Colloque international à Strasbourg : bientôt une utilisation médicale du chanvre ?
Par Ex-UFCM-I Care, dans Thérapeutique,

À nouveau, Strasbourg sera bientôt au cœur du long débat sur les avancées pharmacologiques et les utilisations thérapeutiques des cannabinoïdes, toujours taboues en France mais reconnues dans d’autres pays.
Photo: Le cannabis peut être utilisé à des fins thérapeutiques. Photo archives DNA/David GEISS
 
Pour la huitième année, et à Strasbourg cette fois encore, une question médicale restée en suspens fera l’objet d’un colloque international. À l’initiative de l’Union francophone pour les cannabinoïdes en médecine (UFCM), des praticiens et des experts, des patients et des témoins s’interrogeront sur ce paradoxe propre à certaines substances contenues dans le cannabis : alors que les études scientifiques se succèdent pour accréditer leur apport sur certaines pathologies chroniques invalidantes sévères, alors qu’un nombre grandissant de pays dans le monde organise l’accès à ces composants sans équivalents dans la pharmacopée, en France il reste impossible de se soigner concrètement et légalement avec des dérivés du chanvre, appelés cannabinoïdes.
 
Selon Christian Muller, chercheur en pharmacologie à l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien de Strasbourg (CNRS-Unistra), la diabolisation dont fait preuve l’usage du cannabis, et l’interdiction qui l’accompagne, empêchent de considérer à sa juste mesure la portée de cet outil thérapeutique sur des pathologies aussi sérieuses que la sclérose en plaques ou les affections rhumatologiques graves, ainsi que par exemple sur les effets secondaires de chimiothérapie.
Un retard par rapport à d’autres pays
Alors que son laboratoire accueille une étude in vitro sur l’usage d’un principe appelé CBD sur des cancers colorectaux, notamment, il lui apparaît que la France souffre d’un retard par rapport aux pratiques désormais certifiées aux États-Unis, en Israël, au Canada, au Luxembourg, en Grande-Bretagne ou dans la toute proche Suisse.
Pour certains scientifiques, il y a là les signes d’un lobbying d’une industrie pharmaceutique productrice de ces anti-inflammatoires opiacés, des « concurrents » qui développent notamment des addictions, « contrairement aux cannabinoïdes ». Résultat, les patients souhaitant accéder à ces principes extraits de la plante les produisent eux-mêmes, de manière souvent peu satisfaisante, ou se les font livrer après les avoir commandés sur Internet. Le tout à leurs risques et périls, des condamnations pouvant être prononcées.
 
Les conditions d’une autorisation de mise sur le marché avaient été avancées il y a quelques années en France mais, malgré un débat récent en France, un vide persiste au détriment de l’intérêt médical des malades demandeurs de cette alternative.
Le colloque réunira à nouveau de nombreuses personnalités engagées sur ces questions, dont Marie Jauffret-Roustide, membre du comité scientifique spécialisé temporaire sur la question du cannabis à usage thérapeutique en France et Bertrand Lebeau-Leibovici, médecin addictologue. Ils ouvriront ce symposium accessible au grand public en compagnie de Christian Muller, responsable du pôle scientifique et de Bertrand Rambaud responsable du pôle patient de l’association UFCM I Care.
Le 28 juin à la faculté de pharmacie de Strasbourg, ouvert au public sur inscription préalable sur : ufcmed.org
Source: dna.fr
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Agriculture - La production de cannabis thérapeutique testée en Creuse, sur le plateau de Millevaches
Par mrpolo,
Jouany Chatoux, agriculteur à Gentioux-Pigerolles (Creuse), s’est lancé dans la production de cannabis avec ses associés. Pour se faire la main en cas de légalisation du cannabis thérapeutique en France.   Photo: Jouany Chatoux a lancé les expérimentations sur ses terres. © Tourbez Manuel   Éric Correia, président de la Communauté d’agglomération du Grand Guéret, a semé les premières graines de la légalisation du cannabis thérapeutique dans le débat public. Jouany Chatoux en récolte les premières plantes, pour prouver que la Creuse est prête à être un département pilote dans le domaine.
Un lobbying hétéroclite s’est constitué afin de faire germer l’idée d’une légalisation du cannabis thérapeutique en France. Pour aider parlementaires et gouvernement, certains n’hésitent pas à aller plus loin que le discours en proposant la démonstration par l’exemple.
L'expérimentation est complètement légale
Ainsi, des commerçants ont commencé à exploiter un vide juridique en vendant des produits étrangers contenant une substance non interdite en France, dénommée CBD, et sans substance euphorisante (THC).
 
Jouany Chatoux est de ceux-là mais il a souhaité, avec ses associés du Gaec Chatoux-Jeanblanc-Pichon, démarrer les tests de culture grandeur nature pour gagner du temps et faire la démonstration de la pertinence du projet. Pour autant, pas question pour les agriculteurs d’être hors-la-loi : « Nous ne cultivons que des espèces autorisées ne dépassant pas un taux de THC de 0,2 %. Nous nous conformons aux dispositions légales (voir par ailleurs) et avons sélectionné une dizaine de variétés de chanvre inscrites au catalogue des plantes autorisées. »
 
« Nous avons des agriculteurs prêts à cultiver, un labo pour le transformer et des investisseurs étrangers » affirmait en décembre dernier Éric Correia. Le député Jean-Baptiste Moreau lui a emboîté le pas et œuvre à présent auprès de Matignon et du Parlement pour faire de la Creuse un département test. Il y a quelques jours, le Sénat votait les premières dispositions assouplissant la législation pour permettre les premiers essais.
  Jouany et ses associés ont investi dans du matériel de pointe pour se donner toutes les chances de réussite et rester dans les clous de la législation. « Cette année, nous nous concentrons sur la sélection des meilleures variétés et des meilleurs pieds dans le cadre d’une phase de sélection génétique. Nous voulons créer notre propre variété élite à bouturer, répondant précisément aux critères français ».
« Une façon de se faire la main »
Et cette sélection a visiblement bien démarré puisque des centaines de plants ont été cultivées depuis quelques semaines avec beaucoup de succès. Les premiers semis atteignent à présent une taille de quelques dizaines de centimètres.
À leur apogée, les plantes peuvent atteindre 2 ou 3 mètres de hauteur. À terme, « les plantes seront commercialisées entières. Nous ne commercialiserons pas spécifiquement les fleurs car c’est interdit en France. Notre objectif, avec ces tests, c’est d’être prêts et opérationnels dès que la législation aura évolué. C’est une façon de se faire la main. En attendant, les tests sont suivis par la Chambre d’agriculture et des visites seront organisées », précise Jouany.
 
Historiquement, on a l’impression de vivre un retour aux sources puisque la Creuse était, il y a un siècle, le plus gros département producteur de chanvre en France. Il se pourrait donc que d’ici peu, le futur creusois retrouve des airs d’antan.
 
Que dit la loi ?
 
La réglementation française prévoit que toutes les opérations concernant le cannabis sont interdites, notamment sa production, sa détention et son emploi. Dès lors, tout produit contenant du cannabidiol extrait de la plante de cannabis est interdit sauf s’il entre dans le cadre d’une dérogation permettant l’utilisation du chanvre à des fins industrielles et commerciales. Ainsi, certaines variétés, dépourvues de propriétés stupéfiantes, peuvent être utilisées sous trois conditions : les variétés de chanvre autorisées figurent sur une liste ; seules les graines et les fibres peuvent être utilisées. L’utilisation des fleurs est interdite ; la plante doit avoir une teneur inférieure à 0,2 % en THC.
 
Source: lamontagne.fr
 
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A quand un débat serein sur les drogues en France ?
Par mrpolo,
Le constat est partout unanime : seule une vraie politique de réduction des risques dans un cadre de dépénalisation de l’usage peut se révéler efficace en matière de drogues. Encore faut-il pouvoir en parler sans tabou.
Ce vendredi 24 mai se tenait, à Paris, la XIIIe Conférence internationale sur les politiques des drogues. Vous n’en avez pas entendu parler ? C’est normal, tant le débat serein en France sur les drogues est difficile. Pourtant, il pourrait rassembler des élus de tous bords animés par la seule préoccupation d’une politique publique efficace.
 
C’est notre cas. Nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais nous avons signé le 27 avril la même déclaration, en compagnie d’élus et de parlementaires du monde entier, de toutes tendances politiques. L’objet de cette déclaration ? Soutenir la politique de réduction des risques en matière de drogues au niveau mondial. En marge de la XXVIe Conférence internationale sur la réduction des risques, à l’invitation de Médecins du monde et du réseau de parlementaires engagés dans la lutte contre le VIH, Unite, nous avons pu débattre avec des experts, des professionnels de santé, des élus de tous pays. Tous partagent le même constat : la politique de réduction des risques en matière de drogues est une nécessité et une réussite. Elle permet de réduire les cas de contaminations de VIH et d’hépatite C de manière très importante. Mais il y a une dimension supplémentaire qui a été abordée par tous, et notamment par le professeur Michel Kazatchkine, ancien directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, tuberculose, paludisme et membre de la Commission mondiale sur la politique des drogues : la réduction des risques n’est vraiment efficace que dans un cadre de la dépénalisation de l’usage.
 
Le choix du Portugal, de ce point de vue, n’est pas anodin : en 2000, le pays a fait le choix de dépénaliser la consommation individuelle de toutes les drogues - tandis que le trafic reste illégal. Dix-neuf ans plus tard, les résultats sont là : le Portugal compte deux fois moins de personnes dépendantes aux opiacés qu’en 1999, le taux de décès liés aux usages de drogues a chuté, il est cinq fois plus faible que la moyenne de l’Union européenne ; quant au taux de nouvelles infections au VIH liées à l’injection de drogues, il a été divisé par 18 en onze ans.
 
Bien sûr, une telle politique s’est accompagnée d’un effort de prise en charge par le système de santé, par une politique accrue de prévention. Surtout, le plus étonnant, pour nous autres Français, est le consensus politique très large qui règne dans le pays autour de l’efficacité de cette politique. Les débats sur les drogues existent toujours, mais sont très apaisés, fondés sur les évidences scientifiques et non sur l’idéologie, la morale ou l’émotionnel.
 
Quel contraste avec la France ! Tout débat sur la dépénalisation est difficile, très vite manichéen, et surtout éloigné de la réalité de terrain et des évidences scientifiques. La France a pourtant mené une politique de réduction des risques en direction des usagers de drogues très efficace : création de centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud), échange de seringues, mise à disposition de produits de substitution, et, plus récemment, salles de consommation à moindre risque. Cette politique est efficace du point de vue de la santé publique, car elle a bel et bien permis de diminuer le nombre de décès, de réduire considérablement le taux de nouvelles infections au VIH. Pourtant, vous ne verrez jamais un ministre de la Santé se vanter de ces résultats.
 
Parler de drogues demeure tabou, si ce n’est sur le volet répressif. Mais cette législation répressive française, produit-elle ses effets ? A l’âge de 16 ans, les Français sont les premiers consommateurs de cannabis en Europe. Or, comment expliquer que les dangers du cannabis sont extrêmement plus forts avant la formation définitive du cerveau, si l’on en est réduit à n’avoir qu’une approche sur l’interdit ?
 
Il est temps que s’ouvre en France ce débat fondé sur les évidences scientifiques qu’ont été capables de mener d’autres pays. Il est temps aussi de mettre fin à notre hypocrisie, celle qui consiste à n’avoir que peu de moyens de prévention, une consommation très élevée de cannabis, et considérer que nous avons la solution avec notre cadre répressif. Il est temps que des élus de tous bords se mettent au travail pour définir une nouvelle stratégie politique nationale en matière de drogues.
 
Danièle Obono
 
Source: liberation.fr
 
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Le plaidoyer pro-cannabis de Laurence Rossignol senatrice PS de l'Oise
Par mrpolo,
Au Sénat se tenait un débat sur le thème : «Le cannabis, un enjeu majeur de santé publique». La sénatrice de l’Oise Laurence Rossignol y a pris la parole pour raconter comment deux femmes ont été contraintes de se «transformer en délinquantes» pour soulager leurs souffrances.
 

 
Voici le texte (complet) de son intervention :
 
«Je commencerai mon propos en vous contant l’histoire de deux amies proches qui ont été atteintes d’un cancer du sein et ont subi des chimiothérapies très lourdes.
L’une et l’autre – elles ne se connaissent pas d’ailleurs – m’ont confié que si elles n’avaient pas eu de quoi fumer un peu de cannabis tous les soirs, elles ne seraient pas parvenues à endurer la chimio. Ce qui leur a permis de supporter la douleur liée à la chimio – il n’y a pas que la douleur due à la maladie, il y a aussi la douleur provenant du traitement –, c’est de pouvoir fumer du cannabis.
 
Pour affronter leur cancer et les traitements, ces deux femmes d’une cinquantaine d’années, mères de famille, ont été obligées de devenir des délinquantes, mais aussi de transformer leurs enfants en délinquants. En effet, quand vous êtes une femme de cinquante ans vivant une vie « normale » et que vous apprenez que le cannabis peut vous soulager, vous savez que ce n’est pas à l’épicerie du coin que vous en trouverez.
Elles en ont donc parlé à leurs enfants parce que, comme tous les enfants de cet âge, ils connaissaient au moins une personne qui elle-même connaissait quelqu’un qui savait où se procurer du cannabis. Et ce sont leurs enfants qui sont allés leur chercher du cannabis.
La loi, telle qu’elle est aujourd’hui, transforme de bons citoyens voulant lutter contre la souffrance, ainsi que leurs familles, en délinquants. Il y a là quelque chose d’extrêmement choquant !
 
Mes amies m’ont raconté leur histoire alors que j’étais moi-même ministre. Elles m’ont demandé à l’époque si rien ne pouvait être fait pour elles. Je leur ai alors répondu : « Vous savez, en France, le débat sur le cannabis n’est pas simple ! »
Je sais que le Gouvernement n’est pas fermé sur cette question, qu’il est même ouvert. Je ne rappellerai pas les démarches qu’il a engagées et que mes collègues ont déjà rappelées. Je crois toutefois que le sujet mérite que nous nous intéressions quelques instants à notre rapport à la douleur, à cette histoire de la douleur dans notre culture et dans notre civilisation.
Sur le plan médical, la douleur a longtemps été considérée comme un signal utile, un signal d’alarme informant d’une agression contre l’organisme. Les médecins l’appréciaient, car elle faisait partie des signaux cliniques et aidait à progresser dans le diagnostic.
 
Ensuite, qu’on le veuille ou non, nous sommes le produit d’une histoire marquée par le stoïcisme : résister à la douleur est courageux. Ne pas y résister est beaucoup moins honorable.
Enfin, nous sommes le produit d’une civilisation dans laquelle il y a une sorte de fatalité à la douleur. On adresse même une injonction aux femmes : « tu enfanteras dans la douleur ! »
Notre rapport à la douleur, et, donc, au traitement de la douleur, s’inscrit dans une culture et une histoire pesante, mais aussi morale. Ce rapport est en effet d’ordre non pas simplement sanitaire, mais aussi moral. Et la France a longtemps accusé un retard certain en matière de prise en charge de la souffrance. Nous avons récemment beaucoup progressé dans ce domaine grâce au lancement de plusieurs plans de lutte contre la douleur.
Toutefois, dans une enquête EPIC – European Pain In Cancer Survey – conduite en 2007 – ce n’est pas si lointain, et certains pays étaient déjà entrés dans la modernité à cette date ! –, environ 62 % des patients atteints d’un cancer en France déclaraient souffrir de douleurs quotidiennes, contre 24 % seulement des patients atteints des mêmes pathologies en Suisse !
 
Cet écart est significatif de la manière dont nous avons pris du retard dans le traitement de la douleur, à la fois par morale, par tradition médicale, dirais-je, et par peur de la drogue. Une collègue l’a d’ailleurs fort bien dit : n’oublions pas que le cannabis est une drogue. Mais, ma chère collègue, c’est le cas d’à peu près toutes les substances médicamenteuses !
Qui oserait proposer dans cette enceinte de priver de morphine les patients atteints de maladies graves ou en fin de vie, ou même des patients souffrant de maladies moins graves, mais qui en auraient besoin à un moment donné ? La morphine est pourtant bien une drogue !
 
Je suis sûre que certains d’entre vous, mes chers collègues, ont déjà été contraints de prendre des opiacés à cause de douleurs de dos, pour pouvoir tenir le coup après avoir beaucoup manifesté et battu l’estrade ici et là. Cette approche par le biais de la notion de drogue ne me paraît donc ni pertinente ni utile pour soulager la souffrance.
Et puis je ne suis pas certaine que notre pays soit bien placé pour donner des leçons sur ce qu’est une drogue. Nous sommes le deuxième plus gros consommateur de benzodiazépine en Europe, traitement prescrit sans aucune retenue par de nombreux médecins. Nous sommes un pays dans lequel les somnifères, les tranquillisants et tout un tas de substances psychoactives sont très facilement accessibles, alors qu’ils produisent une accoutumance probablement encore plus grande que celle que provoque le cannabis.
 
Bien sûr, il y a des risques pour la santé. Mais si vous lisez la notice de n’importe lequel des médicaments que vous prenez régulièrement, vous vous apercevrez qu’aucun médicament n’est sans risque pour la santé. Le médicament neutre pour la santé n’existe pas ! C’est pourquoi cette approche sous l’angle du risque pour la santé ne me paraît pas non plus devoir être retenue. Ou alors, il faut l’appliquer à l’ensemble de la pharmacopée, ce qui montre bien la limite de notre réflexion.
Enfin, il faut bien entendu rappeler que la question du cannabis thérapeutique diffère de celle de l’usage du cannabis.
Cependant, la question du cannabis est aussi un sujet de santé publique. On ne peut pas s’en tenir à nos fondamentaux actuels en la matière sans évaluer le rapport exact entre l’efficacité de notre législation et le niveau de consommation de cannabis.
 
Aujourd’hui, notre pays a l’une des réglementations les plus répressives en matière d’usage du cannabis, mais aussi d’accès au cannabis thérapeutique, et pourtant la consommation la plus élevée.
J’ai la liste des pays qui l’ont légalisé : l’Allemagne, l’Argentine, l’Australie, l’Autriche, le Brésil, le Canada, le Chili, Chypre, la Colombie, la Croatie, le Danemark, l’Espagne, quatorze États des États-Unis, la Finlande, la Grèce, le Mexique, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, etc. Nous sommes désormais bien seuls à rester campés sur nos positions et à rester crispés sur cette question.
 
Je ne connais aucune autre politique publique pénale qui soit autant mise en échec sans jamais être remise en question que celle de lutte contre l’usage du cannabis ou des « drogues douces », comme on les appelait à une époque.
Je ne prétends pas avoir la solution ou détenir la bonne réponse, mais je sais que ce débat devrait a minima cesser d’être tabou, ne serait-ce qu’au regard de nos exigences en matière d’évaluation des politiques pénales.
 
Pourquoi faut-il, à mon sens, que le Gouvernement poursuive et accélère la démarche qu’il a engagée en faveur du cannabis thérapeutique ? Parce que ce que les gens consomment quand ils se procurent du cannabis par eux-mêmes est vraiment toxique. Et c’est ainsi non pas uniquement parce que le produit est toxique, mais parce qu’il n’est pas contrôlé !
Quand la police opère une saisie et que les scientifiques analysent ce cannabis, on découvre des substances que l’on n’aurait même pas imaginées : du pneu, du cirage et mille autres matières toutes plus toxiques que le produit lui-même. Il y a donc également urgence à garantir à certains malades – pas à tous, probablement ! – qui ont besoin d’antidouleurs supplémentaires, que le cannabis peut leur procurer, de pouvoir compter sur des circuits contrôlés et sécurisés sur le plan sanitaire.
 
En conclusion, monsieur le secrétaire d’État, vous nous trouverez auprès de vous et nous vous soutiendrons dans la démarche que vous avez entreprise en faveur d’un accès facilité au cannabis thérapeutique et à un cannabis mieux contrôlé sur le plan sanitaire.
(Applaudissements
sur les travées du groupe socialiste et républicain, du groupe communiste républicain citoyen et écologiste et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)»
 
Source: oisehebdo.fr
 
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Israël : état et beuh
Par mrpolo,
En dépénalisant la consommation récréative de cannabis fin avril et en donnant le feu vert à l'export, le pays accélère dans sa course à l'or vert. Objectif : devenir producteur mondial.
Photo: La société Breath of Life est la seule à avoir décroché tous les permis pour exploiter le cannabis du champ à la vente. (Photo Jack Guez, AFP)
Une terre de lait, de miel et de cannabis. Le rêve de l’élite du chanvre israélien, à l’heure où une partie du monde occidental se tourne vers cette plante autrefois si taboue. Début avril, l’Etat hébreu a officiellement dépénalisé la consommation récréative de cannabis et, surtout, autorisé la vente des cannabinoïdes médicaux à l’export. A l’échelle mondiale, la normalisation est en marche, vers une légalisation à la californienne. De quoi aiguiser maints appétits capitalistes, d’autant qu’en la matière Israël a toujours été un pionnier. L’histoire moderne de la plante aux fines feuilles crénelées commence à Jérusalem en 1964, lorsque dans son labo de l’université hébraïque, le chimiste Raphael Mechoulam est le premier à isoler, parmi la centaine de molécules qui composent le cannabis, le THC (principal composant psychoactif) et le CBD (efficace antidouleur).
Depuis, et particulièrement durant les deux dernières décennies, Israël s’est positionné en leader de la recherche et des usages en la matière. Et cherche désormais à passer le braquet suivant : celui de producteur mondial. Mais le milieu reste un écosystème encore trouble, entre hype fumeuse et ruée vers l’or vert, où tout le monde bluffe et se toise, d'un ex-Premier ministre reconverti aux pionniers à l’idéal libertaire dépassé, des requins de la finance flairant un nouvel eldorado aux régulateurs étatiques velléitaires, sans compter un marché noir increvable. Plongée en trois actes au cœur de l’économie de l’Etat de la beuh.
Un militant du parti Zéhout, pro-légalisation, à Tel-Aviv le 2 avril.
«Le nouveau Cohiba cubain»
A la tribune, l’ancien Premier ministre Ehud Barak étouffe une quinte de toux. Nous sommes le 1er avril à Tel-Aviv, à dix jours des élections législatives. Ici, point de come back politique : dans cet auditorium sur la marina de Tel-Aviv, l’ancien général est venu évoquer son étonnante reconversion. Après avoir placé ses billes dans diverses firmes de cybersécurité, l’ancienne gloire des commandos s’est lancée à l’automne dans la dernière fièvre entrepreneuriale made in Israël : le cannabis thérapeutique. L’Etat hébreu se rêve désormais en pays où l’herbe est plus verte, ou, pour citer Ehud Barak, en «terre du lait, du miel… et du cannabis».
 
Le public au look de start-uppers – hommes en chemise slim, femmes en tailleurs – soupire d’aise. Nous sommes au très chic salon CannaTech, et la date ne doit rien au hasard. Depuis l’aube, le cannabis médical est autorisé à la vente en pharmacie (avant limitée aux dispensaires spécialisés), et surtout à l’export, qui pourrait générer, selon le Parlement israélien, des profits approchant le milliard de shekels par an, soit 230 millions d’euros. Dans l’air flotte non pas des effluves de chanvre (un panneau indique que la légalisation n’est pas encore à l’ordre du jour et que mieux vaut s'abstenir de fumer son trois-feuilles à l’intérieur), mais une atmosphère de coup d’envoi. L’ivresse d’une conquête à venir.
 
A l’instar d’une industrie qui veut ériger une muraille de Chine entre la défonce et la médecine, Ehud Barak, 77 ans, tient à maintenir des airs de respectabilité : «Je n’ai jamais inhalé de fumée, jamais mis un joint sur mes lèvres, jamais soufflé dans un bang. Mais je suis le président d’une grande société cannabique.» Il s’agit d’InterCure, compagnie montée sur une paire de fusions-acquisitions et encore déficitaire, mais déjà cotée en bourse à Tel-Aviv, avec une capitalisation autour de 1,15 milliard de shekels (environ 285 millions d’euros), en attendant une introduction au Nasdaq.
 
Ehud Barak à la tribune de CannaTech. (photo Brian Blum)
Malgré ses ambitions globales (une expansion dans une dizaine de pays est annoncée), InterCure est encore un nain : ses champs dans le nord d’Israël n’ont pour l’instant produit qu’une tonne de marijuana, chiffre que la boîte entend multiplier par cent d’ici 2020.
 
Au micro, Barak en met plein les mirettes à coups de prédictions enflammées, estimant que ce marché pèsera bientôt 150 milliards de dollars par an à l’échelle planétaire, soit trois fois ce que les experts les plus optimistes anticipent pour 2030. Limite ésotérique, il parle de «génomes cannabinoïdes protégés par blockchain», de la classe moyenne indienne «prête à payer cher», de la crise des opioïdes («les Américains font des overdoses pour soigner leur mal de dos, on peut sûrement faire mieux !») et de «produits récréationnels premium» : «Faisons du cannabis israélien le nouveau Cohiba cubain !» Puis il laisse la scène à une adolescente américaine, dont la tumeur osseuse qui rongeait le visage aurait été guérie par de l’huile de cannabis.
 
«Un premier ministre qui crapotte ah, ah...»
Peu après, l’ex-dirigeant israélien rejoint Saul Kaye, le directeur du salon, pour un briefing presse. Avec sa kippa siglée «CannaTech» et son veston argenté, Kaye ne boude pas son plaisir de voir l’ancien chef de Tsahal, la légende des forces spéciales, légitimer son business. «Autour de cette table, il n’y pas de criminels, mais des entrepreneurs, des cultivateurs… et un Premier ministre qui crapotte, haha !»
 
Barak en rajoute une couche, évoquant «nos prophètes» qui utilisaient «très probablement» des produits à base de chanvre. «On redonne vie à une vieille tradition !» assure-t-il, avant d’étreindre un représentant de Shavit Capital, l’un des plus gros fonds d’investissement du pays. Selon la presse spécialisée, les actions de l’ancien militaire dans InterCure lui aurait virtuellement rapporté 21 millions de shekels (plus de cinq millions d’euros) depuis sa prise de fonction en septembre.
A ses côtés, Yona Levy, PDG d’Alvit Pharma, autre prétendant au titre de futur géant de ce qu’on nomme ici l’«high-tech agromédicale», ose une comparaison plus contemporaine : «Le cannabis, c’est le nouvel Internet. On ne sait pas où ça va nous mener mais on sent que c’est the next big thing.
 
L’an passé, 20% de la population mondiale a pris du cannabis sous une forme ou une autre. Il y a dix ans, on parlait de dépénalisation en Israël : on y est quasiment. Cette année, durant les élections, la légalisation était au cœur du débat. Ça va vite...»
 
Au salon CannaTech
Dans les travées du salon, entre stands dédiés aux purificateurs d’airs, semences, huiles, gélules antidouleurs et autres cosmétiques, on s’échange des cartes de visite entre juristes et «responsables des investissements». «Regardez les gens autour de vous, l’arrivée de Barak dans le secteur a été un énorme signal», glisse une avocate au sourire bright. Son patron, Amir Goldstein, vétéran de la téléphonie mobile désormais à la tête d’International Medical Cannabis (IMC), numéro 2 du secteur, y voit l’héritage d’un savoir-faire typiquement israélien. Voire du «génie juif», de la tradition agronomique des pionniers sionistes (l’invention des tomates cerises…) aux start-ups des années 2000 : «On est à la pointe parce qu’on a le timing et le talent, martèle-t-il. Avec nos patients bien réels, la décennie de recherche et développement derrière nous nous donne une avance unique sur l’Amérique du Nord et l’Europe, en plus d’une compétence agricole et biochimique.»
 
Et puis surtout, comme le rappelle Kaye, le kilo de cannabis légal s’apprécie autour de 100 000 dollars. «C’est autre chose que le kilo de tomates ou d’avocat !» rugit l'entrepreneur. En quittant le salon, on croise devant l’entrée une quinqua avec des lunettes aux montures en forme de feuilles de ganja, gros pétard au lèvres – mais c’est elle qui détonne ici.
Des plants de marijuana au laboratoire de Breath of Life près de Kfar Pines, en mars 2016.
Business juteux
Dans les bars de Tel-Aviv, les effluves de weed font partie de l’ambiance. Selon une étude réalisée en 2017, les Israéliens entre 18 et 65 ans auraient le taux annuel de consommation de cannabis le plus haut du monde, autour de 27% de la population. Au-delà de l’usage thérapeutique, strictement encadré, la consommation récréative de cannabis s’y est largement banalisée ces dernières années, désormais seulement sujette à des amendes.
 
Les policiers ont désormais consigne de se concentrer sur les cultivateurs et dealers, et de n’agir sur les fumeurs que lorsqu’ils tirent sur leur joint dans des «lieux publics exposés». Néanmoins, la question de la légalisation, notamment pour la culture à usage privé, reste primordiale pour une partie des aficionados de la plante, représenté par le parti Feuille verte. Lequel a jeté l’éponge lors des dernières élections, laissant le fantasque et inquiétant Moshe Feiglin s’emparer de cette revendication. Son parti Zéhout, mélange de messianisme antiarabe forcené et de libertarianisme californien, a jeté le trouble dans les sondages, poussant même le Premier ministre Benyamin Nétanyahou à concéder «réfléchir à la légalisation». Depuis, le soufflet est retombé : annoncé faiseur de roi, Feiglin n’a pas réussi à franchir le seuil d'éligibilité.
 
Mais pour les grosses firmes, telles celles réunies à CannaTech, c’est du côté de l’étranger que les fortunes sont à faire, le marché israélien étant destiné à rester confidentiel face aux Etats-Unis, où le cannabis est partiellement ou entièrement légal dans trente Etats sur cinquante, ainsi qu’au Canada, qui a sauté le pas fin 2018 sur le récréationnel. En attendant l’Europe… Pour Shmuel Ben Arie, chef des investissements israéliens pour le fonds Pioneer Wealth, «il suffit de prendre une carte et regarder les pays dont les dirigeants sont nés après 1965 : c’est là que ça va bouger».
 
Depuis les années 2000, le ministère de la Santé israélien investit dans la recherche et autorise le traitement de certaines maladies à base de cannabinoïdes. Aujourd’hui, environ 38 000 Israéliens sont traités ainsi (nombre qui devrait quadrupler dans les prochaines années), pour des maladies allant de Parkinson à l'épilepsie et la maladie de Crohn, ainsi que les douleurs chroniques, liés aux chimiothérapies ou les soins palliatifs. Des tests prometteurs sur l’autisme et l’Alzheimer sont en cours, Israël restant le leader incontesté dans le domaine de la recherche cannabique, grâce à une législation très progressiste sur les essais cliniques.
 
Braquage
Cependant, l’idée qu’Israël va inonder le monde de ses cannabinoïdes ultrasophistiqués pourrait n’être qu’un mirage. Plusieurs pays ont pris le parti de développer leur propre marché, à l’échelle industrielle au Canada ou plus embryonnaire en Scandinavie. Et s’il ne s’agit pas d’une simple «bulle», il y aura peu d’élus, met en garde Ben Arie. En effet, en ne donnant le feu vert à l’export que fin janvier après avoir traîné des pieds – Nétanyahou et son ministre de l’Intérieur y ont longtemps été opposés – le gouvernement a instauré une série de régulations draconiennes, qui ont privé plusieurs acteurs historiques de permis et devraient repousser les premières livraisons à l’étranger, au mieux, à la fin de l’année.
  Tamir Gedo, le directeur-général de Breath of life
Désormais, l’exploitation «verticale» du cannabis, des champs à la vente, nécessite quatre homologations : une pour l’agriculture, une pour la transformation, une pour la distribution et une dernière pour la sécurité des installations. Fin mars, le premier braquage d’une ferme de cannabis médical a eu lieu dans le nord d’Israël, des assaillants masqués parvenant à neutraliser les gardes. Un scénario que redoutait le ministère de l’Intérieur et qui pourrait se reproduire avec la production exponentielle des années à venir. Pour l’heure, seule une société israélienne a réussi à décrocher tous les permis, Breath of Life.
 
Son directeur-général, Tamir Gedo, qui aime faire précéder son patronyme du titre «Docteur» (bien que celui-ci soit docteur en «économie comportementale» plutôt qu’en sciences), fait figure d’oracle sur la question cannabique. Lui aussi est dubitatif face à la multiplication des acteurs. «Tout à coup, on voit arriver beaucoup de coquilles vides avec des noms ronflants, assène le patron. Le monde de la finance a enfin compris qu’il y a là un business réglo et c’est la course à la levée de fond et aux promesses intenables. Mais je dis aux investisseurs : si vous voyez des politiciens à la tête d’une boîte qui ne produit quasi rien mais fait du bruit, passez votre chemin…»
 

A Tikun Olam, l'un des pionniers du cannabis israélien. Le gouvernement l'a fermé en novembre pour cause d'«infrastructure inadaptée».
Jusqu’à l’instauration des nouvelles règles, huit cultivateurs avaient reçu l’aval de l’Etat, et vendaient directement aux consommateurs. «Le temps des fleuristes romantiques qui voulaient changer le monde, c’est fini, lâche Gedo. La barrière est plus haute, il s’agit maintenant d’une branche de l’industrie pharmaceutique. On doit vendre des produits stables, raffinés, pas de simples plantes. Il y aura toujours des boutiques de niche pour faire du récréatif, mais pour le reste, c’est comme la révolution industrielle, ceux qui durent sont ceux qui évoluent.» Ainsi, Tikun Olam, l’un des pionniers et plus gros fournisseur du pays, a vu son exploitation fermée par le gouvernement en novembre pour cause d’«infrastructure inadaptée». De retour d’Europe, Gedo considère que le marché du cannabis médical est encore «à ses balbutiements». Mais que d’ici trente ans, «le monde occidental finira par s’y résoudre». Il s’y voit déjà.
 
A Tikkun Olam, en 2012. (Photo Menahem Kahana, AFP)
Micmacs, crime et botanique
Le «fleuriste romantique», c’est lui. Agé de 70 ans, la peau mate creusée par des rides profondes, Nissim Krispil est un botaniste reconnu en Israël, ainsi qu’un ancien taulard. Lorsqu’on le rencontre en banlieue de Tel-Aviv, dans un café au pied d’une déprimante cité de béton, il est sorti de prison depuis presque six mois, et vit «chez une copine». Trois ans plus tôt, Krispil recevait un prix de l’université Ben Gourion, l’une des plus prestigieuses du pays, pour ses travaux sur la flore locale. Autodidacte et parfaitement arabophone (il est né au Maroc), Krispil, qui se définit comme un «ethno-botaniste», a consacré vingt ans au recensement des plantes d’Israël et de Palestine, archivant les connaissances «des guérisseurs, marabouts, fermiers et autres médecins palestiniens» sur leur usage. «Quinze livres et une encyclopédie en cinq volumes», revendique-t-il.
 
Mais en novembre 2016, c’est à un autre type d’honneur qu’il a droit : au petit matin, une quarantaine de policiers en Hummer déboule dans son torpide moshav (une communauté agricole) du centre d’Israël. Deux chiens sont lâchés, mais Krispil sait ce qu’ils cherchent et conduit les officiers sur son toit. C’est là qu’il fait pousser un millier de plants de cannabis, destinés, insiste-t-il, à ses recherches. Sans avoir averti les autorités ni mis au point de protocole scientifique. En toute illégalité donc. «Ils ont tout embarqué et pesé : il paraît qu’il y’en avait pour 90 kilos, raconte-t-il. Pour eux, c’était un vrai laboratoire criminel, et j’ai été directement mis en prison.»
 
Préparation de cannabis thérapeutique à Breath of life.
Très zen, Krispil prend l’expérience à l’ombre comme celle du mektoub (le destin, en arabe), en plus d’«une opportunité de faire de l'anthropologie in situ». Ça ne l’empêche pas de trouver l’addition salée. Après un mois sous les verrous, douze autres avec bracelet électronique en attendant le procès pour être finalement condamné, fin 2017, à un an de prison ferme et une amende d’un million de shekels (250 000 euros). Ses deux voitures sont saisies, ainsi que sa maison. «La juge a été très dure. On a fait de moi un trafiquant alors que je n’ai pas vendu un gramme, un criminel alors que la moitié de la population [en réalité, plutôt un quart, ndlr] fume tous les jours, et que des milliers de personnes se soignent au cannabis ! Que je sache, je n’ai pas fait plus de mal que si j’avais des tomates sur mon toit.»
 
«On vous met en taule pour un peu de jardinage»
Krispil raconte que ses «recherches» portaient sur une variété de cannabis ramenée du Maroc, où pendant une dizaine d’années, il a cherché à retrouver les derniers Juifs vivant dans les villages agricoles du Rif. «C’est là que j’ai découvert que les Juifs ont grosso modo organisé le commerce de la marijuana au XVIIe siècle. Il y avait même des avis rabbiniques sur que faire avec les Arabes qui n’ont pas payé leur cannabis…» De ses pérégrinations dans les années 90, il revient avec des graines «rares et anciennes», qu’il conserve soigneusement et décide de mettre en culture, vingt ans plus tard, après s'être documenté sur Internet à propos des «effets miracles» du cannabis sur certains cancers. Ses contacts dans le milieu de la médecine alternative lui envoient leurs cas les plus désespérés, pendant qu’il met au point un «thé médicinal». En tout, plus d’une trentaine de personnes auraient bénéficié de ses plantes et de ses soins, sans contrepartie. «Les résultats étaient très positifs», assure-t-il.
 
Mais dans sa volonté de «professionnaliser» le milieu pour en faire un business aussi lucratif que présentable, l'Etat israélien fait montre de la même sévérité pour les cercles organisés de deal (comme le réseau Telegrass, où les commandes se passaient sur l’appli chiffrée Telegram jusqu’à son démantèlement en avril) que les amateurs un peu idéalistes comme Krispil. «C’est idiot, poursuit-il. D’un côté, Israël veut devenir le plus grand dealer de cannabis du monde, de l’autre, on vous met en taule pour un peu de jardinage. Dans un futur proche, des milliers de gens feront comme moi, tout le monde le sait. Mais l’Etat ne veut pas de la légalisation qui ferait baisser les prix et rendrait les médicaments plus accessibles.
 
Ce qui se joue aujourd’hui c’est la création d’un quasi-monopole pour une poignée de firmes, qui ne fera que renforcer le marché noir.» Et de se réjouir, goguenard, que son «prestige» nouvellement acquis lui vaut désormais d’être courtisé par plusieurs compagnies pour travailler comme consultant. «L’Etat va finalement faire de moi un plus gros producteur de cannabis que s’il m’avait laissé tranquille. Mais mon rêve, c’est de retourner au Maroc, où j’ai la citoyenneté. Je déteste ce que devient ce pays…» Quitte à tourner le dos aux fourmis industrieuses de l'or vert, à la recherche d'un illusoire pays de Cocagne enfumé.
 
Texte : Guillaume Gendron, à Tel-Aviv
Photos : Jack Guez (AFP) sauf mention contraire.
Production : Libé Labo
 
Source: liberation.fr
 
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Jamaïque: à la recherche de la ganja perdue
Par mrpolo,
Une ganja suprême, fumée par les rastas et Bob Marley lui-même dans les années 1970? Ce fantasme de tout amateur de cannabis qui se respecte est en phase de (re)devenir une réalité grâce aux talents d'horticulteur d'un scientifique en Jamaïque.
 
photo: Le docteur Machel Emanuel annalyse des plantes de cannabis sur le campus de l'université des Indes occidentales de Kingston, le 18 mai 2019  - afp.com - Angela Weiss  
Au milieu des manguiers, litchis et autres jacquiers, le docteur Machel Emanuel présente des dizaines de mètres carrés de plants de cannabis, cultivés en plein air, en serre ou dans son labo du jardin botanique du département de Biologie de l'université des Indes occidentales de Kingston.
Sa spécificité: le cannabis landrace, qui a poussé naturellement en Jamaïque avant de disparaître à cause des interventions de l'homme.
"Dans les années 1950, 60 et 70, la Jamaïque était connue pour ses variétés cultivées de landrace", explique à l'AFP le docteur rasta, longues dreadlocks dans le dos.
 
Une plante adaptée à son environnement et "aux caractéristiques assez uniques, en raison de sa fleur, de son odeur, de son goût et même de l'euphorie", qu'elle provoque chez son consommateur, décrit-il.
Bob Marley, Peter Tosh et Bunny Wailer (les membres fondateurs du célèbre groupe de reggae The Wailers) consommaient cette variété moins forte que le cannabis moderne créé artificiellement, en raison d'un taux de THC moins élevé, assure-t-il dans l'ambiance apaisée et tropicale de son petit jardin d'Eden -- ou de Jah, pour les amateurs de clichés.
Mais dans les années 1980, en raison de la lutte contre la drogue soutenue par le gouvernement américain, cette plante plus facilement repérable en raison de sa grande taille est détruite et sa culture abandonnée. Progressivement, ce sont des plantes hybrides, plus facilement dissimulables, qui la remplacent.
 
Le docteur Machel Emanuel dans un champs de cannabis du département de Biologie de l'université des Indes occidentales de Kingston afp.com - Angela Weiss  
- Viens voir le docteur -
 
Intervient alors le docteur Emanuel. Ce Dominiquais de 35 ans cultive du cannabis depuis 2001 et s'est installé en Jamaïque pour ses études en 2007. Sa spécialité: l'horticulture et l'adaptation des plantes à leur climat.
Lui-même amateur de ganja -- qu'il ne fume pas mais consomme par vaporisation ou aromathérapie --, il s'est mis en tête de retrouver cette variété landrace et de la reproduire dans son labo, où trônent des photos de l'empereur éthiopien Haïlé Sélassié, considéré comme un messie par les rastas.
 
La quête ne fut pas aisée: des graines de landrace ont été disséminées aux quatre coins des Caraïbes pendant des années. Ses recherches l'ont notamment amené en Guadeloupe, à la Trinité et en Dominique, à la rencontre de rastas vivant à la campagne et possédant des restes de ces plantes.
Le bon docteur se souvient notamment d'avoir trouvé dans une montagne un homme "qui n'avait pas eu de contact avec la civilisation depuis 40 ans. J'ai marché six heures pour arriver jusqu'à lui". Et repartir avec le précieux sésame.
 
Une fleur séchée ("tête") de cannabis afp.com - Angela Weiss  
- Du monde sur la corde à linge -
 
Ses recherches ne sont pas uniquement faites par amour de l'horticulture. Le scientifique a développé tout un plan marketing pour les accompagner.
Une herbe "pure" et ancienne, consommée par Bob Marley, référence s'il en est en la matière... Le tableau a de quoi séduire les amateurs de fumette dans les pays et régions qui l'ont légalisée, comme au Canada ou certains Etats américains.
"Il y a un intérêt nostalgique qui pourrait être ajouté grâce au marketing", détaille le biologiste. "La réputation de la Jamaïque s'est faite sur ces plantes".
"On pourrait avoir un produit unique basé sur une indication géographique, comme le champagne en France, pour vendre le cannabis jamaïcain", envisage-t-il même.
En attendant, affirme-t-il, entreprises et particuliers, par l'odeur alléchés, tapent à sa porte.
 
Du cannabis cultivé par aéroponie dans le département de Biologie de l'université des Indes occidentales de Kingston afp.com - Angela Weiss  
Mais le scientifique reste prudent, notamment en raison des droits de propriété intellectuelle: "Comment l'université (qui finance ses recherches, ndlr) ou les agriculteurs qui ont préservé ces graines seraient crédités?"
Car son créneau, en adéquation avec l'idéologie rastafarienne, est celui du commerce équitable.
"Le consommateur sera prêt à acheter des produits respectant une morale, une éthique, et un processus de culture, biologique ou végétarien", énumère-t-il, en mettant en avant les "connotations naturelles" de son produit.
Outre ces considérations, "il pourrait y avoir un avantage économique à cultiver ces plantes" dans leur habitat naturel, où elles sont "plus résistantes et poussent plus facilement".
"On n'achète pas le bonheur", résume-t-il. "Mais on peut acheter de l'herbe".
  Par Leo MOUREN © 2019 AFP   Source: tv5monde.com   On en parle sur le forum
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Pétanque en compétition : le fléau du cannabis
Par mrpolo,
Lucien Anglade (président du comité départemental de pétanque de Haute Loire) ne mâche pas ses mots. Au-delà de l’alcool, il existe un autre fléau dans la pratique de la pétanque en compétition : la drogue et en particulier le cannabis.    
C’est quelque chose de très pénalisant pour les joueurs qui tombent sur des individus sous l’emprise de produits stupéfiants.
Le président du comité départemental de pétanque fait allusion à ce phénomène nouveau, qui voit apparaître des joueurs, fumant de l’herbe ou de la résine de cannabis avant et même pendant une partie.

Le règlement de la FFPJP interdit aux joueurs de fumer sur un terrain, pendant la phase de jeu.
Mais certains détournent cette contrainte : « ça se voit et ça se sent ». Alors quel est le problème, au-delà de l’aspect légal, moral et de la santé ? Il est de l’ordre de l’équité. Clairement, du dopage.
 
Il n’y a plus de stress
  « Leur performance est quintuplée par le produit »
Lucien Anglade
« On est nombreux à avoir fait le même constat. Il n’y a plus de stress. Sur une partie très importante, avec une qualification à la clef ou une victoire en finale, l’enjeu fait monter la pression ».

Et d’ajouter, en référence à une partie vécue en observateur averti : « Certaines personnes, excellents tireurs dans un contexte sans enjeu, perdent tous leurs moyens sous l’effet du stress. Ils ne tapent plus une boule ou seulement une sur deux. Alors qu’en fumant du cannabis ou autre chose, ils sont sur un petit nuage et enchaînent les piles. Ça change tout ! »

Des contrôles antidopage sont bien organisés par la FFPJP, mais presque exclusivement sur les championnats de France et les plus gros concours nationaux. 
 
Cédric Dedieu
Source: leveil.fr/puy-en-velay
 
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Le cannabis thérapeutique sera expérimenté en France "dans les prochaines semaines"
Par mrpolo,
Alors que le débat organisé le 28 mai au Sénat s’est conclu à la quasi-unanimité des parlementaires en faveur de l’usage du cannabis médical, ce dernier sera expérimenté pendant "environ deux ans" dès que le ministère de la Santé l’aura validé.
Photo d'un magasin vendant du cannabis à usage thérapeutique dans une boutique spécialisée à Annœullin, près de Lille, le 30 mai 2018. Philippe Huguen, AFP   Expérimentation imminente. L’usage thérapeutique du cannabis pourrait bientôt devenir une réalité légalement encadrée pour des centaines de milliers de patients français souffrant de fortes douleurs à cause d’une maladie. Selon les chiffres généralement avancés par les associations de patients, ils pourraient être entre 300 000 et 1 million dans ce cas.
"Il y aura environ deux ans d’expérimentation du cannabis à usage thérapeutique à partir du moment où on aura le feu vert et les financements du ministère de la Santé", explique le professeur Nicolas Authier, chef du service de pharmacologie médicale et du centre de la douleur au CHU de Clermont-Ferrand, contacté par France 24. Ce dernier préside depuis plusieurs mois le comité d’experts, créé par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), chargé d’évaluer “les modalités de mise à disposition” du cannabis thérapeutique et dont le rapport est attendu le 26 juin.
 
Cette expérimentation "va être mise en place assez rapidement, dans les prochaines semaines", affirme Jean-Baptiste Moreau, député (LREM) de la Creuse contacté par France 24, qui voit d’un bon œil le cannabis à usage thérapeutique. Il explique : "L’enjeu, c’est d’arriver à ce que la production [de ces produits pharmaceutiques, NDLR] soit assurée par une filière franco-française". De préférence dans son département, en quête d’un nouveau souffle économique, et dont certains élus ont déjà demandé, en 2018, au gouvernement l’autorisation d’y cultiver et d’y exploiter du cannabis à usage thérapeutique.
 
  Une expérimentation sous conditions
 
Mais les conséquences économiques attendues d’une telle expérimentation ne sont pas encore à l’ordre du jour. "Pour l’instant, il n’y a pas d’autorisation de produire du cannabis thérapeutique en France", rappelle Nicolas Authier, qui poursuit : "[Les cultures] se feront en champ fermé, sous serre, et nécessiteront des investissements importants. De plus, il va falloir maîtriser leur température, leur humidité et leur ensoleillement, ce ne sera pas de l’agriculture conventionnelle".
Pendant l’expérimentation, qui pourrait durer théoriquement jusqu’au deuxième trimestre 2021, "il est probable qu’on soit obligé d’importer des préparations pharmaceutiques [de pays où le cannabis thérapeutique est légalisé, NDLR] le temps que la filière franco-française se structure", explique le président du comité d’experts de l’ANSM.
Deux impératifs devront être respectés pour ces productions médicales : la maîtrise des cultures, d'abord, et le respect des règles européennes pour la production de médicaments à qualité constante ensuite.
 
L’usage de cannabis thérapeutique sera par ailleurs strictement encadré. Les médecins traitants ne le prescriront "qu’en dernière intention, quand les autres traitements thérapeutiques [à base d’antalgiques par exemple, NDLR] déjà disponibles auront été expérimentés", précise le Pr Authier. L’ANSM a aussi ciblé, dès décembre 2018, le public qui pourra recourir au cannabis thérapeutique : les personnes atteintes de cancers, de certaines formes d’épilepsie, de scléroses en plaque, en soins palliatifs ou encore "ayant des douleurs réfractaires aux thérapies accessibles".
 
 
"Il faudrait probablement élargir par la suite le spectre des maladies ciblées", estime Esther Benbassa, sénatrice EELV à l’initiative du débat sur le cannabis thérapeutique cette semaine au Sénat, contactée par France 24. Mais augmenter le nombre de personnes pouvant expérimenter le cannabis thérapeutique pourrait-il avoir comme conséquence d’ouvrir la voie à un détournement de l'objectif initial ? "Le risque que le cannabis thérapeutique soit détourné pour un usage récréatif est extrêmement faible", estime Nicolas Authier, le chef de service du centre de la douleur au CHU de Clermont-Ferrand.
 
Pas question de légaliser le cannabis à usage récréatif
 
Au-delà de soulager de leurs souffrances des personnes touchées par la maladie, le cannabis thérapeutique pourrait être la porte d’entrée, le "cheval de Troie" devant ensuite servir à la légalisation du cannabis à usage récréatif, comme s’en inquiétaient le 28 mai des sénateurs Les Républicains.
 
"Ce ne sont pas les mêmes usagers et pas les mêmes finalités. Ceux qui prennent de la codéine pour des douleurs, et ceux qui fument de l’opium consomment la même substance, mais n’en ont pas le même usage. Dans le même sens, la qualité du cannabis thérapeutique n’est pas la même que celle des personnes cherchant à avoir des effets psychoactifs", prévient le Pr Authier. Il y aura par exemple moins de THC [Tétrahydrocannabinol]– le cannabinoïde le plus abondant et le plus présent dans la plante de cannabis – dans le cannabis médical que dans celui qui est fumé régulièrement par 11 % des Français âgés de 18 à 64 ans, selon l’OFDT.
 
Les modifications réglementaires à venir – quand le ministère de la Santé aura donné le feu vert – ne permettront qu’une expérimentation médicale, qui n’a pas vocation à être généralisée à tous les usages. "Le cannabis thérapeutique n’est pas une drogue, ce sont des médicaments, précise Nicolas Authier. La question de sa légalisation ne se posera pas avant 2021, dans la continuité de cette expérimentation".
 
Rien à voir, donc, avec une éventuelle légalisation du cannabis à usage récréatif, pour lequel le législateur gardera toute latitude. Le député Jean-Baptiste Moreau demandera "bientôt" une mission d’information sur les différents usages du cannabis en France. "On parle de cannabis thérapeutique pour le moment, mais à terme, il faudra aller vers le cannabis bien-être [des huiles, compléments alimentaires... avec un taux de THC très faible, NDLR]”, explique-t-il.
 
Source: france24.com
 
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Belgique - Les boutiques qui vendent du cannabis "récréatif" CBD perdent des clients
Par mrpolo,
Depuis que le cannabis "récréatif" sans substance hallucinogène est toléré, les magasins se sont multipliés dans le centre-ville de Bruxelles. Pourtant, jusqu'ici, tous travaillaient sans cadre légal.
 
 
Photo: Les boutiques qui vendent du cannabis récréatif perdent des clients - © RTBF
 
Une législation flambant neuve
Depuis le mois d’avril une nouvelle législation considère le cannabis récréatif CBD comme un produit à tabac. Il est donc soumis aux mêmes accises et contrôles. Au centre de Bruxelles, Green Day est l’un des rares commerces du quartier à se conformer au nouveau dispositif légal. Michaël Dunod, le gérant, explique : "On n’est plus dans un flou juridique, l’Etat nous met en cadre et il faut travailler en conséquence."
 
Sur tous les produits à fumer vendus dans ce magasin est collée une vignette fiscale.
Tout est déclaré, le prix est fixe et qualité contrôlée. "Le client connaît désormais la provenance du produit et il sait qu’il subit des contrôles, sur l’étiquette on retrouve le taux de CDB qui doit être inférieur à 7%."
 
Un impact sur les ventes
Mais pour l’instant, le chiffre d’affaires du magasin est en chute libre. La quinzaine de concurrents du quartier vend encore des produits détaxés. En suisse ou un système identique fonctionne 90% des commerces de départ ont disparu. Seuls les magasins à la gamme de produits diversifiés ont atteint un seuil de rentabilité.
 
Source: rtbf.be
 
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Cannabis thérapeutique : Esther Benbassa ouvre le débat
Par mrpolo,
À la veille d’un débat sans vote au Sénat sur le cannabis thérapeutique demandé par le groupe CRCE, la sénatrice EELV Esther Benbassa a invité scientifiques et représentants associatifs devant la presse. Pour eux, il y a urgence.
 
La France est aujourd’hui l’un des rares pays européens à ne pas avoir légalisé le cannabis thérapeutique. Pourtant, il pourrait concerner entre 300 000 et 1 million de patients. Des scientifiques et représentants d’associations de malades étaient invités par la sénatrice EELV du Val-de-Marne Esther Benbassa à témoigner devant la presse avant le débat sans vote dans l’hémicycle mardi 29 mai sur « le cannabis thérapeutique, un enjeu majeur de santé publique ».
« Le cannabis m’a permis de reprendre une vie sociale ».
Les malades aujourd’hui ne peuvent pas utiliser du cannabis à visée thérapeutique. Il est pourtant essentiel dans l’atténuation des douleurs de certaines maladies, qui n’arrivent pas à être apaisées par la médecine traditionnelle. Mado Gilanton, porte-parole d’Espoir Imminent et présidente d’Apaiser S&C, expliquait que dans son association, trois malades s’étaient suicidés en avril à cause des douleurs. Elle-même souffrante d’une lésion de la moelle épinière, est revenue très émue sur son histoire, et comment le cannabis a été un moyen efficace de calmer ses souffrances. « Le cannabis m’a permis de reprendre une vie sociale ».
 
 
Elle s’est indignée du tabou qui règne sur le cannabis dans le milieu médical. « On sait qu’il y a des livraisons dans les services de chimio thérapie. On le sait. On sait que des médecins recommandent aux patients en phase terminale de prendre du cannabis. Les politiques doivent prendre leurs responsabilités », a-t-elle lancé.
Le Docteur Olivier Heinzlef, par ailleurs président de la Ligue contre la sclérose en plaques, a expliqué que ses patients aussi se soulageaient grâce au cannabis de leurs douleurs. « Les patients utilisent le cannabis, mais en réalité, on a très peu d’études sur les risques d’effets secondaires. Il faut une expérimentation », a-t-il expliqué. Un argument de santé publique également avancé par Mado Gilanton. Olivier Heinzlef a été rejoint par l’addictologue Didier Joyle : « C’est incroyable qu’il n’y ait pas eu d’expérimentation et de recherche sur le sujet. »
 
 
Bechir Bouderbala, du collectif Alternative pour le Cannabis à visée Thérapeutique (CACT) qui regroupe plusieurs associations, dont Act-up et AIDES, s’est lui insurgé sur la situation des consommateurs à visée médicale, qui sont considérés comme des délinquants. « La légalisation du cannabis n’est pas un débat de société. L’état doit protéger les plus faibles. Aujourd’hui, il les condamne », a-t-il lancé, prenant pour exemple une mère de famille malade qui aurait perdu l’autorité parentale parce qu’elle possédait des plants de chanvre utilisés à visée thérapeutique.
 
Le représentant associatif plaide pour la mise en place d’une circulaire de dépénalisation du cannabis dans ces cas précis, sur le modèle de la « circulaire Guigou ». « Il faut cesser la répression et le désordre social qu’elle provoque », explique Bechir Bouderbala. Néanmoins, Esther Benbassa concentrera son intervention dans le débat de mardi sur la molécule du cannabis dans son usage pharmaceutique, et donc plus encadré.
 
« Certains médecins sont frileux, car ils considèrent que la législation à visée thérapeutique serait un cheval de Troie pour la législation globale » a souligné Didier Joyle, addictologue. Le Professeur Amine Benyamina a dénoncé quant à lui les médecins qui « n’agissent pas comme des scientifiques, mais comme des citoyens ».
 
 
Une expérimentation à grande échelle annoncée
Pourtant, il y a un peu plus d’un an, la ministre de la Santé Agnès Buzyn ouvrait la voie au cannabis thérapeutique (voir notre article). À l’époque, Alain Milon, président LR de la commission des affaires sociales, estimait également qu’il n’y avait « aucune raison de s’opposer à un progrès thérapeutique dès lors que l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Haute autorité de Santé donnent leur accord. Mais les problèmes tournent toujours autour des questions de dosage et de prescription » rappelait-il.
 
Depuis ces deux déclarations, les choses ont légèrement avancé. Puisque l’ANSM a mis en place un comité dédié à la question du cannabis thérapeutique, qui a jugé début décembre 2018 qu’il était « pertinent d'autoriser l'usage du cannabis à visée thérapeutique (...) dans certaines situations cliniques et en cas de soulagement insuffisant ou d'une mauvaise tolérance » des traitements existants ».
 
 
C’était la première étape dans l’agenda voulu par la ministre Agnès Buzyn. Le comité de l’ANSM se réunit désormais jusqu’à juin afin d’étudier les modalités de mises à disposition dans le cadre de la phase expérimentale du cannabis en France. Le 28 du mois, il lancera selon Didier Joyle une grande expérimentation du cannabis thérapeutique sous différentes formes. « C’est un premier grand pas, souligne l’addictologue. Nous avons une fenêtre de tir pour faire avancer les choses ».
 
Même s’il n’y aura aucun vote demain, Esther Benbassa est confiante sur les débouchés politiques du dossier. Elle a reconnu les avancées faites avec la ministre de la Santé, et voit le débat de demain comme « le moment pour donner un coup de pouce supplémentaire ». « On est dans l’urgence », s’alarme quant à elle Mado Gilanton, et alerte : « Si cette expérimentation n’est pas mise en place, c’est l’ouverture totale aux marchés parallèles qui risque de se produire ».
 
Par Ariel Guez
Source: publicsenat.fr
 
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