Cannabis light : la France a des vapeurs
Par mrpolo, dans Ce que nous avons retenu...,

Tandis qu’explosent les importations d’herbe suisse édulcorée, la législation française demeure inflexible. Provoquant bazar aux douanes et déception des associations de malades.
 
 
image de Ludovic Debeurme. Dernier album paru : «Epiphania» (Casterman)
 
 
C’était trop gros, peut-être trop beau : alors qu’il semblait ouvrir une première brèche dans une réglementation toujours aussi répressive, le «cannabis light» demeure interdit en France. Certes, le consommateur peut acheter de la weed en toute légalité sous certaines formes et certaines conditions - par exemple du liquide pour cigarettes électroniques, parce que celui-ci contient moins de 0,2 % de tétrahydrocannabinol (THC), la molécule qui fait «planer». Mais d’autres substances qui respectent les maxima légaux en THC restent prohibées, telles les fleurs de chanvre. La pagaille est alimentée par les importations venues de Suisse, en hausse depuis cet automne.
 
Et ce n’est pas la nouvelle réglementation, attendue ces prochaines semaines, qui permettra d’y voir plus clair et d’entamer l’hypocrisie française sur le sujet. Selon les conclusions d’une mission parlementaire «relative à l’application d’une procédure d’amende forfaitaire au délit d’usage illicite de stupéfiants» qui ont fuité dans la presse le week-end dernier, le cannabis conserve son statut illégal. Seule la sanction pour usage devrait évoluer, passant d’une convocation en justice à une simple contravention en cas de première infraction. «Nous n’en sommes malheureusement pas à la première contradiction sur le sujet», souligne Benjamin Jeanroy, représentant d’Echo, un lobby citoyen qui agite notamment le débat sur les politiques publiques en matière de drogues : «Le manque de vision et l’absence de débat d’envergure, illustrés notamment par l’actuel projet gouvernemental, ne vont qu’amplifier la récurrence de ce genre d’incohérences.»
Baume à lèvres, bonbons en gélatine
Poste-frontière du Châtelard, à une demi-heure de voiture de Chamonix (Savoie). Le magasin de souvenirs, rebaptisé la «Casa del Canna» depuis l’été dernier, a ajouté à sa devanture des panneaux décorés de feuilles, tendance Woodstock soft. «On peut rapporter d’ici un souvenir original de Suisse», explique le gérant, qui a remisé les traditionnelles marmottes en peluche. Les Français qui s’y arrêtent sont des touristes ou des acheteurs réguliers. Des soixante-huitards qui veulent retrouver le goût de la weed mais pas forcément les effets psychotropes, euphorisants. Des jeunes. Des curieux. Le vendeur : «On a tous les âges, toutes les classes sociales.» Et toutes sortes de déclinaisons en stock : du baume pour les lèvres, des bonbons en gélatine («réservés aux adultes») et des plantes séchées («à infuser», d’après plusieurs notices, ou à fumer, comme il paraît le plus évident de le faire). Ce magasin profite à la fois d’une demande française en hausse et d’un boom helvète, dans un pays qui produit son chanvre comme du blé, grâce à une réglementation plus tolérante.
 
La star des bureaux de tabac en Suisse et des colis qu’on expédie vers la France s’appelle la «Blue Dream». Cette fleur de chanvre joue sur les effets relaxants contenus dans le cannabidiol (CBD). «C’est le Canada Dry du cannabis», résume une source. «Un espoir pour un changement de réglementation en France, tout particulièrement pour les malades», selon un autre interlocuteur. «Ce n’est pas un produit de défonce mais de plaisir et de confort, on peut en fumer au bureau sans aucune crainte», assure la société qui la commercialise, CBD 420, basée à Lausanne. La Blue Dream affiche ainsi 0,163 % de THC, quand le cannabis le plus chargé peut atteindre les 20 %. Son taux revendiqué devrait dans tous les cas lui ouvrir les portes du marché français. Il semble d’ailleurs que ce joyau botanique se soit invité ces dernières semaines dans des points de vente - notamment des magasins spécialisés dans les cigarettes électroniques, visiblement pressés de capitaliser sur la mode du CBD.
 
Mais la loi française est décidément très compliquée : le «rêve bleu» est en réalité interdit à la vente. Présentée comme «légale» sur Internet, la Blue Dream évoluerait «dans la zone grise», nuance un responsable de CBD 420, interrogé par téléphone. La société constate en effet que «la moitié des commandes à destination de la France ont été bloquées» à la frontière depuis le début des envois, en septembre dernier. Sans doute parce que les agents de l’Etat ne reconnaissent pas de «zone grise» : «Le cannabis light est aussi illégal que le cannabis classique», confirme le directeur général des douanes françaises, Rodolphe Gintz.
 
Le haut fonctionnaire indique qu’une vingtaine d’amendes ont été adressées au cours de l’année 2017 à des détenteurs de cette weed édulcorée, qui portaient tous sur eux «de petites quantités» lors de leur interpellation dans des villes voisines de la Suisse, comme Annecy, Chambéry et Mulhouse. Quant aux colis postaux renfermant des produits de type Blue Dream, ils sont «saisis et détruits» suivant la procédure d’usage, parce que cette marchandise contrevient à la loi pour au moins trois raisons.
Espoir brisé pour les malades
D’abord, la Blue Dream ne figure pas sur la liste des variétés autorisées par l’arrêté du 22 août 1990 portant application de l’article R. 5132-86 du code de la santé publique pour le cannabis. Ensuite, seules les tiges de chanvre ont droit de cité. La fleur, elle, est illégale - mais pas l’huile qui en est extraite, raison pour laquelle certains producteurs fraudent en France et transforment leurs produits. Autre infraction, relève Rodolphe Gintz, le THC analysé dans la Blue Dream serait «très supérieur aux 0,2 %» garanti par le vendeur. «Ces résultats ne correspondent pas à nos propres tests», s’étonne-t-on du côté de CBD 420, qui affiche un taux de 0,163 % sur son site. L’exportateur concède que certaines parties de la plante, davantage exposées à la lumière, ont pu sécréter des doses «légèrement plus élevées» de THC, mais affirme que «la moyenne de la plante présente des taux tout à fait conformes».
 
En attendant une résolution de cet imbroglio, le cas du «chanvre CBD» permet d’alimenter le débat sur le statut de ce produit qui reste marqué «drogue» aux yeux de l’opinion. «L’émergence du cannabis light et les difficultés qu’il rencontre participent à la dédiabolisation du cannabis», estime Olivier Hurel, porte-parole de NORML France, une association qui veut réformer la loi sur les stupéfiants «dans l’objectif de développer une politique rationnelle, juste et efficace en matière de lutte contre les abus de substances et les addictions». Autre intérêt, ajoute-t-il, le «rêve bleu» et ses cousins «poussent à s’interroger sur les effets thérapeutiques des cannabinoïdes». C’est peut-être un jeton utile dans le débat public mais c’est surtout un espoir brisé pour les malades qui souhaitent se soigner à base de cannabis.
 
Les conclusions scientifiques se précisent pourtant. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) réserve pour l’heure sa position officielle, après une étude lancée l’automne, mais de nombreux chercheurs et thérapeutes s’accordent d’ores et déjà sur les bienfaits anti-inflammatoires et anxiolytiques du cannabidiol. Ses vertus sont particulièrement recherchées chez les malades souffrant de sclérose en plaque et d’épilepsie. Or, à l’heure actuelle, ils ont le choix entre s’approvisionner au marché noir et commander du Sativex aux Pays-Bas. Ce traitement est contraignant : il est autorisé mais non commercialisé en France, et son coût s’élève à 250 voire 400 euros mensuels… Un sachet de Blue Dream aurait pu offrir une solution légale et relativement bon marché. Mais ce n’était pas un «rêve» ultime pour autant. Certains patients atteints de cancer ou du VIH souhaitent en effet recourir à du cannabis doté de THC, cette molécule étant créditée d’effets positifs, pour retrouver l’appétit ou réduire la taille d’une tumeur.
 
Si l’Union francophone pour les cannabinoïdes en médecine estime que la légalisation du «cannabis light» aurait constitué un «premier pas», son porte-parole Franck Milone rappelle que le combat à mener est plus étendu : les malades demandent une «carte d’usage thérapeutique» pour accéder facilement à leur traitement, ainsi qu’une formation du corps médical à la prescription de ces substances ou encore un «programme de recherche agronomique» piloté par l’Etat, comme ce fut déjà le cas pour les opiacées.
«Vapoteuse relaxante»
Les attentes des patients sont fortes mais leurs espoirs, malmenés : le 8 janvier, le tribunal correctionnel de Marseille a condamné deux trentenaires à 10 000 euros d’amende et 15 mois de prison avec sursis pour avoir lancé, en 2014, du CBD liquide destiné aux cigarettes électroniques. Présenté à tort comme un «e-joint» - puisque, par définition, il y a inhalation mais pas combustion -, ce genre de produit demeure controversé, malgré l’absence de THC dans sa composition, comme le rappelait une polémique fin 2017 : le 28 novembre, le liquide était déclaré «illégal» par l’Agence française du médicament, mais il apparut comme légal le lendemain, selon l’avis du ministère de la Santé… Ce n’est donc pas l’inhalateur de CBD qui a déclenché l’ire de la justice - on en trouve dans des milliers de points de vente en France. La condamnation vise la publicité qu’auraient faite les deux entrepreneurs de «la première vapoteuse thérapeutique 100 % légale, déstressante et relaxante» : la loi prohibe en effet tout lien entre la santé et les cannabinoïdes. C’est d’ailleurs l’Ordre des pharmaciens qui avait enjoint le ministère de la Santé à porter plainte, symbole d’un pays qui, loin de s’assouplir, réaffirme son intransigeance sur la question.
 
La farce qui se joue autour du cannabidiol pourrait refléter les contradictions d’une législation à bout de souffle mais aussi une amorce d’ouverture d’esprit, puisque le client peut se fier aux achats helvètes considérés comme clean. «Nous n’avons rien à voir avec la vente de drogue, dites-vous bien que notre commerce est là pour durer», affirme Gilles Saraillon, de la société suisse Sweetweed. L’époque est bel et bien révolue où le cannabis était un équivalent de défonce défendu par des partisans de la dépénalisation, des hippies forcément de gauche, opposés à des durs obligatoirement de droite. Entre deux bouffées, c’est un souffle nouveau qui se lève.
 
Pierre Carrey
 
Source: liberation.fr
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Cannabis: Les ados évoquent «un produit bio» moins «dangereux» que le tabac
Par mrpolo,
DROGUES Le tabac a lui une image « résolument négative » associée à « la mort et la souffrance » pour les adolescents…
Illustration d'une adolescente fumant un joint de cannabis. — JAUBERT/SIPA
Le cannabis a bonne presse auprès des jeunes. Jugée « meilleure au goût » que le tabac, moins « dangereuse » et « plus saine », l’herbe a une image positive et « dédramatisée » auprès des adolescents, selon une étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) publiée mardi.
« L’initiation au cannabis est vécue comme une expérience positive, contrairement à la première cigarette », a expliqué Ivana Obradovic, directrice adjointe de l’OFDT et auteure de l’étude.
 

Résultats d'ARAMIS, enquête qualitative sur les perceptions et les motivations d'usage d'#alcool, de #tabac et de #cannabis chez les mineurs (Tendances n° 122, 8 p.) http://bit.ly/RésultatsARAMIS 
 
« Un produit naturel et bio »
 
Celle-ci a été menée entre 2014 et 2017 auprès d’un échantillon représentatif de 200 jeunes âgés de 13 à 18 ans. Cette génération d’adolescents, qui a grandi avec l’interdiction de la vente de cigarettes aux mineurs et de sa consommation dans les lieux publics, associe au tabac une image « résolument négative » liée à « la mort et la souffrance », note l’étude.
 
Les collégiens et lycéens ne font plus de la cigarette « un passage obligé » de la sociabilité. Et le phénomène s’est accéléré avec la hausse de son prix depuis le début des années 2000. Le cannabis, « moins cher et presque aussi facile à trouver en pratique » selon les jeunes interrogés, est perçu comme « un produit naturel, bio, moins chimique ». Il est jugé comme plus rassurant en termes de composition que la résine.
 
« La même ambition pour l’alcool et le cannabis »
« La dégradation de l’image (du tabac) pour les jeunes générations montre que l’action publique peut fonctionner et gagner la bataille de l’image », a réagi Nicolas Prisse, président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca). « Il faut maintenant avoir la même ambition et nous mobiliser pour mieux protéger les jeunes générations de l’alcool et du cannabis », a-t-il ajouté.
 
Un rapport parlementaire, qui doit être présenté ce mercredi en commission des lois, préconise de sanctionner le fumeur de cannabis d’une simple amende alors que la peine de prison encourue actuellement - un an ferme - est très rarement prononcée. La mesure ne pourra pas s’appliquer aux mineurs, dont le régime juridique est différent.
 
Source: 20minutes.fr
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La dangereuse prohibition du cannabis
Par mrpolo,
CHRONIQUE - Loin de légaliser le cannabis, un récent rapport parlementaire préconise au contraire de continuer à le réprimer. Une attitude qui conduit à nourrir trafic et délinquance.
photo Drew Angerer/Getty Images/AFP
  « Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » Si l'on substitue l'Atlantique aux Pyrénées, la formule désabusée de Pascal donne une bonne idée de la situation actuelle s'agissant du cannabis. Alors que son usage récréatif est autorisé en Californie depuis le 1er janvier, portant ainsi à huit le nombre d'Etats américains ayant fait le choix d'une légalisation totale, notre pays est en train de prendre le chemin inverse, en développant son arsenal répressif. L'Amérique fume et la France s'étouffe.
Dépénalisation de fait
Le récent rapport parlementaire sur la « contraventionnalisation » du cannabis, loin de constituer une première étape vers la libéralisation, comme on a pu le lire, assume et empire la prohibition. Les rapporteurs constatent qu'il existe aujourd'hui une « dépénalisation de fait » : sur les 140.000 personnes interpellées chaque année pour avoir fumé un joint dans la rue, l'immense majorité écope d'un simple rappel à la loi.
Sans compter les innombrables cas qui, par nature, échappent aux statistiques officielles, où la police préfère fermer les yeux : qu'on me permette à ce sujet de partager un souvenir d'adolescence, où les agents ayant arrêté notre petite bande sur un trottoir parisien n'avaient trouvé comme tout élément suspect, après la fouille au corps, que mon carnet de vocabulaire d'allemand et nous avaient laissés partir en ricanant sur les bons élèves qui s'encanaillent.
Tolérance de bon sens
En proposant d'établir une amende de quelques centaines d'euros, les rapporteurs souhaitent mettre fin à cette tolérance de bon sens, fruit de décennies d'interactions entre des consommateurs qui ne font de mal à personne et des forces de l'ordre qui ont mieux à faire. L'hypothèse la plus brutale mais, hélas, la plus probable, portée par l'actuelle majorité parlementaire, consisterait à conserver le caractère délictuel (et donc la possibilité de la prison) ; une proposition plus progressiste est formulée par le jeune député (LR) Robin Reda, qui souhaite que la consommation de cannabis cesse d'être une infraction pénale.
  Mais, dans les deux cas, les sanctions seraient en pratique renforcées et l'interdit moral réaffirmé. Comme toujours, les plus défavorisés seront les premiers à en pâtir : le bobo pourra continuer à fumer ses pétards à l'abri de son appartement lambrissé, tandis que les jeunes des quartiers se feront poursuivre dans les cages d'escalier.
Débat anachronique
Cet anachronique débat sur la contraventionnalisation repousse d'autant celui que nous devrions ouvrir sur la légalisation. On a épuisé depuis longtemps la litanie des arguments rationnels, que la plupart des responsables politiques admettent d'ailleurs en privé. Fondamentalement, je n'accepterai jamais l'idée de crime sans victime : je m'en tiens à l'excellente définition de notre déclaration des droits de l'homme, dont l'article 4 stipule que « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ».
En ce sens, c'est la prohibition qui me semble criminelle, en nourrissant trafic et délinquance, tandis que la légalisation respecterait les choix personnels de citoyens adultes.
 
Mais sans même en appeler aux libertés individuelles, de simples considérations de santé publique devraient suffire à emporter la conviction : avec la légalisation vient la régulation, qui permet le contrôle du produit, la protection du consommateur et le déploiement de politiques de prévention (en particulier à l'égard des mineurs).
Sans compter les bienfaits de l'innovation dans un marché concurrentiel : les e-cigarettes au THC que j'ai pu tester au  Colorado procurent le même effet relaxant sans le véritable poison qu'est la nicotine souvent contenue dans le joint. Et quand je vois l'hystérie qui se propage aujourd'hui sur les réseaux sociaux, je ne peux m'empêcher de penser qu'un usage raisonné du cannabis serait un bienfait pour le débat public.
Hypocrisie vertueuse
Mais puisqu'un régime qui se revendique pourtant « libéral » semble incapable de prendre à bras-le-corps un tel sujet de société, je plaiderai aujourd'hui pour le statu quo. Face à de mauvaises lois, la société a développé une forme d'hypocrisie vertueuse.
Les cinq millions de consommateurs annuels de cannabis ne sont, à de regrettables exceptions près, pas inquiétés par la police et encore moins par la justice. Avant de les reconnaître, voire de les dédommager comme c'est aujourd'hui le cas en Californie (où les licences de vente au détail sont réservées en priorité aux victimes de la prohibition !), laissons-les vivre.
Par Gaspard Koenig / philosophe et president du Think Tank Generation Libre
  Source: lesechos.fr
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France - Comment et pourquoi on a interdit le cannabis
Par mrpolo,
Ça fume, mais surtout sous les crânes. Alors que partisans et opposants s’affrontent autour d’un rapport parlementaire qui préconise le remplacement des sanctions pénales par une amende en matière de consommation de cannabis, il est grand temps de rappeler comment le chanvre est arrivé en France et comment il s’y est installé plutôt paisiblement, avant d’être interdit en pleine Grande Guerre.
 
Probablement apparu dans l’Himalaya indien, le chanvre a vite intéressé l’humanité pour ses graines nourrissantes et pour ses fibres destinées au tissage, certes, mais pas seulement. Empirisme oblige, on n’a guère tardé à en découvrir les propriétés médicinales et stupéfiantes en des temps où médecine et rites chamaniques sont encore de proches voisins. Si l’histoire n’a pas retenu le nom du premier humain à s’être dévoué pour en goûter quelques brins au Néolithique, les sociétés anciennes ont rivalisé d’invention pour en consommer en le mâchant ou en le fumant, avant de le mélanger avec d’autres composants pour en faire des huiles, des potions, de la résine…
 
Au Ve siècle avant notre ère, Hérodote écrit que les Scythes s’organisaient en toute décontraction de bonnes petites séances de fumette collective en brûlant des graines sous une tente hermétiquement fermée. Au Ier siècle, le botaniste grec Dioscorides observe que « le jus de la plante verte est bon contre le mal d'oreille ». Alors qu’en Chine, on l’utilise comme anesthésiant dès le IIIe siècle, le médecin romain Galien s’en méfie : « certains mangent les graines frites avec des sucreries (…) [Elles] apportent une sensation de chaleur et consommées en grandes quantités, affectent la tête en lui envoyant des vapeurs chaudes et toxiques ».
Succès mondial
La suite est celle de l’histoire de l’humanité : au fil des siècles et au gré des échanges commerciaux, des migrations et des conflits, la plante s’est baladée  d’Asie en Afrique, puis en Europe et enfin en Amérique, bien servi par une capacité d’adaptation qui lui permet de facilement s’implanter tout autour du globe. En Angleterre, c'est ne pas cultiver de chanvre qui fut longtemps puni de sérieuses sanctions. Outre Atlantique, Georges Washington lui-même en a personnellement cultivé des hectares entiers dans ses propriétés aux Etats-Unis, séduit la large gamme de produits variés qu’on peut en tirer : vêtements, potions médicinales, papier…
En Europe, le chanvre est longtemps resté exclusivement cantonné à cet usage utilitaire voire stratégique, puisqu’il permet de produire les voiles et les cordages indispensables aux marines de l’époque moderne : au XVIIIe siècle, « un navire de taille moyenne utilise 60 à 80 tonnes de chanvre sous forme de cordages et 6 à 8 tonnes sous forme de voile, par an[1] ». Rien d’étonnant donc si la Corderie royale de Rochefort-sur-Mer s’intéresse dès sa création en 1666 à la sécurisation de son approvisionnement en chanvre, sur demande expresse de Colbert.
 
Si Diderot et d’Alembert notent bien dans l’Encyclopédie « les vertiges, l’éblouissement, l’ivresse » que procure la plante, il faut attendre la campagne d’Égypte pour que Napoléon Bonaparte s’intéresse à ses effets psychotropes, et pour cause : en 1800, le futur empereur échappe de justesse à la tentative d’assassinat d’un Égyptien drogué jusqu’aux yeux. En creusant, Napoléon découvre non seulement l’existence du haschich – de la résine de cannabis – mais aussi son utilisation par ses troupes, qui n’ont pas tardé à s’intéresser aux coutumes locales, sans doute par pur intérêt culturel.
Convaincu de ses effets délétères sur la santé par les médecins de la section de physique et science naturelle de l'Institut d'Égypte, Napoléon réagit en octobre 1800 avec le premier texte à mentionner explicitement le haschisch : « L'usage de la liqueur forte faite par quelques musulmans avec une certaine herbe nommée haschisch ainsi que celui de fumer la graine de chanvre sont prohibés dans toute l’Égypte. » Ce qui n’empêche évidemment rien, tandis que les premiers échantillons de résine de haschich débarquent en France dans les bagages des scientifiques et des militaires français…
Aliénés, poètes et paradis artificiels
Arrivé en même temps que l’opium, le haschich ne connaît pas le succès de ce dernier et reste plus confidentiel jusqu’au milieu du 19e siècle, lorsqu’un aliéniste s’empare du sujet : Joseph Moreau de Tours.
Spécialiste des maladies mentales, ce médecin découvre le haschisch au cours d’un voyage avec un de ses patients, en Égypte (décidément). Il y découvre – et y consomme, en vertu du bon vieux principe que rien ne remplace l’expérience directe – un produit capable de mettre des personnes en bonne santé dans des états qui évoquent le rêve, voire la folie. Ce qui lui donne une idée : si sa consommation met dans de tels état des patients sains d’esprits, ne peut-on à l’inverse imaginer qu’il pourrait ramener des personnes touchées par une maladie mentale à leur état normal ? Traiter le mal par le mal en somme, une idée qui fera fureur : pendant des décennies, toutes les substances psychoactives (amphétamines, cocaïne, morphine, barbituriques…) seront joyeusement testées sur les patients des hôpitaux psychiatriques, qui n’en demandaient certainement pas tant.
 
Pourtant, ce sont surtout les rapports personnels qu’entretient Moreau de Tours avec le tout-Paris artistique qui vont donner au haschisch ses lettres de noblesse. En 1845, Moreau de Tours crée avec Théophile Gautier une sorte de groupe informel, le club des Haschischin [2] qui réunit tous les mois des figures des arts et des lettres : Balzac, Nerval, Flaubert, Dumas, mais aussi Delacroix, Daumier ou Baudelaire. Dans le salon aménagé « à l’orientale » d’un appartement de l’île Saint-Louis, la fine équipe y consomme du chanvre sous plusieurs formes, en particulier une sorte de confiture obtenue en mélangeant la plante à des aromates, des épices ou de la pistache, pour aboutir à une préparation de couleur verdâtre : le dawamesc, au taux de THC nettement plus concentré que le bon vieux joint des années 70.
 
Tartinée ou mangée à la petite cuillère, elle permet aux artistes de trouver le « paradis artificiel » de Baudelaire, par l’intermédiaire d’un produit capable d’exalter l’imagination si chère à ces romantiques qui ne trouvaient plus le vin suffisant pour atteindre un état de désordre onirique propice à l’écriture. « Il me passa un éclair rouge sous les paupières et tout se transforma, tout était plus riche, plus grand, plus splendide. La réalité ne servait que de point de départ aux magnificences de l’hallucination. Il me fallut dix mille ans pour descendre l’escalier », écrit Gautier qui abandonnera pourtant assez vite l’usage du cannabis, estimant que « le vrai littérateur n’a besoin que de ses rêves naturels, et n’aime pas que sa pensée subisse l’influence d’un agent quelconque ». Une vertu soudaine qui sent surtout le bad trip, si je devais parier...
Le cannabis, tombé au champ d'honneur
SI le haschisch ne concerne que peu de consommateurs, il est en revanche aussi facile à trouver que l’opium : non seulement son usage n’est pas le moins du monde prohibé, mais aliénistes et médecins ont d’autant moins de mal à s’en procurer qu’ils en bourrent les patients de leurs asiles… En Europe comme aux Etats-Unis, sa consommation reste pourtant anecdotique, même si on trouve des cigarettes au cannabis dans le commerce, produites par des industriels qui joue sur son image orientalisante et proposent au passage des dosages à faire tousser Bob Marley lui-même.
 
C’est pourtant pour des raisons bien éloignées de toute perspective de santé publique que le cannabis se retrouva à l’index. En pleine guerre mondiale, une partie des poilus trouvaient dans le haschich un semblant de réconfort, au prix d’une rêverie qui avait le don de défriser l’état-major. Considéré comme démoralisant pour les soldats, le haschisch est interdit au beau milieu de la Grande Guerre, un an après l’absinthe, par la « loi sur les substances vénéneuses » du 12 juillet 1916 au même titre que la morphine ou la la cocaïne.
Rétrospectivement, son interdiction par l’armée est d’autant plus savoureuse que celle-ci fournissait dans le même temps aux poilus des quantités industrielles d’alcool dont le Mariani, un « vin tonique à la coca du Pérou » connu depuis des années pour ses propriétés euphorisantes.  Et pour cause : cette infâme vinasse, truffée comme son nom l’indique de pâte de… cocaïne, contenait entre 6 et 7 milligrammes de cocaïne par bouteille de 50 centilitres…
 

Tu m'étonnes qu'on va gambader partout pour communier avec Frère Nuage.
  ____
[1] Serge Allegret, Histoire du chanvre, 2006.
[2] En référence à la secte chiite des Assassins, un groupe de fondamentalistes dont le nom est censé provenir du mot haschisch – thèse aujourd’hui contestée par la plupart des spécialistes.
 
Source: francetvinfo.fr
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Stratégie : oubliez le Bitcoin, passez au cannabis !
Par mrpolo,
Le boom du cannabis légal est suffisamment prometteur pour que Bryan Garnier, banque d'affaires, lui consacre une étude d'une trentaine de pages ce matin. Ça change du Bitcoin.
 
Il faut dire que le marché global du cannabis est évalué à 177 milliards de dollars pour la seule année 2017, en grande partie (165 Mds$) grâce au trafic illégal, et plus marginalement (12 Mds$) via le commerce autorisé. Ce marché se divise notamment entre 34% en Amérique du Nord, 30% en Europe et 27% en Asie. Environ 183 millions de personnes sont considérées comme des consommateurs réguliers dans le monde. L'analyste Nikolaas Faes pense que le marché global atteindre 260 Mds$ dans dix ans, dont 140 Mds$ pour sa partie légale...
 
Actuellement, 25 pays ont commencé à légaliser le cannabis, pas seulement pour ses vertus thérapeutiques ou apaisantes, mais aussi pour profiter d'une manne fiscale confisquée par le marché noir. Il s'agit de l'Autriche, du Brésil, du Canada, du Danemark, de l'Allemagne, d'Israël, de l'Italie, du Mexique, des Pays-Bas, de l'Afrique du Sud, de la Suisse, de la Turquie et de l'Uruguay, à divers stades. Aux États-Unis, 9 états autorisent l'usage récréatif et 29 l'usage médical. D'autres cherchent à leur emboiter le pas, ce qui explique que l'analyste s'attende à une explosion du marché légal ces prochaines années. Et le potentiel qu'il a calculé n'intègre ni le marché des médicaments humains et vétérinaires, ni celui des boissons, qui présentent eux aussi de l'intérêt.
 
L'herbe est plus verte au Canada
 
Grâce à une législation très tôt adaptée et à sa proximité avec des Etats-Unis toujours réticents à autoriser le "weed", le Canada est au cannabis ce que la Californie est à internet : Canopy Growth, Aurora Cannabis et Aphria sont des entreprises pionnières qui pourraient bien profiter d'un marché de la légalisation dont la croissance annuelle est estimée à 28% par an d'ici 2027, selon Bryan Garnier. Aussi étonnant que cela puisse paraître, environ 200 sociétés cotées dans le monde ont un rapport de près ou de loin avec le cannabis, dont plus de 80 au Canada, où le segment pèse 20 Mds$ (US). Dans la sphère médicale, le plus gros dossier du secteur est GW Pharma, coté sur le Nasdaq et qui capitalise 2,3 Mds$. Le laboratoire développe des traitements à partir de sa plateforme cannabinoïde. Enfin, côté services, Scotts Miracle-Gro (6,2 Mds$ sur le NYSE) est plus connu pour ses produits de jardinage que pour ses solutions destinées aux cultivateurs de plans de cannabis, mais c'est un acteur important du secteur, y-compris pour l'agrochimie de la marijuana.
 
- Les stars canadiennes : Canopy Growth, Aurora Cannabis, Aphria et MedReleaf
 
- Les principales sociétés pharmaceutiques opérant dans le cannabis : GW Pharmaceuticals (Nasdaq), Arena Pharmaceuticals(Nasdaq), Insys Therapeutics (Nasdaq), AXIM Biotechnologies (Nasdaq), Medical Marijuana (Nasdaq), Corbus Pharmaceuticals (Nasdaq), Cara Therapeutics (Nasdaq), Growblox Sciences (Nasdaq), Zynerba Pharmaceuticals (Nasdaq), mais aussi AbbVie, qui dispose d'un produit utilisant du cannabis, ou les israéliens Breath of Life Pharma et iCAN.
 
- Les fournisseurs qui ont une activité en lien avec le secteur du cannabis : Scotts Miracle-Gro (NYSE), Kush Bottles (Nasdaq), Cannabis Sativa (Nasdaq), Lexaria Bioscience (Nasdaq) et United Cannabis Corporation (Nasdaq).
- Les ETF : Horizons Marijuana Life Sciences Index ETF, Horizons Marijuana Life Sciences Junior Marijuana Growers Index ETF, ETFMG Alternative Harvest ETF et Evolve The Marijuana ETF).
 
Source: boursier.com
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Cannabis. Le maire de Grenoble appelle à sortir des « vieilles recettes »
Par mrpolo,
Le maire (EELV) de Grenoble, Eric Piolle a appelle le gouvernement à revoir la proposition d'un rapport parlementaire de sanctionner les usagers de cannabis par une amende délictuelle ou une contravention. Il dénonce une approche du « tout sécuritaire ».
 
Éric Piolle, maire (EELV) de Grenoble et partisan de la légalisation du cannabis, a appelé lundi le président Macron et son gouvernement à abandonner les « vieilles recettes » du « tout sécuritaire ». 
L'écologiste, à la tête d'une ville moyenne en proie à des trafics de drogue comparables à ceux de Paris, Lyon ou Marseille, a qualifié de « demi-mesure » la proposition d'un rapport parlementaire de sanctionner les usagers de cannabis par une amende délictuelle ou une contravention. La loi prévoit actuellement jusqu'à 3 750 euros et un an de prison.
 
« Cette mesure ne cherche pas à lutter contre les trafics. Or les trafics gangrènent nos villes, pourrissent la sécurité et la vie des habitants, avec un pendant de santé publique important », a dit M. Piolle.
« En pratique, ça serait une sorte de demi-mesure qui essaie juste de réguler la charge de travail de la police, voire d'améliorer le confort du client puisqu'il sait ce qu'il risque », a-t-il renchéri.
 
Approche « sécuritaire »
L'élu déplore surtout que l'on « reste dans une approche totalement sécuritaire, or cette stratégie est en échec, ici en France comme ailleurs »: « il ne faut pas que le président Macron et son gouvernent restent prisonniers de l'ancien monde en appliquant de vieilles recettes! ».
 
L'élu cite l'exemple du Portugal. « Au bout de presque 20 ans de légalisation, dit-il, ils ont réduit de moitié le nombre de toxicomanes et il y a un effet sur le trafic aussi ». « Les premiers chiffres qui émergent aux États-Unis dans les états qui ont légalisé montrent une baisse importante de la délinquance », ajoute-t-il.
Quant au procès en « banalisation » du cannabis fait aux partisans de sa légalisation, Éric Piolle rappelle que « la banalisation » existe de fait: « on a le record d'Europe des fumeurs de moins de 16 ans », dit-il, une situation imputable selon lui à « la politique des dernières décennies ».
 
« Il faut une solution moderne qui répondent aux enjeux de sécurité et de santé publique », a-t-il plaidé. Il demande d'ouvrir « vraiment le débat » et « pas uniquement aux amis de M. Macron et de M. Wauquiez », en allusion aux deux auteurs du rapport qui reste dans une « logique de prohibition totale ».
« Pendant qu'on ne fait rien, le monde des trafic se structure: à Grenoble, on trouve des offres d'emplois de guetteur passées sur Snapchat », affirme le maire.
 

 
Source: ouest-france.fr
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Cannabis : "La France va devoir légiférer en urgence"
Par mrpolo,
Le président de la Fédération française d'addictologie regrette l'absence de débat entre autorités et professionnels de santé sur la question de la consommation du cannabis en France.
 
 
INTERVIEW lien audio
 
Ni dépénalisation ni législation : un rapport parlementaire remis mercredi prochain préconise de sanctionner les consommateurs de cannabis d’une simple amende, allant de 150 à 200 euros. Une solution qui ne répond pas au problème selon l’addictologue Amine Benyamina, président de la Fédération française d’addictologie. "C’est une réponse qui a sa propre logique. Le ministère de l’Intérieur a ainsi souhaité alléger le travail de ses administrés, mais ce n’est absolument pas la réponse que nous attendions du gouvernement", a regretté sur Europe 1 Amine Benyamina.
 
"Une question de santé et de société". D’après le rapport, cette mesure permettrait en effet de concentrer les efforts des forces de l’ordre sur le trafic de cannabis. Or, "la question du cannabis est une question de santé et de société, qui touche les jeunes. La France est championne (d’Europe) en matière de consommation de cannabis chez les jeunes", a rappelé le professeur, pour qui cela fait plus de 30 ans que les gouvernements repoussent le débat de la consommation de cannabis en France.
 
Pour un débat avec des professionnels. Amine Benyamina regrette qu’avec ce texte, "on a loupé l'occasion de vraiment poser la question du cannabis dans tous ses aspects", que ce soit de la qualité de la drogue consommée ou du profil du consommateur. Le président de la Fédération appelle ainsi à "un vrai débat, à la manière de celui pour la loi de bioéthique, avec des professionnels de santé, la justice, la police, les enseignants, etc.", assurant que "la France va devoir légiférer en urgence".
 
Source: europe1.fr
 
A lire aussi: France - Pas de contravention, sans dépénaliser l’usage de stupéfiants ! un retour sur la Mission d’information parlementaire de l'été dernier
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France - Dépénalisation du cannabis: Pourquoi Emmanuel Macron marche sur des œufs
Par mrpolo,
POLITIQUE - Un rapport parlementaire, porté notamment par un député LREM, préconise de sanctionner les usagers de cannabis par une simple amende...
T.L.G.
Emmanuel Macron a prononcé un discours sur la justice, le 15 janvier 2018,
à l'occasion de la rentrée solennelle de la Cour de cassation.
— ludovic MARIN / AFP
Un rapport parlementaire préconise de sanctionner les usagers de cannabis par une simple amende. Emmanuel Macron était resté flou sur la dépénalisation du cannabis pendant la campagne. L'exécutif pourrait trouver une solution «d'entre-deux» sur ce sujet clivant.  
« Dis donc, il y en a qui ne fument pas que des cigarettes. J’ai encore du nez… » En visite dans un quartier sensible de Guyane en octobre, Emmanuel Macron avait relevé une odeur de cannabis. Visiblement fin connaisseur, le chef de l’Etat s’était pourtant montré fluctuant sur ce dossier polémique pendant la campagne présidentielle.
Le président devrait de nouveau avoir à se pencher sur la question : un rapport parlementaire, présenté en commission des lois mercredi, préconise de sanctionner les usagers par une amende. Le texte, qui pourrait relancer le débat sur la dépénalisation, préconise deux solutions : une « amende forfaitaire délictuelle » comprise entre 150 et 200 euros assortie éventuellement de poursuites, et la simple contravention.
 
 
Macron flou sur la dépénalisation pendant la campagne
Le gouvernement ira-t-il jusqu’à supprimer le volet pénal ? Dans l’entourage du président, on botte en touche, renvoyant au programme : « La position d’Emmanuel Macron n’a pas dévié depuis la campagne. Notre objectif est de tenir nos engagements. C’est dans cette optique que la Garde des sceaux et le ministre de l’Intérieur sont engagés dans une réforme de la procédure pénale ». Mais voilà, pendant la campagne, le candidat Macron avait une fois de plus donné du « en même temps » sur cette thématique :
En septembre 2016, le presque-candidat expliquait que « la légalisation du cannabis a des intérêts [et] une forme d’efficacité ». Dans son livre-programme Révolution, le candidat évoquait le régime des contraventions pour les petites quantités : « il faut écouter les professionnels [qui expliquent qu’il] est vain de pénaliser systématiquement la consommation de cannabis » En février 2017 dans le Figaro, il disait cependant ne pas croire « à la dépénalisation des « petites doses » ni aux peines symboliques. Cela ne règle rien ».
 
Dans la foulée, plusieurs membres de l’équipe du candidat mettaient en avant un nouveau terme : la contraventionnalisation, c’est-à-dire la mise en place d’amende forfaitaire sans suite pénale pour les petites doses de cannabis. Une forme de dépénalisation qui ne disait pas son nom, donc.
   
« L’opinion française est relativement partagée sur le sujet »
Le gouvernement pourrait finalement opter pour une solution d’entre-deux : « L’amende forfaitaire permettra de mettre une amende mais aussi d’engager des poursuites judiciaires » contre les trafiquants, en gardant le volet pénal, a indiqué l’un des rapporteurs, le député LREM Éric Poulliat à l’AFP. Une solution louée ce dimanche par Bruno Le Maire.

 
Évoquée par François Hollande, Nicolas Sarkozy, et bon nombre de personnalités politiques, la dépénalisation est une arlésienne de la classe politique. Comment expliquer qu’une fois encore, l’exécutif semble marcher sur des œufs ?
 
« C’est un serpent de mer depuis vingt ou trente ans. Depuis longtemps, l’opinion française est relativement partagée sur le sujet. Notre enquête publiée en janvier dans l’Express montrait que 59 % des Français sont encore opposés à la dépénalisation des drogues douces comme le cannabis », relève Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. « Cela dit, le gouvernement ne devrait pas prendre beaucoup de risque dans l’opinion car c’est un sujet qui traîne depuis trop longtemps. D’autant que l’exécutif n’a pas franchi la ligne rouge de la dépénalisation et ne laisse donc pas beaucoup de marge de manœuvre pour les possibles accusations en laxisme venant des Républicains ou du FN », poursuit le sondeur.
 
« La proposition parlementaire pourrait permettre à Emmanuel Macron de trouver une forme d’entre-deux sur ce sujet explosif. Symboliquement, il ne s’agit pas d’une dépénalisation au sens strict mais une manière de changer les sanctions pour plus d’efficacité », abonde Stéphane Rozès, politologue et président de la société de conseil CAP. « Après Notre-Dame-des-Landes, tout signe qui montrerait un affaiblissement de l’Etat ne serait pas un bon signe pour l’exécutif ».
 
Source: 20minutes.fr
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Californie : la légalisation du cannabis n'est pas une bonne chose pour les chouettes
Par mrpolo,
Les rodenticides, utilisés dans les plantations illégales de cannabis en Californie, menacent les chouettes tachetées du Nord et les chouettes rayées.
La légalisation de l'usage récréatif du cannabis en Californie (Etats-Unis) depuis le 1er janvier 2018 ne fait pas que des heureux. En effet, cette légalisation devrait voir fleurir le nombre de plantations illégales. Or dans une étude publiée dans la revue Avian Conservation & Ecology, seulement quelques jours après l'autorisation, des chercheurs américains révèlent que des traces de rodenticides (produits utilisés contre les rongeurs), utilisés dans les plantations illégales de cannabis de cet Etat, se retrouvent dans l'organisme des chouettes tachetées du Nord (Strix occidentalis caurina), une sous-espèce menacée selon l'Endangered Species Act et quasi-menacée selon l'UICN.
70% des chouettes tachetées du Nord ont été au contact de biocides
En faisant des analyses sur des cadavres de chouettes trouvés à proximité de ces plantations, les scientifiques ont découvert que 7 chouettes sur 10 avaient été en contact avec des rodenticides. En analysant des échantillons provenant de 84 chouettes rayées (Strix varia), là encore les chercheurs ont trouvé des traces de biocides sur 40% d'entre elles. Les anticoagulants contenus dans ces produits empêchent l'organisme des mammifères et des oiseaux de renouveler la vitamine K, composé chimique nécessaire à la coagulation. Ces derniers sont alors susceptibles de mourir d'une hémorragie interne. Les auteurs de l'étude pensent que les chouettes tachetées du Nord et les chouettes rayées sont exposées à ces produits de part les proies qu'elles consomment.
Les menaces se multiplient à l'encontre des chouettes tachetées du Nord
Avec la légalisation du cannabis récréatif, les spécialistes craignent que la conversion de surfaces boisées privées en plantations de cannabis n'augmente et qu'ainsi, l'utilisation des rodenticides s'accentue. A terme, l'impact sur les chouettes tachetées du Nord pourrait être catastrophique alors qu'une étude révélait en 2015 que leur nombre avait baissé de 55% en Californie depuis 2009. Cette chute est d'ailleurs grandement liée à l'autre espèce étudiée : la chouette rayée. Cette dernière vivait autrefois dans les forêts de l'est de l'Amérique du Nord. Elle colonise aujourd'hui peu à peu le territoire des chouettes tachetées du Nord. Cette cohabitation conflictuelle entraîne une compétition pour les ressources et l'habitat. Mais le combat est inégal : la chouette tachetée du Nord est bien plus petite que la chouette rayée. Elle fuit donc les zones qu'elle occupait auparavant même si celles-ci se montrent moins propices à la reproduction. 
 
Cette autre espèce de chouette et les plantations de cannabis ne sont pas les seules menaces qui pèsent sur Strix occidentalis caurina. Les chercheurs ont observé que les changements climatiques ont aussi un rôle dans leur disparition. D'abord par le truchement des nombreux feux de forêt causés par des températures plus élevées : ils détruisent l'habitat des chouettes tachetées du Nord. Ensuite ce sont les hivers, plus humides et plus froids, qui entraînent une diminution des naissances.
 
Par Anne-Sophie Tassart
relayé  par Etranje
Source: sciences et avenir
 
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Les banques canadiennes ont peur du cannabis
Par mrpolo,
Les grandes institutions financières sont toujours frileuses de travailler avec les producteurs de cannabis, mais elles ne crachent pas sur l’argent des transactions boursières.

Photo | Patrick McGuire
Il y a un an, Philippe Depault a lancé Maïtri pour vendre des accessoires pour fumeurs et éventuellement avoir sa propre marque de cannabis récréatif. Son projet de serre de 500 000 pieds carrés est aujourd’hui en attente d’une licence de producteur autorisé du gouvernement fédéral. Jamais il n’aurait cru qu’il serait aussi difficile de trouver une banque qui voudrait bien lui prêter de l’argent… ou même lui ouvrir un simple compte.
  « J’ai essuyé six refus avant d’en trouver une, dit-il. J’ai fait rire de moi. Le contexte canadien est particulier : on a un marché noir, un marché gris avec les dispensaires et un marché médical. Mais les banquiers ne voient pas la différence. Ce ne sont pas des consommateurs de cannabis. Finalement, j’ai loadé ma marge de crédit et je me suis tourné vers ma famille pour emprunter de l’argent. »
Les grandes banques sont encore frileuses à l’idée de faire affaire avec cette industrie florissante, alors que les projets de loi fédéral et provincial ne sont toujours pas adoptés. Une situation qui freine l’élan de petites entreprises qui ne sont pas prêtes à entrer en bourse.
  Il y a six mois, Philippe Depault a finalement réussi à ouvrir un compte d’entreprise en insistant sur la nature médicale de son projet. Il refuse toutefois de nommer la banque, de peur qu’elle change d’avis en lisant ces lignes.
« Il n’y a pas d’autres options pour une start-up comme la mienne que d’aller vers l’investissement privé. J’ai été chanceux, j’ai finalement rencontré quelqu’un qui a cru en mon rêve et qui ne voulait pas gober 90 % de ma business en échange de capitaux. »
Fondateur de Vert Médical, une société en attente d'un permis pour produire du cannabis à des fins médicales, Dany Lefebvre a lui aussi eu bien de la difficulté à trouver du financement à ses débuts en 2013. L’an dernier, il a finalement vendu sa compagnie à Canopy Growth. Le leader ontarien dans le domaine du cannabis a aussi obtenu une participation majoritaire dans Hemp.ca, une entreprise spécialisée dans les produits tirés du chanvre, aussi fondée par M. Lefebvre.
« Avant ce deal, on était sur le point de s’écrouler, dit-il. J’ai passé tellement de temps à attendre et à me faire dire non par les banques. Il y a une grande éducation à faire, et ça passe aussi par le secteur financier. »
Le contexte américain expliquerait aussi les réticences des institutions bancaires canadiennes, qui font affaire avec nos voisins du Sud. Même si huit États ont légalisé l’usage récréatif de la drogue douce, le cannabis est toujours interdit par Washington. Les banques étant de compétence fédérale, elles peuvent se voir accuser de blanchiment d’argent si elles acceptent d’ouvrir des comptes aux entreprises de l’industrie.
  Le 4 janvier, le procureur général des États-Unis, Jeff Sessions, a annoncé l’annulation de cinq directives émises lors de la présidence de Barack Obama pour alléger l’application de la loi fédérale qui considère la marijuana comme une drogue dure. Rien pour rassurer les institutions financières.
 
Même le géant canadien Aurora, un producteur autorisé britanno-colombien qui a ouvert sa première serre à Montréal au mois d’octobre, s’est buté au conservatisme des banques. « On a eu des problèmes avec les banques parce que leur culture est calquée sur ce qui se passe aux États-Unis, où ce n’est pas légalisé, dit la directrice des affaires québécoises, Andrea Paine. Elles aiment beaucoup notre argent, mais c’est encore très difficile d’avoir du crédit. »
VICE a contacté les huit principales banques présentes au Québec. La BMO, la TD et Desjardins sont les seules institutions qui acceptent de travailler avec des entreprises liées au cannabis.
 
La BMO et GMP Securities, un courtier en placement torontois, ont d’ailleurs annoncé mercredi un investissement de 175 millions de dollars dans Canopy Growth, le plus gros producteur autorisé au pays. Il acquièrent environ cinq millions d’actions, au prix de 34,60 $ chacune, soit 8 % de moins que le cours de clôture du jour.
« En fait, la BMO va m’aider à vendre ces actions, mais elle ne les possède pas, précise le P.-D.G. de Canopy Growth, Bruce Linton. Mais j’aimerais beaucoup mieux avoir accès à un prêt, comme le font les banques avec toutes les autres compagnies. C’est quand même fou d’avoir une entreprise qui vaut plus de sept milliards de dollars et de ne pas être capable d’emprunter de la manière la plus traditionnelle. Je suis forcé de vendre mon entreprise morceau par morceau pour continuer à croître. On se croirait dans un vieux film des années 60. »
  La Banque Scotia, la Banque Nationale, la RBC et la CIBC n’offrent quant à elles aucun service bancaire à des compagnies engagées dans la production et la distribution de weed. De son côté, la Banque Laurentienne a refusé de répondre à nos questions.
La Banque de développement du Canada, une société de la Couronne qui finance les petites et moyennes entreprises, se distancie aussi de ce secteur d’activité. « Il est encore trop tôt pour se prononcer avec certitude sur la suite des choses puisque le projet de loi est encore à l’étude », nous explique son porte-parole, Jean-Philippe Nadeau.
Toutefois, Financement agricole Canada, une autre société d’État, fait affaire avec quatre producteurs autorisés de cannabis. « On a une approche très prudente, dit le vice-président des opérations du Québec du plus important prêteur à l’industrie agricole au pays, Vincent Giard. On ne travaille qu’avec des entreprises du domaine médical. »
Professeur en finance et spécialiste de la gestion de placements à l’Université McGill, Ken Lester remarque que les banques se trouvent dans une bien drôle de position, alors que la planète entière veut investir dans ce secteur en croissance. « Elles craignent d’admettre à leurs clients qu’elles ne veulent pas sauter dans le bateau et qu’elles ont pris la mauvaise décision pour leurs actionnaires, croit-il. Mais si elles y participent, il y a un risque de faire les nouvelles et d’être perçues comme les nouveaux pushers. »
  Toutefois, M. Lester souligne l’hypocrisie de ces institutions qui n’ont aucun problème à encaisser les commissions liées aux transactions boursières de la ruée verte. « Si vous appelez votre courtier à l’une des grandes banques canadiennes pour acheter les actions d’un producteur autorisé, il ne va pas refuser. »
 
Dany Lefebvre a d’ailleurs apostrophé le PDG de la Banque Nationale à ce sujet, lors d’une soirée d’affaires au Centrexpo de Drummondville. « Je me suis fait dire : “On n’est pas là pantoute et on ne s’en va pas là.” Mais je sais que plein de gens qui travaillent pour cette institution font des transactions boursières avec des entreprises du cannabis. »
Au moins deux institutions financières contactées par VICE ont enregistré un nombre de transactions record au cours de la semaine du 2 janvier, et ce, en partie en raison des négociations des titres d'entreprises de l'industrie du cannabis. « Je le sais parce que c’est tout ce que l’on échangeait durant la semaine du 2 janvier », nous dit un courtier de la Banque Nationale.
La TD a aussi connu un volume sans précédent de transactions durant cette même semaine. Cette intense activité de la clientèle a littéralement fait planter momentanément la plateforme d’échanges de l’institution. « Nous constatons que la négociation des titres d'entreprises de l'industrie du cannabis continue d'augmenter dans la composition des transactions, explique le directeur des affaires internes et publiques, Mathieu Beaudoin. Par contre, ces intermittences ont été causées par une augmentation globale du volume de transactions, alors que les transactions d'entreprises de cette industrie ont simplement contribué à l'augmentation globale de ce volume. »
  Ken Lester croit que la frilosité des grandes banques pousse donc les entreprises canadiennes à entrer en bourse. Elles sont plus d’une vingtaine aujourd’hui sur les marchés. « Tout le monde veut lancer de l’argent à ces compagnies en ce moment, dit le professeur de l’Université McGill. Les actions sont échangées à une valeur plus haute qu’elles le devraient, donc les compagnies du cannabis reçoivent de l’argent à un excellent prix, avec peu de dilution. »
L’autre avenue est d’approcher une firme privée de gestion de patrimoine. Ces « boutiques » prêtent de l’argent volontiers, mais à des taux d’intérêt beaucoup plus élevés. « Elles sautent sur l’occasion en ce moment et elles font une tonne d’argent, dit M. Lester. Pour elles, toutes les planètes sont alignées en ce moment. »
Le propriétaire de Maïtri Philippe Depault dénonce aussi le fait que, face à ces difficultés, certains entrepreneurs se tournent vers le marché noir pour financer leurs activités. « Le risque est énorme. Ils misent sur leur transition vers l’économie légale après la légalisation. Ça leur permet de lever du capital et de se bâtir une clientèle. Mais c’est du blanchiment d’argent et cette avenue ne m’intéresse pas. »
 
Simon Coutu  
Source: vice.com
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