Violence et narcotrafic au Mexique : le poids de l'histoire
Par Invité, dans Justice, politique,

Neuf mille morts. Ce serait, à en croire une commission parlementaire citée hier par le quotidien El Universal, le bilan de cinq ans d’affrontements pour le contrôle du narcotrafic au Mexique.
 
Source : Drogues news
Policiers, trafiquants, magistrats... le nombre des victimes serait passé de 1080 en 2001 au double en 2006. Si ces chiffres sont, là encore, dans un pays marqué par la violence, à prendre avec précaution, l’évolution, elle, semble se confirmer. Et elle est d’autant plus frappante, comme le souligne lemonde.fr, qu’au même moment, la Colombie connaît une baisse des crimes violents (tout de même 17000 recensés en 2006).
 
 
Entretien avec Laurent Laniel, sociologue, animateur du site Drugstrat et grand spécialiste de la géopolitique des drogues.
 
Comment expliquer cette hausse de la violence au Mexique?
Il faut d’abord noter que le pays est marqué par une forte tradition de violences et que le trafic de drogues peut n’être qu’un prétexte. Quand on retrouve un homme abattu les mains attachées, on dit qu’il s’agit d'un règlement de comptes entre narcos. Personne ne pose de questions. De manière plus générale, la violence est une des conséquences de la rupture des liens traditionnels entre le pouvoir central et les trafiquants.
 
Quelle était la nature de ces liens?
Historiquement, les trafiquants ont été soumis à la police, elle-même soumise aux politiciens. Le Mexique est l’un des premiers pays du narcotrafic. Avant même le XXe siècle, on y produisait et y consommait opium et marijuana, exportés en toute légalité vers les Etats-Unis. Après l’adoption des premières lois fédérales antidrogues aux Etats-Unis en 1914, ce commerce se poursuit, mais illégalement, ce qui accroît sa rentabilité.
Tellement que, dans le Nord, des politiciens s'y investissent. Petit à petit, le PRI, le parti unique, a été impliqué. Des gens puissants ont protégé, voire «racketté», les trafiquants, se servant de la police comme intermédiaire. L'ancien maire de Mexico, Carlos Hank Gonzalez, a même été accusé par les Américains de diriger le trafic. A la même époque, le Cartel du Golfe a pris de l’ampleur sous la présidence de Salinas (1988-1994), soupçonné d’être un proche de son leader, Juan Garcia Abrego. Au moins jusqu’en 2000, la puissance des cartels dépendait de leurs liens avec le pouvoir. C’est moins clair maintenant: le trafic, comme la politique, s'est démocratisé, mais la concurrence entre les acteurs est très violente.
 
Le cas du Mexique intéresse moins la communauté internationale que la Colombie...
Parce qu’en Colombie, les narcos sont des entrepreneurs privés qui se sont érigé en groupes paramilitaires, menaçant l'Etat et la classe dominante traditionnelle. Ce phénomène a attiré l’attention de la police et des médias américains. C’est aussi l’époque où le trafic international de drogues commence à être perçu au Nord comme une menace réelle. Dans les années 80, la Colombie popularise l’image du dangereux trafiquant qui s’en prend à l’Etat.
 
Les auteurs du rapport parlementaire font de la hausse de la consommation au Mexique même une des raisons de la hausse de la violence.
Le pays a un pied au Nord et un autre au Sud. Une classe moyenne en quête de sensations y côtoie la population des bidonvilles, où le désespoir sert de terreau à la toxicomanie. La consommation de stupéfiants augmente, ainsi que le nombre de dealers «détaillants». On disait jusqu’il y a peu que l’héroïne et la cocaïne étaient uniquement destinées à l’exportation. Mais depuis les années 90, le pays est devenu un énorme consommateur. Le phénomène est désormais visible et pose des problèmes «d'insécurité de proximité», comme dans la plupart des pays latino-américains, notamment l’Argentine et le Brésil.
 
Mexico semble aujourd’hui s’impliquer plus fortement contre le narcotrafic.
Les choses ont certes changé depuis que le PRI a perdu le pouvoir, en 2000. Les trafiquants se sont autonomisés. L’armée a été impliquée dans la lutte pour suppléer une police totalement corrompue et en laquelle le nouveau gouvernement n’avait aucune confiance. Mais même à imaginer que l'actuel président ait la volonté de lutter contre le trafic, il y a un pas, au Mexique, entre les faits et la volonté politique. Comment pourrait-il lutter? La police reste corrompue et l’armée le devient. Aucune réforme de fond concernant la lutte antidrogues n’est envisagée alors qu’on atteint les limites du modèle «tout répressif», qui accroît la violence et la corruption au lieu de les faire diminuer.
 
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Verdict du procès Grainaoizos
Par Invité,
Communiqué de Presse
 
Le verdict du procès Grainaoizos est tombé. L'équipe du Jardin de poche a été condamné pour trafic de stupéfiants et incitation à l'usage de drogue.
8 mois de prison avec sursit pour l'ex-gérant et 4 mois de prison avec sursit pour les trois autres (en dessous du réquisitoire du procureur qui demandait respectivement 12 et 8 mois de prison avec sursit).
 
Condamnés pour un trafic de stupéfiants sans stupéfiants et sans amende douanière pour importation illégale de stupéfiants, nous attendrons les justifications du Tribunal sur la condamnation pour réagir.
 
Arnaud Debouté
Collectif d'Information et de Recherche Cannabique
 
 
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Date du procès grainaoizos
Trafic de graines, non lieu Rennais pour Barracanna
Compte rendu du procès Grainaoizo Jardin de poche du 11 décembre 2006 à Lorient
 
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Le compteur de la prohibition à la française
Par Invité,
Bien sûr, ces chiffres, tout officiels qu’ils soient (1), sont à prendre avec des pincettes. Mais à travers leur imprécision se dessine le profil de la prohibition à la française.
 
Source : Drogues news
Le cannabis serait, de fait, dépénalisé? Soit, mais plus de 90000 usagers simples sont arrêtés chaque année. Les usagers ne sont jamais amenés devant un tribunal? En 2005, 32000 personnes au total ont été condamnées pour infraction à la législation sur les stupéfiants, soit 10000 de plus que le total des revendeurs arrêtés la même année... La police cible en priorité les dealers? Ils sont cinq fois moins nombreux à être arrêtés que les usagers. Et encore, sur un total de près de 20000 interpellés, plus de la moitié (11200) sont des usagers-revendeurs.
Ce sont ces chiffres que se propose de vous rappeler, tout au long de cette année, mon compteur de la prohibition en France (ci-contre), librement inspiré de celui créé par le site antiprohibitionniste américain Drugsense. Jour après jour, seconde après seconde, il propose une extrapolation des arrestations, des saisies et des sommes dépensées pour lutter contre la toxicomanie en France depuis le début de cette année (2). Une piqûre de rappel quotidienne pour tous ceux qui croiraient, à tort, que la France a désarmé dans la guerre à la drogue.
 
(1) Ils sont basés sur le rapport 2006 de l’Octris, les chiffres clés du ministère de la Justice et, pour le budget de la lutte contre les toxicomanies, sur une étude réalisée en 1998 et reprise par la cour des comptes (en l’absence de budget unifié global de la lutte contre la toxicomanie, ils sont les plus récents existant).
(2) Pour des raisons qui dépassent mon maigre entendement mathématique, le compteur prend pour point de départ le 31 décembre 2006 au matin et non le 1er janvier 2007... Grandeur et servitude du javascript.
 
Note par Vyking :
Le compteur, ainsi que tous les liens externes, sont disponibles depuis la page source : Drogues news
 
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2006 le best-of
Par Invité,
Et s’il fallait se résumer. Savoir ce qui a changé, ou pas, cette année. 2006 fut-elle, en France, une année stupéfiante ?
 
Source : Drogues news
L’événement le plus marquant n’a, étonnamment, pas inspiré un seul de mes collègues. Pas une ligne dans les journaux, pas une image à la télé. Il s’agit pourtant de l’une des principales révisions de la loi de 1970 votée par le Parlement, à l’initiative du ministre-candidat Sarkozy et du charismatique ministre de la Justice Pascal Clément. Noyée au milieu de la controversée loi sur la délinquance, la philosophie de cette révision «clandestine» est simple: frapper un tout petit peu moins fort pour frapper beaucoup plus souvent. Concrètement, la consommation reste un délit (passible d’un an de prison) mais les simples usagers devraient surtout se voir dirigés vers des structures médicales ou de «sensibilisation aux dangers de la drogue…». Reste à savoir ce qu’il adviendra du projet si Segolène Royal l’emportait à la présidentielle.
 
Le second événement de l’année est passé un tout petit peu moins inaperçu. Il s’agit des trente ans de l’appel du 18 joint. L’occasion, trente ans après, d’un bilan d’étape… en forme de gueule de bois. Non seulement la consommation de cannabis reste un délit, mais la plupart des signataires de l’époque refusent de s’engager à nouveau. Maigre consolation pour moi, dans Libé (où l’appel fût publié en son temps) mon ami Antoine de Gaudemar signe pour l’occasion un très bel édito.
 
A propos des consommateurs de cannabis toujours, après des années de hasch coupé au henné ou à la paraffine, l’année a été marquée par la diffusion à grande échelle d’herbe coupée aux microbilles de verre, à la farine ou encore au sable (photo Circ Nord-Est). Le petit commerce n’es plus ce qu’il était.
 
Dernière tendance de fond, la révélation au grand public de l’ampleur de la consommation de cocaïne en France, en hausse régulière de puis des années. Dans les quartiers, certains réseaux de revendeurs de hasch se mettent à la poudre, devenue plus indispensable que les Ferrero pour toute soirée de jeunes cadres dynamiques.
 
Pour 2007 ? Après Baffie et Karl Zéro, le président de la République Sarkozy invite tous les fumeurs de France à l’Elysée… Qui sait ?
 
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Joyeuses fêtes
Par Invité,
Les administrateurs et les modérateurs de Cannaweed vous envoient leurs meilleurs voeux pour l'année 2007.
 
Par ailleurs, CannaWeed a récemment fêté ses 4 ans d'existence (le 14 décembre) ; ainsi nous remercions tous les membres qui font vivre le forum, jours après jours, années après années, et qui nous aident à pérenniser cet espace privilégié.
 

Que vos jardins et placards soient florissants, et que vive l'autoproduction ! :-D On en discute sur le forum...
 
 
Cordialement
L'Equipe CannaWeed
 
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Les conseils de la police américaine pour ne pas se faire arrêter
Par Invité,
«Comment fumer en toute sécurité». Tel aurait pu être le titre de cette vidéo dont le but est d’apprendre à déjouer la vigilance policière lorsque l’on est en possession de drogues.
 
Source : Drogues news
Tout cela pourrait n’être qu’une lubie adolescente tout droit sortie d’une soirée trop enfumée si son auteur n’était autre qu'un... ex-agent des stupéfiants du Texas. Et pas n’importe lequel. Selon son ancien supérieur hiérarchique, Barry Cooper «était probablement le meilleur agent des stupéfiants de tout l’Etat, voire de tout le pays».
 
Le DVD Never get busted again («Ne te fais plus jamais arrêter») doit sortir aujourd’hui et s’accompagner de la mise en ligne d’un site web (adresse inconnue à cette heure). On y apprend comment réussir une cachette parfaite, éviter d’attirer l’attention de la police ou encore tromper les chiens.
 
Partisan de la légalisation de la marijuana (mais pas des autres drogues illicites), Barry Cooper justifie sa démarche par les dégâts liés à la guerre à la drogue américaine, qui détruit des familles et remplit les prisons de condamnés non-violents : «Ma principale motivation est d’apprendre aux Américains à faire respecter leurs libertés civiques. C’est l’injustice de notre système qui me pousse. J’apprends juste aux gens comment ne pas détruire leur vie en étant enfermé dans une cage», a-t-il déclaré mercredi dernier au Tyler Morning Telegraph. «Je sais que ça ne sera pas accepté par mes pairs, ici au Texas, mais dans d’autres endroits du pays, je serais félicité. Quand je perquisitionnais des maisons et détruisais des familles, ma conscience me disait que j’avais tort, mais mon appétit de pouvoir, de gloire et de reconnaissance professionnelle l’emportait sur ma bonne conscience.» Avant de conclure: «Les milliards de dollars que nous dépensons pour la guerre à la drogue devraient l’être pour protéger nos enfants. Ils sont molestés tous les jours alors que tout le monde sait que nous avons déjà perdu cette guerre.»
 
Autant d'arguments régulièrement mis en avant par les membres de l’association américaine Leap (Law enforcement against prohibition), qui regroupe d’anciens policiers, magistrats, directeurs de prison luttant contre la guerre à la drogue.
Mais bien sûr, tous ses anciens collègues ne voient pas tout cela d’un bon oeil. «Je suis choqué, comme tous les officiers qui ont fait le serment de défendre les lois de cet Etat et de cette nation, a déclaré Richard Sanders, responsable de la DEA (les stups américains) à Tyler (Texas), où réside Cooper. Il est clair que toute cette affaire a pour unique but de se faire de l’argent.» Et ce dernier de menacer d’une enquête sur la légalité de cette entreprise.
 
«Je mets quiconque n’est pas d’accord avec moi au défi de venir débattre en public pour entendre ce que j’ai à dire et je parie que certains changeront alors d’avis, s’est enfin défendu Cooper. Mais je suis sûr que d’autres me verront comme le diable.»
 
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Dépénalisation : pour les candidates ce sera non
Par Invité,
En quelques jours, trois des principales candidates de gauche à la présidentielle ont été amenées, à leur corps défendant, à se prononcer sur la dépénalisation du cannabis. Ne faisons pas durer plus longtemps cet insoutenable suspens. La réponse a été unanime: pas un seul oui.
 
Source : Drogues news
Parce que «la distinction entre drogues légales et illégales s'estompe au profit d'un message de prévention des toxicomanies et d'une approche plus lucide des phénomènes de délinquance liés aux mafias des drogues dans les quartiers», pour Dominique Voynet (Verts), qui si elle n'a pas formellement dit non, jeudi sur le site de Libé, a esquivé la question.
 
Parce que «la question est globale, [que] c'est une question éducative de lutte contre toutes les formes de toxicomanie et aussi une interrogation sur les raisons pour lesquelles les jeunes transgressent», pour Ségolène Royale (PS) chez Serge Moati dimanche (Ripostes).
 
Parce que «je n'ai pas envie de banaliser les drogues, et toutes les drogues d'ailleurs», pour Arlette Laguiller (LO) chez Denisot hier (le Grand Journal).
 
A moins que Marie-George Buffet ne change radicalement son pétard d’épaule, toutes les candidates de gauche devraient donc esquiver le débat.
 
Bien sûr, les choses évoluent et le refus n’est pas absolu.
 
Voynet concède que «les Verts ont toujours pointé l'hypocrisie de la politique française en matière de drogue». «On traitait comme un criminel le consommateur occasionnel de cannabis, et comme un signe de virilité la cuite du samedi soir.»
 
Royal accorde: «Je crois qu'il faut sortir de l'hypocrisie. Ce dont les jeunes souffrent, c'est de polytoxicomanie, c'est-à-dire le mélange drogue, alcool, qui est quand même une drogue légale, et quand on voit aujourd'hui l'alcoolisme chez les jeunes, il est souvent aussi grave que la consommation de drogues dites douces.»
 
Quant à Laguiller, elle y est presque: «Je ne suis pas pour poursuivre et faire faire de la prison pour les jeunes, et pas seulement les jeunes d'ailleurs.» Mais c’est non quand même. Peut-être pour sa septième candidature à l’Elysée...
 
Ni vraiment pour, ni vraiment contre : on sent bien, à lire ces contributions, le malaise régnant sur la question au sein de la gauche française. Et pourtant, un simple regard vers nos voisins européens permettrait peut-être aux candidates de franchir ce petit pas qui semble si douloureux. Car même si tout le monde s’accorde sur le fait que les simples consommateurs de cannabis finissant en prison sont aujourd’hui une exception, la France est loin d’être devenue une société permissive, comme on l’entend souvent à droite (voir les récents propos de Nicolas Sarkozy). Elle est même l’un des pays européens les plus répressifs en la matière: dans l'Union à 25, seuls Chypre, la Grèce, la Finlande et la Suède font aujourd'hui de la consommation de cannabis une infraction pénale. Ce qui n’empêche pas notre jeunesse d’être l’une des plus grosses consommatrices de cannabis en Europe. Devant les Pays-Bas...
 
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ENCOD : Bonnes nouvelles
Par Invité,
Communiqué de Presse
Par Joep Oomen (coordinateur d'ENCOD)
 
Chers amis : Bonnes nouvelles de la Belgique pour changer. On nous a restitué aujourd'hui tout notre matériel (y compris l'ordinateur et l'administration financière) dans un geste inattendu de la part de la police.
Ils m'ont en outre demandé plusieurs choses, révélant leur intérêt particulier à en savoir davantage sur le financement de" Élève Ta Plante et ENCOD". C'est facile à expliquer, tout est légal et ils ne peuvent pas "faire grand cas" de cela.
 
Nous espérons qu'ils continueront avec une simple accusation de "production de drogues ". En Belgique il existe une loi qui interdit la production de THC, donc "Élève Ta Plante"peut s'avérer coupable. Mais comme dit le rapport de l'OEDT de Lisbonne de cette année, les autorités belges ont mis en vigueur un décret ministériel en 2005,établissant que la possession de max. 3 grammes ou une plante femelle de cannabis est un délit qui peut provoquer une investigation de la police, mais qui ne peut provoquer de sanctions légales. Il y a donc une ambiguïté, et nous espérons que le juge le croit aussi et qu'il nous laisse aller (ou qu'il nous condamne à une petite amende en expliquant dans son verdict que cette ambiguïté provoque la confusion).
 
Je suis aussi allé à Bruxelles dernièrement et j'ai entendu que Giusto Catania sera de nouveau porte-parole du Parlement Européen sur le dossier du "dialogue avec la société civile sur la politique de drogues", ce qui est excellent.
 
Joyeuses fêtes à tout le monde.
Amicalement. Joep
 
FOR A BETTER SYSTEM:
https://www.cannabis-clubs.eu
 
Merci à bob., membre d'ENCOD, pour m'avoir transmis l'article, ainsi que pour s'être chargé de la traduction
 
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La marijuana fait la fortune de l'Amérique
Par Invité,
Qui a dit que la principale ressource agricole des Etats-Unis était le maïs? Il s’agit en fait de la marijuana. Avec un chiffre d’affaire de plus de 35 milliards de dollars, le cannabis made in USA rapporterait en effet plus que la matière première des Corn Flakes (23 milliards) et le soja (17,6 milliards).
 
Source : Drogues news
Quand on se veut le leader de la guerre mondiale à la drogue ; quand on envoie des soldats en Colombie ou en Afghanistan pour lutter contre les «narcoterroristes»; qu’on fait pression sur le Canada, trop compréhensif sur cette question, et que l’on décerne chaque année des mauvais points aux pays ne luttant pas assez contre les stupéfiants, c’est le genre d’étude qu’on préférerait oublier très vite.
 
Bien sûr, l’auteur du rapport, le chercheur Jon Gettman est un avocat de longue date de la dépénalisation du cannabis. Mais ses chiffres s’appuient sur les données fournies par l’administration américaine en 2003. Ainsi, selon les bureaux du Tzar antidrogues américain, les Etats-Unis produiraient environ 10 000 tonnes d’herbe par an. Un chiffre déjà connu et repris par l’ONU, qui ferait du pays un des tous principaux producteurs mondiaux. Dans l'indifférence générale. Partant de ce chiffre difficilement vérifiable mais également difficilement contestable par les autorités, le chercheur évalue, a minima, à 35,8 milliards de dollars le chiffre d’affaires de la marijuana locale.
 
La Californie, Etat de tradition agricole, fournirait à elle seule le tiers d'une production multipliée par dix en vingt-cinq ans. Tandis que le Tennessee, le Kentucky, Hawaii et Washington suivraient au palmarès. Au total, le pays compterait 56 millions de pieds d’herbe cultivés en extérieur et 11,7 millions en intérieur (photo extraite du site de la DEA). Soit autant que le Mexique. Et bien plus que le Canada, pourtant sans cesse montré du doigt pour ses exportations de «BC Bud» (la skunk de Vancouver) vers les Etats-Unis. Pourtant jamais, au niveau international, les Etats-Unis n’ont été rappelés à l’ordre comme peut l’être le Maroc, autre gros producteur.
 
«Le fait que la marijuana soit la principale ressource agricole américaine après plus de trois décennies d’efforts d’éradication démontre bien que les lois actuelles sont un échec total», en a conclu hier Rob Kampia , du Marijuana policy project, association antiprohibitionniste qui publie l’étude. Et comme on est aux Etats-Unis, ce dernier ajoute: «Nos lois font en sorte que 100% de cette manne aille aux criminels plutôt qu’aux business légaux, qui paient des taxes pour financer les écoles, la police, les routes...»
 
Quant à Tom Riley, porte-parole du Tzar antidrogues John Walters, il n’a ni infirmé ni confirmé ses chiffres, mais a évoqué l’Afghanistan et la Colombie pour rétorquer à Kampia : «La cocaïne est la principale ressource agricole de la Colombie et ça n’a pas marché pour eux, le pavot est la principale ressource agricole de l’Afghanistan et ça a été désastreux pour eux.» Afghanistan, Colombie, Etats-Unis... Habile comparaison.
 
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La pénalisation de la consommation de drogue s’est-elle avérée efficace ?
Par Invité,
Par Liliane Maury Pasquier, Conseillère nationale - 15 décembre 2006
 
L'article 19a, al. 1, de la loi sur les stupéfiants prescrit depuis de nombreuses années que «celui qui aura consommé intentionnellement des stupéfiants (…) est passible des arrêts ou de l'amende». Cette pénalisation de la consommation de stupéfiants s'est-elle avérée efficace?
 
Source : tdg.ch
En pénalisant la consommation de certaines substances alors que d'autres sont considérées avec une certaine bienveillance, mène-t-on une politique cohérente? Manifestement non, si on pense que les Chambres fédérales ont accepté de dépénaliser l'absinthe et, le même jour, refusé d'entrer en matière sur une révision de la loi sur les stupéfiants qui intégrait la question du cannabis ou encore d'augmenter les taxes sur la bière dont la consommation excessive cause pourtant des dégâts importants chez les jeunes, du fait de son bas prix qui la rend très accessible.
 
Pour tenter de sortir de ces incohérences contre-productives, le groupe socialiste du parlement fédéral a élaboré un papier de réflexion sur la politique de la drogue qui devrait servir de base à un large débat pour une politique cohérente de la dépendance, centrée sur les effets négatifs des comportements addictifs.
 
Les spécialistes s'accordent à reconnaître que, plus que la substance elle-même, c'est le type de consommation qui devrait être au cœur du débat. En effet, une substance peut très bien être consommée de manière peu ou pas dangereuse - les médecins recommandent même de boire un verre de vin en mangeant - ou de manière problématique - par exemple quand on boit plus qu'un verre avant de prendre le volant - voire en devenant dépendant, c'est-à-dire en perdant le contrôle de sa propre consommation. Dès que la substance consommée ou le comportement problématique deviennent addictifs, la personne se laisse entraîner vers une véritable descente aux enfers: désinsertion sociale et professionnelle, pertes d'emploi voire de logement, déchéance et marginalisation.
 
Or, ce n'est pas en traitant les substances potentiellement addictives de manière incohérente - en banalisant certaines alors que d'autres sont diabolisées - que l'on pourra lutter efficacement contre la dépendance et ses dégâts.
 
Bien sûr, les personnes qui consomment de l'héroïne mettent leur santé et leur vie en danger. Mais c'est quand elles deviennent dépendantes de ce produit que le danger est le plus grand, pour elles évidemment mais aussi pour la société, du fait du besoin toujours plus impératif de se procurer l'héroïne par n'importe quel moyen, le plus souvent dans l'illégalité. Est-ce en pénalisant ces personnes pour leur consommation, au risque de les rendre plus vulnérables face à des dealers sans scrupule, que l'on combattra efficacement ce fléau? N'est-ce pas plutôt en s'attaquant aux réseaux criminels organisés qui font des profits faramineux sur leur dos?
 
De même, alors que la consommation d'alcool en Suisse entraîne des coûts plus de 6 milliards de francs par an, alors que l'on peut observer les souffrances des personnes alcooliques et de leurs proches, il ne viendrait à l'idée de personne de prôner l'interdiction de la consommation d'alcool, les politiques de prohibition ayant déjà prouvé leur inefficacité. Mais est-ce en faisant de la publicité pour l'alcool que l'on combattra efficacement ce fléau? N'est-ce pas plutôt en augmentant les taxes sur les boissons les plus prisées des jeunes, comme on l'a fait récemment avec succès avec les alcopops, que l'on atteindra les objectifs essentiels en santé publique?
 
Le groupe socialiste souhaite que la Suisse se donne les moyens de mettre en œuvre les quatre piliers qui ont fondé la politique de la drogue ces dernières années et qui doivent être élargis dans une optique de politique de la dépendance. Il convient de développer la prévention pour toutes les substances susceptibles d'entraîner une dépendance, en particulier chez les jeunes, en leur offrant la possibilité de recourir à l'aide de professionnels compétents dans les moments les plus à risque (conflits familiaux, ruptures amoureuses, échecs scolaires ou professionnels). Il ne faut pas abandonner les différents programmes mis sur pied sous le terme d'«aide à la survie» et qui ont réellement permis de sauver des vies. Il ne faut pas couper les vivres, en ces temps d'austérité budgétaire, aux différentes institutions qui offrent des programmes de thérapie et de réinsertion qui constituent le plus souvent la seule perspective de sortir d'une vie de galère. Il faut enfin mener une politique de répression envers tous ceux qui amassent des fortunes sur le dos des personnes dépendantes.
 
La répression doit particulièrement porter sur les réseaux internationaux du crime organisé, ne serait-ce que pour protéger les consommateurs de produits frelatés donc encore plus dangereux. Nous ne voulons pas, comme cela a été faussement écrit, dépénaliser les drogues, nous voulons les rendre moins accessibles mais venir en aide à toutes les personnes qui souffrent de dépendance à un produit ou à un comportement, quels qu'ils soient.
 
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