La Colombie se lance massivement dans la production de cannabis médical
Par mrpolo, dans International,

Pionnière dans l'exportation de cannabis de contrebande dans les années 1960-1970, elle entend désormais s'emparer du marché légal.

Un plant de cannabis destiné à un usage thérapeutique | Miguel Medina / AFP
 
Dans les serres de Clever Leaves, vêtu·es de blouses et de gants en caoutchouc, une casquette vissée sur la tête, les employé·es s'affairent: elles arrosent, taillent et coupent des plants de cannabis, qui atteignent généralement une hauteur d'un mètre cinquante avant la récolte. Les fleurs seront par la suite séchées puis broyées, afin de donner une poudre qui sera transformée dans un laboratoire en huiles, en essences ou en cristaux.
Depuis 2016, le gouvernement colombien a légalisé la marijuana à des fins médicales, et les entreprises comme Clever Leaves (« Feuilles intelligentes ») fleurissent sur le marché. Avec seize hectares de plantations de cannabis dont elle entend étendre la superficie jusqu'à quatre-vingt d'ici 2021, la jeune compagnie cherche à se tailler une place sur le marché mondial.
De la contrebande aux industries pharmaceutiques
Si l'exportation de produits vers les États-Unis reste illégale, le Canada ou la Grande-Bretagne sont des destinations de choix. Surtout, la Colombie est un terrain propice pour la culture de cannabis, et ce pour des raisons aussi bien historiques que géographiques.
 
Proche de l'Équateur, le pays bénéficie de douze heures de soleil par jour, ce qui allège considérablement les charges en matière d'éclairage artificiel que doivent assumer les autres pays producteurs. La terre coûte peu cher, de même que la main d'œuvre, et celle-ci est encore abondante en travailleur·euses agricoles qualifié·es –culture des drogues oblige.
Dans les années 1960-1970, le cannabis de contrebande, principalement cultivé dans les montagnes de la Sierra Nevada, près de la côte des Caraïbes, était exporté par tonnes aux États-Unis. Les années 1980 et 1990 lui avaient préféré la cocaïne, Pablo Escobar changeant son fusil d'épaule, mais avec la légalisation du cannabis à usage thérapeutique, un nouveau marché, cette fois-ci bien légal, s'est ouvert.
Investissement et exportation
Au sein de l'Association colombienne des industriels du cannabis, Asocolcanna, vingt-neuf sociétés ont déjà investi plus de 600 millions de dollars (environ 540 millions d'euros) pour construire des infrastructures liées à culture du cannabis à fins médicales.
Cette situation attire également des investisseurs étrangers, comme Khiron, une entreprise canadienne fondée en 2017 et basée à Bogota, qui possède également des plantations au Chili et en Uruguay. La bureaucratie colombienne demeure néanmoins un obstacle non négligeable, l'obtention des permis et des licences appropriées pouvant prendre des mois voire des années.
 
Pour Julián Wilches, cofondateur de Clever Leaves, ce nouveau rayonnement mondial de la Colombie en matière de drogues médicales et légales change les modèles habituels, selon lesquels «les produits pharmaceutiques venaient toujours du Nord, pour aller vers l'Amérique du Sud, l'Afrique et l'Asie». Avant 2016, il travaillait pour le ministère de la Justice, dans la lutte contre l'industrie des stupéfiants illégaux.
 
Source slate.fr
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Maroc : le débat sur la légalisation de la production de cannabis relancé
Par mrpolo,
Le conseil de la région du Nord a donné cet été son aval au lancement d'une nouvelle étude sur l'opportunité de légaliser la culture du cannabis, dont les revenus pourraient se chiffrer en centaines de millions d'euros pour cette zone d'importante production. Jeune Afrique analyse les enjeux d'une telle mesure.

Des plants de cannabis dans les montagnes du Rif, au Maroc (image d'illustration). © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA
Au début de l’été, le conseil de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma a voté en faveur de la commande d’une étude sur les opportunités de cultiver du cannabis dans la région. Le rapport serait confié à l’Institut scientifique de l’Université Mohammed V à Rabat, pour un coût avoisinant le million de dirhams (plus de 90 000 euros), mais le ministère de l’Intérieur doit encore donner son feu vert.
 
« Même les élus du PJD (parti islamiste au gouvernement à l’échelle nationale, mais dans l’opposition au sein du conseil régional) ont voté en faveur de la proposition du président de région, Ilyas El Omari », se réjouit Abdelmonaim Elbarri, figure du Parti authenticité et modernité (PAM) dans le Nord. La production de cannabis marocain est quasi exclusivement réalisée dans le Rif, dont Al Hoceima est l’une des principales villes. Selon le ministère de l’Intérieur, au moins 90 000 ménages vivent de la production de cannabis dans la région. Un certain nombre d’analystes avancent des chiffres encore plus importants.
 
Par Arianna Poletti et Jules Crétois
Source: jeuneafrique.com
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Les Pays-Bas s'orientent vers la légalisation de la production de cannabis avec un essai de quatre ans en coffeeshops
Par mrpolo,
Longtemps connus pour leur attitude détendue à l'égard de la consommation de drogues douces, les Pays-Bas prennent actuellement des mesures expérimentales pour légaliser la production de cannabis.
 
 

 Actuellement, les coffeeshops néerlandais achètent auprès de fournisseurs illégaux ; le gouvernement veut maintenant éliminer la criminalité dans le commerce
Crédit : Robin Van Lonkhuijsen/AFP
 
Dix municipalités participeront à un essai de quatre ans où tous leurs coffeeshops - où la drogue peut être achetée et fumée - seront fournis uniquement par des producteurs réglementés.
Actuellement, à la frustration des forces de l'ordre et des autorités locales, l'usage personnel de cannabis est toléré mais la culture commerciale de cannabis est illégale. Plus de 550 coffeeshops dans tout le pays sont obligés d'opérer dans une "zone grise", en achetant à une chaîne d'approvisionnement criminelle.
 
Cette semaine, le ministre de la Justice Ferdinand Grapperhaus et le ministre de la Santé Bruno Bruins ont annoncé que les 79 coffeeshops d'Arnhem, Almere, Breda, Groningen, Heerlen, Hellevoetsluis, Maastricht, Nijmegen, Tilburg et Zaanstad vont commencer "l'expérience du cannabis en circuit fermé" en 2021.
L'expérience vise à contrôler la puissance de la drogue et à réduire la criminalité qui y est associée - ce qui, selon un rapport publié plus tôt cette semaine, s'est révélé hors de contrôle et a "sapé" Amsterdam. "La protection de la santé des consommateurs et des groupes vulnérables est une priorité absolue, et l'expérience portera une attention particulière à la prévention et à l'information ", ont écrit Grapperhaus et Bruins dans un exposé aux députés.
 
Paul Depla, maire de Breda, a déclaré au Telegraph qu'il était grand temps que les Pays-Bas mettent au point des lois antidrogue cohérentes. "Nous sommes très heureux que Breda puisse participer à l'essai sur le cannabis", a-t-il déclaré.
"Plus important encore, après des années passées à frapper à huis clos à La Haye, nous pouvons laisser derrière nous sa politique de tolérance à moitié mise en œuvre. C'est une politique qui fait dépendre les coffeeshops d'un marché illégal dominé par les criminels, où le consommateur ne sait absolument rien de la qualité du cannabis et de comment il est cultivé."
 
Peter Schouten, un avocat spécialisé en droit pénal de Breda, a lancé le projet C Holding BV avec un médecin généraliste, un politicien socialiste et un spécialiste des serres, et vise à cultiver 12 tonnes de cannabis par an pour ce projet.
"Nous avons commencé parce que nous ne pensions pas que la politique néerlandaise de vente légale par la porte d'entrée et de vente illégale par la porte arrière était une bonne chose ", a-t-il déclaré au Telegraph.
"Jusqu'à présent, il n'y a eu aucun contrôle gouvernemental et un million de consommateurs n'ont pas su ce qu'ils fumaient ou ce qu'ils vantaient. Le plus important, c'est que nous allons faire de l'herbe propre, le prix restera le même... et 30% de notre bénéfice net ira à des projets de traitement de la dépendance, à la recherche médicale et à une chaire universitaire sur l'herbe.'"
 
Bien que l'universitaire de l'académie de police néerlandaise Pieter Tops, qui s'est rendu au Canada pour tirer les leçons de la légalisation du cannabis, ait averti que cela n'a pas éliminé le crime organisé, certains experts en toxicomanie accueillent avec prudence cette expérience.
Tom Bart, un agent principal de prévention de l'organisme caritatif de lutte contre la toxicomanie Jellinek, a déclaré au Daily Telegraph : "L'avantage, c'est que la culture peut être réglementée et que les pesticides, les moisissures et la puissance des drogues peuvent être contrôlés, tandis que des fonds supplémentaires sont collectés pour prévenir et informer les utilisateurs des risques.
"Le risque est qu'il contribue à une plus grande consommation, mais je ne pense pas que ce soit trop important car le cannabis a été toléré depuis un moment déjà."
 
Amsterdam, Rotterdam, La Haye et Utrecht ne participent cependant pas à l'essai parce qu'il a été jugé trop difficile de faire participer tous les coffeeshops à ce projet.
 
Source: telegraph.co.uk
 
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Canada - La police aura-t-elle bientôt accès à un « alcotest » pour le cannabis?
Par mrpolo,
Alors que l’utilisation de la marijuana à des fins récréatives est légale au Canada depuis octobre dernier, et que de plus en plus d’États américains adoptent également des projets de loi en ce sens, les craintes se multiplient lorsque vient le temps d’envisager des solutions pour faire respecter les règles en matière de conduite avec les facultés affaiblies. De nouveaux travaux de recherche de l’Université de Pittsburgh pourraient toutefois changer la donne.
 

 
Une équipe interdisciplinaire du département de chimie et de la Swanson School of Engineering a mis au point un appareil, similaire à l’alcotest, qui peut mesurer la concentration de THC, l’agent psychoactif du cannabis, dans l’haleine de l’utilisateur. Les méthodes de détection actuelles s’appuient sur des échantillons de sang, d’urine ou de cheveux, et les tests ne peuvent donc pas être effectués sur le terrain. Ceux-ci ne peuvent également que révéler que l’utilisateur a récemment inhalé la drogue, pas qu’il se trouve sous son influence.
 
L’appareil a été développé à l’aide de nanotubes de carbone, des tubes 100 000 fois plus petits qu’un cheveu. La molécule de THC, ainsi que d’autres molécules présentes dans l’haleine, s’attachent à la surface des nanotubes et modifient leurs propriétés électriques. La vitesse à laquelle les courants électriques reviennent à la normale signale ensuite si du THC est présent. Des senseurs s’appuyant sur la nanotechnologie peuvent ainsi détecter du THC à des concentrations comparables ou plus basses que la spectrométrie de masse, qui est considérée comme la référence lorsque vient le temps de détecter cette molécule.
 
« Les nanotubes de carbone semiconducteurs que nous utilisons n’étaient pas disponibles il y a quelques années », mentionne Sean Hwang, principal auteur de l’étude. « Nous avons utilisé l’apprentissage machine pour « apprendre » au détecteur à reconnaître la présence de THC en s’appuyant sur le délai de retour à la normale des courants électriques, même lorsque d’autres substances sont présentes dans l’haleine, comme l’alcool. »
 
Lors de la mise à l’essai du prototype de l’équipe, qui ressemble fortement à un alcotest traditionnel, avec un boîtier en plastique et un endroit où souffler, l’appareil a été en mesure de détecter du THC dans un échantillon qui contenait aussi du dioxyde de carbone, de l’eau, de l’éthanol, du méthanol et de l’acétone. Les scientifiques vont poursuivre leurs essais, mais espèrent pouvoir rapidement passer à l’étape de la fabrication et de la mise en marché.
Les résultats des travaux ont été publiés dans ACS Sensors.
 
Source: pieuvre.ca
 
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L'histoire de la légalité du cannabis est indissociable de l'histoire coloniale
Par mrpolo,
Aux origines de son interdiction, une association stigmatisante entre musulmans, haschisch et criminalité.

La prohibition du cannabis en France a une histoire teintée de racisme et de ségrégation. | Francois Nascimbeni / AFP
 
L'été 2019 aura été particulièrement fécond en réflexions et rebondissements autour de la modeste Marie-Jeanne, plus connue sous le nom de cannabis. Son statut juridique a suscité les passions en France, pays d'Europe où elle est par ailleurs particulièrement consommée malgré son illégalité.
Ainsi, le 19 juin, soixante-dix personnalités –économistes, médecins et élu·es– ont publié une lettre ouverte dans L'Obs appelant à sa légalisation. Y était notamment dénoncé l'échec des politiques prohibitionnistes.
Quelques jours après, des économistes conseillant le Premier ministre publiaient un vademecum intitulé «Cannabis: comment reprendre le contrôle?».
 
Allant dans le même sens que la lettre ouverte, ce document soutient que la politique de la France en la matière a été un échec et appelle l'État à créer un «monopole public de production et de distribution du cannabis».
 
En juillet, c'était au tour de l'Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) de s'exprimer. Elle a ainsi approuvé le lancement d'essais médicaux sur le cannabis en France –réclamés depuis 2013 par de nombreux médecins et activistes.
Ce mouvement fait écho à celui qui, aux États-Unis, a finalement conduit une douzaine d'États à légaliser et réglementer le cannabis depuis 2014.
Mais en France, les responsables politiques comme les intellectuel·les ont, à mon sens, éludé du débat l'histoire coloniale du cannabis, en omettant de se pencher sur les raisons politiques –et racistes– de son interdiction, et donc de réfléchir aux stigmatisations qui continuent de l'entourer.
Hashischins
Comme je le soutiens dans ma thèse de doctorat ainsi que dans mon livre à paraître en avril 2020 sur l'histoire du haschisch en France, les Français du XIXe siècle croyaient que le cannabis, plus précisément le haschisch, sa résine, engendrait la folie, la violence et la criminalité chez les Maghrébins musulmans (les sources ne font pas spécifiquement mention de son usage parmi les populations juives et chrétiennes).
Au début des années 1800, le célèbre érudit français Antoine-Isaac Silvestre de Sacy a popularisé l'idée que le mot «assassin» dérivait du mot arabe haschisch et que les deux termes étaient liés à une secte musulmane appelée «Assassins d'Alamut», qui opérait pendant les croisades.
 

La secte des Assassin d'Alamut a nourri de nombreuses productions culturelles, comme la série de jeux vidéo Assassin's Creed (Ubisoft). | BagoGames via Flickr
Décrits pour la première fois en 1298 dans le Devisement du monde, récit des voyages de Marco Polo, les Assassins d'Alamut auraient utilisé une potion intoxicante pour duper les fidèles en Irak et en Syrie afin qu'ils deviennent assassins à leur tour.
Sacy croyait que la potion était faite de haschisch, citant une référence arabe contemporaine à la secte comme al-Hashishiyya, «mangeurs de haschisch», écrit par le savant syrien Abu Shama Shihab al-Din (1203-1268).
 
Ces assassins, soutenait Sacy, «ont été spécifiquement entraînés pour tuer» par leur chef, connu sous le nom du Vieux de la Montagne à qui ils se soumettaient sans condition, drogués au hashish.
Bien qu'il s'agisse en grande partie d'une fiction, les dires de Sacy sur ces assassins musulmans consommateurs de cannabis ont fait des émules en France, en particulier dans le milieu médical.
Ce récit ignore pourtant le fait que la consommation de haschisch était loin d'être aussi généralisée parmi les populations du monde arabe. Ainsi, certaines communautés aux pratiques confessionnelles et culturelles très variées condamnaient la prise de substances au même titre que l'alcool. D'autres, bien que musulmanes, se l'appropriaient dans des rituels ou traditions précises.
Un fantasme orientaliste
Mes recherches historiques montrent que des dizaines de médecins contemporains de Sacy se sont appuyés sur ses thèses. Ils croyaient que la science pharmaceutique occidentale pourrait apprivoiser le haschisch –curieux intoxicant venu d'Orient– afin d'en faire une substance médicinale pour traiter des maladies aussi redoutables que la folie, la peste et le choléra.
Le haschisch médical, principalement utilisé sous forme de teinture-mère ou alcoolature, s'est ainsi répandu en France entre 1830 et 1840.
 
Le plus célèbre aliéniste et homéopathe, le savant Jacques-Joseph Moreau de Tours, croyait par exemple que l'intoxication au haschisch reproduisait la folie, offrant ainsi un moyen d'étudier et de traiter les maladies mentales.
Son usage récréatif a quant à lui été particulièrement développé grâce aux activités du club des Hashischins, organisé par Moreau à l'Hôtel de Lauzun à Paris. Ses membres renommés comptaient notamment Théophile Gautier, qui a relaté ses expériences dans plusieurs récits, ou Charles Baudelaire. Ces intellectuels se réunissaient régulièrement pour prendre du haschich et «jouer aux Orientaux» sur les bords de Seine.
 

Hotel de Lauzun, à Paris (1892). | Paul Robert via Wikimedia Commons
Un échec médicamenteux
Mais les scientifiques de l'époque –et les patient·es– n'ont pas tardé à être désabusés par ce médicament miracle. Le cannabis, nous le savons maintenant, atténuaient bien les symptômes de certaines maladies, comme la peste, le choléra, et la folie. Mais il ne pouvait guérir du choléra, particulièrement fatal en cette fin de XIXe siècle.
 
Au début du XXe siècle, les échecs successifs des différentes tentatives de traitements, l'abandon également de certaines philosophies scientifiques –comme l'anticontagionisme, qui légitimaient ces recherches –ont peu à peu conduit à l'arrêt total des essais médicinaux à base de cannabis.
En 1953, un arrêté rend illégal le haschisch médicinal. La substance est ensuite classée dans la catégorie des stupéfiants, entrant dans la liste des produits illégaux à la fin de 1970. Plus de trente ans plus tard, circulation, consommation, vente et détention de cannabis demeurent prohibées, en dépit d'une évolution de la législation.
La folie haschischique
Officiellement, le cannabis est banni. A-t-il pour autant été effacé des consciences? Mes recherches montrent qu'au contraire, son association avec le monde arabe et nord-africain, par extension monde musulman, perçu comme violent –nous sommes alors en pleine ébullition décoloniale– est demeurée bien ancrée dans l'imaginaire collectif. Ce dernier a ainsi continué d'influencer les politiques publiques en France pendant des décennies et jusqu'à nos jours.
Dès le début du XIXe, les officiels et médecins œuvrant en Algérie coloniale française considéraient l'usage du haschisch comme une cause de folie et de criminalité violente.
 
Vers la fin du XIXe siècle, les hôpitaux psychiatriques en Algérie française se remplissent d'Algériens musulmans censés souffrir de «folie haschischique». Comme l'a écrit un médecin français en poste à Alger en 1855, «les Arabes sont en état de dégradation morale et physique… le vol et le meurtre infestent l'ordre moral, la syphilis et la gale l'ordre matériel… Ces effets produits par l'utilisation du haschisch sont vraiment désastreux».
Ces raisonnements ont nourri la création en 1875 du Code de l'indigénat, une loi institutionnalisant le racisme et l'apartheid en Afrique du Nord française, désignant officiellement les Maghrébins comme sujets plutôt que citoyens.
 

«Note sur la folie haschischique. À propos de quelques arabes aliénés par le haschisch», Nouvelle Iconographie de la Salpêtière, Tome XX (Paris, 1907), 252. | Auguste Marie de Villejuif
Ces individus étaient alors soumis à des codes juridiques distincts et inégaux qui favorisaient la ségrégation, le travail forcé et les restrictions des droits civils. L'association stigmatisante entre musulmans, haschisch et criminalité a ensuite persisté jusqu'après la fin de l'Empire colonial français en 1968.
Cette idée a aussi suivi les Maghrébins immigrés en France. Ces derniers étaient considérés comme plus vulnérables à la violence et à la délinquance que d'autres et, à ce titre, soumis à une surveillance excessive de la police.
Au niveau du gouvernement, cette peur s'est traduite par une criminalisation du cannabis à la fin des années 1960. Un membre de l'Assemblée nationale française a même, en octobre 1969, cité Sacy en se référant à la supposée secte des Assassins.
Les parlementaires ont alors décrit la consommation de drogue, à la hausse dans les années 1960, comme un «fléau étranger» qui se propageait à cause des trafiquants maghrébins.
 
Toutefois, comme indiqué dans le livre récent d'Alexandre Marchant, un grand nombre de ces trafiquants étaient des jeunes Français, qui passaient clandestinement du hachisch et d'autres drogues à leur retour de leurs tournées en Orient.
Beaucoup se réjouiront certainement d'une prochaine dépénalisation, voire d'une légalisation du cannabis. Mais il faudrait aussi se rappeler pourquoi, en premier lieu, le cannabis a été interdit et comment il a conduit à la stigmatisation de nombreux jeunes Français d'origine nord-africaine.

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l'article original.
 
David A Guba, Jr.
 
Source: slate.fr
 
 
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La première saucisse au cannabis rencontre un vif succès à Marseille
Par Ayahuaska,
La première saucisse au cannabis rencontre un vif succès à Marseille
Un boucher marseillais de 22 ans a créé la Ouidi, une chipolata à base de cannabidiol (CBD), une molécule non psychoactive contenue dans le cannabis. 
 
Le barbecue aura-t-il des effets innattendus ? Luca Morand, un boucher marseillais de 22 ans, a lancé la Ouidi, une chipolata au cannabidiol, rapporte La Provence. Plus connue sous le nom de CBD, cette molécule non psychoactive du cannabis est légale dans toute l'Union Européenne. La loi autorise en effet à commercialiser un produit contenant moins de 0,2% de THC.
Grâce à cette recette étonnante, Luca Morand assure au quotidien qu'il obtient un "produit goûtu avec un bon goût d'herbe à l'intérieur". "On ne va pas dire qu'il y a des effets psychotropes mais des effets apaisants et plutôt bons sur le sommeil : on a le sommeil plus profond quand on la mange",assure-t-il. 
Patron de la LM Boucherie, située dans le 8e arrondissement de Marseille, le jeune homme a pris soin de protéger le nom de sa Ouidi et assure qu'il en a écoulé "une quinzaine de kilos". Alors qu'une chipolata est habituellement vendue 2,30 euros, sa Ouidi coûte 4,50 euros, presque le double. "Le prix de l'exclusivité", indique-t-il au quotidien. 
 

 
 
Mais pas question pour Luca Morand de révéler sa recette : "Ce que je fais du CBD pour l'incorporer dans la saucisse, ça restera un secret", assure-t-il à La Provence. Il a travaillé plus d'un an pour parvenir à cette recette élaborée à base de porc Label rouge. 
 
source: francetvinfo.fr
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Marseille pour les nuls(10/10): Pourquoi est ce que ça sent si souvent la beuh et le shit dans les rues?
Par mrpolo,
MARSEILLE EN QUESTION Un pied sur le quai de la gare Saint Charles suffit pour sentir les effluves de cannabis en arrivant à Marseille

Une manifestation pour la légalisation du cannabis, à Marseille. — ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
La rédaction marseillaise de « 20 Minutes » répond, tout au long de cet été, aux grandes questions que les touristes se posent en arrivant à Marseille. Beaucoup de touristes s’étonnent de sentir aussi souvent le cannabis en se promenant dans les rues de Marseille. Histoire de Marseille et de son port, offre très large et mentalité peuvent expliquer pourquoi à Marseille, plus qu’ailleurs, on fume librement dans les rues.  
Ils cherchent l’ombre et la « Bonne Mère », s’entassent par centaines dans le petit train sur le Vieux-Port et se posent des dizaines de questions. Chaque année, sept millions de touristes visitent Marseille, selon un comptage, optimiste, de la mairie. Tout au long de cet été 2019, la rédaction marseillaise leur simplifie la vie, en répondant à quelques interrogations, majeures ou anecdotiques. Ce vendredi, on se demande pourquoi est ce que ça sent si souvent l’odeur de beuh, ou de shit dans les rues de Marseille ?
« Je venais à peine de descendre du train que déjà sur les quais de la gare Saint-Charles ça sentait le shit et la beuh de partout. » La réaction typique lorsque des amis viennent te rendre visite pour la première fois à Marseille. La première bouffée d’oxygène dans les narines de non initiés peut surprendre lorsque l’on met les pieds dans la seconde ville de France. Bédo en attendant le métro, bédo sur les plages du Prado, bédo au bistrot, et, bien sûr, bédo au Vélodrome. « On se croirait plus à un concert de Bob Marley qu’à un match de foot », en sourit Karine, qui squatte de temps à autre le virage sud.
Une réalité que souligne le rapport du dispositif Tendances récentes et nouvelles drogues (TREND) réalisé par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) : « Il est quotidien de sentir l’odeur de cannabis dans la rue, au café, dans le bus, au stade vélodrome, à la plage… et de croiser une très grande diversité de consommateurs, un peu tout le temps, y compris aux alentours des points de vente : des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des riches, des pauvres, des solitaires, des groupes d’amis, des familles au complet… ce qui ne manque pas d’étonner les touristes ou les visiteurs de passage, même connaisseurs. »
 
Usage régulier du cannabis plus important
On ne va pas se mentir, dans d’autres villes de France aussi, on peut se laisser porter par un effluve de cannabis. Mais pas autant qu’à Marseille. Selon l’enquête ESCAPD réalisée en 2017 par l’OFDT sur la consommation de drogue chez les 17 ans, « la région Provence-Alpes-Côte D’Azur (41,2 %) présente les niveaux d’expérimentation parmi les plus élevés de France ». Le niveau d’usage régulier de cannabis, au moins dix usages dans le mois, est également légèrement supérieur en région Paca (7.9 %), que la moyenne nationale de 7.2 %. Voilà pour les stats.
 
 
L’histoire de Marseille et de son port n’y est pas étrangère. Devenu récemment premier port de France, celui de Marseille commerce énormément avec ceux du Maghreb, l’un des principaux fournisseurs de haschich. L’émergence des quartiers Nord, composés essentiellement d’ouvriers, y a aussi joué un rôle. Depuis que les industries sont parties, le taux de chômage y est très important. On se débrouille alors comme on peut pour survivre, grâce au trafic de drogue notamment.
 
Trois euros le gramme de shit
« Certaines personnes, des jeunes, comme des adultes, ferment les yeux sur le trafic pour leur propre tranquillité mais aussi pour acheter de la nourriture, payer les loyers. Chacun se débrouille comme il peut », confie un policier originaire des quartiers Nord. Selon un décompte non officiel de la police, il existerait plus d’une centaine de réseaux de revente de drogue à Marseille. Dont les plus gros, comme celui de la Castellane rapporteraient pas moins de 50.000 euros quotidiennement. Résultat, il n’est pas compliqué de trouver une barrette de shit de 15g, d’une qualité très correcte, à 50 euros. Soit 3 euros le gramme.
 

 
Face à cette situation, la police peut sembler dépassée. Mais surtout occupée à fouetter d’autres chats. « On n’est même pas sûr que le parquet engage des poursuites, et s’il le fait dans combien de temps la personne sera jugée ? On la recroisera le lendemain dans la rue, avec un joint à la bouche », regrette cette source policière. Quand aux procédures simplifiées qui permettent désormais d’infliger une amende au contrevenant ? « Si on interpelle quelqu’un simplement parce qu’il est en train de fumer, on risque de provoquer des soucis sur la voie publique. Les gens vont nous dire " mais pourquoi vous l’arrêtez, il était juste en train de fumer, il n’a rien fait " », ajoute-t-il.
 
Une certaine forme de liberté
Autant d’éléments qui tendent à banaliser la consommation de cannabis, comme le soulève le rapport du dispositif Tendances récentes et nouvelles drogues (TREND) réalisé par l’OFDT. « Certains éléments de langage ou de pratique à Marseille inquiètent les intervenants en prévention ou en réduction des risques quant à la banalisation des produits et de leurs usages. De plus en plus de jeunes, tous milieux sociaux confondus, emploient le terme positif de « bio » pour désigner l’herbe ; et nombre d’entre eux fument avec leurs parents. Au sortir d’un match de l’OM au stade vélodrome, un père et ses deux fils, joint entre les doigts, précisent : " Chez nous, pas d’alcool, c’est interdit ; et pas de cigarettes, c’est pas bon pour la santé. Mais le chichon, c’est traditionnel, ça fait pas mal " ».
Tradition pour certains, donc, mais surtout un désir de liberté, et de singularité par rapport au reste de la France, pour beaucoup d’autres. Avec ses bons, et ses mauvais côtés comme l’illustrent différents articles de cette série. Par exemple, cette liberté qui permet à chaque Marseillais de se sentir libre de porter un maillot de l’OM en toutes circonstances. Mais aussi cette volonté de s’affranchir de certaines règles, comme celles du Code de la route. A Marseille, on ne fait pas les choses comme ailleurs. Ce qui fait tout son charme.
 
Adrien Max
 
Source: 20minutes.fr
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Nevil: L'héritage d'une Légende
Par animalxxx,
L'héritage d'une Légende
 
Le 1er Avril, je me suis réveillé avec le son de mon téléphone qui m’annonçai un message de Ben Dronkers, quand j'ai vu le message m'apprenant la mort de notre vieil ami Nevil, je me suis levé, attrapé mon joint de la veille, et versé une larme quand j'ai commencé à penser à comment j'ai entendu parler de lui la 1ère fois dans les pages du magazine High Times.
Pour ceux qui ont grandis dans les années 80, la publicité de High Times pour des graines de grande qualité de "The Seed Bank" semblait trop belle  pour être vrai. L'homme derrière The Seed Bank est devenu un mystère pour nous jusqu'à ce qu'il laisse l'éditeur de High Times écrire une article sur lui le 6 novembre 1986, et changera sa vie pour toujours.
Nevil Martin Schoenmakers est né le 2 février 1957 de parents néerlandais à Perth, en Australie occidentale. Quand il était adolescent, Nevil acheta  avec ses potes d'importante quantité d'herbe indonésienne importé comme il l'appelait, et il l'aimait,  Il a été cité dans le High Times : "… Nous avons été vraiment déchirés, j'ai vraiment aimé le sens de la distorsion du temps, et tout se passe si lentement."
Avec ses parents qui le pousse à devenir un jeune travailleur, on lui proposa un travail en tant qu'assistant de laboratoire à l'université local. Il accepta le poste, ce qui constituera plus un fardeau qu'une bénédiction. Nevil était si bon dans son travail qu'on lui a confié le poste de chef par intérim du laboratoire d'anatomie, chargé de la salle d'opération, de l'animalerie et du bureau. Ses tâches consistent notamment à administrer des médicaments aux animaux. Il a reçu un jeu de clés du placard à médicaments et a été mis dans la position de commander des médicaments lorsque les stocks étaient bas, ce qui finira par être sa perte.
Étant curieux de nature, et sentant qu'on lui mentait à propos du Cannabis, il décida d'essayer toute sorte de drogue à sa disposition et développa un gout prononcé pour la morphine. Comme beaucoup d'histoire de toxicomanie, Nevil perdit son travail après s'être fait arrêté pour possession (de drogue), et la police n'a pas mis longtemps à comprendre ou il se fournissait. Il a été forcé d'aller en cure de désintoxication et environ au même moment, une des filles à qui il avait vendu de la drogue s'est faite arrêtée, l'a identifié comme son vendeur et il a été arrêté de nouveau et inculpé de revendeur.  À ce moment-là, il était complètement dépendant de l'héroïne et s'était inscrit à un programme de traitement à la méthadone qu'il avait trouvé très déshumanisant, affirmant qu'ils l'avaient fait «quémander de la drogue».
Faisant face à une peine de prison éminente en Australie, il a fui le pays pour la Thaïlande, ou il restait dans les hôtels à se shooter jusqu’à ce qu'il ait épuisé tout son argent.  Il a ensuite déménagé dans un autre hôtel, a vendu ses affaires et a commencé à vivre comme un junkie jusqu'à ce qu'il se rende compte que son séjour en Thaïlande était terminé et que toutes ses ressources étaient épuisées. Il téléphona à ses parents en Australie, seulement pour se faire avertir que les autorités  ont déjà perquisitionné la maison avec un mandat d'arrêt. Au lieu de retourner en Australie, il décida d'aller chez son oncle, en Hollande.
 
À son arrivée aux Pays-Bas, il s’est inscrit à un programme de traitement à la méthadone et s’est efforcé de renoncer à son habitude, mais cela n’a malheureusement pas fonctionné. Nevil quitta la maison de son oncle pour s'installer dans une ville des Pays-Bas appelée Tilbourg, qui était à l'époque un paradis pour les drogués.
L'épidémie d'héroïne s'est généralisé et Nevil est retombé dedans, comme il le dit dans l'interview de Steve Hager en 1986 "La came était vendu partout sous le comptoir, c'était une maison de fou. Apparemment la police ne voulait ou ne pouvait rien faire à ce sujet. C'était comme ça pendant un petit moment. Quand la police fermait un endroit, tout le monde bougeait dans un autre bar. C'était une ville assez agitée et j'ai traversé une période difficile. Je n'avais pas d'argent à part l'aide sociale, j'avais une addiction violente, je vivais dans une ville connue pour sa dureté et sa criminalité, et je coutais à l'état un paquet d'argent vu que  j'allais de cure de désintox' en cure de désintox'.
Après avoir échoué à de nombreuses reprises, j'ai décidé que personne ne pourrait m'aider. Ce qui est vrai. Personne ne peut aider un junkie. Il ne peut que s'aider lui-même. J'ai donc décidé de décrocher de l'héro par moi-même. J'ai convaincu un docteur de me donner des cachetons pour dormir et de des opiacés synthétiques, ce qui n'a probablement rien fait. Je suis resté à la maison et j'ai souffert pendant 6 semaines jusqu'au point où je puisse gérer le manque. Puis j'ai commencé à boire tout les jours, une demi bouteille de Scotch le matin, et une entière le soir. J'utilisais les somnifères pour dormir, donc j'avais la tête dans le cul toute la journée. Finalement, j'en ai eu marre de la gueule de bois et je me suis tourné vers l'herbe. J'ai décidé que c'était probablement le seul médicament acceptable. "
Pendant qu'il essayait de se débarrasser de son addiction dans les années 80, Nevil mit la main sur une copie du livre de Mel Frank et Ed Rosenthal "Marijuana Growers Guide", qui relança son intérêt pour la culture de cannabis. En Australie, il cultivait un peu de cannabis en extérieur et il aimait vraiment ça. Et aussi fou que ça puisse paraitre, le programme de drogue dans lequel il était inscrit accordait des subventions aux toxicomanes pour les aider à commencer à faire quelque chose d'utile de leur vie, alors Nevil demanda un prêt pour construire une culture en intérieur afin de produire des graines, qu'on lui a accordé. Comme Nevil l'a dit dans High Times : " Je leur ai dit que je voulais faire pousser de la weed en intérieur. Ils n'étaient pas ravis de l'idée, mais ils m'ont donné l'argent. Il y avait un terrain libre derrière chez moi que j'ai remplis d'herbe. J'avais de la nigériane, colombienne et mexicaine. La mexi' était la meilleure, j'ai toujours cette variété, mes naines viennent de là.
 
Avec le prêt du gouvernement hollandais, Nevil est devenu un vendeur de graine et le monde du cannabis ne sera plus jamais le même. Mais comme il n’y avait pas beaucoup de marché pour la 'Naderweed' , comme on l’appelle en Hollande, Nevil se mis à faire de l'huile de cannabis, utilisant de l'éther de pétrole qui est extrêmement inflammable qui l'a brulé. Nevil à souffert des brulures sur tout le corps et eu les cheveux brulés, il finit à l'hôpital où il reçut de la morphine, mais au lieu de continuer le traitement, il le refusa car il savait qu'il redeviendrait un junkie. Après cette expérience douloureuse avec l'incendie, il a cessé de fabriquer de l'huile de cannabis avec un alcool inflammable et s'est concentré sur la vente de graines.
Le 1er catalogue de The Holland Seed Bank fut imprimé en Juillet 1984, bien que ce n'était pas vraiment un catalogue, plus des feuilles de papier avec une liste des génétiques disponible, vendu à 0.25$ la graine. Nevil avait récupéré des variétés dans les coffee shops qui importer du cannabis de différent pays. Dans son 1er catalogue il indique qu'il ne peut garantir la provenance, vu que ce n'était pas lui qui les avait breeder/croisé. Ce catalogue incluait des variétés venant de Jamaïque, Colombie, Indonésie, Inde, Malawi, Mexique et d'autre encore. Mais il découvrit rapidement qu'un grand nombre de ces variétés équatoriales ne rendait pas bien en intérieur ou dans le climat 'nordique' de la Hollande.
 
 

Heureusement pour The Seed Bank, et honnêtement, pour la scène hollandaise, un américain nommé David Watson est arrivé en Hollande en amenant avec lui  des variétés de cannabis précieuses: Afghan#1 et Durban Poison qu'il a eu de Mel Frank, l'Original Haze obtenu via ses vieux amis 'Haze Brothers' de Santa Cruz, l'Indu Kush, et la variété qu'il a créer lui-même, la désormais célèbre Skunk#1. Dans le milieu des années 70', David fonda la 1ère banque de graine de cannabis, nommée "Sacred Seed Company".
La collection des variétés de cannabis de Nevil changea complètement quand il rencontra Watson, car il l'a initié à la stabilisation variétale qui deviendront ses meilleures ventes. Au début Nevil achetait juste des graines à Watson et les revendait, jusqu'à ce que Nevil croisent ses lignées, et commencent à revendre la Skunk, Afghan, Hindu Kush sous son nom, une pratique qui deviendra très courante dans la communauté des vendeurs de graines. C'était aussi autour de cette période que Watson donna à Nevil 3 plants mâles de Haze qui deviendront légendaires, car Nevil les utilisera pour créer certaines combinaisons de cannabis les plus populaires que la scène cannabique a jamais vu. En effet, la plupart des variétés que Nevil utilisera pour son travail de croisement ont été donnés par des Américains.
 
 
 
Dans le catalogue de The Seed Bank 1987, la toute 1ère page montre une Skunk#1 qui a été breedé dans les montagnes de Santa Cruz du début au milieu des années 70'. La Skunk#1 a été le choix de le plupart des cultivateurs en intérieur grâce à sa stabilité, son uniformité, son odeur exceptionnelle et son 'high'. Cette plante à été si populaire chez les breedeurs qu'on la retrouve en partie dans la plupart des variétés modernes fumés aujourd'hui.
En 1985 un breedeur américain nommé Greg est arrivé avec une variété nommé 'Northern Lights'. Greg l'a vendu, donné ou échangé avec Nevil, et Nevi l'a rendu célèbre, comme il l'a fait pour de nombreuses variétés qu'il reçu des USA, comme la Big Bug, California Orange, Early Pearl et Haze.
Je vois Nevil comme un grand artiste, un peu comme Pablo Picasso qui n'a pas inventé le rouge, le bleu et le vert, mais c'est sa combinaison de ces couleurs que nous apprécions tous, ceci est très similaire à l'art de croiser des plantes (TOURNURE?). Nevil pris ses plantes 'primaires', Northern Lights et Haze, mais ne les a pas seulement croisés et donné un nom, Nevil numérota chaque mâle et femelle et testa les croisements pour voir quelle plante donnait le meilleur croisement. Personne n'avait entendu parler de Northern Lights 1, 2, 3, 4, X, Haze A, B, c, mais il les croisa et trouva que le meilleur était Northern Lights 5 x Haze A. Cela peut paraitre simple, car c'est juste du croisement sélectif, mais malheureusement, la plupart des gens venus après lui ne sont pas comme Nevil. Ils ne prennent pas le temps de vraiment croiser et faire des variétés fantastiques, ce sont juste des secoueurs de pollen qui leur donne un nom. C'est pourquoi je pense que Nevil était vraiment un artiste, et il prenait vraiment le temps de breeder, et pas seulement faire des graines.
 
 
Une des varietés que Nevil proposait dans son catalogue était la ruderalis, une variété qu'il aurait récupéré sur des plants sauvages le long de la frontière Russo-hongroise. Sa caractéristique était une floraison précoce qu'il a utilisé pour breeder avec d'autres plantes, car de nombreux endroits sont confrontés à un environnement nordique, les plantes qui fleurissent rapidement proposent plus d'endroit ou le cannabis peut pousser avec succès. La Ruderalis de Nevil est devenu une des génétiques précoces qui deviendra les populaires autofloraisons d'aujourd'hui.
Nevil se rendait également dans des pays tels que l’Afghanistan afin de trouver des graines, et c'était sa fameuse photo imprimée sur le catalogue de 1987, prise près de la 'Khyber Pass' , tenant simplement du haschisch et souriant, qui était utilisée à la fois par la DEA américaine et par Interpol pour son avis de recherche.
 
 
 
OPÉRATION GREEN MARCHANT
Au cours des années 80' , the Seed Bank a rapporté des millions de dollars et fourni des dizaines de milliers de personnes en graines de qualité à travers le monde. Alors qu'il y avait d'autres compagnies vendant les mêmes génétiques. Peut-être c'était son courage, sa naïveté ou simplement qu'il s'en foutait, mais c'est sa vente de graine via une pub dans High Times aux USA, qui lui causa en même temps son incroyable succès et malheureusement une grosse chute.
The Seed Bank était une opération plutôt sophistiquée, quand quelqu'un des USA commandait des graines en Hollande, il devait envoyer du cash, et The Seed Bank suggérait de mettre le cash entre une feuille de carbone pour éviter d'éventuelle détection. Les graines étaient ensuite envoyées à l'acheteur aux USA, Nevil ayant passé des accords avec plusieurs américains à qui il envoyait des graines en vrac  et les redistribuait sur la base des lettres puis plus tard des faxes, ils recevaient des instructions contenant des codes pour les différentes variétés et le nombre de paquets, avec une adresse à qui l'envoyer.
 
Selon la déclaration sous serment de Raymon Anthony Cogo, daté du 26 Janvier 1994, au début de l'année 1986, Nevil recevait des coups de téléphone et répondait aux questions de ses clients à propos des graines quand il receva un appel de Raymond Anthony Cogo. Les deux hommes avaient développés une amitié pendant l'été 1986, Nevil invita Cogo à venir le voir en Hollande. En janvier 1988, les deux hommes ont noué une relation de confiance et Nevil à demandé à Cogo si il voulait distribuait les graines de The Seed Bank à travers les USA, Cogo accepta. Ainsi, de Février 1988 jusqu'a Juin 1989, Cogo était le distributeur de Nevil au USA.
Cogo a non seulement distribué des graines pour The Seed Bank, mais en 1988, Nevil et Cogo ont mis en place un deal ou Cogo vendrait des engrais. Comme Cogo le déclara dans sa déclaration sous serment à la DEA : "Schoenmakers m'a dit qu'il me paierait 10$ pour chaque commande de graine que j'enverrais. Plus tard, ma compensation pour ce service à été changé en accord avec Schoenmakers, aux termes duquel il a demandé à Charles Benjamin Frink de me donner la formule de The Seed Bank pour les engrais liquides, et il a accepta de la valider lorsque j'ai commencé à le commercialiser aux États-Unis"
Incroyablement, Ray Cogo vend toujours les engrais qu'il a obtenu de The Seed Bank, sur son site internet "Cogo's Original Cannabis Formula" (ndt: https://www.cogosoriginalcannabisformula.com/ ) , il déclare sur la page 'à propos de nous' : "Ray Cogo voyagea en Hollande de 1986 à 1989, où il a collecté des 'formules' (trad?) d'herbes et de fleurs de cultivateurs professionnels, puis il est rentré aux USA.
 
Étant donné que Nevil faisait de la publicité dans un magazine distribué à l'échelle nationale, la DEA participait clairement à ces ventes de graines, cependant, ils ne savaient pas d'ou venaient les graines arrivant aux USA. Selon la déclaration sous serment de l'agent de la DEA Carl Pike, une affaire contre The Seed Bank démarra le 7 Juin 1987, quand l'agent de la DEA Patrick Warner commanda des graines à TSB. Le 14 Juillet 1987, il reçut 71 graines par courrier. C'est comme ça que commença l'achat de graine par la DEA pour pouvoir établir une affaire contre TSB. Comme ces officiers étaient basés en Louisiane, l'acte d'accusation de Nevil a été déposé là-bas.
Cogo distribua des graines pour The Seed Bank de Février 1988 jusqu'à Juin 1989, quand il fut arrêté dans le Michigan pour culture de Cannabis, et condamné à une peine de 6 mois de prison. A la demande de la femme de Cogo, Nevil lui envoya 30 000$ pour couvrir les frais de justice. Jusqu'à présent, la DEA n'avait pas fait le lien entre Cogo et The Seed Bank, mais cela était sur le point de changer.
 
Selon sa déclaration sous serment, pendant que Cogo bossait sur son programme (trad?), il appris que la société qui s'occupait de la distribution de son engrais liquide, Superior Growers Inc, avait volé la formule et l'avait enlevé de la photo. Il dit que ceci et d'autre chose l'ont amené à s'adresser aux autorités et a accepté de collaborer avec eux et de leur fournir des renseignements à propos de son deal avec Nevil et TSB. Cogo déclara que les autorités n'étaient pas au courant de son implication en tant que revendeur pour TSB. Cogo est devenu la source de renseignement pour la DEA, pas seulement sur la façon dont TSB mener ses affaires, mais il a aussi donné à la DEA la liste des personnes à qui il envoyait des graines aux USA. Dans sa déclaration sous serment, il déclare " Bien que Schoenmakers m'avait dit de détruire ces listes, je les gardais pour garder une trace de mes activités à l’appui de ses opérations.
 
Le 8 Février 1990, avec les informations fournies directement par Cogo, Nevil et Charles Benjamin Frink, ont été inculpés par le grand jury de Louisiane. C'est presque impossible de déterminer combien de personnes se sont fait perquisitionnés directement par la DEA à partir des 11000 adresses que Cogo fournit à la DEA. Les listes des clients sont sans aucun doute les premières victimes de l'opération Green Merchant, pendant que la DEA et la police locale traqués les growshops locaux pour d'éventuelles cultivateurs de cannabis. Le plus alarmant est que les agents de la DEA avait déjà les adresses de personnes ayant reçu des graines pendant que Cogo était responsable de leur envoi. En sachant qui était les cultivateurs, il suffisait simplement de les suivre jusqu'à leur growshop et d'accuser le propriétaire d'être complice de production de substance contrôlée.
 
Ce type de comportement odieux était très courant pendant la 'guerre de la drogue', et grandement récompensé. Dans sa déclaration sous serment, Cogo déclare également : " J'ai coopéré avec la DEA Américaine et son enquête sur les activités de Neville Martin Schoenmakers et d'autres. Il n'y eu aucune charge contre moi en raison des faits relatés ici, bien que j'apprécie le fait que mes déclarations ont pour effet de m'incriminer (trad?)".
Ca me désole de voir combien de vie Cogo à détruit simplement car la société d'embouteillage qu'il utilisait pour sa marque d'engrais l'avait arnaqué/baisé et qu'il voulait une sorte de vengeance tordue. Pendant que je cherchais la véritable histoire et la chronologie du cas de Nevil, je ne pouvais pas m'empêcher de remarquer l'article de Steve Hager de 1987 dans High Times joint à la déclaration sous serment de Ray Cogo en tant que «pièce jointe n ° 1».
"L'opération Green Merchant" de la DEA commença le 26 Octobre 1989, et à la fin de l'année 1991, elle avait arrêté 1262 personnes, chopé 977 cultivateurs d'intérieur et confisqué un capital de 17.5 millions de $.
Le 24 Juillet 1990, Nevil fut arrêté en Australie pendant qu'il rendait visite à sa famille. Même si Cogo à fournit à la DEA plus de 11000 adresses, Nevil fut seulement accusé d'avoir envoyé un total de 1921 graines aux agents de la DEA et à des cultivateurs de la région de la  Nouvelle-Orléans de 1985 à 1990, mais aussi de la culture de plus de 1000 plantes, en le reliant aux accusations de complots de personnes qui ont acheté ses graines et cultivé du cannabis aux USA (trad?). Nevil passa 11 mis en prison en Australie en attendant son extradition vers les USA.
Pendant qu'il était en prison, son ami Ben Dronkers, propriétaire du Sensi Coffee Shop , a conclus un accord avec Nevil et lui racheta ses parts de The Seed Bank, son fils Alan Dronkers déménagea dans le 'cannabis castle' et continua le travail de Nevil. En Juin 1991, le gouvernement Australien donna à Nevil une caution de 100000$ qu'il paya, et en moins de 6 semaines, Nevil quitta le pays et retourna en Hollande, ou le gouvernement ne l'extraderait pas vers les USA pour un fait qui n'était pas un crime en Hollande.
The Seed Bank est devenu Sensi Seed Bank, et son 1er catalogue de graine paru en 1991. L'autre gros changement était que les graines n'était plus envoyé aux USA. Ben Dronkers décida de regarder vers l'Est et dirigea la marché des graines vers la culture du cannabis émergeant du bloc de l'Est (trad?), l'idée était excellente et à pratiquement sauvé Sensi Seed Bank de plus d'inculpations, car la DEA avait gardé secret son agent Ray Cogo jusqu'à ce qu'il rende sa déclaration sous serment le 26 Janvier 1994, et son implication dans cette affaire  est devenue un dossier public.
 
 
MÉMOIRES PERSONNELLES
Lorsque je suis allé à Amsterdam pour la Cannabis Cup en Novembre 1994 en compagnie de Jack Herer et l'équipe de High Times, j'ai eu la chance d'assister à la toute première visite du château ouverte au public, qui était en fait juste ouverte aux amis et proches de High Times, et c'était quand Ben Dronkers honora Jack Herer avec une variété en son nom. Nevil était la, nerveux,  et resta sur le toit pendant la plupart des festivités, habillé comme un fantôme.
 
Quand je vivais la bas en 1996, le partenariat entre Nevil et Sensi Seed Bank s'arrêta, pendant un moment Nevil partit bosser avec Arjan et Scotty alias Shantibaba du Greenhouse Cafe, qui avait démarré sa propre compagnie de graine juste un an avant. Malheureusement, l'égo pris le dessus et le partenariat ne dura pas longtemps, mais pendant ce temps, Nevil croisa sa "Northern Lights #5 x Haze" avec la Haze(C) , et l'appela "Nevil's Haze" , ce croisement était incroyable. Puis il pris cette plante et la croisa avec la Skunk#1, qui donna la Super Silver Haze, plusieurs fois récompensé.
 
Dans les années qui ont suivi, Nevil est retourné en Australie, et pendant un court moment à fait un retour dans l'industrie qu'il a aidé à créer, cependant, en tant que toxicomane de longue date, il se battait à la fois contre l'hépatite C mais aussi un cancer, il décéda malheureusement en Mars 2019.
L'impact que laissa Nevil sur la culture du cannabis est énorme, son influence est indéniable, et de nombreuses variétés qui sont passés entre ses mains sont devenus légendaire. Je pense que toute la scène cannabis doit beaucoup de respect à Nevil pour la diffusion des ses génétiques pendant tant d'années.
Quand j'ai vécu à Amsterdam en 1996, j'a eu l'immense plaisir de trainer avec lui à de nombreuses reprises, jouant aux échecs et apprenant de lui. A de multiples occasions ma copine et moi étions invités au château pour fumer du hash, dormir et être inspiré. Nevil était très ouvert à la discussion à propos du breeding de cannabis et prenait toujours le temps d'expliquer à ceux qui en savaient moins que lui. Nevil était un professeur gentil avec moi et j'oublierais jamais le temps passé avec lui.
 
 
 
Longue vie à la légende du Cannabis Castle.
 

 
 
Nevil Martin Schoenmakers
 
2 Février 1957 – 30 Mars 2019
 
 Todd McCormick
source: https://growmag.com/growmag_feature/legacy-of-a-legend/
 
 
BonuXXX
 
 
La vidéo du cannabis castle ( je pense que c'est bien celle dont parle l'article, Nevil en 'ghost' à 8m25 , présence de Jack Herer et présentation de la JH)
 
 
 
Le mâle Haze C

 
Les Hazes 5C ( Northern Lights#5 x Haze C) et 5A ( Northern Lights#5 x Haze A) , par contre je sais plus qui est qui:
 

 

 
(source: forum Mrnice pour les 3 photos ci dessus)
 
Des éléments de l'affaire :
1990 Affidavit of Prosecutor.pdf
1994 Affidavit of Anthony Ray Cogo Nevil Snitch.pdf
1994 Affidavit of Prosecutor.pdf
pixenvrak:
Ray 'the snitch' Cogo

 
Sous sol du Cannabis Castle

 

 

 

 

 

 
(source des 3pdf et photo ci dessus : McCormick@THCfarmer)
Un extrait (google book, donc pas toute les pages dispo) de "l'international law reports" :
https://books.google.fr/books?id=uXSgohJ1LLwC&pg=PA184&lpg=PA184&dq="Charles+Benjamin+Frink"+cannabis&source=bl&ots=FGy-vfiaL1&sig=ACfU3U3q5ta4KwN4LSLgfuDA0HsxM4k4og&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj3s_PMtIDiAhUjsaQKHbmeDqQQ6AEwAHoECAAQAQ#v=onepage&q="Charles Benjamin Frink" cannabis&f=false
(instant autopromo) : les vieux catalogues de TSB/Sensi Seed:
 
 
Spécial4indi
 
 
Fiou, finit , malgré plusieurs relectures (écriture à l'arrache dans bloc-note et relecture sous word^^) , il reste surement des fautes, mais il y a surtout certains passages que j'ai eu du mal à traduire/adapter, hésiter pas à proposer une meilleur traduction
Thx Indi pour le feu vert
 
Bonne lecture.
 
A+
 
 
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France: Rapport de l’OFDT: Les mutations du marché du cannabis.
Par mrpolo,
La revue Théma de l’OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies) vient de consacrer un numéro spécial aux « Mutations du marché du cannabis en France. Produits, approvisionnement, nouvelles pratiques ».
 

 
Ce numéro a été réalisé par Michel Gandilhon, Stanislas Spilka et Caroline Masson. Les auteurs-es y décrivent les grandes évolutions et les nouvelles pratiques à partir d'un ensemble de données quantitatives et qualitatives. Cette « demande d'herbe croissante », comme l’écrivent les auteurs-es, est alimentée essentiellement via une culture de masse en provenance des Pays-Bas et de plus en plus d’Espagne.
 
La production hexagonale est dominée par de petites cultures réalisées par des « amateurs » qui ne couvrent pas l’ensemble de la demande intérieure. Cependant, les réseaux traditionnels de revente, plutôt spécialisés dans le commerce de la résine, tendent de s’adapter à ces nouvelles réalités en commercialisant des variétés de plus en plus diversifiées d'herbe, voire de produits dérivés, et en développant leurs propres structures de production.
 
En regard, depuis quelques années, la production marocaine de résine connaît elle aussi des bouleversements, notamment en termes de variétés cultivées, sur fond de modernisation des techniques agricoles, qui  permettent la fabrication de produits plus diversifiés et plus riches en principe actif.
 
Source: seronet.info
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Californie: dans des vignobles, la ruée vers le cannabis laisse un parfum d'amertume
Par mrpolo,
Lompoc (United States) (AFP) - Agriculteurs traditionnels et producteurs de cannabis sont à couteaux tirés dans l'un des vignobles réputés du sud de la Californie, où la ruée vers l'herbe déclenchée par la légalisation de cette drogue laisse un parfum d'amertume, notamment chez les viticulteurs.
 

Les gigantesques serres abritant des exploitations de cannabis ont été construites en mars 2019 au beau milieu des vignobles de la vallée de Santa Ynez, dans le comté de Santa Barbara (Californie) ((c) Afp)
 
Depuis novembre 2016 et la loi autorisant l'usage récréatif de marijuana dans toute la Californie, les vignerons et de nombreux habitants du comté de Santa Barbara se plaignent d'être envahis par des voisins indésirables, dont le cannabis empuantirait non seulement l'atmosphère mais bouleverserait aussi leur mode de vie.
  "C'est la plus importante menace pour le secteur viticole que j'ai vue depuis que je suis arrivé ici voici 25 ans", déclare à l'AFP Stephen Janes, gérant des vignobles Pence Vineyards, à environ 200 km au nord-ouest de Los Angeles.
En cause: le développement fulgurant des exploitations cultivant du cannabis, qui ont déjà colonisé plusieurs centaines d'hectares à la faveur d'une réglementation particulièrement souple dans ce comté.
 
Des millions de plants de marijuana, dont chaque hectare peut valoir plusieurs millions de dollars, ont ainsi littéralement fleuri sur les coteaux des vallées de Santa Ynez et Santa Maria, aux côtés des pieds de vigne.
Plus au sud, dans la petite ville côtière de Carpinteria, les serres jusqu'alors consacrées à l'horticulture abritent désormais du cannabis, au grand dam de certains riverains.
 
"Maintenant, je dois porter un masque quand je sors dans mon jardin et mes petits-enfants ne me rendent plus visite à cause de l'odeur", soupire Joan Esposito, arrivée voici 36 ans dans la ville.
 

Les serres horticoles qui se dressent à Carpinteria, en bordure de zones résidentielles, ont été reconverties pour abriter des plants de cannabis afp.com - DAVID MCNEW  
- "Le cannabis domine le marché" -
 
Dans les collines de Santa Rita, réputées pour leur pinot noir, une enfilade d'arceaux recouverts de bâches blanches s'étend à perte de vue parmi les vignobles. Il s'agit là encore du précieux cannabis.
 
"Ca ne ressemble à rien de ce qu'on a connu et c'est arrivé très vite. Personne n'avait anticipé l'impact visuel", souligne Kathy Joseph, propriétaire des caves Fiddlehead et des vignobles Fiddlestix. "Maintenant, c'est le cannabis qui domine le marché, de plus d'une façon", estime-t-elle.
Viticulteurs, producteurs d'avocats et autres agriculteurs traditionnels se plaignent d'être obligés d'adapter leurs pratiques aux exigences du cannabis, notamment incompatible avec l'utilisation de pesticides chimiques.
 
"C'est un vrai cauchemar", déplore Mme Joseph, contre laquelle un voisin a porté plainte, l'accusant de mettre en danger son herbe par les traitements qu'elle pulvérise sur ses vignes.
"Ca fait 40 ans que je me consacre à faire du vin, et en tant que viticulteurs, nous sommes soumis à des contrôles stricts", insiste-t-elle. "Mais cette année, je vais probablement perdre ma récolte de chardonnay, d'une valeur de 50.000 dollars, car j'ai dû employer un pesticide qui n'est pas aussi efficace contre le mildiou".
Sollicitée par l'AFP, l'organisation représentant les quelque 900 cultivateurs de cannabis du comté n'a pas réagi.
 
 

Kathy Joseph, viticultrice exploitant les vignobles Fiddlestix, désigne une ferme de cannabis qui jouxte ses pieds de vigne depuis mars dernier afp.com - DAVID MCNEW  
Des responsables du comté de Santa Barbara, qui fixe la réglementation régissant la culture de la drogue douce, ont pour leur part reconnu que les autorités locales auraient dû mieux encadrer le développement de ce marché.
"Je suis très soucieuse de l'impact des exploitations de cannabis à l'air libre dans la vallée de Santa Ynez", a déclaré à l'AFP l'une d'entre elles, Joan Hartmann, qui assure travailler à des mesures correctives.
 
- Contrôle des odeurs ? -
 
Graham Farrar, président de l'Association des producteurs de cannabis responsables, jure que ses collègues font tout ce qu'ils peuvent pour entretenir des relations de bon voisinage. Ils installent des systèmes de contrôle des odeurs et contribuent à l'économie locale, affirme-t-il à l'AFP.
"La communauté soutient le cannabis" et l'odeur n'est pas un problème, balaye-t-il d'un revers de main. "Beaucoup de ceux qui parlent de l'odeur n'aiment pas ça (...) parce qu'ils pensent que le cannabis est immoral", fait valoir M. Farrar.
 
 

Une exploitation de cannabis de la vallée de Santa Ynez, dans le comté de Santa Barbara (Californie), photographiée le 6 août 2019 afp.com - DAVID MCNEW  
L'argument a du mal à passer chez Stephen Janes, qui dément toute opposition de principe au cannabis. Comme ses collègues, il veut juste pouvoir poursuivre son activité sans qu'un parfum de chanvre ne vienne polluer les salles de dégustation.
"L'industrie (viticole) est ici depuis 40 ou 45 ans et contribue pour 1,8 milliard de dollars à l'économie locale (...) Je ne pense pas que ce soit juste qu'une autre industrie débarque et nous oblige à changer nos façons de faire", plaide-t-il.
 

Maureen Foley Claffey montre les nouvelles fermes de cannabis situées juste de l'autre côté de sa clôture, dans la petite ville côtière de Carpinteria (Californie), le 6 août 2019 afp.com - DAVID MCNEW  
D'autres préfèrent partir sans attendre de voir si la situation va s'améliorer. C'est le cas de Maureen Foley Claffey, qui a grandi à Carpinteria et dont la maison est désormais cernée par du cannabis.
"Tout ça a dressé les voisins les uns contre les autres. J'ai déjà perdu des amis, et maintenant je perds ma maison".
 
Par Jocelyne ZABLIT - AFP
 
Source: tv5monde.com
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