Stupéfiants. Fin juin, deux magasins ont fermé. Pourtant, le député LREM Fabien Gouttefarde avait visité le magasin de Conches-en-Ouche, sous les conseils de son suppléant, Jérôme Pasco, qui regrette un « flou juridique » et exige « un débat » sur le cannabidiol.
Deux boutiques spécialisées dans les produits contenant le fameux cannabidiol (CBD), un dérivé du cannabis, ont fermé coup sur coup dans l’Eure, les 27 et 30 juillet, à Évreux et Conches-en-Ouche. Leurs gérants sont poursuivis pour trafic de stupéfiants. Selon le procureur adjoint de la République d’Évreux, Éric Neveu, qui s’exprimait hier vendredi 3 août 2018, le sujet est clos : « Toute commercialisation de produits contenant du THC est prohibée. »
Le CBD ne peut être vendu que sous deux conditions : « Le cannabidiol doit avoir été obtenu à partir de fibres et graines de cannabis Stiva L », et non pas à partir de « feuilles, fleurs ou têtes de plants de cannabis ». De plus, les produits finis ne peuvent en aucun cas contenir du THC. Le fameux taux de 0,20 % n’est applicable qu’à « la plante elle-même ».
À Conches, le propriétaire « franc jeu »
La messe ne semble toutefois pas près d’être dite. Suppléant de Fabien Gouttefarde, député LREM de l’Eure, et premier adjoint de Conches-en-Ouche, Jérôme Pasco « comprend la position de la ministre de la Santé », mais regrette la fermeture d’Histoire de graines, le magasin ouvert dans sa ville depuis février. « C’est un travailleur honnête, qui vendait tout sauf de la drogue », indique l’élu à propos de Julien Gourc’hant, le gérant. Un établissement visité par le député lui-même début juin, et fréquenté occasionnellement par Jérôme Pasco, qui y a acheté « une crème musculaire et des gélules antidouleur à base de CBD ».
Selon l’élu, le vendeur de CBD avait joué « franc jeu avec les autorités locales. Il a présenté ses produits à la gendarmerie et les a même laissés prendre un échantillon pour analyse en preuve de sa bonne foi. » Le premier adjoint souhaite un « vrai débat autour du CBD et du cannabis. On vit dans un pays qui souffre d’une vraie hypocrisie sur le sujet. » Le gérant du magasin d’Évreux, Ishaq Aboudrar, fermé après moins de trois jours d’exploitation, n’a pas pu être joint.
Source: paris-normandie.fr
et dans Liberation :
des fleurs de CBD .....
Cannabis light : la fin des plants sur la comète
Par Clarisse Martin — 3 août 2018 à 18:36
Ex-gérant d’une boutique de produits à base de CBD, une molécule non psychotrope, Thomas Traoré, qui pensait agir dans la légalité, a été mis en examen pour «trafic de stupéfiants». Des procédures contre des magasins comme le sien sont en cours.
Cannabis light : la fin des plants sur la comète
Au 39 de la rue de Clignancourt, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, le rideau de fer est baissé et la discrète mention «scellé - ne pas ouvrir» enjoint de ne pas s’aventurer au-delà. Thomas Traoré, ex-gérant de l’éphémère Bestown Shop qui occupait ces murs, admet avoir un pincement au cœur à cette vue. Après trois semaines d’ouverture, sa boutique spécialisée dans les produits à base de cannabidiol (CBD, une molécule non psychotrope du cannabis) a dû fermer ses portes. Visé par une information judiciaire ouverte par le parquet de Paris, le quadragénaire a été mis en examen le 12 juillet pour «trafic de stupéfiants» et «provocation à l’usage de stupéfiants». «Tout était en règle et puis patatras», résume-t-il.
Le CBD est une molécule du cannabis que certains ont jugé légal, à partir du moment où le taux de THC (tétrahydrocannabinol, psychotrope), une autre molécule, était inférieur à 0,2 %. «C’est le THC qui est le stupéfiant, le CBD n’est pas classé comme tel. Le THC a des effets hallucinogènes alors que le CBD a des effets relaxants», explique l’addictologue Jean-Pierre Couteron. Si posséder, vendre ou consommer du cannabis est illégal en France, le pays reste le plus gros consommateur européen de produits (herbe ou résine) chargés en THC, selon la dernière étude de l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies. Plusieurs millions de Français sont ainsi des consommateurs plus ou moins réguliers.
Miel et marmelade
Attablé dans un café au pied de la butte Montmartre, Thomas Traoré égrène les péripéties des derniers mois. Tout a commencé au printemps, lorsqu’un ami de Besançon lui parle de la boutique qu’il a ouverte dans le chef-lieu du Doubs. La spécialité ? Le CBD. Première réaction : «C’est illégal, t’es complètement fou.» Puis petit à petit, face à l’assurance de son ami, le Parisien se renseigne et finit par se dire «pourquoi pas moi ?». Il prend conseil auprès d’avocats qui le rassurent sur la légalité de la chose et décide de se lancer : le 13 juin, une nouvelle échoppe ouvre ses portes. Pas un «coffee shop», insiste Thomas à plusieurs reprises, car selon lui cela porterait à confusion avec les établissements d’Amsterdam.
A défaut de pouvoir faire le tour du propriétaire, on se contentera de photos sur Instagram. Thomas décrit les lieux : un espace de vente d’environ 25 mètres carrés aux murs clairs et à la décoration épurée, qu’on jurerait d’inspiration scandinave. Un peu à l’image des nombreux concept stores de la capitale. Sur une photo, on voit quelques fleurs de CBD exposées sous une cloche en verre. «Quand on passait devant la boutique, c’était difficile de savoir ce qu’on vendait. C’était voulu», poursuit l’ex-gérant. Sur les étals, des petits pots de miel, de marmelade, du chocolat, des huiles et des sachets de tisane. Des produits alimentaires contenant tous du CBD et fabriqués en Suisse.
Cancer et arthrite
«Le jour où j’ai ouvert, raconte Thomas Traoré, j’avais alerté le commissariat du XVIIIe. Le chef de la BAC 18 [brigade anticriminalité, ndlr] est venu me voir le premier jour. En trois semaines d’ouverture, j’ai eu deux contrôles policiers et aucun n’a constaté de trouble à l’ordre public ou trouvé à redire.» Mais quand une dizaine de policiers déboulent le 10 juillet en fin de matinée, ce n’est plus un contrôle de routine. Perquisition de la boutique, mise sous scellé des lieux et des stocks, Thomas Traoré est placé en garde à vue pendant quarante-huit heures. Le 12 juillet, il est déféré devant un juge et mis en examen. «Pendant trois semaines j’ai une boutique légale, et le jour d’après je suis un trafiquant de drogue. Je n’ai rien à me reprocher. Je n’ouvre pas un magasin ayant pignon sur rue en sachant que c’est illégal. Tout était clean !» affirme-t-il avec vigueur.
«On avait des tables où les gens pouvaient prendre une infusion et un petit carré de chocolat au CBD», poursuit le mis en cause. Dans sa clientèle, il estime que 40 % des acheteurs étaient des malades atteints de cancer, d’arthrite ou de sclérose en plaques. «La plupart achetaient de l’huile de CBD et disaient que ça soulageait leurs douleurs. Je ne conseillais rien, je ne suis pas médecin. Certains venaient et me montraient des messages de leur médecin qui préconisait la dose à prendre.» Toujours selon ses estimations, 40 % étaient des «vieux fumeurs», des gens qui consomment du cannabis depuis dix ou quinze ans et qui «cherchaient l’apaisement et le sommeil sans la défonce». Le reste, 20 % de curieux et de tout-venant. «J’interdisais les mineurs et les femmes enceintes. En l’absence de règles, j’ai posé les miennes. Un jour, des dealers du quartier sont venus. Ils ont compris en trois secondes qu’on ne vendait pas le même produit.» Il estime être victime d’une injustice : «Je ne me considère pas comme un militant de la cause [la légalisation du cannabis]. Je suis un entrepreneur, même si je n’aime pas le terme, j’y ai vu une possibilité.»
Ces derniers mois, le nombre de boutiques commercialisant du CBD en France a culminé à 120, selon les estimations de l’association Norml (National Organization for the Reform of Marijuana Laws France). La législation sur la question n’a pourtant pas été assouplie, mais le ministère de la Justice croit savoir que cette floraison est due à l’arrivée sur le marché de produits (pharmaceutiques ou liquides pour cigarettes électroniques) contenant du CBD. Au départ mutiques, les pouvoirs publics ont sifflé la fin de la récré en juin.
Fibres et graines
Reconnaissant que la législation sur la question était «peut-être un peu floue», la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a estimé le 17 juin sur RTL que ces boutiques auraient fermé d’ici quelques mois. «Ces coffee shops se sont ouverts sur une zone grise du droit», admet la ministre au cours de l’interview. Cette «zone grise», c’est l’arrêté du 22 août 1990, qui édicte plusieurs conditions cumulatives pour que la «culture, l’importation, l’exportation et l’utilisation industrielle et commerciale des variétés de cannabis sativa L» soient autorisées. Pour que ce soit légal, il doit s’agir de l’exploitation des fibres et des graines de la plante seulement, avec une teneur initiale inférieure à 0,2 % de THC :21 variétés de cannabis sativa autorisées sont répertoriées.
0,2 %, le chiffre où le bât blesse. Est-ce le produit fini ou la plante à la base de la préparation qui doit afficher un taux de THC inférieur à 0,2 % ? Vendeurs de CBD et pouvoirs publics font une lecture différente. Le 11 juin, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) s’est fendue d’une note aux airs de rappel à la loi, tranchant les divergences : «La présence de THC dans les produits finis, quel que soit son taux, est interdite.» Le 23 juillet, la Direction des affaires criminelles et des grâces (DACG) en remet une couche et adresse une dépêche aux parquets de France, enjoignant de donner des réponses pénales «avec une particulière fermeté». Depuis, les procédures s’accumulent, notamment dans les zones qui relèvent des parquets de Paris, Marseille, Dijon, Chalon-sur-Saône et Evreux.
Selon les tests réalisés par les enquêteurs sur les produits de Bestown Shop, deux dépassaient le seuil de 0,2 % avec respectivement 0,24 % et 0,32 % de THC, relate Thomas Traoré, qui assure ne pas avoir été interpellé à cause de la teneur excessive de certains produits mais en raison des fleurs de CBD proposées à la vente, qui ne sont ni des fibres ni des graines visées par l’arrêté de 1990.
Spécialiste du droit des drogues et maître de conférences à l’université Paul-Valéry de Montpellier, Yann Bisiou estime que le débat n’a aucun sens : «La législation n’a pas changé, mais la question revient tous les dix ans.» Pour le juriste, l’arrêté de 1990 n’est pas applicable aux boutiques précitées mais concerne seulement les produits pharmaceutiques, que ne prétendent pas vendre les magasins de CBD. «Ce qui me choque, c’est que c’est une application extensive de la loi, qui porte atteinte au principe de légalité : on ne peut pas vous accuser de faits qui ne sont pas expressément prévus par la loi pénale.»
Yann Bisiou souligne aussi le fait que le cannabidiol ne fait plus partie de la liste de produits interdits par la Convention internationale contre le dopage dans le sport depuis janvier 2018. «Un footballeur pourrait en prendre, mais pas une mamie pour une tisane ?» s’insurge-t-il, jugeant que cette répression ne devrait «pas être une priorité, alors que la France est le premier pays européen en termes de consommation de cannabis».
Contacté par Libération, l’avocat de Thomas Traoré évoque une affaire qui «dépasse complètement» son client. «Il n’a aucun casier, il pensait sincèrement que c’était légal», défend Me Michaël Bendavid, qui souligne, dans une allusion aux propos d’Agnès Buzyn, que «le droit pénal ne s’accommode pas des zones grises. Cela doit bénéficier au mis en cause». Thomas Traoré encourt une peine de dix ans d’emprisonnement et 7,5 millions d’euros d’amende.
Au total, près de 42% des adultes (18 à 64 ans) ont déjà expérimenté le cannabis en France.
photo archives LM
De plus en plus de pays dans le monde ont décidé de légaliser le cannabis, mais pas la France, première consommatrice en Europe. Et le débat de refaire régulièrement surface. Mais si l’option de la légalisation venait à être choisie, quelles seraient alors les répercussions sur une ville comme Marseille ?
À l’heure où le cannabis est légalisé dans de plus en plus de pays à travers le monde (Pays-Bas, Espagne, et bientôt le Canada), la France n’a toujours pas franchi le pas. Et la question agite régulièrement la sphère politique. Jusqu’à Renaud Muselier, président LR de la Région Paca, en juin dernier. « La législation contrôlée du cannabis est une piste à étudier. Une mesure doit être prise », a-t-il déclaré commentant un nouveau règlement de compte qui avait coûté la vie à un homme de 22 ans .
L’an dernier, en janvier 2017, 150 personnalités politiques progressistes de Marseille avaient également lancé un appel pour « la fin de la prohibition du cannabis en France » et appelé à la légalisation. Parmi elles, notamment, les députés socialistes Patrick Mennucci, et Marie-Arlette Carlotti.
Les buralistes prêts à vendre
Récemment, même la confédération des buralistes s’en est mêlée. Se disant « prête à commercialiser » du cannabis en cas de légalisation, elle demanderait « l’exclusivité » de sa distribution afin de pallier une baisse des ventes de cigarettes. « Le 18 juin, j’ai même proposé à la ministre de la Santé d’aller plus loin et de devenir le premier réseau de référence du cannabis s’il est, un jour, légalisé dans l’Hexagone », précise, le président des buralistes, Philippe Coy. Même si certains de ses confrères ne sont pas rassurés à l’idée de vendre du cannabis. « Je suis pour la vente du fait de nos faibles revenus en ce moment, mais évidemment que j’ai peur des représailles, surtout par rapport à notre situation géographique », explique Myriam, vendeuse dans un bureau de tabac du 13ème arrondissement de Marseille. D’autres y sont totalement opposés par principe.
Du côté de la police, on craint le pire dans une ville gangrénée par le trafic de drogue. La réponse est claire : « Si cela doit se faire, je pense que les dealers se mettront à vendre plus de drogues dures, style cocaïne ou héroïne », estime un policier affecté au sein de la brigade des stupéfiants de Marseille depuis une vingtaine d’années.
D’autres risques vont émerger selon lui. « C’est simple, si cette loi passe c’est un manque d’argent à gagner conséquent pour eux. Dans ce cas, ils vont se rabattre sur des braquages à mains armées, des vols de voitures, en plus de la vente de drogue. La criminalité va finir par exploser », conclut-il, remonté.
Pour les trafiquants, la légalisation ne changerait visiblement pas grand-chose à un business florissant.
à la Castellane, « PA », tel est son surnom, vend des substances illicites depuis près de 6 ans, c’est son « gagne-pain ». « Sans la vente, ma vie ne serait clairement pas la même. C’est ma première source de revenus, sans ça je n’aurais pas assez d’argent pour me payer mon logement », confie-t-il. Alors quand on lui demande s’il compte arrêter la vente si le cannabis est légalisé, il nous rit au nez. « Jamais de la vie ! Je vendrai mes barrettes moins chères ou je me mettrai aux drogues dures. Je n’ai pas la motivation d’aller travailler comme tout le monde et toucher à peine un SMIC », déclare le dealer. À savoir qu’un vendeur gagne au total près de 6 000 euros par mois selon son « territoire ». Le chiffre peut monter jusqu’à 9 000 euros pour les gérants de réseaux.
Ce qui prouve que le marché du cannabis est clairement une économie à part entière.
Autre questionnement de taille, l’impact sanitaire d’une éventuelle légalisation. Au Pays-Bas, les experts n’ont pas observés d’augmentation significative des niveaux de consommation, mais il faut rappeler que fumer des joints a clairement un impact sur la santé. Dernière étude scientifique en date, celle d’une équipe américaine de l’université de Dallas, qui a constaté que la matière grise des fumeurs de cannabis diminuait dans une région du cerveau impliquée dans la motivation et la prise de décision. Si la loi devait un jour évoluer, cela résulterait d’une volonté de l’opinion publique.
Jauffrey Ambrosino
Source: lamarseillaise.fr
On en parle sur le forum
Le cannabis thérapeutique peut soulager les douleurs et l’anxiété ou encore améliorer les troubles du sommeil de certains patients. Mais en France, son usage reste rarissime, faute d’un accès réel aux médicaments.
Photo/Elroi - stock.adobe.com
Le cannabis possède bel et bien des propriétés antalgiques. Selon plusieurs études menées pour le tester, les résultats ne sont pas majeurs, mais probants dans les douleurs neuropathiques et les contractions musculaires douloureuses en cas de sclérose en plaques. Ce qui provoque cet effet, ce sont les molécules de la plante appelées cannabinoïdes: notamment, le tétrahydrocannabinol (THC). Il agit sur les récepteurs du système nerveux central et périphérique, c’est-à-dire dans le cerveau et le reste du corps. Ces récepteurs sont impliqués dans la transmission de la douleur.
«Le cannabis soulage certains patients aux douleurs complexes, et qui ne répondent pas aux antalgiques classiques. Mais l’effet sur la douleur est très modeste, clarifie le Pr Serge Perrot, président de la Société française d’étude et de traitement de la douleur, auteur de La douleur, je m’en sors ! (Editions In Press). Par contre, il réduit également l’anxiété et les troubles du sommeil chez ces sujets, ce qui améliore globalement leur état», explique-t-il.
Difficile à utiliser librement
Pour offrir une chance supplémentaire à ces patients particuliers, le cannabis médical est désormais disponible dans plusieurs pays comme l’Allemagne, la Belgique, ou encore le Royaume-Uni, sous forme de comprimés ou de feuilles à utiliser en inhalation, ou à ingérer dans des gâteaux, par exemple.
En France, son entrée dans la pharmacopée est beaucoup plus laborieuse. Seuls deux médicaments à base de cannabinoïdes y sont autorisés. Le premier, le Marinol, est un produit ancien, peu efficace, réservé aux douleurs neuropathiques liées à des lésions du système nerveux central. Sa prescription est conditionnée à une autorisation préalable de l’Agence du médicament française (ANSM), autant dire que son utilisation est rarissime. L’autre médicament est le Sativex, indiqué chez les patients souffrant de sclérose en plaques. Il a obtenu son autorisation de mise sur le marché en 2014, mais reste indisponible à ce jour faute d’accord de prix entre le laboratoire et les autorités de santé. Et pour s’approvisionner dans un autre pays d’Europe, il faut la prescription d’un médecin local.
Résultat, il est plus facile de se procurer illégalement du cannabis que de vouloir respecter la loi en cas de douleurs rebelles… «Cette situation est tout à fait paradoxale», reconnaît le Pr Didier Bouhassira, du Centre d’évaluation et de traitement de la douleur de l’hôpital Ambroise-Paré. Faute d’accès au cannabis médical, certains patients expérimentent le cannabis ou le fument régulièrement de façon illicite, et il est impossible de connaître leur consommation, en quantité et en qualité. «Or, une utilisation bien encadrée réduit le risque d’effets indésirables (nausées, vertiges, maux de tête), et surtout d’addiction.
Enfin, seul un professionnel saura détecter certaines contre-indications. L’absence d’encadrement est donc cause d’une perte de chance pour les patients, poursuit Didier Bouhassira. Nous n’avons même pas le droit de mener des recherches sur le cannabis médical, en France. C’est dommage, le pays se prive d’une option thérapeutique supplémentaire pour soulager certains patients», estime-t-il.
Les ventes de vaporisateurs se multiplient, prisés par ceux qui veulent consommer du cannabis plus « sainement ». Cela reste illégal, mais c’est moins nocif, nous confirme un addictologue.
Photo: Le vaporisateur à herbe est de plus en plus prisé par les fumeurs de joints. LP/Olivier Lejeune
« A chaque fois que je fumais un joint, je replongeais… dans la consommation de cigarettes. Au cours d’un voyage aux Etats-Unis, j’ai trouvé un vaporisateur à herbe. Cela peut paraître étrange, mais cela m’a permis de fumer sainement ».
Jonas, 42 ans, cadre et sportif, fait partie de ces nouveaux consommateurs de cannabis… soucieux de leur santé ! Un paradoxe qui fait le bonheur des vendeurs de vaporisateurs électroniques portables, en vente sur Internet et dans quelques magasins de cigarettes électroniques.
Le principe ? Une alternative au traditionnel joint. Avec ces appareils, aucune combustion ni fumée. On chauffe l’herbe de cannabis jusqu’à 190 °C, pour en dégager de la vapeur. On aspire ainsi uniquement les principes actifs de la plante illégale en France.
Très en vogue aux Etats-Unis
« Aujourd’hui, les gens veulent inhaler propre et manger sain », assure Grimhild dans son magasin, l’un des rares spécialisés en « vap’», dans le XIe arrondissement de Paris. Ici, officiellement, les vaporisateurs ne servent qu’à aspirer de la vapeur de laurier, camomille ou de guimauve. « Beaucoup veulent l’adopter et abandonner la cigarette électronique, qu’ils trouvent trop toxique. Sur Internet et dans notre boutique, on en vend jusqu’à 5 à 10 par jour », reprend Grimhild.
Ces appareils, très en vogue aux Etats-Unis, sont utilisés dans des cliniques en Allemagne, en Israël, ou en Suisse, pays qui ont légalisé l’usage médicinal du cannabis, sous forme de CBD, une molécule du chanvre, pour calmer l’anxiété et les douleurs. Certains ressemblent à s’y méprendre à des cigarettes électroniques, d’autres tiennent dans le creux de la main. Les prix varient de 75 à 300 €. « On ne peut pas parler de boom, comme avec la cigarette électronique, mais d’une tendance », assure Nicolas Atlan, de la boutique « Docteur Vaporisateur ».
Moins toxique
« Quand on fume du chanvre mélangé à du tabac, on avale du goudron, des métaux lourds, du monoxyde de carbone », raconte Florent Buffière, de l’association Norml, qui milite pour un assouplissement de la réglementation sur le cannabis. Sur son site, on conseille l’utilisation du vaporisateur plutôt que le « pétard » qui « noircit les poumons ».
Même son de cloche chez Olivier, 28 ans, chargé de projet : « Je me suis mis à la course. J’ai aussi arrêté l’alcool et le tabac. Mais pas question pour moi de décrocher du cannabis. D’où mon passage au vaporisateur. En plus, c’est économique et on sent davantage les arômes. Des amis m’ont suivi ».
Amine Benyamina, addictologue à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne), confirme que si on ne peut pas se passer d’herbe, la vaporisation se révèle « moins nocive » : « Tous les produits issus de la combustion sont à éviter. Avec ce procédé, on évite le tabac, qui contient plus de 4 000 substances, la plupart toxiques. Ils ont raison de l’utiliser, conclut-il. Cette technique est même indiquée dans le chanvre thérapeutique ».
Autre particularité de ces nouveaux joints : la vapeur se révèle quasi inodore ; les appareils se font de plus en plus discrets. « J’ai déjà vapoté dans la rue, mais aussi en réunion et même… dans l’avion, sans que personne ne s’en aperçoive », se vante Jonas. De quoi donner du fil à retordre aux autorités dans leur traque aux fumeurs de drogue.
VIDEO. Cannabis : et si le vaporisateur prenait la place du joint ?
Alors que l’Italie a récemment étendu son programme de cannabis médical à plus de pathologies, et donc à plus de patients, son système de production se trouve déjà dépassé par l’ampleur de la demande. Pour remédier à cette situation, la ministre de la Santé, Giulia Grillo, vient d’annoncer qu’elle comptait augmenter la production de cannabis médical et a évoqué pour ce faire un partenariat avec des producteurs privés.
Le système actuel
Depuis 2007, le cannabis médical est légal en Italie mais le monopole de la production est détenu par l’armée qui cultive la plante à l’Institut Chimique et Pharmaceutique Militaire de Florence. Ce mode de production ne parvient toutefois pas à répondre à la demande croissante de la population en cannabis médical. Pour s’en procurer, les patients peuvent également l’importer depuis l’étranger, solution coûteuse et inaccessible à une grande majorité d’entre eux. Or, l’accès à la santé pour tous est un droit constitutionnel en Italie.
La ministre de la Santé semble avoir reconnu que la situation actuelle n’était pas viable pour les patients et, à la suite d’une visite de l’Institut hier, elle a admis que la production militaire n’était pas suffisante. Elle a donc annoncé vouloir augmenter les capacités de productions de cannabis médical italiennes.
Le système potentiel
Dans cette optique, le gouvernement italien va considérer la possibilité d’octroyer des licences à des compagnies privées au travers d’un système de partenariat public-privé entre le gouvernement et les producteurs. La ministre ne s’est pas étendue sur les détails d’un potentiel marché de la production et on ne sait pas quelle place auront les entreprises italiennes dans ce domaine : seront-elles en concurrence avec des entreprises étrangères ou bénéficieront-elle d’un avantage national ?
Si les entreprises étrangères se trouvent en situation d’égalité sur le marché italien, les potentiels producteurs italiens ne résisteront pas à la concurrence des pays exportateurs de cannabis médical comme le Canada où les entreprises privées pèsent déjà plus d’un milliard de dollars et cherchent à exporter leur marchandise à la faveur du vent progressiste en matière de cannabis.
En revanche, si la production italienne se développe, il est possible que l’Italie rejoigne le Canada, l’Uruguay, l’Australie, les Pays-Bas et Israël déjà solidement implantés dans le marché international de l’exportation de cannabis médical. Il semble que la ministre envisage cette possibilité : « l’augmentation de la production est importante car elle pourrait satisfaire d’autres exigences, pas seulement internes mais aussi externes ».
Elle a également posté sur son Facebook, après avoir rencontré le Comité des Patients du Cannabis Thérapeutique, qu’elle fera tous les efforts nécessaires « pour rendre le cannabis médical disponible en pharmacie pour garantir la continuité des thérapies ».
Selon la ministre, ces nouveaux arrangements seront effectifs bientôt : « il faudra du temps pour l’organisation, évidemment, mais, étant donné que c’est une activité de grand intérêt pour le ministère de la Défense comme pour celui de la Santé, tous les efforts pour le faire dans le temps le plus bref possible seront faits ».
La légalisation de la marijuana, prévue le 17 octobre prochain, devrait créer environ 700 emplois en Saskatchewan liés à la culture, la production, la distribution et la vente, selon des estimations de CBC.
Photo : La Presse canadienne/DARRYL DYCK
CBC a contacté plusieurs des 51 détenteurs de permis de vente de cannabis dans la province, dont la majorité à Saskatoon et Regina. Ces derniers estiment devoir engager une vingtaine de personnes chacun.
Dans le cas de Kevin Tindall, un comptable de Saskatoon qui a obtenu l’un de ces permis, il prévoit avoir besoin d’au moins une dizaine de personnes pour son magasin situé à Swift Current. Il explique que les critères d’embauche seront la personnalité et la capacité à vendre un produit.
« Nous serons ouverts bien avant la date de légalisation. Nous sommes impatients et nous voulons informer les gens », fait-il valoir.
« Je pense que cette industrie va être énorme », ajoute-t-il.
Estimations du nombre d’emplois liés à l’industrie du cannabis
Regina et Saskatoon : 20 à 25 employés par magasins
Autres municipalités : une moyenne de 11 employés par magasin
Production, entreposage et distribution: 300 emplois
Source : CBC
En comparaison, Tweed Grasslands, l’une des divisions de Canopy Growth qui aura des succursales à Fort Qu’Appelle, Humboldt, Meadow Lake, Melville et dans la municipalité rurale de Corman Park, prévoit embaucher au moins 25 personnes par magasin.
« En Saskatchewan, nous sommes à la recherche de gens compétents, énergiques et intelligents qui correspondent à l’esprit du milieu », indique l’un des directeurs généraux de Canopy Growth et propriétaire de Tweed Grasslands, Andrew MacCorquodale.
Selon lui, l’usine de production de marijuana médicinale de Yorkton pourrait compter au moins 80 employés d’ici la fin de l’année.
Même son de cloche pour Aurora Cannabis, l’autre géant du cannabis autorisé au Canada. L’entreprise a publié des offres d’emplois en ligne, en plus d’engager cet été un associé des affaires réglementaires, un coordonnateur du marketing médical, un gestionnaire de projet et plusieurs assistants à la culture et au marketing.
Entrepôts et distributeurs
En Alberta, le grossiste d’accessoires de marijuana High Tide croit que cinq à dix entreprises demanderont des permis de grossistes en Saskatchewan. Chacune de ces entreprises devrait employer au moins six personnes, selon son estimation.
Les entrepôts et centres de distribution situés près de North Battleford, Regina et Saskatoon pourraient quant à eux compter plus de 200 employés afin de répondre aux besoins des détaillants qui seront à la recherche de produits de qualité.
« Je pense vraiment que ce sera un moteur économique important pour la Saskatchewan », raconte le PDG de l’entreprise d’Edmonton Fire & Flower, Trevor Fencott.
Fire & Flower a obtenu l’un des deux permis de détaillants à Yorkton et il souhaite faire bonne impression. Selon lui, une bonne proportion des clients de la région seront plus âgés et pourraient essayer la marijuana pour la première fois depuis plusieurs années. Il ne veut pas d’une clientèle de gros consommateurs. Il est plutôt d’avis que c’est aux clients de choisir si la marijuana peut correspondre à leur style de vie ou non.
Il embauche présentement 14 personnes pour son magasin à Yorkton.
D'après les informations de Jennifer Quesnel, CBC
C’est peut-être le moment de changer de carrière pour certains.
À l’aube de la légalisation du cannabis, la valeur de l’herbe a spectaculairement chuté. En deux ans, le prix du gros de certaines variétés a baissé de moitié, selon des revendeurs. Tellement qu’ils se demandent s’ils ont un avenir dans le domaine. Pour mieux comprendre ce qu’il adviendra du marché noir après le 17 octobre, VICE est allé à leur rencontre.
Attablé à un café des Laurentides, Julien* semble un peu découragé lorsqu’il parle de ses options dans « l’industrie » du cannabis. Il se considère comme un « bougeur », soit l’intermédiaire entre le cultivateur et le revendeur qui fournit le consommateur. Chaque semaine, il « fait bouger » plusieurs dizaines de livres.
« Les prix ont tellement planté et je ne pense pas que ça va remonter, dit-il. Difficile de continuer à ce train-là. Depuis deux ans, on a perdu la moitié de la valeur sur le marché noir. Il y a tellement de concurrence, estie, que ça devient difficile. »
Julien remarque que le nombre de vols a quant à lui augmenté, puisque la production est de moins en moins rentable. Ça lui est d’ailleurs arrivé cet hiver. « Ils m’ont busté mon argent, mon cannabis séché et mes extractions. J’essaie de trouver autre chose à faire en ce moment, parce que c’est particulièrement dur de se rebâtir ces temps-ci. J’ai notamment investi dans de l’immobilier. »
Rencontré dans le Sud-Ouest de Montréal, Robert gère une opération de livraison qui emploie huit personnes. Il estime vendre une dizaine de livres par semaine. Pour l’instant, il s'accommode très bien de la valeur du cannabis sur le marché parce que, si le prix du gros a beaucoup baissé, le prix de détail dans la rue, lui, demeure stable. « Ça me coûte moins cher qu’avant pour une livre et je vends toujours 3,5 g autour de 25 $, dit-il. C’est donc positif! »
Jesse, un autre « bougeur » du quartier Hochelaga-Maisonneuve, souligne toutefois que le prix de gros de certaines variétés de cannabis de haute qualité est toujours très élevé. « Le prix du pot de marde a baissé, c’est clair, mais le bon weed coûte encore super cher. Mais, encore là, pour moi, la marge de profit est petite. Il y a tellement de concurrence aujourd’hui. Il m’est arrivé d’acheter des livres à 1700 $ que je revendais à 1800 $. »
Statistique Canada, qui sonde de manière anonyme des consommateurs sur internet, a aussi remarqué une chute constante des prix. « On estime que, depuis 1990, le prix du cannabis consommé à des fins non médicales a baissé en moyenne de 1,7 % par année, pour atteindre environ 7,50 $ le gramme en 2017 », peut-on lire dans l’étude Compte économique sur le cannabis, 1961 à 2017. Durant la même période, l’indice des prix à la consommation a quant à lui augmenté de 1,9 % par année.
Économiste spécialisé en agriculture et professeur de management à l’Université Laval, James Eaves a étudié la question et confirme que les prix au Canada ont chuté considérablement au cours de la dernière année, en raison d’une augmentation de l’offre couplée à une baisse de la répression. « J'estime que les producteurs légaux ont actuellement une capacité qui dépasse de loin les estimations de la demande totale intérieure. Nous avons assisté à la même chose dans les États américains qui ont légalisé : à mesure que la légalisation approchait, les prix chutaient rapidement. »
M. Eaves fait aussi le constat que certains produits plus haut de gamme du cannabis prennent de la valeur, comme les variétés plus rares, mais également les produits transformés. « Aux États-Unis, les consommateurs ont vraiment aimé ces innovations de produits et il y a eu des pénuries, explique-t-il. La demande était donc encore élevée par rapport à l'offre. Mais au Canada, au lendemain de la légalisation, il n'est pas clair si nous assisterons à ce modèle parce qu'il y a tellement de règlements concernant les produits transformés. Actuellement, les producteurs ne peuvent vendre que de l’huile et des fleurs séchées. »
Seul l’avenir nous dira si le marché noir survivra à la légalisation attendue le 17 octobre, mais l’expérience américaine nous indique que quatre ans après la fin de la prohibition au Colorado et dans l’État de Washington, la vente illicite est loin d’être éradiquée. « Qui va gagner va être déterminé par les taxes, la rigueur de la réglementation et la répression contre les producteurs et les détaillants illégaux », avance James Eaves.
* Les noms ont été changés pour préserver l’anonymat des personnes citées.
Simon Coutu
La Cour constitutionnelle de Géorgie a aboli les amendes imposées jusqu'alors pour consommation personnelle de cannabis dans ce pays du Caucase au motif qu'elle relevait du "droit au développement personnel", tout en réaffirmant que la culture et la vente restaient répréhensibles.
Photo: En mai, des milliers de personnes se sont rassemblées pendant plusieurs jours dans la capitale géorgienne,
Tbilissi, pour protester contre des raids policiers prétendument musclés dans deux boîtes
de nuit populaires où huit trafiquants présumés ont été arrêtés.photo@AFP
Dans une décision rendue publique hier, la Cour stipule que "punir la consommation de marijuana contredit la Constitution géorgienne".
La consommation personnelle du cannabis était jusqu'alors considérée comme une infraction passible d'environ 170 euros d'amende. Dans son arrêt, la Cour précise cependant que des poursuites pour consommation de cannabis restait justifiées quand elle posait "une menace pour un tiers" par exemple dans "les institutions éducatives et certains espaces publics".
Le gouvernement géorgien a été critiqué dans le passé par des défenseurs des droits pour une politique décrite comme excessivement répressive contre les drogues. En mai, des milliers de personnes avaient manifesté dans la capitale Tbilissi, au son de la musique électronique, pour dénoncer des raids policiers dans des discothèques dans le cadre d'une campagne de lutte contre la drogue.
Certains des clients présents dans les discothèques au moment des raids ont affirmé que la police avait fait usage de la force d'une manière disproportionnée à leur égard et que la découverte de drogue pendant des fouilles avait été mise en scène par des policiers.
Source: Le Figaro.fr avec AFP
On en parle sur le forum
Après l'Allemagne, l'Autriche, la Finlande ou l'Italie, le Royaume-Uni s'apprête à suivre l'exemple de ses voisins européens. À l'automne prochain, il autorisera le cannabis à usage thérapeutique.
Photo: Sajid Javid le ministre britannique de l'Intérieur /Getty Images
Un joint sur ordonnance. Ce sera désormais possible au Royaume-Uni. À l'automne prochain, le gouvernement autorisera le cannabis médical, ou thérapeutique. "Cela aidera les patients avec des besoins médicaux spécifiques mais cela ne constitue en aucun cas un premier pas vers la légalisation du cannabis à usage récréatif", a nuancé le ministre britannique de l'Intérieur Sajid Javid.
L'intérêt pour le cannabis ou chanvre indien, utilisé comme plante médicinale depuis l'Egypte ancienne, a été relancé dans les années 90 par la découverte d'un analogue du cannabis fabriqué par l'organisme, le cannabinoïde endogène, présent dans le cerveau des hommes comme des animaux.
Depuis cette date, des dizaines d'études ont confirmé l'intérêt du cannabis thérapeutique par exemple pour soigner des spasmes musculaires dans la sclérose en plaques et dans l'épilepsie, des douleurs chroniques dans certaines pathologies neurologiques, ou encore prévenir des nausées et vomissements chez les personnes atteintes d'un cancer.
Au Royaume-Uni, le cannabis, qui était classé comme une drogue n'ayant pas de valeur thérapeutique va donc changer de catégorie. Le Département des soins de santé et sociaux (DHSC) et l'Agence de réglementation des médicaments et produits de santé (MHRA) vont maintenant "définir clairement ce qui constitue un médicament dérivé du cannabis" afin que ceux-ci puissent être prescrits, a indiqué le ministère de l'Intérieur. "Les autres formes de cannabis seront strictement contrôlées et ne seront pas disponibles sur ordonnance".
Cette décision relance le débat dans l'Hexagone. Depuis quelques semaines, plusieurs élus et médecins demandaient la légalisation du cannabis à usage thérapeutique. Fin mai, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s'était déclarée favorable à la recherche et au développement du cannabis médical.
Carcassonne-Elle fume des joints pour calmer l’arthrose: relaxe prononcée
Rennes-les-Bains. Elle est âgée de 66 ans, touche 750€ de retraite par mois (elle a exercé le métier d’assistante sociale pendant dix-sept ans), et aujourd’hui, elle souffre d’arthrose.
Ce vendredi, elle comparaissait devant le tribunal de grande instance, à Carcassonne, pour «refus de se soumettre aux analyses ou examens en vue d’établir si elle conduisait en ayant fait usage de stupéfiants».
La présidente lui a demandé de s’expliquer sur les faits. D’une voix posée, très assurée, le regard droit, la dame, au port élégant et altier, a raconté ce contrôle routier du dimanche 7 janvier, à Rennes-les-Bains.
«On ne m’a pas informée que refuser de se soumettre aux analyses était un délit alors qu’on m’a dit, lors du contrôle, que j’en avais le droit. Puis j’ai signé un document, sans mes lunettes restées dans la voiture, et donc sans savoir ce que je signais, et le lundi suivant, on m’informait que j’avais commis un délit.»
En fait, pendant ce contrôle, les gendarmes ont remarqué que la conductrice avait les pupilles dilatées et des rougeurs oculaires.
«Mme la présidente, si je fume des produits cannabiques, c’est dans le but de supprimer les douleurs dont je souffre et qui sont dues à l’arthrose. J’ai essayé les médicaments classiques: ils sont inefficaces.» Puis elle a ajouté, riant à peine, comme pour s’excuser: «Certes, j’aurais pu aller en Belgique ou en Suisse... Je me suis débrouillée autrement. Cela dit, je ne fume un joint que quatre ou cinq fois par mois.»
Sun-Yung Lazare, la procureure, qui représente la loi et défend la société, a condamné la consommation et l’usage de stupéfiant, rappelant que le cannabis est une plante illégale en France.
«Ma cliente est une honnête femme dont la vie a été exemplaire», a lancé Me Sébastien Leguay. Aujourd’hui, elle souffre de terribles douleurs arthrosiques. C’est pourquoi elle consomme du cannabis, mais d’une manière minime, et très sélective...» Selon l’avocat, «on en est à l’âge de pierre» à propos de l’interdiction du cannabis.
Dans ses conclusions, le tribunal a estimé que la prévenue n’avait pas eu l’intention de commettre les faits. La relaxe a donc été prononcée.
https://www.lindependant.fr/2018/07/28/elle-fume-des-joints-pour-calmer-larthrose-relaxe,4665384.php
Bruno Coince
On en parle sur le forum