs Macron et Philippe aurait tout intérêt à accompagner ceux de nos voisins européens déjà fortement engagés dans cette voie, à l’occasion d’un grand débat national, d’assises ou d’états généraux autour de la politique des drogues réunissant tous les acteurs juristes, économistes, sanitaires et… les véritables experts que sont les usagers. #ContraventionnalisationNonMerci
Le gouvernement uruguayen annoncera "sous peu" la date exacte du début de la vente de cannabis en pharmacies, prévue initialement pour le mois de juillet, a annoncé une source officielle à l'AFP jeudi.
Le gouvernement uruguayen devrait annoncer "sous peu"
la date de début de la vente de cannabis en pharmacies
MIGUEL MEDINA / AFP
"Nous travaillons pour que soit respecté le calendrier initial", a déclaré cette source, en réponse à des informations de presse selon lesquelles le début de la vente serait repoussé au delà de juillet, en raison de "problèmes logistiques". De même, une des principales chaînes de pharmacies du pays aurait décidé de faire arrière et aurait renoncé à s'inscrire sur le registre officiel des officines qui vendraient donc ce produit. Si plusieurs médias uruguayens avaient avancé la date du 19 juillet, ce haut fonctionnaire a insisté sur le fait que celle-ci "n'avait rien d'officiel", rappelant que le gouvernement avait toujours parlé d'un début de la vente vers la mi-juillet approximativement.
"Nous n'avons pas encore la date exacte, mais elle sera communiquée sous peu, avec la liste des pharmacies et le formulaire à remplir", a-t-il ajouté. Le calendrier de début de la vente de cannabis en pharmacies est un des points d'achoppement de la loi sur le sujet votée en 2013, sous la présidence de José Mujica (2010-2015).
Cette loi avait légalisé trois façons de se procurer du cannabis: culture à domicile pour la consommation personnelle, appartenance à un club cannabique pour planter de manière coopérative et achat de marijuana en pharmacie sous le contrôle de l'Etat. Les deux premiers volets ont déjà été mis en pratique, mais celui de la vente en pharmacies, qui suscitait notamment de nombreuses réticences chez ces dernières, a été plusieurs fois repoussé. Selon l'Institut d'Etat de régulation et de contrôle du cananbis (IRCCA), environ 4.700 personnes se sont enregistrées depuis le 2 mai sur les registres de consommateurs, sur 3,4 millions d'habitants au total.
Plutôt que d’engorger les tribunaux, le policier Yves Milla, propose d’annuler le délit qui pèse sur les consommateurs de cannabis.
par Yves Milla, 41 ans, policier depuis 20 ans, d’abord CRS pendant 15 ans,avant de se consacrer à temps à son engagement syndicale. Il est Secrétaire de la zone de défense Est de l’Unsa police. Pour info, il ne consomme pas de cannabis et n’en a jamais fumé.
Nous devons arrêter de marginaliser les consommateurs de cannabis. N’importe qui peut fumer, des mamans, des ados, des vieux.
Quand on surprend des gamins à la sortie du collège par exemple, quel moyen a-t-on aujourd’hui pour faire en sorte qu’ils arrêtent de fumer, pour prévenir plutôt que punir ? La consommation de cannabis est toujours un délit en France.
Donc soit on jette le joint et la boulette de shit avec, soit – en vertu de la politique du chiffre instituée par Nicolas Sarkozy – on lance une procédure : on embarque trois gamins sur tout le groupe, histoire de marquer le coup, suivent contrôles d’identité, PV au commissariat, et procédure pénale avec risque de casier judiciaire.
Dans le premier cas, on ne sert à rien, les parents ne seront pas prévenus et ne pourront pas avoir de discussion avec leurs enfants sur le sujet. Dans le second, on engorge les tribunaux, on oblige des familles à payer des frais d’avocat (entre 1.500 – 2.000 euros) et on monopolise les forces de police sur des missions qui n’en valent pas la peine. Il faut arrêter de marginaliser les consommateurs et éviter la bâtonnite à tout prix. Loi obsolète
A quoi bon criminaliser des mineurs qui fumeront quelques années et arrêteront ensuite ? A quoi bon inscrire une mention inutile à leur casier et les empêcher un jour de devenir fonctionnaires, pour ne citer que cet exemple ?
Face à une infraction, il existe trois types de sanctions : la contravention, le délit ou le crime. La loi qui régit le cannabis en France date de 1970, à l’heure où De Gaulle voulait endiguer le trafic de drogues dures comme l’héroïne. Une loi très propre très carrée sur l’usage des drogues en général, considéré comme un délit.
50 ans après la loi, en 2017, il est temps de regarder le problème en face : on nage en pleine hypocrisie. On pense aujourd’hui que, grâce à la justice, des gens arrêtent de fumer. Or, la consommation et l’addiction nécessitent un traitement thérapeutique, pas une criminalisation. Un timbre amende pour dissuader
Nous proposons de délivrer une amende minimum, une contravention sur le même principe que la ceinture de sécurité ou le parking non payé.
Si on tombe sur un fumeur dans la rue, on lui indique qu’il recevra une contravention chez lui, une amende minime pour marquer le coup et inciter la personne à cesser de commettre l’infraction. Et c’est tout ! Pas besoin d’aller au commissariat. Ca prend trois secondes et ça permet aussi d’ouvrir le dialogue. Nous avons besoin de cette dimension pédagogique. Les mineurs s’arrangeront chez eux avec leurs parents quand ils auront reçu le courrier et, au moins, ces derniers seront au courant. Ils pourront en discuter entre eux.
En revanche, si on assiste à une revente, on n’a pas le choix, on embarque, c’est du deal. Il est grand temps de légiférer
Chacun doit apporter sa pierre à l’édifice. Le législateur le premier. Il me semble que c’est à lui de prendre en charge le dossier aujourd’hui. Il y a une rupture complète de dialogue avec les familles, les éducateurs. Nous devons renouer le dialogue.
Je fais beaucoup de sport avec des gens plus jeunes que moi. Certains fument sans doute. Je n’aimerais vraiment pas tomber sur l’un d’eux en arrivant au poste un matin.