Pays-Bas, Danemark : l'Europe phosphore sur le cannabis
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Invité, dans Ce que nous avons retenu...,
Source: Rue89
Photo : à Christiania, squat de Copenhague fermé il y a six ans (Bob Strong/Reuters)
Alors qu'en France, l'un des cinq pays de l'Union où la simple consommation de cannabis peut conduire en prison, le débat sur le statut de cette drogue en reste au stade pénal (il est interdit de le « présenter sous un jour favorable » et donc très difficile de débattre du bienfondé de la prohibition sans tomber sous le coup de la loi), ailleurs en Europe, les choses bougent.
On en avait eu un premier aperçu au niveau de l'Union européenne au mois de mars. Dans son « Rapport sur les marchés mondiaux des drogues illicites (1998-2007) », la Commission de Bruxelles allait jusqu'à affirmer :
« La prohibition des drogues a provoqué des dégâts involontaires importants, dont beaucoup étaient prévisibles. »
Un rapport qui n'a pas dû faire bondir de joie à Paris mais qui semble refléter l'Etat d'esprit de plus en plus de capitales européennes. Partant du constat, détaillé dans le rapport de la Commission, que sous le régime actuel de prohibition « aucun élément ne permet de dire que le problème des drogues a reculé sur la période 1998-2007 », plusieurs gouvernements cherchent une voie moyenne centrée non pas sur la répression mais sur la santé publique.
Des coffee shops au Danemark ?
Quitte à faire des allers-retours. Ainsi au Danemark, six ans après la fermeture du squat de Christiania, où le hasch était en vente libre, le comité des affaires sociales de la municipalité recommande aujour'hui « d'envisager sérieusement » une décriminalisation de l'usage et/ou de la vente de cannabis.
Partant du constat que « rien ne prouve qu'un accès facilité au cannabis entraîne plus d'utilisateurs ou d'accros », le comité recommande de mettre fin à la prohibition afin de lutter contre la violence des gangs, qui s'est accrue depuis six ans.
Une mesure soutenue par une majorité des partis représentés au Conseil miunicipal, dont certains défendent même un système de coffee-shops à la néerlandaise « pour tarir l'une des sources de revenu des gangs ».
Des coffee shops sur abonnement aux Pays-Bas
Aux Pays-Bas, justement, l'heure est également à la réflexion. Si les autorités se félicitent des résultats de leur politique de tolérance initiée en 1976 en termes de santé publique (les jeunes Néerlandais sont parmi les Européens qui consomment le moins de cannabis), reste que les gouvernements voisins continuent à mal supporter que les plus jeunes de leurs ressortissants passent leurs week-ends dans les 700 coffees bataves.
Résultat, afin de mettre un terme à une situation qui est « devenue hors de contrôle », une commission mise spécialement sur pied par La Haye préconise de « rendre aux coffees shops leur vocation initiale » de diffusion du cannabis à une petite échelle en en réservant l'accès aux seuls membres. Une politique déjà envisagée dans certaines régions frontalières.
Toujours dans l'idée de lutter contre le marché noir qui finance, y compris aux Pays-Bas, la grande criminalité, la commission recommande également que la production pour vendre à ces mêmes coffee shops soit légalisée, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, rendant le système juridiquement bancal.
Ces recommandations serviront de base à une réforme de la politique des drogues qui sera présentée au Parlement en septembre.
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