Un mois après le lancement du plan anti-drogue à Marseille par le gouvernement, 720 personnalités du monde médical, politique, social et économique lancent un nouvel "Appel de Marseille" pour un changement et une légalisation encadrée du cannabis.
Est-ce l'approche des élections municipales ou un concours de circonstance ? Un mois seulement après la venue à Marseille de trois ministres pour le lancement d'un nouveau plan anti-drogue, voilà que 720 personnalités s'unissent dans un nouvel "Appel de Marseille" pour proposer une autre politique en matière de drogue.
Une autre politique de prévention
Ils demandent une légalisation encadrée de la consommation de cannabis et la mise en place d'une autre politique de prévention.
Ces 720 personnalités appartiennent au monde médical, politique, économique, social ou artistique. Parmi eux, Victor Martin est leur porte-parole, il est aussi chargé de projet de réduction des risques en milieu festif.
Victor Martin rappelle que la loi qui pénalise la consommation de drogue remonte au 31 décembre 1970 :
La France, en retard sur ses voisins européens
La Belgique, l'Allemagne, l'Espagne, les Pays-Bas ou encore le Portugal, ont tous assoupli leur législation en matière de consommation de cannabis.
S'ils soutiennent ce mouvement, c'est pour un meilleur contrôle du cannabis, de la production à la consommation, ainsi que pour une autre politique de prévention.
Cependant, le cannabis est dangereux pour la santé, notamment chez les adolescents. "On remarque d'abord des difficultés d'apprentissage, un désintérêt par rapport à des investissements habituels", explique le docteur Gilbert Fabre, pédopsychiatre.
Que vont devenir les trafiquants de cannabis ?
Dépénaliser ou légaliser le cannabis, "c'est une très lourde responsabilité", assure Bruno Bartoccetti, secrétaire régional Unité SGP Police Paca. Il précise qu'on ne peut pas prendre une telle décision sans une profonde réflexion.
"Le tout répressif ne fonctionne pas, on le sait bien... Dépénaliser le consommateur ? Oui, c'est peut-être une solution, c'est avant tout une victime", ajoute le policier.
Mais si demain, le cannabis est contrôlé par l'Etat, cela pourrait entraîner d'autres trafics, plus graves encore.
"Les trafiquants ne resteront pas au chômage longtemps, ils s'exprimeront de façon différente, peut-être avec la cocaïne bon marché et de mauvaise qualité", explique Bruno Bartoccetti, i lajoute :
4 millions de consommateurs en France
Le policier reconnaît que la condamnation de la consommation de cannabis est une vaste hypocrisie : "on le voit bien, tout le monde fume sans se cacher, dans la rue ou ailleurs et lorsqu'un consommateur est condamné à une amende de 100 ou 200 euros, c'est devenu ridicule..."
En France, 4 millions de personnes fument régulièrement ou occasionnellement du cannabis.
Florent Pagny a défendu la légalisation du cannabis, face au Maire de Grenoble, sur le plateau d'On n'est pas couché, ce 19 octobre.
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Florent Pagny sort un nouvel album intitulé Aime la vie. La vie, le chanteur l'aime. De ses terres en Patagonie, il profite de chaque instant au côté de son épouse Azucena. Dans le cadre de la promotion de ce nouveau projet, il enchaîne les plateaux de télé en France. L'ancien coach de The Voice était l'invité d'On n'est pas couché sur France 2 pour le présenter, ce 19 octobre. Mais Florent Pagny n'a pas parlé que d'amour lors de ce tournage. Face au maire de Grenoble, il a défendu la légalisation du cannabis.
Pour le chanteur, il n'y a plus aucune autre solution. "On se rend bien compte qu'on n'empêchera jamais les gens de consommer... Pas tout le monde ! Mais il y a des gens, on n'arrivera jamais à les arrêter.", a-t-il entamé.
A ses yeux, l'interdit crée de gros déséquilibres à l'échelle mondiale. "Par contre à créer tous ces interdits, bien sûr qu'on a toutes ces bandes et tous ces gangs. Mais là, on parle de banlieue et de région mais il ne faut pas oublier qu'il y a des groupes qui sont des armées complètes qui sont narcotrafiquants qui gèrent toute l'Amérique du Sud, et ça repart aux Etats-Unis. Finalement, ça prend des proportions tellement grandes que pour tout gérer, tout savoir, tout calibrer...Il faut légaliser", a-t-il détaillé de manière engagée.
Selon Florent Pagny, ce n'est qu'ainsi que l'Etat pourrait mieux contrôler "qui consomme, ce qu'il consomme". "On enlèvera toute cette petite délinquance. Ce n'est pas parce qu'on va légaliser la drogue que tout le monde va se droguer", a-t-il conclu visiblement très préoccupé par ce sujet.
Source: tele2semaines
Alors que la consommation du cannabis est progressivement dépénalisée un peu partout dans le monde, l’Afrique est l’un des derniers bastions de la résistance à sa légalisation. Plusieurs facteurs sont à la base de cette situation, dont le plus important est religieux. Mais bien qu’il soit illégal, le produit a, depuis des lustres, été cultivé et consommé notamment dans le cadre du traitement d’une large palette de maladies. Selon une étude de Prohibition Partners, une société britannique spécialisée dans le consulting pour le marché du cannabis, d’ici les quatre prochaines années, le marché africain du cannabis aura une valeur marchande de 7,1 milliards de dollars.
Introduit en Afrique orientale au début des années 1500, à partir de l’Asie du Sud, le cannabis s’est très vite propagé à travers le continent pendant le XVIe siècle. Les Africains subsahariens le fumaient alors dans des pipes, une pratique locale qui s’est répandue partout dans le monde et qui est encore en vigueur aujourd’hui. Outre son usage récréatif, il était initialement utilisé dans la guérison de plusieurs maladies. Cependant, dans les années 1920, la plante de cannabis a été interdite sur tout le continent, en raison principalement de ses effets psychoactifs.
Dans les années 1920, la plante de cannabis a été interdite sur tout le continent, en raison principalement de ses effets psychoactifs.
Mais dans l’intervalle, la consommation du cannabis via des canaux illégaux n’a jamais régressé à travers le continent, ni dans le reste du monde. Certains pays ayant compris les opportunités que le secteur peut offrir, ont tôt fait de le dépénaliser. Ainsi, L’Uruguay est devenu, en 2013, le premier pays au monde à légaliser la production et la distribution du cannabis. Ces cinq dernières années ont vu une vague d'assouplissement de la législation en Belgique, en Allemagne, en Espagne, au Portugal, aux Pays-Bas, au Canada, aux Etats-Unis, etc. Ces pays perçoivent des recettes publiques supplémentaires en encadrant la chaîne de valeur du cannabis. Un autre type de tourisme lié à la légalisation du cannabis a également vu le jour dans ces pays.
Ces cinq dernières années ont vu une vague d'assouplissement de la législation en Belgique, en Allemagne, en Espagne, au Portugal, aux Pays-Bas, au Canada, aux Etats-Unis, etc. Ces pays perçoivent des recettes publiques supplémentaires en encadrant la chaîne de valeur du cannabis.
En juin dernier, 70 personnalités françaises : médecins, élus et économistes ont signé une déclaration dans laquelle elles évoquent l’échec de la politique d’interdiction du cannabis. Elles ont appelé le pouvoir à légaliser la marie-jeanne et exhorté l’Etat à créer un « monopole public de production et de distribution ».
L’Afrique produit au moins 38 000 tonnes de cannabis par an
Aujourd’hui, on estime à au moins 38 000 tonnes, la production annuelle de cannabis en Afrique. Un rendement a priori improbable dans un contexte marqué par une grande répression de l’activité de production en amont jusqu’à la consommation en aval.
Selon un rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), les zones de forte production sont marquées par des taux de chômage élevés. Les principaux producteurs africains sont le Nigeria, le Ghana, l’Eswatini, le Mozambique, le Zimbabwe, le Malawi, l’Afrique du Sud et le Lesotho.
Les principaux producteurs africains sont le Nigeria, le Ghana, l’Eswatini, le Mozambique, le Zimbabwe, le Malawi, l’Afrique du Sud et le Lesotho.
La production est généralement assurée par des paysans qui ont trouvé dans le cannabis le seul moyen de gagner suffisamment d'argent pour subvenir aux besoins fondamentaux de leur famille. La culture du cannabis, qui a profité de la baisse de la demande de tabac, s’est avérée beaucoup plus lucrative que d'autres cultures comme le maïs et la canne à sucre, selon l’ONUDC. Il faut souligner que la plante est généralement cultivée dans les champs de maïs pour détourner l’attention.
Dans les pays africains en général, la production interne est quasiment consommée au niveau local.
Une opportunité pour dynamiser les économies africaines
Selon une estimation du cabinet spécialisé Arcview, en partenariat avec BDS Analytics, le marché américain du cannabis légal devrait générer 40 milliards de dollars et plus de 400 000 emplois, d’ici 2021. Cela correspond à des recettes fiscales de 4 milliards de dollars. Au Canada voisin, la région d’Ottawa s’attend à des recettes fiscales de 186 millions de dollars, à la fin de cette année, dans le secteur. Les pays ayant légalisé la chaîne de valeur du cannabis ont gonflé leurs recettes publiques, ces dernières années. Les entrées enregistrées permettent de développer de nouveaux projets socio-communautaires.
Pour certains analystes, l’Afrique qui a un potentiel plus important que ces pays, dans ce domaine, devrait songer à changer de paradigme. Pour les pays africains qui manquent de ressources pour financer leurs projets de développement, le cannabis se présente désormais comme une opportunité, tant pour les travailleurs agricoles que pour les caisses publiques.
Pour les pays africains qui manquent de ressources pour financer leurs projets de développement, le cannabis se présente désormais comme une opportunité, tant pour les travailleurs agricoles que pour les caisses publiques.
D’après une étude de l’agence de presse Inter Press Service datant de 2008, alors que les cultures vivrières ne génèrent qu’entre 25 et 30 dollars l’acre, une récolte de cannabis peut rapporter jusqu’à 200 dollars par saison. Cela devrait permettre d’améliorer les conditions de vie des agriculteurs qui, un peu partout en Afrique, vivent sous le seuil de la pauvreté. Les perspectives dans le secteur sont telles qu’en cas de légalisation du cannabis, les Etats africains pourraient profiter d’une manne précieuse qui représentera une importante bouffée d’oxygène dans les projets de diversification économique. Prohibition Partners ajoute que « le cannabis serait une importante culture de rente pour l’Afrique ».
A l’horizon 2023, le continent comptera 76 millions de consommateurs.
Des données de l'ONUDC datant de 2016, montrent que l'Afrique compte cinq des trente premiers pays du monde pour la prévalence de consommation du cannabis. Cela parmi les populations adultes de la tranche d’âge comprise entre 15 et 64 ans. Il s’agit du Nigeria (14,3 millions de consommateurs), l’Egypte (3,8 millions), Madagascar (1,3 million), la Zambie (880 000) et la Sierra Leone (222 000). A l’horizon 2023, le continent comptera 76 millions de consommateurs, ce qui générera 7,1 milliards de dollars dont 6,3 milliards $ pour l’usage récréatif et 800 millions pour la consommation à usage médical.
Le Nigeria comme moteur de la croissance du cannabis à usage médical
Parallèlement à ces données, le marché des produits pharmaceutiques en Afrique devrait atteindre une opportunité commerciale de 45 milliards de dollars en 2020, stimulé par l'urbanisation rapide, l'augmentation des dépenses de santé et l'incidence croissante des maladies chroniques. D’après l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), le Nigéria a le potentiel pour devenir un pays clé pour le cannabis à usage médical, en raison de sa forte dépendance à l'égard des produits pharmaceutiques importés. Le pays compte environ 120 fabricants locaux de médicaments et la capacité du secteur manufacturier est gravement sous-utilisée à seulement 40%.
L’Afrique peut produire du cannabis d’excellente qualité
Selon Nathan Emery, PDG de Precision Cannabis Therapeutics Zimbabwe (PCT-Z), le cannabis en tant que médicament est très bien accepté en Afrique australe et orientale et son usage médical se répandra rapidement s'il démontre son succès thérapeutique. Emery soutient qu'avec un marketing suffisamment ciblé, le cannabis pourrait connaître un énorme succès, mais seulement si les prix sont conformes aux dépenses de santé des pays africains.
Un potentiel agricole immense, en cas de légalisation
Pour Prohibition Partners, grâce à sa géographie et à la qualité toute particulière de ses sols, l’Afrique peut produire du cannabis d’excellente qualité. Au Lesotho, où seule la production à usage personnel est tolérée, la culture dans les régions montagneuses de haute altitude bénéficie d’une source d’eau abondante ainsi que d'un sol riche et fertile. Le pays travaille actuellement à dépénaliser totalement la chaîne de valeur du cannabis et compte développer une industrie du cannabis capable de doper les recettes publiques. Une politique agricole spéciale sera mise en branle à cet effet, assurent les autorités. Elles ont déclaré vouloir attirer des investissements pour industrialiser la production de cannabis. Des terres seront aménagées à cet effet pour favoriser une production massive.
Inspirés par l'exemple du petit royaume, d'autres pays de la région prépareraient des politiques publiques dans ce sens. Avec une demande internationale en plein essor, les pays africains pourraient récolter les fruits de la légalisation du cannabis, en commençant par offrir les outils adéquats aux travailleurs agricoles. Mais cela ne sera possible que si le cannabis en provenance d'Afrique peut répondre aux normes internationales, tempère la société britannique.
Près de la moitié des oncologues nigérians ont révélé qu’ils recommanderaient le cannabis à leurs patients.
En outre, à cause des mauvaises conditions économiques auxquelles sont confrontés de nombreux pays africains, toute légalisation du cannabis dans la région aura le devoir de sauvegarder les intérêts locaux, avertit l'ONUDC.
A cet égard, le Zimbabwe pourrait devenir un modèle régional. Depuis quelques mois, les autorités travaillent sur les conditions d’attribution de licences de production.
A cet égard, le Zimbabwe pourrait devenir un modèle régional. Depuis quelques mois, les autorités travaillent sur les conditions d’attribution de licences de production. Selon des sources législatives, les licences ne seront offertes qu’à ceux qui auront prouvé leur citoyenneté ou leur résidence. Toutefois, le ministre de la Santé se réservera le droit d'accorder des exemptions.
« Legalize It »
Si le plus important blocage à l’éclosion de ce secteur est la légalisation, des voix s’élèvent de plus en plus à travers le continent pour soutenir la dépénalisation du cannabis.
Au Ghana, l'Agence de sécurité sanitaire des aliments et la Standards Authority (GSA), organisme d’Etat chargé du respect des normes acceptables pour les produits et services, font campagne pour la légalisation du cannabis. Les deux organisations suggèrent que la culture du cannabis pourrait générer des revenus importants pour les caisses publiques et permettre de mieux contrôler la consommation du produit.
En Eswatini, le parlement a récemment mis en place un comité chargé d’étudier les mécanismes de la dépénalisation du cannabis. Le royaume espère en tirer jusqu’à 1,63 milliard de dollars par an de recettes publiques.
En mars 2018, Harsheth Kaur Virk, chef de projet à l’UNODC, a exhorté le Nigeria à envisager la légalisation du cannabis à usage médical. Plus tard, en septembre 2018, le journal local The Guardian a rapporté que près de la moitié des oncologues nigérians ont révélé qu’ils recommanderaient le cannabis à leurs patients.
En mars 2018, Harsheth Kaur Virk, chef de projet à l’UNODC, a exhorté le Nigeria à envisager la légalisation du cannabis à usage médical.
Mais dans certains pays comme la Zambie ou l'Ouganda, le secteur souffre d’un manque de clarté du droit positif, ce qui permet la production sans l’attribution de licence préalable.
Ailleurs, la pauvreté pourrait être le moteur de la légalisation du cannabis. La baisse de la demande pour les principales cultures commerciales, comme le tabac, pousse les gouvernements à rechercher d'autres sources de revenus. Etant donné que le cannabis est déjà cultivé illégalement en grandes quantités, une législation et une réglementation complètes pourraient libérer le potentiel de revenus. Ceci, en particulier dans les principaux pays producteurs de tabac comme le Zimbabwe et le Malawi.
Quoi qu'il en soit, de nombreux acteurs pro-légalisation du cannabis craignent une réticence des consommateurs subsahariens à en adopter les dérivés en cas de légalisation. La région compte plus de 60% de chrétiens, dont plus de la moitié sont catholiques. Or, l’Eglise catholique estime que « l'usage du cannabis est un péché ».
Le Maroc reste le pilier du marché africain du cannabis
Si en Afrique au Sud du Sahara, le secteur est en plein essor avec des perspectives flatteuses, le Maroc en est, dans ce secteur, depuis plusieurs décennies, un acteur de premier plan. La production et la consommation ont débuté au milieu du VIIe siècle avec l'arrivée des immigrants arabes. En 1932, la culture du cannabis devient illégale, en vertu d'un accord international sur les stupéfiants. Mais face au caractère traditionnel du cannabis, et les risques que peuvent comporter une interdicition aussi brusque, les autorités tolèrent un mélange de tabac et de haschich, qui est de la résine de cannabis.
Plus tard en 1954, la production du cannabis est interdite. Mais dans les faits, elle se poursuit et atteint de tels niveaux que le pays devient, dans les années 1950, la terre promise pour les consommateurs européens.
Aujourd'hui, le Maroc est le premier exportateur mondial de haschich devant le Liban, l’Inde et le Népal, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime qui admet néanmoins que la production globale est peu étudiée et mal connue. Les superficies de production sont estimées à près de 100 000 hectares, soit environ 2% des terres cultivables du pays.
Selon des chiffres du département d'Etat américain, en 2016 la production s'est élevée à 700 tonnes métriques, ce qui équivaudrait, en valeur à la vente, à 23% du PIB marocain.
Mais ce succès n'est pas sans revers. Il y a trois ans, le département d'Etat américain a révélé que le pays est devenu un important pays de transit de cocaïne et d'héroïne, provenant de l'Amérique du sud en direction de l'Europe. En 2016, les autorités en ont saisi plus de 1600 kg de stupéfiants et 19 000 personnes sont en détention dans le pays pour trafic ou détention illégale de drogues. Le gouvernement a, alors reconnu ses limites dans la lutte contre le trafic de drogues.
Le ministère de la Santé a confirmé ce vendredi qu'une «chaîne de production et de vente nationale sera instaurée sous contrôle de l'Etat», dans la future loi légalisant le cannabis sur le territoire.
Lokales, Cannad’Our, einziger Lieferant von Cannabis in Luxemburg, Norbert Eilenbecker, Foto: Lex Kleren/Luxemburger Wort Lex Kleren
Le Luxembourg met toutes les chances de son côté pour devenir l'un des pionniers européens en matière de cannabis. Si la légalisation de l'usage récréatif de cette drogue était connue de longue date, le ministère a bien confirmé ce vendredi qu'une chaîne de production nationale allait également voir le jour.
Bien évidemment, cette production sera soumise à «des procédures très strictes, garantissant la qualité du produit», a souligné une porte-parole, contactée par la rédaction.
Actuellement, plusieurs pays d'Europe autorisent déjà la culture de cannabis, sous certaines conditions. C'est notamment le cas de l'Autriche, la Grèce ou encore de l'Espagne.
Plusieurs granges servent à dépoussiérer les grains du chanvre puis à les stocker dans des silos tout au long de l'année. Photos: Lex Kleren
Du chanvre local déjà existant
Si la ferme Cannad'Our, située à Kalborn, dans le nord du pays, produit déjà son propre chanvre médicinal depuis des années et était en contact avec le gouvernement afin de proposer un cannabis local, son directeur, Norbert Eilenbecker, s'est étonné de la nouvelle ce vendredi matin.
Le chanvre est distillé avec de l'alcool: c'est à Norbert et ses cultivateurs de régler la variation de cannabis et «ThC» dans leurs huiles. Photos: Chris Karaba
«J'ai entendu cette information à la radio, mais je n'en sais pas plus. Personne ne nous a contactés. Je vais me renseigner pour en savoir plus, mais nous ne sommes pas concernés pour l'instant», a-t-il expliqué brièvement.
Pour rappel, Etienne Schneider et Félix Braz se sont rendus en mai dernier, au Canada, afin de se faire une idée du modèle local de consommation de cannabis légalisée. Un modèle qu'ils semblent visiblement vouloir importer directement au Luxembourg.
Toujours en discussion avec les pays limitrophes
En attendant, les grandes lignes du modèle réglementaire du projet de loi seront présentées «avant Noël au conseil de gouvernement, sous la forme d'un concept», a expliqué le ministère de la Santé.
Après approbation, les travaux autour du projet de loi pourront alors être mis en route. Par ailleurs, le Luxembourg est en contact avec les pays limitrophes et certaines institutions internationales pour leur exposer les grandes lignes de son «concept».
Depuis neuf mois, c'est le cannabis médical qui est disponible au Luxembourg, et porte ses fruits. En effet, le pays souffre depuis le 9 juillet dernier, d'une pénurie de cannabis médicinal, à laquelle doit répondre une société canadienne.
La "beldia", le cannabis "terroir" qui a fait la réputation du Maroc auprès des consommateurs de cette drogue, disparaît progressivement des champs dans le nord du royaume, remplacée au nom du rendement par des plants hybrides importés de l'étranger.
Dans la région montagneuse de Ketama (nord), considérée comme "la Mecque" du kif - nom local donné au cannabis -, la "Critikal" fait un tabac. Cette variété produite en laboratoire est pourtant beaucoup plus nocive, se vend moins cher et consomme plus d'eau que la "traditionnelle", selon des études.
Hicham, un "kifficulteur" de 27 ans, s'est lancé dans la culture de "Critikal" parce que "les nouvelles graines importées offrent un rendement beaucoup plus important". Mais il "ne fume que la +beldia+: la moderne est médiocre", dit-il.
"L'une donne de l'imagination, l'autre génère l'angoisse", renchérit Mohamed, un de ses amis.
La "Critikal" est la dernière des plantes importées et la plus en vogue, après la "Pakistana" et la "Khardela", devant d'autres hybrides comme l'"Amnésia" ou la "Gorilla".
Toutes proviennent "de laboratoires en Europe ou en Amérique du Nord (...). Critikal a été inventée aux Pays-Bas", dit l'anthropologue marocain Khalid Mouna.
Importées par des grands producteurs, ces variétés hybrides sont devenues "un marché à part entière", selon ce spécialiste, auteur d'une thèse sur "Le bled du kif: économie et pouvoir chez les Ketama du Rif".
La culture, la vente ou la consommation de drogue sont strictement interdites au Maroc. Ce qui n'empêche pas le royaume de figurer parmi les principaux producteurs et exportateurs de haschich dans le monde, selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Alors que les cultures auraient été réduites de 134.000 ha à 47.500 ha entre 2003 et 2011 dans le cadre d'un grand programme de reconversion, "la substitution d'hybrides au kif peut expliquer pourquoi la production de haschich marocain aurait peu baissé", selon une étude publiée en 2015 par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).
Un quintal (100 kilos) donne un rendement de 5 à 10 kilos pour les hybrides, contre un kilo pour la "locale". La Critikal se vend 2.500 dirhams le kilo (230 euros), la "beldia" jusqu'à 10.000 dirhams (environ 950 euros) le kilo, selon des témoignages recueillis par l'AFP sur place.
"Economie et pouvoir"
Dans le nord du Maroc, le kif fait partie du patrimoine local: sa consommation est largement tolérée par les autorités et la société, tout comme sa production qui fait selon des estimations vivre entre 90.000 et 140.000 personnes, de la culture à la revente, dans cette région aux reliefs accidentés et au sol pauvre.
Hicham passe son temps entre son champ et un café du coin, où il regarde des films sur des chaînes satellitaires en fumant des joints avec ses amis, pour "oublier le chômage".
Tous ont quitté l'école très jeunes pour aider leurs parents. Certains de leurs amis ont migré vers le continent européen, fuyant une région où les perspectives d'emplois sont rares et le chômage touche un jeune sur quatre, selon les chiffres officiels.
"Extrêmement dangereuse"
La plupart des amis de Hicham travaillent en saison pour des gros producteurs de cannabis, pour environ 100 dirhams par jour (9 euros) pendant un mois ou deux. Ils n'ont pas les moyens d'acheter les semences, ni d'investir dans les systèmes d'irrigation ou d'obtenir les "protections" nécessaires dans le milieu pour se mettre à leur compte.
Non loin de leur café, une immense plantation en terrasses s'étale jusqu'au sommet de la montagne voisine. Un réseau de tuyaux reliés à un réservoir y arrose au goutte-à-goutte les plants soigneusement entretenus.
La "Critikal" exige de grandes quantités d'eau. Elle est cultivée en été, quand les pluies se font rares, tandis que la "beldia" est cultivée en hiver grâce aux pluies.
Cet hybride est planté partout, même dans les sites les plus arides, "car les trafiquants l'imposent et les gens ici n'ont pas d'autres choix", s'insurge Mohamed Benyahya, un acteur associatif local.
"Outre l'épuisement et la pollution des sols, aggravés par les hybrides gourmands en intrants chimiques, ce sont les ressources en eau de la région que la culture des hybrides risque d'épuiser rapidement", selon le rapport de l'OFDT.
En outre, la Critikal contient un taux très élevé de THC, la principale molécule psychoactive du cannabis. Pour l'OFDT, "le recours aux hybrides explique la hausse rapide et importante du taux moyen de THC de la résine marocaine observée (lors des) saisies".
"Les consommateurs européens ne veulent plus de cannabis hybride à cause du taux élevé de THC" et tendent à le délaisser, assure Khalid Mouna.
En revanche, "le cannabis marocain traditionnel reste très convoité" selon lui, surtout par ceux qui "plaident pour la légalisation".
Pour l'anthropologue, "la légalisation peut être un moyen de contrôler la consommation, mais aussi de sauver la +beldia+, à travers une vraie politique (encadrée) de production et de transformation".
Les propositions de légalisation se sont jusqu'à présent heurtées à une farouche opposition politique dans le royaume. Cependant, une étude officielle sur les atouts du cannabis thérapeutique vient d'être confiée à des scientifiques locaux, selon les médias.
L’Agence du médicament a donné son feu vert en juillet à l'expérimentation de cannabis thérapeutique.
L’Agence du médicament (ANSM) a donné son feu vert en juillet à l'expérimentation de cannabis thérapeutique. - AFP
SANTÉ - Le député LREM Olivier Veran a annoncé ce mercredi 9 octobre qu’il défendrait un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) autorisant une expérimentation pour deux ans de l’usage médical du cannabis à partir de janvier prochain.
“Parce qu’il y a des malades qui en ont besoin et parce que la France est l’un des derniers pays de l’Union européenne à ne pas l’avoir autorisé”, a justifié mercredi sur RTL ce médecin neurologue, évoquant la situation de “milliers de malades” souffrant de “maladies graves”, pour lesquels “les dérivés du cannabis peuvent constituer un apport thérapeutique supplémentaire”.
L’Agence du médicament (ANSM) a donné son feu vert en juillet à cette expérimentation, selon le cadre proposé par un groupe d’experts, mais on ne savait pas encore quel véhicule serait utilisé pour son lancement.
L’expérimentation se déroulera dès “début 2020” et “sur deux ans”, “avec des médecins formés à la prescription” et un “vrai suivi scientifique”, a rappelé le député de l’Isère, rapporteur général du PLFSS, dont l’amendement a de grandes chances d’être adopté.
Elle devrait concerner “environ 3.000 malades”, a-t-il précisé.
Le fait que cette expérimentation soit probablement incluse dans le budget de la sécurité sociale est un “symbole fort”, a commenté le collectif Alternative pour le cannabis à visé thérapeutique (ACT), qui rassemble plusieurs associations de patients.
Il y voit en effet la garantie qu’il y aura “les crédits nécessaires à la mise en place de la future expérimentation” et “l’assurance que les patients seront entièrement pris en charge”.
Au terme des deux ans d’expérimentation, une évaluation sera menée, qui servira de base pour juger de la pertinence d’une légalisation du cannabis à visée médicale.
Début avril, le Premier ministre Edouard Philippe avait estimé qu’il serait “absurde” de s’interdire d’étudier les possibilités du cannabis thérapeutique. Mais “il ne s’agit en aucun cas d’une légalisation de la vente de cannabis” à usage récréatif, avait précisé Matignon.
Les produits “pourront être délivrés en pharmacie hospitalière, puis en pharmacie de ville” sous forme “d’huiles, de tisanes, également des fleurs séchées de cannabis que les malades ne fumeront pas” mais ils “pourront être équipés d’un vaporisateur pour vaporiser le cannabis”, rappelle aussi Olivier Véran dans un communiqué, évoquant une prise en charge par la Sécurité sociale.
“L’Organisation mondiale de la Santé vient de déclassifier le cannabis qui ne faisait plus partie de la pharmacopée mondiale et vient de reconnaître l’utilité thérapeutique potentielle de cette molécule”, a souligné l’élu, établissant un distingo avec le “cannabis récréatif”.
“On n’est pas en train de s’adresser à un ado de 16 ans qui part en soirée avec de la résine de cannabis, va fumer et flinguer son système de mémoire et prendre le risque de présenter des troubles psychiques”, a-t-il lancé.
“On est en train de parler d’un malade qui a un cancer ou une douleur neuropathique, qui est en impasse thérapeutique, ne vit plus, ne mange plus, ne dort plus, ne s’occupe plus de ses enfants, n’a plus de qualité de vie et vous dit: ça fait un an que je m’automédique comme ça et que je vais mieux. Accompagnez-moi, plutôt que de me laisser dans l’illégalité”, a plaidé Olivier Véran.
Rennes, comme Créteil et Reims, va expérimenter le dispositif voté fin 2018 par les députés. Objectif : responsabiliser les consommateurs, selon le procureur de la République Philippe Astruc.
À Rennes, se faire surprendre par la police en train de fumer un joint en pleine rue en coûtera 200 € à partir de janvier. Lors d’une visite du quartier Maurepas ce mardi matin avec la préfète de Bretagne et la maire Nathalie Appéré, le procureur de la République a annoncé que la capitale bretonne allait expérimenter ce dispositif issu d’une loi votée il y a moins d’un an à l’Assemblée nationale.
Une amende qui « permettra de sanctionner plus efficacement les consommateurs de produits stupéfiants. Ils ont leur part de responsabilité en venant alimenter les commerces à caractère mafieux », indique Philippe Astruc. Une inscription au casier judiciaire est également prévue.
Faire baisser la demande
L’expérimentation commencera à Rennes « en janvier 2020 dès que l’outil sera prêt. Il s’agit d’un système de procès-verbal électronique qui va raccourcir le circuit ». La sanction sera alors immédiate, sans passer par la case tribunal.
Le procureur Philippe Astruc (à droite) s’est rendu dans le quartier de Maurepas, ce mardi matin, classé quartier de reconquête républicaine, avec Nathalie Appéré, la maire de Rennes, et Michèle Kirry, la préfète d’Ille-et-Vilaine. | OUEST-FRANCE
Cette amende forfaitaire permettra, espère le magistrat, « de faire baisser la demande en venant responsabiliser les consommateurs : une amende 200 € et une inscription au casier, ce n’est pas anodin », et d’agir ainsi sur l’offre de stupéfiants.
Décret soumis à la CNIL
Rennes est l’une des trois villes en France à avoir été choisie pour cette expérimentation. « Elle se fera aussi à Créteil et Reims. Il nous faut attendre la modification d’un décret qui est actuellement soumis à la CNIL », précise le procureur de la République, ajoutant que tous les stupéfiants sont concernés, pas uniquement le cannabis.
Sources: ouest-france.fr & letelegramme.fr
Le choix de continuer plus loin dans la voie répressive malgré son échec patent en France apparaît comme d'autant plus absurde et irrationnel que nombre de nos voisins passent à autre chose.
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, le procureur de Marseille Xavier Tarabeux et la garde des Sceaux Nicole Belloubet annoncent la création de l'office antistupéfiants Ofast, le 17 septembre 2019 à Marseille. | Clément Mahoudeau / AFP
Le 17 septembre dernier, Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, a annoncé en grande pompe depuis Marseille un nouveau plan antidrogue contenant pas moins de cinquante-cinq mesures. «Avec ce plan, nous passons encore à la vitesse supérieure. Nous voulons taper fort», assène-t-il alors en dévoilant le nouvel arsenal répressif à l'encontre des drogues.
Parmi les mesures phares, la création de l'Ofast, l'office antistupéfiants, chargé de superviser et mener à bien la prohibition moderne des drogues sur l'ensemble du territoire. Regroupant 150 enquêteurs et enquêtrices, des forces de l'ordre et des magistrat·es, le nouvel organisme aura aussi pour objectif de favoriser la collaboration entre les services de police, gendarmerie et douanes.
La création de cette nouvelle entité apparaît pour le moins opportune dans un contexte où l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) était secoué par le scandale autour de la personne de François Thierry, anciennement à sa tête, soupçonné d'avoir importé de grandes quantités de drogues alors qu'il était en poste. Que les citoyen·nes français·es se rassurent, le nouvel Ofast saura éviter et faire oublier les aspects les plus honteux de l'Ocrtis qu'il remplace fièrement.
En outre, parmi les mesures présentées, on retrouve aussi une plateforme d'appel anonyme qui permettra de signaler les points de vente de drogue. «Pour moi c'est vraiment une catastrophe. Sur un plan démocratique, c'est vraiment instaurer la délation», dénonce Dominique Duprez, sociologue et directeur de recherche émérite au CESDIP/CNRS. Pourra-t-on signaler les points de vente de drogue que constituent les bars, supermarchés, pharmacies et autres marchands de tabac? On ne peut que l'espérer dans un souci de cohérence.
Un marché noir prospère et violent
Ces annonces interviennent alors que les derniers chiffres concernant l'état du trafic de stupéfiants en France ont récemment été publiés, et qu'ils peignent une image peu glorieuse de l'efficacité de l'approche répressive française dont ce nouveau plan dévoilé n'est qu'une énième déclinaison. Le marché noir des drogues prospère, avec un chiffre d'affaires total estimé à près de 3,5 milliards d'euros en 2018 qui continue de grassement financer le crime organisé. Dans une récente enquête du Monde, on découvre avec effroi que des mineurs de 12 ou 13 ans sont recrutés pour les trafics en qualité de guetteurs ou «charbonneurs».
Côté consommation, 45% des adultes français·es ont déjà essayé le cannabis alors que cette proportion n'était que de 24% en 2000, tandis que 11% en ont consommé dans l'année en 2017. Avec une consommation annuelle estimée entre 370 et 580 tonnes par an, ces chiffres permettent à la France de caracoler en tête des pays de l'Union européenne dans ce domaine. Le paradoxe est toujours aussi frappant: la France continue d'être à la fois un des pays les plus répressifs et le premier consommateur d'Europe de cannabis.
Les violences associées aux trafics illicites perdurent, avec 77 règlements de compte enregistrés en 2018, qui ont fait 106 victimes dont 54 décès. Le chiffre est stable par rapport à 2017. «Dans 80% des cas, ils sont liés au trafic de stupéfiants», résume Frédéric Doidy, chef de l'Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO).
Toujours plus de répression policière et judiciaire
Nous célébrerons en 2020 les 50 ans de l'approche prohibitionniste très répressive de l'État français moderne, issue de la loi du 31 décembre 1970. Rien ne permet de montrer plus clairement à quel point ce nouveau plan antidrogue s'inscrit dans la continuité du tout-répressif en vigueur depuis près d'un demi-siècle que le quatuor présent lors de sa présentation: le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, son secrétaire d'État Laurent Nuñez, la garde des Sceaux Nicole Belloubet et le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, dont dépendent les Douanes.
Jusqu'où ira cette surenchère de répression devant l'incapacité à endiguer les trafics? Souhaite-t-on arriver un jour aussi loin que les Philippines de Rodrigo Duterte où ce dernier a mis en place une terrible politique d'exécutions extrajudiciaires faisant des milliers de morts dans cette course sans fin de guerre contre la drogue? Rien n'indique pourtant que ces violations massives de droits humains aient apporté le moindre bénéfice en matière de réduction des trafics ou de protection de la population.
Ce choix de continuer toujours plus loin dans la voie répressive malgré son échec patent en France apparaît comme d'autant plus absurde et irrationnel que nombre de nos voisins reconnaissent l'évidence de cet échec et ses terribles conséquences sur la sécurité et la santé publique, et passent à autre chose. Les exemples d'États toujours plus nombreux aux États-Unis et du Canada qui sont passés à un modèle de légalisation du cannabis sont désormais bien connus et les bénéfices associés sont bien documentés, tant en ce qui concerne la protection des droits civiques que la lutte contre la criminalité ou la promotion de la santé publique.
Chez nos voisins plus proches aussi, les choses changent dans le sens de plus de respect des libertés, tel le Luxembourg qui en août dernier a fait savoir sa volonté de légaliser le cannabis d'ici deux ans, ou encore les Pays-Bas qui ont annoncé début septembre le lancement d'une expérimentation de production légale de cannabis afin de lutter efficacement contre la production illicite.
En 2018, la Global Commission on Drug Policy a publié un rapport extrêmement important rappelant les raisons pour lesquelles la prohibition doit être abolie et la manière détaillée dont une légalisation contrôlée des drogues peut et doit être mise en place. Elle appelle à cesser de poursuivre cette vision irréelle d'éradication des drogues, et à plutôt consacrer l'ensemble des moyens aux différentes manières basées sur des preuves afin de protéger les consommateurs, réduire les risques et soigner les personnes malades.
Il semble aujourd'hui acté que la légalisation du cannabis ne pourra arriver sous ce gouvernement, qui avec ce nouveau plan a démontré qu'il ne valait pas mieux que l'entêtement idéologique des précédents. Gageons qu'un des prochains gouvernements saura enfin faire preuve de rationalité et que face aux désastres titanesques de la prohibition, il saura répondre en l'abolissant fermement plutôt qu'en créant un énième organisme au nom obscur chargé de la faire perdurer envers et contre tout.
Les amateurs de cannabis bientôt surveillés par la douane sur les réseaux sociaux ?
"Pour le gouvernement, tous les moyens sont bons pour accentuer la répression contre les usagers de drogues illicites. Une nouvelle loi devrait permettre aux agents du fisc et aux douaniers de surveiller de près les citoyens sur les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter ou Instagram. Pour optimiser la surveillance et recueillir le maximum de données, les agents du fisc et de la douane devraient utiliser l’intelligence artificielle.
La France compte environ 5 millions de consommateurs de cannabis et une grande partie d’entre eux utilisent les réseaux sociaux. De nombreux usagers, se croyant anonymes sur internet, revendiquent leur consommation. Une surveillance automatisée devrait permettre aux autorités de repérer de nombreux consommateurs, cultivateurs de marijuana ou « incitateurs ».
Un article du projet de loi de finances pour 2020 donne la possibilité au fisc et aux douanes de « collecter et exploiter les données publiques des internautes. » Le gouvernement communique en particulier sur le sujet de la fraude fiscale mais l’article concerne également les infractions douanières.
L’objectif est de lutter contre les fraudes sur internet en surveillant en particulier les réseaux sociaux ou des sites d’annonces comme le Bon coin. « Il est aisé de réaliser, de manière occulte ou sans respecter ses obligations fiscales ou douanières, une activité économique sur Internet, notamment de commerce des marchandises prohibées » précise le texte du projet de loi. La surveillance manuelle n’étant pas suffisante pour obtenir de bons résultats, le texte du projet de loi autorise le recours à la surveillance automatisée. Des algorithmes spécifiques seront développés pour améliorer le ciblage des personnes.
Le gouvernement assure que le respect de la vie privée sera préservé. Les données récoltées ne seront conservés que 30 jours et la surveillance ne concernera que les « manquements les plus graves ». Sur les réseaux sociaux, seuls les profils “publics” seront surveillés. De plus, la reconnaissance faciale ne sera pas utilisée Un décret du Conseil d’État soumis à l’avis de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) doit préciser les pourtours du dispositif.
Au bout de deux ans et demi, la CNIL devra remettre un rapport au parlement pour évaluer l’efficacité du dispositif et savoir s’il est justifié de porter atteinte au respect de la vie privée au nom de la lutte contre la fraude. Saisie en urgence le 28 août, la CNIL a du publier un premier avis le 12 septembre (rendu public le 30 septembre). La CNIL a accompagné son avis de plusieurs réserves et incite le législateur à la plus grand prudence.
Il existe déjà une surveillance manuelle des amateurs de cannabis sur les réseaux sociaux, comme en témoignent de nombreuses affaires. Les gendarmes et les policiers utilisent quotidiennement les réseaux sociaux pour trouver des informations sur les personnes mises en cause. Mais si la nouvelle loi est votée, la surveillance automatisée pourrait faire de gros dégâts dans la communauté. Il existe bien sur certaines parades pour limiter les dégâts : compte privé sur Facebook, utilisation de pseudos, VPN ou migration sur le dark-net.
Ce nouveau projet de loi permet de renforcer l’arsenal répressif alors que le gouvernement fait de la lutte contre le trafic et la consommation de stupéfiants, et donc principalement de cannabis, une priorité. Le premier ministre vient de dévoiler le grand plan « anti-drogue » du gouvernement en 55 mesures. Il semble qu’Édouard Philippe préfère les boissons alcoolisées, comme nous l’a révélé le documentaire « Édouard, mon pote de droite »."