Les acides gras oméga-3 sont des endocannabinoïdes antidouleur!
Par mrpolo, dans Thérapeutique,

Selon une étonnante étude biochimique récente, l’effet anti-inflammatoire des oméga-3 serait dû à leur transformation en cannabinoïdes et à l’activation des récepteurs antidouleur spécifiques à ces molécules.
 
 
 

Euphorisants endogènes
 
Le cannabis a été utilisé comme substance euphorisante depuis au moins 4000 ans et demeure aujourd’hui la drogue illicite la plus populaire au monde, avec pas moins de 185 millions d’utilisateurs réguliers. Les effets psychoactifs du cannabis sont en majeure partie dus au Δ9 – tétrahydrocannabinol (THC), le principal cannabinoïde produit par la plante. En interagissant avec certains récepteurs présents au niveau du cerveau, le THC modifie la relâche de neurotransmetteurs et altère du même coup plusieurs processus mentaux (émotions, perception sensorielle, mémoire, appétit), caractéristiques du « buzz » obtenu suite à la consommation de cannabis.
 
Les récepteurs aux cannabinoïdes ne sont pas seulement activés par le THC du cannabis : le corps humain produit des substances endogènes qui possèdent des structures similaires aux cannabinoïdes (endocannabinoïdes) et qui peuvent elles aussi influencer plusieurs processus mentaux. Par exemple, il a été récemment montré que l’euphorie du coureur, c’est-à-dire la sensation de bien-être qui accompagne ­l’activité physique, serait due aux effets anxiolytique et analgésique d’une ­substance endocannabinoïde ­appelée anandamide (1). Il n’est donc pas étonnant que l’exercice améliore l’humeur !
 
Oméga-3 cannabinoïdes
 
Une nouvelle classe d’endocannabinoïdes vient tout juste d’être découverte par une équipe de l’Université de l’Illinois (2). Les chercheurs ont fait la surprenante découverte que les acides docosahexanoïque (DHA) et eicosapentanoïque (EPA), deux acides gras oméga-3 à longues chaînes, trouvés dans les poissons gras, pouvaient être modifiés par une série de réactions biochimiques complexes en endocannabinoïdes.
 
Cette transformation semble jouer un rôle clé dans les propriétés anti-inflammatoires bien documentées de ces oméga-3, car les endocannabinoïdes produits à partir de ces molécules interagissent spécifiquement avec le récepteur aux cannabinoïdes CB2, connu pour son implication dans l’effet antidouleur de ces molécules. Les études montrent en effet que l’activation de ces récepteurs par le cannabis peut diminuer significativement l’inflammation et certaines douleurs chroniques, et c’est pour cette raison que l’usage médical du cannabis est de plus en plus considéré comme une alternative valable au traitement de certains désordres comme les douleurs neuropathiques ou des maladies inflammatoires comme l’arthrite rhumatoïde et la colite ulcéreuse.
 
En activant ces mêmes récepteurs, les endocannabinoïdes oméga-3 pourraient donc d’une certaine façon mimer ce ­phénomène, ce qui contribuerait à leurs propriétés anti-inflammatoires. Sans les effets psychotropes de la marijuana, toutefois !
 
Rééquilibrer l’apport en gras
 
Ces observations illustrent à quel point la nature des gras de notre alimentation peut ­grandement influencer le développement de l’inflammation, un important ­facteur de risque de l’ensemble des maladies chroniques qui touchent actuellement notre société (maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, plusieurs types cancers). Le régime alimentaire moderne contient beaucoup plus d’oméga-6 pro-inflammatoires que d’oméga-3 et ce déséquilibre contribue à la création d’un climat inflammatoire à l’intérieur de notre corps.
 
Augmenter l’apport en acides gras oméga-3 peut rétablir cette balance et empêcher la création d’un climat d’inflammation chronique dans nos tissus. Les poissons gras (saumon, sardines, maquereau) sont la principale source d’oméga-3 à longues chaînes et la consommation d’une à deux portions de ces poissons par semaine représente la façon la plus simple d’y arriver. Ceci est d’autant plus important qu’en plus de leurs propriétés anti-inflammatoires, ces oméga-3 exercent plusieurs effets bénéfiques additionnels sur l’organisme, notamment dans la transmission de l’influx nerveux et dans la prévention des épisodes d’arythmies cardiaques, souvent responsables des embolies et des morts subites. La recherche en biochimie est toujours pleine de surprises étonnantes.
 
(1) Fuss J et coll. A runner’s high depends on cannabinoid receptors in mice. Proc Natl Acad Sci USA 2015; 112 : 13105-8.
(2) McDougle DR et coll. Anti-inflammatory oméga-3 endocannabinoid epoxides. Proc. Natl Acad. Sci. USA, publié en ligne le 7 juillet 2017.
 
Richard Béliveau
 

Source: journaldemontreal.com
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Le cannabis légal en Uruguay? Les banques ne veulent rien savoir
Par mrpolo,
Montevideo - Vendu légalement dans les pharmacies d'Uruguay depuis mi-juillet selon un mécanisme unique au monde, le cannabis attire de plus en plus d'adeptes, mais les banques font la grimace, craignant des sanctions internationales pour blanchiment d'argent.

 

De la marijuana vendue dans une pharmacie à Montevideo, en Uruguay, le 19 juillet 2017



afp.com/MIGUEL ROJO


 

Première à réagir, l'Espagnole Santander, numéro un en zone euro, a averti les pharmaciens vendant de la marijuana qu'elle fermerait leurs comptes bancaires.
"Nous avons décidé de ne pas participer à cette activité", indiquent des sources internes à Santander consultées par l'AFP.

"Comme nous sommes une banque mondiale avec des clients qui utilisent des banques dans différents pays, nous devons respecter les diverses normes locales", précisent-elles.
Jeudi, la banque publique uruguayenne Brou a pris la même décision.
Auprès du journal local El Observador, son président justifie que sinon, "cela provoquerait l'isolement financier de la banque Brou et de ses clients, ce qui l'empêcherait de réaliser toute opération avec contre-partie internationale".

Le petit pays sud-américain avait attiré l'attention des médias du monde entier fin 2013 en votant une loi inédite qui légalisait la culture et la commercialisation du cannabis à des fins récréatives, afin de lutter contre le trafic de drogues.
La loi établissait trois façons de s'en procurer: culture à domicile pour la consommation personnelle, appartenance à un club pour planter de manière coopérative et achat de marijuana en pharmacie.

C'est ce dernier volet, auquel la moitié de la population s'oppose selon un récent sondage, qui a été mis en pratique avec l'ouverture le 19 juillet de la vente en pharmacies de ce cannabis cultivé par des sociétés privées mais sous contrôle de l'Etat.
Jusqu'à présent, plus de 12.000 personnes - sur une population totale de 3,4 millions d'habitants - se sont inscrites sur le registre national des acheteurs, ce qui les autorise à en acquérir 40 grammes par mois, à 1,30 dollar le gramme.

Il y a eu moins d'enthousiasme du côté des pharmacies, seules 16 acceptant de participer au programme. De larges queues se forment face à leurs devantures ces dernières semaines, et leurs stocks fondent rapidement.
Face aux tracas bancaires, certains pharmaciens menacent déjà d'arrêter l'expérience.
- 'Publicité favorable' -

Cette réticence des banques n'est pas nouvelle: aux Etats-Unis, le problème s'est posé alors que la drogue douce, autorisée à usage médical dans 29 Etats et récréatif dans huit, reste interdite au niveau fédéral.

Les banques qui ouvrent des comptes aux entrepreneurs du secteur peuvent être accusées de blanchiment d'argent. La majorité d'entre elles préfèrent donc s'abstenir.
Seules environ 300 institutions sur près de 12.000 aux Etats-Unis acceptent - discrètement et en faisant payer cher leurs services - quelques clients du secteur, selon Standard and Poor's, essentiellement des banques coopératives ou régionales.

Malgré ce précédent, les autorités uruguayennes sont tombées de haut.
"En vérité, nous ne savions pas (...) que cela pouvait arriver", a avoué le ministre de l'Economie, Danilo Astori, au journal La Republica. "Il faut trouver une solution et nous la cherchons".
Il y a un "vrai risque" sur le maintien de la vente légale de cannabis, indiquent à l'AFP des sources ayant participé à élaborer la loi pionnière.

Artisan de cette législation, l'ex-président José Mujica (2010-2015), désormais sénateur, s'est agacé et a appelé son successeur Tabaré Vazquez à régler le problème.
Julio Calzada, un des principaux promoteurs du projet quand il dirigeait le Bureau national des drogues (JND), se veut rassurant: "Il y a des alternatives", dit-il, mais "pas en Uruguay".
Pour lui, une solution peut être de "négocier avec les banques américaines".
Des sources du secteur évoquent aussi la possibilité de passer via un réseau parallèle au système bancaire.

Il n'empêche, "après avoir passé tant de temps à discuter du sujet, après tant d'avancées concrètes, après avoir planté la marijuana, après l'avoir récolté et l'avoir fait parvenir aux pharmacies, ne pas pouvoir la commercialiser pour un problème qui n'avait pas été prévu, c'est un coup très dur", observe Adolfo Garcé, politologue de l'Université de la République.
Surtout que, "pour l'Uruguay, ce sujet (...) s'est transformé en bannière, en publicité favorable pour le pays".

Par AFP

Source: lexpress.fr
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En Californie, un centre de désintox propose de soigner les addictions aux drogues dures... avec du cannabis
Par mrpolo,
Une approche encore controversée et proposée ici avec des règles strictes et beaucoup de sérieux.
 
 
 

(© AMC)


 

Il y a un peu plus de quarante ans, la docteure américaine Denise Kandel présentait au monde entier sa théorie sur l’engrenage des drogues. Elle affirmait que la consommation de marijuana mène directement à l’usage et aux abus d’autres substances plus dures. Depuis, de nombreuses études ont montré qu’il n’y a en réalité pas de relation directe de cause à effet entre la marijuana et d’autres drogues illicites. Un fait confirmé entre autres par l’Agence américaine de lutte antidrogue dans un rapport de 2016.
 
En dépit de cette logique appuyée par des faits, le concept du cannabis comme étant une porte d’entrée vers d’autres drogues est toujours profondément enraciné dans les esprits, et revient souvent dans les discours politiques. Cependant, un centre de désintoxication californien est bien décidé à bousculer cette idée reçue en utilisant le cannabis comme une "drogue de sortie" pour aider les toxicomanes accros à d’autres substances à sortir de l’addiction.
 
High Sobriety est un centre de désintoxication situé dans le centre de Venice Beach, à Los Angeles. Il propose des programmes de rémission complète basés sur le cannabis. Fondée par Joe Schrank, un ancien alcoolique, la société High Sobriety est une alternative pour ceux qui rejettent l’idée que l’abstinence totale est la seule façon pour les alcooliques de sortir de l’addiction. Le site de l’établissement explique :

 
Pour Joe Schrank et son équipe, l’abstinence totale ne fonctionne que dans 25 % des cas, tandis que les 75 % de toxicomanes restants, qui auraient pu utiliser des méthodes différentes pour traiter leur addiction, ne sont pas les bienvenus dans le débat global sur la toxicomanie.
Le cannabis peut diminuer le besoin d'autres drogues
 
High Sobriety a donc décidé d’offrir plusieurs alternatives à l’approche traditionnelle, l’une d’entre elle étant basée sur le cannabis. Les toxicomanes qui prennent des drogues dont la dose létale est connue, telle que la cocaïne, l’héroïne, la méthamphétamine, les opiacés et l’alcool, ne sont pas forcés d’arrêter du jour au lendemain. On leur propose en revanche de remplacer leur drogue dure par du cannabis, qui n’a pas de dose létale connue.

 
Les doses de cannabis sont contrôlées de près par High Sobriety. Ce type de traitement n’est proposé qu’aux personnes de plus de 25 ans, pour qui l’abstinence n’a pas fonctionné, et qui sont des consommateurs de substances dures et dangereuses, comme l’alcool. Le centre a établi une liste de dix critères à remplir afin de déterminer si un patient peut suivre ce traitement. Après la période initiale de sevrage, les gens peuvent ensuite choisir de continuer ou non à consommer du cannabis avec une supervision médicale.
 
Vous pouvez en savoir plus sur High Sobriety en vous rendant sur leur site Internet.
Traduit de l’anglais par Sophie Janinet
 
par Justina Bakutyte
 
Source; konbini.com
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Enquête. Pays-Bas : les coffee-shops, où banquiers et criminels se côtoient
Par mrpolo,
Alors que le Parlement doit se prononcer sur la proposition de loi pour légaliser le cannabis, Investico a mené l’enquête sur les intérêts financiers des coffee-shops. Dans ce monde s’entremêlent activités clandestines et légales, une conséquence néfaste du cadre juridique ambigu mis en place depuis les années 1970.
 
 
 
 
 
 
 

Dessin de Daniel Pudles, The Economist, Londres. Daniel Pudles


 
 
 
Elle ne voit aucun inconvénient à ce qu’on mentionne son prénom : “It’s totally fine”, dit l’Australienne Francis à la terrasse du coffee-shop New Times dans la Spuistraat, à Amsterdam. Elle ne fait rien d’illégal, après tout ! Elle a de grandes lunettes de soleil, des nattes et une longue tunique rose en batik années 1960.
 
À Amsterdam pour la troisième fois, elle est dans un coffee-shop pour la énième fois. À l’autre bout de la table, Tim, originaire de Malte, a les yeux dans le vague. D’un tapotement du doigt, il fait tomber par terre la cendre de son joint. Il fume du Girl Scout Cookies, un cannabis de Californie connu pour sa saveur sucrée. Puis le silence et la méfiance s’installent. “My name ? Preferably not”, dit une troisième interlocutrice avant de se lever et de sommer les autres de la suivre.
 

La fréquentation d’un coffee-shop a beau être socialement acceptable, il reste difficile d’en parler avec des inconnus. C’est illégal mais toléré, normal mais en même temps légèrement tabou. Aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que les coffee-shops eux-mêmes se caractérisent par des contradictions. Par exemple, l’Australienne Francis ignore que les intérêts du New Times convergent non seulement avec ceux du secteur de la prostitution et du marché des machines à sous, mais aussi avec ceux du secteur bancaire.
 
Le propriétaire de cet immeuble d’Amsterdam est l’ancien exploitant de machines à sous Johan Erkelens, propriétaire de quatre coffee-shops. Pour acheter l’immeuble du New Times, il a emprunté de l’argent auprès de Hugo Persant Snoep, ancien propriétaire de plusieurs maisons closes. La banque NIBC, une banque d’investissement tout à fait convenable, a financé le reste. “Le loyer d’un coffee-shop est un peu plus élevé [que les loyers d’autres commerces]”, dit Johan Erkelens.
 
Dans le secteur des coffee-shops, les activités officielles et les activités clandestines sont étroitement imbriquées. Les autorités considèrent ce secteur, de même que ceux de la prostitution et des machines à sous, comme étant “criminogènes”. Mais cela n’a pas empêché des institutions financières néerlandaises respectables et des entrepreneurs de premier plan d’y avoir acquis des intérêts majeurs. Dans le monde du cannabis, la Rabobank et une personnalité connue de la mafia napolitaine se retrouvent littéralement côte à côte.
Un chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros
 
Les quatre plus grandes banques des Pays-Bas détiennent au total 171 coffee-shops en nantissement pour des prêts hypothécaires qu’elles ont accordés : des prêts forcément remboursés par des revenus issus de la vente de stupéfiants. Voilà un des aspects les plus frappants de l’enquête réalisée ces derniers mois pour l’hebdomadaire De Groene Amsterdammer par la plateforme de journalisme d’investigation Investico et par le quotidien financier Het Financieele Dagblad. Dans la perspective d’une éventuelle légalisation du secteur des drogues douces aux Pays-Bas, déjà votée [le 21 février 2017] par la deuxième chambre du Parlement, nous avons effectué une première étude systématique de l’ensemble du secteur.
 
Nous avons examiné à la loupe les 570 coffee-shops existant aux Pays-Bas en compilant les données disponibles sur les exploitants, les propriétaires immobiliers et les créanciers hypothécaires. Ces données publiques peuvent être obtenues contre paiement auprès de la chambre de commerce et du cadastre. Notre objectif était de déterminer les véritables détenteurs d’intérêts dans ce secteur, dont le chiffre d’affaires représente, selon certaines estimations, pas moins de 1 milliard d’euros par an.
 
 
 
 
 
 
 





© ADRIJ BULBA / CCREATIVE COMMONS


 
Jusqu’à présent, ni l’administration publique ni la police judiciaire n’avaient une vue d’ensemble des différents intervenants dans le secteur des coffee-shops. Pourtant, la première chambre du Parlement va bientôt se prononcer sur une proposition de loi qui pourrait amorcer la légalisation de toute cette branche d’activité, notamment de l’ensemble des points de vente. Il ressort de notre étude que les puissances financières ont pris une longueur d’avance sur la politique. De fait, elles ont déjà légalisé le secteur en y prenant des intérêts.
 
Cependant, l’association d’activités officielles et d’activités clandestines ne se fait pas sans risque. Seuls les exploitants de coffee-shops font systématiquement l’objet d’un contrôle de casier judiciaire et des risques pour la sécurité. Les propriétaires des immeubles où se déroule ce commerce, de même que les créanciers pour l’achat de ces immeubles, ne sont pratiquement pas concernés par ces contrôles. En cas de légalisation, les gagnants pourraient donc être tout aussi bien des criminels que la Rabobank.
 

Quand George Clooney, Brad Pitt et Matt Damon s’installent au Dampkring à Amsterdam, pas question de fumer des joints. Les trois gangsters magistraux du film Ocean’s Twelve, l’histoire d’un braquage, se contentent de prendre un café et de discuter de leur prochain casse. Le spectateur averti n’aura cependant pas manqué de reconnaître la façade en bois caractéristique de l’établissement, de même que la déco à l’intérieur, du moins celle du Dampkring Original (il y en a un autre ailleurs dans la ville).
 
Au début de l’année, le Dampkring a changé de propriétaire. L’ancien et l’actuel propriétaires figurent dans la liste Quote 500, celle des 500 personnes les plus riches des Pays-Bas. La société immobilière Libra International a racheté le local et les appartements situés au-dessus pour 4 millions d’euros à Michael van der Kuit. Ce dernier possède également un terrain de golf, des bois et une plage dans la région cossue du Gooi [dans le centre du Pays-Bas], un club à Ibiza et des établissements dans l’hôtellerie et la restauration à Amsterdam.
 
Libra, le nouveau propriétaire, est la société d’investissement de Jan Verhagen et de son fils Marc, dont le patrimoine est estimé à 400 millions d’euros, qui se classent au 45e rang dans la liste des Néerlandais les plus fortunés. Les coffee-shops Happy Days de la capitale et un des trois Kadinsky sont également au nom de Libra et de l’une de ses filiales.
Les banques, les plus gros détenteurs d’intérêts dans le secteur
 
Joachim Helms est président de l’Association de détaillants de cannabis. Cet homme aux larges épaules et au regard vif est depuis vingt ans le gérant du coffee-shop Green House d’Arjan Roskam, connu dans ce petit monde comme le “king of cannabis”, surnom que lui a donné le rappeur Busta Rhymes. Joachim Helms comprend très bien pourquoi les immeubles qui abritent les coffee-shops sont très recherchés. D’après lui, les exploitants de coffee-shops sont de bons locataires :

 
Les détenteurs des plus gros intérêts dans le secteur néerlandais des coffee-shops sont les banques. Nous avons fait le décompte des coffee-shops servant à nantir les prêts accordés par les quatre banques systémiques des Pays-Bas : Rabobank (82), ING Bank (44), ABN Amro (31) et Volksbank (auparavant SNS Reaal, 14). Concernant leurs prêts en rapport avec les propriétaires de ces immeubles, ces banques ont un encours qui s’élève au total à 1,1 milliard d’euros.
 
Le principal intervenant sur le marché des coffee-shops est sans conteste Rabobank, également propriétaire des coffee-shops The Bull à Vlaardingen et Regine à Haarlem. Au siège de la banque, à côté de la gare d’Utrecht Centraal, Wibout de Klijne, responsable de la conformité, explique que la banque se montre désormais plus réticente à accorder des prêts hypothécaires aux coffee-shops, une réaction semblable à celles communiquées par les banques ABN Amro, Volksbank et NIBC. Depuis un an et demi, la banque dispose d’une équipe centralisée de 450 personnes qui examine les dossiers de clients présentant des “risques d’intégrité complexes”, notamment les coffee-shops. Wibout de Klijne explique :

 
En dehors des quatre banques systémiques néerlandaises, d’autres institutions financières de premier plan manifestent un intérêt pour le secteur du cannabis. Les coffee-shops servent de nantissements pour des prêts hypothécaires consentis par le régime de retraite ABP (1), l’assureur Achmea (2), NIBC (3), Van Landschotbankiers (4), la Deutsche Bank (2), la banque française Crédit Agricole (1) et la suédoise Handelsbanken (2). Les services des impôts (2), l’État néerlandais (1) et les brasseurs Heineken (3), Grolsch (1) et Oranjeboom (1) ont également des coffee-shops en nantissement.
 
Si ces crédits hypothécaires s’appuient sur des boutiques de cannabis, on s’explique mal les réticences des banques à ouvrir des comptes à leurs exploitants. Il y a quelques années, des exploitants de coffee-shops à Maastricht, à Groningue et à Zwolle ont intenté des actions en justice contre des banques qui ne souhaitaient plus les conserver comme clients.
Des coffee-shops débordés
 
Nous pensions trouver Joachim Helms au coffee-shop Green House sur la Haarlemmerstraat à Amsterdam. Des vapeurs douceâtres de cannabis flottent au-dessus des petites tables de l’établissement plongé dans la pénombre. Du haut du mur derrière le comptoir, Snoop Dog, Eminem, Richard Branson et autres célébrités qui sont venues dans l’établissement regardent les clients fumer des joints. Un vendeur retire de l’étagère un bac en plastique après l’autre. Les bacs sont tous étiquetés. Mango Kosh, Super Critical. Le vendeur présente entre ses doigts toutes les têtes de cannabis aux clients. Finalement Joachim Helms est à côté, dans un restaurant. “Le lieu me semble plus adapté, dit-il. Quand on n’a pas l’habitude de respirer cette fumée, au bout d’une demi-heure on en ressent les effets.”
 
M. Helms, ses collègues et les autres membres de l’Association des détaillants de cannabis sont confrontés à un problème qui pourrait rendre jaloux d’autres entrepreneurs. En effet, certains coffee-shops se portent beaucoup trop bien. Ils regorgent littéralement de monde, ce qui crée de longues files d’attente et exige des aménagements intérieurs pour permettre une vente plus efficace par guichets. “Nous n’arrivons plus à gérer la demande. Ce qui laisse le champ libre à nos principaux concurrents : les dealers clandestins dans la rue”, dit Joachim Helms.
 
Ces dernières années, bon nombre de coffee-shops ont été contraints de fermer. Ils se situaient trop près d’un établissement scolaire, ou ne respectaient pas les règles, ou encore ont dû céder la place à des entreprises “convenables”. Intraval, organisme d’études sur le secteur des coffee-shops, a estimé en 1995 le nombre de coffee-shops aux Pays-Bas à 1 460, soit près du triple de leur nombre aujourd’hui. Compte tenu de ces fermetures, les coffee-shops sont à présent moins nombreux sur le marché et par conséquent débordés. Une situation incompatible avec la volonté de limiter la taille des coffee-shops. “La consommation de drogues douces est assez constante”, dit Bert Bieleman, directeur d’Intraval.

 
De nombreux exploitants de coffee-shops sont confrontés à une deuxième difficulté qui, aux yeux d’autres entrepreneurs, serait un problème de luxe : ils gagnent plus d’argent qu’ils ne peuvent en dépenser. Selon M. Helms, l’explication est essentiellement juridique :

 
Cette situation nuit à l’objectif initial des pouvoirs publics : celui de limiter la taille des entreprises qui vendent du cannabis.
Bart Vollenberg, copropriétaire de deux coffee-shops Koffie & Dromen à Almere et à Lelystad, décrit son activité quotidienne comme du “noircissement d’argent”. “L’argent que nous versent nos clients est blanc, mais nous le noircissons dès que nous nous approvisionnons auprès de nos fournisseurs.” M. Vollenberg, par l’intermédiaire de la fondation Epicurus, plaide en faveur de la légalisation de la culture du cannabis. Bien que sa boutique soit tolérée, il dépend pour son approvisionnement de personnes qui, de fait, sont obligées de transgresser la loi. “C’est complètement tordu”, estime-t-il.
Deux mois de prison pour avoir cultivé du cannabis
 
Chaque année, la police découvre près de six mille plantations, soit en moyenne seize par jour, souvent dissimulées dans des entrepôts ou des immeubles de bureau. Récemment, les époux John et Ines, qui vivent à Bierum, au nord de Groningue, ont été condamnés à deux mois de prison pour avoir cultivé du cannabis. Ils s’efforçaient pourtant de faire les choses dans les règles : ils payaient leur facture d’électricité et leurs impôts, n’utilisaient pas de pesticides et ne fournissaient que deux coffee-shops tolérés.
 
Mais même ceux qui s’en tiennent aux règles n’ont pas le juge de leur côté. Selon les détracteurs de cette approche sévère, celle-ci a surtout pour résultat de décourager les petits cultivateurs et de favoriser l’emprise du crime organisé sur la culture du cannabis. Les coffee-shops exerçant leurs activités avec l’accord de la municipalité et du fisc ont donc beau faire, ils ont toujours un pied dans la criminalité.
 
 
 
Pour dresser un tableau des “coulisses” des coffee-shops, nous avons fait l’inventaire, sur la base de sources publiques, des antécédents pénaux des exploitants, ainsi que des propriétaires immobiliers et des créanciers hypothécaires de coffee-shops en activité.
 
Un peu moins de la moitié (256) sont concernés par des affaires qui ont fait l’objet de poursuites pénales – que ce soient les dépassements de stocks, le blanchiment d’argent, les délits économiques, la détention d’armes ou pire. Il y a dix ans, il s’est avéré qu’un tiers des exploitants de coffee-shops et de grow-shops [boutiques qui vendent les équipements destinés à la culture du cannabis] connus de la police dans le sud des Pays-Bas s’étaient rendus coupables d’actes criminels graves.
 
 
 
 
 
 
 





© SHERPAS 428 / CREATIVE COMMONS


 
Mais si les exploitants de coffee-shops font régulièrement l’objet de contrôles, ce n’est pas le cas des propriétaires d’immeubles ou de leurs financiers. À Amsterdam, il s’est avéré que les personnes avec un passé douteux restent tranquillement propriétaires d’immeubles abritant des coffee-shops. C’est le cas de Bertus Cirkel, l’entrepreneur aventureux du quartier de Wallen, patron de l’établissement De Keeper.
 
Son avocat a refusé de répondre aux questions. L’Italien Raffaele Imperiale, qui entretenait des relations avec la mafia napolitaine et avait accroché aux murs chez lui des tableaux volés de Van Gogh, possède le coffee-shop Rockland. À Haarlem, les immeubles abritant les coffee-shops Maximillian, The Snoop et Take Away appartiennent aux frères de Kris J., un indicateur de la police condamné pour avoir importé et revendu dans les années 1990 10 000 kilos de hash et de cocaïne.
La journée de libération du cannabis
 
Le feu passe au rouge et un jeune homme portant catogan et lunettes de soleil branchées pose un pied à terre. L’autre reste sur la pédale. Une petite enceinte dans la poche latérale de son sac à dos diffuse du Bob Marley, I Shot the Sheriff. Le pied bat sur la pédale le rythme des accords étouffés joués par Marley à la guitare. L’effet est contagieux : le soleil dans le dos, le king of reggae en fond sonore, nous voilà partis pour la neuvième manifestation de la Cannabis Bevrijdingsdag, la journée de libération du cannabis, dans le Flevopark à Amsterdam.
 
Le plus grand événement organisé autour du cannabis aux Pays-Bas est un festival gratuit qui fête la “culture internationale du cannabis” avec des conférences, de la musique et surtout beaucoup de joints, de pipes à eau et de vaporisateurs. Le public est hétéroclite, même si tous les participants plissent les yeux à mesure que l’après-midi avance.
 
Assis sur leurs petits tapis dans l’herbe, ils regardent les sommités nationales et internationales se succéder sur deux podiums. “Les politiciens ne veulent pas comprendre que nous ne sommes absolument pas des hippies. Alors que nous avons vraiment dépassé ce stade”, dit Alan Dronkers, fils de Ben Dronkers, le propriétaire de l’empire Sensi Seed, sur le podium de la Cannabis University. Son point de vue : l’illégalité de la culture de cannabis nuit à sa qualité. “Il faut la libéraliser, de même qu’on peut cultiver du tabac et brasser de la bière”, dit-il. Applaudissements.
 
Les personnes présentes sont conscientes que jamais la perspective d’une légalisation n’a été aussi proche. La proposition de loi en faveur d’un “circuit fermé” présentée par la députée Vera Bergkamp, du parti D66, concerne surtout la culture, dit-elle :

 
Elle suggère dans sa proposition que, dans le cadre de la politique de tolérance, le ministre de la Santé donne son feu vert à des plantations contrôlées. Les cultivateurs pourraient vendre leurs récoltes uniquement aux coffee-shops tolérés et ceux-ci pourraient s’approvisionner uniquement auprès d’eux. “Le but de la proposition de loi est de protéger la santé publique, argumente Mme Bergkamp. Le cannabis est le seul produit aux Pays-Bas dont la vente est autorisée, mais dont la qualité échappe à tout contrôle”.
La politique de tolérance, une façon de ne pas trancher
 
La politique actuelle est surtout le résultat d’un compromis pour se concilier, au sein de la sphère politique, les opposants à une légalisation. L’introduction de cette approche dans les années 1970 n’a pourtant pas vraiment permis de sortir de l’impasse politique de l’époque. Et le problème persiste aujourd’hui : la proposition de loi de Vera Bergkamp a certes été adoptée par la deuxième chambre du Parlement, mais ses détracteurs sont pour l’instant majoritaires à la première chambre.
 
La politique de tolérance est une manière de ne pas avoir à prendre des décisions difficiles : on n’interdit pas, mais on n’autorise pas non plus. Cette indécision a créé un secteur où on laisse les consommateurs en paix, mais où les centaines de millions qui y sont dépensés sont en partie “noircis” par les boutiques de cannabis qui s’approvisionnent via des circuits criminels.
 
Les intérêts financiers acquis dans les coffee-shops par des banques et des créanciers sérieux accentuent l’imbrication des activités officielles et des activités clandestines au lieu de l’empêcher.
L’an dernier, lors d’un procès contre un exploitant de coffee-shop qui détenait un trop grand stock, le juge amstellodamois Frank Wieland a mis le doigt sur le point sensible. Il déclarait dans son jugement :

 
Cet article a pu être rédigé grâce au soutien de Fonds 1877.
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Source: courrierinternational.com
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Les Suisses favorables à la levée de l’interdiction du cannabis
Par mrpolo,
Santé - Près de deux tiers de la population suisse se déclarent favorable à la légalisation de la vente et de la consommation du cannabis, selon une enquête réalisée par le Fachverband Sucht, le partenaire alémanique du GREA.
 


Image d'illustration




Fabienne Morand


 
 
 

Selon une enquête réalisée en Suisse publiée aujourd'hui’hui par le Fachverband Sucht, le partenaire alémanique du GREA, toutes les régions linguistiques se prononcent pour une nouvelle approche concernant l'assouplissement de la loi actuelle sur le cannabis.
Toutefois, cette majorité émettent des conditions. Ils sont 66% à se prononcer en faveur d’une levée de l’interdiction du cannabis pour autant que sa consommation reste proscrite pour les jeunes de moins de 18 ans.
 
Dans les mêmes proportions, une levée de l’interdiction est envisageable du moment que les personnes s’abstiennent de consommer si elles conduisent.
64% des personnes sondées estiment qu’une levée de l’interdiction va de pair avec la mise en place d’une réglementation comme c’est le cas pour les cigarettes (interdiction de fumer dans les lieux publics, par exemple). Elles sont également pour que la vente se fasse dans les pharmacies, ou dans des magasins spécialisés, par du personnel formé.
Tessin, défenseur de la légalisation
 
Au Tessin, entre 75 % et 88% des personnes sondées y sont favorables, du moment que l’interdiction demeure pour les moins de 18 ans. En Suisse romande, ce taux se situe entre 42% et 56% selon les mêmes conditions.
 
Le GREA se réjouit de ces résultats. Allant au-devant d’un débat imminent sur la réglementation du cannabis et déjà amorcé dans les villes projets pilotes, les chiffres sont un appel et un signal fort à l’acceptation d’une réglementation du cannabis tant envers des politiques qu’envers les autorités publiques fédérales et cantonales. A noter que l'enquête s'est déroulée entre le 11 juillet et le 5 août 2017 auprès de 1’200 personnes âgées de plus de 18 ans
 
Source: lacote.ch
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Homegrown, le fanzine historique du cannabis, fait son retour sur le Web
Par mrpolo,
Une association anglaise redonne vie au premier magazine qui parlait fumette.
 


Homegrown (© Photographic Youth Music and Culture Archive)


 
 
 
En 1977, le candidat à la mairie de Londres, Lee Harris, lançait le premier magazine de contre-culture sur les drogues au Royaume-Uni.
 
Baptisée Homegrown, la publication était une petite révolution, abordant la consommation de cannabis à un tournant dans la culture underground britannique.
Le magazine proposait, entre autres, des conseils juridiques et du soutien pour les consommateurs qui étaient condamnés à des peines de prison, tout en instillant un état d’esprit positif de célébration de la weed au Royaume-Uni.
 
Pour beaucoup, Homegrown aurait été à l’origine d’autres publications, notamment le journal américain High Times, avant de disparaître en 1982.
 
L'association Youth Club, qui rassemble des archives culturelles sur la jeunesse, a donc décidé de redonner vie à ce magazine pionnier.
En collaboration avec leur équipe d’archivistes, l’organisation britannique a rassemblé et scanné tous les numéros du magazine, et s’est associée avec Lee Harris pour développer un site Internet qui héberge cette collection.
Les publications contiennent des articles et des illustrations de Timothy Leary, Harry Shapiro, Brian Barritt, Mick Farren, Bryan Talbot, Julie Burchill, Peter Tosh, Tony Parsons et Michael Hollingshead.
 
Lee Harris écrivait alors sur l’émergence des psychotiques, et Homegrown a été un des rares médias à soutenir les accusés dans l’affaire de l’Opération Julie.
Pendant deux ans, une enquête policière a été menée sur la production de LSD de deux réseaux de drogues au milieu des années 70. Une centaine de personnes ont été arrêtées et 6,5 millions de comprimés ont été saisis, soit la plus grande opération jamais menée dans le monde à l’époque.
 




Homegrown (© Photographic Youth Music and Culture Archive)


 
À 79 ans, Harris Lee est toujours un fervent défenseur du cannabis. Il mène encore des opérations de lobbying auprès du gouvernement et s’est même de nouveau présenté à la mairie de Londres en 2016 en tant que candidat du parti intitulé CISTA (dont l’anagramme se traduit par : le Cannabis est plus sûr que l’alcool).
 
Youth Club organise une conférence de Lee Harris le 31 août à Londres, ainsi qu’une exposition qui se tiendra jusqu’au 8 septembre dans le cadre de l’évènement Subculture Archives.
Vous pouvez vous procurer une copie digitale du magazine Homegrown ici.
 
 
 




Homegrown (© Photographic Youth Music and Culture Archive)


 





Homegrown (© Photographic Youth Music and Culture Archive)


 





Homegrown (© Photographic Youth Music and Culture Archive)


 





Homegrown (© Photographic Youth Music and Culture Archive)


 


Homegrown (© Photographic Youth Music and Culture Archive)


 
Traduit de l’anglais par Sophie Janinet
 
par Matthew Kirby |
 
Source: konbini.com
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Le cannabis influence-t-il les résultats scolaires ?
Par mrpolo,
L’hypothèse d’un effet direct de la consommation de cannabis sur la concentration, la motivation, et à terme la réussite scolaire des jeunes, est soutenue par des données de recherches en neurosciences montrant des lésions spécifiques chez les adolescents consommateurs. Explications.
 
 
 
Maria Melchior, Directrice de recherche Inserm et ses collègues français et nord-américains, ont ainsi voulu étudier l’existence d’une éventuelle relation causale entre l’initiation précoce de la consommation de cannabis (avant 17 ans) et le niveau d’étude atteint plus tard.
 
Leurs résultats, qui portent sur plus de 1000 personnes, ont été publiés en mai dernier dans la revue International Journal of Epidemiology et viennent compléter les études déjà disponibles qui montrent que la consommation de cannabis durant l’adolescence prédit le niveau d’études atteint plus tard. Cependant, de nombreux facteurs qui rendent certains jeunes plus susceptibles de consommer du cannabis de manière plus précoce que d’autres, n’avaient pas été pris en compte, tels que les caractéristiques familiales ou encore les difficultés psychologiques ou scolaires.
 
De nouvelles analyses qui précisent les résultats…
 
Les analyses des chercheurs sont basées sur les données de la cohorte TEMPO qui en 2009 a recueilli des informations auprès de 1103 personnes âgées de 25 à 35 ans. Les parents de ces jeunes adultes font partie de la cohorte GAZEL, une étude longitudinale qui a débuté en 1989.
 
Ceci permet de documenter les caractéristiques de leur milieu social d’origine ainsi que leur comportement et parcours scolaire dans l’enfance. L’initiation précoce du cannabis a été définie par une consommation avant 17 ans. Le niveau d’études atteint a été défini par l’obtention ou non du baccalauréat.
 
Afin de comparer les consommateurs précoces (<17 ans) et non précoces (>=17 ans) de cannabis aux non consommateurs, des scores de « propension » ont été calculés à partir des caractéristiques sociodémographiques des participants et de leurs parents, et intégrés aux analyses. Plusieurs conclusions en ont découlé :
 
— En prenant en compte l’âge et le sexe des participants, par rapport aux non-consommateurs de cannabis, les consommateurs précoces ont une probabilité plus élevée de ne pas dépasser le baccalauréat (OR=1,77, IC95% 1,22-2,55).
 
— En prenant en compte les caractéristiques individuelles et familiales susceptibles de prédire l’initiation précoce du cannabis, cette association est légèrement diminuée mais reste statistiquement significative (OR=1,64, IC95% 1,13-2,40).
 
— Les jeunes ayant initié la consommation de cannabis après 17 ans ont un niveau de diplôme comparable aux non consommateurs.
 
— La consommation précoce de cannabis et le niveau d’études semblent plus fortement associés chez les jeunes filles que chez les jeunes garçons.
 
« La consommation précoce de cannabis peut donc induire des difficultés scolaires, se traduisant à terme par un niveau d’études inférieur à celui obtenu par des jeunes non consommateurs, et ceci quel que soit le milieu social considérées, les difficultés psychologique ou scolaires des jeunes ».
« Les mécanismes par lesquels la consommation de cannabis à un âge précoce affecte le devenir scolaire peuvent avoir trait à la baisse de la motivation, aux problèmes de mémorisation et de concentration, entre autres », expliquent les chercheurs. « Dans un contexte où en France un collégien sur dix (un sur cinq en 3ème) et près d’un lycéen sur deux a déjà expérimenté le cannabis, le recul de l’âge d’initiation de l’usage de ce produit est un objectif de santé publique majeur », estiment-ils également.
L’étude TEMPO a reçu le soutien financier de la MILDECA, de l’INCA, de l’IRESP et de l’ANR.
 
Par Vanessa Bernard
 
Source: observatoire-sante.fr
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Les Français, plus grands amateurs de cannabis d'Europe
Par Indi-Punky,
Selon un rapport de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA), les Français sont les Européens qui consomment le plus de cannabis – un phénomène concernant les jeunes adultes comme les adolescents.
 
 
 


© Andres Stapff Source: Reuters Du cannabis



(image d'illustration)


 

Un récent rapport de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA), qui évalue la consommation, le trafic et la dangerosité des drogues en Europe, et du groupe de recherche ESPAD («European School Survey Project on Alcohol and Other Drugs»), qui travaille sur la consommation de drogues chez les adolescents de 15-16 ans, a révélé que les Français étaient les champions d'Europe de la consommation de cannabis.
 
 
 





Bientôt des contraventions immédiates contre les consommateurs de cannabis

 
La France arrive en effet en tête des pays de l'Union européenne dans ce domaine : 40,9% des Français de 15 à 64 ans déclarent avoir déjà fumé du cannabis dans leur vie, soit la proportion européenne la plus élevée (la moyenne de l'UE, elle, est de 26,3%).
 
De plus, 22,1% des jeunes adultes français (15-34 ans) ont déclaré en avoir consommé l’année passée, contre une moyenne de 13,9% dans les pays étudiés. C'est par ailleurs le cas de 31% des adolescents de 15-16 ans, contre une moyenne européenne de 18%. Sur ce point précis, seule la République tchèque surpasse la France, où 37% des adolescents concèdent avoir déjà consommé de la marijuana.
 
Si le cannabis est la drogue la plus répandue en France, une autre fait une percée non négligeable : la MDMA (ou ecstasy). En France, 2,3% des jeunes adultes ont déclaré en avoir consommé l’an passé. En Europe, 14 millions d’adultes l'auraient déjà essayée.
En revanche, le taux de mortalité par overdose en France est nettement inférieur à celui d'autres pays européens. Il est de sept pour un million d'habitants en France, contre par exemple 60 pour un million au Royaume-Uni, plus grand consommateur d'opiacés d'Europe.
 
Source: francais.rt.com
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ÉPILEPSIE et CANNABIS : Pourquoi il est important de faire régulièrement des analyses de sang
Par mrpolo,
On sait maintenant que le cannabidiol (CBD), un des 2 principaux agents actifs du cannabis a un effet anticonvulsivant dont l’efficacité a été documentée à la fois chez l’animal modèle d’épilepsie puis chez l’Homme.
 
 
 
Cette étude ouverte menée par une équipe de l'Université de l'Alabama à Birmingham confirme son intérêt thérapeutique en cas d’épilepsie réfractaire, chez les enfants et les adultes atteints. Ces données, présentées dans Epilepsia, la revue de la Ligue internationale contre l'épilepsie (ILAE), expliquent, pour la première fois, comment le CBD interagit avec les antiépileptiques couramment utilisés.
 
 
 
L'étude menée auprès de 39 adultes et 42 enfants atteints d’épilepsie difficile à contrôle par médicaments, suggère qu'un traitement neurologique expérimental dérivé du cannabis modifie en fait le taux sanguin des antiépileptiques couramment utilisés. Cette interaction médicamenteuse serait donc désormais à considérer. Car tous les patients épileptiques prennent généralement des médicaments contre les crises. Ici, les participants, sous traitement antiépileptiques ont également reçu cette thérapie expérimentale à base de CBD. Les chercheurs ont mesuré le taux sanguin des autres médicaments pour voir s'ils étaient modifiés avec la thérapie expérimentale.
 

Le cannabidiol interagit avec les autres antiépileptiques :
 
L’équipe constate en effet des changements significatifs dans les niveaux des agents actifs avec les traitements,
-par clobazam, son métabolite actif N-desmethylclobazam, par topiramate et par rufinamide chez les adultes et les enfants,
-par zonisamide et l'eslicarbazépine chez les adultes.
-Sauf pour le clobazam / desmethylclobazam, ces taux de médicaments ne sont pas modifiés au-delà des limites normalement acceptées.
 
-Les participants sous valproate (Dépakine®) et CDB présentent des niveaux plus élevés d’aspartate aminotransferase (AST) et d’alanine aminotransferase (ALT) suggérant des modifications de la fonction hépatique : en effet, trop élevés, les niveaux de ALT et AST indiquent une fonction hépatique anormale, mais cette élévation significative ne s'est produite que chez un nombre très restreint de participants (4 enfants et 1 adulte). De plus ces niveaux reviennent à la normale après l'arrêt du valproate et de la CDB.
 

Ainsi, si l'interaction entre CBD et le clobazam était déjà établie dans la littérature, ces nouvelles données montrent les interactions possibles du cannabidiol avec les autres anticonvulsifiants. Ces premiers résultats soulignent l'importance de surveiller les taux sanguins de médicaments antiépileptiques ainsi que la fonction hépatique en cas de prise de cannabidiol.
 
Il faut considérer le cannabidiol, concluent les auteurs, comme un médicament qui comme les autres antiépileptiques peut avoir des interactions avec d'autres médicaments.
 
 
 




 
Epilepsia August 7, 2017 DOI: 10.1111/epi.13852 Interactions between Cannabidiol and Commonly Used Anti-Epileptic Drugs
 
Source: santelog.com
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Remède ou drogue: le cannabis "thérapeutique" fait débat en Afrique du Sud.
Par mrpolo,
Le débat sur la légalisation du cannabis fait rage en Afrique du Sud.
Un tribunal de la province du Cap-Occidental a considéré fin mars la criminalisation du cannabis comme inconstitutionnelle.
 





 


Un Sud-Africain atteint de sclérose en plaques, qui produit du cannabis



à Johannesbourg, le 18 juillet 2017-AFP/MUJAHID SAFODIEN


 

"Après son opération des pieds, ses anti-douleurs n’avaient aucun effet. Il n’arrêtait pas de hurler. A l’instant même où j’ai déposé une goutte d’huile de cannabis sur sa langue, il s’est calmé".
Depuis plusieurs mois, Susanne (prénom modifié) donne un nouveau traitement à son fils de sept ans atteint du syndrome de Costello, une maladie rare qui provoque malformations physiques et déficit intellectuel.
 
"Ca a vraiment changé notre vie", affirme cette habitante de Johannesburg à l'AFP.
Le débat sur la légalisation du cannabis fait rage en Afrique du Sud, où un tribunal de la province du Cap-Occidental (sud) a considéré fin mars sa criminalisation comme inconstitutionnelle. Le Parlement sud-africain a deux ans pour décider d’adapter ou non la législation.
 
 
 





Un enfant atteint du syndrome Costello soigné à l'huile de cannabis à Johannesburg, le 18 juillet 2017-AFP/MUJAHID SAFODIEN


 
Susanne, jeune maman célibataire, et ses proches sont convaincus de son utilité: ils ont été médusés par l’effet du cannabis sur la santé du petit garçon. Selon eux, après un mois de traitement, "il était désormais capable de jouer seul et ne perturbait plus les autres enfants à l’école".
 
Quand Susanne a entendu parler du cannabis "thérapeutique" pour la première fois, elle affichait pourtant un profond scepticisme. "Ça m’a fait rire", explique-t-elle, "je pensais que les gens fumaient juste pour se défoncer".
Ses a priori sont balayés lorsqu'elle croise la route de Gerd Bader, un fervent défenseur des bénéfices de la "dagga", surnom donné à la plante en Afrique du Sud.
Lui-même atteint de sclérose en plaques, il utilise l’huile de cannabis pour soulager ses douleurs et conseille à Susanne d’en faire autant avec son fils.
- Considéré comme un criminel -
 
A 49 ans, Gerd Bader produit du cannabis et la transforme en huile pour une vingtaine de personnes dans un endroit qu’il préfère garder secret par peur des descentes de la police.
 





Le Sud-Africain Gerd Bader atteint de sclérose en plaques, qui produit du cannabis "thérapeutique" à Johannesbourg, le 18 juillet 2017-AFP/MUJAHID SAFODIEN


 
"Les gens qui souffrent et meurent en ce moment même ne peuvent pas attendre deux ans que le Parlement se décide éventuellement à légaliser le cannabis. Ils en ont besoin maintenant".
Aujourd’hui en fauteuil roulant, Gerd affirme que l’huile de cannabis lui "a sauvé la vie", comme aucun autre médicament n’a pu le faire selon lui.
 
Il vend aujourd'hui ce remède peu conventionnel 600 rands (40 euros) le flacon de 2 grammes à d’autres malades qu’il considère comme ses "patients".
"Je viens en aide à ceux que les médecins ont laissé tomber. Et pour ça, je suis considéré comme un criminel", s’indigne-t-il

.







Atteint de sclérose en plaques, Gerd fabrique et utilise l’huile de cannabis pour soulager ses douleurs -AFP/MUJAHID SAFODIEN


 
La possession, la culture et la consommation de marijuana – même en petite quantité – sont interdites en Afrique du Sud et peuvent conduire les contrevenants à la prison.
Le procès d'un couple arrêté pour possession de marijuana en 2010 a d'ailleurs débuté fin juillet à Pretoria. Connu comme le "couple dagga", Myrtle Clarke et Julian Stobbs entendent prouver les vertus médicinales du cannabis devant la justice.
 
- Médicament ou poison ? -
La communauté scientifique demeure elle divisée sur les bienfaits médicaux du cannabis.
En janvier, l’Académie américaine des sciences a proposé une synthèse de plus de 10.000 travaux parus sur les effets de la plante. Si elle est efficace pour réduire la douleur dans certains cas, trop de zones d’ombre demeurent encore pour ces experts.

Le débat sur la légalisation du cannabis fait rage en Afrique du Sud, où un tribunal de la province du Cap-Occidental (sud) a considéré fin mars sa criminalisation comme inconstitutionnelle-AFP/MUJAHID SAFODIEN
 
Le conseil de recherches médicales sud-africain a de son côté lancé plusieurs essais cliniques, selon les médias locaux.
Pour Shaun Shelly, spécialiste des politiques liées aux drogues et chercheur à l’université de Pretoria, le cannabis peut être considéré comme une alternative lorsque les médicaments traditionnels ont été inefficaces.
 
"Comme pour n’importe quelle autre substance, il peut être un remède pour certaines personnes, et un poison pour d’autres", nuance-t-il.
"Pour des personnes qui ont des problèmes d’addiction, prendre du cannabis avec un fort taux de THC (principe actif de la marijuana) n’est pas recommandé", ajoute-t-il.
Mais il est catégorique sur un point. "La loi doit changer. Il est évident que pour le moment la politique de prohibition ne fonctionne pas", explique-t-il à l’AFP.
 
Un constat que l’ONU avait déjà fait en 2016 lors d’un sommet sur la drogue à New York.
Après quarante ans de répression, l’organisation internationale avait appelé les Etats à "réexaminer leurs politiques et leurs pratiques" en matière de cannabis.
Plusieurs pays ont modifié leurs lois anti-drogues qui dataient pour certains des années 1970.
Au début du mois de juillet, l’Uruguay est devenu le premier pays au monde à avoir complètement légalisé la production, la distribution et la consommation du cannabis.
 
Par AFP
Source: sciencesetavenir.fr
 




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