Alors que la marijuana (« l’herbe ») se démocratise comme « traitement thérapeutique » dans de nombreux états des Etats-Unis, de plus en plus de personnes âgées semblent séduites par les effets bénéfiques de cette drogue douce, à tel point qu’à terme, la consommation des ainés pourrait dépasser celle des jeunes.
Photo Seniors seeking medical marijuana.CBS News
L’utilisation de l’herbe récréative mais aussi et surtout médicale, se développe fortement aux Etats-Unis où sa consommation est légale dans 29 états, soit plus de la moitié du pays !
Résultat ? La consommation est en hausse chez les seniors et les personnes âgées qui l’utilisent majoritairement comme anti-douleurs. Il se pourrait même qu’à terme, l’herbe soit plus fumée par les anciens que par les jeunes !
Comme on peut le voir, cette évolution de la loi vis-à-vis de cette drogue douce a radicalement changé le comportement des consommateurs, mais a également vu l’arrivée d’une nouvelle génération d’amateurs « d’herbe »… Celle des ainés ! C’est en tout cas ce qu’indique un récent article de l’AFP qui souligne que le nombre de seniors américains consommant de la marijuana a explosé ces derniers mois.
Les retraités consomment de l’herbe principalement, non pas pour écouter les Pink Floyd, mais pour traiter leurs douleurs ou pour retrouver le sommeil. Notamment dans l’état de Californie, le plus « ouvert » en la matière (un chiffre d’affaires qui devrait représenter 6,5 milliards de dollars d’ici 2020).
Le marché est en tel développement que des séances d’informations et de formations sont organisées dans des maisons de retraite, un peu à la façon des fameuses réunions « Tupperware ». Et cela draine tellement de curieux, que certaines réunions doivent refuser du monde à l’entrée tellement les candidats à l’information sont nombreux ! Dans certaines résidences pour seniors, certains habitants créent également des clubs de seniors ayant pour thématique l’herbe, ses bienfaits et son utilisation.
Rappelons que cette drogue douce s’avère particulièrement (re)connue pour ses propriétés anti-douleur ou comme stimulateur d'appétit et anti-nauséeux chez des personnes sous chimiothérapie. Toutefois, elle serait aussi efficace dans le cas de traitement de certaines maladies comme la sclérose en plaque, le glaucome, l’arthrite, les maladies de Parkinson ou d’Alzheimer… Les seniors apprécient également le peu d’effets secondaires.
A noter que les retraités recherchent généralement d’autres modes de consommation (autre que « la fumette ») et de petites doses de THC, la molécule qui « fait du bien ». On voit ainsi se développer les cours de cuisine spécialisés « cannabis » ce qui permet de se préparer des bonbons ou des gâteaux « maison ». Le fait est que cette drogue se cuisine autant « salée » que « sucrée ». C’est selon vos goûts, vos choix et vos envies !
Les ainés privilégient aussi les sprays, les gouttes prises sous la langue, les gélules, les huiles, les onguents, les crèmes ou les patches transdermiques. Cependant, que le choses soient claires, l’action du THC ne fonctionne qu’à un dosage faible très précis, bien moins élevé que celui d’un joint, qui de plus, contient dans sa fumée, de nombreux produits toxiques… D’où l’intérêt de le consommer « autrement ».
Mais clairement, l’utilisation du cannabis comme médicine alternative (non prise en charge, faut pas exagérer tout de même), semble avoir le vent en poupe auprès des seniors américains.
*A lire en anglais « Cannabis for Seniors » de Beverly Potter
Source: senioractu.com
A lire aussi:
Le cannabis, "un produit utile, qui accompagne et qui soulage", selon un spécialiste
Baisse de la consommation de médicaments et d’alcool dans les états américains ayant légalisés
Pourquoi il faudrait faire fumer du cannabis aux personnes âgées
Un atelier de deux jours sur l'art de vendre de la marijuana s'est déroulé à Vancouver devant des jeunes et des plus vieux d'origines ethniques confondues.
photo - Des produits dans un magasin de marijuana Photo : Associated Press/Brennan Linsley
L’idée principale est d’enseigner le métier de sommelier en cannabis avant la légalisation fédérale de cette drogue.
Lors de l'atelier à l'Université Simon Fraser, les participants ont appris à distinguer la grande variété de produits de marijuana, que ce soit les teintures, ces concentrés pour voie orale, les baumes ou les types de plants.
Ils ont aussi mieux compris les nouvelles règles du marché.
« Dans un bon restaurant, le serveur connaît chaque détail de chaque plat », explique Adolfo Gonzalez qui menait l’atelier et qui travaille depuis 15 ans dans l’industrie.
Avec la légalisation de la marijuana récréative au Canada à partir du 17 octobre, M. Gonzalez estime que les boutiques spécialisées doivent mieux vendre leurs produits.
Il faut être « professionnel », souligne M. Gonzalez qui dirige avec Julie Domingo CannaReps, une entreprise qui organise d’autres ateliers à Calgary, Toronto et Victoria.
Adolfo Gonzalez lors de l'atelier sur le cannabis Photo : Radio-Canada
D’autant plus qu’aujourd’hui les magasins de marijuana de Vancouver ne peuvent vendre du cannabis uniquement pour des raisons médicinales. Or, à partir du 17 octobre, ces boutiques n’auront plus le droit de souligner les bénéfices thérapeutiques de leurs produits à base de marijuana.
M. Gonzalez a lancé son entreprise en remarquant que ces magasins spécialisés avaient du mal à recruter des travailleurs qualifiés. Il faut, dit-il, que ces derniers interagissent correctement avec les clients et donnent des informations exactes à propos de leurs produits.
La Réunion veut son zamal à usage médical
1 juil 2018, 07h00
SANTÉ. La France se dit ouverte à la recherche et au développement du cannabis thérapeutique. À la Réunion où le zamal pousse bien malgré les interdits, la production de CBD (Cannabidiol), THC (Tétrahydrocannabinol) et de dérivés cannabinoïdes offre des perspectives intéressantes. Le JIR ouvre le débat.
Le zamal, ça guérit ! L’usage médical du cannabis a été discuté le 12 avril dernier à l’Assemblée nationale... Une séance d’auditions a permis d'entendre des pro-cannabis médical en France. « C'est une ouverture intéressante car jusqu'à présent il existait en France un refus d'envisager les perspectives thérapeutiques du cannabis et la recherche sur ce sujet était presque impossible en raison de son caractère illégal », fait d'emblée remarquer l'addictologue David Mété, chef de service au CHU Félix Guyon à Saint-Denis.
POUR UNE RECONNAISSANCE DE L'USAGE MÉDICAL DU CANNABIS
Parmi les associations auditionnées, UFCM I-Care dont l'ambition est de sensibiliser le public, les professionnels de santé ainsi que la communauté politique afin de faire avancer le plaidoyer pour la légalisation du cannabis. Sébastien Beguerie, son co-fondateur est expert en phyto-cannabinoïdes en France depuis une dizaine d’années. « Nous préconisons un accès aux traitements à bases de cannabis et ses dérivés, mais également la formation des professionnels de santé qui les accompagnent. Un accès à l’autoculture des fleurs de cannabis est également le souhait des patients », a-t-il indiqué aux journalistes à l'issue de son audition. « Toutes les formes galéniques, de la fleur à la phytothérapie jusqu’aux molécules et aux extractions des laboratoires pharmaceutiques doivent être considérées. Plus il y a de choix et d’options possibles, plus les patients pourront s’affranchir de leurs douleurs en adaptant les dosages et formes de prise de cannabis ». L'association estime que l’usage médical du cannabis est une urgence. En France, les cannabinoïdes pourraient soulager plus de 276 000 patients . « Le sujet est donc devenu incontournable considérant les nombreux travaux scientifiques sur la question. Nous regrettons d’ailleurs que la France reste à la traine sur ce sujet à l’heure où l’ensemble des pays voisins ont pris des dispositions législatives pour ouvrir un accès sécurisé aux patients.La loi doit venir constater et encadrer une réalité, celle des dizaines de milliers de patients qui sont aujourd’hui considérés comme hors-la-loi. Nous ne pouvons plus accepter que des citoyens soient marginalisés alors que l’Etat devrait les protéger. L’évolution de la législation ne peut être permise qu’à la condition d’une reconnaissance d’un usage médical du cannabis », soutient UFCM I-Care. Médecin dionysien, Jean-Claude estime également que les perspectives sont intéressantes mais il met en garde contre les dérives (voir encadré). Actuellement, un seul médicament cannabinoïde possède une autorisation de mise sur le marché français. Il s'agit du Sativex, recommandé contre la spasticité et la sclérose en plaques. Le dronabinol et le cannabidiol sont utilisés pour des patients atteints de douleurs neuropathiques réfractaires aux traitements classiques ou des épilepsies sont accessibles. Mais cette utilisation bénéficie d'une autorisation temporaire nominative. Le débat est complexe, d’autant que les données scientifiques manquent sur l’usage thérapeutique du cannabis. « À ce jour, nous disposons de peu d'études scientifiques pertinentes concernant l'usage thérapeutique du cannabis », indique le docteur Mété.
EFFICACE CONTRE LES DOULEURS
L’usage médical de cannabis est légal dans certains pays comme l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne, la Finlande, Israël, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal la République Tchèque. Lecanada , 23 Etats aux USA, le Chili, l’Argentine, la Colombie En France, certains ont décidé d'exploiter l'ambiguïté de la loi qui encadre la consommation de cannabidiol (CBD). Acheter de la weed ou du cannabis CBD légalement en boutique est possible en Ile-de-France. (voir encadré) Ce 13 juin, c'est au tour de la région Est de se lancer dans la vente légale de cannabis CBD, avec l'ouverture de deux boutiques à Nancy et à Metz. "Tout est issu du bio, la législation est très stricte. Les producteurs suisses se sont adaptés aux législations de chaque pays, qui varient énormément", explique Baptiste De Luca, propriétaire des lieux au quotidien l'Est Républicain. Ce jeune entrepreneur de 23 ans possède déjà une boutique à Épinal, ouverte en mai dernier. Il assure défendre les bienfaits du cannabis médical. Le zamal thérapeutique a-t-il un bel avenir ? Pour l'économiste Jean-Yves Rochoux, cela provoquera des coûts supplémentaires... Mais le cannabis soigne déjà beaucoup de monde dans plusieurs pays... «Les indications les plus intéressantes et scientifiquement les mieux établies sont : les douleurs chroniques, les nausées induites par les chimiothérapies et les raideurs (spasticité) dans la sclérose en plaques. Il existe dans le cannabis de nombreux alcaloïdes qui, en dehors du THC (tétrahydrocannabinol), présentent d'intéressantes propriétés, comme par exemple le cannabidiol dans l'épilepsie», fait encore remarquer l'addictologue réunionnais. «Pour les autres indications, les données scientifiques sont considérées comme non probantes ou insuffisantes à ce jour; d'où l'intérêt de favoriser la recherche». Wait and see, donc !
Juliane Ponin-Ballom
Le point sur la recherche
Publiée dans The European Journal of Internal Medicine, une étude a démontré que le cannabis thérapeutique serait effectivement probant pour soigner les douleurs chez les personnes âgées. 901 patients de plus de 65 ans avaient été questionnés dans le cadre de cette recherche. Tous souffraient de douleurs liées au cancer, à une colite ulcéreuse (maladie inflammatoire de l'intestin), à la maladie de Parkinson, à la maladie de Crohn ou encore au stress post-traumatique. Au terme de six mois de traitement à base de cannabis thérapeutique, plus de 93% des participants ont déclaré que leur douleur avait diminué de 4 à 8 points sur une échelle allant de 1 à 10. Plus de 70% des patients ont également affirmé qu’ils ressentaient une amélioration globale de leur état. Aux Etats-Unis, 80% des oncologues interrogés ont déclaré avoir déjà abordé la question du cannabis thérapeutique avec leurs patients, mais moins de 30% d’entre eux ont estimé avoir suffisamment de données scientifiques pour faire de telles recommandations. "Les preuves scientifiques appuyant l'utilisation de la marijuana médicale en oncologie sont encore très minces, ce qui place les médecins dans une position très inconfortable", rappelle le Dana-Farber Institute of Adult Psychosocial Oncology.
Des coffee-shops à Paris
Après Besançon et Annoeullin, des "coffee-shops" ont ouvert à Puteaux (Hauts-de-Seine) et dans le 11e arrondissement de Paris. Officiellement, le CBD (cannabidiol) présent dans le cannabis (mais dépourvu des effets psychoactifs du THC) n'est pas interdit en France tant que le taux de THC (Tétrahydrocannabinol) ne dépasse pas 0,2%. Il est d'ailleurs possible de s'en procurer légalement sur internet sous forme de cristaux, de sirops, d'huiles, de tisanes, de crèmes ou encore de bonbons. Ses vertus médicinales sont parfois utilisées pour traiter les convulsions, l'inflammation, l'anxiété ou encore les nausées.
Agnès Buzyn a ouvert le débat
Agnès Buzyn, la ministre de la Santé a demandé aux différentes institutions qui évaluent les médicaments de lui faire remonter l’état des connaissances sur le sujet, “parce qu’il n’y a aucune raison d’exclure, sous prétexte que c’est du cannabis, une molécule qui peut être intéressante pour le traitement de certaines douleurs très invalidantes”, a-t-elle expliqué. "Je ne peux pas vous dire à quelle vitesse nous allons le développer mais en tous les cas, j’ouvre le débat avec les institutions responsables de ce développement". Cette annonce ministérielle intervient après la saisine récente d’une patiente sur le caractère "inéthique" de l’interdiction du cannabis dans un contexte thérapeutique. Le comité éthique et cancer devrait aussi bientôt examiner cette question.
Les pouvoirs publics ont tranché : toute décriminalisation de la consommation de cannabis est interdite en France, quelle que soit la dangerosité des produits vendus. Pourquoi une telle frilosité ? Tentative d’explication.
Le premier « coffee shop » français venait d’ouvrir ses portes dans la capitale, dans le 11e arrondissement de Paris. L’échoppe n’est pas comparable à celles que l’on trouve à Amsterdam, mais il est possible d’y acheter de l’herbe et du haschich à faible teneur en CBD et THC. Ce début d’ouverture a entraîné une réaction presque immédiate des pouvoirs publics, via un communiqué de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), qui ont interdit la vente de fleurs à fumer, quelle que soit la concentration de THC, le composé du cannabis ayant un effet psychoactif.
Quelques jours plus tard, c’est Agnès Buzyn qui a rappelé « que toute vente de cannabis à usage récréatif lorsqu’il contient du THC, quelle que soit la dose, est normalement condamnable ». Pour la ministre de la Santé, les quelques coffee shops qui espéraient pouvoir vendre des dérivés de chanvre devront à terme fermer.
L’usage récréatif du cannabis s’est pourtant très largement banalisé au sein de la population française, malgré les interdictions qui pèsent sur son achat et sa consommation, et les politiques de prévention et de répression diverses engagées depuis des décennies.
À l’étranger, plusieurs États ont fait le choix de sa légalisation partielle ou complète sans pour autant entraîner les conséquences qu’une frange des partisans de l’interdiction craignait, en général sur fond de santé publique et de prévention. Ainsi au Portugal, la décriminalisation de la consommation de stupéfiants n’a pas encouragé la consommation de stupéfiants. Le taux de consommation de drogues dures y a même chuté depuis 1999.
Aux États-Unis, ce sont 8 États qui ont légalisé la consommation de cannabis, permettant aussi, non seulement d’améliorer la qualité des produits vendus, mais aussi de mieux contrôler leur consommation par les jeunes, qui jusque-là devaient se tourner vers le marché noir pour se procurer de l’herbe. En effet, les pouvoirs publics, se calquant sur les politiques publiques combattant les excès de l’alcool, se sont réajustés pour adopter une prévention des dérives plutôt qu’une interdiction totale de plus en plus difficile à faire respecter.
Cannabusiness et Ganja
L’exemple de la légalisation en Californie, mais aussi au Texas, attire aussi de plus en plus de jeunes entrepreneurs séduits par le cannabusiness, le marché de la weed qui explose aux USA et s’adresse autant au rasta blanc qu’au jeune startupeur consommateur de bitcoin. Avec un marché de 7 milliards de chiffre d’affaires et plus de 150 000 emplois créés, la weed economy a de quoi susciter l’intérêt des entrepreneurs français.
Depuis quelques années, quelques entreprises qui commercialisent des dérivés du cannabis, avec une image beaucoup plus clean, semblent attendre que le législateur s’engage dans une voie plus propice aux attentes de leurs clients. Des marques de cosmétiques comme Ho Karan ou de produit pour cigarettes électroniques comme Harmony témoignent de la « gentrification » du cannabis, pour reprendre l’expression de Hugues Pascot dans le numéro de Technikart consacré à la question de la légalisation (Technikart, février 2018).
Dernièrement, c’est le think tank GenerationLibre de Gaspard Koenig qui s’est engagé dans le débat public pour la décriminalisation de la fumette. Dans un rapport cosigné par Francis Caballero et Amine Benyamina, la légalisation est défendue d’un point de vue utilitariste de la santé publique : « Elle permet d’éradiquer les trafics, de contrôler la qualité des produits, et d’améliorer les programmes de prévention (…) sans même mentionner les bénéfices économiques ».
Pourquoi réprimer ?
Le rapport rappelle que deux raisons essentielles sont retenues par les partisans de la politique répressive à l’endroit du cannabis : la première est d’ordre public, liée au trafic illégal, la seconde de santé publique, visant essentiellement à protéger les citoyens, en particulier les plus jeunes, des risques que la légalisation peut occasionner.
S’appuyant sur des études scientifiques contemporaines, le rapport souligne le rôle essentiel du THC dans les effets indésirables du cannabis, et l’impossibilité d’en contrôler la teneur dans la production tant que celle-ci demeure aux mains des mafias. En légalisant, un meilleur contrôle de la THC dans le cannabis pourrait être possible et dégonfler le danger qu’il fait peser sur la santé de ses consommateurs.
Seulement, les pouvoirs publics ne semblent pas pressés de légaliser, loin s’en faut. Si Agnès Buzyn évoque l’incohérence qu’il y aurait à lutter contre la consommation de tabac d’un côté et demander la légalisation du cannabis, il pourrait aussi s’agir d’une démonstration d’anxiété de la part du gouvernement, liée à l’ordre qui règne en banlieues : la légalisation pourrait en effet bouleverser toute une économie souterraine qui, et c’est nous qui le précisons, a intérêt à ce que rien ne bouge au sommet de l’État. C’est ici que les problèmes de santé publique et de libertés publiques deviennent proprement un problème d’économie politique. Pourtant, traité convenablement, le problème pourrait devenir une solution pour endiguer la violence des quartiers.
L’économie souterraine
Comme nous l’évoquions plus haut, le trafic de cannabis est aujourd’hui un business juteux, qui bénéficie essentiellement aux mafias. Le trafic de drogue génère 2 Md€ pour le crime organisé, dont la moitié provient de la vente de cannabis, ce qui équivait environ à l’ensemble des salaires versés aux agents en tenue de la police nationale. En 2012, l’État et l’assurance maladie avait budgété 1,5 milliard pour lutter contre le trafic de stupéfiants (Le Figaro, La drogue en France génère deux milliards d’euros de chiffre d’affaires par an, 08/08/2013).
Plus qu’une simple sortie de route du circuit du marché libre officiel, le trafic de drogue est le centre nerveux de l’économie souterraine, avec ses producteurs, ses revendeurs, ses points de ventes et ses territoires désignés généralement comme « perdus pour la République ». Qui dit économie, même souterraine, dit marché, même clandestin, qui répond à des incitations assez comparables au business licite.
Marché légal, marché illégal
À l’origine du marché légal comme de l’illégal, il y a, pour paraphraser Adam Smith, la propension de l’individu à trafiquer, à faire des trocs et des échanges. Malgré l’illégalité, il existe un marché de biens et de services plus ou moins entravé par des politiques publiques, dont l’impact n’est pas nécessairement celui désiré par ses inspirateurs, et dont les coûts peuvent se répercuter très directement sur les consommateurs.
Parmi ces coûts propres à l’économie souterraine, on peut citer l’effet de monopole lié au crime organisé, la violence générée par l’illégalité du trafic et la qualité médiocre, et donc plus dangereuse, des stupéfiants vendus en situation de faible concurrence1.
Si le crime organisé se distingue des autres types de criminalités par sa monopolisation d’un bien sur un marché illégal, alors les effets du monopole illégal sont comparables à ceux du monopole légal : les prix augmentent et la quantité de biens offerts se raréfie. Paradoxalement, et nous y reviendrons, cela permet d’atteindre par voie détournée l’objectif des politiques publiques répressives ; en augmentant le coût des produits, l’organisation du crime permet aussi de décourager une partie des consommateurs potentiels de passer à l’acte.
Puisque les acteurs sur le marché de la drogue ne peuvent avoir recours à la justice en cas de litiges, la résolution des conflits entre acheteurs et vendeurs passe par la violence et l’usage de méthodes mafieuses pour se maintenir et se développer. Ici c’est beaucoup plus la prohibition elle-même que l’usage de la drogue qui crée des problèmes sociaux.
Les normes de qualité sont beaucoup moins transparentes sur les marchés illégaux que sur les marchés légaux, ce qui rend les produits stupéfiants comme le cannabis beaucoup plus dangereux.
La contre-société qui vit de l’économie souterraine
L’institution d’un marché illicite des stupéfiants n’est pas tout, et a pour socle une véritable contre-société sortie des radars de l’État de droit, générant ses propres codes, le tout en marge du reste de la société. Dans certains quartiers populaires, c’est toute une culture de l’illicite2 qui s’est constituée progressivement depuis les années 1970 comme alternative à la désinsertion et à la marginalisation sociales.
Contrairement à l’image du dealer solitaire, l’économie des stupéfiants repose sur un fort maillage social d’échanges, de communautés et d’entraides. Le trafic de drogue est lui-même partie d’une « économie de bazar » qui méconnait les frontières entre le légal et l’illégal, frontières elles-mêmes mouvantes. Depuis les années 1970, ces filières se sont professionnalisées et sont passées de la vente artisanale et des taudis à de véritables multinationales beaucoup plus difficiles à contenir.
Ceci conduit à un paradoxe : cette culture de l’illicite produit autant de violence que d’ordre : la violence permet de protéger le marché et de régler les conflits, l’ordre est nécessaire pour que la chaîne de production et la mise en vente se fassent dans les meilleures conditions possibles. Les descentes de police vues comme des bandes rivales dégénèrent en émeutes, et les cartels se battent à coups de AK 47, mais essentiellement pour défendre et protéger des territoires mis sous tutelle des dealers et des caïds.
L’autre grand bénéficiaire de l’illégalité : l’État
Cette paix sociale générée par l’économie illicite des stupéfiants est favorable aux féodalités mafieuses, mais bénéficie aussi indirectement aux pouvoirs publics, locaux et nationaux. Aucun élu soucieux de sa réélection n’a intérêt à ce que les banlieues s’enflamment, aucun décideur public ne souhaite ajouter à l’ardoise de la lutte contre le trafic de drogues celle de la reconstruction des biens publics détruits lors des différentes échauffourées entre police et émeutiers. La relative organisation des trafics peut à l’occasion donner aux décideurs publics des interlocuteurs, et donc d’éventuels moyens de prévenir les débordements de violence.
Plus encore, l’abandon des quartiers populaires à l’économie souterraine depuis plus de 40 ans correspond aussi à l’installation d’un chômage de masse, largement entretenu par un État social incapable de se réformer. Par le jeu des coalitions électorales favorables aux bénéficiaires des largesses de l’État-providence et des politiques protectrices de l’emploi, toute une frange de la population, la plus jeune et la plus faiblement qualifiée, a été confinée au chômage de masse et à la précarité.
Dans ce cadre, le commerce de stupéfiants offre un moyen inespéré de s’en sortir sans avoir à réformer le marché du travail pour intégrer ces populations mises sur la touche. En d’autres termes, la grande mansuétude des politiques à l’endroit du trafic de stupéfiants, créateur de sa propre culture et de son propre système de valeurs et de rétributions, pourrait s’expliquer aussi par le refus français de sortir du modèle de l’État-providence et corporatiste.
Pourquoi légaliser le cannabis ?
Nous pouvons imaginer maintenant ce que pourrait entraîner la légalisation du cannabis. Premièrement, les féodalités mafieuses et leurs obligés pourraient tout tenter pour empêcher la légalisation d’un marché protégé lucratif : corruption, pression violente, émeutes. C’est d’ailleurs probablement ce qu’elles ont fait jusqu’à présent. Seulement les pouvoirs publics aujourd’hui se sont tellement retirés du jeu dans certains quartiers que la violence est devenue incontrôlable, à tel point que certains observateurs ont pu parler de véritables conflits de basse intensité.
Toutefois, si l’action publique était menée avec intelligence et prudence, les trois effets liés à la nature de l’économie souterraine pourraient s’estomper grâce à la légalisation du cannabis, et réintégrer une partie du marché et de la société au sein du cadre constitutionnel et politique commun : en introduisant de la concurrence sur un marché monopolistique, les prix baissent, l’offre se diversifie et la qualité des produits s’améliore notablement3.
Du point de vue du producteur, l’introduction de nouveaux concurrents l’oblige à casser les prix et donc à revoir l’intégralité de son modèle économique. Sans parler d’ubérisation de la vente et de la revente, les postes proposés au sein de l’économie parallèle pourraient devenir tout de suite beaucoup moins attrayants pour les jeunes.
En intégrant le marché du cannabis à l’État de droit, la véritable trappe à délinquance instituée par la calcification de l’État-providence pourrait disparaître, et une partie de ses acteurs, en bénéficiant des formes du droit, pourrait réintégrer le corps social et envisager plus sereinement l’intégration dans ce circuit économique. Comme l’a montré l’économiste Hernando de Soto, la formalisation de la propriété et de son transfert est la condition nécessaire pour sortir de la pauvreté et transformer en capital vivant.
Plus encore, le remplacement de la violence par le droit pour régler les conflits sur un tel marché serait bénéfique, non seulement aux acteurs directs des transactions, mais aussi aux populations ordinaires qui subissent régulièrement les externalités négatives des trafics, et qui ne demandent qu’une chose, le retour à l’égalité devant la loi.
Sur le sujet, consulter la très complète enquête de Pierre Lemieux pour l’Institut économique de Montréal sur l’économie souterraine. ↩
Sur la culture de l’illicite et la contre-société Michel Kokoreff, « Faire du business dans les quartiers. Éléments sur les transformations socio-historiques de l’économie des stupéfiants en milieux populaires. Le cas du département des Hauts-De-Seine » in Déviance et Société, Année 2000, pp. 403-423. ↩
Par exemple, comme le suggère Gaspard Koenig, par le contrôle du taux de THC dans le cannabis qui pourrait être rendu possible par la délivrance de licences par l’État.
Par Frédéric Mas
Source: contrepoints.org
MANCHESTER, Jamaïque (JIS) - Le ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Agriculture et de la Pêche, Audley Shaw, dit qu'il prendra des mesures pour s'assurer que la Jamaïque n'est pas laissée pour compte dans l'industrie mondiale croissante du cannabis médical.
Shaw a fait remarquer que même si la Jamaïque n'a décriminalisé que l'utilisation de deux onces de marijuana et délivré quelques licences pour la production et la transformation, le produit est maintenant légal au Canada, et 31 États américains le produisent et l'utilisent à des fins médicinales et récréatives.
M. Shaw a déclaré que le pays doit agir rapidement pour tirer parti des possibilités offertes par la culture du cannabis et la fabrication de produits dérivés.
Il a informé qu'il travaille avec le Ministère de la Santé et la Cannabis Licensing Authority (CLA) " pour aller plus vite et de manière plus agressive afin d'atteindre le niveau de la concurrence mondiale ".
"Le temps n'est pas de notre côté, a-t-il ajouté.
Shaw s'adressait à un symposium sur la technologie agricole sous le thème " Croissance soutenue dans le secteur agricole avec la science et l'ingénierie technologique " qui s'est tenu à Isratech Jamaica Limited Group of Companies à Kendal, Manchester, le 21 juin.
L'événement s'est déroulé en collaboration avec le ministère et l'Institut jamaïcain des ingénieurs. Il a fourni des informations sur les pratiques et les innovations en matière d'intelligence climatique dans le cadre des mesures visant à renforcer la résilience dans le secteur agricole.
Shaw a dit aux participants, dont des agriculteurs, que l'agriculture est un secteur clé pour permettre à la Jamaïque d'atteindre des niveaux élevés et durables de croissance économique.
Il a noté que la contribution du secteur au produit intérieur brut s'est améliorée, passant de 6,6 % en 2015 à 7,3 % en 2017.
Shaw a dit que l'accent est mis sur la recherche et le développement afin de transformer l'industrie.
C'est pour cette raison, a-t-il dit, que le ministère, l'année dernière, a commencé le réaménagement de la station de recherche de Bodles à Sainte-Catherine par le biais d'un projet de 800 millions de dollars.
"Nous avons poursuivi les travaux de réhabilitation au cours de cet exercice financier avec une allocation de 300 millions de dollars pour la mise aux normes First-World de l'unité de porcherie, ce qui nous permettra de produire du matériel génétique pour des porcs de haute qualité ", a-t-il indiqué.
"Les laboratoires seront modernisés et le réseau routier, les bâtiments agricoles, l'approvisionnement en eau, les pâturages, les serres, les champs et les installations post-récolte seront également réalisés", a-t-il ajouté.
M. Shaw a déclaré que la poussée à la croissance du secteur implique également un programme agressif pour les jeunes dans l'agriculture, la rationalisation des terres oisives et la recherche de marchés au sein de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).
Avec les vacances à l'horizon, le projet de loi C-45 retourne au Sénat plus vite qu'anticipé.
Photo: Getty Images
Les menaces de prolonger les débats parlementaires sur la légalisation du cannabis s'amenuisent au fur et à mesure que la promesse de vacances estivales se profile à l'horizon.
Les députés des Communes ont adopté lundi après-midi une motion permettant l'envoi, vers la chambre haute, de la réponse gouvernementale aux amendements sénatoriaux.
La transmission du message a été approuvée en Chambre par 205 voix contre 82.
-Advertisement-
Les élus du Parti libéral et du Nouveau Parti démocratique ont donné leur feu vert, tandis que les députés du Parti conservateur, du Bloc québécois et de Québec debout s'y sont opposés.
Le gouvernement avait signalé la semaine passée qu'il pourrait couper court aux débats sur la mesure législative qu'il souhaite faire adopter avant la fin des travaux à Ottawa.
Les libéraux n'ont finalement pas eu à mettre leur menace à exécution.
Le projet de loi réamendé retourne donc au Sénat dépouillé de l'amendement qui visait à reconnaître le droit des provinces et territoires d'interdire à leurs citoyens de faire pousser du pot à domicile.
Lorsque cette modification avait été approuvée, des sénateurs québécois se disaient prêts à mener le combat pendant l'été.
Ils semblaient cependant plus tièdes à l'idée après que les libéraux eurent confirmé qu'ils tenaient mordicus à permettre aux Canadiens de faire pousser jusqu'à quatre plants de cannabis à la maison.
«Ultimement, le gouvernement est responsable» et «ce sera à la population de juger», arguait ainsi mercredi dernier l'une de celles qui avaient bombé le torse, la sénatrice indépendante Raymonde Saint-Germain.
Le leader de l'opposition conservatrice au Sénat, Larry Smith, expliquait de son côté que certains membres de la chambre haute commençaient à être au bout de leur souffle législatif. «Nous avons bien travaillé sur cette législation, et les gens sont fatigués», plaidait-il.
La réponse gouvernementale pourrait être discutée lundi soir au Sénat (les travaux débutent à 18 h) si le message arrive à temps, et dans les deux langues officielles. Le vote ne devrait toutefois pas venir avant mardi, selon les projections d'une source sénatoriale.
Légal en août? En septembre?
Si C-45 est adopté d'ici la fin de la présente semaine, il sera légal de consommer du cannabis deux ou trois mois après la sanction royale.
La ministre fédérale de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, n'a pas voulu spéculer sur la date à laquelle les Canadiens pourront s'allumer un joint en toute légalité.
«Les provinces nous ont dit qu'elles avaient besoin d'une période transitoire de huit à 12 semaines. Nous allons absolument respecter les provinces et territoires», a-t-elle dit lundi.
«Nous aurons une date à vous donner sous peu», a enchaîné Mme Petitpas Taylor, précisant que c'est le fédéral qui aura le dernier mot sur le choix de ce jour J.
Si C-45 est adopté d'ici la fin de la semaine, un simple calcul à l'aide d'un calendrier permet d'établir que le cannabis sera légal au pays en août ou en septembre.
Conduite avec facultés affaiblies
Le projet de loi compagnon de C-45 — le C-46, qui porte sur la conduite avec facultés affaiblies par l'alcool et la drogue — fait aussi l'objet d'un va-et-vient législatif entre les deux Chambres.
Le Sénat a amendé des dispositions jugées essentielles par les libéraux: celles permettant aux policiers de procéder à des éthylotests aléatoires sans avoir des motifs raisonnables de croire que le conducteur a consommé de l'alcool ou de la drogue.
La ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, a confirmé dans un avis au feuilleton que le gouvernement ne plierait pas sur cette question et «rejette respectueusement» les amendements sénatoriaux portant sur ces contrôles routiers aléatoires.
Elle justifie ce refus par le fait que «le dépistage obligatoire de l'alcool est une mesure de sécurité routière éprouvée qui aura un effet dissuasif sur la conduite avec facultés affaiblies et sauvera des vies».
Comme ils l'ont fait avec C-45, les élus des Communes en débattront, puis renverront leur réponse au Sénat. L'objectif du gouvernement, ici encore, est que ce projet de loi soit approuvé avant que les députés ne rentrent dans leurs terres.
En théorie, les travaux de la Chambre prennent fin le 22 juin. Le Sénat siège habituellement une semaine de plus.
Mélanie Marquis La Presse canadienne
Source: quebec.huffingtonpost.ca
Justin Trudeau l’avait promis: le Canada s’apprête à légaliser le cannabis
Le ping-pong législatif n’est pas tout à fait terminé, mais le projet devrait voir le jour en juillet, avec une très large liberté d’application dans les provinces. Sauf sur le point, central pour le premier ministre qui veut casser le marché noir, de la culture de quatre plants de «pot» à domicile
Elle fait pas mal parler d’elle, cette image, qui met le doigt sur la ressemblance (relative, tout de même!) entre feuilles d’érable et de cannabis. Mais au Canada où nous nous trouvions la semaine dernière, un sujet monopolisait les discussions une fois disqualifié le désastre diplomatique du G7 à Charlevoix, au Québec, et constaté le regain de popularité d’un premier ministre tenant tête à Donald Trump jusqu’au bout sur les taxes économiques très controversées promulguées à la fin de mai par la Maison-Blanche: le projet, imminent, de légalisation du cannabis au niveau fédéral (parlement d’Ottawa), avec une très large liberté d’application dans les dix provinces que compte le pays.
Eh bien, ce dernier objet est en très bonne voie de réalisation depuis quelques heures, puisque la Chambre des Communes l’a adopté cette nuit à 205 voix contre 82, puis l’a renvoyé au Sénat, qui l’avait amendé. En vertu de la Constitution canadienne, ce dernier pourrait maintenant le retarder, mais pas le bloquer. Une fois cette réforme adoptée par la Chambre haute, elle devra recevoir la sanction royale, soit la signature du décret d’application, dans le cadre légal du Commonwealth.
«Voilà qui est fait», avait déjà annoncé le quotidien montréalais Le Devoir à la mi-avril: «Le Canada est officiellement en voie de légaliser la marijuana, comme promis par le gouvernement» du libéral Justin Trudeau. Le chef du gouvernement avait déposé ce fameux projet de loi visant à légaliser l’achat et la culture du cannabis d’ici juillet 2018, «pour les adultes d’au moins 18 ans, qui pourraient posséder jusqu’à 30 grammes de la drogue douce séchée ou fraîche, ou encore sous forme d’huile, et en faire pousser jusqu’à quatre plants d’au plus 1 mètre de hauteur par domicile». Ce qui fait pas mal d’heureux:
Une vraie révolution, et en fin de compte le premier pays du G7 à formuler une telle proposition au niveau national. Le texte compte près de 150 pages, mais – et c’est là que le bât blesse et que les débats politique, médiatique et civil s’enflamment – il soulève «davantage de questions qu’il n’offre de réponses quant au cadre législatif» qui l’entourera. Reste notamment à résoudre plusieurs questions en suspens, dont la moindre n’est pas celle des réseaux de distribution qui seront mis en place. Ça, justement, ce sera aux provinces de le décider, comme si en Suisse Berne avait opté pour un principe et que les cantons étaient chacun chargés de leur propre loi d’application après un long processus de dépénalisation réclamé à hauts cris ou vilipendé par deux franges bien distinctes de populations.
La culture à domicile a entre autres fait l’objet d’un intense débat dans les deux Chambres, et les sénateurs doivent maintenant décider «s’ils tiennent tête au gouvernement Trudeau» et poursuivent le chemin du «ping-pong législatif», explique Radio-Canada, le service audiovisuel public. Ce, bien que Justin Trudeau eût «rejeté respectueusement» – selon le délicieux vocabulaire français d’outre-Atlantique – les amendements des parlementaires «rebelles». Cela n’a pourtant pas empêché le gouvernement du Québec, par exemple, d’annoncer, en février dernier déjà, «son premier approvisionnement en cannabis, 62 000 kilos», comme l’avait expliqué Bertrand Schepper de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) à la radio alternative Ckiafm.org, en se demandant si cela était «suffisant pour contrer le marché noir» et ce qu’il resterait de ce dernier après la légalisation. Si l’on n'allait pas, finalement, mettre en place de nouveaux lobbys:
Certains sénateurs conservateurs ont déjà tenté «d’obtenir des compromis du gouvernement fédéral», poursuit Radio-Canada, toujours sur ce principe de la culture à domicile – qui en énerve plus d’un – en voulant décrocher une liberté de décision provinciale, particulièrement au Québec, dans le Nouveau-Brunswick et au Manitoba. Mais pour Justin Trudeau, cet élément est fondamental, il y tient comme à la prunelle de ses yeux, tout comme à la possibilité, contestée elle aussi, d’afficher des logos de producteurs sur des t-shirts. Ce qui fait, comme toujours, ricaner ceux qui se revendiquent «vrais» Français:
Mais pour LaPresse.ca, «les menaces de prolonger les débats parlementaires […] s’amenuisent au fur et à mesure que la promesse de vacances estivales se profile à l’horizon». On s’approche d’un compromis acceptable pour tous les partis, «et le projet de loi réamendé retourne donc au Sénat dépouillé de l’amendement qui visait à reconnaître le droit des provinces et territoires d’interdire à leurs citoyens de faire pousser du «pot» à domicile. Lorsque cette modification avait été approuvée, des sénateurs québécois se disaient prêts à mener le combat pendant l’été.»
Si le projet est «adopté d’ici la fin de la présente semaine, il sera légal de consommer du cannabis deux ou trois mois après la sanction royale, mais la ministre fédérale de la Santé […] n’a pas voulu spéculer sur la date à laquelle les Canadiens pourront s’allumer un joint en toute légalité». Cependant, «un simple calcul […] permet d’établir» que ce sera le cas en août ou en septembre. Et en attendant, le débat continue d’alimenter un fervent courrier des lecteurs dans la presse, notamment dans Le Devoir.
Source: letemps.ch
Le NORML France nous apprend par un communiqué publié le 17 Juin que le service des Douanes aurait commencé à pratiquer des saisies en région Parisienne.
Le communiqué précise : « De sources sûres, nous avons appris ce samedi soir que les douanes, en lien avec l’Office de la Police Judiciaire (OPJ) et de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) commencent à faire le tour des établissements en Ile-de-France pour y réaliser des saisies »
Après les récentes hésitations et les mises en gardes successives de la MILDECA et du Ministre de la Santé, les choses semblent accélérer ces dernières 24 heures.
Un jeu du chat et de la souris auquel vont devoir se prêter les gérants de boutiques et leurs avocats, gérants à qui le NORML France conseille également de « mettre de côté le stock qui fait actuellement l’objet d’inquiétudes » sans doute pour éviter les poursuites.
Pour plus d’informations au sujet du CBD et sur le Cannabis en général, le site du NORML France que nous vous encourageons à soutenir.
Retrouvez l’intégralité du communiqué du NORML ci-dessous en attendant sa mise en ligne par l’association.
Comme nombre d’entre vous le savent, la situation actuelle en terme de commercialisation du chanvre est particulièrement tendue. A la suite de la médiatisation de la soudaine vague de boutiques prônant un « cannabis légal« , l’Etat a cherché à réagir par la Mission Interministerielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives (MILDECA) qui a publié lundi dernier un rappel à la loi.
De sources sûres, nous avons appris ce samedi soir que les douanes, en lien avec l’Office de la Police Judiciaire (OPJ) et de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) commencent à faire le tour des établissements en Ile-de-France pour y réaliser des saisies. Cette information a été confirmée par le Journal du Dimanche ce jour et relayée par nos réseaux sur Twitter.
Ainsi, si vous êtes une entreprise francilienne ou que vous connaissez des entreprises sur la région, merci de transmettre l’information afin que les gérants des boutiques ouvertes puissent mettre de côté le stock qui fait actuellement l’objet d’inquiétudes. Bien que les risques juridiques soient limités, ils existent.
Nos juristes et avocats travaillent ces derniers jours pour trouver des solutions juridiques valables.
Une publication dans la revue Dalloz sera d’ailleurs réalisée dans les prochaines semaines par Yann Bisiou (Maître de Conférences en Droit Pénal à l’Université Montpellier-III et spécialiste incontournable du droit de la drogue) et Renaud Colson(Maître de Conférences en Droit Pénal à l’Université de Nantes, actuellement au Canada où il participe à la mise en place de la législation québécoise) afin de donner des clés aux juristes actifs pour éviter le pire face au juge.
Nous avons eu l’occasion de discuter longuement avec plusieurs membres de l’équipe de la MILDECA. L’heure est au rappel à la loi et à son application stricte. Mais ils n’ont pas fermé la porte à une concertation. Nous lançerons donc à partir du 6 juillet un cycle de discussion qui commencera par une réunion stratégique à Paris ce jour-là pour proposer des évolutions de la règlementation en matière de produits dérivés du chanvre.
Cette volonté de concertation a été confirmée sur RTL ce dimanche par la MInistre de la Santé, Agnès Buzyn bien qu’elle souhaite dans le même temps la fermeture des établissements.
Les mois qui arrivent s’annoncent être des mois de travail, de concertation mais surtout d’un intense lobbying car nous ne pouvons pas flancher face à un gouvernement qui souhaite l’arrêt pur et simple de la commercialisation des produits dérivés du chanvre.
Plus que jamais, nous avons besoin du soutien aussi bien en termes de compétences que financier des entreprises déjà intégrées dans le secteur, afin de financer le lobbying et les actions que nous menons au quotidien.
Par jean-pierre
Fondateur et rédacteur en chef du site : LeCannabiste.com. Je suis un journaliste blogger spécialisé dans le domaine du Cannabis. J'ai été choisi par un incubateur de Cannabusiness New Yorkais pour devenir leur consultant permanent en matière de Cannabis. Je publie de nombreux articles interviews et essais en langue Anglaise ainsi que pour la presse Française et l'industrie du Cannabis en général.
Source: lecannabiste.com
On en parle sur le forum
Déjà plusieurs entreprises se sont lancées sur ce marché. Mais sur l'angle des produits dérivés avec des infusions, des huiles ou des vaporisateurs d'ambiance. Le CBD, malgré les vertus que certains lui prêtent , ne peut être légalement vendu que comme complément alimentaire.
"Ce n'est pas un produit du tabac", expliquait ainsi en novembre à France-Soir le directeur de CBD 420, pionnier suisse du cannabidiol et de son exportation en France. L'entreprise recommande d'utiliser sa "Blue Dream" par infusion ou vaporisation puisque "fumer est mauvais pour la santé".
C'est d'ailleurs une promotion de son caractère "médical" qui avait valu aux créateurs de Kanavap -le vapoteur au chanvre made in France- de la prison avec sursis. Le produit n'est désormais plus vendu.
Pour le gouvernement, cette tolérance semble donc avoir trouvé ses limites dans l'usage de ce cannabis light dans les cigarettes. Car contrairement aux autres dérivés au CBD, il implique du tabac.
"Le droit dit que le chanvre peut être utilisé à des fins industrielles quand il contient moins de 0,2% de THC. Il ne parle pas de produits en cigarette mais de la plante. Or ces magasins détournent le droit en disant que leurs cigarettes contiennent moins de 0,2% de THC", a expliqué Agnès Buzyn dimanche 17 sur RTL. Et d'ajouter "On n'est pas en train de lutter comme des fous pour faire en sorte que les Français arrêtent de fumer pour qu'ils se mettent à fumer du cannabis!".
Ce n'est donc pas nécessairement la fin de tout cannabis light et légal. Il faudra attendre les rapports commandés par la ministre avant un éventuel décret qui pourrait l'interdire comme additif dans le tabac tout en maintenant la tolérance pour d'autres produits. Ce pourrait d'être l'occasion de réparer une autre faille juridique qui rend la THC légale.
Sur l'usage médical du "vrai" cannabis, déjà légalisé dans de nombreux pays, la ministre a en revanche jugé qu'il n'y avait "aucune raison d'exclure, sous prétexte que c'est du cannabis, une molécule qui peut être intéressante pour le traitement de certaines douleurs très invalidantes. j'ouvre le débat avec les institutions responsables".
Le Parlement portugais a approuvé, vendredi à la majorité, un projet de loi sur l'utilisation du cannabis à des fins thérapeutiques qui permettra aux patients de l'acheter en pharmacie sur ordonnance.
Le projet, élaboré par la Commission de la santé sur la base de textes présentés par le Bloc de gauche (BE) et le Parti des animaux et de la nature (PAN) a été voté par toutes les formations à l’exception du parti de droite Centre Démocratique et social (CDE) qui s'est abstenu.
Il stipule qu'un médecin devrait prescrire ce type de médicament ou de préparations à base de cannabis, c’est-à-dire toute substance allant de l'huile à la fleur déshydratée, mais seulement si les autres traitements conventionnels ont des effets défavorables ou indésirables.
Le projet de loi, qui renforce le rôle de l’Autorité du médicament et des produits de santé (Infarmed) et introduit la possibilité pour le Laboratoire militaire de contribuer à la production des substances en question, ne permet pas toutefois l'auto-culture des plantes comme proposé initialement par les partis BE et PAN. Ce point a été supprimé au cours du processus d’adoption.
L'usage du cannabis à des fins médicinales est déjà autorisé dans des pays tels que le Canada, le Pérou et l'Uruguay.
En choisissant d'interdire la vente de fleurs à fumer, cannabis ultra-light non chargé en THC, les pouvoirs publics adoptent une attitude rigide, loin de la réalité.
A la marche mondiale du cannabis à Paris, le 29 avril 2017. Photo Alain Jocard. AFP
L’efficacité. Dans la bouche du nouveau monde, le mot revient souvent comme un mantra justifiant tout ou presque. C’est au nom de la recherche de l’efficacité, nous dit-on, que depuis le début du quinquennat le droit du travail a été largement modifié, que les aides sociales risquent d’être fortement rabotées ou que la fiscalité des plus riches a été significativement allégée. Chacun jugera. Ces derniers jours, sur le dossier du «cannabis ultra-light» (chargé en CBD mais à moins de 0,2% en THC, le principe psychoactif du cannabis), l’exécutif, au mépris de toute efficacité, s’est montré aussi banalement conservateur que ses prédécesseurs.
Alors que le marché suisse du cannabis CBD a commencé à irriguer la France, les magasins ouvrant à la pelle ces dernières semaines jusque dans la capitale, les pouvoirs publics ont mis le holà lundi via une communication de la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) interdisant en particulier la vente de fleurs à fumer et donc le cœur du business naissant. Au nom d’un principe simple mais hautement contestable : le cannabis est du cannabis, qu’il soit chargé en THC à plus de 10% comme sur le marché noir ou à moins de 0,2%, comme c’était le cas dans les échoppes affirmant respecter la législation française - en fait plus compliquée que ça.
Il faut dire que certains acteurs entrés sur ce marché par opportunité commerciale ont parfois dépassé la ligne jaune en flirtant avec l’incitation à la fumette, interdite, ou avec la publicité mensongère sur les vertus médicinales du cannabis CBD, interdit également. De quoi donner le fer pour se faire battre alors qu’un flou bienveillant semblait régner.
«Le CBD est tout sauf une drogue»
Mais en choisissant de rigidifier le cadre, notamment au nom du maintien de l’interdit moral, les pouvoirs publics passent de nouveau à côté du sujet. Le cannabis CBD, contrairement à son cousin chargé en THC, n’est en effet pas un stupéfiant, comme le médecin addictologue William Lowenstein l’a dit sur tous les tons ces derniers jours. Si le cannabis chargé en THC et vendu clandestinement est une drogue, c’est spécifiquement parce qu’il contient du THC et que cette substance modifie l’état de conscience de celui qui en consomme. Rien à voir avec le cannabis CBD, qui contient en premier lieu une molécule naturellement relaxante. «Le CBD est tout sauf une drogue», a dit Lowenstein sur France 2, tout en mettant en garde sur la nécessité de mieux contrôler la composition de ces produits. On ne saurait être plus clair.
Si l’enjeu est celui de la santé publique, l’efficacité devrait conduire les autorités à prendre la chose en main concrètement, plutôt que de se voiler la face en affirmant que la prohibition reste son alpha et son oméga. Quid de la prévention ? Quid de la qualité des produits en circulation ? Si l’enjeu est celui de la sécurité, la recherche de l’efficacité devrait conduire les pouvoirs publics à combattre le trafic, générateur de mortels règlements de comptes et d’incivilités dans les quartiers où nos dirigeants n’habitent pas, en asséchant la demande. Or, qui fume en premier lieu du cannabis CBD ? Si ce ne sont les fumeurs de cannabis chargé en THC qui veulent lever le pied sur le plan de la «défonce» et prendre leurs distances avec le marché noir. Enfin, si l’enjeu est plus basiquement fiscal, le pouvoir se prive d’une manne importante. En l’état, hors blanchiment des profits, seuls les trafiquants font leur miel sur l’or vert ou marron que constitue la vente d’herbe ou de résine de cannabis. Un marché de plusieurs millions de consommateurs.
L’opinion favorable à une légalisation encadrée
Au fond, la légalisation du cannabis traditionnel apparaît comme la seule solution réellement pragmatique. Celle qui, au-delà des considérations morales ou électorales, sert le plus concrètement l’intérêt général. Laisser s’installer un marché du cannabis ultra-light, avec un taux de THC inférieur à ce qui se fait en Espagne ou en Suisse, aurait un été une demi-mesure positive. Lui fermer la porte sans réel débat public, comme on met la poussière sous le tapis, est tout simplement une très mauvaise décision. Espérons que ce débat, passionnant, ne fait que commencer. L’opinion publique française, de plus en plus favorable à une légalisation encadrée, apparaît, elle, bien plus mature que ses représentants élus.
La légalisation du cannabis à l’échelle fédérale, qui doit intervenir à la rentrée prochaine au Canada, comme cela a déjà été le cas dans de nombreux Etats américains, démontrera à quel point la France, sur ce sujet, se complaît dans le vieux monde. Au mépris du réel.
Jonathan Bouchet-Petersen