La marijuana augmente le risque de mourir d'hypertension, selon les résultats d'une étude publiée dans la revue médicale European Journal of Preventive Cardiology.
En l'absence de données longitudinales sur l'utilisation de la marijuana, les chercheurs ont conçu une étude de suivi rétrospective des participants au NHANES (Enquête nationale sur la santé et l'évaluation de la nutrition) âgés de 20 ans et plus. En 2005-2006, ils ont demandé aux participants s'ils avaient déjà consommé de la marijuana. Les participants ont signalé l'âge où ils ont commencé et la durée d'utilisation.
Ces informations ont été fusionnées avec les données sur la mortalité en 2011 du National Center for Health Statistics. Les chercheurs ont analysé les associations entre la consommation de la marijuana, la durée d'utilisation et les décès liés à l'hypertension, aux maladies cardiaques et aux maladies cérébro-vasculaires. La mort par hypertension incluait des causes multiples telles que l'hypertension primaire et la maladie rénale hypertensive.
La marijuana multiplie par 3 le risque de mourir d'hypertension
Parmi un total de 1 213 participants, 34% ne consommaient ni cannabis, ni cigarettes, 21% utilisaient fumaient de la marijuana, 20% de la marijuana et des cigarettes. La durée moyenne de la consommation du cannabis était de 11,5 ans.
Les résultats de l'étude ont révélé que les fumeurs de marijuana ont un risque plus élevé de mourir d'hypertension. Par rapport aux non-consommateurs, les consommateurs de marijuana ont un risque de décès de 3,62 fois plus élevé par hypertension. Ce risque augmente pour chaque année d'utilisation. Il n'y avait aucune association entre la consommation de la marijuana et la mort par maladies cardiaques ou cérébro-vasculaires.
"Nous avons constaté que les utilisateurs de marijuana avaient plus de trois fois le risque de décès par hypertension et que ce risque augmentait à chaque année supplémentaire d'utilisation" a déclaré Barbara A Yankey, étudiante en doctorat à l'École de santé publique de l'Université de l'État de Géorgie et auteur de l'étude.
"La légalisation de la marijuana augmente son utilisation récréative. Il est important d'établir si les avantages pour la santé l'emportent sur les potentiels sociaux et économiques", affirme la chercheuse. "Si la consommation de marijuana est impliquée dans les maladies cardiovasculaires et les décès, il est important que les décideurs protègent le public".
Depuis que la Californie a légalisé la consommation de marijuana, son business attire de plus en plus de femmes. Grazia a assisté, fin juillet, à leur rassemblement à L.A.
Los Angeles, un chaud matin de juillet. Des femmes de tous âges se pressent dans un hangar transformé en salle de conférences. Dans les haut-parleurs, Beyoncé hurle "Who run the world ? Girls !" Un morceau de circonstance pour accueillir les quelque 250 participantes de cette première réunion de femmes d'affaires spécialisées dans le cannabis. Les "cannapreneuses", comme elles se surnomment.
Une avocate porte un T-shirt "The best legal trip you'll ever take" ("Le meilleur trip légal que vous prendrez jamais"). Quelques pupilles sont dilatées, mais l'événement reste très professionnel. Toute la journée, des spécialistes du marketing, des médias sociaux, des créatrices de produits, des avocates, des comptables ou des directrices d'accélérateurs de start-up échangent pour permettre à ces femmes de se faire une place sur un marché en pleine expansion : les Californiens ont voté par référendum pour la légalisation du cannabis récréatif à l'automne dernier.
"Le cannabis a été la solution"
Simone Cimiluca-Radzins et Kristen Yoder sont à l'initiative de cette journée. Elles se sont rencontrées il y a un an lors d'une "retraite cannabis". Kristen, qui a travaillé dans un dispensaire et a cultivé de la marijuana illégalement dans son appartement, connaît bien son sujet, tandis que Simone, qui vient du monde de l'entreprise, est spécialisée dans la stratégie. Elles ont créé Liv Advisors, une société de consulting qui forme et conseille celles qui veulent se lancer dans le cannabis. "Je veux leur donner les ressources que j'aurais moi-même aimé trouver il y a un an", explique Simone, également présidente de Kalogia, un réseau de professionnels du cannabis.
A leur conférence, elles sont légion. Veronica Brillon, 51 ans, travaillait dans les ressources humaines. Il y a un an, elle quitte son travail à cause de crises d'angoisse et trouve un soulagement dans le cannabis. Son chien souffre de la hanche, elle se demande si ce produit, miraculeux pour elle, pourrait être utile à son animal. Elle crée ses produits canins avec le soutien de vétérinaires et ouvre un centre d'accueil de jour pour chiens, K9VacayLA. Très vite, les maîtres lui demandent de partager ses produits. "Les chiens de mes clients étaient anxieux, et le cannabis a été la solution."
Mara Epstein, la soixantaine, vient du monde des films pour adultes. "Je vois des similarités entre les deux industries. C'est underground, c'est le flou juridique sur beaucoup d'aspects. C'est aussi de plus en plus accepté. Et ça aide les gens. Vraiment, je revis mon expérience de début de carrière." Khara Krawczyk, elle, aime l'idée de s'impliquer quand tout reste à construire. Elle est en charge du site d'un tout nouveau magazine consacré au cannabis, Push Mag, monté par d'ex-journalistes de Dope Magazine, une référence. "Nous parlons de ce qui se passe dans le monde de la marijuana avant que la bulle n'explose, car quand tout le monde se sera engouffré dans la brèche, cette activité va perdre de son authenticité."
Les mères, meilleures avocates
"Il y a deux types de personnes dans le business du cannabis en ce moment, estime Rebecca Kershberg, qui va ouvrir à Los Angeles The Flower Pot, une boutique de produits cosmétiques issus du cannabis et d'autres herbes. Les fervents défenseurs, qui sont dedans depuis longtemps, et des entrepreneurs qui n'y voient qu'un moyen de faire de l'argent." "Il y a une "ruée vers le cannabis"", résume Kyra Reed. Cette trentenaire issue du domaine médicosocial se mobilise désormais pour former les femmes à la gestion d'entreprises orientées vers le cannabis.
"Aujourd'hui, 36 % des PDG de ces structures sont des femmes. Notre but, c'est 50 ou 60 %." Le point fort des femmes ? "Ce sont souvent elles qui introduisent le cannabis médical dans leur foyer, elles ont le rôle de soignantes", décrypte Lelehnia Du Bois, qui a grandi dans une communauté de cultivateurs au nord de l'Etat, et est devenue consommatrice après un accident.
"Les mères sont les avocates les plus crédibles de cette cause, car elles défendent le cannabis par amour pour leurs proches. C'est leur force pour supplanter les hommes dans ce domaine." Un marché estimé à 50 milliards de dollars sur le sol américain d'ici à 2026.
Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Les chercheurs psychologues de Université d'Etat de Washington restent perplexes.
Leur étude menée chez des utilisateurs « lourds » de cannabis montre l’absence de différence des niveaux de cortisol, l’hormone du stress chez 2 groupes d'utilisateurs de cannabis de long terme, l’un confronté à une situation stressante et l’autre non stressante. Des données présentées dans la revue Psychopharmacology qui révèlent un effet « amortissant » du cannabis sur le stress.
C'est la première étude à examiner les effets du stress aigu sur les niveaux de cortisol salivaire avec ou sans cannabis et ici chez 40 utilisateurs chroniques de cannabis vs 42 non-utilisateurs. C’est aussi une étape importante dans l'étude des avantages thérapeutiques du cannabis à un moment où son usage se répand rapidement, même si finalement cette réduction voire disparition de la réponse au stress chez les utilisateurs lourds n’est pas forcément à interpréter comme un bénéfice.
Les chercheurs ont utilisé une procédure reconnue pour provoquer des niveaux élevés de stress chez des utilisateurs chroniques (soit consommation quotidienne ou quasi-quotidienne) de cannabis et des non-utilisateurs.
La situation sans stress consistait à plonger une main dans de l'eau tiède pendant 45 à 90 secondes puis à compter de 1 à 25.
La version à stress élevé consistait à plonger la main dans de l'eau glacée pendant 45 à 90 secondes puis à compter de 17 e 17 à partir de 2043. En cas d’erreur, les participants recevaient des commentaires critiques...
Les chercheurs n’identifient aucune différence dans les niveaux de cortisol salivaire de 2 groupes d'utilisateurs de cannabis lourds confrontés à une situation psychologiquement ou physiologiquement stressante ou non stressante. En revanche, les taux de cortisol chez les non-utilisateurs de cannabis qui ont été placés dans la même situation stressante ont atteint des niveaux plus élevés que les niveaux de cortisol des non-utilisateurs placés dans des conditions exemptes de stress.
Des conclusions cohérentes avec la littérature qui a déjà suggéré que l’utilisation chronique de cannabis est associée à une réactivité « adrénale » et émotionnelle émoussée.
La suppression de la réponse au stress n’est pas forcément bénéfique, soulignent les chercheurs car la libération de cortisol obéit aussi à un objectif adaptatif, permettant à un individu de mobiliser son énergie et de répondre de manière appropriée à une situation difficile ou dangereuse. Ainsi, une incapacité à fournir une réponse hormonale appropriée au stress peut également avoir des effets néfastes et même dangereux pour le sujet, concluent les auteurs.
Psychopharmacology August 2017 DOI: 10.1007/s00213-017-4648-z Blunted stress reactivity in chronic cannabis users
Partout au Canada, les entreprises de marijuana médicale tâchent déjà d'augmenter leur capacité de production et de grossir les effectifs en vue de la légalisation du cannabis, le 1er juillet prochain. Elles ont besoin d'espace - de beaucoup d'espace - pour cultiver des milliers de plants, faisant des régions rurales et des anciennes villes industrielles un choix naturel pour leurs activités.
Dans un avenir rapproché, ce ne sera plus les policiers
qui récolteront les plans de cannabis.
Photothèque Le Soleil
Le plus grand producteur de pot canadien, Canopy Growth, a converti l'usine de chocolat abandonnée de Hershey, à Smiths Falls, Ontario, en une installation qui emploie principalement des travailleurs de la communauté.
En Alberta, où la chute du prix du pétrole a porté un coup dur, Aurora Cannabis construit une usine de production de près de 75 000 mètres carrés à Leduc. La vallée de Cowichan, en Colombie-Britannique, appuie déjà le secteur du cannabis, illustre Graham Whitmarsh, chef des opérations de Harvest One.
«Il y a un type de collectivité où je pense que ça convient très bien, surtout celles qui dépendaient par le passé de l'exploitation forestière», explique M. Whitmarsh, qui a déjà conseillé le secteur pour des projets en Colombie-Britannique. «Il s'agit d'un secteur d'activité tout à fait nouveau. Il va grossir pour devenir ultimement quelque chose de substantiel et il ne dépend pas de ressources locales, donc ça cadre bien avec les collectivités», a-t-il ajouté.
Aux États-Unis, dans certaines régions, les petites villes ont profité de la légalisation du pot. Le quotidien The Colorado Springs Gazette rapporte que Wedgwick était au bord de la faillite avant que les distributeurs de cannabis n'obtiennent l'autorisation de s'y installer, en 2012. Depuis, la perception de taxes a financé la restauration de ses infrastructures en décrépitude.
À Adelanto, en Californie, la culture de plants de marijuana a provoqué une ruée vers les terres, faisant monter en flèche la valeur des propriétés, selon l'hebdomadaire «LA Weekly». Mais Lewis Koski, un conseiller auparavant responsable du contrôle de la marijuana au Colorado, invite les municipalités canadiennes à la prudence.
Il raconte que chez lui, la seule taxe perçue sur la production de marijuana va entièrement dans les coffres de l'État et que les localités ne touchent à leur part du butin qu'après la vente des produits par leurs distributeurs. Si elles souhaitent imposer une taxe locale, elles risquent de nuire à leur capacité concurrentielle. M. Koski souligne d'ailleurs que le Colorado a investi la plupart des recettes dans la sensibilisation aux risques de la drogue, mais il admet toutefois que l'État a connu un essor du marché de l'emploi.
La brutalité de la NFL laisse souvent les joueurs avec des douleurs invalidante. Mais beaucoup croient que la ligue a lutté contre une alternative judicieuse aux opioïdes addictifs
Josh Gordon des Browns de Cleveland est tombé a cause
des règles de la NFL sur la marijuana.
Photographie: Scott Cunningham / Getty Images
La gymnastique éthique demandée aux fans de la NFL est devenue plus difficile au cours de la dernière décennie, alors que la preuve scientifique reliant le football aux traumatismes cérébraux augmente. L'étude de la semaine dernière de 111 cerveaux de joueurs décédés de la NFL a révélé une encéphalopathie traumatique chronique (CTE) dégénérative chez 110 sujets, cela oblige les spectateurs à concilier leur soif de craquement d'os au cœur de l'appel de la ligue avec une réalité peu commode: beaucoup de joueurs qu'ils applaudissent perdront beaucoup une fois le feu des projecteur finit.
À maintes reprises, la NFL, qui a été accusée de dissimuler les effets nocifs des commotions cérébrales, a priorisé l'efficacité à court terme des joueurs sur leur bien-être à long terme. Ensuite, il y a des propriétaires comme le milliardaire magnat du pétrole Jerry Jones, dont les Cowboys de Dallas ont récemment détrôné le Real Madrid comme l'équipe sportive la plus précieuse au monde, qui continuent de nier le lien entre les blessures de football et le cerveau. C'est une position qui évoque les sept plus grands PDG des compagnies de tabac des États-Unis qui ont collectivement nié la nature addictive de la nicotine devant un sous-comité du Congrès en 1994.
Rien de tout cela ne semble avoir entamé la popularité de la ligue, du moins pas encore. Mais cette semaine, la NFL a finalement pris une mesure attendue depuis longtemps vers l'inversion d'un refus obstiné de reconnaître le cannabis médical comme une option légitime pour la gestion de la douleur. La ligue a envoyé une lettre à la NFL Players Association offrant de collaborer à la recherche sur l'utilisation potentielle du cannabis pour la réadaptation médicale.
« Je pense que nous avons beaucoup à apprendre à ce sujet », a déclaré Allen Sills, neurochirurgien installé en tant que médecin-chef de la NFL en Mars, a dit au Washington Post cette semaine. "La recherche sur la marijuana et plus particulièrement les composés cannabinoïdes, car ils peuvent concerner le traitement de la douleur aigue et chronique, c'est un domaine de recherche sur lequel nous avons besoin de beaucoup d'informations et que nous devons continuer à développer".
La décision arrive à un moment où la crise des opioïdes a atteint des proportions épidémiques en Amérique, provoquant une rhétorique ardente du président américain Donald Trump. Beaucoup estiment que la marijuana offre une alternative plus sûre et beaucoup moins addictive aux opioïdes. La capacité de se remettre rapidement des blessures est primordiale dans la culture du football. Les anciens joueurs ont raconté les cocktails de pilules anti-douleurs et d'injections anti-inflammatoires distribuées libéralement pour les récupérer sur le terrain. Hydrocodone, Vicodin, Percocet, Toradol et Celebrex sont aussi courants dans les vestiaires de la NFL que les épaulettes et le Stickum. C'est un buffet chimique derrière les coulisses qui aide à alimenter une industrie à plusieurs milliards de dollars.
Pourtant, la marijuana, en dépit d'être légale en Alaska, en Californie, au Colorado, au Maine, au Massachusetts, au Nevada, à l'Oregon et à Washington, reste interdite, avec des joueurs qui si ils sont positif au test de drogue se retrouvent exposés à des peines déraisonnables, y compris des programmes de réadaptation, des amendes et des suspensions. La ligue a été blamée pour avoir punit des utilisateurs de cannabis plus sévèrement que des contrevenants à la violence domestique, surtout en 2015, lorsque Josh Gordon a été interdit un an pour un test de cannabis défaillant par rapport à la suspension de deux matchs de Ray Rice pour avoir frappé sa fiancée. (Au milieu d'un tollé public, les deux peines ont ensuite été réduites et prolongées respectivement.)
Il est prouvé que le traitement de la ligue pour les joueurs blessés exacerbe l'épidémie d'abus de drogues sur ordonnance. Une étude scientifique évaluée par des pairs menée par des chercheurs de l'Université de Washington à St Louis a constaté que les joueurs retraités de la NFL abusent des médicaments opioïde contre la douleur à un taux supérieur à quatre fois celui de la population générale. Sur les 644 anciens joueurs interrogés, plus de la moitié ont déclaré utiliser des opioïdes au cours de leur carrière. De ce groupe, 71% ont déclaré avoir abusé des médicaments et 63% ont déclaré avoir obtenu des pilules provenant d'une source autre qu'un médecin: un coéquipier, un entraîneur, un membre de la famille ou Internet.
Il est facile de voir pourquoi les joueurs recherchent des médicaments contre la douleur. Cette semaine, le quarterback gagnant du Super Bowl, Jim Plunkett, a décrit l'existence sombre de nombreux joueurs retraités. "Ma vie suce", a déclaré l'homme de 69 ans à San Jose Mercury News. "Ce n'est pas vraiment amusant dans ce corps en ce moment. Tout fait mal."
La question a fait son chemin au tribunal de district des États-Unis dans le nord de la Californie, où en Mars une plainte modifiée déposée au nom de plus de 1800 anciens joueurs contre 32 équipes de la NFL a décrit une culture qui ne respecte pas la sécurité des joueurs et des lois fédérales sur la gestion des stupéfiants et analgésiques. Il soutient que les équipes «maintiennent une politique du retour en jeu en veillant à ce que les joueurs ne soient pas informés des risques pour la santé associés à la prise de médicaments», ajoutant que «les joueurs ne sont pas informés des effets à long terme sur la santé de la prise de substances réglementées et de prescription médicamenteuses dans les quantités qui leur sont accordées. "
La recherche montre que le cannabis peut réduire la gravité des commotions cérébrales et constitue une alternative sûre et non addictive aux opiacés pour la gestion de la douleur - et peut même aider à réduire l'abus d'alcool et les comportements violents qui peuvent résulter de commotions répétées. Les qualités neuroprotectives, analgésiques, anti-inflammatoires et soulagement de la douleur du cannabis sont conçues sur mesure pour un sport dont les effets crâniens et corporels sont inhérents. La recherche montre que le cannabis peut réduire la gravité des commotions cérébrales et constitue une alternative sûre et non addictive aux opiacés pour la gestion de la douleur - et peut même aider à réduire l'abus d'alcool et les comportements violents qui peuvent résulter de commotions répétées. Les qualités neuroprotectives, analgésiques, anti-inflammatoires et soulagement de la douleur du cannabis sont conçues sur mesure pour un sport dont les effets crâniens et corporels sont inhérents. Qu'il n'y ai pas eu de feu vert pour les applications médicales il y a des années est la seule controverse ici.
Le sport offre un miroir à la société et la réflexion n'est pas toujours agréable. La NFL n'a pas toujours empêché les joueurs d'utiliser de la marijuana, n'instaurant un programme de test rigoureux que dans les années 1980, alors que la «guerre contre les drogues» a pris de l'ampleur à travers le pays. Maintenant, comme la crise des opioïdes crescendos d'un océan à l'autre, il semble que la NFL soit enfin prête à faire ce qui est juste, même si ce n'a jamais pris autant de temps.
Les cœurs bien accrochés boiraient un verre de vin par jour, les amateurs de vignes auraient des poumons plus sains, les buveurs de rouge seraient moins victimes de la maladie d’Alzheimer et les cancéreux réduiraient les effets indésirables de leur radiothérapie grâce au précieux liquide. On n’en finit pas, à tord ou à raison, de donner au vin des pouvoirs médicinaux. Mais jamais encore on ne lui avait prêté la faculté de faire planer, ce que promet – ou presque – le CannaWine.
Pas besoin de chercher bien loin, tout est dans le nom de ce breuvage un rien arrangé : ce vin espagnol, dans lequel a infusé du cannabis, s’est ainsi approprié les capacités de la plante-verte-qui-fait-rire. « Sa composition en fait un excellent produit capable de contenir dans une seule bouteille non seulement les propriétés du vin, mais aussi celles du cannabis sativa L », la variété utilisée par CannaWine, vante le site de ce vigneron pas comme les autres.
Anti-stress et euphorisant, la boisson coûte un peu plus de 15 euros la bouteille, en ligne. Les effets n’iront cependant pas plus loin, puisque « ce cannabinoïde cause une sensation de relaxation des muscles et un esprit apaisé, mais n’a aucun effet psychotrope chez l’utilisateur », rappelle le producteur.
Si le blanc à la couleur pâle ou le rouge de CannaWine, composé à 50% de grains de raisins garnacha et de 50mg d’extrait de sativa, peuvent paraitrent bien curieux, il ne s’agit pas des premières tentatives de mêler « beuh » et vin. Dans les années 80 déjà, les vignerons californiens travaillaient déjà aux côtés des cultivateurs de marijuana et ensemble, ils expérimentaient des infusions d’herbes « spéciales », immergées dans des tonneaux pour toute la durée du processus de fermentation du vin.
Le sucre des raisins se convertit ainsi en alcool, et l’alcool permet d’extraire le THC de la marijuana – le cannabinoïde responsable du rire un peu bête et de la sensation de pesanteur liés à la consommation de cannabis.
Vin et cannabis, même combat de connaisseurs
Alors qu’au Colorado, en Oregon et à Washington, où la drogue récréative est légale depuis plusieurs années, les ventes de bières industrielles diminuent, le secteur du vin et celui du houblon artisanal ne craignent pas la concurrence de la weed, explique dans un article le New York Times.
Quand certains profitent de leurs terres viticoles pour faire également pousser du cannabis, d’autres trouvent dans la consommation du vin et de l’herbe les mêmes plaisirs de connaisseurs. « La marijuana, comme le vin, a la capacité d’exprimer son terroir », explique par exemple Phil Coturri, grand amateur de cannabis et vigneron sur le terrain de Robert Mark Kamen – le scénariste de Karate Kid, Taken et Transporter. Vendangeur réputé pour ses vins bios, il est aussi un grand passionné de marijuana, qu’il fait pousser depuis près de 40 ans, en parallèle de ses vignes.
Comme les dingues de bières artisanales, les fous de bons wiskhy ou les connaisseurs de vins, certains fumeurs de weed partagent ainsi le même amour pour la description d’arômes plus ou moins exotiques ou la tenue en bouche de telle herbe produite localement. Imaginez alors quand les deux sont réunis dans le même contenant – en toute modération.
La répression du trafic, loin d'empêcher le développement du marché, l'encourage. Aux problèmes sanitaires, s'ajoutent des dommages sociaux et une charge de travail considérable pour la police.
Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, a confirmé, dès le 24 mai, la promesse de campagne du candidat devenu président, Emmanuel Macron, de contraventionnaliser la détention et l'usage de cannabis. Bonne nouvelle : le tollé général qui suit toute prononciation du mot « cannabis » dans la bouche d'un ministre n'a pas eu lieu, on avance… Une autre bonne nouvelle est qu'on limite le gaspillage de ressources publiques allouées à la répression de l'usage de cannabis.
Soyons toutefois réalistes, la mauvaise nouvelle est que cette mesure ne changera finalement pas grand-chose à la situation catastrophique que connaît la France sur ce sujet. Nous sommes l'un des pays européens les plus gros consommateurs de cannabis. En 2014, 4,6 millions de Français concédaient avoir fumé du cannabis dans l'année écoulée, dont 1,4 million au moins 10 joints par mois, et 700 000 Français en avaient fait un usage quotidien. Quasiment un jeune de 17 ans sur deux a déjà expérimenté cette substance vendue par le marché criminel. La politique répressive poursuivie depuis 1970 n'a pas empêché l'instauration d'un marché concurrentiel du cannabis. Pour s'en convaincre, il suffit de constater que les parts de marché se disputent par règlements de comptes de plus en plus sanglants.
Finalement, le cannabis est en l'état à l'origine d'une catastrophe sociale : une partie de la jeunesse sans horizon professionnel est enrôlée bon gré mal gré dans les trafics et l'argent généré fait ainsi vivoter une fraction de la population. Certains quartiers et zones périurbaines sont complètement sclérosés par le trafic, à tel point que même les habitants craignent de rentrer chez eux.
Malheureusement, aucune demi-mesure ne réduira significativement les dommages socio-sanitaires du cannabis. Seule la création d'un marché légal et réglementé le permettrait, comme l'ont bien compris nombre d'Etats américains, l'Uruguay et demain le Canada. Il faut légaliser le cannabis en France mais évidemment pas n'importe comment. Même si son usage peut s'inscrire dans un cadre thérapeutique, c'est bien un objectif de santé publique qui doit avant tout être poursuivi. La prévention, la réduction des risques et la prise en charge sanitaire de la dépendance à cette substance doivent être mises en avant.
A l'instar de la lutte contre le tabagisme, de puissants outils protégeant les mineurs et les populations non consommatrices devraient être mis en place : interdiction de la publicité et de toute forme de marketing, interdiction de vente sous condition d'âge, interdiction de consommation dans les lieux à usage collectif, politique agressive de taxation, etc. Notons au passage que, débarrassées de la quasi-entièreté du marché illégal, les forces de police retrouveraient de l'efficacité dans la lutte contre le marché noir résiduel et contre les autres marchés criminels.
DANS L'OPTIQUE DE CONTRÔLER LA QUALITÉ DES PRODUITS, UNE FILIÈRE AGRO-CANNABIQUE POURRAIT VOIR LE JOUR.
Dans l'optique de contrôler la qualité des produits, une filière agro-cannabique française pourrait voir le jour, en plus d'autoriser une petite production individuelle ainsi que les Cannabis Social Clubs, associations à but non lucratif d'usagers-cultivateurs comme on en trouve déjà en Espagne ou en Belgique. Le cannabis français serait vendu dans un réseau de distribution dédié et agréé par une autorité administrative indépendante sous condition du respect d'une charte professionnelle et de dispensation d'outils de prévention et de réduction des risques.
Finalement, les recettes fiscales générées financeraient le dispositif réglementaire, préventif et sanitaire. Une partie de ces recettes permettrait à la République de réinvestir les actuelles zones de trafic en finançant des politiques de la ville, de cohésion sociale, d'éducation, de formation et pourquoi pas d'accompagnement à l'entrepreneuriat. Il y a urgence à véritablement agir et à inventer un modèle français de gestion légale du cannabis, ceci avant que les lobbies nord-américains ne forcent l'ouverture du marché européen selon leurs propres règles du jeu.
Par Christian Ben Lakhdar
Professeur en sciences économiques à l'université de Lille, auteur de De l'intérêt de sortir le cannabis des réseaux criminels, Le Bord de l'eau, 2016.
Source: marianne.net
Interview Christian Ben Lakhdar - Vox Pop - ARTE - diffusée le 06 novembre 2016:
L’Union Européenne a décidé d’adopter un nouveau plan d’action concernant sa politique des drogues que la Commission Européenne a publié le 5 juillet dernier dans ce document.
Même si la politique des drogues n’est pas la principale préoccupation de l’Union Européenne, déjà bien occupée par la crise migratoire et les procédures du Brexit, ce sujet reste toutefois dans l’esprit des représentants et de ses pays membres.
L’émergence de nouveaux médicaments, de nouvelles drogues de synthèse et les pays européens toujours plus nombreux à autoriser l’utilisation du cannabis à usage thérapeutique comme la Grèce, la Pologne ou Chypre hier pousse à adopter de nouvelles rpéonses. Les représentants des Etats-Membres soulignent globalement leur inquiétude vis-à-vis des drogues dans l’Union Européenne. En effet, des pathologies comme l’hépatite C, des infections par le VIH ou encore les taux de décès par overdose chez les consommateurs de drogues injectables comme l’héroïne sont en pleine croissance.
La démarche préventive et progressiste de l’UE
La nouvelle politique des drogues de l’UE compte sur la mise en place de programmes de prévention pour limiter les dangers liés à la prise de drogues. Pour limiter la crise des opiacés par exemple, l’UE prévoit de distribuer des substituts, pour que les personnes qui en abusent réduisent, voire mettent un terme, à leur consommation. C’est la première fois que l’UE reconnaît officiellement que de tels programmes sont innovants et doivent être mis en œuvre.
Une prévention des drogues concernant les jeunes est également mise en avant dans ce nouveau plan d’action. « Changer des bonnes pratiques sur tous types d’actions de prévention ciblant les enfants et les jeunes, les parents et les milieux éducatifs, tout en tenant compte des besoins spécifiques à chaque sexe les programmes axés sur des communautés ou les programmes utilisant internet et les médias sociaux » stipule le texte. L’UE souhaite ainsi sensibiliser les mineurs aux dangers de la consommation et de la vente de drogues, notamment le cannabis qui peut se révéler dangereux lorsque consommé pendant l’adolescence.
En outre, sur le sujet d’une dépénalisation des drogues, aucun consensus n’a été fait entre les Etats-Membres. Ce nouveau plan d’action leur demande en revanche d’appliquer des mesures coercitives. Ces mesures doivent être spécifiques à la drogue et garantir que la prison soit une sanction utilisée en dernier recours. Le plan d’action affirme aussi que des mesures pénales ne devraient pas être appliquée pour une simple possession et/ou consommation de drogues, quelle qu’elle soit. En parallèle, l’ONU avait récemment demandé la décriminalisation de toutes les drogues à l’échelle mondiale.
Concernant le cannabis, et d’après le rapport ci-dessus, l’Union Européenne cherche à fournir des analyses détaillées sur les recherches relatives à la législation du cannabis notamment vis-à-vis de son usage thérapeutique.
Comme les Cannabis Social Clubs en Espagne ou encore aux Pays-Bas qui ont leur propre modèle en matière de cannabis, les futurs représentants de l’UE se doivent de créer des plateformes et d’organiser des forums pour permettre aux scientifiques et aux citoyens européens en général d’organiser des discussions et trouver des solutions. Les Etats-Membres doivent ensuite décider seuls de leur politique concernant le cannabis.
La démarche de l’Union Européenne se veut clairement progressiste, mais laisse le soin aux Etats Membres de décider leur politique des drogues, au niveau local et national.
LE PARISIEN MAGAZINE. Alors que sa légalisation est débattue en France, des boutiques spécialisées du Colorado vendent de la marijuana depuis 2014, y compris sous forme comestible. Voyage au cœur d’un marché florissant.
Lisa Buffo, présidente d’une association de promotion du cannabis, ici chez un cultivateur de Denver.
(Jean-Christian Bourcart pour Le Parisien Magazine)
Le « bang » est rangé dans un placard de la cuisine. A côté de cette pipe à eau prisée des fumeurs de cannabis, des feuilles à rouler, un briquet, un cendrier... Ne manque que la drogue. Jack, l’employé qui me donne les clés de cette maison louée d’habitude aux touristes en visite à Denver, dans le Colorado, s’excuse : « Il est tard. La plupart des dispensaires ferment à 19 heures, et je ne peux pas vous vendre de cannabis. Ce serait illégal. » Cela n’empêche pas Jack de sortir un sachet rempli de fleurs séchées, la partie fumable de la plante. « Je ne peux pas vous en vendre, mais nous sommes entre adultes. Je peux vous en offrir... » Une manne de 1,3 milliard de dollars
Après avoir autorisé, en 2000, l’usage thérapeutique du cannabis, le Colorado est le premier Etat américain à avoir légalisé son usage récréatif – c’est-à-dire pour le plaisir –, pour les adultes (à partir de 21 ans), en janvier 2014. Aujourd’hui, cet Etat de 5,4 millions d’habitants compte environ 800 « dispensaires », les boutiques à cannabis, dont 300 à Denver, sa capitale. On les repère grâce à leurs croix vertes, similaires à celles de nos pharmacies. Il faut dire que le cannabis est ici associé à la santé. Ses principes actifs, au premier rang desquels le THC (tétrahydrocannabinol) et le CBD (cannabidiol), ont de multiples propriétés.
Le dispensaire GroundSwell : pour acheter son cannabis dans un décor chic. (Jean-Christian Bourcart pour Le Parisien Magazine)
Anti-infammatoires, antivomitifs, ils calment aussi les douleurs, chroniques notamment, et permettent de retrouver l’appétit. Ce que les industriels du secteur ne manquent pas de rappeler. « Nous mettons simplement en avant le fait que ces produits ont des effets bénéfiques sur la santé », explique Lisa Buffo, à la tête de la Cannabis Marketing Association, qui fédère les professionnels du milieu et fait la promotion de la plante. Certes, un dispensaire n’est pas un Monoprix. Avant d’entrer, par exemple chez Native Roots, dans le centre-ville, il faut prouver son âge avec une pièce d’identité. Et impossible de se servir soi-même. Installé derrière son comptoir, Benjamin, le serveur, ouvre des bocaux pour faire sentir les herbes disponibles. Le prix ? De 9 à 18 euros le gramme de ganja récréative.
Sous vitrine, des friandises (bonbons, barres chocolatées, chewing-gums...) voisinent avec des cosmétiques : lotions, sels de bain, huiles de massage. Le tout à base de cannabis. Parfois, comme chez Eufora, des sodas à la marijuana s’exposent dans un frigo transparent et cadenassé – il faut demander pour être servi. Comptez 15 euros la bouteille, dont environ 3 euros de taxes grâce auxquelles l’Etat du Colorado a empoché, en 2016, 199 millions de dollars, pour un marché de1,3 milliard. Une manne réinvestie dans la construction d’écoles ou dans des programmes de prévention, entre autres.
Si le cannabis reste considéré au niveau fédéral comme une drogue aussi dangereuse que l’héroïne, 28 des 50 Etats américains l’ont aujourd’hui légalisé ou dépénalisé, en général pour son usage médical. Mais huit autorisent son usage récréatif – pour les adultes uniquement : en novembre 2016, le Colorado, l’Etat de Washington, l’Alaska et l’Oregon ont été rejoints par le Nevada, le Maine, le Massachusetts et la Californie.
Et, si la loi diffère selon les territoires, le Colorado semble aujourd’hui le plus décomplexé sur le sujet. Ici, chacun peut acheter et se promener avec une once, soit 28 grammes, de fleurs séchées. De quoi rouler un joint par jour pendant un mois. La loi autorise aussi à faire pousser jusqu’à six pieds chez soi et, si la consommation est interdite dans la rue, elle est tolérée dans des clubs privés dont on devient membre pour quelques dollars. Certains hôtels autorisent même le vapotage de cannabis dans les chambres ! A fumer, à boire et à manger
La chef Jessica Catalano et ses recettes insolites. (Jean-Christian Bourcart pour Le Parisien Magazine)
Massage au cannabis, cours de cuisine à base de marijuana, séances de yoga agrémentées d’un joint... Synonyme de bien-être et de détente, la plante pointe ses feuilles dans tous les domaines. Figure de cet art de vivre, Jessica Catalano, originaire de New York, soignait auparavant ses migraines à coups de médicaments. Elle s’est mise au cannabis à son arrivée dans le Colorado. « Et je n’ai plus besoin de prendre des pilules », précise cette jeune maman d’une fillette de 22 mois, Mary Jane. Responsable de formation, elle se met à cuisiner des cookies à l’herbe pour son chien atteint d’un cancer, et des plats au cannabis pour elle-même.
Cette chef cuisinier donne ses recettes sur son blog, puis dans un livre publié cette année. « Pour stimuler les principes actifs, il faut chauffer l’herbe. Je l’intègre dans du beurre, de la crème, de l’huile de coco, dont je me sers dans mes plats. Pour une expérience agréable, j’harmonise son goût de terre, de sous-bois, avec la nourriture que je prépare. » Un secteur créateur de 100 000 emplois
Manger le cannabis plutôt que le fumer ? Une évidence dans le Colorado, où les edibles, c’est-à-dire les produits comestibles, supplantent lentement le traditionnel joint, et contribuent à transformer l’image de la plante. « Il est interdit de fumer dehors, rappelle Benjamin, le vendeur de Native Roots. Il est aussi illégal de consommer des edibles dans la rue, mais si vous êtes discret et respectueux des autres, vous ne serez pas embêté. »
A GroundSwell, un dispensaire chic aux murs décorés de bois, l’herbe à fumer représente encore la majorité des ventes. « Mais dans un an ou deux, les comestibles prendront le pas, calcule Danielle Massey, une des managers. La plupart des gens ne veulent pas fumer car ce n’est pas bon pour leurs poumons. »
Symbole de cette tendance, la société Incredibles s’est spécialisée dans les barres chocolatées aux parfums multiples, toutes à base de cannabis. De son côté, Mountain High Suckers ne propose pas moins de 27 parfums de sucettes au cannabis. Leur prochaine création ? « Une sucette en forme de pénis ! se réjouit Chad Tribble, l’un des patrons.
Puisque le récréatif a été légalisé, on peut s’amuser avec le cannabis. Alors amusons-nous ! » Comme la loi interdit que du cannabis passe la frontière, produire local est une obligation. Tout est donc fabriqué dans le Colorado, avec des plantes cultivées dans la région, dans des champs ou des entrepôts équipés de lampes imitant la lumière du soleil.
Aujourd’hui, dans cet Etat, 100 000 emplois sont directement liés au secteur du cannabis. A Denver, la plus belle réussite économique s’appelle Dixie Brands : 190 produits au cannabis sous sept marques différentes ! « Ce n’est pas pratique de rouler un joint, remarque Tripp Keber, à la tête du groupe, ni très crédible de tirer sur un bang en disant que c’est de la médecine. Le futur du cannabis, c’est l’huile. On peut l’infuser dans une boisson, du chocolat ou une lotion. Tout le monde peut l’utiliser : vous, vos parents, vos grands-parents ou même un enfant qui souffre d’épilepsie. Le futur du cannabis, ce sont ces comestibles, qui permettent de consommer en toute sécurité, en toute responsabilité, et régulièrement. » Cet entrepreneur hyperactif a longtemps noyé son stress de patron dans la tequila.
Le 11 septembre 2001, neuf de ses proches périssent dans l’attentat contre le World Trade Center. « Je ne savais pas comment gérer. Il y a eu d’abord la bouteille, puis le cannabis. Et j’étais moins en colère. » Sa vocation vient de là et se veut respectable. « Avec 10 ou 20 milligrames de THC, on se sent comme après deux verres de vin. Vous n’allez pas arracher vos vêtements pour courir dans la rue ! » martèle Tripp, qui se bat aussi, il le sait, contre des stéréotypes hérités du passé. Pour beaucoup d’Américains, le cannabis évoque encore la marginalité des hippies, ces fumeurs de joints pacifstes des années 1960 et 1970. « Chaque fois que je parle de cannabis à la télé, on montre en même temps des gars, cheveux longs et tee-shirt Bob Marley, en train de faire tourner un joint », regrette Tripp Keber. Revoir la présentation pour mieux vendre
Chez Native Roots, étals de friandises à la marijuana de la marque Incredibles. (Jean-Christian Bourcart pour Le Parisien Magazine)
Redorer le blason d’une drogue devenue licite, tel est le défi de l’industrie cannabique de Denver. Et tous les moyens sont bons. Si les pubs à la télé ou à la radio restent prohibées, « nous faisons campagne dans les boutiques, dans les journaux et sur les réseaux sociaux, nous mettons en avant les études cliniques », énumère Olivia Mannix, qui dirige Cannabrand, une agence de marketing spécialisée dans le cannabis. A ses clients, elle explique qu’ils doivent soigner leur vocabulaire, privilégier le mot « cannabis », nom scientifque de la plante, plutôt que les argotiques marijuana, weed (« herbe »), dope ou ganja, qui renvoie à la Jamaïque.
Elle redéfnit aussi la présentation des produits, pour les rendre « cool, beaux, vibrants ». Dans la limite de la loi, bien sûr. Les lobbies antidrogue ont obtenu que les emballages soient rendus impossibles à ouvrir par de jeunes enfants, et les doses ont été limitées. Ainsi, chaque portion de cannabis récréatif, du carré de chocolat à la bouteille de soda, ne peut contenir plus de 10 milligrammes de THC. Il n’empêche. Olivia Mannix a le sentiment d’oeuvrer pour le salut public : « Depuis la légalisation, le taux de criminalité a baissé, comme le nombre de morts par opiacés, le nombre d’accidents de la route et l’usage chez les ados.
Légaliser le cannabis, ça marche. Dites-le aux Français ! » Dans le Colorado, la partie semble gagnée pour l’industrie de l’herbe, et pas seulement grâce au marketing. Ici, beaucoup de gens consommaient déjà avant la légalisation. Laquelle leur a seulement permis de le faire au grand jour. Ce que résume Rick Scarpello, le patron des chocolats au cannabis Incredibles : « Vous pensez que j’ai créé des consommateurs ? Zéro ! Ils étaient déjà là. »
« L’usage fréquent peut conduire à l’addiction » Docteur Alain Rigaud, président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA).
L’effet thérapeutique du cannabis est-il avéré ? Certaines molécules qu’il contient peuvent avoir des effets thérapeutiques, comme le cannabidiol, qui permet de lutter contre la douleur, les contractures, l’angoisse. Mais le THC est un psychoactif dont l’usage fréquent peut conduire à l’addiction et perturber les processus neuronaux de développement chez les adolescents, voire les jeunes adultes.
En légalisant son usage récréatif ne risquet- on pas un problème de santé publique ? Si c’est une libéralisation où le produit est en vente libre, accessible à tous, on va vers une catastrophe. Mais dans le cas d’une régulation avec un dispositif de prévention, une absence de publicité, un contrôle de la fabrication, de la concentration des produits et de la vente, vous ne verrez pas de hausse de la délinquance, ni d’augmentation signifcative des consommateurs.
Mais attention, le récréatif, c’est épisodique, à petite dose, pour se faire plaisir. Si on a besoin de cannabis tous les jours pour se détendre, on est dans un usage problématique. Et il faut demander de l’aide.
Trop de marijuana pousserait – légalement – en Californie. C’est ce qu’a affirmé mercredi un dirigeant de l’industrie cannabique locale… Que va-t-on faire des excédents ?
La production de l’année serait huit fois plus élevée que les besoins de cet État, où le cannabis récréatif est légalisé depuis novembre 2016 (l’usage thérapeutique étant autorisé depuis plus de vingt ans). Une nouvelle loi, en vigueur en janvier 2018, interdit les exportations vers les autres États. Alors, que vont devenir les excédents ? On a quelques idées pour écouler la weed… Faire comme avec les produits laitiers (nos amis pour la vie)
Les jeunes Américains sont de grands consommateurs de lait de vache. Le résultat de décennies de lobbying : des campagnes de grande ampleur vantent régulièrement les vertus miraculeuses du breuvage. Les écoles en distribuent aux enfants et reçoivent des fonds fédéraux en échange. Pourquoi ne pas imaginer un système équivalent pour le cannabis ? Pas dans les écoles, bien sûr, le THC étant toxique pour le cerveau des jeunes, mais dans les entreprises et dans les services publics ? De quoi détendre les relations interpersonnelles et faciliter la communication. Éviter néanmoins d’en donner aux conducteurs de véhicules et de machines, aux aiguilleurs du ciel, aux chirurgiens et aux traders. Larguer des doses de survie dans les zones de conflit
Pour aider les populations coincées dans les pays en guerre (Syrie, Irak…), les États-Unis pourraient imaginer des missions humanitaires leur larguant, dans des colis, de quoi s’évader un peu pour tenir le coup. Ces gens ayant souvent faim, des space cakes auront l’avantage supplémentaire de les caler un peu. Prévoir de monter un partenariat avec la Floride, pour envoyer aussi des oranges. Fournir gratuitement tous les hôpitaux du pays
Réduction de la douleur, des nausées et des vomissements, amélioration de l’appétit, de l’humeur, du sommeil … Le cannabis peut améliorer la vie des personnes atteintes de cancer en réduisant les symptômes de la maladie et les effets secondaires des chimiothérapies. Il peut aussi soulager les personnes souffrant du sida, d’Alzheimer… mais aussi d’arthrose ou de douleurs handicapantes chroniques. Dans la lignée de l’Obamacare, que Trump n’a pas réussi à démolir, les Américains pauvres et malades apprécieraient un petit cadeau de l’État le plus riche du pays. Battre le record du plus gros joint du monde
Celui qui réalisera cet exploit n’est pas sûr d’intégrer le Guiness Book, mais il fera le tour du Web. Sur YouTube, les vidéos fleurissent… En 2013, la police avait saisi un joint d’un kilo et de 1,20 de long sur un festival à Santa Cruz. Un pétard qui contenait environ 35 fois la dose légale autorisée par l’usage thérapeutique. La réglementation actuelle n’autorise pas les usagers californiens à détenir plus de 30 g : pas sûr que ça suffise.
Rendre leur appétit aux mannequins anorexiques
À force de se voir accuser d’être trop grosses pour faire de parfaits porte-manteaux, certaines top-modèles développent de vrais troubles psychiatriques autour de leur alimentation. Pourquoi ne pas les aider à retrouver l’appétit ? Double avantage, le produit ayant des propriétés anti-émétiques, elles auront plus de mal à se faire vomir… Évidemment, on évitera de leur servir des gâteaux au shit ou du beurre de Marrakech. Balancer des chemtrails pour réfréner les révoltes
Certains complotistes l’affirment : les traînées de fumée s’échappant des avions contiendraient des substances chimiques douteuses, destinées à manipuler le climat et/ou les habitants de la terre. Dans l’idée, on pourrait arroser le monde avec des vapeurs cannabiques. Peace and love… Détendre Donald Trump
L’agité de la Maison-Blanche gagnerait à se détendre un peu. Un petit cadeau de la Californie, et… cool, man. De quoi faire remonter sa cote de popularité ? A l’heure actuelle, seul un Californien sur quatre pense que le locataire du bureau ovale assure (Public Policy Institute of California).