Pour une poignée de dealers
Par Invité, dans Ce que nous avons retenu...,

Reportage - Depuis des années, une cité de Seine-Saint-Denis est sous la coupe de trafiquants de drogue. Pour les habitants, la vie est un cauchemar.
 
Source: Libération
Dans le quartier des Beaudottes, à Sevran, des enquêteurs quittent l'immeuble incendié, le 10 août. (AFP)
 
 
Au pied d’un panier de basket en piteux état, ils sont sept ou huit à tuer le temps, certains assis sur des chaises installées sur un bout de pelouse. Les clients, venus des départements voisins ou de Paris, arriveront un peu plus tard pour prendre furtivement leur marchandise, du cannabis. La «permanence» est assurée de 9 heures jusqu’à 3 heures du matin.
 
Pour l’heure, détendus mais attentifs, ils surveillent les allées et venues dans les petites allées qui serpentent autour des trois tours de 17 étages qui se dressent à Sevran (Seine-Saint-Denis), juste en face du centre commercial de Beau-Sevran. Récemment, un adjoint de mairie a dû décliner sa profession devant les jeunes qui l’interpellaient. Comme pris en otages, les habitants s’obligent à les saluer, par peur des représailles. «Mes filles rentrent tard le soir, je n’ai pas le choix», dit l’un d’eux qui, comme toutes les autres personnes interrogées, a requis l’anonymat.
 
Enfer. Cela fait des années que les habitants des tours des allées Jan-Palach et Masaryk doivent cohabiter avec les trafiquants de cannabis. «Une coexistence pacifique», dit l’un d’eux, mais qui prend des allures d’enfer quotidien. «Les locataires ont adapté leurs déplacements en fonction des horaires des dealers, confie un bon connaisseur des lieux. Quand on va chercher son courrier, mieux vaut éviter de débarquer au beau milieu d’une vente.»«Si on le pouvait, tout le monde quitterait les tours», murmure un résident. Les trois bâtiments sont voués à la démolition, mais on ignore quand. Dans l’un d’entre eux, une dizaine d’appartements sont déjà vides.
 
Dans cette zone de non-droit, des jeunes âgés en moyenne d’une vingtaine d’années font la loi. Pour retarder d’éventuelles descentes de police, ils barrent les cages d’escaliers avec des chariots rapportés de la grande surface installée de l’autre côté de la route. «Et ils n’hésitent pas à couper la lumière en cas de besoin», se plaint un habitant. Il y a quelques jours, deux jeunes ont fracassé une vitre du premier étage avec un chariot : ils squattent depuis un appartement vide. Très inquiet, le maire de Sevran, le communiste Stéphane Gatignon, rappelle qu’en août cinq personnes ont trouvé la mort lors d’un incendie dans un immeuble du quartier voisin des Beaudottes : là aussi, les escaliers étaient encombrés par des chariots et les trappes de désenfumage avaient apparemment été scellées pour tenter de limiter les trafics.
 
Que fait la police ? Contactée par Libération, elle n’a pas souhaité répondre à nos questions. «Une fois par mois, les flics font une descente», explique un habitant. Ils procèdent à des interpellations. Sans résultat : «Quelques jours plus tard, on recroise les mêmes visages», note une femme. «Quand Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait promis de nettoyer les cages d’escalier, la police avait mené l’une de ses premières opérations à Jan-Palach», se souvient le maire de Sevran. «Ce matin, deux voitures de police se sont arrêtées au pied de nos immeubles. Très vite, les jeunes se sont rassemblés, et les policiers sont repartis», raconte un riverain. «Le démantèlement de ce type de trafic dans une banlieue aussi fermée est très compliqué, souligne une magistrate. Difficile pour les policiers de planquer en restant inaperçu et de s’appuyer sur des plaintes qui n’existent pas. Les gens ont peur.»
 
«Violence». Depuis des années, la ville de Sevran est considérée comme une plaque tournante du trafic pour le nord-est de l’Ile-de-France. Mais la crise aiguise la détresse et les dérives. A Sevran, la deuxième ville la plus jeune de France, 17% des actifs sont au chômage. Un taux qui grimpe à 35% pour les moins de 25 ans. La municipalité dispose, par ailleurs, de faibles ressources fiscales : 20% des foyers ne paient pas d’impôt sur le revenu et 50% bénéficient de dégrèvements.
 
Les trafiquants s’adaptent en permanence, prenant de vitesse les forces de l’ordre. D’après les experts, le trafic s’insinue de plus en plus dans la sphère privée des habitants. Il a migré des cages d’escaliers ou des halls d’immeubles vers les appartements. «Les dealers choisissent des gens vulnérables - des femmes seules avec enfants, par exemple - pour stocker la drogue en échange de leur protection», explique un connaisseur. Les enquêteurs notent aussi l’emploi de guetteurs de plus en plus jeunes dans les quartiers : «Ils avaient 14-15 ans en 2001, ils en ont 12 aujourd’hui.»
 
Autre évolution, les groupes de dealers sont à géométrie variable : au noyau dur des jeunes du quartier se greffent des trafiquants venant de localités voisines. Payés à la journée, entre 150 et 200 euros, «ils ne connaissent pas le voisinage, ce qui est un facteur d’augmentation de la violence», affirme le maire de Sevran, qui ajoute : «On mettrait 100 policiers de plus, cela ne changerait pas fondamentalement la donne. Le trafic est avant tout lié à la loi de l’offre et de la demande.» Pour en finir, Stéphane Gatignon propose de sortir de «la grande hypocrisie française» et de mettre fin à la prohibition. Une suggestion violemment rejetée par d’autres élus de banlieue, de gauche comme de droite. Allée Jan-Palach, à Sevran, le trafic continue de plus belle, au vu et au su de tous.
 
 
Par THOMAS HOFNUNG
 
 
 
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«Oui, la situation actuelle est hypocrite»
Par Invité,
Interview - Communiste, Stéphane Gatignon, 40 ans, est maire de Sevran (Seine-Saint-Denis).
 
Source: Libération
Pourquoi défendez-vous la dépénalisation des drogues douces ?
 
Le marché des drogues douces concerne près de quatre millions de personnes en France et il ne cesse de croître. Les sommes brassées par le trafic sont colossales et font vivre des quartiers entiers. Quant aux dealers, ils sont de plus en plus organisés. On n’a pas affaire à de petits trafiquants, mais à de véritables réseaux. Je pense qu’il faut en finir avec la situation hypocrite dans laquelle nous sommes où, sous couvert de prohibition, on a une dépénalisation de fait. Aujourd’hui, à moins de se promener avec de grosses quantités, on ne risque presque rien. Les dealers le savent et en jouent, rendant le travail de la police très compliqué.
 
Pourquoi ne pas préférer une répression accrue ?
 
Je ne crois pas qu’on s’en sortirait, étant donné le nombre de consommateurs et l’ampleur des réseaux. Mais si le cannabis doit rester interdit, il faut un durcissement des sanctions. Cet entre-deux absurde n’est plus tenable. La dépénalisation est à mon sens le moyen le plus efficace pour casser le trafic et mettre en place une réelle politique de prévention, qui n’existe pas à l’heure actuelle. Je ne suis pas angélique et j’ai conscience que le cannabis pose un vrai problème de santé publique, je pense aux accidents de la route, notamment. Pour y faire face, il faut encadrer la production et la consommation.
Quel regard portez-vous sur les expériences étrangères, là où le cannabis a été dépénalisé ou légalisé ?
 
A ma connaissance, il n’y a pas eu d’augmentation de la consommation en Espagne ou aux Pays-Bas. Le système espagnol ne me semble pas mauvais, les gens consomment ce qu’ils produisent. Evidemment, d’autres problèmes se posent, notamment celui du tourisme lié au cannabis, comme aux Pays-Bas. Je ne sais pas si une dépénalisation est préférable à une légalisation, mais la question mérite un débat public de fond. La priorité reste, à mes yeux, de sortir de la prohibition et, à terme, de faire baisser le nombre de consommateurs.
 
Ne craignez-vous pas un déplacement des trafics ?
 
Si nous parvenons à saper le business du cannabis, il y a en effet un risque de déstabilisation de l’économie locale d’autant plus grand que la situation sociale des quartiers où prospèrent les trafics est souvent difficile. Il n’est donc pas impossible que les trafiquants se tournent vers d’autres produits. On estime par exemple à 250 000 le nombre de consommateurs de cocaïne. Ce ne sont pas les mêmes proportions et je ne crois pas qu’un trafic de la même ampleur que celui du cannabis puisse voire le jour, même s’il faut rester vigilant.
 
Par MARWAN CHAHINE
 
 
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Si le cannabis était légalisé, «il y aurait plus de violence»
Par Invité,
Il y a deux semaines, Daniel Vaillant, ex-ministre socialiste de l’Intérieur et actuel maire du XVIIIe arrondissement de Paris, proposait de légaliser la «consommation personnelle» de cannabis en encadrant production et importation. Qu’en pensent les dealers qui vivent pour l’instant de ce commerce illicite ? Quelle conséquence pour eux, pour les quartiers ? Pour le savoir, Libération a pu rencontrer trois trafiquants d’envergures différentes dans la banlieue lyonnaise. Sous couvert d’un total anonymat, ils répondent avec simplicité.
 
Source: Libération
Concurrence. Eric, la quarantaine, a commencé à 14 ans avec «des petites conneries de quartier», puis a gravi les échelons en gagnant la confiance «de gens plus importants». Après avoir parfois investi pour faire venir des cargaisons de cannabis d’Espagne, il se contente aujourd’hui de gagner de 3 000 à 4 000 euros par mois en prenant des risques limités. Il refourgue du cannabis par savonnettes. Sur la terrasse déserte d’un McDo de banlieue, il répond : «Si l’Etat veut mettre des coffee-shops [lieux de vente et de consommation légale et contrôlée aux Pays-Bas, ndlr], ce serait plus sûr de les installer dans des commissariats. Dans les quartiers où j’ai commencé à bidouiller, ça brûlerait tout de suite. Comme si quelqu’un s’installait sur ton territoire pour niquer ton marché : tu peux pas laisser faire.» Légal, le haschisch serait perçu comme un concurrent. Mais éliminerait-il pour autant les trafics clandestins ? «Je crois pas», répond Malik, artisan qui arrondit ses fins de mois en revendant du hasch à la barrette et en savonnettes. «Les fils à papa, poursuit-il, iraient peut-être acheter leur shit officiellement. Mais vous en trouveriez toujours en parallèle. Dans le tabac de ma ville, on vend des cigarettes, puisque c’est légal. Mais je peux vous en trouver juste à côté, à 3 euros le paquet. C’est comme dans la maçonnerie : vous trouvez des artisans très chers et très doués, et du travail au noir défiant toute concurrence. Le shit ferait pareil.»
 
Rachid, plus âgé, est grossiste, roule dans une voiture pourrie, mais gagne très bien sa vie. Il pense qu’une légalisation n’éliminerait qu’une partie du trafic. «Les marchés parallèles ont toujours existé pour tous les produits licites, dit-il. Le Viagra, on peut pas en acheter beaucoup à la fois en pharmacie, alors si tu veux baiser beaucoup, je peux te trouver une autre solution… Si le shit était légalisé, ceux qui veulent plus de 2 grammes continueraient de venir voir leur dealer. La seule conséquence c’est que ce serait moins cher.»
 
Ils sont unanimes là-dessus : la concurrence légale ferait baisser les prix. «Surtout si l’Etat vend de la qualité», précise Malik. Qui poursuit : «Les marges baissant, il faudrait en faire plus pour gagner la même chose, donc se battre pour maintenir son chiffre dans un marché réduit. Il y aurait plus de violence.» Ils ont pigé depuis longtemps que cette violence générée par les rivalités du business terrorise les habitants et pousse les pouvoirs publics à agir. «Ce serait préférable pour tout le monde qu’il n’y en ait pas, remarque Rachid, le grossiste. Mais il faut comprendre qu’on est dans une économie où il n’y a pas de contrats, pas de loi. Tout se fait à la parole. Ça dégénère quand quelqu’un vient sur ton marché ou quand il y a des promesses non tenues, des dettes non remboursées, de la marchandise de merde qui a été livrée.»
 
«Pesetas». Eric semble se lasser de ce jeu violent et lucratif. Il pense décrocher. «Jusque-là, soupire-t-il, une bonne étoile m’a suivi. Mais depuis un moment, je sens des ondes négatives. Des mecs autour de moi plongent, et surtout il y a ces merdeux à qui il faut faire de plus en plus mal pour pas qu’ils te chient dessus.» D’autres prendront la relève, il le sait : «Il y a tellement de pesetas à se faire, ça ferait tourner la tête à beaucoup.» Malik, de son côté, reste motivé et défend son activité. «Souterraine ou pas, dit-il, c’est une économie qui génère beaucoup d’argent depuis trente ans. De l’argent réinvesti en France, et qui fait travailler beaucoup de gens.» Il continue, grimaçant : «Si l’Etat nous remplace, il va nous donner des postes ? Convoyeur ? Vendeur ? Non. De toute façon, un bon commercial, si vous lui interdisez de vendre son produit, il en vendra un autre, c’est juste logique.»
 
Mais les alternatives rentables ne sont pas si nombreuses. Le trafic de cigarettes ? Il faut faire venir un plein semi-remorque pour se partager 100 000 euros. Marge pour laquelle il suffit de faire «monter» du Maroc 200 à 250 kilos d’un cannabis de moyenne qualité. Rachid prédit le développement d’une délinquance plus violente. «Je connais pas mal de jeunes qui avant montaient au braquage et qui aujourd’hui, en vendant leur kilo, se font tranquilles leurs billets. Si on leur enlève ça, ils retourneront aux bracos ou aux cambriolages.» Eric parie pour sa part sur l’augmentation de la consommation de cocaïne, phénomène qui a déjà commencé : «Comme tout le monde s’est mis au cannabis parce que c’est facile à trouver avec peu d’investissement, il y en a de plus en plus qui essaient la coke.» Pour s’installer sur un marché moins encombré.
 
«Saloperie». Une légalisation encadrée ne présenterait à leurs yeux qu’un seul avantage : le consommateur saurait ce qu’il achète. «Aujourd’hui, si tu ne connais pas bien ton dealer, tu peux acheter n’importe quelle saloperie», dit Malik. Rachid confirme, et prend l’exemple de la Hollande, où le «bon vieux marocain» se trouve dans les coffee-shops, et les produits de synthèse dans la rue. Il pense que l’Etat vendrait «des produits de meilleure qualité». Mais «prendrait sa pièce au passage». Alors, en bon commercial, il mise sur ces taxes qui plomberaient le prix du chichon officiel. Et conclut, dans une moue : «Si on travaille bien, l’Etat ne sera jamais concurrentiel.»
 
 
Par OLIVIER BERTRAND Lyon, de notre correspondant.
 
 
 
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Trois fois plus de fumeurs de pot sous les conservateurs
Par Invité,
OTTAWA | (Agence QMI) - Le nombre de personnes qui ont reçu l'autorisation de fumer de la marijuana à des fins médicales a triplé au cours des trois dernières années sous le règne des conservateurs.
 
Source: Canoé
Au dernier recensement officiel effectué en juin par Santé Canada, 4029 personnes avaient été autorisées à posséder de la marijuana en vertu du Règlement sur l'accès à la marijuana à des fins médicales, 2841 à faire pousser leurs propres plants et 481 à faire pousser des plants pour quelqu'un d'autre (grâce à une permission spéciale).
 
En février 2006, seuls 1273 Canadiens disposaient de tels permis.
 
L'Ontario est la province au premier rang avec 1631 consommateurs légaux, suivie de près par la Colombie- Britannique à 1008. Le Manitoba, l'Alberta et le Nouveau-Brunswick ont accordé le moins d'autorisations et seulement 39 personnes ont le droit d'en consommer à Terre-Neuve.
 
 
Il semblerait qu’il soit plus simple d’obtenir l’autorisation de fumer de la marijuana à des fins thérapeutiques.
 
 
Russell Barth, un résidant d'Ottawa qui fume de la marijuana légalement afin de soulager ses symptômes de trouble de stress post-traumatique et de fibromyalgie, est heureux de constater que le nombre d'utilisateurs autorisés est à la hausse, mais il croit cependant que le total officiel ne représente qu'une fraction de la population qui consomme du pot à des fins médicales.
 
Plusieurs patients ne demandent même pas de permis à cause de la paperasse accablante ou parce qu'aucun médecin n'accepte de signer leurs demandes.
 
Même quand les patients disposent d'une autorisation officielle, ils ont de la difficulté à dénicher de la marijuana à prix abordable et de bonne qualité. Ils doivent aussi trouver le moyen de la transporter et de la fumer où ils en ont besoin.
 
«C'est scandaleux. C'est de la discrimination systématique», dit-il.
 
Santé Canada accorde des permis aux personnes qui souffrent de maladies graves ou dégénératives telles que la sclérose en plaques, le cancer, l'arthrite, l'épilepsie et le VIH/sida.
 
M. Barth affirme que le projet de loi C-15, présenté par les conservateurs, risque d'avoir un impact négatif sur les utilisateurs de marijuana médicale en rendant l'accès plus dispendieux et moins sécuritaire.
 
Santé Canada s'approvisionne en marijuana et en semences auprès de l'entreprise Prairie Plant Systems Inc. Les consommateurs autorisés ont le choix d'acheter la marijuana du gouvernement ou de la faire pousser euxmêmes, mais M. Barth qualifie la réserve fédérale de «foin».
 
Blair Longley, chef du Parti marijuana du Canada, croit que le pot devrait être légal pour tous les Canadiens qui veulent en fumer, qu'ils soient malades ou en parfaite santé.
 
Il interprète cependant l'augmentation du nombre de permis accordés comme un signe que les médecins commencent enfin à reconnaître ses propriétés médicinales.
 
«Quand le programme a été mis sur pied, il fallait presque prouver qu'il ne nous restait que six mois à vivre pour avoir le droit d'en fumer, dit-il. Aujourd'hui, c'est plus généralisé et plus facile à obtenir pour des problèmes comme la migraine et l'arthrite.»
 
 
 
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Le chanvrier bernard rappaz définitivement condamné
Par Invité,
L’affaire Bernard Rappaz a trouvé son épilogue judiciaire. Le Tribunal fédéral a déclaré irrecevable un recours déposé par le chanvrier valaisan contre un jugement du Tribunal cantonal valaisan datant d’août 2009. Il est ainsi définitivement condamné pour la culture et la vente de chanvre et sa gestion de sa société Valchanvre.
 
Source: 24heures
Le Tribunal fédéral a rejeté le recours du Valaisan , confirmant sa peine de cinq ans et huit mois de réclusion pour la culture et la vente de chanvre est confirmée.
 

 
 
La peine de cinq ans et huit mois de réclusion infligée en deuxième instance est confirmée, a communiqué jeudi le Ministère public valaisan. Le 22 octobre 2008, le Tribunal cantonal valaisan avait reconnu Bernard Rappaz coupable de lésions corporelles simples, gestion déloyale aggravée, blanchiment d’argent, violation grave des règles de la circulation routière, violation grave de la loi fédérale sur les stupéfiants et violation de diverses lois d’assurance sociale.
 
En août dernier, le Tribunal cantonal avait en revanche renoncé à infliger au chanvrier une créance compensatrice de 220.000 francs, confirmant par ailleurs son jugement antérieur. En septembre, Bernard Rappaz a recouru au Tribunal fédéral, en demandant son acquittement de divers chefs d’accusation et une peine compatible avec le sursis. Le 16 octobre, le Tribunal fédéral a déclaré son recours irrecevable, a précisé le procureur Olivier Elsig.
 
 
Sanction exécutoire
 
La sanction est désormais exécutoire. Un montant de l’ordre de 110.000 francs provenant du trafic de stupéfiants, qui avait été séquestré, est confisqué et dévolu au canton du Valais. Enfin, Bernard Rappaz devra s’acquitter de 164.807 francs de frais de justice. Cet arrêt du Tribunal fédéral met un point final à une procédure initiée en 2001, selon le procureur.
 
Les juges de deuxième instance avaient retenu qu’entre 1997 à 2001, Bernard Rappaz avait fait produire du chanvre sur 30 hectares, dont la plus grande partie était destinée au marché des stupéfiants, et qu’il avait fait fabriquer 1.735 kilos de résine de chanvre et 65 kilos de haschisch. Durant cette période, il a vendu 3,75 tonnes de chanvre et de ses dérivés, destinés à être utilisés comme stupéfiants, pour environ 4,2 millions de francs. En outre, en novembre 2001, Rappaz détenait un stock de 52 tonnes de chanvre et de produits dérivés, qui représentaient une valeur marchande de quelque 35 millions de francs. Par l’intermédiaire du magasin exploité par Valchanvre à Martigny, il a par ailleurs écoulé un peu moins d’une vingtaine de kilos de dérivés du chanvre destinés à l’utilisation comme stupéfiants.
 
 
 
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► Bernard Rappaz a déposé son recours contre sa dernière condamnation.
► Le blog de Bernard Rappaz
► Vidéo: Au nom du Chanvre
► Wikipedia: Bernard Rappaz
 
 
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Devenez critique de cannabis dans le Colorado
Par Invité,
Pour certains, il pourrait s'agir du meilleur job de journaliste du monde, même si les deadlines peuvent s'avérer difficiles à tenir. Un journal alternatif de Denver, dans le Colorado, le Westword, a placé une annonce pour un poste de critique. La mission: passer en revue les dispensaires de l'État prodiguant du cannabis à leurs patients, et leurs offres, rapporte le Guardian.
 
Source: States.fr

 
Le journal recherche un chroniqueur pour donner un aperçu des décors et de l'ambiance des institutions, mais surtout donner son opinion sur les nombreuses variétés de marijuana disponibles en toute légalité, de la White Widow à la Orange Bud. La seule condition, en dehors d'être passionné et de savoir écrire, est d'avoir une prescription pour pouvoir acheter du cannabis pour des raisons médicales.
 
L'idée de créer une chronique spécialisée est venue à l'un des journalistes du Westword, Joel Warner, qui couvre l'industrie du cannabis médical depuis plusieurs années, qui avait noté une disparité dans les dispensaires: «Certains ressemblaient vraiment à la chambre d'un dealer étudiant, avec des posters de Bob Marley et de feuilles de cannabis. D'autres ressemblaient plus à un bureau de dentiste, très propres avec des aquariums dans la salle d'attente. Je me suis dit que quelqu'un devait raconter aux gens ce à quoi ressemblent ces endroits.»
 
Westword a déjà reçu plus de 120 candidatures, certaines proposant même de travailler gratuitement, sans doute en étant défrayés. «Le cannabis n'est pas important pour moi, c'est ma vie» peut-on lire sur la candidature d'un d'entre eux.
 
Le cannabis est illégal aux États-Unis, mais son usage comme médicament prescrit a été dépénalisé dans certains états. Devant l'explosion de la vente légale de cannabis et l'acceptation croissante de l'herbe comme antidouleur, le gouvernement d'Obama vient de donner l'ordre aux autorités de ne plus effectuer de raids sur les dispensaires légaux et de ne plus en arrêter les clients, considérant que qu'il y a de meilleurs moyen de lutter contre le trafic de drogue.
 
Jusqu'à présent, la Drug Enforcement Administration effectuait régulièrement ce genre d'opérations, même si les autorités locales tendaient à ignorer les dispensaires. Le Colorado compte aujourd'hui environ 100 dispensaires, tandis que la ville de Los Angeles en compte à elle seule 800.
 
 
 
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les radicaux de gauche du puy de dome veulent légaliser le cannabis
Par Invité,
Fédération du Puy de Dôme COMMUNIQUÉ LIBERTÉ, ÉGALITÉ, LÉGALISEZ !
 
Source: CafebabelSelon l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), en 2005, 26,5% des français ont expérimenté le cannabis. Selon cette même source 10,8% des jeunes de 17 ans sont fumeurs réguliers de cannabis. Il nous semble donc urgent de lancer un débat de fond sur une question qui nous concerne tous, consommateurs ou non.
 
L’approche sécuritaire et prohibitionniste des drogues parait désormais contre-productive pour dissuader les uns et les autres de s’installer dans cette consommation.
 
Au vu de l’inefficacité de la politique actuelle, l’état ne devrait-il pas remettre en cause le principe même d’une politique basée sur l’interdit ? Faut-il continuer à financer des opérations coup de poing aussi spectaculaires que stériles pour éradiquer plants et consommateurs ? Les marchés parallèles et l’ampleur des trafics ont pris des proportions alarmantes, des échecs qui engendrent catastrophes sanitaires et sociales. Cela permettrait aux policiers et aux gendarmes de renforcer leur lutte pour la protection des biens et des personnes, principale préoccupation des français…
 
Franklin D. Roosevelt en 1933 n’a-t-il pas mis un terme à la prohibition de l’alcool et relancé une économie exsangue en légalisant et taxant fortement les alcools ?
 

 
A l’heure où l’alcool et le tabac, drogues nocives légales en vente libre et où, rappelons-le, les psychotropes sont remboursés par la Sécurité sociale, ne peut-on envisager une tolérance pour la Marie-Jeanne ce qui casserait la raison d’être de réseaux criminels? Légalisé, le cannabis deviendrait encadré, réglementé, contrôlé, et pourquoi pas taxé ? Son usage s’accompagnerait bien entendu de messages de prévention clairs, l’objectif étant de sortir de la marginalisation une frange de consommateurs et d’éviter qu’un adolescent ne fasse ses premiers pas dans la société en transgressant la loi.
 
Enfin, ce n’est pas parce qu’une société instaure le droit réglementé à la consommation qu’elle porte un discours selon lequel la « fumette » serait recommandée ou souhaitable !
 
Nous en appelons au bon sens de chacun.
 
Ne nous enfonçons pas plus loin dans la spirale prohibitionniste : reconnaître l’existence croissante des consommateurs de cannabis est de notre responsabilité. Et proposer une loi qui encadre, réglemente et contrôle est notre devoir.
 
À Clermont-Ferrand, le 14 octobre 2009.
 
Pour la Fédération du Puy de Dôme du Parti Radical de Gauche.
 
Le président Pascal GENET.
 
 
 
 
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La télé de Bong, pour militer un peu et fumer beaucoup
Par Invité,
Il est environ 22 heures à Hollywood et la limousine noire vient enfin de s'engager dans le parking du supermarché Ralphs. Parvenue à ma hauteur, la voiture s'arrête. L'une des vitres teintées s'ouvre lentement.
 
Source: Rue89

 
Je vois apparaître le visage de Bong Rip, 30 ans, général de la Stoner Army, leader du groupe Marijuana the Band et animateur de la première émission consacrée aux fumeurs de « weed » diffusée quotidiennement en direct et en ligne sur BongTVLive.com de 16h30 à 4h30 du matin.
 
« Entrez », dit-il en ouvrant la porte de la voiture. « Faites comme chez vous. »
 
Bong -qui refuse de donner son vrai nom car, dit-il, dans notre univers, personne ne connait le vrai nom de personne- est beaucoup plus petit et chétif que je ne l'avais imaginé. Sa chevelure noire frisée est en bataille. Il porte un short, un T-shirt avec une feuille de marijuana dessus. Il est pieds nus.
 
« Peut-être que je devrais mettre mes lunettes », suggère-t-il, « pour être davantage dans la peau de mon personnage ».
 
Bong se défonce et, très accessoirement, milite pour la légalisation
 
La limousine n'est plus toute neuve. Elle date de 1988. L'intérieur rappelle la chambre d'un adolescent désordonné. Dans chaque recoin, des pipes fourrées au cannabis. Un ordinateur portable est posé sur un pied.
 
Dans quelques instants, Bong sera en direct avec les soldats de son armée, des « pot heads » comme lui qui suivent ses périgrinations nocturnes. Car, presque chaque nuit, Bong et son chauffeur quadrillent les rues de Los Angeles en fumant des joints et, très accessoirement, en militant pour la légalisation de la marijuana.
 
« J'ai environ 20 000 fans dans le monde. Je leur fait découvrir la ville et ses dispensaires. Lorsque je veux leur montrer quelque chose, je pointe mon ordinateur dans cette direction. Ils voient ce que je vois. »
 
D'entrée, Bong se met à tirer sur sa pipe à eau tandis que la limousine s'engage sur Hollywood Boulevard. Les volutes odorantes de l'herbe se répandent dans la voiture. Au cours des quelques heures passées avec lui, il fumera une quantité impressionnante d'herbe. Comment est-il capable, dans ces conditions, de tenir un discours cohérent ? C'est un mystère. Toutes les cinq minutes, il attaque une nouvelle pipe ou un nouveau joint.
 
Certains people acceptent de monter dans sa limousine
 
https://asset.rue89.com/files/2009_17_10_cannabis_californie_bongtv_ok.jpg[/img]Mais il parle sans discontinuer des bienfaits du chanvre et de la marijuana, un médicament naturel qui endort la douleur, ravive l'appétit, calme les nerfs. De temps en temps, il s'adresse à ses fans. Il a un vrai talent d'animateur. Assez doué pour s'être créé une niche et faire sa pub.
 
On l'a vu en compagnie de célébrités comme Paris Hilton. Certaines se joignent parfois à lui dans sa limousine. Devant les journalistes, il fait d'intéressants discours sur la nécessité de légaliser l'herbe. En leur absence, il devient grossier et son programme se résume à fumer.
 
« C'est génial, non ? », dit-il. Je fume avec mes fans, j'anime la plus grosse « pot party » du monde mais mes invités ne salissent rien. Et en plus, ils ne fument pas mon herbe. Ils ne sont chez moi que virtuellement.
 
Sur l'écran de l'ordinateur, on voit des fans fumer eux aussi des joints. Tu parles d'une armée de militants !
 
« J'ai fait le voeu de faire quelque chose de positif pour la planète »
 
Bong passe presque toutes ses nuits dans sa limousine. C'est pour ainsi dire sa maison, surtout que les recettes publicitaires de BongTVLive n'étant pas exactement mirobolantes, il a dû récemment se replier à Huntington Beach (comté d'Orange) chez ses parents, des « gens très droits et très travailleurs ».
 
On passe devant plusieurs dispensaires. Bong les connaît tous. Surtout qu'il a une ordonnance pour fumer légalement, à part qu'il refuse de me la montrer. De toutes façons, ordonnance ou pas, il consomme bien plus que les doses autorisées.
 
« J'ai fait le voeu de faire quelque chose de positif pour la planète. On sait tous que si la culture du chanvre était légalisée pour le bois et la fabrication du papier, on arrêterait de couper les arbres qui mettent deux cent ans à arriver à maturité. Imagine l'effet sur le réchauffement climatique ! »
 
Ses arguments tiennent la route. Je me demande quand même comment il peut faire avancer sa cause en étant raide du matin au soir. En dehors de son cercle de fans, je doute qu'il soit pris très au sérieux par les législateurs. Et puis il dort jusqu'à 14 heures tous les jours et à part son « émission », n'a pas de job.
 
Vers minuit, nous faisons une halte au dispensaire de Ras Forchion, Liberty Bell Temple. Bong y tire sur une pipe offerte par Ras et achète un paquet de popcorn fourrés au cannabis.
 
La culture de la marijuana est permise, mais sous conditions
 
Au bout d'une heure, on retourne dans la limousine. Un producteur de marijuana nous y attend. Il a accepté de parler, mais sous son nom de guerre, que j'ai d'ailleurs oublié. « John » cultive légalement, mais il refuse quand même catégoriquement de révéler le lieu de sa plantation.
 
La loi n'est pas très claire, explique-t-il, et il y a des flics qui se sont donnés pour mission de nous empêcher de planter. On ne peut pas prendre le risque d'emmener qui que ce soit voir nos opérations. C'est top secret.
 
La culture de la marijuana médicale est en effet permise, mais avec des limites. Un producteur doit être associé à un dispensaire et ne cultiver que la quantité nécessaire à ce dernier, en fonction du nombre de ses patients. On imagine tout de suite les dérapages.
 
Des militants utiles à la cause ?
 
Presque 600 dispensaires fonctionnent sans permis, rien qu'à Los Angeles. Et parmi eux, qui sait combien sont coulants sur l'obligation d'exiger la présentation d'une ordonnance.
 
Les dispensaires sont censés être à but non lucratif. Mais Ras Forchion a refusé de donner son chiffre d'affaires. « Tout ce que je peux vous dire, c'est que je vis très bien », s'est-il contenté de dire.
 
Bong et « John » continuent de fumer tout en mangeant le popcorn et en dissertant sur les différentes variétés de cannabis et leurs effets. Le producteur milite lui aussi pour la légalisation de la marijuana mais on l'imagine tout aussi mal aller plaider sa cause auprès d'élus ou même d'électeurs.
 
Je finis par me demander s'ils ne font pas plus de tort que de bien à la cause qu'ils défendent.
 
 
Par Armelle Vincent
Illustrations : captures d'écran de BongTVLive.com
 
 
 
 
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► Californie: Au dispensaire de « Weedman », du cannabis sans ordonnance
► Le site BongTVlive.com (en anglais)
 
 
 
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Obama autorise le shit sous ordonnance
Par Invité,
Alors que George W. Bush voulait enfermer tous les consommateurs de marijuana, l’administration Obama lâche du lest.
 
Source:20min.ch
 
Le gouvernement américain met fin à la traque aux consommateurs de cannabis sous ordonnance médicale. Les fumeurs thérapeutiques ne seront plus poursuivis au niveau fédéral, a communiqué le ministère de la Justice. Le cannabis thérapeutique est aujourd’hui autorisé dans 14 des 50 États de l’Oncle Sam, principalement sur la côte ouest. Le hic, c’est que ces exceptions locales se heurtaient jusqu’ici à la loi au niveau national, qui pourchassait indistinctement les fumeurs sans tenir compte des règlements particuliers de chaque État.
 
 

(Photo: Keystone)
 
 
Les gouvernements locaux recevront lundi des directives les invitant à renoncer à des poursuites pénales. Selon le New York Times, l’administration Obama considère la traque des consommateurs au bénéfice d’une autorisation comme une perte de temps. En Californie, des entreprises proposent déjà des produits pour le consommateur de marijuana au bénéfice d’une dispense médicale.
 
Avec cette nouvelle politique, le gouvernement Obama prend le contrepied du rigoriste ex-président George W. Bush. Reste que cette autorisation de la fumette demeure une exception et que la consommation de cannabis est toujours punissable dans les cas, par exemple, de vente à des mineurs ou d’opération de blanchiment d’argent.
 
«C’est un grand pas en avant, a commenté dans le New York Times Bruce Mirken, directeur de la communication du Marijuana Policy Project. Avec ce changement de politique, le gouvernement fédéral se met clairement en phase les réalités scientifique et pratique.»
 
 
Par Philippe Favre
 
 
 
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Californie: Au dispensaire de « Weedman », du cannabis sans ordonnance
Par Invité,
En Californie, la loi de 1996 qui autorise les malades à se soigner avec du cannabis est largement détournée. Reportage.
 
Le moins qu'on puisse dire, c'est que Ras Edward Forchion, alias « the Weed Man », n'est pas très regardant lorsqu'il s'agit de contrôler l'identité et les ordonnances de ses « patients ».
 
Source: Rue89
 
Sont-ils en règle avec la loi ? Pour certains d'entre eux, cela semble douteux. Il est environ minuit sur Hollywood boulevard. La limousine de Bong Rip, un militant forcené de la légalisation de la marijuana, vient de me déposer devant Liberty Bell Temple, le dispensaire du rastafarian. (Voir la vidéo mise en ligne par Ras Edward Forchion, 11 minutes)
 
En France, un dispensaire est un lieu où officient des médecins en blouse blanche équipés de stéthoscopes, d'outils pour ausculter les oreilles, le pouls et le reste. En Californie, et surtout à Los Angeles, c'est un espace « holistique » où est vendue la marijuana, sur ordonnance.
 
En principe, il faudrait souffrir d'une maladie sérieuse, comme un cancer, pour l'obtenir. Mais si j'en crois une dizaine de personnes de mon entourage qui fument maintenant du « pot » légalement, il suffit finalement de se plaindre de migraines ou d'un mal de dos auprès d'un médecin compréhensif pour y avoir droit.
 
Je vous raconte l'histoire de ma virée chez Ras parce que le procureur de Los Angeles, Steve Cooley, vient d'annoncer un prochain raid sur les dispensaires du comté. Pour l'instant, il n'en a cité qu'un, Organica, contre lequel il a déjà entamé des poursuites judiciaires. Mais les 800 autres ont les pétoches. Pour Cooley :
 
« La vaste majorité des dispensaires opèrent illégalement, ils vendent de la marijuana illégalement, selon notre théorie. »
 
Le « weed man » serre les fesses. Avant d'ouvrir son « temple » à Hollywood, il vendait de l'herbe illégalement dans le New Jersey et s'était fait arrêter plusieurs fois. En Californie, il peut se tenir fièrement debout derrière son comptoir et ses dizaines de bocaux remplis de différentes variétés de cannabis, créer des emplois et fumer ses gros joints ou son « bong » sans être inquiété. « Au contraire, rigole-t-il. Si je suis vandalisé, la police me protège ! »
 
250 grammes de stock, entre 6 et 12 plantes cultivées
 
Petit retour en arrière. En 1996, les électeurs californiens ont voté, par référendum, le « Compassionate Use Act », une loi légalisant l'utilisation de la marijuana pour combattre la douleur ou la maladie.
 
Sept ans plus tard, un autre décret, adopté par le Sénat cette fois, autorise la fixation de limites quant aux quantités autorisées à être possédées (250 grammes) ou cultivées (de 6 à 12 plantes). La loi protège également les médecins qui prescrivent le cannabis contre les poursuites judiciaires.
 
En 2007, 186 dispensaires détenteurs d'une licence sont répertoriés à Los Angeles. Le parquet gèle leur nombre, jugé suffisant. Pourtant, ils se multiplient bientôt.
 
Liberty Bell Temple a donc pignon sur rue, mais on y entre quand même par une porte de derrière, sécurité oblige. Comme on pouvait s'y attendre, les dispensaires ont en effet généré une petite délinquance dans les quartiers où ils se sont installés. Les clients viennent avec de l'argent en poche, puisqu'il faut payer cash. Et puis il y a les stocks de marijuana, bien tentants.
 
Un garde se tient donc devant une porte métallique en nid d'abeille verrouillée. Son boulot est de vérifier l'identité des clients. En principe, ils doivent être consignés dans un registre qui contient également une copie de leur ordonnance. J'observe que plusieurs d'entre eux entrent pourtant sans montrer leur carte d'identité. « Des habitués », commente Ras.
 
« Mon ordonnance est périmée »
 
Au fond du dispensaire a été aménagé une sorte de salon. Enfoncées dans des canapés et des fauteuils râpés, quatre femmes mûres tirent sur des pipes.
 
La majorité des clients, ou plutôt des « patients », comme les appellent Ras et ses employés, ont quand même des têtes de « stoners », pas de grands malades. J'observe encore que peu d'entre eux produisent une ordonnance. Je m'étonne et interroge Ras : « Tu ne leur demandes pas leur ordonnance ? » « Non, on les connaît, me répond-t-il. On les a déjà dans nos dossiers. »
 
Je me tourne alors vers un « patient », un type d'une vingtaine d'années qui regarde la marijuana avec concupiscence et fourre son nez dans tous les bocaux :
 
« Vous avez une ordonnance ? »
 
« Oui », me rétorque le jeune.
 
« Ça vous ennuierait de me la montrer ? »
 
« Non, mais bon, elle est périmée. »
 
« Bon alors, tu t'es décidé pour quel médicament ? », finit par lui demander Ras en désignant les bocaux. Le jeune fait son choix et sort 60 dollars. Quelques grammes de marijuana sont placés dans un récipient pharmaceutique orange.
 
Pendant ce temps là, Ras a fourré un bong (une pipe à eau) et s'est mis à inhaler furieusement. Il passe la pipe à Bong Rip et au chauffeur de sa limousine, une grande blonde replète. Elle se met elle aussi à fumer. Je pense, « zut alors », elle va être dans un bel état pour conduire.
 
La marijuana d'aujourd'hui n'est plus ce qu'elle était. D'après les hommes du commando antidrogues CAMP (Campaign against marijuana planting) que j'ai récemment suivis dans leurs opérations, le taux de THC, principale substance psychoactive du cannabis, se situe actuellement autour de 26% (il y a vingt ans, le taux oscillait entre 4 et 6%). Une taf et vous êtes complètement dans les choux.
 
Vers 1 heure du matin, le va-et-vient ne s'est toujours pas calmé dans le dispensaire. C'est l'heure pourtant de repartir dans la limousine de Bong Rip, une célébrité dans le cercle des militants pro-légalisation. N'est-il pas le général en chef de la World Stoner Army ? Un personnage, assurément, que je vous présenterai dans une prochaine note.
 
 
Par Armelle Vincent.
 
 
 
 
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Ailleurs sur le Web
 
► Le site du "NJ Weedman"
 
 
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