Presque une année est passée depuis le refus de l’initiative pour le chanvre et je suis en liberté depuis plus d’une demi-année. Il est donc temps pour une prise de position.
Source: Chanvre Info
Le refus net de l’initiative populaire pour la légalisation du chanvre en automne passé a bétonné la pression par la police et la justice déjà visible auparavant. Il n’est presque plus possible de cultiver du chanvre récréatif en plein air. Parallèlement le commerce et la consommation ont redisparu dans la clandestinité, selon le principe „hors de vue, hors du radar“.
Ainsi les effets négatifs reliés à la clandestinité ont réapparu : le chanvre ne peut plus être cultivé ouvertement, donc le consommateur ne sait plus ce qu’il achète parce que le producteur ne peut plus se montrer. Ainsi il est insaisissable. Logiquement la qualité a énormément souffert. On triche, on humidifie, on allonge un maximum. En même temps les prix ont monté de manière exorbitante. Les petites boutiques ont disparu. Soit-on vend sous le comptoir ou on doit aller acheter dans la rue, chez les junkies, comme avant. Cela est le contraire exact de ce que voulait l’initiative : protection de la jeunesse chez les junkies, de la marchandise propre, donc protection de la santé, évincer la mafia ? Etc. . .
La Commission fédérale pour les questions liées aux drogues a publié en octobre 2008 une « Mise à jour du rapport au cannabis » dans lequel les experts, parmis eux des médecins, des professeurs d’université, des procureurs et des policiers, ont donné des recommandations claires pour une légalisation des petites quantités. Voici leurs recommandations :
« La majorité des membres de la commission maintient donc la recommandation formulée dans son rapport de 1999 : régler l’accès aux produits à base de cannabis par le biais d’un modèle de réglementation qui accorde la place nécessaire à la prévention et à la protection de la jeunesse. Cette solution reviendrait à dépénaliser la consommation personnelle et les actes préparatoires à cette consommation. Le commerce à grande échelle doit rester punissable conformément aux conventions internationales. Ceci n’exclut pas l’introduction d’une régulation du commerce de détail, par voie d’ordonnance, selon le principe d’opportunité. La base légale correspondante serait inscrite dans la LStup. »
Il a été clairement dit de la part du parlement et du gouvernement que le chapitre de la loi des stupéfiants concernant le chanvre devrait être révisé, mais apparemment il ne se passe rien. On octroie des interdictions de fumer dans toute la Suisse comme si cela faisait disparaître toute fumée. Mais le chanvre ne disparaîtra pas de la Suisse comme l’alcool n’avait pas disparu des Etats Unis lors de la prohibition !
Certes, des faits sont établis. Mais ceux-ci n’aident à personne parce que l’incertitude légale au sujet du chanvre s’aggrave encore plus.
Apparemment la conférence des chefs des départements de police et de justice des cantons latins est en train de préparer un concordat, donc un accord commun, qui devrait coordonner les normes et les pratiques légales pour le commerce et la culture du chanvre. Si l’on sait comment les officiels de la Romandie traitent le chanvre cela ne peut signifier que du mauvais. Mais puisque la Berne fédérale dort les autres avancent et essaient à clore l’affaire comme si rien ne s’était passé.
Donc pour moi il ne reste qu’une possibilité de contrer ces tendances et c’est de cultiver soi-même partout où c’est possible. Ainsi la plante reste visible, le marché noir est évincé et chaque planteur est lui-même responsable pour sa récolte et ce qu’il fait avec.
Au lieu de défier seul les autorités je pense que la culture collective de chanvre sous forme de Cannabis Social Club est meilleure, donc dans des associations où les gens cultivent leur chanvre ensemble. Ainsi la responsabilité est partagée. On peut s’entraider et, en plus, on connaît la provenance du chanvre.
Un de mes prochains projets sera donc la fondation d’un tel club, à savoir pour des patients qui ont besoin de chanvre. Après on verra où on en est avec la légalisation du chanvre médical (prévue).
De toute manière n’oubliez pas :
Stand up and smoke !
A voir aussi:
► Bernard Rappaz a déposé son recours contre sa dernière condamnation.
Lourdement harnachés, une trentaine d’ouvriers s’élancent sur les champs escarpés, armés de Gramoxon. Une fois leur réservoir rechargé de cet herbicide vert sombre, très concentré, ils en pulvérisent bruyamment les jeunes pousses de cannabis, sous le regard impuissant des villageois de Bouhouda, bourgade rurale du pré-Rif, à quelque 70 km de Fès. Entre deux appels sur son portable et les grésillements de son talkie-walkie, Badr M., adjudant des Forces auxiliaires à la solide carrure, encadre l’opération. “Cette année, il y aura une province de Taounate sans kif”, annonce-t-il.
Source: Chanvre Info
Après Larache, c’est à Taounate, dans le pré-Rif, que l’Etat poursuit sa campagne d’éradication du cannabis. Les cultures alternatives, elles, suivent difficilement.
Premier producteur mondial de cannabis – alimentant 80% du marché européen –, le royaume a lancé en 2004 une grande campagne d’éradication - “el hamla” - qui, depuis, a détruit la moitié des 134 000 hectares visés, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Après Larache, zone pilote aujourd’hui officiellement déclarée sans kif, c’est au tour de la province de Taounate d’être quotidiennement sillonnée par la brigade de destruction, qui, petit à petit, “remonte vers le nord”, expliquent les autorités, affichant leur détermination à se débarrasser de cette “culture intruse”.
Source de richesse
Cultivé dans les hauteurs de Kétama depuis le XVIème siècle, le cannabis s’est propagé aux régions environnantes dans les années 1980 et surtout 1990, marquées par l’explosion de la demande européenne, doublée de terribles sécheresses ayant plongé les Rifains dans la famine et la misère. Selon Noureddine Hajri, petit homme au teint mat et militant local de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), “les autorités ont laissé faire au moment de la transition monarchique pour apaiser la région”, longtemps oubliée par Hassan II. Aujourd’hui, dans cette région montagneuse économiquement marginalisée, ils sont quelque 800 000 personnes à vivre du kif, qui rapporte au moins quatre fois plus que les céréales, jusqu’à 40 000 DH par an en moyenne.
Mohamed, villageois de la commune de Khlalfa, qui annonce n’être “jamais allé à l’école, jamais allé à la mosquée”, possède “trois hectares de champs, dont un tiers de cannabis sur des petites parcelles dispersées”, qu’il fait pousser depuis 1998. “Comme ça, je n’ai pas besoin d’aller travailler à l’étranger”, poursuit ce père de six enfants. Le prix à payer : “Je me sens prisonnier chez moi, je ne vais jamais à Taounate, j’ai peur d’être arrêté. Je n’ose même pas renouveler ma carte d’identité. Mais qu’est-ce qu’on peut faire ? Il n’y a rien ici”. Même sans s’adonner au trafic, les cultivateurs de cannabis encourent la prison, “entre 4 mois et un an ferme”, précise Noureddine Hajri. “Certains détournent illégalement la rivière pour irriguer leurs champs, d’autres se vengent après la destruction de leurs cultures en provoquant des incendies de forêt”, illustre Mohamed Dhabi, conseiller auprès du gouverneur de Taounate.
Un fléau social
Assis dans les broussailles en contrebas de la route qui traverse Khlalfa, un homme de 62 ans, en paraissant quinze de plus et qui préfère taire même son prénom, est catégorique : “Chez moi, il n’y a pas de cannabis, jamais ! C’est interdit. J’ai six enfants, si je vais en prison, qui va les nourrir, les habiller ? J’ai peur du Makhzen. Ici, on cultive les céréales, les olives, on a des chèvres, des moutons. Mais c’est vrai, la terre ne suffit pas”. Quand il n’est pas au champ, il travaille comme “ouvrier dans la construction”. Au loin, les demeures en dur sont en effet nombreuses à flanc de colline, taches blanches au milieu d’une mosaïque de verts mouchetée d’oliviers. “Avant, un fellah n’avait pas même un tapis chez lui, maintenant, avec l’argent du kif, il peut construire une maison en béton. C’est la seule infrastructure”, estime Noureddine Hajri. Pour autant, l’homme considère le cannabis comme un “fléau” : peur permanente des autorités, climat de délation, conflits familiaux, déscolarisation des jeunes, taux de suicide et de criminalité élevés… sans compter la perte du savoir-faire agricole, la déforestation (environ 1000 hectares par an), la salinisation des terres à force d’utiliser trop d’engrais. “Après trois ou quatre récoltes, on a un sol mort”, confirme Mohamed Toumi, directeur provincial de l’agriculture. Mais aux yeux du militant de l’AMDH, “l’Etat n’utilise que la force et ne s’occupe pas du social. Je ne vois aucune compensation, rien de concret. Personne ne s’occupe de ces gens”.
Abeilles, caprins, oliviers…
Au siège de la province de Taounate, on égrène pourtant les initiatives lancées pour offrir une alternative économique aux agriculteurs : dons de ruches d’abeilles, d’ovins et de caprins, distribution, cette année, de 450 000 plants arboricoles (figuiers, amandiers, oliviers, caroubiers…), aides à la construction d’unités de séchage des figues ou prunes, partenariats avec une cinquantaine de coopératives... Au total, nous dit-on, quelque 117 projets pour un montant de 22 millions d’euros, en plus des 34 millions d’euros du fonds Millenium Challenge Account pour la promotion de l’agriculture fruitière de 2008 à 2012. Sans oublier les 12 millions d’euros investis par l’Agence pour le développement du Nord, “dont la moitié dans l’éducation”, précise, à Rabat, son directeur stratégique Tarik El Aroussi. Conscient des limites des expériences de substitution testées dans les années 1980, l’Etat revendique une “approche globale”, qu’il est trop tôt pour évaluer. “L’olivier, le figuier... il faut attendre cinq ans pour que ça pousse”, avertit Noureddine Hajri, sceptique.
Driss T., 36 ans, ne veut pas attendre. En plus de son commerce de matériaux de construction, ce père de deux fillettes, propre sur lui en chemise rayée et l’œil malicieux, couve ses 4 hectares de cannabis, dispersés ça et là à 500 mètres de la route, mais bien cachés. Une récolte escomptée à 60 kilos – soit 60 000 DH. Une belle somme. En septembre, contrairement à une majorité de cultivateurs, il le transforme lui-même en haschisch, puis le vend à “des gens”. “Les grosses quantités, ça va à l’étranger, le reste à Agadir, Marrakech, Tanger”. Lui aimerait voir le kif légalisé au Maroc. “Je n’ai pas peur de la prison”, assure-t-il, avant d’ajouter : “L’éradication touche plus les paysans pauvres. Les autres trouvent toujours le moyen de s’en sortir…”. Lui, pour l’instant, n’a pas été inquiété : “La chance”, invoque-t-il. Hanane, 20 ans, et sa cousine Ghita, 22 ans, n’ont pas eu la même fortune. Fichu sur les cheveux et tablier rayé autour de la taille, elles fauchent des herbes pour nourrir leurs moutons, non loin de leur maison d’argile. “Le Makhzen est venu hier, ils ont tout détruit, un demi-hectare. On avait déjà payé pour les grains. Maintenant c’est trop tard. Le blé, les pois, c’est pour manger. Nous, on veut bien une usine de couture pour travailler. Mais le kif, c’est le seul boulot qu’on ait. On ne nous a rien donné en échange”.
Question de volonté ?
Des exemples de reconversion réussie existent. Abdelmajid G., grand gaillard de 33 ans, au regard adolescent, cultivait du kif entre 2003 et 2007 avant de se tourner vers l’arboriculture, refroidi par une peine de prison avec sursis. Aujourd’hui, à Douar Machkour, il possède 10 hectares de vignes, oliviers, figuiers, blé et petits pois, et tient un petit commerce de matériel agricole. “ça offre une bonne valeur ajoutée si on maîtrise les techniques de production. Mais le problème, c’est que les prix ne sont pas garantis. Les agriculteurs sont à la merci des intermédiaires”.
En cas de besoin d’argent immédiat, de nombreux agriculteurs ne peuvent pas attendre de stocker leur production dans une coopérative en attendant que les prix montent. Titulaire d’un diplôme en électricité, Abdelmajid a su se diversifier. Dans l’attente du rendement de son verger (cinq ans), il a ouvert un café et acheté un tracteur subventionné aux deux-tiers par l’Etat. “J’ai beaucoup de crédits, mais aujourd’hui, c’est comme ça que ça marche”. Tous n’ont pas son sens de l’entreprenariat. “Ici, les gens ne comprennent pas le système du crédit, ils ont peur de s’informer. Que croient-ils, que l’argent tombe du ciel ?”.
“S’ils montrent leur volonté, l’Etat est là pour les aider, insiste Mohamed Toumi, directeur provincial de l’agriculture. Des plants gratuits ou subventionnés à 80% sont mis à disposition au centre de proximité, l’information circule”. Des dépliants de sensibilisation sont distribués au souk et à la mosquée, l’imam aborde le problème du cannabis dans ses prêches du vendredi. Mais il n’y a pas de compensation au cas par cas. “L’Etat ne laisse pas le paysan à lui-même, mais on ne va pas non plus construire une unité de trituration des olives pour un seul agriculteur, avertit Mohamed Toumi. A eux de s’organiser”.
L’Europe sonne le glas du Gramoxon
Jeudi, 19 Juillet 2007 06:17
La Cour de justice européenne vient d’interdire l’herbicide paraquat hautement dangereux et qui était commercialisé aux Antilles françaises sous le nom de « gramoxon ». Dans cette même veine, le député guadeloupéen Victorin Lurel va poursuivre son action en déposant à l’Assemblée Nationale Française une résolution qui demandera une véritable commission d’enquête parlementaire sur les pollutions des sols guadeloupéens par divers pesticides, notamment le chlordécone.
A voir aussi:
► Encod: Le Maroc ouvre le dossier de la légalisation du cannabis
► Encod: Pour la légalisation du cannabis au Maroc.
► Encod: Pour la libération immédiate de Chakib el Khayari
► Wikipedia: Gramoxon (appelé aussi Paraquat)
Il soulageait ainsi sa sclérose qu'il aurait contractée en prison. Le cannabis sera-t-il un jour disponible en pharmacie sur prescription médicale ? En d'autres termes, la drogue douce a-t-elle des vertus thérapeutiques. La réponse à cette seconde question est un oui franc et massif validé noir sur blanc par le docteur Jean-Marc Boulesteix, chef du service de neurologie de l'hôpital de Cahors, dans un dossier médical transmis au tribunal correctionnel. Hier, cette attestation éloquente a été en effet présentée comme une pièce maîtresse, dans l'affaire qui a conduit le Gourdonnais Olivier Asteggiano à justifier sa production et sa consommation régulière de cannabis.
Source: La dépêche
Cet homme de 50 ans, atteint d'une sclérose en plaques, avait été interpellé le 26 août dernier à son domicile, par les gendarmes de Gourdon et Salviac, qui l'avaient aussitôt placé en garde à vue pour « production et détention de cannabis ».
Son matériel de fabrication artisanale et 32 plants avaient également été saisis et mis sous scellés.
« Rendez-moi mon cannabis, c'est vital ! J'en ai besoin pour apaiser les douleurs provoquées par ma sclérose », a-t-il lancé hier à Isabelle Ardeff, présidente du tribunal, déclenchant dans le même temps l'hilarité de l'assistance. Mais le prévenu n'avait pas le cœur à rire. Condamné en avril 2001 pour avoir consommé du haschich, il avait écopé d'une peine de quatre mois de prison, dont trois avec sursis. C'est derrière les barreaux de la maison d'arrêt de Cahors que la vie d'Olivier Asteggiano a basculé.
Vacciné en prison contre l'hépatite
« J'étais dans une cellule de huit personnes. Nous occupions ce petit espace dans des conditions d'hygiène déplorables. Il y avait toujours de l'eau au sol. Certains prisonniers étaient violents avec un détenu soupçonné de pédophilie. J'ai alerté le directeur en lui disant que j'avais peur pour ma santé. Il m'a protégé en me faisant vacciner contre les risques d'hépatite. Quelques jours plus tard, les premiers signes de ma sclérose en plaques sont apparus. J'ai contracté ce mal en prison », déplore Olivier Asteggiano. Le tribunal n'a pas souhaité s'attarder sur l'origine carcérale de sa maladie.
La présidente a recentré le débat sur l'usage du cannabis : « Ce n'est pas un traitement reconnu », déclare-t-elle. « Je suis d'accord, mais c'est le seul qui me fait du bien », rétorque le prévenu.
« Je ne peux pas requérir la relaxe, car l'infraction existe. La loi n'autorise pas la fabrication et la consommation de cannabis », martèle Nelly Emin, procureur de la République.
« La législation française s'y oppose en effet. Mais sur la base de rapports établis par d'éminents scientifiques, 13 états des USA ont décidé de n'engager aucune poursuite contre la consommation de cannabis à usage thérapeutique », souligne Christophe Bernabeu, avocat du prévenu. « Les effets antalgiques de cette substance ont été reconnus. L'attestation fournie par le service de neurologie du centre hospitalier de Cahors abonde dans ce sens. On ne peut pas reprocher à quelqu'un qui souffre de vouloir apaiser ses douleurs », ajoute l'avocat droit dans les yeux de Nelly Emin.
Celle-ci s'est penchée sur le passé du prévenu : « Nul ne peut nier son attirance pour le cannabis. Il a reconnu qu'il était un fumeur régulier avant sa maladie, dit-elle. Je demande la destruction des plants et une amende de 300 €». Maître Bernabeu a aussi évoqué « les effets secondaires provoqués par les remèdes prescrits (vomissements…). Seul le cannabis le soulage », rappelle-t-il. Puis la présidente tranche : « Cela mérite réflexion. Le délibéré sera prononcé le 20 novembre ». Olivier Asteggiano soupire. Ses espoirs vont-ils partir en fumée ?
A voir aussi:
► Signer la pétition en faveur du cannabis thérapeutique
► Une saisie chez un malade de sclérose en plaques.
► Tous nos articles sur le cannabis thérapeutique
Il est autiste et souffre atrocement. L'herbe apaise ses démons.
Au printemps dernier, j'ai rédigé un article sur ma demande d'autorisation d'administrer de la marijuana à but thérapeutique à J., mon fils de 9 ans, qui souffre d'allergies, dans l'espoir de soulager ses douleurs abdominales et son anxiété à l'origine des démons qui le poussaient à se taper lui-même et à agresser les autres.
Source: slate.fr
Après avoir lu des études sur la manière dont le cannabis peut atténuer les douleurs et l'angoisse, et en accord avec son médecin, nous avons décidé de faire un essai. J'ai déjà raconté qu'au bout d'un mois de thé au cannabis et de mini-cookies à la marijuana (mon mari a découvert le pâtissier qui sommeillait en lui), il nous semblait que J. avait l'air plus heureux. Mais c'était difficile à dire. Il passait une bonne matinée, et puis au déjeuner il se remettait à envoyer valser sa nourriture. Nous remarquions pourtant qu'en rentrant de l'école, quand il avait mal au ventre (on ne lui administrait aucune dose de cannabis là-bas), il courait à la cuisine et réclamait son thé et ses cookies. Comme s'il savait que c'était ce qui atténuait ses épouvantables crampes intestinales.
Et aujourd'hui, quatre mois après le début de notre expérience avec le cannabis, comment va J.? Eh bien, un soir, il n'y a pas longtemps, il est revenu de l'école et j'ai remarqué qu'un grand changement s'était produit: sa chemise était intacte.
Avant la marijuana, J. mangeait des choses qui n'étaient pas comestibles. Cette pratique a un nom: le pica (le pica pousse certaines femmes enceintes à manger de la craie ou de l'amidon). J. mâchait le col de ses t-shirts tout en arrachant furtivement le tissu de bas en haut, qu'il détissait avant d'en avaler les fils. Quand j'allais le chercher à l'arrêt de bus après l'école, tout le devant de sa chemise avait disparu. Son pica était devenu si incontrôlable que nous ne pouvions pas le laisser dormir avec un haut de pyjama (il aurait disparu au matin) ou un oreiller (pareil pour la taie et la garniture). Un ancien édredon de famille a été réduit en lambeaux, et il a même réussi à faire des trous dans une couverture en polaire avec les dents -son régime bio en a pris un coup. Je me suis mise à ne le vêtir que de hauts en coton bio, mais nous n'avions pas les moyens d'en acheter un par jour. Le pire était de le voir crier de douleur aux toilettes, quand ce qui était entré devait ressortir. Je faisais des cauchemars où de longs fils faisaient des nœuds autour d'organes digestifs (bienvenue dans notre vie privée !)
Presque immédiatement après le début des prises de cannabis, le pica a disparu. D'un coup. J. dort à présent avec son édredon hypoallergénique en coton et laine bio, qui semble appeler au mâchonnage. Il le tire jusque sous son menton le soir et déclare: «Je suis bien confortable !»
Moins d'agressions
Ensuite, nous avons commencé à constater des changements sur les bulletins scolaires de J. Son programme est basé sur une thérapie appelée l'analyse comportementale appliquée, qui implique, comme son nom l'indique, une analyse méticuleuse des données. Lors d'une réunion de parents au mois d'août (l'année scolaire de J. est plus longue que les cursus classiques), son professeur a présenté avec enthousiasme son bilan «d'agressions» pour juin et juillet. Une agression est définie comme la tentative ou l'acte de frapper, donner un coup de pied, mordre ou pincer une autre personne. Toute l'année dernière, chaque journée d'école était immanquablement marquée par 30 à 50 agressions, et un jour il est même monté jusqu'à 300. Le tableau de juin et juillet, en revanche, montrait qu'il passait parfois des journées entières -voire plusieurs d'affilée- sans la moindre agression.
Autre preuve: le bus. Ces dernières années, l'arrivée du bus scolaire de J. avait été le moment le plus traumatisant et imprévisible de notre journée. J. s'est déjà jeté dans le bus pour frapper le conducteur au visage. Il s'est bagarré avec les assistantes et a essayé de les mordre. Son comportement faisait naître le pire chez les autres: une surveillante du bus (nous plaisantions en disant qu'elle aurait mieux fait d'aller travailler à la prison locale), qui semblait n'aimer aucun des enfants, le traitait d'une façon particulièrement méprisante, allant jusqu'à l'insulter, une fois même en notre présence.
Cet été, une nouvelle équipe d'aides et de conducteurs a fait son apparition. J'ai réalisé que ces gens ne connaissaient que «Cannabis J.»-un enfant aux yeux pétillants qui leur dit bonjour tous les matins, va tranquillement s'asseoir et essaie même d'aider à boucler sa ceinture.
Un jour, alors que l'assistante habituelle de J. était malade, une dame avec un sourire planant a gentiment accompagné J. à sa descente du bus. Elle me disait quelque chose; et après avoir replacé une méchante grimace renfrognée sur son visage, je me suis écriée à l'intention de mon mari alors que le bus s'éloignait: «C'était elle, pas vrai?» Nous avons ri, sous le regard de J. «C'est rigolo!» a-t-il déclaré.
Il y a un mais à cette joyeuse histoire de marijuana, pourtant. Si le cannabis a atténué les problèmes les plus envahissants de J., son autisme est devenu plus distinct. Comme le montrent ses résultats scolaires, ses marques d'agressivité sont devenues bien moins fréquentes, mais ses démonstrations explosives -cris, aboiements, glapissements de joie- persistent. Quand J. vivait sa phase sombre, nous passions notre vie hors de vue, hors de portée, à la maison, avec un enfant hurlant, violent, qui envoyait valser sa nourriture et la vaisselle. Les sons étaient contenus par des fenêtres à double vitrage (quand elles n'étaient pas cassées). Aujourd'hui, dans notre cercle familial, nous avons atteint une merveilleuse homéostasie: la vaisselle reste intacte, nos bras et le visage de J. ne portent plus de marques de griffures. Mais quand nous sortons pour jouer dans le jardin, nous promener après le dîner ou faire du tandem avec J., nous voyons bien que les voisins savent que notre famille est différente, et que cela ne leur plaît pas toujours.
Nos voisins les plus proches (nous pourrions leur faire passer un gâteau depuis la cuisine) ont toujours été compréhensifs. Mais dans la rue d'à côté, quand nous apparaissons, le voisin cesse de jouer au ballon avec son fils et le fait rentrer à la maison quand nous approchons, ignorant le joyeux «Bon-jouuuuuuur!» de J. C'est lui que nous soupçonnons de nous crier dessus -de derrière d'autres maisons, sans que nous puissions le voir- quand J. vocalise un peu bruyamment dehors. Et puis il y a cette maman, dont le fils a à peu près l'âge de J. (qui, d'ailleurs, crie exactement de la même manière que J.). Quand nous la croisons, elle évite notre regard, et a ostensiblement ignoré notre invitation à une fête. Nous avons aussi entendu, venant de derrière la clôture d'une famille qui nous scrute sans jamais nous saluer: «Oh, c'est J.»
Ostracisme
Parfois, nous nous sentons victimes d'un ostracisme du XXIe siècle. Avec du recul, bien sûr, il ne s'agit que de petits tracas par de petites gens. La présidente de mon département universitaire invite J. dans son jardin à elle, pour qu'il puisse jouer dans sa piscine, et le laisse vocaliser devant ses voisins qui ne trouvent rien à y redire. Une mini-bande d'ados branchés qui passe devant chez nous après l'école salue toujours J. avec sincérité, quand il leur lance amoureusement un: «Salut, salut, saluuuuuuuuuuuut!» Je suis heureuse que le cannabis ait donné à J. l'opportunité de sortir et de goûter à la vie. Si parfois elle lui donne des coups, elle lui offre aussi des fleurs.
Je n'estime pas que la marijuana soit un remède miracle contre l'autisme. Mais en tant qu'herboriste amateur, je considère que c'est une merveilleuse plante, tout à fait sûre, qui permet à J. de participer plus pleinement à la vie sans risquer les dangers, et les effets secondaires parfois permanents, des médicaments pharmaceutiques. Maintenant que nous avons trouvé la bonne dose et la bonne souche («White Russian» -très prisée des malades atteints de cancer, qui ont aussi besoin qu'on les soulage d'une souffrance extrême). Libéré de la douleur, J. peut aller à l'école et apprendre. Et son comportement violent ne le condamnera pas à finir à l'hôpital psychiatrique pour enfants local -scénario trop commun parmi ses pairs.
Une amie dont on avait diagnostiqué l'enfant comme autiste mais qui ne l'est plus (il va à l'école au même niveau que sa classe d'âge et a subi trois tests de développement montrant qu'il ne mérite plus ce diagnostic), a voulu s'embarquer dans une sorte de mission karmique pour aider d'autres enfants. Au bout de longues recherches, elle est tombée sur le cannabis exactement de la même manière que moi. «Cela a des implications spectaculaires pour la communauté des autistes» s'émerveille-t-elle. Nous avons des photos de J. il y a un an, à l'époque où il se labourait le visage avec les ongles. Aucun des experts consultés n'avait la moindre piste sur le moyen de l'en empêcher. Ce petit enfant au visage épouvantablement sanglant et couvert de croûtes nous apparaît dorénavant comme un visiteur venu d'une autre planète. Le J. que nous connaissons n'a pas du tout l'air défoncé. Il a juste l'air d'un petit garçon heureux.
L'expérience doejang
Et le cannabis peut encore nous surprendre. Nous craignions que ses «grignotages» n'aggravent les excès alimentaires de J., réaction à ses crampes d'estomac. En fait, la marijuana semble avoir modulé ces symptômes. Peut-être interprétait-il les douleurs de son estomac comme des signaux de faim. Certes, J. peut encore devenir surexcité s'il aime trop un aliment, et parfois, quand il mange, mon mari et moi quittons la pièce pour réduire au minimum ses distractions. L'autre jour, nous avons osé expérimenter le «doenjang», une soupe de tofu fermenté qu'il adorait quand il était bébé. La dernière fois que nous l'avions tenté, il y a un an, il avait envoyé son bol s'écraser contre le carrelage du mur (oh, cette soupe doenjang puante et son million de manières de tout salir...)
Nous avons laissé J. tout seul dans la cuisine devant son bol fumant et nous sommes allés dans la pièce d'à côté. Nous avons attendu. Nous avons entendu le choc de la cuillère contre le bol. Des shlurps satisfaits. Puis un bruit étrange que nous n'arrivions pas à identifier: chkka chkka chkkka bsssshhht doinnng! Nous sommes revenus dans la cuisine, prêts à voir les murs repeints au doenjang. Tout était propre. Le bol et la cuillère avaient disparu.
J. avait mis sa vaisselle dans l'évier, l'avait rincée et rangée dans le lave-vaisselle -ce que nous ne lui avions jamais appris à faire, bien qu'il avait dû nous voir le faire un million de fois. En quatre mois, cet enfant qui ne savait pas s'alimenter seul était devenu capable de se nourrir et de débarrasser la table. Ce bol, pas parfaitement rincé mais presque, a été l'une des visions les plus douces de ma vie de mère. Et j'espère bien qu'il y en aura d'autres.
Marie Myung-Ok Lee & Traduit par Bérengère Viennot
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Plusieurs associations dénoncent la campagne gouvernementale de prévention contre les drogues, affirmant que cette campagne "bling bling" constitue un retour en arrière.
Source: NouvelObs
Plusieurs grandes associations de réduction des risques liées aux drogues et les Verts dénoncent samedi 10 octobre de manière virulente "la stigmatisation" des usagers et "la régression" qui caractérisent selon elles la campagne anti-drogues lancée lundi par le ministère de la Santé.
Une campagne "à contre-courant"
L'association française pour la réduction des risques liés à l'usage des drogues (AFR) a ouvert le feu jeudi en condamnant une campagne allant "à contre-courant" des évolutions internationales, "jetant l'opprobre" sur les consommateurs de drogues et "balayant 10 années de maigres progrès".
"Après l'inaction, la régression", lance Act-Up dans un communiqué reçu samedi. Act-Up relève, comme d'autres associations n'ayant pas même été invitées ou informées de la conférence de presse de lundi, que la campagne lancée par le ministère, l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé (Inpes) et la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) "n'a fait l'objet d'aucune consultation des usagers de drogues et des acteurs du champ de la toxicomanie".
Cette campagne intitulée "Drogues: ne fermons pas les yeux", renvoie "20 ans en arrière" estime Act-Up, qui demande son "retrait immédiat", notamment parce que le "message sur la peur" envoyé par les pouvoirs publics ne fait que "renforcer la stigmatisation à l'encontre des usagers" encouragés à se refermer "dans la clandestinité".
"Des idées toujours aussi anciennes et confuses"
De leur côté, dans un texte commun les associations Asud (auto-support des usagers de drogues) et l'Anitea (association nationale des intervenants en toxicomanie et en addictologie) estiment que cette campagne décline "des idées toujours aussi anciennes et confuses".
Elles s'interrogent sur les "discordances de communication" gouvernementale sur des questions "pourtant essentielles" de santé publique en faisant un parallèle entre la répression et la prohibition des drogues et l'ouverture à la concurrence prônée par le gouvernement des jeux d'argent en ligne qui relèvent également des addictions.
Une prévention gouvernementale "bling bling"
Asud et l'Anitea rappellent que "des responsables de premier plan, sur la scène internationale, soulignent l'échec des politiques de prohibition et autres différentes guerres à la drogue" alors que Daniel Vaillant, élu socialiste à Paris et ex-ministre de l'Intérieur a suggéré vendredi de "tenter le pari de la réglementation" du cannabis pour faire baisser sa consommation.
De leur côté, les Verts dénoncent également dans un communiqué samedi une prévention gouvernementale "bling bling" et "démagogique" qui constitue "un grand retour en arrière".
Comme les associations, ce parti s'indigne de la séparation "arbitraire" entre drogues licites et illicites puisque la campagne gouvernementale "oublie le tabac et l'alcool, responsables de plus de 100.000 décès par an en France" alors que ces produits sont "les plus consommés par les jeunes".
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"Attention aux pertes de repères et à la fin des interdits", prévient le maire d'Evry après que l'ancien ministre de l'Intérieur a proposé une "vente réglementée" du cannabis.
Source: NouvelObs
Manuel Valls (AFP)
Le député PS de l'Essonne Manuel Valls s'est déclaré lundi "en désaccord total" avec la proposition de l'ancien ministre PS de l'Intérieur Daniel Vaillant envisageant une "vente réglementée" du cannabis.
"Je connais Daniel Vaillant et je sais son combat absolu contre toutes formes d'insécurité mais je suis en désaccord total avec sa proposition", a déclaré sur i-Télé Manuel Valls, alors que les socialistes divergent sur la question de la légalisation du cannabis.
Dégâts dans les quartiers populaires
"Attention aux pertes de repères et à la fin des interdits", a mis en garde le maire d'Evry. "La question de la drogue qui fait des dégâts considérables dans les quartiers populaires, qui alimente l'économie souterraine, ne peut pas être traitée de cette manière. On ne peut pas lever un certain nombre d'interdits".
Daniel Vaillant, ancien ministre de l'Intérieur et député-maire PS du XVIIIe arrondissement de Paris, a suggéré la semaine dernière de tenter le pari d'"une vente réglementée" du cannabis pour faire baisser la consommation et éviter l'économie souterraine. Cette vente se ferait à "des endroits précis et contrôlés" et serait "interdite aux mineurs de 16 ans", a-t-il précisé.
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IACM mène actuellement un sondage sur les modes d'utilisation des médicaments issus du cannabis". Le sondage a débuté en Août 2009 et sera clos le 30 Novembre 2009.
Source: IACM
Qui peut participer?
Tous les patients qui utilisent, ou ont utilisé par le passé, des médicaments issus du cannabis et qui ont expérimenté au moins deux modes de consommation parmi la liste suivante :
● Cannabis fumé
● Cannabis inhalé avec un vaporisateur
● Cannabis consommé oralement sous forme de thé (infusion)
● Cannabis consommé oralement cuit (gâteaux, …) / teinture de cannabis
● Dronabinol (THC) / Marinol pris oralement
● Nabilone / Cesamet pris oralement
● Dronabinol (THC) inhalé au vaporisateur
● Sativex
● Autre usage
Instructions relatives au questionnaire: marquer d’une croix la case correspondant à la réponse choisie. Si plusieurs réponses sont possibles, marquer toutes les réponses qui vous correspondent. Bien que les questions soient au présent, répondre même si vous avez utilisé des produits à base de cannabis par le passé.
Directrice de recherche
Dr. Kirsten Müller-Vahl, professeur à l'Ecole de Médecine de Hanovre, Allemagne
(Présidente de l’IACM)
En collaboration avec
Dr. Arno Hazekamp, Université de Leiden, Pays-Bas
Dr. Donald Abrams, professeur à l'Université de Californie, San Francisco, USA
Dr. Ethan Russo, professeur à l'Université du Montana, USA
Dr. Franjo Grotenhermen, Institut Nova, Allemagne
Dr. Mark Ware, professeur à l'Université McGill, Montréal, Canada
Dr. Ricardo Navarreto-Varo, Malaga, Espagne
Dr. Rudolf Brenneisen, professeur à l'Université de Bern, Suisse
Ce sondage a été approuvé par le Comité d’Ethique de l’Ecole de Médecine de Hanovre, Allemagne.
La participation au sondage reste anonyme. Les résultats seront automatiquement enregistrés dans une base de données sans identification nominative.
Merci beaucoup de votre participation à ce sondage !
Participer au sondage (en bas de la page)
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Plusieurs parlementaires socialistes se sont exprimés sur la proposition de l'ancien ministre PS de l'Intérieur Daniel Vaillant, qui veut tenter une "vente réglementée" de cannabis. Les avis divergent.
Source: nouvelObs
Jean-Louis Bianco (SIPA)
Des parlementaires socialistes ont exprimé samedi 10 octobre des avis différents sur la proposition de l'ancien ministre PS de l'Intérieur Daniel Vaillant de tenter une "vente réglementée" de cannabis.
"Une proposition raisonnable"
Interrogés par l'AFP en marge d'une Convention PS à La Défense, le député Michel Sapin et le sénateur David Assouline se sont prononcés en faveur de cette proposition.
"C'est une proposition raisonnable. Il faut re-soulever ce débat de manière sereine" a déclaré David Assouline.
"Daniel Vaillant a raison", il faut "mieux contrôler le commerce et mieux punir le trafic". "A force de pénaliser le consommateur, on n'a plus d'armes pour attaquer le trafic car tout le monde a intérêt au silence" a ajouté Michel Sapin.
"Dépénaliser serait totalement injuste"
L'ancienne garde des Sceaux, Marylise Lebranchu, se dit elle aussi favorable à une légalisation, sous condition.
"Je suis plutôt favorable à une légalisation comme pour le tabac à une condition : on met d'abord en marche une politique de santé publique". Rappelant sa position adoptée en 2001 elle affirme que "si on dépénalise, cela veut dire que celui qui a de l'argent peut acheter pour fumer, celui qui n'a pas d'argent doit dealer pour fumer et, à ce moment là, il relève de la justice, puisque c'est un délit. On ne peut pas dépénaliser ce serait totalement injuste".
"Ne pas donner de signal ambigu"
Jean-Louis Bianco quant à lui plaide pour le maintien de l'interdiction. "Le cannabis est et doit rester interdit". "A une époque où les jeunes sont en perte complète de repères, la règle de l'interdiction doit demeurer. Si un jour la France va mieux et la jeunesse va mieux, ça peut se discuter, mais dans l'état actuel des choses, il ne faut pas donner de signal ambigu".
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Ce n'est pas une première, mais c'est courageux de le rappeler dans un débat où il n'y a politiquement rien à gagner et que des coups à prendre. Dans une interview au Parisien, l'ancien ministre socialiste de l'Intérieur Daniel Vaillant se prononce sans ambiguïté pour la légalisation de la consommation de cannabis.
Source: Rue89
Et le PS lui emboîte le pas par la voix de sa responsable des questions de société, Najat Belkacem, interrogée par Rue89.
« Autant prendre acte de l'échec total du système prohibitionniste et répressif pour ce qui concerne le cannabis, et se mettre au travail pour que notre société propose un autre équilibre entre ce qui est autorisé ou pas. La tolérance zéro pour le cannabis est une façon bien pratique de se décharger de ses responsabilités sur le reste. […]
Quand un jeune sur deux fume du cannabis, on peut dire que ça ne va pas. Réglementer sa production, sa vente et sa consommation permettrait sans doute de contrôler un peu mieux la situation. »
« Aucun habitant n'est venu se plaindre des consommateurs de cannabis »
Interrogé à propos de la récente campagne du gouvernement contre les drogues, le maire du XVIIIe arrondissement avait dans un premier temps tenu à distinguer le cannabis, dont les jeunes Français sont les plus gros consommateurs européens, de drogues plus dures :
« Dans le vaste problème que pose la drogue, il y a la question du cannabis. Ce produit est interdit, et pourtant sa consommation explose ; aujourd'hui, un jeune sur deux a déjà fumé du cannabis. Cette croissance s'accompagne d'une aggravation des trafics et de la criminalité.
Aujourd'hui, je dis : “Ne faudrait-il pas prendre le pari de légaliser la consommation personnelle de cannabis à travers un contrôle de la production et de l'importation, comme c'est le cas avec l'alcool” ? »
Et d'enfoncer le clou tout en coupant court à tout soupçon d'angélisme :
« Depuis que je suis maire du XVIIIe arrondissement, aucun habitant n'est venu se plaindre des consommateurs de cannabis. Mais du crack, oui. Est-ce que le cannabis est dangereux ? Oui. Est-ce ça touche la santé ? Bien sûr. Le sommeil, les réflexes en prennent un coup, la capacité à travailler, être éveillé, suivre des études, sûrement. Je ne joue pas l'ignorant, mais est-ce bien différent de l'alcool ? »
Concrètement, l'ancien ministre de Lionel Jospin propose que l'approvisionnement à l'étranger soit contrôlé par l'Etat et qu'une fillière de production voit le jour en France, « comme pour l'alcool et le tabac ». Une système qui éviterait « les produits frelatés, les économies souterraines et la vente interdite aux mineurs ».
Un précédent en 2003
Pour Jean-Marc Priez, de l'Association française de réduction des risques :
« Même si la proposition du ministre pose un certain nombre de questions quant à sa mise place, il est bon d'entendre un homme politique dire aujourd'hui ce que tout le monde sait depuis vingt ans : la politique de prohibition est un échec. »
Les déclarations de Daniel Vaillant -qui avait déjà défendu cette proposition dans une tribune à Libération datée de novembre 2003- et de Najat Belkacem sont d'autant plus courageuses que le Parti socialiste était plutôt en recul sur cette question ces dernières années, comme le regrettait en 2006 Eric Labbé, d'Act Up, à propos du projet socialiste pour la présidentielle :
« Beaucoup de militants de la réduction des risques (liés aux drogues) se sont mobilisés pour faire évoluer le PS. Et l'on aboutit à des propositions fades et pleutres. Ils ne nous ont pas écoutés. »
Appelant à un bien commode « grand débat public » sur la question, Ségolène Royal, dans une lettre adressée à l'association antiprohibitionniste Circ, appelait de ses voeux une « action publique de prévention plus efficace pour lutter contre toutes les formes de toxicomanie »… Esquivant largement la question, elle rappelait tout de même :
« Renforcer les interdictions et, surtout, alourdir les peines ne permettra pas de diminuer l'accessibilité et la consommation de drogues. »
Totalement inacceptable pour l'UMP
Ce qui ne semble pas de l'avis de l'UMP. Sans surprise, Eric Ciotti, secrétaire national de l'UMP à la sécurité, a ainsi jugé la proposition de Daniel Vaillant « totalement inacceptable », illustration du « laxisme prôné par le Parti socialiste ». Et d'en profiter pour entonner l'une des rengaines préférées de son parti en la matière :
L'UMP est « fermement opposée à toute tentative de légalisation du cannabis ou des drogues dites douces qui conduisent inexorablement à l'usage de drogues de type cocaïne ou ecstasy ».
Rappelons que plus de 100 000 personnes sont arrêtées chaque année pour simple consommation de cannabis, une infraction que la France est l'un des derniers pays européennes à punir d'une peine de prison. Ce qui ne nous empêche pas d'être l'un des pays où l'on fume le plus…
La rude concurrence de milliers de fermes familiales de marijuana aux États-Unis menacent les recettes des puissantes organisations mexicaines de la drogue.
Source: Washington Post
Les cultivateurs de marijuana américains taillent dans les bénéfices des trafiquants mexicains
La production illicite de cannabis aux États-Unis n'a cessé d'augmenter depuis des décennies. Mais les récents changements dans les lois des États qui autorisent l'utilisation et la culture de la marijuana à des fins médicales donnent aux producteurs américains un avantage concurrentiel, contestant la domination traditionnelle des trafiquants mexicains, qui ont par le passé fait des standards de qualité telles que l'Acapulco Gold (NdT: Variété de marijuana).
Presque toute la marijuana, consommée sur le marché de plusieurs milliards de dollars des États-Unis, est par le passé venue du Mexique ou de Colombie.
Aujourd'hui près de la moitié est produite localement souvent par des cultivateurs de petite taille qui entretiennent soigneusement des serres chaudes et des jardins d'intérieur pour produire la meilleure qualité, puissante et coûteuse, un produit que les consommateurs exigent désormais, selon les autorités et les revendeurs de marijuana des deux côtés de la frontière.
L'économie changeante du commerce de marijuana a de larges implications pour la guerre du Mexique contre les cartels de la drogue, suggérant que les forces du marché, autant que l'application de la loi, peut faire payer un lourd tribut aux organisations criminelles qui ont utilisé les bénéfices spectaculaires générés par les ventes de cannabis pour alimenter la violence et la corruption qui frappe l'État mexicain
Tandis que les trafics de cocaïne, d'héroïne et de méthamphétamine sont les cibles principales de l'application de la loi américaine, c'est la marijuana qui a longtemps fourni aux cartels mexicains de la drogue l'essentiel de leurs recettes. Plus de 60% des revenus des cartels - 8,6 milliards de dollars sur 13,8 milliards de dollars en 2006 - s'expliquent par la vente de marijuana aux États-Unis, selon le Bureau de la Maison Blanche du National Drug Control Policy.
Maintenant, pour rester compétitifs, les trafiquants mexicains changent leur modèle d'entreprise pour améliorer leur produit et rationaliser la prestation.
Les cartels mexicains bien organisés se sont également déplacés pour cultiver de plus en plus la marijuana sur des terrains publics aux États-Unis, selon le National Drug Intelligence Center et les autorités locales.
Cette stratégie donne aux mexicains un accès direct au marché des États-Unis, évite le risque de saisie à la frontière et réduit des coûts de transport.
À la différence de la cocaïne, que les trafiquants doivent acheter et transporter d'Amérique du Sud, entraînant une hausse des coûts, la marijuana a été particulièrement lucrative pour les cartels parce qu'ils contrôlent toutes les étapes, des champs clandestins dans les montagnes mexicaines aux revendeurs en gros des villes des États-Unis telles que Washington.
«C'est du pur profit», a déclaré Jorge Chabat, expert en commerce de la drogue au Centre de recherche et d'enseignement en économie à Mexico.
Les dimensions exactes du marché américain de la marijuana sont inconnus. L'édition 2007 du Sondage national sur les drogues et la santé estime que 14,4 millions d'Américains de 12 ans et plus avaient consommé de la marijuana au cours du mois passé.
Plus de 10% de la population américaine déclare avoir fumé de la marijuana une fois dans l'année écoulée.
Le Mexique a produit 35 millions de livres de marijuana l'année dernière, selon les estimations du gouvernement.
Dans un champ dissimulé sur une colline de l'état de Sinaloa au Mexique, accessible à dos d'âne, une livre de marijuana pourrait rapporter à un agriculteur 25$. Le prix de gros pour cette même livre à Phoenix (Arizona) est de 550$, ainsi les cartels mexicains pourraient vendre près de 20 milliards de dollars de marijuana sur le marché américain chaque année.
«La marijuana a créé les organismes de trafic de stupéfiants que l'on voie aujourd'hui. Les familles fondatrices des cartels ont fait leurs débuts avec le cannabis. Et la marijuana demeure une activité très rentable ils se battront pour la protéger», a déclaré Luis Astorga, une autorité de premier plan sur les cartels de la drogue à la National Autonomous University de Mexico, qui a grandi à Sinaloa en 1960 et se rappelle avoir vu de grands producteurs à des fonctions sociales dans la capitale de l'État de Culiacan.
Conduits par la Californie, 13 États américains permettent maintenant une certaine utilisation de la marijuana; Le Maryland envisage une telle loi.
Dans de nombreuses villes, la marijuana est l'une des priorités les plus basses pour la police.
Pour certaines autorités, les nouvelles lois sont essentiellement des licences à faire pousser de l'argent.
Avec un investissement de 100$ dans un sol enrichi et de nutriments, presque n'importe qui est capable de cultiver une plante qui va produire deux livres de marijuana qui peuvent se vendre pour 9000$ dans des centaines de clubs de marijuana médicale ou dans la rue, selon les producteurs.
les sommités de la marijuana cultivée dans des conditions spéciales de ce genre se vendent souvent 10 fois le prix du cannabis de mauvaise qualité cultivés dans des champs de maïs mexicains et abandonnés pendant des mois dans des conditions humides qui érodent sa qualité à long terme.
«ce qui s'est produit pendant les cinq dernières années est juste devenu totalement, totalement hors de contrôle, comme une marée verte de personnes venant de tous les coins de différents états qui ont réalisés l'argent que l'on peut y gagner, »nous dit Jack Nelsen, commandant du Humboldt County Drug Task Force en Californie du Nord. Les résidants du comté qui ont une recommandation d'un médecin peuvent légalement développer jusqu'à 99 plantes.
Les autorités ont trouvé et détruit environ 8 millions de plants de marijuana aux États-Unis l'an dernier, comparativement à environ 3 millions de plants en 2004.
A la question d'estimer quelle quantité de la récolte globale de marijuana était saisie dans son secteur, Wayne Hanson, qui dirige l'unité de marijuana du bureau du shérif du comté de Humboldt, a répondu : « Je dirais sincèrement que nous sommes chanceux si nous obtenons 1 pour cent. »
L'utilisation illégale, par des trafiquants mexicains, des terrains publics est une explication à l'augmentation spectaculaire de la production aux États-Unis, selon des autorités et des cultivateurs. Dans les bois du nord de la Californie, les immigrants illégaux sont embauchés par de nantis mexicain «patrons», à poser des tuyaux en plastique et installer des systèmes de gicleurs oscillant pour les champs clandestins qui fournissent "une qualité commerciale» de marijuana moins chère et plus rapide en croissance.
Eric Sligh, rédacteur en chef et éditeur du magazine "Grow" dans le comté de Mendocino en Californie du Nord, a déclaré que les mexicains utilisent une variété de marijuana à croissance rapide et programment leurs récoltes à des périodes de faible production intérieure aux États-Unis.
Après l'établissement de réseaux agricoles sophistiqués en Californie, dans l'état de Washington et en Orégon, les trafiquants mexicains décalent leurs opérations vers l'est au Michigan, en Arkansas et en Caroline du Nord, selon les dires des agents fédéraux.
Comme d'astucieux négociants de produits domestiques, les trafiquants mexicains programment leurs livraisons afin d'exploiter les cycles de croissance aux États-Unis. Ils entreposent des tonnes de cannabis au sud de la frontière pour les expédier au nord dans les périodes de pics de demande quand les approvisionnements intérieurs sont rares, indiquent les fonctionnaires anti-stupéfiants mexicains.
Les trafiquants sont également engagés dans une escalade pour atteindre des niveaux plus élevés de tétrahydrocannabinol, ou THC, l'ingrédient chimique qui donne au cannabis sa puissance. La teneur en THC de la marijuana mexicaines ont saisi à la frontière sud-ouest est passé de 4,8% en 2003 à 7,3% en 2007, selon des responsables américains. Ces niveaux sont encore à moins de la moitié de la marijuana très puissante cultivée dans des endroits tels que Arcata, où la teneur en THC atteint souvent 20 pourcents.
Bien que la plupart de la marijuana mexicaine soit encore cultivée en plein air, les forces de sécurité du Mexique ont commencé à découvrir des cultures en serre, similaires à celles constatées aux États-Unis et au Canada. Une unité armée mexicaine en patrouille de routine dans Sinaloa a arrêté deux hommes dans une serre de la taille d'un terrain de football américain avec plus de 20.000 plants de marijuana à l'intérieur. Une serre moderne, équipée de systèmes de réfrigération, de chauffage et d'éclairage très sophistiqués.
Dans les forêts domaniales et les terrains forestiers publics de Californie du Nord, les producteurs mexicains tirent sur les agents des services répressifs des États-Unis avec une fréquence croissante, utilisent des engrais et des pesticides qui polluent les bassins versants et provoquent des incendies.
Un incendie de 90000 acres dans la Los Padres National Forest en Californie du sud au mois d'août a débuté sur une exploitation agricole gérée par des trafiquants de marijuana mexicaine, selon les autorités.
Les champs sont si inaccessibles que les hélicoptères sont nécessaires pour déposer des agents, qui coupent les plantes avec sécateurs, machettes et même des scies à chaîne avant de les emmener par les airs afin de les détruire.
Cette saison, cinq équipes du Bureau des stupéfiants de police en Californie ont saisi 4,2 millions de plantes d'une valeur estimée à 1,5 milliards de dollars, un bond de 576 pour cent depuis 2004.
Ralph Reyes, chef des opérations pour le Mexique et l'Amérique centrale de la Drug Enforcement Administration, a déclaré que les renseignements suggèrent que les cartels principaux sont directement derrière une grande partie de la culture de marijuana qui a lieu sur des terrains publics. « Le consommateur occasionnel aux États-Unis -- l'enfant ou l'adulte qui fument un joint ne va jamais associer fumer ce joint avec les décapitations des gens au Mexique » a t'il ajouté.
Mais il a été difficile pour les autorités américaines de prouver le lien, en partie parce que les personnes qui cultivent les plantes n'ont aucune idée de pour qui ils travaillent et ne sont en mesure de donner que peu d'informations lors de leur arrestation.
Un producteur mexicain dans le comté de Humboldt, qui a récemment récolté 800 plantes et demandé à ne pas être identifiée, a révélé que les fermiers du cannabis (Ganja Farmers) sont généralement sollicités par un patron, anonyme, qui avance l'argent - parfois jusqu'à 50.000 dollars - pour les semences, les engrais , tuyaux, matériel de camping et la nourriture nécessaire pour vivre dans les bois pendant trois mois à cultiver la «Maribel», comme les mexicains appellent la plante.
Le cultivateur indique que le patron paie les producteurs en espèces ou en produit, qu'ils peuvent ensuite vendre par leurs propres moyens.
"La montagne peut te manger», raconte le fermier. «Tu penses seulement au lendemain. Tu dois te lever à 4 heures du matin pour arroser la marijuana, parce que l'hélicoptère peut venir quand le soleil est levé, et si vous arrosez trop tard, il va voir le brouillard se détacher des plantes.
Vous le faites chaque jour. Il n'y a pas d'église le dimanche ou quelque chose comme ça. Il faut être concentré. Vous devez tout donner pour elles. "