Cannabis au volant : Gérald Darmanin fait une "séquence de communication" pour afficher les "muscles de l'Intérieur" analyse un addictologue
Le président de la Fédération française d'addictologie rappelle que l'alcool tue plus de personnes que le cannabis.
Un consommateur de cannabis à Paris, le 26 septembre 2019. (PIERRE GAUTHERON / HANS LUCAS / AFP)
"On voit bien que c'est une séquence de communication", une "politique d'affichage des muscles de l'Intérieur", observe le chef du département de psychiatrie-addictologie à l'hôpital université Paul Brousse Amine Benyamina lundi 16 août sur franceinfo, alors que Gérald Darmanin a annoncé dans Le Figaro qu'il allait lancer une campagne de sensibilisation contre le cannabis au volant et augmenter les dépistages. Le président de la Fédération française d'addictologie rappelle que l'alcool tue plus de personnes que le cannabis.
Pensez-vous que les dépistages annoncés par le ministre de l'Intérieur vont permettre de réduire la mortalité sur les routes ?
Il est très difficile de contrôler ce que consomment les personnes qui prennent le volant, en dehors des stupéfiants qui sont interdits, il y a le contrôle des médicaments, de l'alcool... C'est une bonne idée pour limiter les morts sur la route, simplement il faut revenir un peu sur les statistiques. Ce qui tue le plus actuellement, ce ne sont pas les stupéfiants. Le cannabis tue 120 personnes, l'alcool 42 000 et le tabac 75 000. J'aurais aimé lire, dans l'interview qu'a faite notre ministre de l'Intérieur, sa stratégie de lutte contre la consommation d'alcool au volant. On voit bien le séquençage du ministre de l'Intérieur sur la question des drogues. Il dit qu'il s'attaque au fléau de la drogue, c'est tant mieux, mais j'ai quand même le sentiment qu'on est encore sur une manière de stigmatiser les drogués plus que la drogue, puisque la lutte contre la drogue en vérité, c'est une politique qui est basée sur trois éléments essentiels : la prévention, le soin et l'ordre. Il a en charge l'ordre en tant que ministre de l'Intérieur, mais quid de la prévention et du soin ? Quid des drogues dont on sait maintenant qu'elles sont pourvoyeuses de mort ? La première qui tue sur la route en France, c'est l'alcool.
Diriez-vous que vous êtes donc dubitatif face à ces annonces ?
Je ne suis pas dubitatif, je suis pragmatique. Je vois comment le ministre de l'Intérieur est en train de traiter la question de la drogue. Je ne veux pas lui faire de procès d'intention, ce sont toujours de bonnes nouvelles quand on s'attaque à un fléau qui tue les jeunes et les moins jeunes. En revanche, je m'étonne qu'il n'y ait pas de volet de réduction des risques liés à l'alcool, qui très clairement montrerait son intérêt à la fois en France dans d'autres situations et partout dans le monde. On a souvent le sentiment qu'il y a une opposition entre une politique de santé pragmatique et une politique d'affichage des muscles de l'Intérieur. On en a besoin, mais très clairement c'est une politique de l'affichage. On voit bien que c'est une séquence de communication avec une interview ce matin dans Le Figaro et un déplacement à Cavaillon. Quid de la politique de soins ? On l'attend. On a toujours l'impression que le ministre de l'Intérieur s'affiche pour montrer les chiffres. Je vous rappelle simplement qu'il y a quelques années on a quand même émis un rapport extrêmement sérieux et on s'est rendu compte que, concernant les accidents liés au cannabis, il y avait plus de fantasmes que de réalité sur le terrain. Le cannabis a un impact, mais bien moins important que celui de l'alcool et on a confondu les deux quand, dans le cocktail alcool-cannabis, on a mis en avant le cannabis.
Gérald Darmanin oublie-t-il de lutter contre les risques liés à l'alcool ?
Je pense qu'il n'oublie pas, c'est une volonté de sa part de mettre en avant la problématique de la drogue et dire qu'il est là pour lutter contre ça. Je le comprends. Il est dans son rôle. En revanche, la racine même de la lutte contre le cannabis et les drogues n'est pas que dans la répression, elle est dans la prévention, dans la promotion des structures comme les salles de consommation à moindre risque, c'est dans le vrai débat sur la modification de la loi concernant le cannabis pour couper les problématiques à la base. C'est très clairement de son ressort et des possibilités de sa compétence, et on a le sentiment qu'il n'y a rien. Contre l'alcool, on le sait, il y a une vraie frilosité avec ce gouvernement, on verra bien ce que ça va donner dans les mois à venir. Tout en saluant les actes du ministre de l'Intérieur, on attend une vraie politique globale et on ose espérer un jour avoir à la fois le ministre de la Santé Olivier Véran et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin annoncer des choses en même temps.
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Entretien : faut-il légaliser le cannabis ?
Publié le 27/05/2021 17:16
Durée de la vidéo : 4 min.
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Renaud Colson, maître de conférences à l'université de Nantes, et Henri Bergeron, directeur de recherche au CNRS, co-signent Faut-il légaliser le cannabis ?. Ils y analysent les expériences des pays légalisateurs et l'influence de la légalisation sur le trafic.
Les équipes de France Télévisions ont rencontré Renaud Colson, maître de conférences à l'université de Nantes, qui a co-écrit avec Henri Bergeron, directeur de recherche au CNRS, Faut-il légaliser le cannabis ?. S'il déconseille formellement l'usage de cannabis, qui reste "une drogue potentiellement dangereuse", il étudie l'impact de la légalisation sur le trafic de drogue. Selon le chercheur, le trafic de cannabis est source de violence. "Cette violence vient de son interdiction et des trafics que son interdiction engendre."
Le risque des produits frelatés
En France, 5 millions de personnes consomment du cannabis, dont 900 000 sont des usagers réguliers. L'interdiction du cannabis ne permet pas de contrôler la qualité du produit vendu. "Il y a eu de l'herbe coupée avec des microbilles de verre pour en alourdir le poids, il y a des fleurs de chanvre à faible teneur en THC qu'on vaporise avec des cannabinoïdes de synthèse qui sont particulièrement dangereux", explique l'expert. Certains pays ont fait le choix de la légalisation, comme l'Uruguay ou le Canada. Selon Renaud Colson, la légalisation dans ces pays a permis de faire diminuer la consommation chez les plus jeunes : le trafic existe toujours, mais il est plus résiduel, et l'interdiction de la vente aux plus jeunes rend difficile leur approvisionnement.
Marseille : "Pour empêcher cette jeunesse d'être sacrifiée, il faut expérimenter la légalisation" du cannabis, proposent des élus écologistes
Pour Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille, en charge de la transition écologique, cette mesure permettrait notamment de mener "des politiques de santé publique, de prévention, pour réguler le marché."
Photo d'illustration de feuilles de cannabis. (STEPHANE LARTIGUE / MAXPPP)
Une nouvelle série de règlements de comptes a fait trois morts ce week-end à Marseille. Pour lutter contre les trafics de stupéfiants et les violences qui en découlent, l’adjoint au maire de Marseille, en charge de la transition écologique, appelle, sur franceinfo lundi 23 août, à expérimenter la légalisation du cannabis.
"On voit bien que nous sommes dans une spirale infernale. On voit bien l’impasse de la guerre menée contre les trafics aujourd'hui à Marseille", déplore Sébastien Barles. Membre du Groupe écologiste et citoyen au conseil municipal, il estime que "pour empêcher cette jeunesse d'être sacrifiée, il faut expérimenter la légalisation" du cannabis, en citant l’exemple d’autres Etats qui l’ont fait, notamment aux États-Unis, et assure y observer "une diminution des trafics et de la violence."
Considérer le cannabis "comme le tabac et l'alcool"
Pour Sébastien Barles, cette mesure permettrait également de mener "des politiques de santé publique, de prévention, pour réguler le marché et faire en sorte que les produits soient de meilleure qualité". L’adjoint au maire appelle ainsi à "considérer le cannabis comme le tabac et l'alcool, en menant une politique de réduction des addictions."
Il confie que la légalisation "n’est pas la panacée", mais assure que cela permettrait de générer des recettes fiscales pouvant servir à "mener des vraies politiques structurelles pour pallier cet abandon des quartiers populaires de Marseille, en matière d'équipements collectifs, de formation des jeunes, pour les ramener vers l'emploi, de l'emploi légal et de l’emploi d'avenir."
Il a quitté la France à 18 ans pour un séjour de près de deux décennies en Inde, au Népal, au Mexique et au Maroc pour apprendre les secrets de la fabrication du haschisch et est devenu une autorité.
Frenchy Cannoli en 2019. Il a mélangé l'amour d'un vrai croyant pour le haschisch avec le nez d'un connaisseur pour la qualité. Credit...Taliesin Gilkes-Bower
Frenchy Cannoli, célèbre évangéliste du haschisch qui a passé 18 ans comme nomade à apprendre à fabriquer la drogue à partir de la résine de la plante de cannabis dans les régions rurales d'Asie, d'Afrique et du Mexique, est décédé le 18 juillet à San Francisco. Il avait 64 ans.
La cause en est des complications lors d'une opération chirurgicale, a déclaré sa femme, Kimberly Hooks, affectueusement appelée Madame Cannoli dans le monde de son mari.
M. Cannoli - un nom de ganja pour la façon dont il roulait la résine comme une pâtisserie italienne - mélangeait l'amour d'un vrai croyant pour la drogue avec le nez d'un connaisseur pour la qualité et le zèle d'un enthousiaste pour le haschisch qui provient du cannabis cultivé en Californie du Nord.
"J'ai fait du haschisch toute ma vie", a-t-il déclaré, avec son épais accent français, lors d'un discours à la conférence sur le cannabis Concentration en 2019. "Ce n'est pas un gros problème - c'est ma vie".
Son haschich lui a valu le respect des cercles du cannabis, tout comme ses ateliers, "Lost Art of the Hashishin", qui enseignaient aux producteurs artisanaux et aux jardiniers amateurs des États-Unis, du Canada, d'Espagne et des Pays-Bas comment récolter les glandes résineuses des plants de cannabis, appelées trichomes. Il a beaucoup écrit et a laissé derrière lui deux livres inachevés, l'un sur l'histoire des concentrés de cannabis et l'autre sur la fabrication du haschisch.
M. Cannoli, qui vivait à Richmond, en Californie, aidait également les producteurs de cannabis des comtés de Humboldt, Mendocino et Trinity - connus sous le nom de "Triangle d'émeraude" - à obtenir de l'État de Californie des désignations géographiques protégées par la loi pour leurs produits, comme l'ont fait il y a longtemps les régions de Champagne, Napa Valley et Bordeaux dans l'industrie du vin.
Et il est le sujet d'une série documentaire, "Frenchy Dreams of Hashish", qui n'est pas encore sortie.
"Je fumais de la marijuana depuis l'âge de 14 ans et j'ai rencontré Frenchy à 33 ans. J'ai appris plus de choses sur cette plante pendant ces deux années que pendant les 15 années où j'avais fumé", a déclaré par téléphone le réalisateur, Jake Remington. "Je me souviens juste, moi et Frenchy, la caméra qui tourne, allant de ferme en ferme, fumant joint après joint".
"J'ai fait du hachis toute ma vie", a dit un jour M. Cannoli. "Ce n'est pas grave, c'est ma vie." Crédit...Taliesin Gilkes-Bower
M. Cannoli est né Didier Camilleri le 13 décembre 1956 à Nice, de parents français, a grandi dans cette ville, en Bretagne et au Gabon, où son père travaillait. Dans sa jeunesse, il rêvait de parcourir la route de la soie et de naviguer sur la mer Rouge. Il lit avec avidité les récits de l'explorateur britannique Sir Richard Burton et de l'aventurier et contrebandier français Henry de Monfreid.
À 17 ans, Didier a essayé le haschisch pour la première fois et a été rapidement séduit. Le haschisch lui apporte une joie et un sentiment de bien-être qu'il n'avait jamais connus auparavant (et qu'il continuera à éprouver jusqu'à la fin de sa vie).
Le jour de son 18e anniversaire, il a quitté la France avec quelques centaines de dollars pour entamer ce qui allait devenir un pèlerinage de 18 ans pour fumer le meilleur haschisch qu'il pouvait trouver et apprendre à le cultiver auprès de ceux qui connaissaient les meilleures techniques traditionnelles.
Devenu un randonneur du haschisch, M. Cannoli a cherché des maîtres du cannabis au Maroc, au Mexique, en Thaïlande, au Népal (où il a rencontré Mme Hooks, dans un restaurant en 1980), au Pakistan et en Inde. Il a passé huit saisons à cultiver du cannabis dans la vallée de Parvati, dans le nord de l'Inde, vivant dans une grotte ou un appentis.
"Collecter la résine vivante de plantes de cannabis sauvages à mains nues dans des vallées reculées au pied de l'Himalaya a été de loin l'expérience la plus engageante et la plus extraordinaire de ma vie", a-t-il déclaré à Forbes en 2019.
Ses pérégrinations lui ont donné une profonde appréciation des cultivateurs de cannabis et de leur "terroir" - un mot français emprunté à la viticulture qu'il a décrit dans le magazine Skunk en 2019 comme "la délicate symbiose entre la terre, le règne végétal et les humains qui nourrissent et améliorent les caractéristiques de la terre."
Lorsque les voyages de haschisch de M. Cannoli ont pris fin au début des années 1990, lui et Mme Hooks avaient déjà une fille, Océane, et vivaient au Japon. Il vendait des sacs à main en cuir et des antiquités japonaises, et travaillait comme traducteur de manuels d'utilisation et d'autres publications. Mme Hooks et lui se sont installés à Walnut Creek, en Californie, en 1996 et se sont mariés un an plus tard. Il a continué à vendre des sacs à main pendant un certain temps et a géré un restaurant à Berkeley.
En 2005, il a commencé à se lancer dans l'industrie du cannabis. Neuf ans plus tôt, l'utilisation de la marijuana à des fins médicales avait commencé dans l'État, et il a commencé à assister à des événements où les vendeurs de cannabis et les aficionados se réunissaient. Après avoir fait connaître son haschisch lors de ces rencontres, il a commencé à le vendre à des dispensaires médicaux.
En cours de route, le nom de M. Cannoli lui a été conféré par Subcool, un cultivateur de cannabis.
En 2015, M. Cannoli a lancé ses ateliers, auxquels des milliers de personnes ont participé.
Il laisse derrière lui sa femme et sa fille.
Le haschisch que M. Cannoli fabriquait sous son nom était mémorable à la première odeur.
Leo Stone, un sélectionneur de graines de cannabis à Garberville, en Californie, se souvient de la façon dont M. Cannoli l'a " secoué " lors de leur première rencontre en 2012. M. Stone venait de remporter un prix de l'industrie, l'Emerald Cup, pour l'une de ses variétés de cannabis, lorsque M. Cannoli lui a tendu un pot ouvert de son haschisch au visage.
"C'était comme un coup de poing dans le sens olfactif", a déclaré M. Stone par téléphone. "Je n'avais jamais senti un haschisch aussi étonnant. Son haschisch changeait le paradigme."
Par Richard Sandomir
Source nytimes.com
on en parle sur le forum
Consommer du cannabis de manière récréative sera légalement possible dès l'année prochaine dans le canton de Bâle-Ville. Un projet de vente régulée de cette drogue sera soumis à la Confédération cet automne. Ailleurs en Suisse, le canton de Genève et plusieurs villes vont également tenter l'expérience en 2022.
Bâle présente son projet-pilote de légalisation du cannabis: interview de Sandro Cattacin / Forum (vidéo) / 6 min. - cliquer sur l'image pour lancer la vidéo
Le canton de Bâle-Ville est prêt à lancer son projet de vente régulée de cannabis. Tout le monde ne pourra toutefois pas bénéficier du programme. Au total, 5000 personnes "cobayes" pourront s'inscrire pour consommer librement du chanvre contenant le psychotrope THC ‒ la consommation de chanvre contenant du CBD, substance non psychoactive, étant déjà légalisée.
Ces personnes pourront être conseillées dans les pharmacies, qui vendront le stupéfiant au prix du marché, soit environ dix francs le gramme. Les fumeurs et fumeuses accrédités seront en outre suivis par des spécialistes de l'Université de Bâle.
L'expérience commune à plusieurs villes devrait commencer au début de l'année prochaine et durer au maximum cinq ans.
>> Revoir le sujet du 19h30:
Plusieurs projets pilote de vente de cannabis vont être lancés dans les villes suisses sous la houlette de l'OFSP. / Cliquer sur l'image pour lancer la vidéo 2 min. / le 1 juillet 2021
Différentes stratégies de distribution
Les villes associées à ce projet ne prévoient pas toutes les mêmes stratégies. A Berne, les personnes inscrites à ce programme expérimental pourront commander leur substance dans les pharmacies, comme à Bâle-Ville. La Ville de Zurich parie quant à elle sur les services sociaux, alors que Lausanne mise plutôt sur des magasins sans profits.
De son côté, Genève va s'appuyer sur les associations pour expérimenter la distribution de chanvre psychotrope.
"Nous voulons trouver des versions associatives où il existe des personnes compétentes pour assurer un suivi et aider en cas de besoin", a expliqué vendredi soir dans l'émission Forum Sandro Cattacin, sociologue et professeur à l'Université de Genève, qui pilote le projet de vente régulée de cannabis à l'échelle cantonale.
Selon lui, une distribution à travers les pharmacies n'est pas souhaitable car il s'agirait d'une "médicalisation" du projet. Le responsable genevois veut également éviter de soumettre l'expérience "à la loi du profit", mais ajoute que c'est justement la multitude des propositions en Suisse qui permettra de déterminer "dans quelle direction aller".
Expérimentations nécessaires
D'après un sondage de l'institut Sotomo, deux personnes sur trois en Suisse seraient favorables à une réglementation du cannabis plutôt qu'à son interdiction. Dès lors, ces futures expériences, longues et coûteuses, peuvent sembler inutiles.
Lire aussi: Deux tiers des Suisses pour la légalisation du cannabis, mais avec des garde-fous
Sandro Cattacin estime néanmoins que la sensibilisation de la population a été possible grâce au long processus de discussion qui entoure ces projets. Selon le sociologue, il reste également beaucoup de questions qui n'ont pas encore été réglées par les modèles étrangers.
Propos recueillis par Mehmet Gultas
Adaptation web : Isabel Ares
Barcelone aggrave la situation des cannabis clubs en retirant la licence municipale
Le Conseil municipal a communiqué aux 200 associations qu'elles doivent opérer avec une licence de club privé
"A chaque fois ils nous poussent vers un endroit plus sombre", déplore Eric Asensio, porte-parole de la ConFac
La mairie de Barcelone a fait savoir aux cannabis clubs de la ville qu'elle retirait la licence municipale qu'elle leur avait accordée en 2016 . La décision a été prise après une décision de la Cour supérieure de justice de Catalogne qui a souligné que le consistoire d' Ada Colau n'est pas un organe compétent pour réglementer son activité. Le conseil municipal a déposé un pourvoi en cassation qui a été rejeté par la Cour suprême en avril dernier.
Actuellement, il existe environ 200 associations cannabiques ouvertes dans la capitale catalane qui devront désormais se réinscrire en tant que clubs privés. "Ils nous poussent à chaque fois vers un endroit plus sombre , nous essayons de sortir mais nous continuons à reculer", déplore Eric Asensio , porte-parole de la Confédération des fédérations des associations cannabiques (ConFac) auprès de ce journal .
Toujours à la suite de cette décision, le conseil municipal a annoncé qu'il allait promouvoir une campagne d'inspections pour s'assurer qu'elles fonctionnent conformément à « la législation en vigueur.« « Nous allons commencer à passer en revue ceux qui ont généré le plus de plaintes de quartier », explique un porte-parole municipal à ce journal. L'équipe de Colau a également créé un groupe de travail interne qui implique les secteurs Services juridiques, Santé, Sécurité et Urbanisme pour faire des propositions de modifications législatives et les étudier avec la Generalitat et le Gouvernement. En attendant que ce groupe de travail trouve la bonne clé, la réalité est que la nouvelle, que la Mairie a rendue publique dans un communiqué la semaine dernière, aggrave les Les limbes qui persécutent ces associations.Avec le plan municipal de 2016, le conseil municipal entendait « rendre compatible le droit d'association des personnes qui consomment du cannabis avec l'exercice d'autres droits fondamentaux comme la protection de la santé ». Mais la justice considère que cette administration n'est pas compétente pour gérer quoi que ce soit qui concerne "des espaces susceptibles de commettre des délits".
La malédiction des clubs
Les clubs de cannabis ont émergé il y a près de dix ans en Catalogne en profitant d'un vide juridique. En collectivisant l'autoconsommation, les fumeurs ont ouvert des centres sociaux à but non lucratif où les partenaires plus âgés pouvaient se rendre pour consommer de la marijuana qui, en échange d'une redevance, recevait une partie d'une plantation commune. Le manuel de bonnes pratiques des clubs, que tous ne respectent pas et qui n'a aucune valeur légale, précise que la marijuana ne peut pas être vendue, que le membre ne peut pas prendre de drogue dans les locaux et qu'elle ne peut pas être promue, entre autres.
L'activisme des clubs a fait que le Parlement de Catalogne approuvera en 2017 une loi qui réglemente son activité, la plus complète qui ait été faite à ce jour en Espagne. Il a reçu le soutien de tous les partis, à l'exception du PP, qui a présenté un recours devant la Cour constitutionnelle qui a fini par abroger la loi catalane, considérant qu'elle avait été investi de pouvoirs qui ne lui correspondaient pas. Navarre avait imité le texte catalan et a subi la même peine. Actuellement, seule la contribution législative basque prévaut, qui, contrairement au catalan, ne réglemente pas la culture ou son transfert, les éléments clés. Parallèlement à cette décision constitutionnelle, tant la Cour suprême que le Parquet ont respectivement prononcé des condamnations et des instructions qui remettent les cannabis clubs dans le collimateur de la police car, avant tout,Ils ont réduit le droit supposé qu'ils avaient de planter de la marijuana - dans l'État, c'est interdit, sauf pour les cultures de R&D. Autrement dit, si un organisme de sécurité découvre une plantation –clandestine, il ne peut en être autrement– d'une association, il peut finir par traduire en justice les responsables.
Le paradoxe des clubs
Le paradoxe des cannabis clubs (CSC) en Espagne est qu'il est plus sûr d'aller au marché noir pour acquérir la marijuana que leurs membres vont consommer que de la cultiver. Posséder ses propres plantations, c'est s'exposer à subir des opérations policières et des procès pour trafic de drogue ou braquages par des mafias - de plus en plus puissantes et violentes - qui se sont implantées dans l’État pour produire et exporter du cannabis d'ici vers le reste de l'Europe , où chaque gramme se multiplie. Les clubs continuent de réclamer une régulation de leur activité pour arrêter un marché noir qui, selon les Mossos d'Esquadra eux-mêmes, est devenu une menace pour la paix sociale en Catalogne pour sa capacité à tenter et à corrompre les pouvoirs publics .
Amsterdam dit aux touristes tapageurs de «rester à la maison» alors que les fermetures de la ville sont levées
Les autorités limitent les excès et mettent en avant la culture alors qu'elles cherchent à améliorer le fonctionnement du tourisme pour toute la ville
* Amsterdam vise à relancer le tourisme après la pandémie
* La ville devrait perdre 8 milliards d'euros de dépenses touristiques en 2021
*Les gouvernants cherchent à réprimer le sexe, le tourisme du cannabis
Par Karolin Schaps
AMSTERDAM, 7 juillet (Fondation Thomson Reuters) - L'artiste et guide touristique Louke Spigt parvient à joindre les deux bouts en proposant des visites à quelques-uns des millions de visiteurs étrangers qui affluent chaque année dans la capitale néerlandaise Amsterdam à la recherche de culture, de cannabis et de sensations fortes.
Mais même elle a des doutes quant à leur retour après que le gouvernement néerlandais a commencé à lever la plupart des restrictions de verrouillage en avril, ouvrant à nouveau la porte au tourisme de masse dans l'une des villes les plus visitées au monde.
"Les problèmes, ce sont les groupes incontrôlables de Britanniques buveurs, les touristes à petit budget qui jettent tous leurs déchets dans les rues", a déclaré Spigt, 53 ans, aux cheveux bleus. "Nous voulons d'autres (types) de touristes."
Alors qu'Amsterdam sort de lourdes restrictions pandémiques, elle est confrontée à un exercice d'équilibre – comment relancer le commerce du tourisme qui sous-tend près d'un dixième de l'économie de la ville tout en s'assurant qu'il ne domine pas aux dépens des résidents.
Pour ce faire, la ville cherche de toute urgence à se débarrasser de son image "tout est permis" - basée sur sa tolérance au cannabis et au travail du sexe dans le célèbre quartier rouge - et à se concentrer sur l'accueil de visiteurs qui préfèrent se livrer à ses offres culturelles et historiques.
"Amsterdam est dans une position chanceuse où elle pourrait vraiment utiliser la pandémie pour essayer de nouvelles choses", a déclaré Ko Koens, professeur de nouveau tourisme urbain à l'Université des sciences appliquées d'Inholland.
Contrairement à d'autres lieux de vacances, la ville possède un large éventail d'industries, ce qui signifie qu'elle peut se permettre de freiner le tourisme dommageable, a-t-il déclaré.
« C’est le moment d'expérimenter", a ajouté Koens.
L'hôtellerie à Amsterdam a plongé de 68% au milieu de la pandémie mondiale l'année dernière, selon les données de la municipalité.
La banque néerlandaise ABN Amro s'attend à ce que le nombre de visiteurs reste relativement faible cette année, avec une perte de revenus d'environ 8 milliards d'euros (9,5 milliards de dollars) pour la ville et ses entreprises.
Environ 11% de la main-d'œuvre d'Amsterdam est employée dans le secteur du tourisme, et beaucoup sont impatients de pouvoir reprendre leur travail après 15 mois de fermetures répétées.
"C'est super. Enfin, après une longue période, je suis enfin de retour . C'est ma passion", a déclaré le skipper de luxe Joost Barendsen.
Skipper Joost Barendsen stands in front of one of his canal cruise boats in central Amsterdam, June 24, 2021. Thomson Reuters Foundation/Karolin Schaps
D'autres vivant dans le centre-ville d'Amsterdam sont moins heureux.
Marlies Weyergang, 61 ans, a déclaré qu'elle redoutait le retour de touristes tapageurs dans le pittoresque quartier central de Nieuwmarkt, qui abrite un nombre croissant de locations de vacances.
"Nous avons vu tellement d'Airbnb apparaître dans notre région. En tant que résidents, ils ne nous apportent aucun avantage", a déclaré Weyergang.
« MEILLEUR ÉQUILIBRE »
Amsterdam a accueilli environ 20 millions de visiteurs étrangers en 2019 et son centre accueille généralement cinq touristes pour chaque résident permanent, selon les statistiques du gouvernement.
Les résidents soutiennent que la ville est victime de son propre succès, ces visiteurs apportant des déchets et du bruit ainsi que des loyers qui montent en flèche en raison de l'essor des locations de vacances qui ont coûté cher à de nombreux habitants.
En juin, la mairie d'Amsterdam a lancé une campagne publicitaire de 100 000 euros axée sur la nourriture, les musées et la nature pour attirer les touristes soucieux de leur culture plutôt que ceux qui viennent ivres pour des enterrements de vie de garçon ou des aventures alimentées par la drogue.
"Si les touristes veulent seulement fumer de l'herbe, boire trop d'alcool et visiter le quartier rouge, restez chez vous", a déclaré le maire adjoint d'Amsterdam, Victor Everhardt, à la Fondation Thomson Reuters par courrier électronique.
"Nous n'avons pas été en mesure de voler de bonnes idées à d'autres villes - elles nous regardent maintenant sur la façon dont nous traitons le tourisme."
Même avant la pandémie, les autorités s'étaient efforcées de lutter contre les comportements antisociaux des visiteurs et de rendre la ville plus vivable pour les résidents permanents.
Ces dernières années, la municipalité a interdit les nouveaux hôtels et boutiques de souvenirs, et interdit les locations de vacances dans certaines zones.
Le maire de gauche d'Amsterdam, Femke Halsema, a également fait des propositions pour interdire aux touristes d'acheter de l'herbe et pour déplacer le quartier rouge du centre-ville vers un nouveau "centre érotique" à la périphérie.
Les changements ont suscité des critiques de certains milieux, tels que les travailleuses du sexe du syndicat Red Light United, qui ont averti que les plans les rendraient "moins visibles" et donc plus vulnérables à la traite des êtres humains.
Certains se demandent également si les efforts visant à dissiper les comportements tapageurs sont réalisables.
"Les touristes ivres seront toujours là. Ils étaient déjà là au 17ème siècle quand les marins se saoulaient dans les mêmes bars. Cela fait partie de la société d'Amsterdam", a déclaré Berber Hidma, un guide touristique de 34 ans.
A sign warns of a 95-euro fine for urinating in public in Amsterdam's city centre, June 24, 2021. Thomson Reuters Foundation/Karolin Schaps
Mais les plans ont été généralement bien accueillis par les résidents.
"Les touristes ne devraient pas penser que simplement parce que vous pouvez fumer un joint ici, vous pouvez faire ce que vous voulez", a déclaré Willem Bosse, 55 ans, un consultant en informatique qui a déclaré que sa maison dans le centre d'Amsterdam se trouve à moins de deux minutes de 10 coffee shops - la plupart des eux vendant du cannabis - mais pas de boucher ni de boulangerie.
"En tant que résidents, nous devons toujours nous adapter pour accueillir les touristes. Il doit y avoir un meilleur équilibre", a-t-il déclaré.
IMPACT POSITIF
Les entreprises prennent également des mesures pour encourager un tourisme plus positif.
Depuis deux ans, la société de visites à pied Tours That Matter propose aux visiteurs d'explorer Amsterdam à travers des thèmes tels que la colonisation, la gentrification ou la durabilité.
Il emmène également les touristes vers des sites en dehors du centre-ville, par exemple dans le quartier de Bijlmer, l'un des quartiers les plus pauvres et les plus diversifiés d'Amsterdam.
"Nous (...) nous concentrons sur l'impact positif pour nous assurer que les habitants veulent avoir les touristes", a déclaré la co-fondatrice Anouschka Trauschke.
"Nous formons des locaux, comme des artistes ou d'anciens sans-abri - dont certains n'ont pas d'autre emploi - à devenir des guides touristiques et à partager leurs histoires.
" Zoku, une entreprise basée à Amsterdam proposant des logements hybrides à la maison, au bureau et à l'hôtel, a conçu ses lofts de location pour permettre aux touristes et aux résidents de se mêler dans des espaces communs.
Les habitants et les visiteurs partagent régulièrement des dîners organisés sur de longues tables en bois dans son restaurant.
Zoku s'est étendu à Copenhague et à Vienne, deux villes également aux prises avec le défi d'accueillir les touristes sans blesser les résidents.
"Si vous voulez que les gens se comportent comme des invités, vous devez également les traiter comme des invités et non comme des marchandises", a déclaré Koens, professeur de tourisme.
"Nous devrions regarder beaucoup plus la valeur sociétale que le tourisme peut apporter que les bénéfices économiques - c'est le changement que nous devons faire."
Reportage de Karolin Schaps ; Montage par Sonia Elks et Jumana Farouky. Veuillez créditer la Fondation Thomson Reuters, la branche caritative de Thomson Reuters, qui couvre la vie de personnes dans le monde qui luttent pour vivre librement ou équitablement .
https://www.dna.fr/societe/2021/07/15/le-gouvernement-veut-perenniser-les-salles-de-shoot-apres-2022
(pas vraiment en lien avec le canna mais vu que c'est de la RDR...)
Le gouvernement veut pérenniser les salles de shoot après 2022
Début juin, le ministère de la Santé avait jugé "positif" le bilan des deux structures de ce genre testées à Paris et Strasbourg depuis 2016. Il a annoncé ce jeudi vouloir permettre le développement de ces salles au-delà de 2022.
Une salle de consommation de drogues à moindres risques (SCMR) avait été ouverte à Paris en 2016. Photo archives AFP
Elles avaient fait débat à leur ouverture mais cinq ans plus tard, après un bilan jugé "positif", les "salles de shoot" devraient être pérennisées. Le ministère de la Santé a annoncé ce jeudi vouloir permettre le développement de ces salles de consommation de drogues à moindres risques au-delà de 2022.
Début juin, le cabinet d’Olivier Véran avais mis en avant le bon bilan des deux structures de ce genre testées à Paris et Strasbourg depuis 2016, et avait expliqué vouloir "pérenniser" dans le droit commun ces dispositifs, dont l’expérimentation n’était prévue que jusqu’en 2022.
Ce projet était toutefois suspendu à un arbitrage de Jean Castex, alors que ces "salles de shoot" irritent au sein même du gouvernement. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est publiquement opposé fin juin à la création d’un espace de ce type à Lille, et à Paris le préfet de police Didier Lallement répète régulièrement l’opposition de Beauvau "à des salles où on se drogue". Le Premier ministre a désormais tranché et le dossier "est bien arbitré", explique le ministère de la Santé.
La création de nouvelles salles autorisée au cas par cas par le ministère
Une disposition doit être inscrite dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour prolonger l’existence de ces salles de consommation à moindres risques (SCMR). Sa rédaction est en cours et elle "doit faire l’objet d’un vote dans le cadre normal du processus législatif", lors de l’examen du PLFSS par l’Assemblée nationale à partir de septembre, a insisté le ministère. "Dans notre action de réduction des risques liées aux addictions, les dispositifs de consommation supervisée sont un outil dont l’utilité a été confirmée par l’évaluation de l’Inserm» publiée début mai", rappelle-t-il.
L’adoption de cette disposition permettrait aux villes qui le souhaitent de créer de nouvelles structures. "Le nombre de lieux ne sera pas fixé par l’Etat, puisque selon notre ligne c’est un constat local qui préside à la construction d’un projet", précise-t-on rue de Ségur. La création de nouvelles salles serait ainsi autorisée au cas par cas par le ministère, après concertation entre élus locaux, agences régionales de santé, préfectures et parquets.
Des ravages liés au crack à Paris
De quoi faire évoluer la donne à Paris, où les ravages liés au crack ont pris un tour dramatique ces derniers mois. Malgré un plan de lutte coordonné par la mairie et différents services de l’Etat, des centaines de toxicomanes errent dans le nord-est de la capitale, au grand dam des riverains désespérés par les violences et les nuisances. Face à ce dérivé fumable de la cocaïne, la maire Anne Hidalgo refuse de "déplacer" une énième fois les toxicomanes, comme le souhaite la préfecture de police. Elle souhaite plutôt ouvrir plusieurs lieux d’accueil dédiés, avec des espaces de consommation leur permettant de fumer du crack.
La semaine dernière, la maire socialiste a notamment promis l’ouverture d’une structure de ce genre "dès cet été". A terme, la municipalité espère créer quatre ou cinq salles de consommation dans Paris, selon plusieurs élus de sa majorité. Mardi, Olivier Véran a souligné devant l’Assemblée nationale que "la clé du succès dans l’installation de tels dispositifs, c’est d’abord qu’il y ait un consensus". Selon le ministre de la Santé, "le travail (...) de la maire de Paris, c’est de mener la consultation et la concertation avec les concitoyens parisiens."
Marseille : Des adjoints réclament « la légalisation encadrée du cannabis » à l’échelle de la ville
DROGUE Des élus et adjoints du nouveau groupe écologique de la mairie de Marseille plaident pour une légalisation expérimentale après la mort de six jeunes dans des règlements de comptes ces quinze derniers jours.
Alexandre Vella
Des élus marseillais réclament « la légalisation encadrée du cannabis » à l'échelle de la ville. (Illustration) — FABRICE ELSNER/20 MINUTES
Ils ont choisi de faire bande à part pour mieux porter « la voix des écologistes ». Lundi dernier Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille en charge de la transition écologique, et cinq de ses confrères, dont trois adjoints, annonçaient la création d’un groupe « écologique et citoyen » au sein du conseil municipal.
Une semaine plus tard, les voilà à exprimer leur première position de groupe, hors du Printemps Marseillais. « En deux semaines six jeunes sont morts à Marseille, victimes directes ou collatérales, de règlements de compte entre bandes rivales, liés au trafic de cannabis », écrivent-ils dans un communiqué. Et de réclamer une légalisation expérimentale et encadrée du cannabis à Marseille avec « un bilan au bout de trois ans ».
Lancer le débat public « sur la prohibition du cannabis et les dégâts qu’elle génère », une position que les écologistes « affirment depuis des années ». Servi par les récents événements tragiques, ce nouveau groupe au conseil municipal de Marseille, qui demeure toutefois dans la majorité, n’a pas manqué de le rappeler. Reste que cette hypothèse d’une légalisation locale reste largement improbable et soulèverait sans doute des questions de constitutionnalité.
Au Mexique la Cour suprême dépénalise le cannabis
Si elle est adoptée par le Congrès mexicain, la légalisation du cannabis fera du Mexique le troisième pays à légaliser le cannabis au niveau national pour un usage récréatif, après l’Uruguay et le Canada.
La décision de la plus haute instance juridique du pays constitue cependant une étape importante pour le Mexique, qui compte 126 millions d’habitants et qui est plongé dans une spirale de violence depuis 2006, date à laquelle le gouvernement fédéral de l’époque a lancé une opération militaire antidrogue controversée. Photo Alfredo ESTRELLA/AFP
La Cour suprême du Mexique, où opèrent de puissants cartels de la drogue, a officiellement dépénalisé lundi l’usage légal de la marijuana pour les adultes.
Huit des onze membres de cette instance ont ainsi déclaré inconstitutionnels une série d’articles de la loi mexicaine sur la santé qui interdisaient la consommation de marijuana.
"Jour historique"
"Aujourd’hui est un jour historique pour les libertés", a commenté le président de la Cour, Arturo Zaldívar, à l’issue du vote.
La décision de la Cour suprême intervient après que le Congrès mexicain n’a pas réussi à voter une loi sur cette question avant la date limite du 30 avril fixée par la Cour suprême. Le 10 mars, la Chambre des députés avait approuvé un projet de loi à cet effet. Un vote du texte était en attente au Sénat, qui l’avait déjà approuvé en novembre mais devait le reprendre après plusieurs amendements ajoutés par la chambre basse. Toutefois, début avril, la majorité au Sénat avait déclaré qu’elle envisageait de reporter à septembre la discussion finale de la loi. Ricardo Monreal, le coordinateur parlementaire du parti Morena au pouvoir avait alors déclaré que la loi émanant de la Chambre des députés "comportait des incohérences".
La déclaration approuvée lundi par la Cour suprême signifie que ceux qui veulent désormais utiliser la marijuana à des fins récréatives peuvent demander une autorisation à la Commission fédérale pour la protection contre les risques sanitaires (Cofepris) et que celle-ci ne peut la leur refuser.
Le Congrès doit encore légiférer sur la question
Bien que les organisations civiles et les spécialistes applaudissent la décision de la Cour suprême, ils mettent en garde sur le fait que le Congrès doit encore légiférer sur la question.
"La décision (de la Cour suprême) n’affecte pas le cadre de justice pénale et laisse un vide juridique en ce qui concerne la consommation, la culture et la distribution de cannabis", estime l’ONG Mexico United Against Crime sur Twitter.
Pour sa part, Jorge Hernandez Tinajero, militant pour la réglementation du cannabis au Mexique depuis les années 1990, critique le législateur qui n’a pas été en mesure de "réglementer la réalité", comme la possession et la commercialisation de la marijuana.
La décision de la plus haute instance juridique du pays constitue cependant une étape importante pour le Mexique, qui compte 126 millions d’habitants et qui est plongé dans une spirale de violence depuis 2006, date à laquelle le gouvernement fédéral de l’époque a lancé une opération militaire antidrogue controversée. Depuis lors, le pays a enregistré plus de 300 000 meurtres.
Si elle est adoptée par le Congrès mexicain, la légalisation du cannabis fera du Mexique le troisième pays à légaliser le cannabis au niveau national pour un usage récréatif, après l’Uruguay et le Canada.
Elle ouvre aussi un front à hauts risques avec les cartels de la drogue qui sont les puissants maîtres de ce secteur d’activité. En 2020, les autorités mexicaines ont saisi 244 tonnes de marijuana. La dernière enquête nationale sur les drogues (2016) réalisée au Mexique a démontré que 7,3 millions de Mexicains âgés de 12 à 65 ans avaient déjà consommé plusieurs fois de la la marijuana et qu’elle était la drogue préférée de 1,82 million de Mexicains.