L'oeil du cyclone
Par Invité, dans Associatif,

Bulletin d'ENCOD sur la politique des drogues en Europe
 
Dans l’oeil du cyclone tout est calme. Le temps et l’espace semblent s’être mis d’accord pour s’arrêter, pendant que tout autour la vie bouge à une vitesse incroyable. A la fin de cet été, nous entrerons dans une phase cruciale du mouvement contre la prohibition des drogues en Europe.
 
Source : Encod.org
Les gouvernements continuent à prendre des mesures qui augmentent la criminalisation et la marginalisation de millions de personnes et font des efforts désespérés pour éviter une évaluation honnête de l’impact de ces mesures. Les citoyens qui souhaitent mettre à l’ordre du jour des propositions constructives pour des politiques alternatives devront combiner détermination et patience , force et subtilité, confiance et attention pour mesurer les occasions qui peuvent s’offrir.
 

Dans d’autres parties du monde, des gens n’ont pas le luxe de penser à l’élaboration de propositions politiques. Au début juillet, Amnistie Internationale et d’autres organisations ont annoncé que 16 pays d’Asie et du Pacifique continuent d’appliquer la peine de mort pour trafic et possession de drogues , à un moment où la tendance mondiale est d’abolir totalement cette peine [1] . Le gouvernement du Maroc , qui a diminué de façon drastique la culture du cannabis de moitié durant les quatre dernières années , a annoncé sa volonté d’éradiquer la principale zone de culture qui reste dans les montagnes du nord du Rif. [2] . Et le gouvernement des États-Unis augmente la pression sur le président et cultivateur de coca bolivien Evo Morales pour qu’il trahisse ses anciens compagnons , selon l’ ONUDD la culture de coca en Bolivie a augmenté de 8% cette année [3]. Pendant ce temps, durant la même période, la culture d’opium en Afganistan a augmenté de 50 %, soit un sombre bilan de 900% depuis l’invasion des États-Unis en 2001 [4].
 
L’Europe aussi est en voie de déclencher une guerre civile sur la prohibition des drogues. Les mesures que le gouvernement néerlandais projette de mettre en place pour "protéger le public de substances nuisibles" ne sont rien de plus que des réponses impulsives à la panique générée par une presse à sensation et un appareil répressif. Quelques incidents avec des touristes qui ont eu lieu à Amsterdam qui auraient, ou non, consommé des champignons hallucinogènes sont utilisés comme argument pour renforcer la prohibition de leur vente , évènement auquel s’est opposé le Ministère de la Santé Publique et qui a été décrit par les experts comme une "catastrophe totale".
 

De même, aux Pays-Bas , les coffee-shops traversent des moments difficiles. Rotterdam semble avoir l’honneur de se transformer en la première ville où le nombre de coffee-shops a été réduit de moitié , l’argument utilisé étant qu’ils augmentent l’utilisation de cannabis chez les mineurs. Ce raisonnement ignore complètement le fait que l’usage du cannabis chez les plus jeunes n’a pas de relation avec la proximité d’un coffee-shop. Des documents européens démontrent clairement que l’usage chez les mineurs (et l’accessibilité au cannabis) aux Pays-Bas est inférieur à de nombreux pays européens qui n’ont pas de coffee-shops. Comme le dit le psychiatre hollandais Frederick Polak :"la véritable raison pour laquelle les autorités veulent fermer les coffee-shops c’est parce qu’ils sont la preuve vivante de l’inutilité de la prohibition".
 
Dans d’autres pays aussi prévalent les principes moraux sur la sagesse. Le gouvernement du Royaume-Uni, que déclassa le cannabis de la catégorie B à la C en 2004 , est en train de reconsidérer cette décision , pour " améliorer l’éducation sur les drogues dans notre pays". Le gouvernement du Royaume-Uni est convaincu aussi que "la légalisation enverrait un signal erroné á la jeunesse". Dans la même tendance , le gouvernement allemand répondit à une proposition pour prendre des mesures de réduction des risques causés par les produits frelatés :"nous ne voulons pas prendre ces mesures , car le cannabis est dans tous les cas nuisible". On estime le nombre d’usagers réguliers à plus de 3 millions au Royaume-Uni [5] et de 4 millions en Allemagne [6].
 
Que faire de ces gens ? Que faire, par exemple, de ceux qui , parmi eux , consomment du cannabis en usage médical , pour ceux que ce même usage réduit les souffrances ? Quel type de message on va leur envoyer ? Peut-être un message avec le symbole du dollar ? Il ne fait aucun doute que les multinationales pharmaceutiques suivent de près les résultats des débats sur la création de "canaux légaux pour l’opium afgan" , comme le propose le Senlis Council [7].
 

Les compagnies pharmaceutiques paient des millions d’euros pour "éduquer" des médecins aux bénéfices de leurs produits plus importants que ceux de leurs concurrents. Elles ont payé des docteurs pour se faire passer pour les auteurs d’articles de presse écrits par des auteurs fantômes, une pratique largement décrite dans le sommaire d’un procès contre l’entreprise Pfizer. Dans une telle atmosphère, il est peu probable que quelque étude que se soit puisse aboutir de façon désintéressée , sans parler de ce que ce serait si la substance est illégale. En plus si elle semble indépendante, la recherche pourrait servir á des fins politiques. En janvier 2006 , le Royaume-Uni défendait la déclassification du cannabis de B á C [8] avec les mêmes arguments scientifiques qui font qu’aujourd’hui il s’y oppose [9]. .
 
Aucun expert médical ne douterait du fait que la réduction des risques ne peut arriver que par des moyens légaux, qui garantissent la sécurité des usagers et de leur entourage. C’est un défi pour nous de prouver cela en pratique. L’introduction du modèle des Clubs Sociaux du Cannabis dans la campagne de Vienne 2008 peut être utilisé comme un exemple de comment le futur des collectifs sociaux de consommateurs de drogues peuvent organiser leur propre système , indépendant autant du point de vue commercial que médical.
 
La vie de plusieurs pionniers de ce modèle a été frappée par une tempête contre laquelle nous devons tous résister. Ont été arrêtés et condamnés parce qu’ils ont suivi le sens commun de la philosophie de réduction des risques que fût introduite dans les années 90. Fin juillet , la police espagnole détruit la plantation de Ganjazz Art Club (un club social du cannabis de San Sebastian), pendant que le propriétaire de la respectée compagnie suisse Chanvre-Info, André Fürst , membre du comité exécutif d’ENCOD, est condamné á 29 mois de prison pour cultiver du chanvre et fabrication de produits dérivés.
 

ENCOD n’acceptera jamais une peine de prison pour des gens qui font la promotion de l’usage d’une plante. Nous continuerons de lutter pour une alternative transparente au dilemme créé en 1961, quand les puissants gouvernements décidèrent d’enfermer le monde dans la prison de la guerre à la drogue. En août nous demanderont un espace dans le forum de la société civile sur la politique des drogues que la Commission Européenne est sur le point de mettre en place. En octobre , la campagne sur les Clubs Sociaux du Cannabis sera lancée, suivant la feuille de route des actions dirigées vers la réunion de l’ONU à Vienne en Mars 2008.
 
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Par Joep Oomen avec Peter Webster - (traduction : Jean-Michel Rodriguez)
 
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Cinq ministres britanniques admettent avoir fumé du cannabis
Par Invité,
Imaginez que Michèle Alliot-Marie, Christine Lagarde, Dominique Bussereau, Hervé Novelli et Eric Woerth annoncent tous le même jour avoir déjà fumé un pétard. C'est exactement ce qui s'est passé jeudi à Londres, où, au lendemain d'un discours du nouveau Premier ministre, Gordon Brown, annonçant le lancement d'une étude sur le renforcement des sanctions contre les fumeurs de cannabis, ses ministres des Finances, de l'Intérieur, des Transports, des Entreprises et du Budget ont admis y avoir eux-mêmes déjà goûté. Même si tous disent avoir arrêté ou même l'avoir regretté...
 
Source : Rue89.com
C'est Jacqui Smith, la nouvelle ministre de l'Intérieur, qui a ouvert le bal des aveux jeudi matin: "J'ai fumé à quelques reprises du cannabis, je pense que c'était une erreur de faire cela", a-t-elle déclaré sur GMTV (voir la vidéo de la BBC). Ironie de l'histoire, elle était justement interviewée à propos de l'étude que venait de lui confier Gordon Brown, qui envisage de mettre un terme à la dépénalisation de la consommation en vigueur depuis trois ans. Un retour en arrière officiellement justifié par la consommation croissante de skunk, herbe plus concentrée en THC (le principe actif), et alors que les jeunes Britanniques sont (avec les Français) les plus gros fumeurs d'Europe.
 
Interrogée pour avoir si cet écart de jeunesse la disqualifiait pour sa tâche actuelle, la ministre a répondu par la négative: "D’une certaine façon, je pense avoir retenu la leçon et j’ai la responsabilité, en tant que ministre de l’Intérieur, de m’assurer que nous mettions en place le cadre législatif, le soutien et les informations nécessaires pour faire encore baisser l’usage de cannabis."
 
Un aveu contagieux puisqu'il en a entraîné de nombreux autres, à commencer par celui du très respecté Alistair Darling, chancelier de l'Echiquier (ministre des Finances), numéro 2 du gouvernement et qui avait pourtant le triste privilège d'avoir été élu l'homme politique le plus ennuyeux du royaume. Vinrent ensuite Ruth Kelly (Transports), John Hutton (Entreprises) et Andy Burnham (Budget). Quelques années auparavant, Yvette Cooper (Logement) et Hazel Blears (Collectivités locales) avaient précédé leurs collègues.
 
Sur le site de la BBC, l'analyste politique Nick Assinder rappelle qu'en 2000, huit membres conservateurs du shadow cabinet avaient eux aussi admis avoir goûté au cannabis, tandis que David Cameron, outré, n'a jamais démenti. "Indubitablement, l'une des raisons de ces aveux est que le risque est grand que leur passé soit de toutes façons un jour révélé, il est donc préférable de l'avouer soi-même et de gagner au passage quelques points de sincérité. D'autant que ce type d'aveux ne semble plus problématique de nos jours", conclut le journaliste de la BBC. Un sondage réalisé en février pour le Times montrait que 80% des Britanniques n'étaient pas choqués par de tels aveux.
 
Un message qui aurait été entendu par Gordon Brown. A en croire le Daily Mail, Tony Blair avait fortement déconseillé à ses ministres de s'étendre sur le sujet. Or, selon le Evening Standard d'hier, Jacqui Smith avait prévenu Brown avant ses aveux et ce dernier l'aurait laissée libre de le faire. Des porte-parole de David Millband (ministre des Affaires étrangères) et Gordon Brown ont toutefois pris soin de préciser que ces derniers, eux, n'avaient jamais cédé à la tentation.
 
Que les fumeurs comptant se rendre en Grande-Bretagne se rassurent: saisi d'une même demande de reclassification du cannabis, le conseil consultatif sur les drogues avait jugé il y a un an et demi que sa dangerosité, si elle était réelle, ne justifiait pas de menacer à nouveau les usagers d'emprisonnement.
 
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Le cannabis en France: plus de répression... et de fumeurs
Par Invité,
La France est l'un des moutons noirs du pétard en Europe. Non contente d'être l'un des pays les plus répressifs de l'Union, elle est également l'un de ceux où l'on fume le plus. Les chiffres sont sans appel: 22% des jeunes Français auraient consommé du cannabis au cours du dernier mois –record européen– contre 1% en Suède.
 
Source : Rue89.com
Au total, "la France figure parmi les pays les plus consommateurs en Europe tant chez les jeunes adultes que les adolescents", conclue le rapport "Cannabis, données essentielles" publié mardi par l'Office français des drogues et toxicomanies (OFDT) et qui dresse un bilan très complet du phénomène en France.
 
En 2005, près de 4 millions de nos compatriotes avaient ainsi expérimenté cette drogue et plus d'un demi-million en consommaient même tous les jours. Pour achever ce premier tableau statistique, la part des consommateurs réguliers (dix fois par mois) est en hausse: entre 2000 et 2005, elle est passée de 3,8 à 5,9%. Ainsi, "depuis 2000, l’usage régulier de cannabis se trouve à un niveau très proche de l’usage régulier d'alcool".
 
Ces chiffres sont connus, d'autres le sont moins. Ainsi, par exemple, le nombre de consommateurs recourant à l’autoculture, qui pourrait être estimé à 200 000. Ou encore la chute du prix moyen du gramme, qui se situe aujourd’hui autour de 4€, soit une baisse de 30% en dix ans. Au total, le chiffre d’affaires annuel issu de la vente de cannabis serait évalué en France à 832 millions d’euros (on appréciera la surprenante précision du chiffre...).
 
Côté idées reçues, le rapport nous apprend que "les cadres s’avèrent plus souvent consommateurs réguliers que les ouvriers". Ou encore que "les étudiants du supérieur ne sont pas plus souvent consommateurs de cannabis que les actifs occupés du même âge". Point de vue santé, le constat serait presque rassurant: "Dans l’ensemble et de façon qualitative, le cannabis fumé se comporte comme le tabac fumé. Les mêmes effets sont retrouvés, en termes de cancer, maladies cardio-cérébro-vasculaires ou respiratoires, avec le même impact aussi sur le risque de maladies infectieuses et sur la vie reproductive."
 

Côté répression, chaque année, 90000 personnes sont interpellées pour usage de cannabis (contre 12000 il y a vingt ans) et la répression coûte à l'Etat plus de 500 millions par an, soit 0,4% du PIB. En 2005, cette somme avait, entre autres, permis de saisir 83 tonnes de résine et 3 tonnes d'herbe. Mais pour quels résultats? C'est la question que se garde bien de poser l'OFDT.
 
Les prix baissent et la consommation n'a cessé de croître depuis l'adoption de l'arsenal législatif français, la fameuse loi de 1970. Elle est pourtant l'une des plus répressives d'Europe, ce que n'évoque pas le rapport de l'OFDT. Ainsi, des pays de l'Union à 25, la France compte parmi les cinq seuls à rendre la simple consommation de cannabis passible d'une peine de prison (lire le rapport de l’OFDT).
 
Et alors que les Pays-Bas sont régulièrement pointés du doigt pour laxisme en la matière, les jeunes Néerlandais fument en moyenne beaucoup mois que leurs homologues français. Que les prohibitionnistes se rassurent toutefois, avec des lois également assez souples en matière de cannabis, le Royaume-Uni connaît, lui, des taux de consommation comparables à la France, alors que la Suède, très répressive, figure en queue de peloton des fumeurs de pétards.
 

De là à en déduire que les politiques publiques ne changent pas grand chose en la matière, il n'y a qu'un pas. Qu'a franchi, dans les années 80, le docteur John Marks, pionnier britannique des programmes de distribution d'héroïne et de cocaïne. Il expliquait ainsi:
 
"La dépendance se structure sur un cycle d'une durée moyenne de dix ans. Puisque les toxicomanes se défont de leur toxicomanie en dépit des docteurs et des policiers et non grâce à eux, la meilleure intervention possible consiste à les maintenir en bonne santé, non délinquants et vivants, jusqu'à ce qu'ils s'en défassent au terme de ce cycle. Ce qui ne veut pas dire que pendant les dix années de maintenance il faille renoncer à persuader les patients de laisser tomber leur usage de drogues."
 
Les 90000 usagers simples de cannabis arrêtés chaque années apprécieront.
 
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Le cannabis continue de se banaliser
Par Invité,
C'est la "bible" du cannabis. Diffusé à compter de mardi 10 juillet, l'ouvrage Cannabis, données essentielles constitue la première monographie réalisée par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) sur la substance illicite la plus répandue en France.
 
Source : Le Monde
Tous les résultats des études, enquêtes et données épidémiologiques, scientifiques ou sociologiques les plus récentes, et parfois inédites, sont ici synthétisés pour livrer un tableau au plus proche de la réalité du cannabis sur le territoire. On le sait, le "joint" s'est largement banalisé. Il compte près de quatre millions de consommateurs, dont 1,2 million d'usagers réguliers et 550 000 usagers quotidiens.
 
Ces chiffres placent la France parmi les pays les plus consommateurs en Europe, aux côtés de la République tchèque, de l'Espagne et du Royaume-Uni. Chez les jeunes, toutes catégories sociales confondues, l'expérimentation du cannabis est devenue un "modèle dominant", souligne Jean-Michel Costes, directeur de l'OFDT. Depuis 2000, son usage régulier atteint presque le même niveau que celui de l'alcool. En 2005, 49,5 % des jeunes âgés de 17 ans ont déclaré avoir déjà pris du cannabis au cours de leur vie, 27,9 % au cours des trente derniers jours, 10,8 % de façon régulière et 5,2 % quotidiennement.
 
En hausse très nette depuis le début des années 1990, l'expérimentation est également devenue plus précoce. C'est en moyenne vers 15 ans qu'on fume son premier joint. Ensuite, l'usage du cannabis est davantage lié à "l'intensité de la sociabilité et des contacts amicaux" qu'au milieu social ou au parcours scolaire. Ainsi, l'usager de cannabis est d'abord un "fêtard". Plus le nombre de sorties - au café, dans les pubs ou chez des amis - est fréquent, plus la consommation augmente.
 
Si l'expérimentation du cannabis n'a cessé de se répandre, le mouvement semble néanmoins se stabiliser depuis 2002. En revanche, la part de consommateurs réguliers (au moins dix fois par mois) parmi les 15-34 ans est passée de 3,8 % en 2000 à 5,9 % en 2005 et apparaît en lien direct avec la situation scolaire ou professionnelle. Schématiquement, l'usage "festif" se retrouve davantage parmi les jeunes issus de milieux favorisés ayant un bon niveau scolaire. En revanche, on rencontre plus souvent l'usager régulier chez les jeunes en difficulté ou en échec scolaire et les chômeurs. "Un meilleur niveau d'instruction autorise l'expérimentation et ne freine pas l'usager mais "protégerait" du basculement vers une consommation régulière et un usage problématique", notent les spécialistes.
 
Ce tableau cache quelques surprises. Ainsi, les cadres s'avèrent plus souvent des consommateurs réguliers que les ouvriers. Quant aux étudiants de l'enseignement supérieur, ils ne sont pas plus "accros" que les actifs de leur âge. "Le cannabis est une réalité complexe. Des jeunes parviennent à gérer leur consommation et à en sortir, tandis que chez d'autres ce produit ne fait que renforcer leurs difficultés", explique M. Costes.
 
Pour s'approvisionner, les usagers ont recours au don (58,7 %), à l'achat auprès de proches ou de dealers (36,8 %) et à l'autoculture (5 %), en plein développement, y compris dans les zones urbaines. Environ 200 000 personnes sont passées à l'autoproduction, ce chiffre étant considéré comme une "fourchette basse". Toujours plus répandu, le cannabis est aussi de moins en moins cher. Le prix moyen d'un gramme de résine a baissé de 30 % en dix ans, pour atteindre actuellement environ 4 euros.
 
Quant au gramme d'herbe, il coûte 5 euros et des poussières de centimes, contre 10 euros en 1996. Selon une étude qualitative réalisée auprès d'usagers réguliers, le budget mensuel consacré à l'achat du cannabis en 2006 se situe entre 80 et 150 euros, sans compter l'achat du tabac.
 
Au total, le chiffre d'affaires annuel que représente la vente de cannabis en France est estimé, sur la base de données déclaratives, à 832 millions d'euros (dont la part la plus importante est attribuable aux 15-24 ans). On considère que le chiffre d'affaires du tabac atteint 13,7 milliards d'euros TTC (14,2 milliards pour l'alcool). En prenant en compte l'ensemble des dépenses supportées par la collectivité (traitements, répression, prévention, etc.), le coût social du cannabis peut être estimé à 919 millions d'euros (dont seulement 36,5 millions au titre de la prévention, contre 523, 5 millions pour la répression), soit 0,06 % du PIB, ou encore un peu plus de 15 euros par habitant. Comparativement, le coût social de l'alcool et celui du tabac s'élevaient respectivement, en 2003, à 2,37 % et 3,05 % du PIB, soit 599 et 772 euros par habitant.
 
Cancers, maladies respiratoires, troubles psychiatriques : les méfaits du cannabis sur la santé peuvent être multiples "sans que les études explicitent toujours à quels niveaux de consommation ces risques sont susceptibles d'apparaître", souligne l'OFDT. Les risques de mort violente sont essentiellement liés aux accidents de la circulation. Le nombre annuel de victimes directement lié à une conduite sous l'emprise du cannabis serait d'environ 230, sur la base d'un total de 6 000 morts sur les routes.
 
Sandrine Blanchard
 
 
https://www.ofdt.fr/ofdtdev/live/publi/cde.html
 
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Cannabis et Coffee Shops, 13 malentendus et 1 conclusion
Par Invité,
1. Avoir moins de coffee-shops diminuera la consommation de cannabis
 
Faux. Aux Pays-Bas, le seul pays occidental où le cannabis est vendu « légalement » dans les coffee-shops, 13 % des jeunes consomment du cannabis. Dans les pays où la consommation de cannabis est sévèrement punie, davantage de jeunes consomment cette substance : Belgique, Irlande, États-Unis (17 %), Royaume-Uni (20 %), France (22 %).
 
Source : Site internet de la ville de Maastricht
2. Une personne qui consomme du cannabis court davantage de risques de passer aux drogues dures (« tremplin »)
 
En soi, cette affirmation est vraie : un consommateur de whisky a commencé par de la bière, et il n’est pas passé directement de la limonade aux boissons fortes. C’est pour cela qu’il est important de ne jamais franchir le premier pas, et les Pays-Bas ont plutôt bien réussi dans ce genre de mesures : à peine 12 % de l’ensemble de la population ont consommé au moins une fois du cannabis. Aux États-Unis ce taux est de 28 %, et en Australie de 40 %. Il en résulte que les Pays-Bas connaissent peu d’utilisateurs de drogues dures, et peu de morts dus aux drogues.
 
3. Les coffee-shops poussent à l’achat de drogues dures
 
Faux. Au contraire, les coffee-shops permettent une nette distinction entre drogues douces et drogues dures. Le consommateur de cannabis recherche volontiers un endroit sûr, légal et convivial, et ne se dirige pas volontiers vers le monde dur, illégal et criminel des drogues dures.
Dans les pays où le cannabis et la cocaïne, le haschisch et l’héroïne sont également illégaux, le consommateur de cannabis est dès le départ livré aux dealers criminels. Il se trouve déjà dans ce monde sinistre, et le passage aux drogues dures s’opère facilement.
Comme le prouvent les chiffres, 3 habitants sur 1 000 de la tranche d’âge 15-64 ans sont dépendants des drogues dures aux Pays-Bas. Au Luxembourg, au Royaume-Uni, en Italie, au Portugal et au Danemark, le taux oscille entre 7 et 10 par 1 000 habitants. En ce qui concerne la morbidité, on relève aux Pays-Bas 1 décès dû aux drogues par 100 000 habitants, en Allemagne, Suède et Finlande entre 1 et 2 par 100 000 habitants, au Danemark 5 et en Norvège 8.
 
4. Les coffee-shops provoquent des nuisances
 
Ce n’est pas obligatoirement le cas. Les tenanciers de coffee-shops ont tout intérêt à ce que le calme et la sécurité règnent, faute de quoi ils risquent de perdre une licence très lucrative, et le fumeur de cannabis n’a pas la réputation d’être un fauteur de troubles. Il y a certes beaucoup de nuisances à Maastricht, mais cela est dû au grand nombre de narcotouristes. Chaque année, 1,5 million d’étrangers viennent à Maastricht pour le cannabis, un nombre qui suffit à lui seul à provoquer des nuisances.
Il va de soi qu’il est possible de conclure des accords avec des tenanciers de coffee-shops de bonne foi à propos de ces nuisances : les pouvoirs publics peuvent tenter de les déplacer pour les installer aux abords de la ville. Ces tenanciers coopèrent avec ce projet car ils veulent continuer à faire des affaires en toute tranquillité. Des accords de ce type ne sont pas possibles avec des tenanciers de coffee-shops clandestins.
 
5. La culture du cannabis est par définition entre les mains de criminels
 
Cela n’est pas nécessairement le cas bien entendu, on peut également prévoir que des tenanciers de coffee-shops de bonne foi soient approvisionnés par des cultivateurs de bonne foi et des distributeurs de bonne foi.
Les Pays-Bas ont toutefois choisi de laisser la culture et le commerce aux mains du crime organisé. En effet, un coffee-shop peut vendre du cannabis, un client peut le consommer, mais personne ne peut le cultiver ni le distribuer. Et puisqu’il faut bien le produire, des criminels (et des cultivateurs clandestins à domicile) s’en chargent. Et c’est ainsi que chaque année, rien qu’à Maastricht, des criminels parviennent à gagner environ 50 millions d’euros.
Cela va bien au-delà des objectifs de la politique de tolérance : politique très favorable à la mafia, mais déstabilisante pour les citoyens de Maastricht, Tilburg, Rotterdam ou Amsterdam.
 
6. On peut éliminer cette criminalité en éliminant la culture et le commerce du cannabis
 
Cela ne marchera jamais. Comme nous l’avons vu plus haut, la régulation de la vente et de la consommation présente de grands avantages par rapport à la fermeture des coffee-shops. Mais il convient également de réguler l’approvisionnement, faute de quoi on continue à alimenter la criminalité. En effet, si l’on continue à autoriser la vente, il faut bien que le cannabis vienne de quelque part. Si on autorise un boulanger à vendre du pain, il faut bien qu’il puisse y mettre de la farine.
 
Et tant que l’on tolère des boulangers, il faut bien qu’il y ait des céréaliers et des meuniers. Cela vaut également pour les coffee-shops : toute culture que l’on ferme en amène une nouvelle. et si l’on parvient avec beaucoup de violence à les éradiquer de la ville de Maastricht, elles refleuriront aux alentours, selon le principe des vases communicants.
 
On peut bien entendu choisir de fermer les boulangeries (coffee-shops), ce qui serait au moins cohérent. Si le gouvernement néerlandais ne souhaite pas réglementer les approvisionnements, Maastricht sera dans l’obligation de choisir une stricte politique d’assainissement de la ville. Mais il en ira de même avec les coffee-shops et les cultures que ce ne serait le cas avec les boulangeries et les céréaliers : ils referont illégalement surface ailleurs, en dehors de Maastricht. Car qu’il s’agisse du pain ou du cannabis la demande reste forte, et comme nous l’avons vu au point 1, les pays sans coffee-shops connaissent même une consommation plus élevée qu’aux Pays-Bas.
 
C’est la raison pour laquelle Maastricht avance une proposition visant simultanément d’une part à réguler de manière très stricte la culture et le commerce, et d’autre part à déplacer les coffee-shops vers des sites où ils ne provoqueront pas de nuisances. Une politique de ce type ne peut fonctionner que dans une totale cohérence.
 
Nous sommes en faveur de cette approche car elle mène à une diminution de la consommation de cannabis, à une baisse de la consommation des drogues dures, à moins de nuisances et à moins de criminalité. L’alternative consiste à mener une guerre sans merci contre la drogue, à assainir la ville, mais cela aboutira à la poursuite illégale des activités liées à la drogue en dehors de Maastricht.
 
7. La régulation de la culture et du commerce favorisera le narcotourisme
 
Cela n’a pas de sens. Les étrangers se rendent dans les coffee-shops parce qu’on peut y acheter du cannabis (5 grammes par personne au maximum) sans se faire arrêter. Ils se moquent éperdument de la manière dont le cannabis parvient au coffee-shop.
 
8. La révélation des approvisionnements est juridiquement impossible
 
La régulation actuelle des activités (la vente de cannabis à des particuliers selon des conditions très strictes et sous un contrôle également strict) est elle aussi juridiquement impossible. En effet, la loi néerlandaise sur les stupéfiants (« Opiumwet ») interdit totalement la possession de cannabis. Le ministre de la Justice donne toutefois une injonction au Ministère public : absence de poursuite pour une possession à titre individuel inférieure à 5 grammes, ainsi que pour un stock de moins de 500 grammes dans les coffee-shops.
 
Une approche similaire pourrait être imaginée pour réguler les approvisionnements. Il n’est pas possible de légaliser cet aspect, et nous ne le voulons d’ailleurs pas, mais nous souhaitons néanmoins pouvoir le réguler.
 
9. La régulation des approvisionnements rencontre des objections au niveau de l’Europe
 
M. Frattini, commissaire européen en charge entre autres des affaires de drogue, déclarait en mai dans le Volkskrant : Les Pays-Bas doivent décider pour eux-mêmes, il s’agit d’une question nationale tant que cela ne nuit pas aux pays voisins. Les pays voisins subissent précisément MAINTENANT des nuisances suite à la politique plus sévère des Pays-Bas vis-à-vis des cultures. Et ils s’en plaignent à bon droit : cette politique plus ferme fait fuir la production totalement vers la Belgique et l’Allemagne. Récemment, beaucoup de plantations ont été fermées mais sont réapparues ailleurs par la suite. En effet, ce marché ne faiblit pas, comme nous l’avons vu plus haut, et il faut donc que le cannabis soit produit quelque part.
 
10. M. Leers, maire de Maastricht, est en faveur de la consommation de cannabis
 
Cette affirmation est réellement fantaisiste. M. Leers, le maire de Maastricht, n’a rien à voir avec le monde du cannabis, n’en a jamais consommé, et espère que les jeunes n’y toucheront jamais. Maastricht a opté pour une politique de prévention vis-à-vis des jeunes, les Pays-Bas ont démontré leur succès en la matière, et Maastricht appuie cette approche.
 
Le problème est que les objections morales du maire à l’encontre du cannabis ne peuvent pas être résolues par des discours moralisateurs.
Si l’on opte pour ce type de discours, il faut fermer les coffee-shops, ce qui signifie : davantage de jeunes consommant du cannabis, davantage de passages aux drogues dures, et une criminalité renforcée.
 
11. La régulation de la culture et du commerce n’a pas de sens. La criminalité continue à exister.
 
Nous consacrons actuellement un tiers des forces de police à combattre quelque chose qui ne peut pas être combattu parce que nous lui avons donné une place dans notre société : la culture du cannabis. Toute culture que nous détruisons réapparaît à un autre endroit. Le problème pourrait être résolu en majeure partie si nous enlevons l’approvisionnement des établissements légaux des mains de la mafia pour le confier à des cultivateurs de bonne foi. Nous pourrions alors affecter les forces de police à combattre ce qui reste de criminalité, ce qui serait beaucoup plus efficace.
 
12. La régulation de la culture et du commerce fera monter les prix, ce qui rendra le cannabis illégal plus attrayant
 
C’est peu probable. Les prix baisseront parce qu’il ne sera plus nécessaire de payer des primes de risque. Mais ils augmenteront en partie parce que le cultivateur légal devra également payer un impôt légal et des cotisations salariales. Selon les tenanciers des coffee-shops, ces deux effets s’annuleront. La comparaison que les ministres néerlandais font parfois avec le cannabis médicinal (culture de marijuana légale et très limitée pour des patients souffrant par exemple de rhumatismes) n’est pas très adéquate car il s’agit en l’occurrence de quantités beaucoup plus faibles et que chaque petite culture est encadrée et contrôlée par tout un panel de sommités médicales.
 
13. Pour le cannabis régulé, le taux de THC sera plus faible, et les consommateurs les plus « durs » continueront à rechercher l’illégalité
 
Le taux de THC (ce qui équivaut pour le cannabis au « taux d’alcool ») est actuellement déjà en baisse après avoir été en augmentation pendant des années. Les consommateurs veulent des drogues DOUCES et rejettent l’offre de cannabis « dur » qui a provisoirement été présent sur le marché. Ils n’en veulent pas. C’est un peu comparable au bistro, où l’on boit davantage de bière que de whisky : la régulation se fait par le marché.
 
Hypocrite ?
 
Yearly dead-rates in the Netherlands as a result of:
 
Obesitas: 40.000
Tobacco: 18.000
Alcohol: 3.500
Harddrugs: 60
Magic Mushrooms: 0,1
Cannabis: 0
 
Conclusion
 
La politique néerlandaise en la matière est bonne pour la santé publique, car elle aboutit à un nombre relativement faible de consommateurs de cannabis et à des passages limités aux drogues dures. Cette politique a un aspect négatif pour l’ensemble de la société car la production et le commerce sont laissés aux mains du crime organisé.
 
Cet aspect peut être combattu en régulant par des conditions très strictes non seulement la vente et la consommation, mais également la culture et la distribution.
 
Au niveau local, et surtout dans les villes frontières, il faut aussi tenir compte d’un autre aspect : les nuisances causées par l’afflux de narcotouristes étrangers. La solution que l’on peut envisager en l’occurrence est de déplacer les coffee-shops vers des endroits facilement accessibles par les étrangers et faiblement peuplés.
 
En l’espèce, la coopération des communes voisines est souvent nécessaire étant donné qu’elles n’ont pas de coffee-shops (ceux-ci se situent surtout dans la commune centrale, à savoir Maastricht) et qu’elles ne manifestent pas un enthousiasme particulier pour en avoir.
 
Cela est compréhensible, mais l’alternative est encore moins attrayante :
 
1. Si les communes voisines ne coopèrent pas, la ville de Maastricht devra réduire le nombre de coffee-shops soit le nombre nécessaire pour pourvoir aux besoins de sa propre population. La demande ne faiblira pas, et le marché se déplacera donc vers les communes des alentours.
 
2. Si le gouvernement à La Haye n’apporte pas sa contribution à la régulation des approvisionnements (culture et commerce), la ville de Maastricht devra chercher à rétablir l’équilibre (les conséquences pour la politique en la matière) d’une autre manière. Et cela ne pourra se faire que par la fermeture de tous les coffee-shops. Si l’on ne peut pas réguler la façon dont ce marché s’approvisionne, il faudra à terme cesser de tolérer la vente et la consommation.
 
Les nuisances pour les communes voisines ne feront que croître, car c’est et cela restera une illusion de croire que les besoins en cannabis diminueront.
 
Mais les véritables victimes seront surtout les jeunes. Ils devront acheter leurs cannabis auprès de criminels endurcis qui n’auront de cesse de les attirer vers les drogues dures. C’est le cas en France, en Angleterre, aux États-Unis et dans de nombreux autres pays occidentaux ; des pays où la consommation tant de cannabis que de drogues dures est beaucoup plus élevée qu’aux Pays-Bas.
 
La meilleure solution pour les consommateurs de cannabis et les autres citoyens est une stricte régulation tant des approvisionnements que de la vente et de la consommation, avec une politique adéquate de répartition des établissements.
 
Mais comme nous venons de le démontrer, il s’agit d’un ensemble : la politique en la matière doit porter simultanément tant sur les approvisionnements que la vente et la consommation, ainsi que sur la répartition des coffee-shops. Si tel n’est pas le cas, nous en revenons au modèle européen standard, avec davantage de consommateurs, davantage de passages aux drogues dures, plus de criminalité et davantage de dégâts sociaux.
 
Le célèbre criminologue du FBI Joseph McNamara, et George Shultz, secrétaire d’état du gouvernement Reagan, ont abouti dans un courrier célèbre de 1998 à une conclusion assez remarquable par rapport à leurs positions habituelles. Mais il s’agit d’une conclusion que nous connaissons depuis longtemps si nous avons le courage d’aborder la problématique des drogues d’un point de vue rationnel et non moral. Ils écrivaient dans ce courrier adressé à Kofi Annan et signé aussi par Dries van Agt, ancien premier ministre néerlandais : « We believe that the global war on drugs is now causing more harm than drug abuse itself. » (« Nous estimons que la lutte totale contre la drogue cause aujourd’hui davantage de dégâts que la consommation de drogue en tant que telle »).
 
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Il ne sera finalement pas interdit de fumer dans les coffee-shops
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Cette fois, le couperet n'est pas passé loin. Après de longs mois de suspens, le ministre de la Santé néerlandais a affirmé qu'il ne profiterait pas de l'entrée en vigueur, le 1er juillet 2008, de l'interdiction de fumer dans les lieux publics, pour faire fermer les coffee shops. "Si nous voulions nous débarrasser de la politique de tolérance à l'égard des drogues douces, nous devrions le faire directement", aurait déclaré Ab Klink, le ministre de la Santé, selon Libération.
 
Source : Rue89.com
Des zones fumeurs cloisonnées seront donc autorisées dans les bars, hôtels, restaurants... et coffee shops.
 
Une nouvelle qui n'a pas dû faire plaisir à tout le monde, particulièrement dans les capitales voisines de La Haye, où l'on tente toujours, en vain, de convaincre les Pays-Bas de fermer ces "lieux de perdition" où hasch et herbe sont en vente libre, sur place ou à emporter. Parfois à l'étranger.
 

Dernier bras de fer en date: la délocalisation des coffee-shops de Maastricht, où chaque année passent 1,5 million de fumeurs de pétards, pour 120 000 habitants... Pour faire face aux nuisances engendrées par ce tourisme qui dérange chaque week-end la par ailleurs si paisible et bourgeoise capitale du Limbourg et du traité, les autorités locales ont décidé début juin, après une première tentative avortée en 2006, de délocaliser huit des quinze coffeshops vers la banlieue. Soit très près de la frontière belge.
 
Réponse immédiates de Bruxelles: le 14 juin, Guy Verhofstadt, Premier ministre, "déplore" cette décision et menace d'interpeller son homologue néerlandais lors du Conseil européen. Quatre jours plus tard, les bourgmestres des 24 communes de l'agglomération liégeoise font savoir qu'ils saisiront la Cour de justice des communautés européennes pour violation du Traité de Schengen. "Les bourgmestres de l'agglomération liégeoise craignent que le déplacement, à proximité de la frontière belge, de ce genre d'établissements où on peut fumer légalement du cannabis ne représente un réel danger pour les jeunes de la région."
 
Pourtant, depuis l'entrée en fonction de Gerd Leers, le maire de Maastricht, nombre de coffees ont déjà dû fermer leurs portes. Les "survivants", au nombre de 15, ont même récemment décidé de demander la carte d'identité, les empreintes digitales et des photos de leurs clients, et ce afin de dissuader jeunes Belges, Français et Allemands.
 
Mais sur le fond, la réponse de la ville de Maastricht à ses voisines est sans appel: "Aux Pays-Bas, le seul pays occidental où le cannabis est vendu 'légalement' dans les coffee-shops, 13% des jeunes consomment du cannabis. Dans les pays où la consommation de cannabis est sévèrement punie, davantage de jeunes consomment cette substance : Belgique, Irlande, États-Unis (17%), Royaume-Uni (20%), France (22%)", peut-on lire sur son site internet. Et en Français s'il vous plaît.
 
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Les coffee-shops néerlandais resteront fumeurs
Par Invité,
Les patrons des coffee-shops respirent : ces fameux cafés où cannabis et haschich sont en vente libre ne vont pas devoir mettre la clé sous la porte, comme ils le craignaient.
 
Source : Libération
Le 1er juillet 2008, une interdiction de fumer entrera en effet en vigueur dans tous les bars, hôtels et restaurants des Pays-Bas. Les amateurs de fumette seront épargnés, a rassuré Ab Klink, le ministre de la Santé.
 
«Si nous voulions nous débarrasser de la politique de tolérance à l’égard des drogues douces, nous devrions le faire directement», a-t-il expliqué.
 
Du coup, pour ne pas donner l’impression de réserver aux coffee-shops un traitement de faveur, le gouvernement va autoriser des zones fumeurs partout, à condition qu’elles soient strictement cloisonnées.
 
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Cultiver localement, agir globalement
Par Invité,
Bulletin d'ENCOD sur la politique des drogues en Europe
 
Du 22 au 24 juin a eu lieu à Anvers (Belgique) l’Assemblée Générale d’ENCOD. Plus de 40 délégués de 12 pays ont pris part à ce véritable marathon de trois jours sur les idées et les actions possibles pour les 9 mois à venir ainsi que sur les événements que nous projetons d’organiser à Vienne.
La campagne "Liberté de cultiver" reste encore notre principal message. En Europe l’axe de la campagne se centrera sur le cannabis, mais lors de la session de l’ONU à Vienne (Autriche) nous devons aussi faire référence à d’autres plantes. Cette campagne peut être plus concrète avec l’implantation des Clubs de Consommateurs de Cannabis, Cannabis Social Clubs, un modèle qui propose la culture et la distribution de cannabis, dans des circuits contrôlés, écologiques et sans but lucratif.
 
Dans les cas où ces Clubs de Consommateurs de Cannabis ont été jugés (Espagne et Belgique) les juges ont accepté ce modèle comme légitime. Au Pays Basque, l’expérience de Pannagh n’a pas été pénalement sanctionnée. En Flandres (Belgique) le cas de "Trekt Uw Plant" a été seulement puni d’une amende symbolique. En outre, les autorités locales se montrent intéressées par ces Clubs Sociaux de Consommateurs. Ils ont pu voir et comprendre que cette solution est quelque chose dont les citoyens ont besoin et qu’ils exigent. Les organismes qui plaident pour les politiques de réduction des risques devraient maintenant accepter ces clubs comme une proposition légitime, surtout qu’en Europe nombre d’histoires confirment la dangerosité de l’herbe frelatée.
 
Les deux cas sont d’importants précédents pour établir de nouvelles initiatives.
 
Les CSC/Clubs Sociaux du Cannabis, peuvent être mis en place dans chaque cas en accord avec les législations et les normes locales. Même dans des pays où la culture est encore légalement impossible on pourrait fonder des clubs "virtuels" pour promouvoir simplement l’idée. Au lieu de plantes, ils pourraient offrir des services légaux à leurs associés. Il existe des expériences en ce sens au Royaume-Uni (LCA) et en Espagne (Amigos de María - Marianen Lagunak). D’autres actions de la campagne consistent en la distribution gratuite de semences de cannabis, comme l’expérience du lobby polonais du cannabis.
 
Nous ne devons pas avoir d’ espoirs inaccessibles. Les activistes du cannabis ne sont pas encore très bien organisés, et en raison de la stigmatisation un certain niveau de courage politique est nécessaire pour organiser des actions publiques. De plus beaucoup d’utilisateurs de cannabis ne sont pas confrontés à de grands problèmes et ne voient pas la nécessité réelle de promouvoir le débat sur la régulation.
 
La création d’un CSC qui fonctionnerait réellement comme un fournisseur de cannabis n’est pas simple. On devra contrôler strictement les normes internes de l’association pour rendre impossible tout détournement de produit vers le marché illégal. Il est évident qu’une telle déviation serait immédiatement utilisée contre le concept CSC. Il nous faut affirmer aussi que, naturellement, jamais la responsabilité d’ENCOD ne pourra garantir qu’on ne développe pas d’activités illicites dans chacun des CSC qui prend part la campagne.
 
Nous pouvons obtenir un fort impact médiatique si nous présentons publiquement les CSC dans différents pays en suivant un processus impressionnant de plusieurs mois qui se terminerait avec les événements de Vienne en mars 2008.
 
Notre plan pourrait commencer en octobre en utilisant une "feuille de route" qui irait d’un pays à l’autre, en publiant un flyer dans différentes langues, en indiquant les principales caractéristiques de notre proposition : système coopératif de production restreinte à la consommation nécessaire à chaque membres : sans surproduction d’excédents exportable, sans détournement vers le marché illégal, sans accès aux mineurs, sans affaire de trafic entre les mains de mafias.
 
Tous les groupes qui souhaitent prendre part à cette campagne et constituer un CSC (virtuel ou réel) doivent planifier une action dans leur pays, entre le 1 octobre 2007 et le 15 mars 2008 et en informer le Secrétariat d’ENCOD avant le 1 septembre de sorte qu’on puisse inclure l’information dans le flyer que nous sortirons en septembre.
 
A Vienne, notre défi sera de promouvoir la réflexion sur la manière par laquelle on décide les politiques de drogues pour forcer nos gouvernements à débattre des conclusions d’UNGASS 1998 avec leurs propres citoyens. Dans la rencontre proposée par l’ONU à Vienne on élaborera un rapport sur les résultats obtenus après 10 ans de contrôle international des drogues et jusqu’à mars 2009 les gouvernements auront du temps pour analyser les conclusions de ce rapport.
 
Vienne 2008 sera un événement politique si nous en faisons un événement politique. Il est évident que promouvoir le débat entre les délégations des pays membres sera plus efficace que de le faire dans les rues de Vienne. Mais "Vienne 2008" pourrait être le point de départ de tout ça.
 
Les plans d’actions de Vienne incluent la proposition d’élaborer conjointement avec d’autres organisations un rapport alternatif de haut niveau sur la situation globale des drogues, qui soit, au moins, aussi correct et sérieux que l’officiel, ainsi que l’organisation d’une manifestation de trois jours qui propose une conférence avec des experts, une action dans la rue comme démonstration publique de présence, l’inauguration d’un monument et l’Assemblée Générale annuelle d’ENCOD pendant la réunion de la Commission des Nations Unies sur les Drogues Narcotiques.
 
Nous pourrions utiliser Vienne 2008 pour réactiver la Coalition Internationale pour des Politiques de Drogues Plus Justes et Efficaces, créée en 1998 et nous poser les questions essentielles : Pourquoi les gens consomment-ils des drogues et quel rôle ont-elles joué dans l’histoire de l’humanité ?
 
De même, on a constitué un nouveau Comité Exécutif. En plus de Virginie Montañés, Marina Impallomeni et Joep Oomen les nouveaux membres sont Fredrick Polak, Andre Fürst et Jan Ludewig. Timothy Gluckman collaborera en assumant le rôle de personne de contact pour canaliser les positions critiques de tous les membres d’ENCOD qui ne souhaiteraient pas contacter directement le comité exécutif.
 
Nous avons finalement parlé du processus imminent de dialogue qui sera organisé par la Commission Européenne fin 2007. Avant le 17 août les organisations qui souhaitent prendre part à ce processus devront compléter un formulaire. Nous le ferons et demanderons à tous les membres de le faire. Nous essaierons d’ être positifs, mais également critiques. Éviter que le dialogue final ne dérive vers un nouveau club de "Chat", mais nous devrons être prêts pour agir également en dehors.
 
On a également mis en place des groupes de travail pour continuer et développer ces plans d’actions.
 
Une version complète de ces actions sera disponible très bientôt.
 
Par : Joep Oomen (traduction : Jean Michel Rodriguez)
 

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Le jardin secret des cannabiculteurs
Par Invité,
Chanvre. Enquête sociologique chez ceux qui rêvent d’autosubsistance et de fumette bio.
 
Un début d’été aussi frisquet, c’est catastrophique pour toutes les cultures, légales ou pas. Une pensée pour les cannabiculteurs. Eux qui bichonnent leurs plantations depuis la graine qui va germer en février jusqu’à la récolte à l’automne, ont peu de chance, cette année, de parvenir à déguster leur production. « C’est une année pourrie », lâche l’un d’eux, écœuré.
 
Source : Libération
Loin de vouloir faire l’apologie de la culture du cannabis, il faut reconnaître à ceux qui se lancent dans cette entreprise une certaine forme de courage. Pas dans la version culture intensive qui va rapporter beaucoup d’argent. Non, notre compassion va aux cannabiculteurs amateurs, ces fumeurs de joints bio qui rêvent simplement d’autosubsistance et plantent sur leur balcon, dans leur jardin ou dans leur penderie.
 
Des cultivateurs atypiques qu’un doctorant en sociologie rattaché à l’école des hautes études en sciences sociales (EHESS), Julien Lefour, a choisi d’étudier (1). Le chercheur travaillait à sa thèse sur les « sociabilités festives », très empreintes d’alcool, quand il s’est aperçu que les jeunes qu’il suivaient ne faisaient pas que boire : un sous-groupe fumait sa propre production. Claude Fischler, son directeur de thèse et spécialiste de l’alimentation, l’a encouragé à creuser le terreau des cannabiculteurs amateurs constatant qu’ «ils parlaient de leur production comme d’autres dissertent sur les vins».
 
Tendance «do it yourself»
 
Une affaire de goût, en somme. A la nuance près que les cultivateurs de cannabis sont tenus au secret. Inviter des amis à déguster sa fabrication n’est effectivement envisageable qu’entre initiés, comme le confirment nos observations. Cultiver son chanvre à soi, c’est affronter les risques de délation du voisinage, comme les grincements de ses proches.
 
Clandestinité oblige, difficile d’évaluer le nombre de cannabiculteurs : entre 10 000et 20 000 peut-être (sur 850 000 fumeurs réguliers). Ils ont en commun de fumer depuis quelques années, et de s’être lassés de devoir s’approvisionner auprès de gens peu fréquentables, ou de consommer du haschisch coupé au henné ou au cirage. D’après le sociologue, leur nombre devrait croître puisque la répression s’intensifie sur le trafic. Mais aussi parce que la tendance correspond à l’époque, plutôt portée sur le repli sur soi, le bio et le «do it yourself».
 
Le passage à l’acte reste à ce jour le fait d’une minorité de fumeurs. Tout le monde n’a pas la main verte. Malgré l’intense littérature sur le sujet (livres et sites web) et les quelques boutiques militantes qui délivrent d’excellents tuyaux, le découragement guette souvent le cannabiculteur : la plante est fragile, les changements de pots au cours de sa croissance périlleux, et l’ampleur de la récolte toujours aléatoire.
 
Vivre à la campagne reste un atout : il est plus aisé de repérer un terrain où les plans pourront s’épanouir à l’abri des regards. Seul vrai risque : se les faire voler par d’autres amateurs, ou vandaliser. Cette « culture outdoor » semble cependant moins risquée qu’une « culture indoor ». Car en appartement, en cas de descente de police, difficile de nier les faits. Produire de la drogue reste une activité passible de vingt ans de réclusion criminelle. Même pour trois plants ? La sévérité des juges varie d’un tribunal à l’autre.
Le chercheur confirme au passage « l’hypocrisie » qui encadre la cannabiculture. En marge des échoppes militantes, la plupart des enseignes de jardinage propose tout l’équipement nécessaire à l’installation d’une serre tropicale à l’intérieur un placard. Sans jamais nommer la plante concernée. L’hydroponie a le vent en poupe. Elle permet de se libérer des aléas météorologiques, mais perturbe les relations familiales.
 
Le partage du placard
 
En couple, elle crée des tensions, les filles supportant mal de devoir sacrifier la moitié de la penderie à l’obsession végétale de leur conjoint, surtout que « ça » sent fort et développe des colonies d’insectes. Et des parents dénigrent l’engouement de leur adolescent pour ces travaux pratiques qui ne rapportent aucun point en sciences et vie de la terre (SVT). Une chose pourtant devrait les rassurer : le cannabis produit artisanalement n’est pas excessivement fort. Son taux de THC (la substance psychoactive incriminée dans les troubles mentaux de certains fumeurs de joints) n’y est pas boostée comme dans une production industrielle à visée mercantile. Notons cependant que les cannabiculteurs amateurs ont souvent tendance à gâtifier : ils donnent des petits noms à leurs plants, trop émus de les voir pousser sous leurs yeux.
 
Cannabiculteur d’un jour, cannabiculteur toujours ? Rarement. De mauvaises récoltes, un emménagement dans un logement sans balcon, ou trop ensoleillé, ou avec trop de vis-à-vis, ou avec quelqu’un de résolument allergique à la culture, peuvent casser un élan. Le sociologue, lui, interroge: « face au coût social et économique du trafic de cannabis, une autoproduction, même réglementée, peut-elle être acceptable comme solution de rechange » ? Pas gagné.
 
(1) Laboratoire Cetsah (EHESS-CNRS). Etude publiée en 2006 dans le revue Alcoologie et addictologie.
 
Par Gros Marie-Joelle.
 
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Les élèves américains peuvent tout dire, sauf sur l'herbe
Par Invité,
"L'opinion majoritaire actuelle qui soutient la guerre à la drogue en général et nos lois anti-marijuana en particulier me rappellent celle qui soutenait l'interdiction fédérale de consommer de l'alcool quand j'étais écolier. Alors que les boissons alcoolisées sont désormais considérées comme des produits ordinaires, leur utilisation était alors condamnée avec la même ferveur morale qui soutient aujourd'hui la guerre à la drogue."
 
Source : Rue89.com
https://www.rue89.com/files/20070702Stevenscoursupreme.jpg[/img]L'homme qui a tenu la semaine dernière ces propos n'est pas un hippie qui ne serait jamais redescendu d'un trip au LSD depuis les années 30 mais l'honorable John Paul Stevens, rien moins que juge à la Cour suprême des Etats-Unis. Il est même, à 87 ans et à en croire le Washington Post, le troisième plus vieux membre de l'histoire de la Cour suprême. Ce qui fait que John Stevens est né, à Chicago, l'année de l'entrée en vigueur de la prohibition et avait 13 ans lorsqu'elle a pris fin. Certainement pas grâce à sa mère, qui avait pour devise, toujours selon le Washington Post: "Des lèvres qui ont goûté au vin ne goûteront jamais aux miennes."
 
Au nom de cette expérience, qui semble avoir été douloureuse, le juge Stevens demandait que l'on respecte la parole de ceux qui, "même à mauvais escient", défendaient l'idée que la prohibition est "futile" et que l'herbe devrait être légalisée, taxée et régulée plutôt qu'être interdite.
 
Une opinion qui ne semble toutefois pas être celle de ses collègues, puisque la Cour suprême a décidé, contre l'avis de son aîné donc, que la Constitution ne protégeait pas le discours pro-drogues tenu par un étudiant. En l'occurrence un lycéen alors âgé de 18 ans, originaire de l'Alaska, qui avait, le 24 janvier 2002, tenu avec des amis une banderole "Bong hits 4 Jesus" ("Le bong arrive pour Jésus") lors du passage de la flamme olympique à Juneau, direction Salt Lake City.
 

A l'origine, c'est l'étudiant qui attaquait en justice sa proviseure. Et ce pour l'avoir suspendu à la suite de cette affaire, qui, certes s'inscrivait dans le cadre d'une sortie organisée par l'école, mais n'avait pas eu lieu dans l'enceinte de cette dernière. Contrairement à la cour d'appel, la Cour suprême a donc donné raison au défenseur de la proviseure (un certain Kenneth Starr), déclarant qu'elle n'avait pas porté atteinte à la liberté d'expression de l'élève. Et que si les élèves avaient bien droit à la protection du Ier amendement, tel n'était plus le cas s'il s'agissait de promouvoir les drogues.
 
Décision qui a déchaîné les passions et une certaine incompréhension dans les médias (en anglais) et au sein des associations antiprohibitionnistes, au pays de la liberté d'expression. "Ils disent que liberté de parole est totale dans les écoles, mais qu'on ne peut pas défendre l'usage de drogues", regrette ainsi Eric Sterling, membre de l'association des Etudiants pour une politique des drogues raisonnable. "Si le gouvernement peut aujourd'hui nous faire taire à propos de la guerre à la drogue, il le pourra demain pour la guerre en Irak et pour le réchauffement climatique après-demain", conclut un blogueur du Huffington Post.
 
Arnaud Aubron
 
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