France - Cannabis thérapeutique : les patients se fédèrent dans un collectif
Par mrpolo, dans Ce que nous avons retenu...,

Le première fédération française d'associations de patients usagers de cannabis thérapeutique, le collectif Espoirs (Im)patients, est créée ce dimanche. Les consommateurs de cette herbe médicinale ne veulent plus recourir à l'automédication et se fournir à l'étranger ou sur le marché noir.
 
 
photo: Une boîte de cannabis thérapeutique, lors d'une manifestation à Lyon en mai 2018. (Sipa)
 
Sauter dans champ d’orties. A toute heure du jour et de la nuit. C’est ce que Mado Gilanton, 65 ans, ressent à chaque instant de sa vie à l’intérieur de son corps. Des douleurs diffuses et constantes dues aux deux pathologies rares qui la frappent : la syringomyelie et le syndrome de Chiarie. Pendant des années, elle a englouti opiacés et antidépresseurs sans succès. Jusqu’à ce jour de 2015 où, alors qu’elle n’en peut plus de souffrir, l’un de ses fils lui propose un joint dans l’espoir de la soulager.
Encore aujourd’hui, cette sexagénaire parle de son histoire comme d’une révélation. "Ça faisait trois ans que je ne savais plus ce que c’était de respirer." Depuis, Mado Gilanton est une usagère régulière de cannabis à visée thérapeutique. Ce dimanche, avec d’autres patients et associations de patients consommateurs de cette herbe médicinale, elle fonde le premier collectif d’usagers de cannabis thérapeutiques, Espoir (Im)patient. Cette fédération de patients veut devenir "un espace et une force pour porter la cause et la voix de ces patients auprès des autorités" mais aussi "de l’opinion publique afin de la sensibiliser" à un problème encore méconnu.
Vers une expérimentation prochaine
Il s'agit d'une première en France. Et le calendrier ne doit rien au hasard : dans l’Hexagone, le cannabis n’a jamais été aussi proche d’être légalisé à des fins médicinales, délivré sous ordonnance. Après un premier avis favorable rendu en décembre dernier, l’Agence nationale pour la santé et le médicament (ANSM) a mandaté un comité d’experts (CSST) pour une seconde étude dont le rendu est prévu pour la fin juin. Elle devrait déboucher sur une expérimentation d’un ou deux ans, en conditions réelles, au plus tôt à la fin de l’année 2019.
Dans leur premier rapport, les experts du CSST ont déterminé quelles pathologies pourraient en bénéficier. Seront concernées les douleurs réfractaires aux thérapies (médicamenteuses ou non) accessibles, certaines formes d’épilepsie sévères et pharmacorésistantes, les soins de support en oncologie, les situations palliatives et enfin la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques. Il reste notamment à déterminer les questions de la production, de la distribution et de la forme que prendra l’herbe. Seule la combustion, donc le joint, est explicitement écartée.
L'automédication comprend plusieurs risques
A l’heure actuelle, les patients sont obligés de recourir à un cannabis non-contrôlé et peu disponible. Certains cultivent, d’autres vont dans les pays limitrophes où le cannabis est légal. La plupart sont contraints de se fournir sur le marché noir auprès des réseaux de deal. Un chemin de croix qui présente de nombreux risques. Celui de l’automédication d’abord. Soit des cocktails de substances et donc de potentielles contre-indications.
"Par ailleurs, il y a le problème de la qualité de ce qu’on achète mais aussi de la posologie de ce qu’on s’administre que ce soit celle du THC ou de CBD [deux molécules présentes dans le cannabis]", assure Madot Gilanton. Un temps, elle eu la chance d’avoir un ami cultivateur de cannabis. Aujourd’hui, elle doit aller en Espagne pour acheter ses doses. "Or il faudrait toujours la même plante, les mêmes conditions de pousse. Ce n’est que rarement le cas."
Conséquence : manque d’efficacité ou, à l’inverse, effets indésirables. C’est ainsi qu’un patient tétraplégique qui consomme du cannabis pour soulager ses douleurs est obligé de caler son fauteuil quand il en prend. Puisqu’il ne sait pas vraiment ce qu’il prend, la dose de THC est parfois trop puissante. Dès lors, tous ses muscles se relâchent et il risque de chuter.
Paradoxalement, alors que plusieurs dizaines de pays ont légalisé le cannabis thérapeutique, les experts du CSST assurent qu’il y a manque de littérature sur le sujet des différentes posologies adaptées aux pathologies. "Lors de l’expérimentation, il faudra adopter le principe de la titration, explique le docteur Nicolas Authier, président du CSST. On va commencer par des doses très basses et monter peu à peu pour trouver la bonne posologie sans effets indésirables. Comme pour la morphine."
Des médecins à former
Effet collatéral mis en avant par le collectif Espoir (Im)patient : la nécessité d’une bonne formation des médecins. Certains pays ont légalisé l’herbe à visée thérapeutique mais n’ont pas bien préparé le terrain. Conséquence : flop de la légalisation, comme en Angleterre où la plante est légalisée mais les bénéficiaires très rares.
Pis, on assiste parfois à une méconnaissance totale du cannabis pourtant mis à disposition. Sébastien Cotte est un Français installé aux Etats-Unis. Son fils est atteint de la maladie de Leigh et souffre de lésion au cerveau. Lorsqu’il est diagnostiqué, les médecins lui annoncent que son fils ne survivra pas à ses quatre ans. Aujourd’hui, l’enfant a 8 ans et demi. Un camouflet à toutes les prévisions médicales qui serait dû à une prise régulière de cannabis. "Grâce à cela, mon fils s’est mis à nous chercher des yeux alors qu’il ne le faisait pas. Il est passé d’une douzaine de crises d’épilepsie par jour à deux ou trois, égraine Stéphane Cotte. Et nous avons complètement arrêté la morphine."
Six millions de Français "souffrent de douleurs chroniques"
Ce père, établi en Géorgie où le cannabis n’est pas légal, va en Californie ou dans le Colorado pour s’en procurer. Mais même là-bas, aucun médecin n’a été capable de lui prescrire les doses adéquates. Il a lui même construit le traitement de son fils au fur et à mesure. Plus surprenant, le neurologue de l’enfant, extrêmement surpris par les bienfaits du cannabis sur la pathologie rare, a demandé à Stéphane Cotte de conseiller directement certains patients atteints de douleurs chroniques.
"C’est une situation complètement absurde, souffle-t-il. Il ne faut pas que ce soit le cas en France. Mon rêve, c’est de pouvoir emmener mon fils dans mon pays de naissance. Aujourd’hui je ne peux pas. Mais si la France forme ses médecins, je pourrais y songer." Fort de son expérience, il assure qu'"être en retard sur la question présente un seul avantage : tirer connaissance des erreurs des autres".
Autant de points sur lesquels le collectif Espoir (Im)patients compte peser à partir de ce dimanche. 25 associations vont y adhérer. Et ce n’est qu’un début. "C’est un enjeu énorme, souligne Madot Gilanton. Selon elle, du rhumatisme à la maladie orpheline, "on estime à six millions les Français qui souffrent de douleurs chroniques".
Source: lejdd.fr
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France - Le député écologiste François-Michel Lambert milite pour la création d’une société d’Etat du cannabis
Par mrpolo,
L'ancien député En Marche, François-Michel Lambert, va déposer une proposition de loi visant à légaliser le cannabis à usage thérapeutique et récréatif.
 
 
photo: Le député écologiste, ex LREM, François-Michel Lambert veut légaliser le cannabis à usage thérapeutique et récréatif. (Sipa)
 
Le député écologiste François-Michel Lambert va déposer une proposition de loi visant à légaliser le cannabis à usage thérapeutique mais aussi -et surtout- récréatif. "Il faut qu’on sorte du carcan dans lequel on est tous enferrés", plaide-t-il. Cet élu des Bouches-du-Rhône, ex-membre de EELV aujourd’hui membre du groupe Libertés et territoires à l’Assemblée nationale, fait "un constat d’échec". 
"La politique française de lutte contre le cannabis, essentiellement répressive, n’a pas permis de juguler les trafics et de faire diminuer la consommation, écrit-il en introduction de son texte. Pire, la demande est en augmentation constante, l’offre se développe, se diversifie et on ne constate aucune efficacité dans les réponses pénales apportées comme dans les dispositifs de prévention."
Favorable à "la fin de la prohibition" du produit illicite le plus consommé en France, François-Michel Lambert réclame la mise en place d’un "encadrement régulé".
 
Près de deux milliards de recettes fiscales pourraient être récupérées, affirme François-Michel Lambert
Toute une série d’arguments "pragmatiques" sous-tendent son propos. Si plusieurs d’entre eux ont déjà été utilisés dans le passé par les élus, souvent écologistes ou de gauche, deux sont plus neufs. Premièrement, le parlementaire avance que la légalisation permettrait aux consommateurs d’avoir accès à des produits de meilleure qualité, dont le taux de THC serait contrôlé, et garantis sans pesticides.
Deuxièmement, il invoque une certaine "rationalité économique", en proposant la création d’une société d’Etat, sur le modèle de feu la Seita et le développement d’une nouvelle filière agricole. "La constitution d’un monopole pour la production et la vente du cannabis par la création d’une société nationale, la SECA, permettra de réguler la production et la vente tout en contrôlant la consommation, imagine-t-il. Dans l’objectif de développer une véritable filière française, complémentaire de la filière créée par la libéralisation du cannabis thérapeutique, la production sera confiée aux agriculteurs et la vente aux débitants de tabac".
Près de deux milliards de recettes fiscales, estime François-Michel Lambert pourraient ainsi être récupérées. Au détriment de la santé des Français? "On est déjà le pays d’Europe où les jeunes consomment le plus, balaie le député. Grâce au contrôle d’Etat, on pourrait même avoir un contact plus direct avec ceux qui ont basculé dans l’addiction.
Source: lejdd.fr
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Quand le cannabis fait le buzz sur les marchés financiers
Par Frett,
A Toronto et même à Wall Street, les « pot stocks » poussent comme des mauvaises herbes. C’est que le cannabis n’est désormais plus un investissement « honteux ». Pour les leaders du tabac et de l’alcool, il est même un potentiel futur relais de croissance.
 
Le 17 octobre 2018, le Canada devient le premier pays du G20 à légaliser le cannabis. Ce matin-là, il y fait un froid de canard. Peu importe, dès l’aurore, ils sont des milliers dehors, déjà euphoriques, à braver la météo, pour être les premiers à s’acheter « quelques grammes » dans une des toutes nouvelles boutiques d’Etat.
Mais la marijuana légale ne réjouit pas que ses consommateurs : les investisseurs, en quête de diversification de leurs placements et, plus récemment, les grands groupes producteurs des drogues légales les plus populaires de la planète – cigarettiers et fabricants de spiritueux – voient, eux aussi, dans la fleur de cannabis le potentiel d’un avenir « paisible ».
A la Bourse de Toronto, à Wall Street aussi, les « pot stocks », surnom donné à ces start-up actives sur le segment, poussent d’ailleurs comme des mauvaises herbes (on en compte une petite centaine). Et surperforment généralement le marché, résultante de cette nouvelle ruée vers l’or vert. Un mini krach a même déjà été observé !
De AB InBev à Malboro
Preuve qu’il n’y a plus de « politiquement incorrect qui compte » : quelques géants, tous à l’origine producteurs de marijuana médicale et donc fournisseurs des entreprises pharmaceutiques, commencent à émerger sous l’effet de lourdes prises de participation. L’actuel leader mondial ? Canopy Growth, qui possède des filiales éparpillées un peu partout sur le globe (dont Spectrum, lire ci-contre). Quinze ans d’existence à peine… Et près de 13 milliards d’euros de capitalisation ! En 2007, une action de l’entreprise canadienne valait 9,1 dollars canadiens (6 euros). Aujourd’hui, le titre cote autour de 55 dollars (36,6 euros). Quant à son actionnaire principal (Constellation Brand), il vient d’injecter 3,6 milliards d’euros dans son poulain, portant sa participation à 37 %. Ce nom ne vous évoque peut-être pas grand-chose mais l’Américain est le distributeur de la bière Corona et du troisième producteur de vin sur ses terres.
 
Altria, qui possède la marque Malboro, a préféré miser sur la société Cronos, elle aussi canadienne. Tandis que Coca-Cola serait en discussion avec Aurora (numéro deux en terme de valorisation boursière). ABInbev a misé sur Tilray via une injection de 100 millions d’euros pour lancer des boissons infusées au cannabis. Tilray qui peut aussi compter sur Novartis. Et ainsi de suite.
Les Etats-Unis, le véritable enjeu
Le futur du business – entendez par là sa taille critique – dépendra pourtant de l’évolution de plusieurs paramètres. D’abord, la propension des pays à légaliser. Si le Canada a aiguisé les appétits, le vrai enjeu est aujourd’hui les Etats-Unis, premier consommateur mondial. Dix états y permettent déjà la consommation pour usage récréatif (bien plus lucrative que la vente pour usage médical), mais au niveau fédéral, le cannabis n’a pas été dépénalisé et sa consommation comme sa production restent donc techniquement une infraction. Ensuite, le glissement de l’intérêt des consommateurs. Il n’est pas innocent que les leaders mondiaux de l’alcool et du tabac investissent dans la plante verte : ces entreprises sont positionnées sur des marchés à risque. Mais si la drogue douce est un potentiel relais de croissance, elle est encore loin de supplanter les deux premières catégories
 
La Belgique prête à autoriser la production X.C.
Si Spectrum a choisi Odense pour installer sa première usine européenne, c’est avant tout parce que le cadre légal danois permet à une usine de cannabis de s’installer librement. Elle a « juste » besoin de l’accord des autorités sanitaires avant de commercialiser son produit.
Ce modèle semble inspirer la ministre belge de la Santé, Maggie De Block, qui veut rendre légalement possible la culture du cannabis à des fins médicales et de recherche dans notre pays. « Cela devrait se faire sous la supervision stricte de l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé », détaille le cabinet De Block. « Ainsi, les entreprises belges qui souhaitent mener des recherches et/ou produire des médicaments sous licence avec du cannabis n’auraient plus besoin d’importer leur matière première. De plus, nous serons en mesure d’exporter nous-mêmes la matière première stable vers d’autres pays ».
La Convention des Nations Unies impose à chaque pays souhaitant cultiver du cannabis de disposer d’une Agence spécifique. Or un projet de loi permettant la création de cette agence a été approuvé en février 2019 par le Parlement belge. Les choses pourraient donc évoluer rapidement, dans ce dossier. L’entreprise limbourgeoise (Rendocan) a déjà fait part de sa volonté de produire 5 tonnes de cannabis thérapeutique par an à Kinrooi, à quelques pas de la frontière hollandaise
 
24.000 m² de culture de cannabis en plein coeur de l’Europe
Mis en ligne le 26/04/2019 à 18:39
Par Xavier Counasse
 
On y cultivait des tomates, sous serre. On y cultivera désormais de l’herbe. Plusieurs tonnes par an, pour l’exporter dans les pays européens qui en autorisent l’usage médical.
Le Danemark a lancé une expérience pilote de quatre ans, depuis janvier 2018, pour autoriser l’usage d’herbe sur prescription médicale. - DR. Depuis Odense (Danemark)
De prime abord, ça ressemble à une serre. Une serre des plus banales, comme il en existe des dizaines dans la région d’Odense, troisième ville danoise spécialisée dans la culture en pépinière. Mais une fois la porte franchie, on se rend compte immédiatement que l’endroit est bien plus original qu’il n’y paraît. D’abord parce que toutes les portes sont ultra-sécurisées. On n’entre pas ici comme dans un moulin. Puis parce qu’il faut se protéger, des pieds à la tête, pour avoir le droit de pénétrer dans l’antre. Enfin, l’odeur qui monte au nez ne laisse aucun doute : ici, c’est le temple du cannabis. Dix serres. 24.000 m².
Mais – surprise- pas la moindre trace de marijuana dans la première serre. Ni dans la seconde. « Nous sommes toujours en phase de test, car nous n’avons pas encore reçu l’autorisation de l’autorité sanitaire danoise pour lancer la production », explique Lisbeth Kattenhøj, directrice commerciale de Spectrum Cannabis Denmark, la société propriétaire du site. Dans un couloir, un tas de poubelles dégagent un puissant fumet. « Tout le cannabis produit lors de ces tests doit être détruit. Il y en a pour un paquet d’argent, là-dedans », déplore René, notre guide du jour, en regardant ces poubelles.
La société Spectrum, filiale du leader mondial Canopy Growth, s’est spécialisée dans la production et la commercialisation de cannabis à usage médical. Ça tombe bien, le Danemark a lancé une expérience pilote de quatre ans, depuis janvier 2018, pour autoriser l’usage d’herbe sur prescription médicale. Spectrum a donc décidé d’établir son premier site européen en terre danoise. Ils ont racheté des serres où l’on cultivait des tomates, pour les transformer en une culture de cannabis. Vu l’aspect thérapeutique, il y a en effet des standards de qualité à respecter avant de pouvoir mettre le premier gramme d’herbe sur le marché. Et ce sont les autorités danoises qui ont le pouvoir de certifier que la chaîne de production respecte bien ces standards médicaux. « On espère obtenir le feu vert d’ici la fin de l’année », dixit Lisbeth. Pour l’instant, la firme a déjà investi plus de 25 millions d’euros, sans dégager le moindre centime de recettes.
Au sein du coffre-fort
Dans la dernière serre, des plantes de différentes tailles. « Ici, c’est un peu comme le coffre-fort de la banque », sourit Lisbeth. Devant nous, les 18 types de plantes-mères. Chacune produit un cannabis différent. Elles sont chouchoutées, pour les faire se reproduire un maximum. Les jeunes pousses sont ensuite empotées, et démarrent leur parcours du combattant. Les deux/trois premières semaines, elles réclament un maximum de lumière. Jusqu’à 23 heures par jour. Si la lumière du jour n’est pas suffisante, un éclairage artificiel – qui consomme bonbon- prend le relais. La ventilation, l’arrosage, la lumière : tout est réglé automatiquement, pour que les conditions soient optimales au développement de l’or vert. Et le résultat est convaincant. « Ça pousse comme des mauvaises herbes », plaisante René. Plusieurs centimètres par jour !
Après deux/trois semaines, via un système de plateaux sur roulettes, les plantes passent à la serre suivante. Là, elles sont exposées 12 heures consécutives à la lumière, puis plongées dans le noir les 12 heures suivantes (les serres sont équipées de rideaux). Et, à chaque étape de croissance, elles filent vers la zone suivante.
Actuellement, 50 personnes travaillent dans la filiale danoise. « On compte doubler nos effectifs d’ici la fin de l’année », renchérit Lisbeth. Dans les allées, des « growers » (cultivateurs) circulent. Ils doivent vérifier que chaque plante se porte bien. Car si l’une d’entre elles est malade, toute la production est détruite. « Il faut marcher 2,2 kilomètres pour contrôler les allées d’une seule serre », reprend René. Soit plus de 22 kilomètres de marche pour faire le tour des dix. Il est temps d’avoir de bonnes jambes…
Après avoir été bichonnées 15-16 semaines, les fleurs séchées sont prêtes pour la récolte. Tout se fait à la main. On tire entre 50 et 85 grammes de cannabis par pied. A ce stade, Spectrum refuse de livrer ses projections de production. Mais on parle de plusieurs tonnes par an.
7,4 millions de patients potentiels
L’herbe produite à Odense servira à alimenter le marché danois. Spectrum ne peut en effet par y importer sa production canadienne. « Les Danois refusent l’utilisation de pesticides dans la chaîne de production, alors que le Canada en autorise certains », explique Lisbeth. C’est l’une des raisons qui a poussé notre société à choisir le Danemark pour y installer sa première usine européenne. « Les autorités sanitaires danoises sont réputées pour leur exigence. Une fois l’autorisation danoise obtenue, 95 % de la production pourra être exportée dans les pays d’Europe qui autorisent le cannabis à usage médical, comme l’Allemagne, la Pologne ou la République Tchèque ». Et Spectrum est convaincu que cette liste ne va faire que s’allonger, dans les prochaines années. Car la tendance est clairement à la légalisation… « Selon nos statistiques canadiennes, où le cannabis médical est légal depuis 2001, environ 1 % de la population en consomme. Si on transpose ce chiffre à la population européenne, cela fait un potentiel de 7,4 millions de patients », analyse la directrice danoise.
Autres raisons qui ont dicté le choix du Danemark : le faible taux de criminalité de la région (une production de cannabis peut en effet attirer des personnes mal intentionnées) ; ainsi que la grande stabilité du réseau électrique. On ne craint pas de pénurie un hiver sur deux, ici. Ce qui rassure Spectrum, dont les lampes artificielles consomment un paquet de courant (la société ne nous a pas fourni de chiffre).
Reste à convaincre les médecins locaux de prescrire de l’herbe à leur patient, pour pouvoir écouler le futur stock. Dans un pays où la publicité pour ce type de produit est totalement interdite.
 
Source: plus.lesoir.be
 
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Grand format - Le Colorado, labo de la légalisation du cannabis
Par Frett,
L’Etat américain compte aujourd’hui presque plus de plantes de cannabis que d’habitants. Cinq ans après avoir autorisé, mais en encadrant strictement, la consommation, production et commercialisation du stupéfiant, l’heure est au bilan.
 
 
photo: Johan, 25 ans, cheveux bleus, vendeuse accréditée de marijuana chez Seed and Smith, comme l’atteste le badge autour de son cou, nous déballe sa vitrine. Elle commence par les « classiques » (au minimum, 25 dollars, le gramme, pour les curieux). « Chaque herbe a ses propriétés », explique la jeune femme avec un débit lent, le sourire aux lèvres. - DR.
 
Denver, première sortie de l’autoroute principale. Impossible d’éviter cette odeur symptomatique, elle est partout. « Oui, oui, ça sent la marijuana ici. C’est en dehors du centre-ville que sont installés la plupart des producteurs », s’amuse notre chauffeur Uber. A l’horizon pourtant, rien que du classique « made in America » : une succession interminable d’énormes maisons préfabriquées identiques qui alternent avec des zonings industriels tout aussi bien rangés. Cette banlieue mi-chic sagement quadrillée cacherait-elle bien son jeu ?
 
Colorado, terre de «weed»
Donuts, cupcakes, sodas, bonbons, crème hydratante, sels pour le bain… enrichis en THC cartonnent au Colorado et pèsent aujourd’hui 40 % des ventes officielles. L’industrie du coin redouble d’inventivité pour vous faire planer. - D.R.  
Notre véhicule s’arrête devant chez « Seed and Smiths », littéralement « Graine et Smiths », bâtiment quelconque en béton rectangulaire, à l’enseigne discrète. Rien d’affriolant. Il s’agit pourtant de l’un des 364 lieux autorisés par les autorités de la ville à la culture et à la distribution de la célèbre plante verte et de ses dérivés.
Pas « de père en fils » en dessous du logo. C’est que le commerce, légal, du cannabis est encore tout jeune au Colorado. Un état peu peuplé du centre des Etats-Unis, désormais célèbre aux quatre coins de la planète pour ses pistes de ski, ses canyons et, surtout, sa marijuana en libre accès. Le 1er janvier dernier, la loi locale autorisant l’usage, la production et la vente du stupéfiant, une première mondiale à l’époque du vote, fêtait ses cinq ans d’entrée en vigueur.
 
« Chut, ne réveillez pas les plantes »
L’ambiance banlieusarde s’évapore à peine la porte du « dispensaire » poussée. Musique reggae un poil cliché, quelques fauteuils pour patienter, une documentation de rigueur à feuilleter… Qui détaille les dernières promos de l’endroit à la manière d’un folder de supermarché. « 20 % de réduction sur le gramme acheté tous les premiers jeudis du mois », peut-on lire sur le premier de la pile.
 
Après une quinquagénaire grisonnante et un couple post-adolescent, c’est à nous. « Welcome ! Je peux voir vos papiers ? », demande le responsable de l’accueil.
Dans le petit Etat, l’achat et la consommation de cannabis sont strictement réservés à un usage adulte, soit aux plus de 21 ans. Et les contrôles sur le terrain sont bien réels. Chaque plante qui grandit chez « Seed and Smith » est, dès la graine, identifiée, enregistrée et « badgée » : elle est traçable par les autorités « jusqu’au joint dans lequel elle sera consumée ». Et, bien sûr, taxée (lire ci-contre).
« Ici, man, on fonctionne en circuit court. On produit l’herbe qu’on vend. On vous aurait bien proposé la visite de nos champs comme vous venez de loin. Mais nos plantes, là, elles sont endormies », poursuit le maître des lieux.
 
Au Colorado, malgré un véritable potentiel en termes d’étendues cultivables, la culture de cannabis (de masse, 500 tonnes ont été produites en 2017 !) se fait quasi exclusivement en intérieur, sous lampe bleue ou grâce à un système d’irrigation, appelée « aquaponie ». Afin d’éviter intempéries et maladies, de continuer à développer de nouvelles variétés de plantes hybrides souvent fragiles, le tout sans effleurer la moindre préoccupation écologique. « On doit reproduire à l’intérieur les conditions naturelles de croissance. Si on vous laisse entrer, vous allez les réveiller et notre production sera pour la poubelle ».
Reste donc le « magasin ». Johan, 25 ans, cheveux bleus, vendeuse accréditée comme l’atteste le badge autour de son cou, nous déballe sa vitrine. Elle commence par les « classiques » (au minimum 25 dollars le gramme, pour les curieux). « Chaque herbe a ses propriétés », explique-t-elle avec un débit lent, le sourire aux lèvres. « Celle-ci, c’est plutôt pour vous relaxer et bien dormir si vous êtes stressée. Celle-là pour faire la fête toute la nuit. Et là, vous avez les concentrés. »
 
La nouvelle mode à Denver. Comme leur nom l’indique, la concentration en THC (pour tétrahydrocannabinol, la principale molécule active du cannabis, NDLR) du produit est très élevée. Jusqu’à 80 % ! Un argument supplémentaire pour détourner population et touristes du marché noir… « Ca se fume à la “vapote”, l’effet est immédiat, comme un gros boom dans la tête, les jeunes adorent. Sinon, dans un autre genre, il y a les comestibles. »
Les comestibles ? 40 % des ventes selon les statistiques officielles, un succès aussi conséquent qu’inattendu. Donuts, cupcakes, sodas, bonbons, crème hydratante, sels pour le bain… L’industrie du coin redouble d’inventivité pour vous faire planer.
« On était les premiers »
Chaque vente est, elle aussi, directement enregistrée dans l’ordinateur de bord. « On nous paie beaucoup en cash, alors on met le montant de la taxe de côté chaque soir (environ 30 % du prix final, soit 15 % pour l’Etat et 15 % ou plus pour la ville, NDLR). Et, non », rappelle à l’ordre Johan influencée, sûrement, par notre accent exotique. « Nous n’avons pas de salles dédiées à la consommation. C’est totalement interdit. »
 
Si vous cherchez à Denver, l’ambiance d’un coffee shop enfumé et festif du centre d’Amsterdam, faites tout de suite demi-tour. « En 2012, quand on a voté la loi, le Colorado était le premier Etat au monde à légaliser l’usage récréatif et la production ! Nos législateurs ont bien sûr été extrêmement prudents (la Bible qui définit le champ d’application de la loi fait 1.500 pages et a mis deux années à être rédigée, NDLR). Sans oublier qu’au niveau fédéral, le cannabis est toujours illégal », cadre Brian Vicente, avocat et architecte principal de « l’amendement 64 », texte légal de loin le plus célèbre du Colorado.
Pas question donc, dans les rues de la capitale ou ailleurs (18 villes autorisent le cannabis non médical dans l’Etat, chaque municipalité ayant le choix d’accepter ou non la substance sur ses terres, NDLR), de s’allumer un joint : vous risqueriez une amende de minimum 170 dollars.
 
Même topo dans une chambre d’hôtel. Seule la consommation à « la maison » est autorisée. « En vrai, c’est un peu différent. Légalement, il n’y a que deux endroits dans la ville où vous pouvez consommer ce que vous venez d’acheter. Et quelques dizaines d’autres où cela est toléré. En gros, dans ces boîtes ou lieux “culturels”, la police ne vous ennuiera pas, même si, techniquement, vous êtes en infraction », précise Thomas Mitchell, journaliste pour Westword, canard local spécialisé dans la substance, qui se porte très bien parce qu’il est l’un des seuls médias à autoriser la publicité des « dispensaires ».
 
Parmi ces zones de « non-droits », on notera les bus de « 420 tours », dont le patron a eu la bonne idée de créer, dès 2014, des excursions d’un nouveau genre. Pour quelques dizaines de dollars, un guide vous emmène par petits groupes en camionnette visiter des champs, faire du shopping ou encore réaliser des activités inédites comme cet atelier pour apprendre à « rouler des sushis et des joints ». Pour occuper les touristes entre les haltes, le matériel embarqué à bord permet de « se divertir » en toute discrétion… En 2017, 87 millions de personnes ont visité le Colorado, une affluence record pour cet Etat d’à peine 5,7 millions d’habitants !
 
« Au moins, on ne met plus les blacks en prison pour ça »
Bien que difficiles à isoler d’autres données et phénomènes – ces dernières années, notamment, l’industrie technologique, comme dans d’autres villes de taille moyenne aux Etats-Unis, est arrivée à Denver, avec son dynamisme, ses millions de dollars de capitaux à risque et ses ingénieurs –, les effets de la marijuana sur le Colorado sont impossibles à ignorer. En cinq ans, la vie sociale et économique y a été profondément chamboulée. Avec des effets positifs et négatifs selon où le regard se pose.
« Ce n’est pas un secret : nous avons un énorme problème de racisme aux Etats-Unis. A Denver, les abus de la police envers les communautés noires et latinos sont de notoriété publique. L’herbe était un bon prétexte pour persécuter ces personnes. Jamais un blanc n’aurait été arrêté pour possession ! Au moins, depuis la légalisation, les flics sont obligés de mieux de se tenir », explique Stéphanie Roberts, professeure à l’Université du Colorado. Le juriste Brian Vicente l’assure : la décriminalisation était l’une des premières motivations de ses équipes de lobbyistes et des élus. Avant le développement économique et industriel du pays. « Chaque année, rien qu’aux USA, un million de personnes sont arrêtées pour possession de marijuana. C’est une énorme perte de temps et d’argent pour les pouvoirs publics. Il s’agit du stupéfiant le plus consommé de la planète, il faut voir la réalité en face. Le Colorado n’est qu’une étape. »
 
Dans les rues et commerces de la capitale, on croise peu de gens opposés à la réforme. Qu’ils soient ou pas, consommateurs. Dania, 25 ans, vendeuse de fringues dans une boutique du centre, est « une fumeuse du week-end ». « Le samedi, je me sentais obligée de boire de l’alcool avec mes amis. Mais je n’aime pas ça. La marijuana me permet d’être bien, de m’éclater. Au volant, c’est bien moins dangereux. Personne n’est jamais mort d’une overdose de “beuh”, non ? ».
Sa consommation est comme pour beaucoup de jeunes gens purement récréative. « Pour mon père, ancien ouvrier qui a de graves problèmes de dos, la marijuana, c’est autre chose. Ça l’a sauvé. Avant, on lui avait prescrit des antidouleurs dérivés d’opiacés. Je suppose que vous connaissez les dégâts que ça peut faire… ».
 
Outre Atlantique, la crise des opiacés fait des ravages. Héroïne, fentanyl, analgésiques dérivés et délivrés sous prescription médicale ont été impliqués dans 47.600 décès par overdose en 2017, soit six fois plus qu’en 1999. « Les gens travaillent à l’usine, se blessent, n’ont pas d’assurance santé. On leur prescrit des analgésiques hors de prix, ils deviennent accros et passent à l’héroïne parce que c’est moins cher. Ce n’est pas plus compliqué que cela. La marijuana médicale était déjà un vrai substitut. La vente hors prescription et la possibilité de faire grandir des plantes à la maison a rendu la substance accessible à tous », témoigne le journaliste Thomas Mitchell.
Au département de la santé publique, on se refuse cependant, faute de données, à analyser, à commenter ce potentiel glissement des consommateurs. « Mais désormais, la recherche médicale est bien plus intensive, facilitée par la légalité du produit et l’afflux de capitaux », acquiescent les responsables.
 
« Je vis dans ma voiture »
Autre boom, économique, après celui du tourisme : celui de l’industrie et, par ricochet, du marché de l’emploi. Selon le nouveau gouverneur, entré en fonction le 9 janvier dernier – le très pro-cannabis et démocrate Jared Polis –, le business de la marijuana a directement créé 23.000 jobs dans l’Etat entre 2014 et 2017. Mais qui dit aussi nouvelle industrie florissante et investisseurs, dit aussi effets collatéraux sur la population locale.
 
L’Etat comme les pouvoirs locaux y trouvent bien sûr leur compte. Depuis la légalisation, les producteurs et vendeurs de marijuana affichent un chiffre d’affaires de 6 milliards de dollars, en forte croissance annuelle. « Le Colorado a encaissé un sixième de la somme », assure Jim Burack, directeur de la division spéciale « marijuana » du fisc. Dont une bonne partie a financé l’encadrement et les contrôles sur le terrain. Mais comme promis à l’époque du vote de la population en 2012, le reste des bénéfices est investi dans les écoles publiques, les projets sociaux et l’amélioration de l’accès aux soins de santé. « Oui, les pouvoirs publics tiennent leur promesse. Mais rien qu’au niveau de l’école publique, il manque 7 milliards de dollars de financement au Colorado. L’effet est positif mais à relativiser », glisse Thomas Mitchell.
 
Ironie du sort : ce sont ces mêmes populations fragilisées, visées par les nouveaux programmes d’aide sociale, qui souffrent le plus des évolutions induites par la légalisation. Le Colorado reste peu peuplé… mais il se peuple de plus en plus : sur l’ensemble des Etats-Unis, la zone affiche la deuxième croissance démographique. L’effet est encore plus sensible à Denver, qui a attiré plus de 80.000 nouveaux habitants depuis 2014 (sur un total de 700.000 aujourd’hui). « Je vis dans mon taxi depuis quelques mois parce que mes filles sont parties étudier ailleurs et que mon loyer a trop augmenté, je ne pouvais plus payer », explique Gloria, chauffeuse agréée. « Le cannabis, c’est une industrie de blancs, il faut bien le comprendre. Il faut aujourd’hui être très riche pour y entrer et les riches, les jeunes cools, ils arrivent en masse dans la capitale. Moi je vivais à Five Points, c’était abordable, aujourd’hui, c’est devenu “tendance”… ».
 
A Denver, les buildings sont de plus en plus nombreux et de plus en plus hauts, échafaudages et grues sont omniprésents mais l’offre en nouveaux appartements est essentiellement luxueuse. Five Points, quartier « black » et populaire à l’origine, est l’un des meilleurs exemples de la gentrification et de la croissance peut-être trop rapide de la capitale. Au 1er janvier 2014, le prix médian à la location d’un deux chambres à Denver était de 1.380 dollars. Aujourd’hui, on est passé à 1.836 dollars, soit une hausse de 33 %. Le salaire de Gloria n’a pas augmenté aussi vite. Le Colorado est désormais l’Etat qui affiche le troisième plus haut taux de familles sans domicile fixe aux Etats-Unis, selon un rapport fédéral. A méditer, sans avoir l’esprit enfumé.
 
Le comportement des consommateurs a-t-il évolué en 5 ans? A.C.
Selon le département de la santé, il n’y a pas d’augmentation sensible à constater depuis la légalisation pour usage récréatif de la consommation de cannabis par la population du Colorado. « L’usage chez les plus de 18 ans est stable entre 2014 et 2016, avec 13,5 % de la population qui a consommé la substance durant les 30 derniers jours. Nous avons cependant constaté la première hausse de consommation en 2017 avec un pourcentage de 15,5 % », précise Shannon Barbare, responsable de la communication.
Même constat en ce qui concerne l’usage de la substance chez les adolescents avec un taux stable de 19,4 % chez les collégiens en 2017. L’un des grands débats actuels – depuis 2016, suite à des plaintes, emballages et étiquetages des produits ont été renforcés et les « comestibles » contenant du THC sont également désormais soumis à une législation stricte, au niveau de leur composition et commercialisation – porte sur l’usage de la marijuana au volant. Encore plus complexe à réguler que la consommation d’alcool à ce niveau. Un nombre croissant d’accidents de la route n’a cependant pas été constaté ces dernières années dans l’Etat.
La marijuana au Colorado: quelques chiffres A.C.
5 ans
C’est l’âge de la loi sur la légalisation du cannabis pour un usage adulte et récréatif au Colorado. Pionnier mondial en la matière.
65 %
C’est la proportion des ventes de cannabis pour un usage récréatif. Plus populaire donc que la marijuana pour usage médical, délivrée sous couvert d’une ordonnance.
6 milliards
C’est le chiffre d’affaires, en dollars, sur 5 ans de l’industrie.
927 millions
En dollars, c’est le montant de taxes encaissé par l’Etat depuis le 1er janvier 2014.
31 %
C’est le niveau de taxation de la marijuana pour un usage récréatif dans la capitale, Denver. 15 % des recettes reviennent à l’Etat, le solde à la ville.
3.000
C’est le nombre de licences actuellement accordées par l’Etat pour vendre et/ou produire de la marijuana à usage médical et/ou récréatif.
28
Grammes ou une « once » : c’est la quantité maximum de cannabis autorisée par personne et par transaction au Colorado.
25
C’est le prix de départ, en dollars, d’un gramme de « beuh » classique à Denver.
500
En tonnes, c’est la production de marijuana du Colorado en 2017.
L’avocat: «Trump va légaliser le cannabis avant la fin de son mandat» A.C.
Brian Vicente est l’un des architectes principaux de l’amendement 64, la loi la plus célèbre du Colorado. Il a également collaboré avec son cabinet d’avocats spécialisés aux neufs autres textes autorisant la production et la commercialisation du cannabis Outre-Atlantique. Son dernier combat : légaliser la substance au niveau fédéral. Et à ce niveau, l’avocat spécialisé est plutôt « confiant ».

« Depuis le départ, notre stratégie est “bottom up”  : légaliser d’abord au niveau d’un Etat, puis au niveau d’autres – on en est à 9 aujourd’hui –, pour ensuite obtenir le “go” au niveau fédéral. Nous avons créé une pression. Notre lobby à Washington est intense. La marijuana sera autorisée au niveau fédéral d’ici à 18 mois, j’en suis certain. Trump a besoin de faire au moins quelque chose de bien durant son mandat (rires). Plus sérieusement, l’idée sera celle de la tolérance : chaque état aura le choix de légaliser ou pas, mais il sera écrit dans la loi que le fédéral ne peut pas poursuivre. Les poursuites criminelles ne seront plus possibles, ce qui est le plus important. »
Le fisc local: «Nous assumons que le marché noir, à destination, surtout, de l’extérieur de l’état, existe»
Mis en ligne le 26/04/2019 à 18:21
Par Amandine Cloot
 
Jim Burack est à la tête du MED, pour « marijuana enforcement division ». Un département à l’intérieur du fisc qui a été spécialement mis sur pied pour encadrer production et commercialisation de la marijuana sur le terrain. Ainsi que percevoir les taxes sur la substance. Entretien.
DR.   Quel est le niveau de taxes prélevées par l’Etat du Colorado sur la marijuana ?
Le cannabis médical est le moins taxé, à 2,9 %. Mais il faut une ordonnance pour s’en procurer. Le cannabis récréatif est taxé à 15 % par l’Etat et, généralement, mais cela varie de ville en ville, il faut ajouter environ, parfois plus, 15 % de taxes prélevées par l’autorité locale. Puisque chaque municipalité choisit de légaliser ou non. Il faut préciser que 65 % des ventes totales sont « récréatives ». La production est imposée également à 15 %. Nous estimons depuis le 1er janvier 2014, le chiffre d’affaires de cette industrie à 6 milliards de dollars. Notre département a encaissé 927 millions de dollars de taxes sur la période : l’amendement 64 qui régularise la consommation, la vente et la production de marijuana pour un usage récréatif a été écrit sur l’idée d’allouer le produit de cette industrie à la population. C’est un business en croissance qui ne faiblit pas.
 
Créer une législation à partir de rien, sans aucun précédent, cela a dû être complexe, non ?
Il a fallu deux ans après le référendum de 2012 pour mettre en œuvre la loi. Le texte qui organise la légalisation fait 1.500 pages. Auxquelles il faut ajouter chaque légalisation locale. L’encadrement a déjà beaucoup évolué sur 5 ans et cela va continuer. Notre travail est, par définition, complexe parce que la marijuana est toujours illégale au niveau fédéral. Notre mission est de protéger la santé publique, mais en organisant tout tout seuls, au niveau de l’état même. L’un des objectifs était bien sûr d’anéantir le marché noir pour le remplacer par un produit contrôlé et de qualité : nous devons donc savoir d’où vient chaque dollar investi, c’est un travail de titan.
 
Sur le terrain, comment s’organisent les contrôles ?
Nous accordons des licences (pour la vente médicale et/ou récréative et pour la production, NDLR). Ces licences sont payantes et ne sont pas limitées en nombre au niveau de l’Etat mais chaque autorité locale fixe son quota. On en compte environ 3.000 aujourd’hui au Colorado pour un total d’un peu plus de 1.000 dispensaires (lieux où la vente, parfois également la production, est autorisée, NDLR). Les conditions sont strictes pour se lancer dans un tel business : il ne faut, par exemple, aucun casier judiciaire depuis 10 ans en lien avec la drogue, depuis 5 ans avec d’autres délits. Les licences doivent être renouvelées chaque année, nous examinons et réexaminons chaque demande. Le financement est extrêmement réglementé aussi, aucune société cotée et seul un nombre limité d’investisseurs étrangers sont autorisés par exploitation. Chaque entreprise est auditée complètement par nos soins tous les trois ans. Chaque employé travaillant dans l’industrie de la marijuana doit également obtenir un badge auprès de notre administration. Le but est bien sûr de contrôler toute la chaîne, de savoir qui fait quoi, comment et où, en temps réel.
 
Et au niveau de la production ?
Nous avons mis sur pied un système de « tracking » depuis la graine jusqu’à la vente en dispensaires. Chaque plante possède ainsi une identité propre que nous pouvons tracer durant toute sa vie. Nous connaissons l’exact état de chaque stock de chaque magasin. Nous devons également à tout prix éviter la surproduction, veiller à ce que l’offre et la demande soient parfaitement équilibrées. Pour éviter le marché noir. Puisque l’on ne peut pas encourager les producteurs à vendre ailleurs. Nous limitons également le nombre de plantes par production.
 
Quid de l’état actuel du marché noir ? Des éventuels abus ?
Nous assumons que le marché noir, à destination, surtout, de l’extérieur de l’Etat, existe. Notre job est de le limiter un maximum. Localement, nous avons peu de délits, la législation est respectée. Le postulat de départ fonctionne : la qualité de la production est contrôlée via une série de laboratoires accrédités ; le consommateur est rassuré, il préfère acheter un produit sûr dans un endroit autorisé ; le marché légal l’emporte sur le marché illégal. Les abus les plus constatés portent sur la production personnelle de marijuana autorisée, certains en jouent.
 
Source: plus.lesoir.be
 
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[Belgique] - Légaliser le cannabis: comment ça pourrait rapporter 144 millions d'euros à l’État
Par Frett,
Le Groupe du Vendredi a réalisé une étude mesurant l’impact sur les finances publiques d’une dépénalisation. Trois scénarios sont testés. Celui d’un monopole géré par l’Etat tient la corde.
 
 
L’ONU recense 192 millions d’usagers, ce qui fait du cannabis « la drogue illicite la plus consommée du monde ». - D.R.
 
C’est le retour en grâce du cannabis. Bannie pendant de longues années, cette plante est toujours considérée comme une « drogue » par les Nations Unies, au même titre que la cocaïne et l’héroïne. Il est strictement interdit de la commercialiser, de la produire ou même de la détenir, au sens de la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, signée par plus de 180 Etats. Malgré cela, l’ONU recense 192 millions d’usagers, ce qui en fait « la drogue illicite la plus consommée du monde ».
Mais « illicite », le cannabis l’est de moins en moins. Quoiqu’en pense l’ONU, la tendance est à la légalisation, aux quatre coins du monde. D’abord pour le cannabis à usage médical. Et même pour une consommation purement récréative. L’Uruguay est le premier pays à avoir légalisé. Puis le Canada. Bientôt le Luxembourg. Dix Etats américains ne voient plus d’objection à ce que leurs citoyens se roulent un pétard, même si le droit fédéral américain interdit toujours la marijuana.
Et le débat percole jusqu’en Belgique, où l’herbe est toujours interdite (lire ci-dessous). Le président du PS, Elio Di Rupo, a fait de la légalisation une promesse électorale. Il souhaite que l’Etat belge en régule la production et la vente. Les jeunes MR militent depuis longtemps pour une légalisation. Les jeunes CDH suivent, sans l’appui de leur parti « père ». Des magasins de « cannabis légal » essaiment un peu partout dans le pays. Et, sans que cette énumération soit exhaustive, un texte de loi vient d’être voté à la Chambre, à la quasi-unanimité (seule la N-VA s’est abstenue), pour que la Belgique se dote d’une Agence du cannabis.
Pour nourrir le débat, Le Soir dévoile aujourd’hui une étude réalisée par le Groupe du Vendredi. Ce jeune think tank, soutenu par la Fondation Roi Baudouin, s’est penché sur l’impact qu’aurait un changement de politique sur les finances publiques.
 
Des coûts
Premier obstacle (de taille) : trouver des études fiables sur le sujet. En particulier sur le montant des dépenses publiques liées au cannabis, un sujet mal documenté. On sait que les drogues génèrent des coûts pour l’Etat : de sécurité (contrôle de police, enquête, incarcération, organisation des procès), de santé (hospitalisation, réhabilitation, centres de soins, visites médicales), et de prévention. Moyennant diverses hypothèses (lire ci-dessous), le Groupe du Vendredi estime à 223,9 millions les dépenses publiques annuelles liées au cannabis. Un montant qui ne prend pas en compte les effets des accidents de la route causés sous l’effet du psychotrope.
Différents scénarios ont ensuite été testés, en mesurant leur impact sur les dépenses publiques. Le premier : celui d’une « simple » dépénalisation. Autrement dit, on lève l’interdiction sur la consommation de cannabis, mais la vente et la production restent totalement interdites. Conséquences ? Comme le risque de poursuite disparaît, le nombre de consommateurs augmente (+19,6 %). Ce qui fait gonfler la note des dépenses de santé de 14,1 millions d’euros. En revanche, la charge imposée à la justice et aux services de police diminue, car il n’y a plus de raison de traquer les consommateurs (sauf s’ils sont mineurs). Ce qui réduit le coût pour l’Etat de 56,9 millions d’euros. Il faut toutefois maintenir des moyens importants pour s’attaquer aux réseaux criminels qui organisent la production et la vente. Bilan de ce scénario : une réduction des dépenses publiques de 42,8 millions pour l’Etat (voir infographie).
Des avantages
Autre scénario étudié : la légalisation avec gestion du stock par un monopole public. C’est donc l’Etat qui contrôle la production, qui distribue les licences pour la vente, et qui fixe le prix du gramme de beuh. La dépénalisation tend à augmenter le nombre de consommateurs, mais l’Etat va relever le prix de vente pour casser cet incitant. Dans ce cas, le nombre de fumeurs reste donc stable, tout comme les dépenses de santé. Mais ce scénario présente deux avantages conséquents pour le budget de l’Etat : primo, il réduit très fortement le marché noir, et par la même occasion les frais de police et de justice. Seuls les mineurs sont encore poursuivis, ainsi que les crimes sous influence de cannabis. Secundo, l’Etat peut dégager de nouvelles recettes fiscales, en gérant le monopole. En partant d’une taxation de 80 %, similaire à celle du tabac, c’est plus de 40 millions qui rentrent dans les caisses publiques chaque année. Au total, ce scénario permet donc à l’Etat de dégager une marge de 144 millions d’euros. Un chiffre qui ne prend pas en compte la potentielle création d’emplois.
Des coûts et des avantages
Enfin, un dernier modèle de légalisation a été testé : celui d’un marché concurrentiel où les entreprises privées sont libres de fixer la quantité produite et les prix. Ceci va avoir pour effet de faire baisser le prix du gramme de cannabis. Dans l’hypothèse où il passe de 10 à 9 euros, le nombre d’usagers flambe (+78,5 %). On frôle les 600.000 consommateurs. Ce qui implique une hausse sévère des dépenses de santé. A l’inverse, comme dans le scénario précédent, de nouvelles recettes fiscales sont générées, et les dépenses de sécurité fondent. Mais, financièrement parlant, ce scénario est globalement moins intéressant. L’Etat ne dégage qu’une marge de 78,4 millions. Et ce modèle devient même désavantageux si le prix du cannabis baisse plus fortement. « En faisant l’hypothèse d’une diminution du prix de vente à 7 euros, le nombre de consommateurs explose littéralement ainsi que les dépenses de santé. Les recettes générées par la fiscalité ne suffisent pas à couvrir l’augmentation, générant une marge quasiment nulle voire négative pour l’Etat », écrit le Groupe du Vendredi. Une troisième piste qui semble peu convaincante, aussi bien en termes budgétaires que de santé publique.
 
Méthodologie Amandine Cloot , Louis Colart et Xavier Counasse
 
 
 
En janvier, Le Soir a pris la décision de monter un dossier autour du cannabis. Objectif initial ? Se pencher sur différentes expériences étrangères, et évaluer l’impact d’un changement de politique sur les finances publiques belges. Pour ce point, Le Soir a fait appel au Groupe du Vendredi, un cercle de réflexion regroupant une vingtaine de jeunes bilingues (25-35 ans), soutenus par la Fondation Roi Baudouin. Emballés par l’idée, le Groupe accepte d’explorer la question. Leur point de départ : une étude française, réalisée en 2014 par le think tank Terra Nova (signée notamment par Pierre Kopp, professeur à l’Université Panthéon-Sorbonne). Le raisonnement économique et la méthodologie de cette étude ont été transposés au cadre belge. En revanche, le Groupe du Vendredi a été confronté à une pénurie de données statistiques en Belgique : aucun chiffre officiel sur notre volume de consommation, ou sur les dépenses publiques qui y sont liées. Différentes hypothèses ont donc dû être posées. Elles sont détaillées et justifiées dans le rapport, que vous pouvez consulter sur le site internet du Groupe. Une analyse de sensibilité a également été menée sur deux paramètres. Toutefois, pour plus de lisibilité dans la présentation des résultats, Le Soir a pris le parti de fixer ces deux paramètres à leur valeur intermédiaire (le cannabis pèse pour 50 % des dépenses publiques liées aux drogues illicites, et le risque de se faire attraper en possession d’herbe est fixé à 5 % du prix). Lorsque les auteurs de l’étude font varier ces paramètres, la marge dégagée par l’État belge change. Dans le scénario nº2, par exemple, le bénéfice d’une légalisation oscille entre 92 et 200 millions d’euros.
 
 
Alexis Goosdeel: «Le cannabis n’est pas un produit anodin»
Mis en ligne le 29/04/2019 à 06:00
Par Louis Colart
 
Alexis Goosdeel est le directeur de l’Office européen des drogues et toxicomanies. Ce spécialiste belge de toutes les drogues s’intéresse, à travers une multitude d’études menées ou analysées par ses services, tant à l’aspect santé publique qu’à la criminalité liée aux trafics.
Que l’on encadre ou que l’on interdise, Alexis Goosdeel regrette le manque de suivi des politiques sur les drogues. - Pierre-Yves Thienpont. Alexis Goosdeel prévient : le débat sur les effets prétendument thérapeutique du cannabis ne doit pas escamoter les risques pour la santé.
Le cannabis est-il un produit aux effets anodins ?
Dans la plupart des substances stupéfiantes dont on parle, aucune n’est anodine ou inoffensive. Sinon, cela voudrait dire qu’elles n’ont aucun effet. Or, ces effets sont recherchés par les consommateurs. Le cannabis n’est pas anodin comme de l’eau du robinet, certainement pas. Dans le débat aujourd’hui, on voit deux aspects : soit on en parle du point de vue de la législation, des interdits qui pèsent sur le cannabis et la philosophie de ces lois ; soit du point de vue des bénéfices thérapeutiques attribués au cannabis. Et en parlant de ces prétendus bénéfices thérapeutiques (qui manquent parfois de preuves scientifiques…), on risque d’escamoter les risques bien réels pour la santé. Enfin, il y a tellement de variétés et de formes au cannabis aujourd’hui que parler « du » cannabis est difficile.
Quels sont les risques pour la santé de fumer du cannabis, par exemple sous forme d’herbe ou de haschich ?
Il y a une évidence scientifique suffisante, mais qui reste à approfondir, sur les effets négatifs liés à l’usage de cannabis avec une forte dose de THC, sur le développement cognitif. Surtout si l’usage a commencé tôt, chez de jeunes adolescents. Un usage prolongé, lourd, a donc un effet sur les attitudes cognitives. On sait aussi que le cannabis, dans certains cas, a un effet négatif pour les personnes qui ont des prédispositions à des problèmes de santé mentale. Le problème, c’est que ces prédispositions ne sont pas toujours visibles à l’œil nu. Cela peut révéler une maladie ou jouer le rôle de déclencheur. Par ailleurs, fumer le cannabis a aussi un impact négatif sur les poumons. Donc, oui, on ne parle pas d’un produit anodin. Surtout quand on considère que la substance vendue illicitement en Europe a fortement augmenté les concentrations de THC ces dernières années. En particulier si on prend comme produits de référence ceux qui étaient consommés en mai 1968 ou au début des années 1980. Cette concentration accrue est valable aussi bien pour la résine de cannabis que pour la plante.
Quelles sont les tendances des consommateurs en Europe ?
La recherche de produits forts en concentration. Cette tendance n’est pas limitée au cannabis, mais à l’ecstasy aussi. Des gens cherchent des sensations fortes.
Quels sont les effets bénéfiques du modèle législatif à la belge (prohibition mais relative tolérance pour les simples consommateurs) ?
Des modèles d’analyse pour les politiques nationales, il en existe très peu ! A ma connaissance, il n’y a pas d’étude d’impact de la politique en Belgique. Même dans les Etats américains qui ont récemment décidé de légaliser, la question de l’évaluation est une question qui reste difficile. J’étais à la dernière conférence nord-américaine sur le cannabis, seule conférence qui n’est pas financièrement contrôlée par l’industrie du cannabis : les différents intervenants, des différentes institutions, ont exprimé une souffrance due au manque de données. Ce qui est dommage, car une des annonces faites dans la plupart des Etats qui avaient décidé de légaliser l’usage récréatif consistait en un suivi statistique, un investissement dans la prévention… Il y a un certain suivi (au Colorado par exemple), mais qui reste largement insuffisant. Dans certains cas, des mesures correctives ont toutefois été prises après le changement de législation.
Six questions pour tout savoir sur le cannabis
Mis en ligne le 29/04/2019 à 06:00
Par Amandine Cloot , Louis Colart et Xavier Counasse
 
Peut-on fumer un pétard en toute légalité ? En cultiver dans sa chambre ? Dans une serre ? Tour d’horizon.
En Belgique, au-delà de 0,2% de THC, fumer du cannabis est donc strictement interdit, que ce soit à usage médical ou récréatif - Sylvain Piraux  
 
 
Le point sur la situation, en Belgique et ailleurs.
1
De quoi parle-t-on ?
Shit, beuh, chichon, marijuana… Les mots pour en parler sont sans limite, mais au fond, qu’est-ce que le cannabis ? Avant tout, une plante. Ses feuilles pointues sont entrées depuis longtemps dans l’imaginaire collectif. Le cannabis est consommé depuis plusieurs millénaires pour ses effets psychotropes. Sous forme de chanvre, il est aussi utilisé comme matériel textile, de construction, cosmétique... En tant que stupéfiant, ce sont principalement les fleurs séchées qui se fument (sous forme d’herbe), ou la résine de la plante qui, extraite et séchée, fait du haschich (sous forme de barrette de couleur brune). Ces produits peuvent être intégrés dans une multitude de dérivés (biscuits, gâteaux – les fameux « space cakes » - huile à vapoter, bonbons). Plus rare (donc plus chère), l’huile est la troisième forme que peut prendre cette drogue.
2
Ça fait quoi, le cannabis ?
Il existe une centaine de molécules dans la plante de cannabis. Mais le principe actif aux effets psychotropes du cannabis est le tétrahydrocannabinol, ou THC. Le taux en THC varie fortement d’une plante à l’autre. Selon Infor-Drogues, la teneur moyenne est de 2 à 10% pour l’herbe, mais cela peut monter jusqu’à 30%. Outre les dégâts causés par la fumée du tabac, qui accompagne le plus souvent l’herbe ou la résine, les effets du THC sont nombreux : euphorie et impression de planer (les effets recherchés par les consommateurs), baisse de la concentration, ralentissement des réflexes, vertiges et anxiété chez certaines personnes… En cas de prise brutale, des hallucinations sont possibles. Une accoutumance se crée en cas de consommation régulière.
3
Peut-on le consommer en Belgique ?
La loi « cannabis » n’interdit pas le produit à proprement parler, mais l’une de ses molécules : le fameux THC. Au-delà de 0,2% de THC, fumer du cannabis est donc strictement interdit, que ce soit à usage médical ou récréatif. Pourtant, selon le Rapport européen sur les drogues 2018, un jeune sur dix (15-34 ans) a consommé du cannabis au moins une fois, sur les douze derniers mois.
Car il existe une forme de tolérance, en cas d’usage personnel. « La politique pénale ne se focalise pas sur la simple consommation personnelle », explique le cabinet du ministre de la Justice, Koen Geens. « L’accent est mis sur les infractions plus graves (vente, crime organisé, contrebande). »
 
Lire aussi «Il faut légaliser l’usage du cannabis»
 
Autrement dit, même si consommer est illégal, on ne risque pas grand-chose à le faire, pour usage personnel. « Cette tolérance n'a pas force de loi, la justice peut donc toujours s'en écarter. Et le caractère personnel de cette consommation est assez vaguement défini », déplore Sébastien Alexandre, directeur de Fedito BXL, la Fédération bruxelloise des Institutions pour Toxicomanes.
Aujourd’hui, il existe des cannabis dont le taux de THC est inférieur au plafond légal de 0,2%. Ceux-ci contiennent une autre molécule (le cannabidiol, ou CBD). Or « le CBD n'est pas légalement considéré comme un stupéfiant ou un agent psychotrope et n'est donc pas interdit », cadre le cabinet Geens. Ce cannabis-là peut dès lors être consommé sans restriction légale.
4
Peut-on vendre du cannabis en Belgique ?
La logique est la même. Il est strictement interdit de vendre du cannabis avec un taux de THC supérieur à 0,2%. En revanche, si le cannabis est débarrassé de THC mais dopé au CBD, il n’est pas considéré comme stupéfiant. Et peut être vendu. Les « CBD shops » sont d’ailleurs en train d’essaimer en Belgique.
« Il faut encore que le cannabis vendu le soit pour des motifs autorisés », explique Sébastien Alexandre. « En l'occurrence, le CBD ne peut pas être vendu pour des raisons de santé puisqu'il n'est pas reconnu comme un médicament par l'Agence fédérale du médicament et des produits de santé. Il ne peut pas non plus être vendu comme comestible (biscuit, thé, etc) puisqu'il n’est pas autorisé par l’AFSCA. Dès lors, les CBD shops disent qu'ils vendent du « pot-pourri », ou des « objets de collection », alors que tout le monde sait quel usage il en est fait. »
Autre exception, médicale cette fois. En 2015, la ministre de la Santé Maggie De Block a autorisé la commercialisation de médicaments contenant des principes actifs du cannabis. On parle ici de médicaments reconnus par les autorités de santé. Le premier du genre accepté en Belgique est le Sativex, utilisé pour le traitement de la sclérose en plaques.
 
Lire aussi Sativex, le médicament au cannabis, arrivera en mars
 
5
Peut-on produire du cannabis en Belgique ?
C’est encore la même rengaine. La production et l’importation de cannabis sont strictement interdites par la loi, si le taux de THC est supérieur à 0,2%. Pour la molécule CBD, cette interdiction disparaît.
Et, comme pour la consommation, il existe une forme de tolérance pour les auto-producteurs, qui ne cultivent qu’un plant pour leur bien-être perso. Bien qu’illégale, cette production à domicile n’est pas poursuivie dans les faits… même si rien n’empêche un juge de le faire.
Sachant cela, certains ont développé des cannabis social clubs. « Ce sont des coopératives de producteurs, qui mettent ensemble leurs plants. Le premier cannabis social club historique s’appelle Trekt Uw Plant à Anvers. Il a déjà connu deux procès, sans condamnation. En 2018, de nouvelles perquisitions ont eu lieu, et un nouveau procès est en cours. Cela permettra de clarifier la situation », commente Sébastien Alexandre.
6
Certains pays ont-ils déjà légalisé le cannabis ?
Vingt-six pays dans le monde autorisent la commercialisation et la consommation de cannabis à usage médical (une prescription est nécessaire). Trente-trois États américains – la Californie était la première à passer le cap en 1996 – acceptent également la marijuana thérapeutique. Jusqu’en 2012, il n’était nulle part permis sur le globe de consommer le stupéfiant pour un propos récréatif : un référendum au Colorado ouvre le bal (mais l’entrée en vigueur de la législation aura lieu deux ans plus tard). L’Uruguay suit en légalisant l’usage et la production privée début 2013. A l’heure actuelle, dix états américains organisent la consommation et la production de la drogue douce. Deux autres travaillent à intégrer le cannabis dans un texte de loi. En octobre dernier, le Canada est le premier pays du G20 à passer le cap. Le Luxembourg s’y prépare actuellement. Aujourd’hui, près de 110 millions de personnes ont accès à la consommation de cannabis en toute légalité
 
Source: plus.lesoir.be
 
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A Lyon, une grande marche pour le cannabis ce samedi
Par mrpolo,
Les "antiprohibitionnistes" vont manifester à Lyon, ce samedi, à l’occasion de la “Marche mondiale du cannabis”. Ils demandent une réforme de la politique en la matière.
 
Les organisateurs invitent "le plus grand nombre à venir participer à cette Marche mondiale du cannabis 2019, pour revendiquer une réforme de la politique française en matière de cannabis." Ici lors d'un précédent rassemblement à Lyon. Photo d'archives Le Progrès/Laurent THEVENOT
 
Ils sont en pétard. Des "antiprohibitionnistes" vont manifester dans le monde entier, ce samedi 4 mai, à l’occasion de la “Marche mondiale du cannabis”, ou "Cannaparade".
A Lyon, ils demanderont une réforme de la politique française, qu'ils jugent totalement dépassée.
 
Pour une "réforme pragmatique de la politique des drogues"
" Alors que l’ONU persiste dans une prohibition qui ne cesse d’échouer, les partisans d’une réforme pragmatique de la politique des drogues, soutenus par une opinion publique de plus en plus favorable à leur cause, se mobilisent pour la 19e édition de la Marche mondiale du cannabis", disent ils dans un communiqué. "Ils s’inscrivent dans le sens de l’Histoire, à voir toutes les réformes survenues depuis l’an dernier dans le monde."
 
A Lyon, cette manifestation 2019 est organisée par plusieurs collectifs, associations et partis politiques: le Collectif d'information et de recherche cannabique de Lyon (CIRC), Principes Actifs, le GRECC (Groupe de recherche et d’études Cliniques sur les Cannabinoïdes), les Jeunes écologistes lyonnais, Europe Ecologie - Les Verts, la Ligue des Droits de l'Homme, le Nouveau Parti Anticapitaliste, l'association de lutte contre le sida AIDES ainsi que les associations Ananda & Cie, et Bredda Sounds.
La “Marche mondiale du cannabis” est organisée chaque année depuis 2001 en France. Elle se déroule dans plus de 700 villes de 65 pays.
 
La marche partira à 14h30 de la place Carnot pour rallier la place des Terreaux.

 
Leurs arguments
 
"Le vent réformiste balaie toute l’Amérique du Nord : événement majeur de l'année passée, le Canada légalise le cannabis récréatif (vendu en dispensaires, pour adultes). Aux États-Unis, l’usage récréatif est autorisé dans un 10e État, le Michigan, et bientôt au New Jersey, à New York, en Floride et au Connecticut. Plébiscitée par l'opinion américaine (favorable à 61 %), la légalisation du cannabis, génératrice d'un nombre record d'emplois légaux (211.000, +110 % en 3 ans !) est soutenue par tous les candidats actuels à la présidentielle 2020."
   " Le Mexique rend la prohibition du cannabis inconstitutionnelle et une loi prévoit une « stricte régulation » de la production et de la vente. Par ailleurs, l’usage personnel est autorisé en Géorgie, en Afrique du Sud (loi en cours). Le Luxembourg envisage la légalisation, la Suisse autorise des « essais contrôlés » d’usage et les Pays-Bas expérimentent des projets pilotes de culture légale du cannabis."
   "Quant au cannabis médical (CM), son succès se mondialise : 33 États américains autorisent désormais son usage, comme le Royaume-Uni, le Luxembourg, la Lituanie, l’Ukraine, et la Roumanie l’envisage ; le Parlement européen prépare une proposition de résolution sur le CM ; le Portugal, la Grèce, Chypre, Saint-Vincent-et-les-Grenadines (Caraïbes) et la Nouvelle-Zélande (en cours) légalisent l’usage et la culture ; la Belgique crée une Agence fédérale du cannabis. Israël et le Danemark autorisent l’exportation massive de CM."
   " Les études sur les effets de la légalisation du cannabis ne constatent ni de hausse de l’usage chez les jeunes, ni de hausse des accidents de la route. Fait notable, en Californie : la justice va effectuer 200.000 réductions ou annulations de peines. Mais la production légale de cet État, fortement taxée, ne fait pas le poids face au marché noir, toujours très attractif, et les recettes fiscales s'avèrent moins importantes que prévu (à l'inverse du Colorado)."
   " L’amende forfaitaire délictuelle de 200 € sanctionnant l’usage de drogue est contestée devant le Conseil constitutionnel, mais celui-ci valide la loi qui l’institue. Cette mesure n’influera pas sur l’usage élevé, le trafic florissant et l’intensité de la répression, effets pervers persistants qui suscitent de nouvelles initiatives bienvenues : des policiers et gendarmes créent un collectif « Police contre la prohibition » (PCP) et la mairie de Villeurbanne (Rhône) organise des débats sur le cannabis et le trafic ; consultés, 72 % des participants se disent favorables à une légalisation du cannabis, tendance confirmée par enquêtes et sondages."  
Source: leprogres.fr
 
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Cannabis Chrétien ! Le fondateur de XXXChurch affirme que le cannabis l’a aidé à rencontrer Dieu d’une manière renouvelée
Par mrpolo,
Christian Cannabis… Un nouveau site web chrétien pour ouvrir la conversation, échanger et participer aux débats qui entourent la légalisation du cannabis…
 
En découvrant que le fondateur du célèbre site web XXX Church – qui lutte contre les addictions sexuelles – développe un site nommé Cannabis Chrétien, la première idée est de penser qu’après la pornographie, Craig Cross s’attaque à la lutte contre l’addiction au cannabis. Mais il n’en est rien. Sa démarche s’apparenterait plutôt à une conversation ouverte. L’objectif est que les chrétiens prennent part aux débats sur les questions de légalisation pour usages médical et/ou récréatif du cannabis.
 
Et il semble que Craig ait fait son choix et soit même plutôt favorable à la légalisation déjà en vigueur là où il réside en Californie. Le logo de son site n’est autre qu’une colombe portant une feuille de cannabis plutôt qu’un rameau d’olivier…
Voici ce que l’on peut lire en page d’accueil du site :
 
 
Le fondateur du site vante donc les effets du cannabis, omettant dangereusement d’offrir une balance au lecteur en citant ses effets négatifs.
L’argument principal de Craig est une expérience spirituelle qu’il aurait vécue sous l’emprise de cannabis. Il évoque un « bénéfice spirituel grâce au bien-être mental et physique expérimenté » sous l’influence du cannabis.
 
 
Concluant ainsi,
 
 
Rien d’étonnant à cela, puisque le cannabis est un « amplificateur d’émotions »… Son expérience qu’il interprète de manière spirituelle est possiblement purement physiologique et liée à l’usage d’un psychotrope.
Si l’utilisation thérapeutique du cannabis est de plus en plus envisagée dans de nombreux pays, sur la base pharmacologique classique de la recherche du fameux bénéfice/risque – d’ailleurs commune à tous médicaments – « l’usage spirituel » serait une réelle nouveauté pour les chrétiens.
 
Les rastafariens l’expérimentent quant à eux depuis bien longtemps, invoquant le passage de Genèse 3:18, « tu mangeras de l’herbe des champs » ! D’autres croyances l’utilisent pour des rituels funéraires et estiment pouvoir parler aux esprits par ce biais… Ils parlent d’ailleurs de « déconnexion du monde matériel », l’un des effets décrits par Craig.
Nul doute que ce nouveau site web fera couler beaucoup d’encre, d’autant que son auteur a par ailleurs réalisé un magnifique travail de prévention autour de la pornographie.
 
Le débat semble donc lancé chez les chrétiens, mais n’oublions pas la liste des effets psychiatriques négatifs parfois irréversibles, et ne confondons pas expérience spirituelle et usage psychotropique d’un principe actif bien connu…
H.L.
 
Source: infochretienne.com
 
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Fortes odeurs de cannabis : le mystère résolu rue Saint-Marc
Par Stupéfix,
Humant, depuis des semaines, des odeurs de cannabis de plus en plus persistantes, les riverains du bas de la rue Saint-Marc, à Brest, commençaient à se regarder en chien de faïence. Le « coupable » a finalement été débusqué. Il s’appelle Crucianella stylosa…
 
Photo:La Crucianella Stylosa, émet une forte odeur similaire à celle du cannabis, surtout quand il fait chaud et humide
| THIERRY CREUX OUEST-FRANCE
 
Depuis près d’un an, riverains et commerçants du bas de la rue Saint-Marc, en plein centre-ville de Brest, se plaignent de fortes odeurs de « beuh ». Des nuisances olfactives de plus en plus prégnantes laissant penser à la présence de cultures de cannabis dans le secteur. De quoi amuser passants et automobilistes. Beaucoup moins certains résidents pointés du doigt. Des jeunes du quartier « au look peu conventionnel », reconnaît l’un d’eux, ont été alpagués à plusieurs reprises par des habitués du coin. Parfois avec humour et petit regard complice. Plus souvent avec agacement, les sommant d’arrêter leur jardinage sauvage. « Une double peine », explique ce trentenaire. « On n’a rien à se reprocher et on est suspecté alors que, nous aussi, on les subit ses flagrances. Pour peu qu’il ait plu et qu’il y ait ensuite un rayon de soleil, on ne peut plus ouvrir nos fenêtres, c’est une horreur »…
    Contrôles de police
  Et si ces odeurs intrigantes ont généré des fantasmes, elles ont aussi attiré des convoitises. « Des portes d’immeuble ont été fracturées. Plusieurs fois, la nuit, on a entendu des va-et-vient dans la cage d’escalier. Sans être parano, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement »… Ayant reçu plusieurs appels, la brigade des stupéfiants a pris l’affaire très au sérieux et mené une minutieuse enquête. « Nous avons reçu la visite de policiers avec un chien. Et nos voisins aussi » confirme ce riverain. Mais les investigations n’ont rien donné. Et pour cause. Si les odeurs sont bien réelles, elles ne proviennent pas de plants de cannabis, mais de Crucianella stylosa ou Phuopsis stylosa…
  Une plante du Moyen Orient en cause
  Plantes vivaces ornementales de la famille des Rubiacées, elles ont l’avantage d’être tapissantes, résistantes et à croissance rapide. Idéal donc pour végétaliser en milieu urbain. D’où le choix des jardiniers de la ville d’en semer aux pieds des arbres, entre les places de parkings, face à l’hôtel Kyriad, le sol y étant sec et rustique. Ce qu’ils ignoraient en revanche, c’est que ces plantes originaires du Moyen Orient, formant de nombreuses petites fleurs roses, sont aussi connues pour leurs caractéristiques odorantes exaltant un parfum de marijuana. Une forte odeur, mais pas de THC. Appelée, la collectivité affirme « ne pas vouloir occasionner de difficultés » et promet « d’étudier leur remplacement avec d’autres types de plantes, si des riverains se manifestent à la mairie ».
  Source: letelegramme.fr   On en parle sur le forum
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Belgique - Le cannabis CBD (à faible teneur en THC) désormais considéré comme un tabac à fumer: il pourra être vendu et fumé partout
Par mrpolo,
Selon un document du SPF Finances, le cannabis "léger", proposé sous forme d'herbe et consommé pour son cannabidiol (l'autre substance du cannabis, non psychotrope), doit être rangé dans la catégorie des tabacs à fumer. Dès lors, il sera soumis à la législation et aux accises propres à ce produit. La conséquence est qu'il pourra aussi être distribué partout où du tabac est vendu.
 
photo AFP
 
RTL info s’est procuré un document du SPF (Service Public Fédéral) Finances datant du 11 avril dernier. Celui-ci informe que le cannabis "léger" proposé sous forme d'"herbe" séchée dans de nombreux magasins spécialisés apparus ces dernières années sera désormais à considérer comme un tabac à fumer. Le changement n'est pas anodin. Ce cannabis pauvre en THC (la substance psychotrope qui fait du cannabis un stupéfiant toujours illicite en Belgique) et consommé pour le cannabidiol qu'il renferme  (CBD, l'autre substance active du cannabis, qui décontracte mais ne fait pas "planer") sera à présent soumis aux lois et aux accises propres au tabac.
"Ces produits destinés à être fumés et dont la teneur en THC est inférieure à 0,2 % sont considérés comme -autres tabacs à fumer- et sont, dès lors, taxés comme tels. Par conséquent, les emballages de ces produits ne doivent pas seulement être munis d'un signe fiscal mais doivent également satisfaire à toutes les prescriptions de la législation en matière d'accise relatives aux autres tabacs à fumer", peut-on lire dans le document. Précisons que le cannabidiol vendu sous forme d'huiles ou entrant dans la composition de compléments alimentaires n'est pas concerné par la mesure.
Cette modification a une conséquence concrète importante: désormais, ce cannabis CBD peut quitter les magasins spécialisés et être vendus dans n'importe quel commerce vendant du tabac.
Depuis l’apparition des points de vente de cannabis légal, un flou juridique flottait autour de cette herbe qui ressemble et qui sent comme le cannabis classique mais qui n'est pas du cannabis. Pouvait-on la fumer ? Pour éviter les ennuis, les commerçants recommandaient de ne pas le faire et de l’utiliser par exemple comme un "pot-pourri".
Estimant probablement qu'un grand nombre de clients fumaient ce cannabis "light", les autorités publiques ont mis un terme à cette situation ambiguë.
La décision ne plaira sans doute guère aux gérants des boutiques de cannabidiol. Leur représentant y voit aussi un danger pour les jeunes. "La FECAB (Fédération du Cannabis de Belgique) pense que la nouvelle mesure du SPF Finances aura des effets pervers dans le sens où l'on pourra trouver cette herbe de cannabis light dans n'importe quel commerce, pompe à essence et night-shop... Cela risque d'envoyer un message contradictoire aux jeunes et de brouiller la prévention faite par rapport à la consommation de cannabis. De plus, une centaine de commerces spécialisés risquent de mettre la clé sous la porte", déclare Maxence Hanus, porte-parole de la FECAB.

Quid de la lutte anti-stupéfiant ? Un policier des stups que nous avons contacté réagit anonymement à cette adaptation: "Effectivement, si cela est taxé comme produit à fumer alors oui, on pourra le vendre partout et même fumer cette herbe tranquillement en terrasse! Nous ne pourrons plus rien contrôler. L'odeur étant la même on ne va pas saisir un joint pour analyse... cela serait une perte de temps et d'argent. Cette décision n'est pas à prendre à la légère c'est le début d'une réflexion plus large sur la prohibition du cannabis."
Source: rtl.be
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Stratégie : L’industrie du cannabis à la conquête de l’Europe
Par mrpolo,
Comme nous l’avons déjà souligné dans cette rubrique, l’industrie naissante du cannabis est en train de s’organiser outre-Atlantique, créant dans son essor fulgurant ses propres codes et standards. Les leaders sont canadiens et américains, une suprématie qui ne doit rien au hasard puisque le Canada et certains Etats d'Amérique disposent d’une réglementation accommodante régissant la production et la consommation de cannabis à usage thérapeutique et récréatif. Ce nouvel écosystème tend à conquérir sans grand bruit l’Europe, un marché dont il se murmure peser plusieurs dizaines de milliards d’euros selon divers prévisionnistes.
Au-delà des études de cabinets spécialisés, les champions de l’industrie projettent bel et bien de coloniser le vieux-continent, c’est du moins ce que l’on peut en conclure en étudiant les agissements des principaux intéressés. En effet, on ne compte plus les opérations d’expansion réalisées sur le territoire européen. Ci-dessous, une liste non-exhaustive de ces opérations :
 
Avril 2019 : Le géant américain Tilray inaugure à Cantanhede (Portugal) une unité de production comprenant des cultures en extérieur et en serre ainsi que des laboratoires de recherche, des sites de traitement, de conditionnement et de distribution. Avril 2019 : Canopy Growth, la star de l’industrie, réalise l’acquisition du producteur espagnol sous licence Canamo y Fibras Naturales (Cafina). Il s’agit de l’une des nombreuses opérations du producteur canadien, qui dispose déjà d’une empreinte en Allemagne, au Danemark, au Royaume-Uni ou encore en Pologne. Avril 2019 : Aurora Cannabis reçoit un permis de culture de cannabis à des fins médicales en Allemagne. Cette approbation permet au producteur canadien de commencer la construction d’une nouvelle unité de production à Leuna (Allemagne). Mars 2019 : Supreme Cannabis entreprend des démarches en vue d’obtenir une licence de production de cannabis à Malte. Février 2019 : Aphria produit ses premières variétés de cannabis au Danemark dans le cadre de son partenariat avec la société danoise certifiée Schroll Medical, entente stratégique signée en septembre 2018. Novembre 2018 : Le canadien ICC International Cannabis étend ses activités au Portugal à travers l’acquisition du producteur Enigma Unipessoal, basé à Castelo Branco. Un mois avant, c’est le polonais Polannabis Holdings qui passait sous pavillon canadien. Octobre 2018 : The Green Organic Dutchman (TGOD) finalise l’acquisition du producteur polonais sous licence HemPoland. Par ailleurs, cette unité de production a récemment obtenu une certification de production biologique par les autorités polonaises.  
Convenons-en, les leaders du secteur entendent tirer profit d’une potentielle ouverture du marché du cannabis médical en Europe. En ce sens, toutes les opportunités sont bonnes à saisir, le but étant de ne pas reproduire les erreurs commises sur leur propre marché. Plus concrètement, le nerf de la guerre consiste à maîtriser le plus tôt possible ses propres chaînes d’approvisionnement afin de ne pas faire défaut à une demande hypothétiquement importante.

En attendant que le potentiel européen s’éveille, des initiatives émergent, mais demeurent isolées. Si de plus en plus de pays, de gouvernements, songent ou bien passent à l’acte pour mettre en œuvre des politiques plus favorables dans le domaine du cannabis médical, ces procédures se font en réalité au compte-goutte avec une approche spécifique par pays et par produit/médicament. Dans les faits, la prescription de médicaments à base de cannabis est légale dans 21 pays, mais l’accès à ces solutions demeure inégal d’un pays à un autre, que ce soit en termes de pathologies traitées, de couverture sociale ou bien tout simplement de disponibilité.

Pour illustrer ce problème d’une Europe à plusieurs vitesses, le cas français est intéressant. En retard par rapport à ses voisins, la France n’est que sur le chemin de l’expérimentation du cannabis thérapeutique, et ce, uniquement dans certaines situations cliniques, notamment dans le traitement de la sclérose en plaques ou dans certains cas d’épilepsie sévère.

Les pays européens sont donc à l’heure actuelle grandement fragmentés dans la mesure où chaque pays définit ses propres normes. Pour autant, c’est cette diversité des approches nationales qui tend à alimenter le débat politique au sein de l’Union européenne. A ce stade, on ne peut ignorer la volonté des parties prenantes à vouloir parler une langue commune et imposer un cadre règlementaire européen universel. C’est dans ce contexte que le Parlement européen a voté en février dernier un texte visant à définir les usages du cannabis médical et à « lever les obstacles règlementaires, financiers et culturels qui s’opposent à la recherche sur l’utilisation du cannabis à des fins médicales et à la recherche sur le cannabis en général ». Cette résolution conforte par ailleurs les conclusions de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, qui, dans son dernier rapport dédié à l’usage médical du cannabis, presse les décideurs politiques à combler les lacunes de l’Europe en la matière.
  Valeurs citées dans l'article Varia. Dernier   Var. 1janv APHRIA INC  -3.50% 15.15 0.00% AURORA CANNABIS INC  -0.08% 12.17 79.65% GREEN ORGANIC DUTCHMAN HOLDINGS LTD  2.75% 4.48 77.24% ICC INTERNATIONAL CANNABIS CORP  -4.92% 0.29 22.00% SUPREME CANNABIS COMPANY INC  -0.50% 1.99 51.52% TILRAY INC  -2.66% 51.33 -25.25%  
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