La semaine dernière, les députés d’une mission parlementaire ont publié un rapport recommandant une légalisation encadrée du cannabis. Une position soutenue par l’addictologue Jean-Pierre Couteron. Pour ELLE, il explique pourquoi il s’agit, à ses yeux, de la meilleure façon de protéger les Français.
Emmanuel Macron en a fait « la mère des batailles » et son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ne manque pas de féliciter chaque démantèlement de « point de deal ». Malgré ce tour de vis répressif, la France reste championne d'Europe de la consommation de cannabis, avec 5 millions d'usagers annuels et 900 000 fumeurs quotidiens. À rebours de la lutte anti-drogue menée par le gouvernement, les députés d’une commission parlementaire ont publié, mercredi 5 mai, un rapport recommandant une légalisation encadrée du cannabis. Jean-Pierre Couteron, addictologue et auteur de plusieurs ouvrages dont « Adolescents et cannabis - Que faire ? » (ed. Dunod), nous explique pourquoi cette mesure permettrait de mieux protéger les Français des dangers du produit et des trafics.
ELLE. Quel est le problème principal de la politique menée par l’Etat dans la lutte contre le cannabis ?
Jean-Pierre Couteron. Lorsque j’ai débuté dans les années quatre-vingt, la loi de 1970 confirmant l’interdiction de l’usage de tout stupéfiant avait été votée dix ans plus tôt. À cette époque, la consommation de cannabis, notamment chez les jeunes, n’était pas considérée comme un problème de santé. La mobilisation portait sur l’usage de l’héroïne et dans la foulée, sur le sida. Les jeunes qui fumaient du cannabis, il y en avait peu, et le système de soin les connaissait très mal. À la fin des années quatre-vingt-dix, on a constaté que malgré la prohibition, la consommation de cannabis auprès des jeunes était en nette augmentation. L'État a alors décidé de mettre plus de moyens sur la répression, au détriment de la prévention. C’est une politique qui coûte chère et aujourd’hui, on constate qu’elle n’a pas permis d’enrayer l’extension de l’usage du cannabis chez les jeunes. Elle n’a pas permis, non plus, d’empêcher le développement d’un marché parallèle, le phénomène de l’autoproduction et la diversification des produits.
ELLE. Le rapport de la mission parlementaire transpartisane rendu la semaine dernière prône une légalisation encadrée du cannabis. Qu’en pensez-vous ?
J-P. C. Je suis d’accord avec cette position. Le rapport démontre chiffres à l’appui, que la politique de répression est un échec. Je préfère que l’on sorte de cette prohibition pour aller vers un système de commercialisation contrôlée. La légalisation, ce n’est pas une libéralisation de la distribution de cannabis n’importe où, n’importe comment. Elle permettrait de fixer un cadre de commercialisation dans lequel l’Etat jouerait un rôle de régulateur en surveillant que les commerçants respectent les règles du jeu. En outre, ce processus de régulation permettrait de mettre en œuvre une vraie politique de prévention, totalement délaissée ces dernières années au profit de la répression. Ça peut être intéressant de punir, mais il faut d’abord éduquer et proposer des alternatives. Notamment en mettant plus de moyens sur les programmes de développement des compétences psycho-sociales qui apprennent aux jeunes à gérer leur stress et leurs émotions. De fait, ça enlève à l’expérience de l’usage du cannabis une partie de son intérêt puisque souvent, le produit est consommé pour surmonter une difficulté ou se calmer.
ELLE. Certaines personnes opposées à la légalisation avancent qu’une telle mesure entrainerait une augmentation du prix du cannabis, ce qui risquerait de dissuader les consommateurs de recourir au marché officiel. Est-ce que c’est un risque ?
J-P. C. C'est un risque, mais c’est une hérésie d’en faire une raison pour ne rien changer. Les taxes et la hausse de prix, ce sont des phénomènes qui s’ajustent et se surveillent. Les personnes qui avancent ces craintes, reconnaissent que les acheteurs pourraient avoir envie de rentrer sur un marché officiel. C’est normal puisqu’il y a des personnes qui n’ont pas envie d’entretenir des réseaux mafieux, etc. Pour que cette politique fonctionne, il faut trouver le meilleur point d’équilibre. Il faut que le marché officiel offre un produit de bonne qualité, avec ce qu’il faut de principes actifs et en éliminant les substances de coupage de mauvaise qualité, le tout, pour un prix qui reste attractif.
ELLE. Que nous montrent les expériences des pays qui ont opté pour une légalisation du cannabis ?
J-P. C. Le rapport parlementaire démontre très bien que dans les pays où l’on a légalisé l'usage du cannabis, comme le Canada ou certains états des Etats-Unis par exemple, certains arbitrages marchent mieux que d’autres. Il n’y a pas de honte à reconnaître que toutes les expériences n’ont pas eu le même succès. Cela montre qu’il faut continuer à ajuster les politiques. Cependant, il n’y a pas un seul pays ayant légalisé l’usage du cannabis qui envisage de revenir à la prohibition ! Les études montrent également que la légalisation n’induit pas une hausse de la consommation chez les jeunes. Dans certains cas, on commence même à observer une diminution de l’usage du cannabis chez ce public.
ELLE. Le président Emmanuel Macron a exclu il y a dix jours toute légalisation du cannabis et a réclamé « un grand débat national sur la consommation de drogues et ses effets délétères ». Que pensez-vous de cette initiative ?
J-P. C. Sur le principe, je n’ai rien contre. Mais ça m’agace car les grands débats, généralement, nous font tourner en rond. Il faut avoir conscience que cette annonce arrive dans un contexte pré-électoral. Avec cette initiative, on est dans le jeu politique. En France, le débat sur les addictions est gâché neuf fois sur dix parce qu’on s’en sert pour des batailles électorales. C'est devenu un sujet de clivages et les politiciens s’en emparent uniquement pour des effets de tribune, rarement avec la volonté de trouver des solutions aux problèmes rencontrés sur le terrain.
ELLE. Organiser un débat national après l’affaire Halimi, est-ce que ça ne risque pas de faire pencher la balance en faveur d’une tolérance zéro vis-à-vis du cannabis ?
J-P. C. Est-ce qu’on ne pourrait pas commencer par rappeler que l’affaire Halimi a eu lieu dans les années de la prohibition du cannabis ? Et non dans celle de la libéralisation du cannabis ! Comme pour le triste accident à Avignon, cette affaire est le résultat de l’inefficacité de la politique actuelle : en misant tout sur le système répressif, on a tourné le dos à la prévention et on a fait naître des tensions.
Cannabis : un rapport parlementaire critique "l'hypocrisie des discours de fermeté"
Dans un rapport, les députés d'une mission parlementaire sur le cannabis, dont certains membres de la majorité présidentielle, constatent "l'échec" de la politique répressive de la France.
Légaliser le cannabis pour "reprendre le contrôle" face aux trafiquants et mieux protéger les mineurs : c'est ce que recommandent les députés d'une mission parlementaire dans un rapport publié mercredi 5 mai, aux antipodes de la lutte antidrogue défendue par le gouvernement. Pilotée par certains membres de la majorité présidentielle, la mission se défend de "faire preuve de laxisme" et constate "l'échec" des politiques publiques, après de multiples auditions de médecins, policiers, magistrats et chercheurs.
Le budget alloué à la police, à la gendarmerie et aux douanes pour la lutte antidrogue a quasiment doublé entre 2012 et 2018 pour atteindre 1,08 milliard d'euros annuels, remarquent-ils. Pourtant, la France reste championne d'Europe de la consommation de cannabis, avec 5 millions d'usagers annuels et 900 000 fumeurs quotidiens. En léger recul, la consommation des mineurs reste deux fois supérieure à la moyenne européenne. Un "échec" sanitaire patent, malgré une politique qui cible plus les consommateurs de cannabis que les trafiquants. Sur les 160 000 infractions à la législation sur les stupéfiants relevées en 2020, 81% concernent l'usage.
Une politique "condamnée à échouer"
Le rapport déboulonne au passage le "mythe" d'une France parmi les plus répressives d'Europe. Si l'usage de drogues est passible d'un an de prison et de 3 750 euros d'amende, l'immense majorité des consommateurs écope tout juste d'un rappel à la loi ou d'une amende. Quant au trafic, la moyenne des peines prononcées pour la détention de 10 kilos de cannabis classe la France comme... le troisième pays européen le moins répressif.
Les députés dénoncent donc "l'hypocrisie des discours de fermeté régulièrement tenus". Emmanuel Macron a récemment fait de l'éradication des trafics de stupéfiants "la mère des batailles" et son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin salue sur Twitter chaque "démantèlement" de "point de deal". Cette politique, avec son plan anti-stupéfiants et l'instauration depuis septembre d'une amende forfaitaire pour usage de drogues de 200 euros, semble toutefois aux yeux des députés "condamnée à échouer comme les précédentes".
Le gouvernement clame sa volonté de s’en prendre aux dealers. Pourtant, un rapport démontre que les arrestations pour trafic augmentent bien moins vite que les interpellations pour usage. Pour le juriste Renaud Colson, la politique concernant les drogues est avant tout un faire-valoir politique afin d’échapper aux accusations de laxisme.
La guerre menée contre les stupéfiants toucherait plus les consommateurs que les trafiquants. C’est le bilan que tire l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) de la lutte anti-drogue, cinquante ans après la promulgation de la loi de 1970. Celle-ci voit l’usager de drogues à la fois comme un malade et comme un délinquant.
Difficulté pour appréhender les trafiquants
Ainsi, le nombre d’individus interpellés pour des infractions à la législation sur les stupéfiants (ILS) a été multiplié par 40, passant de 4.000 à 160.000 personnes en 2020. Or, selon l’Obseravoire, «les interpellations au titre de l’usage ont augmenté deux fois plus vite que les procédures pour trafic». En 2020, par exemple, elles représentaient 81% des mises en cause, contre 9% pour des faits d’usage-revente et 9% de trafic.
Une grille de lecture qui pourrait s’appliquer aux déclarations du ministre de l’Intérieur. D’ailleurs, Gérald Darmanin n’a pas manqué de s’auto-congratuler: «Depuis janvier, nous avons conduit plus de 1.300 opérations de démantèlement des points de deal. Nous effectuons des saisies importantes et régulières. Mais notre stratégie est aussi de s’attaquer aux consommateurs: plus de 70.000 amendes pénales leur ont été délivrées depuis le 1er septembre.» Des chiffres supposés démentir, en creux, les accusations de laxisme émanant de l’opposition.
Source: sputniknews.com
Extrait de l'interview du JDD 24 avril 2021:
Et sur la drogue le discours clair est du côté du gouvernement. Il l’est moins du côté des oppositions. Quand je vois le président des députés LR, Damien Abad, ou Robin Reda, le bras droit de Valérie Pécresse, prôner la légalisation du cannabis, je me demande où est le laxisme?
Cette ligne répressive contre l’usage du cannabis est dénoncée comme inefficace par les médecins… Ne faut-il pas une autre méthode?(le jdd)
Le cannabis est devenu une drogue dure. Tout le monde sait que le niveau de THC a augmenté de manière considérable et crée une dépendance très forte. Le cannabis est responsable de 500 morts sur les routes. Depuis janvier, nous avons conduit plus de 1 300 opérations de démantèlement des points de deal. Nous effectuons des saisies importantes et régulières. Mais notre stratégie est aussi de s’attaquer aux consommateurs : plus de 70 000 amendes pénales leur ont été délivrées depuis le 1er septembre. Et il faut dire la vérité, c’est souvent le bourgeois du 16e arrondissement parisien qui fait vivre le point de deal de Sarcelles.
Nous allons nous attaquer encore plus à la livraison à domicile et lutter contre le soft power des prolégalisation mené sur certaines plateformes Internet qui réunissent plusieurs millions de personnes. Mais il faut aussi agir sur la prévention : la dernière campagne de sensibilisation contre la drogue date de trente ans ! Le gouvernement en lancera une nouvelle avant la fin de l’été sous l’autorité du Premier ministre.
Le Sénat vient de soutenir de la mise en place d'un rapport d’évaluation de la loi drogue de 1921. "C’est toute l’approche en matière de drogues qui doit évoluer", pointe Julien Uyttendaele (PS),
Faut-il moins pénaliser la consommation de drogue?
Une demande de rapport d’évaluation de la loi drogue de 1921 avait été réclamée par le sénateur Julien Uyttendaele (PS), comme nous l’annoncions en février. Il y voyait une première étape de l’évolution de la loi vers moins de répression.
La demande a été largement soutenue ce vendredi au Sénat à 35 voix pour, 18 contre (principalement la N-VA, le Vlaams Belang et le CD&V) et 2 abstentions.
Le travail va donc pouvoir commencer, à l’instar de la mission parlementaire initiée à l’assemblée nationale française. “C’est une première étape pour faire évoluer cette loi qui fête cette année son centième anniversaire, mais c’est toute l’approche en matière de drogues qui doit évoluer. Le statu quo n’est plus tenable. Cette loi est la principale responsable de la surpopulation carcérale et pourtant le cannabis n’a jamais aussi accessible et consommé qu’aujourd’hui. On doit avancer”, a réagi Julien Uyttendaele, qui porte ce projet depuis longtemps. “C’est un bon signal, la loi de 1921 est dépassée depuis longtemps et nous allons ainsi avoir les outils pour instaurer un débat global et constructif.”
"Un joint pour un vaccin" à New York
Par AFP le 20.04.2021 à 21h33 Lecture 3 min.
Un homme, carte de vaccination en main, fume un joint distribué lors de l'opération "Un joint pour un vaccin" organisée le 20 avril 2021 à Union Square, à New York
AFP - Angela Weiss
"Un joint pour un vaccin": des militants de la légalisation de la marijuana ont fait un tabac mardi à Manhattan, en offrant un joint à toute personne pouvant attester avoir reçu au moins une dose de vaccin anti-Covid.
L'idée était de célébrer la légalisation fin mars du cannabis récréatif dans l'Etat de New York et de soutenir la campagne de vaccination -- tout en marquant la date du 20 avril ("4/20", en anglais, chiffres devenus nom de code pour désigner la consommation de cette drogue douce), journée officieuse de la marijuana.
"C'est la première fois qu'on peut s'asseoir et distribuer des joints légalement", a expliqué Michael O'Malley, l'un des organisateurs, en distribuant des joints préparés à l'avance par quelques bénévoles. "On soutient l'effort de vaccination du gouvernement fédéral et on essaie aussi de leur faire légaliser le cannabis au niveau fédéral."
Dès le début de la distribution, vers 11 heures du matin, une queue très décontractée d'une cinquantaine de personnes, jeunes et moins jeunes, s'était formée sur la place de Union Square, aux portes de Greenwich Village.
En l'espace de cinq heures, les intéressés ont pu vite défiler: une dizaine de minutes d'attente au soleil, juste le temps de montrer une carte de vaccination, en papier ou sur son smartphone, et de donner son adresse mail.
Pas de contrôle tatillon ni de vérification que certains ne fassent pas deux fois la queue: "on n'est pas trop regardant", reconnaît M. O'Malley.
Sarah Overholt, 38 ans, est ainsi repartie avec deux joints en poche: elle a montré sa carte de vaccination et celle de sa mère, âgée de 70 ans.
Pour elle, pas de doute: marijuana et vaccin sont tout autant indispensables.
"Je fume tous les jours et ça fait de moi une meilleure personne, croyez-moi", dit-elle en souriant.
Quant au vaccin, "tout le monde devrait se faire vacciner, il ne devrait pas falloir de l'herbe pour convaincre les gens de le faire, mais si ça marche, alors ça marche", estime cette trentenaire qui a reçu sa première dose le 25 mars et attend sa seconde jeudi.
Alex Zerbe, 24 ans, trader venu depuis son bureau tout proche, est du même avis. Il a déjà reçu ses deux doses et fume un joint "une ou deux fois par jour".
"Je trouverais toujours un joint" mais l'idée d'en offrir un aux personnes vaccinées "est juste cool", dit-il.
Dès la première demi-heure, 150 à 200 joints avaient été distribués, sur quelque 1.500 roulés à l'avance par les militants.
Diverses marques américaines, dans l'alimentaire notamment, ont lancé des promotions liées au vaccin ces dernières semaines: beignets, hot-dogs ou bières sont, à divers endroits du pays, offerts aux personnes présentant preuve de vaccination, selon des conditions variables.
Emmanuel Macron veut « briser un tabou » et « lancer lancer un grand débat national sur la consommation de drogue et ses effets délétères ». C’est ce qu’annonce le président de la République dimanche soir dans une longue interview au Figaro.
Dans une interview au Figaro, le président de la République indique qu’il souhaite un débat sur «les effets délétères» de la drogue. (Photo by CHRISTIAN HARTMANN / POOL / AFP)
« On se roule un joint dans son salon et à la fin on alimente la plus importante des sources d’insécurité… »
« Ceux qui prennent de la drogue - et cela concerne toutes les catégories sociales - doivent comprendre que non seulement, ils mettent leur santé en danger, mais qu’ils alimentent aussi le plus grand des trafics », assure le chef de l’Etat. « On se roule un joint dans son salon et à la fin on alimente la plus importante des sources d’insécurité… », ajoute Emmanuel Macron.
« Briser ce tabou »
Il dit souhaiter « provoquer une prise de conscience » et « briser ce tabou ». « À l’inverse de ceux qui prônent la dépénalisation généralisée, je pense que les stups ont besoin d’un coup de frein, pas d’un coup de publicité. Dire que le haschisch est innocent est plus qu’un mensonge. Sur le plan cognitif, les effets sont désastreux. Combien de jeunes, parce qu’ils commencent à fumer au collège, sortent totalement du système scolaire et gâchent leurs chances? Et je ne parle même pas des effets de glissements vers des drogues plus dures », estime Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron reconnaît que les trafics de stupéfiants « explosent » et « forment la matrice économique de la violence dans notre pays ». « Les éradiquer par tous les moyens est devenu la mère des batailles, puisque la drogue innerve certains réseaux séparatistes mais aussi la délinquance du quotidien, y compris dans les petites villes épargnées jusqu’ici. Ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue, c’est faire reculer la délinquance partout », souligne-t-il.
Il veut « harceler les trafiquants et les dealers »
Il affirme que le gouvernement passe « à la vitesse supérieure » avec l’objectif de « harceler les trafiquants et les dealers ». « Sur les 4000 points de deal répertoriés récemment, plus de 1.000 opérations coup-de-poing ont été réalisées ces dernières semaines. Et chaque jour, nous fermons un point de deal. Allez voir dans les quartiers comment cela change la vie! », selon lui.
Il ajoute que « 70 000 amendes forfaitaires délictuelles ont été dressées depuis septembre ». « Ça veut dire quelque chose de clair: si vous vous faites prendre comme consommateur, vous savez que vous allez devoir payer et que vous n’allez pas y échapper. Ça change le rapport de force », explique-t-il.
Il promet de tenir l’objectif de 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires
Dans la même interview, anglée sur la sécurité, le président de la République a promis de tenir son objectif de 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires d’ici la fin du quinquennat, ainsi « chaque circonscription de police aura plus de policiers à la fin du quinquennat qu’au début, sans exception ».
Il a aussi annoncé la création à Montpellier d’une « école de guerre avec de la formation continue » ainsi que la modernisation de l’uniforme et le remplacement de la casquette par un calot.
Colorado – Quand la culture du cannabis pollue plus que l’industrie du charbon !
Cela n’avait pas encore été quantifié jusque-là : la production légale de cannabis se révèle dramatiquement émettrice de gaz à effet de serre.
Rédigé par Paul Malo, le 13 Mar 2021, à 18 h 01 min
Les émissions de gaz à effet de serre dues à la production de cannabis légal aux États-Unis peuvent dépasser celles de l’industrie minière.
Cannabis médical ou récréatif – Un impact environnemental qui reste à quantifier
C’est une étude dont les résultats sont tout simplement « stupéfiants » qui a été publiée le 8 mars dernier par une équipe de chercheurs de la Colorado State University dans les colonnes de la revue Nature Sustainability(1).
Ils ont eu l’idée de se pencher sur les émissions de gaz à effet de serre des plantations légales de cannabis. En effet, dans certains États américains, la consommation médicale ou récréative en est autorisée, et la culture également.
« La légalisation du cannabis a entraîné une augmentation substantielle de la production commerciale, mais l’ampleur de l’impact environnemental de l’industrie n’a pas été pleinement quantifiée, explique cette étude. Une quantité considérable de cannabis légal est cultivée à l’intérieur, principalement pour des raisons de contrôle de la qualité et de sécurité. Nous avons analysé l’énergie et les matériaux nécessaires pour cultiver du cannabis à l’intérieur et quantifié les émissions de gaz à effet de serre correspondantes en utilisant une méthodologie d’évaluation du cycle de vie. »
Le 25 février 2020, le Centre américain pour le contrôle et la prévention de la maladie (CDC), en collaboration avec la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis, les services de santé locaux et des états, et d'autres partenaires cliniques ou publics en santé ont publié une mise à jour sur l'éclosion de maladies pulmonaires sévères associées au vapotage (MPAV). Sur un total de 2807 hospitalisations, 68 se sont avérées fatales. On attribue les lésions pulmonaires fatales à l'acétate de vitamine E qu'on retrouve dans les produits de vapotage et dans les liquides pulmonaires des sujets affectés [1].
En novembre 2019, la Belgique rapportait un cas de décès associé à l'usage de cigarettes électroniques contenant du cannabidiol (CBD) [2].
OBJECTIF
L'objectif de l'étude est de déterminer la présence de vitamine E ou d'acétate de vitamine E ainsi que d'autres substances potentiellement dangereuses dans les échantillons commerciaux de liquides à vapoter (aussi appelé e-liquides) enrichis de CBD vendus sur le marché européen.
MÉTHODOLOGIE
Tests d'identification
Entre la fin 2019 et le début 2020, 1 unité (bouteille) de 15 marques différentes de liquides à vapoter enrichis de CBD a été achetée à divers endroits (par internet, chez les buralistes, en boutique).
Chacune des bouteilles a été analysée selon une méthode de chromatographie en phase gazeuse/spectrométrie de masse (CPG-MS) en mode de balayage complet (scan), ce qui nous a permis d'obtenir l'information sur le contenu total des échantillons. Les substances détectées séparément par la chromatographie ont été comparées avec une base de données (bibliothèque NIST) ce qui a permis de les identifier avec un certain degré de fiabilité. L'analyse d'identification a été menée au moyen de deux méthodes de chromatographie différentes et dans des laboratoires distincts, ce qui nous a permis de détecter un plus grand nombre de substances présentes. De plus, l'une des méthodes a été réalisée au moyen de deux techniques d'injection différentes, c'est-à-dire l'injection directe et la technique dite de « l'espace de tête ».
Bien que les tests décrits ci-dessus permettent d'identifier un grand nombre de substances présentes dans les échantillons, un autre test d'identification spécifique pour la vitamine E et l'acétate de vitamine E a été exécuté par CPG-MS. Celui-ci a été réalisé selon les directives de la pharmacopée européenne (04/2005:0439) pour l'identification de ces deux substances.
Tests de quantification
Lorsque les résultats d'identification ont été obtenus, le CBD a été quantifié par chromatographie en phase liquide avec détecteur à barrette de diodes (HPLC-DAD) et l'acétate de vitamine E par CPG-MS. Dans les deux cas, les échantillons ont été analysés deux fois (contre-analyse).
RÉSULTATS
Tests d'identification
La plupart des échantillons (14 sur 15) ont démontré la présence de propylène-glycol (PG) ou du glycérol (VG), composés de base qui se retrouvent généralement dans les liquides à vapoter. L'un d'eux n'en contenait aucun. Dans ce dernier, du squalane et du tricaprylate de glycérol ainsi qu'une forme de vitamine E ont été identifiés. Dans les tests spécifiques pour l'identification de la vitamine E et de l'acétate de vitamine E, ce même échantillon a donné un résultat positif pour la présence d'acétate de vitamine E.
En plus de ces composés, la plupart des échantillons (12 sur 15) contenaient des terpènes qui sont également présents naturellement dans la plante de cannabis. Les plus fréquents étaient le ß-caryophyllène, détecté dans 10 des 15 échantillons, le limonène dans 8 échantillons et le ß-myrcène et le farnesène dans 7 échantillons.
Des phytocannabinoïdes autres que le CBD ont également été détectés : d9-THC a été identifié dans tous les échantillons et CBDV dans 12 d'entre eux.
La présence d'alcool benzylique pouvant provoquer de la toux, des étourdissements et des maux de tête a été relevée dans un échantillon, et ce, selon les deux méthodes [3].
Tests de quantification
En ce qui a trait au CBD, l'analyse de 14 des 15 échantillons a démontré des valeurs inférieures à celles figurant sur l'étiquette. Seuls 4 échantillons ont démontré un écart de moins de 10 % inférieur au pourcentage déclaré (-6 %, -3,4 %, -2,5 % et -8 %). En moyenne, la concentration de CBD était de 27 % inférieure à la valeur indiquée sur l'étiquette, avec les extrêmes allant de +6,67 % à -78,33 % de CBD. Un seul échantillon révélait une valeur supérieure à celle déclarée (6,67 %). Le coefficient de variation (% CV) lors de la contre-analyse était très élevé pour certains échantillons (jusqu'à 40,03 %), ce qui indique un manque d'homogénéité du produit.
Figure 1. La concentration de CBD dans les échantillons analysés par rapport aux valeurs sur les étiquettes
L'échantillon ayant obtenu un résultat positif pour l'acétate de vitamine E a rapporté une concentration de 244,48 mg d'acétate de vitamine E par gramme de l'échantillon lors du test de quantification.
CONCLUSIONS
La présence d'acétate de vitamine E a été confirmée dans un des 15 produits examinés dans le cadre de cette étude.
Il n'y a aucune donnée relative au seuil de dangerosité de ce composé lorsqu'il est inhalé dans un liquide à vapoter. Cependant, la documentation existante sur l'utilisation de cigarettes électroniques et la présence d'acétate de vitamine E par les gens souffrant de maladies pulmonaires graves tend à en déconseiller la consommation.
De la même manière, la présence d'autres composés comme l'alcool benzylique, qui peut entraîner des problèmes pulmonaires à court et à long termes, souligne le besoin d'exercer un meilleur contrôle sur la composition de tels produits, soit en limitant leur usage ou en fournissant des informations sur l'étiquette.
La présence de d-9 THC dans tous les échantillons signifie que, selon la quantité consommée, les tests de dépistage pourraient donner des résultats positifs pour cette substance.
En ce qui a trait au contenu en CBD, dans certains échantillons, l'écart entre la valeur déclarée et celle quantifiée était très grand, tout comme le manque d'homogénéité, ce qui démontre un manque de contrôle et l'absence de pratiques exemplaires dans la fabrication du produit.
On remarque aussi une tendance à ajouter des terpènes typiques à la plante de cannabis dans le liquide à vapoter, possiblement avec comme objectif de rapprocher le goût du liquide à vapoter à celui de la plante.
Le Mexique pourrait bientôt devenir le plus grand marché légal de la marijuana
Le Congrès mexicain s'apprête à adopter une loi réglementant la production et la commercialisation du cannabis récréatif dans le pays. L'un des principaux enjeux est de lutter contre le marché noir et les puissants cartels qui le régissent
Des entrepreneurs mexicains et étrangers se préparent à se lancer sur le marché juteux de la marijuana au Mexique, bientôt légal et pressenti comme le plus important dans le monde. Ce commerce, qui doit finir d'être réglementé dans les prochaines semaines par le Congrès mexicain, est évalué à des milliards de dollars.
Revers de la médaille: ce nouveau marché qui s'ouvre pourrait accentuer la marginalisation et la criminalisation des petits producteurs traditionnels en raison d'une législation qui, selon les militants, favorise les grands exploitants. «Le Mexique se positionne comme le plus grand marché au monde, et devrait devancer les États-Unis et le Canada. Mais il aura de la place pour tout le monde», soutient Erick Ponce, président du Groupe de promotion de l'industrie du cannabis (GPIC), qui regroupe 25 entreprises mexicaines et étrangères.
Lire aussi: Cannabis et confinement font bon ménage: la demande explose
La légalisation place le Mexique au sommet de ce secteur, devant des pionniers comme l'Uruguay et le Canada, dont la population ne représente qu'une fraction des 126 millions d'habitants du Mexique. L'aboutissement du débat législatif en cours est considéré comme acquis. La loi réglementant l'usage du cannabis dans certaines conditions devrait passer prochainement sans changements majeurs.
Environ un milliard de recettes fiscales prévues
Diverses projections indiquent que le marché national médicinal et récréatif pèsera entre cinq et six milliards de dollars d'ici 2025, soit une part considérable du total mondial qui devrait grimper jusqu'à 73,57 milliards de dollars en 2027, selon le bureau de consultants Grand View Research. Il devrait également rapporter entre 900 et 1,7 milliard de dollars en taxes annuelles, selon les estimations du Congrès et celles du Conseil mexicain du cannabis et du chanvre (CMCC).
La loi réglemente cette activité, de la culture à la commercialisation des divers produits qui pourraient être proposés à la vente: fleurs séchées, infusions, ou même sucreries. Elle prévoit d'accorder la priorité aux permis pour les agriculteurs et de favoriser les financements de ces derniers. Mais, mettent en garde les activistes favorables à la législation, des entreprises ayant plus d'expérience et de moyens risquent de dominer le marché.
La loi impose également des normes élevées pour les semences, les espaces de production et même de commercialisation, ce qui pourrait générer un commerce oligopolistique. «Le modèle mexicain devrait être fondé sur une question de justice sociale. Nous ne pouvons pas laisser se former un marché qui permette à deux ou trois grandes entreprises d'en prendre le contrôle», estime Tania Ramírez, de l'ONG Mexico United Against Crime.
Combattre le marché noir
En dépit de l'ouverture vers une légalisation qui se profile, le risque existe que les paysans continuent à travailler dans l'illégalité et restent asservis aux puissants cartels mexicains. L'industrie est cependant convaincue que les lois du marché empêcheront les mafias d'y prospérer, estime Erick Ponce. Un point que réfutent les militants pro-cannabis.
Zara Snapp, fondatrice de l'Institut RIA, qui promeut les politiques publiques en matière de drogues, doute que les commerces de cannabis fleurissent facilement dans les régions touchées par la violence. «Vous parlez aux gens et ils vous disent 'je ne mettrais pas un négoce de cannabis à Guadalajara' parce que d'autres occupent déjà le terrain», explique Zara Snapp à propos de la capitale de l'Etat de Jalisco (centre-ouest), fief de Nouvelle Génération, l'un des cartels les plus puissants du pays. Eda Martinez, directrice du CMCC, prévient également que si la voie de la légalisation implique trop de paperasserie, peu de personnes franchiront le pas. Elle partage l'avis de Zara Snapp selon lequel l'État devrait guider et encourager la transition vers la légalisation.
Une étude privée remontant à 2016, présentée aux instances gouvernementales et universitaires, a estimé que le marché noir mexicain produisait entre 5250 et 6550 tonnes de cannabis par an et employait 17 200 personnes. En 2020, 244 tonnes de cannabis ont été saisies. La dernière enquête nationale sur les drogues (2016) a révélé que 7,3 millions de Mexicains âgés de 12 à 65 ans avaient déjà consommé de la marijuana. Erick Ponce estime à cinq millions le nombre d'utilisateurs potentiels en plus.
Lire aussi: Le marché du cannabis pèse 340 à 500 millions de francs en Suisse
La marijuana récréative légale pourrait être accessible au public mexicain d'ici le second semestre 2022, mais les taxes et les produits dérivés pouvant être commercialisés restent à définir, selon les experts. Ceux qui contiennent du tétrahydrocannabinol (THC), l'élément psychoactif du cannabis considéré comme «l'or de la terre» pour cette industrie, selon M. Ponce, doivent encore être déterminés.
Pourquoi la production naturelle de CBD n'est pas (encore) autorisée en France
06h56, le 10 février 2021 , modifié à 07h29, le 10 février 2021
Un rapport parlementaire, remis mercredi, recommande au gouvernement d'autoriser la production naturelle de CBD, une molécule contenue dans la plante de cannabis, sans effet psychotrope et qui peut soigner différentes pathologies. Les réseaux de distribution existent, mais des craintes demeurent du côté de la Haute autorité de santé.
DÉCRYPTAGE
Avez-vous remarqué la multiplication des "coffee shop" à la française, qui proposent des produits "bien-être" à base de CBD ? Le marché dérivé de cette molécule, contenue dans la plante du cannabis, est en pleine expansion et pourrait rapporter gros. Sauf qu'en France, il est pour l'instant limité par une réglementation frileuse, comme le pointe un rapport parlementaire remis mercredi. Europe 1 fait le point.
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Des producteurs "dans les starting-blocks"
Première précision : le CBD ne doit pas être confondu avec le THC, une autre molécule du cannabis, qui a un effet psychotrope. Il est utilisé dans des tisanes, par exemple, pour un effet de relaxation musculaire, ou pour soulager des pathologies comme l'arthrose ou les insomnies. Sa vente est légale sous conditions - contrairement au THC.
Mais aujourd'hui, la molécule est exclusivement produite en laboratoire en France, ou alors ses fleurs sont importées de l'étranger. Et l'Hexagone passe donc à côté d'un marché considérable. C'est pour cela que les parlementaires recommandent au gouvernement d'autoriser la production naturelle de CBD, aujourd'hui interdite en France. Car selon leur rapport, la filière, de sa production dans les champs français à sa transformation, représenterait un à trois milliards d'euros, avec des milliers d'emplois à la clé.
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"La production est prête, les producteurs sont dans les starting-blocks", explique à Europe 1 Jean-Baptiste Moreau, rapporteur du texte - et député LREM de la Creuse qui a beaucoup a gagner avec le CBD. "La France est l'un des derniers pays européens à ne pas avoir bougé. C’est totalement incompréhensible puisque c’est reconnu officiellement par l’OMS : le CBD n’est pas une drogue", souligne le parlementaire. "On attend juste le feu vert de l’administration, c’est tout." Alors, pourquoi la situation n'évolue-t-elle pas ? Tout simplement parce qu’il y a toujours une crainte du côté de la Haute autorité de santé, qui estime qu'autoriser officiellement le CBD reviendrait à envoyer un mauvais signal aux consommateurs de cannabis récréatif.
Entre 300 et 400 magasins en France
Pourtant, les producteurs ne sont pas les seuls à être prêts : le réseau de distribution l'est aussi, avec entre 300 et 400 magasins en France. Europe 1 s'est ainsi rendue dans une boutique de CBD ouverte il y a deux mois à Paris. "Je le vaporise et je fais parfois des infusions", confie Clément, qui y achète chaque semaine 1 à 5 grammes de fleurs, en provenance du Luxembourg. "Je le prends surtout pour l’effet anxiolytique, ça m’aide à dormir, ça m’aide un petit peu à réfléchir", nous explique-t-il. Infusions, huiles, crèmes pour les mains, barres chocolatées : il y en a pour tous les goûts… et tous les âges. Parmi les habitués, on croise aussi une femme de 70 ans, venue acheter quatre paquets de tisane pour ses amies.
"Les gens font de moins de moins en moins l’amalgame avec le cannabis" se félicite Brice Masseixe, gérant de la chaîne Purple Store. "Depuis début septembre, on est à +30% de chiffre d'affaires par mois. Ça se développe très rapidement, j’ai tous les jours des gens qui m’appellent pour savoir comment ils peuvent ouvrir une franchise ou exploiter le concept."
Face à un tel succès, certains buralistes proposent désormais eux aussi des fleurs de CBD. Tandis que d’autres préfèrent attendre qu’il n’y ait plus aucun doute sur sa légalité. Car ceux qui en vendent déjà s’appuient pour l'instant sur une décision de la justice européenne, qui date de novembre dernier. Dans son arrêté, elle rappelle que le CBD n’est pas une drogue, et que ses fleurs doivent être librement commercialisées. L’Etat français va donc bien devoir se mettre en conformité avec le droit européen.
Par Justin Morin et Zoé Pallier, édité par Margaux Lannuzel
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