Une ville du Montana a finalement fait le bon choix quand il s'agit d'une relation appropriée entre les flics et la marijuana médicale.
À Billings, Montana, les service de police affirme qu'ils sont devenus un service de livraison de marijuana médicale pour les producteurs de cannabis dans le Montana, parce que les compagnies postales comme FedEx et UPS refuser de traiter les paquets en raison des lois fédérales qui pourraient les rendre passible de poursuites pénales.
LE chef de la police de Billings,Rich St. John a dit FedEx et UPS d'appeler la police lorsque les employés découvriraient des paquets qui semblent contenir la marijuana médicale - ce qui est légal dans le Montana depuis que les électeurs ont approuvé en 2004.
FedEx ne prendra pas le risque d'être poursuivi en vertu des lois fédérales sur les drogues pour accepter une seule de ces expéditions, même au sein du Montana, selon la porte-parole Sally Davenport.
Le chef St John explique, quand cela arrive, la police ramasser le colis et de "déterminer si c'est légal», puis ensuite avisent la personne qui l'a envoyée, ou de livrer le colis eux-mêmes.
Ils pourraient être tenus responsables s'ils ne retournent pas l'herbe à son propriétaire légitime, selon la police.
BULLETIN ENCOD SUR LES POLITIQUES DES DROGUES EN EUROPE
N° 65 JUILLET 2010
Publié le vendredi 2 juillet 2010
LES CITOYENS, LES AUTORITÉS ET LES DROGUES
Il n’est pas nécessaire d’être économiste pour savoir que quand une substance utilisée par une population est déclarée illégale, son prix augmente et sa qualité diminue. Il y a alors plus de fournisseurs, et le marché est plus difficile à contrôler .
On croit que les gouvernements se préoccupent de la santé et du bien-être de leurs citoyens. Nous payons les services de santé pour contrôler tout ce que nous consommons. Ironiquement, pour la production et la distribution de substances qui ont été déclarées illégales par la Convention des Stupéfiants de l’ONU en 1961, il n’existe aucun type de contrôle. Cette mesure a été justifiée par la nécessité de protéger la santé publique, mais dans les faits il s’est passé le contraire. Alors pourquoi continuer la guerre aux drogues aujourd’hui ?
Elle continue parce que la majorité des gens ne raisonnent pas logiquement en se qui concerne les drogues ; ils réagissent de façon viscérale. Les politiciens le savent, et c’est pour ça qu’ils préfèrent se taire, pour éviter de perdre des votes. Les journalistes le savent, et c’est pour ça qu’ils préfèrent amuser la galerie plus qu’informer. Ils parlent des drogues pour susciter la curiosité des gens, mais ignorent la question de comment on peut réduire ou éviter les problèmes.
Quant à ceux qui veulent de meilleures politiques des drogues, ils doivent évacuer un faux concept inscrit dans les esprits depuis des générations, créé et maintenu par des intérêts extrêmement puissants. Nous avons besoin d’insuffler une évolution sociale, culturelle et politique qui donnera le change à la relation entre les autorités et les citoyens.
oir nos expériences sur le Forum de la Société Civile sur les politiques des drogues dans l’Union Européenne, CSF. Créé en 2007 après des années de lobbying, ce forum devrait être l’occasion pour la société civile d’apporter un certain point de vue sur le processus de décision dans la politique des drogues qui a lieu à Bruxelles. Un budget de 1 million d’euros par an a été prévu pour financer le Forum, qui consisterait en des rencontres régulières avec les représentants d’associations européennes qui travaillent dans le domaine des drogues.
Trois ans plus tard, la Commission Européenne peut rendre des comptes seulement sur seulement une partie de cette somme. Trois sessions du CSF ont eu lieu depuis 2007, utilisant approximativement 50.000 euros chacune. Dans ces sessions, la Commission a systématiquement neutralisé toute tentative de dialogue sincère avec ceux qui prennent les décisions. Pendant la dernière session, en mars 2009, la Commission a désespérément essayé d’imposer une campagne uniforme sur le Forum appelée « Alliance Européenne pour le signalement des dangers des drogues ». Une seule des 26 organisations participant au CSF, « la Foundation for à Drug Free Europe » (soutenue par l’Église de Scientologie) était d’accord. On a donc formé un groupe de pilotage de 6 organisations, ENCOD étant l’une d’elles, qui rédigerait l’ordre du jour du prochain CSF.
Après d’importants retards, ce groupe de pilotage s’est réuni le 15 juin 2010. Pendant la réunion on a fait des propositions concrètes pour inclure dans cet ordre du jour une discussion sur le cours des politiques des drogues en tant que tel, avec des règles claires sur les critères d’invitation des participants et une utilisation efficace du budget. Mais, la Commission Européenne a réagi instantanément en évitant les conclusions, reportant les décisions et prolongeant le status quo. Finalement le débat a été repoussé au mois d’octobre.
En violant toutes les règles de la transparence, de la représentation et de l’utilisation efficace d’argent public, la Commission anéantit la crédibilité du CSF et celle de toutes les organisations concernées. L’élite européenne démontre de cette façon qu’elle ne veut absolument pas qu’ait lieu un dialogue sérieux avec les citoyens sur la politique des drogues, de peur que le résultat leur fasse perdre la face publiquement.
Pendant l’Assemblée Générale d’ENCOD qui a eu lieu à Francfort du 18 au 20 juin, nous avons parlé des stratégies pour une contre-attaque. Il est intéressant de voir que des grands pays comme l’Allemagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni ont de nouveau tendance a développer des politiques répressives, quelques fois camouflées par des mesures concernant la sécurité routière, tandis que dans des pays plus petits, très prudemment, de petites lueurs d’espoir scintillent, surtout en ce qui concerne le cannabis. Le prochain gouvernement des Pays-Bas va commencer une expérience avec la "back door" (fournisseur) du coffeeshop. En Belgique le premier Cannabis Social Club est maintenant opérant, tandis qu’en Espagne le nombre total de ces clubs est désormais de plusieurs centaines.
Compte tenu de la variété des contextes, politiques et autres, de chaque pays, il est difficile de décider d’une activité ou d’un ordre du jour commun pour Encod. Certains ont proposé que nous organisions des pétitions, ou des marches à Bruxelles ou à Vienne, ou des sessions de formation pour des activistes et le lobbying. La plupart de ces idées resteront des idées à cause du manque de ressources humaines ou matérielles pour les mettre en pratique.
Mais l’Assemblée a sûrement inspiré ceux qui craignent que nos actions restent symboliques. Un atelier sur l’histoire et le développement du modèle du Cannabis Social Club en Espagne a été une occasion d’apprendre comment établir et promouvoir un tel club. Ayant commencé par une action symbolique pour défier l’interdiction du cannabis, ces clubs sont désormais des solutions pratiques pour beaucoup de gens, parmi elles beaucoup de patients qui ne souhaitent plus aller chercher leur médicament sur le marché illégal. Dans tout pays où la consommation n’est pas répréhensible il est possible de démarrer un tel club : tout avocat ou juge doit être capable d’expliquer que si la demande est légitime, l’offre doit l’être aussi. En Espagne et en Belgique, cette approche a eu du succès.
De la même façon on peut trouver une solution pour le thème de la feuille de coca et de ses dérivés traditionnels. Les deux peuvent être achetés légalement au Pérou et en Bolivie, mais l’exportation est illégale car la feuille de coca figure dans la Convention de l’ONU de 1961. Le mois prochain , quelques membres d’Encod feront des recherches sur les possibilité de mettre en place une association européenne de consommateurs de feuilles de coca qui importera des produits issus de la feuille de coca au travers d’un circuit économique écologique et équitable, en accord avec les associations de producteurs de coca boliviens.
Il y a 17 ans, notre lutte a commencé par des efforts pour attirer l’attention sur la parole de ceux qui n’ont jamais été écoutés dans le débat sur les drogues. Nous avons continué pendant des années à défier la supériorité morale cachée derrière l’interdiction. Aujourd’hui il s’agit de trouver des solutions efficaces, pour les citoyens concernés, ici et maintenant. En mettant en relation des consommateurs et des producteurs qui veulent s’insérer dans un système légal, sans l’intervention inutile d’intermédiaires ou d’autorités, nous pouvons démontrer qu’il est tout à fait possible et viable de développer des formes non répressives de contrôle basées sur l’acceptation de l’accès à une substance quelle qu’elle soit.
Nous sommes en train d’écrire le nouveau chapitre de l’histoire de la politique des drogues, bien qu’il soit encore trop tôt pour dire à quelle page il commence. Une chose pourtant est très claire : la prohibition des drogues est une approche extrêmement irresponsable, et pour la justifier les autorités doivent mentir et tromper les gens. Cette situation ne peut plus durer.
Le parlement Zurichois est d’accord de légaliser la vente du cannabis et des produits du chanvre contrôlée par l’état. A Bâle ce projet trouve aussi des intéressées.
bazonline.ch 19.06.2010
Pour l’instant c’est une idée : Bâle pourrait se joindre avec Zurich pour lancer un projet pour la vente de cannabis à l’accompagnement scientifique. Fumer et consommation et des biscuits au chanvre seront légales. Mercredi soir le parlement de Zurich s’est mis d’accord de commencer avec ce projet qui sera accompagné scientifiquement.
Des politiciens bâlois sont favorables à cette idée. André Weissen, Chef de la fraction PDC dit : « Il sera utile que Bâle se relie avec Zurich pour ce projet. Il faut que l’état arrête de faire son tour répressive. » Le président de la SP, Martin Lüchinger dit : » Ces deux villes sont comparables et pourraient travailler ensembles. » Le président des libérales vertes, David Wüest-Rudin à suivi ce cas avec intérêt. Wüest : « Je peux très bien m’imaginer, que mon parti sera pour une demande, que Bâle et Zurich travailleraient ensemble sur un tel projet et on la supporterait ».
Un tiers consomme
Les initiateurs du nouvel mouvement pour une légalisation sont heureuse et prennent note de l’intérêt de Bâle. Matthias Probst du parti des Verts de Zurich dit : « Contre plus des villes participent à ce projet pilot, plus effective serait le signal aux autorités fédérale. En plus les donnés scientifiques seront plus significative ».
A peu près un tiers de la population baloise entres 15 et 34 ans a déjà consommé du cannabis. « C’est un fait que le cannabis est consommé. La loi actuelle est complètement disproportionnée. » Dit Jürg Stöcklin, le président des Verts Bâlois. Le président de la PEV, Leonhard Müller soutien une remise contrôlée. « Et en plus je préfère voir l’argent de la vente de cannabis dans les caisses de l’état. » Müller s’inquiète qu’en suisse la vente de cette plante utilitaire connue depuis des années finance le milieu de la « mafia ».
Discussion
Mêmés les politiciens bourgeois qui étaient plutôt d’accord avec la répression à l’américaine voient une nécessité d’agir. « Je considère l’état actuel de la criminalisation comme inacceptable. Il faut vraiment discuter sur ce sujet. » Dit le président de la PLR Bâlois Daniel Stolz. Le président de l’UDC, Sebastian Frehner est contre la remis contrôlé et ne veut même pas en discuter : « Le cannabis est une passerelle vers les drogues dures, dit-il. » Thomas Steffen, directeur de l’office pour la santé à Bâle-ville à déclaré : « Cette théorie est scientifiquement réfuté ! » Le président de la commission de la santé de Bâle-campagne, Thomas de Courten qui est aussi dans l’UDC voit un tel projet pilote en contradiction avec les programmes de prévention de l’état « C’est indiscutable que l’état devient trafiquant de drogues ».selon Thomas Steffen ce n’est pas étonnant que ce qui sont pour ce projet reprennent le mouvement : « la discussion sur la libéralisation est un procès social qui n’est pas encore achevé. »
Pas de publicité
Les politiciens interrogés par le journal BaZ sont tous d’accords : Personne ne veut revenir à la situation chaotique de 2003. A cette époque les magasins de chanvre vendaient du cannabis incontrôlé et se souciait peu des mineurs. A Zurich, il est en question de vendre le chanvre au guichet où les consommateurs peuvent acheter. Thomas Steffen : « Ces points de vente ne peuvent pas être attrayante. » Pas de publicité, aucune vente secondaire, comme c’est la coutume dans les magasins de chanvre. Comme modèle on pourrait prendre les contrôles par l’état pour la fabrication, la distribution et la vente de l’eau de vie.
Pour ce que le projet pilote aurait une chance, il devrait rigoureusement appliquer la protection des mineurs. Thomas Steffen : « Une vente exclusive par du personnel qualifié serait utile ainsi de strictement vérifier l’âge minimum de 18 ans et un approvisionnement en quantités limitées à des prix élevés ». Grâce à ces règles on pourrait empêcher d’arriver à des situations tels que pour l’alcool et le tabac ou en pratique les mesures contraignantes seraient assez souvent traitées trop laxiste.
Le modèle de Zurich n’est pas nouveau. Au début des années 1990, il y avait des avances afin de légaliser l’usage de cannabis et la culture pour un usage personnel et d’organiser une remise contrôlée par le gouvernement.
Stéphane Ruiz est horticulteur. Et depuis une dizaine d'années, ce Narbonnais consomme régulièrement du cannabis comme 1,2 million de Français. Profitant de deux lampes à bronzer nécessaires à la culture de l'orchidée, il a acheté des graines de chanvre (chènevis), en vente libre, espérant récolter quelques feuilles pour sa consommation personnelle. "C'était un essai. Cela m'aurait évité d'aller me fournir sur les Barques" , explique-t-il au tribunal. Enquêtant sur une autre affaire, ce sont les gendarmes qui vont découvrir en mars 2009 deux plants dans la cabane du jardinde Stéphane Ruiz, au milieu des capucines et des belles de mai. Ils préviendront la police qui va perquisitionner chez ce quadragénaire et le mettre en cause pour détention non autorisée de stupéfiants. Problème selon le bâtonnier Martin, conseil de l'horticulteur. "Où sont les stupéfiants ? Êtes-vous sûr qu'il s'agit de stupéfiants ? Y a-t-il une analyse qui le démontre ? Non. Il n'y a aucune certitude." Car pour que le chanvre passe dans la catégorie stupéfiant, il doit contenir plus de 0,20 % de tétrahydrocannabinol. L'avocat a réclamé la relaxe. Il l'a obtenue, en l'absence d'analyses
Le 12 06 2010 Source : L'indépendant
Erratum:
L'article source a certainement fait une erreur de typographie heureusement on ne vous la fait pas
La législation française n’autorise la production de chanvre textile que si celui-ci est issu de semences certifiées de variétés inscrites à l’annexe V du règlement 2860/2000. Ces variétés doivent entre autre avoir une teneur en THC inférieure à 0,20%.ma source... en page 4
C'est le constat d'une étude de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies publiée ce lundi...
Plus conscients, plus méfiants, mais aussi moins libéraux dans leur opinion. En quelques années, la perception des Français vis-à-vis des drogues et des consommateurs s’est considérablement durcie. Le constat est fait par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), qui publie ce lundi les résultats d’une enquête sur les opinions et perceptions des Français sur les drogues. Cette étude, menée fin 2008 par téléphone auprès d’un échantillon représentatif de 2.300 personnes âgées de 15 à 75 ans, est la troisième en dix ans, après les exercices de 1999 et 2002.
Premier constat, l’appréhension des Français vis-à-vis des produits licites comme illicites n’a cessé de s’amplifier. Ils sont ainsi 92% à juger la consommation d’héroïne dangereuse dès le stade de l’expérimentation, et presque autant pour la cocaïne. La crainte s’est aussi largement accrue vis-à-vis du cannabis, (gagnant près de 10 points en une décennie), confortée par la thèse - non vérifiée - de l’escalade, selon laquelle le cannabis mènerait vers les drogues dures. Cette méfiance s’étend à l’alcool, mais surtout au tabac, cité comme le produit le plus addictif, et qui subit clairement une «dénormalisation», selon Jean-Michel Costes, directeur de l’OFDT. Le pourcentage de personnes l’estimant dangereux dès la première utilisation a doublé, passant de 21% en 1999 à 43% en 2008.
De victime, l'usager de drogue est devenu «coupable»
L’autre constat, plus préoccupant, concerne la représentation de l’usager de drogues. De victime, il est passé à responsable, et donc coupable. L’archétype du toxicomane, l’héroïnomane, est ainsi très majoritairement perçu comme «dangereux pour l’entourage (à 84%), et à 24% seulement comme malade (contre 51% en 1999). «L’addiction, d’après Jean-Michel Costes, est vue comme une responsabilité individuelle», plus que comme la conséquence de problèmes. «Or, rappelle Etienne Apaire, président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies (MILDT), les Français doivent savoir qu’une personne dépendante est malade, et doit être soignée comme telle.»
De telles évolutions de l’opinion publique sont considérées comme «significatives» pour Jean-Michel Costes. Car contrairement aux thèmes du terrorisme ou de la violence, l’opinion reste habituellement stable quant aux questions liées aux drogues. Le directeur de l’OFDT y voit une «intériorisation des messages publics de prévention, qui mettent l’accent sur la responsabilité individuelle», conjuguée aux effets du principe de précaution mis en avant ces dernières années.
Contre les salles de shoot
Un durcissement de l’opinion publique d’autant plus étonnant que la France n’est pas aussi touchée que ses voisins européens. A titre d’exemple, l’augmentation de l’usage de cocaïne n’a pas été aussi massive en France (entre 250 et 300.000 usagers) qu’au Royaume Uni, en Espagne et en Italie, qui comptent chacun un million de consommateurs.
En matière de politiques publiques, ces mêmes Français adhèrent massivement aux mesures de contrôle de l’offre, telles que l’interdiction de la vente aux mineurs. Ils sont en revanche plus partagés en matière de taxes, sur le tabac, notamment. Concernant les produits illicites, ils voient d’un bon œil tout ce qui peut aider à sortir de la dépendance (substituts), mais demeurent réservés vis-à-vis des nouveaux dispositifs, à l’image des salles de shoot, alors que l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) doit rendre prochainement les conclusions de son expertise. De telles mesures seraient associées dans l’imaginaire collectif à une dépénalisation progressive des drogues.
A l’occasion de la sortie d’un livre, l’ancien procureur général du Tessin, député radical au Conseil des Etats, propose de libéraliser le commerce de la drogue et de le faire passer entre les mains de l’Etat.
Par Robert Habel - Mis en ligne le 15.06.2010
Procureur général du Tessin dans les années 80 et aujourd’hui conseiller aux Etats à Berne. Dick Marty, 65 ans, a présenté le week-end dernier un livre de l’ex-super flic Fausto Cattaneo, qui travailla pour lui comme agent infiltré dans une enquête sur les filières de la drogue. Il en a profité pour préconiser une décriminalisation du commerce de la drogue. Rencontre dans son bureau, au centre de Lugano.
Vous êtes partisan d’une libéralisation du commerce des drogues?
Je ne suis pas pour une libéralisation, mais pour une remise en question du régime prohibitionniste actuel. On doit avoir la lucidité de faire le bilan de la lutte qu’on mène depuis des décennies sur le plan mondial. Ce bilan, à mon avis, est désastreux: on a créé et alimenté une criminalité sans précédent, qui manie des centaines de milliards de dollars et a créé une culture de type mafieux, corrompu des Etats entiers, infiltré l’économie classique… La répression permet de prendre parfois des petits poissons, mais pas les gros bonnets. Alors il faut s’interroger. La première référence historique, c’est la prohibition de l’alcool aux Etats-Unis, de 1920 à 1932.
C’était une catastrophe totale…
Oui. D’un côté, on a créé une criminalité organisée avec énormément d’argent et, de l’autre, on a provoqué des problèmes de santé terribles, parce que l’alcool était souvent frelaté. Aujourd’hui, c’est la même chose pour la drogue. Quand on parle de décès par overdose, c’est souvent parce que la drogue était de mauvaise qualité. Mais si une personne consomme, par exemple, de l’héroïne propre, sous surveillance médicale, elle pourra vivre et travailler normalement.
C’est le principe des locaux à injection, non?
Oui, c’est un succès remarquable. Les toxicomanes reçoivent une dose d’héroïne contrôlée, ils sont en meilleure santé, beaucoup d’entre eux ont pu retrouver un travail. Et la petite criminalité a diminué, parce qu’ils ne sont plus contraints de voler pour acheter leur drogue. L’alcool et le tabac créent une dépendance plus forte et sont plus dangereux que le cannabis, par exemple. Mais c’est le cannabis qui fait peur! On doit apprendre à vivre avec des drogues qui sont étrangères à notre culture, ce qui ne signifie pas les banaliser.
Aujourd’hui, on est quasiment en train de criminaliser le tabac; ne serait-il pas paradoxal de libéraliser les drogues?
On ne criminalise pas le tabac, on le réglemente. L’alcool est bien réglementé, en Suisse: il y a la Régie des alcools, on ne peut pas servir d’alcool aux mineurs, il y a des règles. Pour le tabac également, vous ne pouvez pas produire des cigarettes comme vous voulez, vous devez vous annoncer, payer un impôt particulier. Je pense que, pour des drogues comme le cannabis, la cocaïne ou l’héroïne, on pourrait aussi réglementer les choses. L’objectif, ce serait que la plus-value n’aille plus dans la poche des mafias, mais, déjà, dans la caisse de l’Etat.
Vous avez dirigé la répression en tant que procureur du Tessin. Vous avez l’impression que votre combat a été vain?
Si j’étais égocentrique, je devrais glorifier la lutte contre la drogue! Je suis toujours titulaire de la plus grande saisie d’héroïne en Suisse! (Rire.) C’était en 1987 à Bellinzone, une saisie de 100 kilos.
Mais vous pensez que ça n’a servi à rien?
Tant que la drogue est interdite en Suisse, il faut lutter contre ce trafic. Mais c’est comme si l’on essayait de vider un lac avec une cuillère à café! On ne réussira jamais! Pendant qu’on court après les petits dealers, les chefs du trafic recyclent des centaines de milliards dans l’économie. C’est des clubs de football, des villages touristiques, des pizzérias, des hôtels de luxe, des compagnies aériennes, etc., qui apparaissent tout à coup sans qu’on sache d’où vient l’argent. Pour moi, le danger numéro un, ce n’est pas le terrorisme, c’est la corruption!
Quand vous voyez qu’un producteur de chanvre comme le Valaisan Bernard Rappaz risque la mort en faisant une grève de la faim, ne pensez-vous pas qu’il y a deux poids deux mesures par rapport à ceux qui recyclent l’argent de la drogue?
Je ne connais pas bien le cas de Bernard Rappaz, je sais seulement qu’il a cultivé du cannabis, mais je ne sais pas s’il a gagné énormément d’argent.Plus de cinq ans de prison pour du cannabis, ça me paraît beaucoup si je compare avec d’autres condamnations pour trafic d’héroïne que j’ai à l’esprit.
Si les drogues étaient réglementées par l’Etat, les prix baisseraient. Est-ce que ça n’augmenterait pas la consommation?
Il n’y aura pas l’héroïne en vente à la Migros ou à la Coop. Elle sera strictement réglementée et interdite pour les jeunes. La seule différence, c’est que ce ne sera plus le crime organisé qui la contrôlera. Et on pourrait mener, avec cet argent, de grandes campagnes de prévention. Je remarque que, pour la cigarette, il y a eu un effort de prévention considérable et j’ai l’impression que la consommation chez les jeunes a commencé à reculer. Mais il vrai aussi que les prix ont augmenté…
La baisse de l’impôt sur les alcools forts a contribué au développement de l’alcoolisme chez les jeunes; une baisse du prix de la drogue n’aurait-elle pas le même effet?
Quoi que l’on fasse, les jeunes rechercheront toujours des transgressions. Je crois qu’il faut plutôt enseigner, dès la petite enfance, une attitude de prévention envers tout ce qui crée de la dépendance. Y compris l’internet! Cette prévention doit être une sorte d’éducation à la liberté. Et si un jeune de 18 ans fume un joint de temps en temps, il ne faut pas le criminaliser.
La tolérance vaut mieux que la répression?
Je trouve que l’exemple le plus précieux qu’on puisse donner aux jeunes, c’est celui de la cohérence. Or, ce qu’on fait aujourd’hui est absolument incohérent. Je me rappelle une jeune fille, belle et sympathique, qui avait dealé et qui consommait de la drogue et m’avait posé la question suivante quand j’étais procureur. Elle m’a dit: «Vous me mettez en prison, mais quand j’étais enfant, mon père était ivre tous les soirs, il ne travaillait pas, il battait ma mère tout le temps et quand on a appelé la police une fois, elle nous a dit qu’elle ne pouvait rien faire, il fallait une plainte formelle. Vous trouvez cela juste?» J’avoue que ça m’a ébranlé, car son père était aussi un drogué, mais c’est finalement elle qui a été criminalisée.
Vous n’avez jamais essayé le cannabis ou la cocaïne?
Non, j’ai essayé une fois des biscuits au cannabis, mais je n’ai absolument rien ressenti. J’ai aussi essayé du thé aux feuilles de cannabis, parce qu’on m’avait dit que ça aidait à dormir, mais ça ne m’a rien fait.
Peut-on vraiment empêcher les mafias de la drogue de recycler leurs profits?
Quand on s’approche de certains personnages, on nous fait toujours les mêmes réponses: «Monsieur est un excellent client, il dépense des dizaines de milliers de francs dans mon hôtel, il achète une Mercedes tous les ans, il finance le club de football…» C’est pourquoi il ne faut pas se concentrer sur les petits dealers – dès qu’on en arrête un, il est remplacé aussitôt par un autre –, mais il faut aller plus haut, tarir la source.
Donc les empêcher de recycler leurs profits dans les banques.
Si le secret bancaire est aussi dangereux, c’est que plus vous favorisez des situations opaques et plus vous favorisez des trafics douteux. Si l’on veut toucher le trafic de drogue au coeur, c’est sur les transactions financières qu’il faut intervenir. Parce que le système financier est pour la criminalité organisée ce que le système nerveux est au corps humain: c’est lui qui fait vivre! Si vous touchez le cœur du système nerveux, c’est la paralysie.
Donc il faut supprimer le secret bancaire?
Oh, il est déjà supprimé! Mais ça ne s’arrête pas à la Suisse. Nos amis anglais, qui jouent tellement aux moralistes, sont des salopards absolus sur ce sujet. Ils nous font la leçon, mais leur système est pire que le nôtre. Les Américains aussi, avec leurs îles Caïmans. Si je devais conseiller un client qui veut planquer de l’argent, ce n’est pas la Suisse que je conseillerais. Je lui conseillerais d’aller à Londres, aux îles Caïmans, à Hong Kong ou à Singapour…
Dans le débat autour de l’UBS, cet arrière-plan de corruption joue un rôle pour vous?
Ce qui joue un rôle pour moi, c’est la justice: il n’y a pas de véritable démocratie sans justice. Les citoyens doivent savoir que tout le monde est traité de la même façon. La caissière de la Coop ou du McDonald’s ne pourra jamais faire de l’évasion fiscale. Dans le pire des cas, elle volera un vélo ou dérobera quelque chose dans un grand magasin, et elle sera tout de suite coincée et condamnée. Mais des gens qui gagnent des sommes énormes et qui ne paient pas leurs impôts, comme ces Américains qui ont fraudé le fisc de leur pays en mettant leur argent à l’UBS, je considère que ce sont des voleurs et il faut les traiter comme tels.
Donc il faut donner aux Américains la liste des comptes qu’ils exigent?
La liste des 4500 noms qu’on va donner aux Américains, ce sont des personnes qui ont, pendant au moins trois ans, chaque année, soustrait un patrimoine d’au moins un million de dollars et un impôt sur le revenu d’au moins 100 000 dollars. Avec l’aide des dirigeants de l’UBS, ils ont volé non seulement l’Etat, mais leurs propres concitoyens. Notre secret bancaire ne doit pas servir à protéger des voyous pareils.
Mais ils ont fait confiance à la Suisse et on va les dénoncer?
Un avocat sérieux leur aurait déconseillé le montage proposé par l’UBS. Parce que la Suisse a conclu, en 1996, un accord de double imposition avec les Etats-Unis et que le fisc américain peut obtenir les renseignements. Les banquiers suisses, aux Etats-Unis, se sont comportés non seulement comme des imbéciles, mais comme des criminels imbéciles. Parce que n’importe quel apprenti dans une banque devrait savoir que les Etats-Unis sont hypersensibles sur ce sujet. Tout le monde sait qu’Al Capone n’a jamais été condamné pour meurtre, mais qu’il a fait onze ans de prison pour fraude fiscale!
par Raphaël Pomey - 17 juin 2010 - Le parlement de la ville de Zurich approuve un projet de distribution du hash contre la volonté des Suisses.
«Cette décision est pour le moins... stupéfiante!» Anti-drogue farouche, le conseiller national vaudois Claude Ruey est abasourdi. Mercredi soir, le Parlement zurichois a accepté un projet ultracontroversé des Verts. Ce texte demande la mise en place d’un système de vente légale de cannabis en ville: des guichets, sous contrôle de scientifiques, permettraient de s’approvisionner légalement en cannabis.
Trouvez-vous normal d’acheter du chanvre à un guichet?
Le Conseil exécutif, instance politique suprême de la ville, a deux ans devant lui pour examiner la faisabilité du projet. «Des demandes de libéralisation ont été refusées à deux reprises au Conseil national, puis en votation populaire en 2008. Cette décision contredit la volonté des Suisses», peste Claude Ruey.
Le politicien peut dormir tranquille. La décision zurichoise trouve un accueil glacial en Suisse romande: «A Genève, on trouve plus facilement un pétard qu’un appartement. Nous avons plus important à résoudre», lâche Alexandre Wisard, chef du groupe vert au Conseil municipal de la cité de Calvin. Quant à Jean-Christophe Bourquin, municipal de la Sécurité sociale à Lausanne, il ajoute que l’alcool cause déjà assez de problèmes pour éviter qu’un nouveau psychotrope ne devienne légal.
«L’autorisation de la vente de cannabis dans une seule ville pourrait créer un effet d’appel, mais il faudrait plutôt réfléchir sur un plan national», conclut Corine Kibora, d’Addiction Info Suisse (ex-ISPA).
Lors d’un vote en 2008, Zurich montrait déjà plus de tolérance pour «l’herbe» que le reste de la Suisse. (photo: Reuters)
Trouvez-vous normal d’acheter du chanvre à un guichet?
«C’est une idée intéressante. Mieux vaut ça que des dealers vendant du cannabis de mauvaise qualité.»
Tim, 26 ans, designer
«Cela ne va pas aider les gens à réduire leur consommation. Il y a déjà assez de problèmes avec la clope.»
Dounia, 21 ans, électricienne
«Passer par la voie légale plutôt que par le biais des dealers dans la rue est une bonne chose.»
Julien, 21 ans, étudiant
«Je suis favorable si cela peut éviter de marginaliser les fumeurs et de les mettre dans l’illégalité.»
James, 24 ans, stagiaire
"On peut avoir un pied de cannabis chez soi, tant que l'on ne fait pas de prosélytisme." J'interprète la loi en punition du prosélytisme. La limite c'est la présomption de délit" a signalé Zaffaronni. "A chaque fois qu'il est présumé que l'individu fait du commerce, produit ou que la quantité de marihuana génère un risque de distribution" a rajouté le magistrat.
"C'est un sujet très contextuel, car une personne d'un village du coin achète pour un mois car il ne peut pas venir à la ville tout les jours. Mais si je trouve un type avec 5 grammes de cocaïne, une balance et des petits sachets, il est probable que ce type fasse du commerce" a t-il expliqué.
Le jugea précisé, que pour cela, ce n'est pas une question de quantité, que s’ils établissent une quantité de 10 grammes de cocaïne comme limite de consommations, les vendeurs sortiront à vendre avec 8.
"Si tu sors avec un joint sur toi, tu n'as pas à donner d'explication, cela n'affecte pas le bien juridique, mais si tu transporte 1/2 kilo, oui. Car sa génère un risque de distribution" a signaler la juge au magazine TH
Surfant sur la vague des apéros Facebook le parti Cannabis Sans Frontières organise un rassemblement pacifique pour demander la fin de la « guerre aux drogues »
A partir du 4 juillet à 20h, puis le 4 août, et le 4 septembre... Le 4 de chaque mois à 20h (4/20), à Paris et partout en France où des rassemblements sont prévus pour dénoncer une politique de la « guerre à la drogue » plus dangereuse que les drogues qu’elle combat.A PARIS, le rassemblement est prévu sur L’île aux Cygnes au pied de la Statue de la Liberté, face à la Maison de la Radio
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4 juillet 2010 à 20h :
Cann’apéro pour marquer la fête de l’indépendance des Etats Unis. Bientôt les élections à mi-mandat, au cours desquelles tous les états de la côte ouest (Californie, Oregon, Washington) voteront pour la légalisation du cannabis. Cela risque d’avoir un effet sur l’évolution du débat en Europe. Il est temps qu’en France, un vent de liberté souffle sur les ruines de la prohibition. Ne prenons pas 20 ans de retard. Alors qu’au pays où est née cette politique d’interdiction du cannabis, les évolutions récentes indiquent la fin d’une « guerre contre sa population ».
4 août 2010 à 20h :
Cann’apéro pour marquer la fin des privilèges. C’est dans les beaux quartiers qu’on consomme le plus, et qu’on retrouve la palette la plus diverse d’usages, mais où l’on poursuit le moins les délinquants notoires, grossistes et grands trafiquants. La prohibition est une politique de contrôle à l’égard des populations fragilisées, en situation d’exclusion, ces gens qu’on dit « issus des quartiers sensibles ». La répression policière est arbitraire, et trop souvent discriminante. Il faut abolir les privilèges, réguler le marché des drogues illicites. Il faut légaliser pour sortir de l’hypocrisie qui gangrène la société.
4 septembre 2010 à 20h :
Cann’apéro pour dénoncer les tartuffes, les hypocrites, et toutes les formes opaques qui gouvernent au nom d’un régime prohibitionniste corrompu et corrupteur. Alors que le cannabis est reconnu pour ses vertus thérapeutiques, depuis 50 ans, il est classé au tableau des stupéfiants comme une substance vénéneuse, une plante sans intérêt pharmacologique. Alors que le pétrole coûte cher en détruisant la planète, alors que le coton épuise les sols et les nappes phréatiques, alors que la forêt disparaît pour de la pâte à papier, il existe une plante capable de remédier aux nombreux problèmes actuels de notre monde : le chanvre (cannabis).
« Personne ne sait si le chanvre va sauver la planète, mais il peut le faire ». Jack Herer
Des entreprises en viennent à soumettre leurs salariés à des tests de dépistage.
Un grutier qui sous l'emprise du cannabis manipule sans précaution des tonnes de béton au-dessus de la tête de ses collègues de chantier. Un trader qui prend des positions délirantes sur le marché boursier, parce que, venant de sniffer un rail de coke, il se croit subitement hyperlucide… La drogue au travail n'épargne plus aucun secteur d'activité, aucune couche sociale.
C'est en tout cas le message délivré par Étienne Apaire, président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt). À l'occasion d'un important colloque à Paris, vendredi dernier, ce magistrat, proche de Nicolas Sarkozy, vient de révéler que «20% des accidents du travail, de l'absentéisme ou des conduites inappropriées, comme des bagarres» sur les lieux professionnels, sont «liés à des addictions».
L'alcool fait certes partie du lot. Les entreprises y sont confrontées depuis longtemps. «Il n'était pas rare, au siècle dernier, que les ouvriers boivent jusqu'à six litres de vin par jour pour tenir», rappelle un spécialiste de la Mildt. Selon cet organisme, quatre millions de Français vivraient encore sous cette dépendance.
Mais surtout, le cannabis a pris racine dans l'Hexagone, avec 550.000 consommateurs quotidiens et un record européen : plus de 4 ados sur 10 l'ont expérimenté! «Beaucoup arrivent sur le marché de l'emploi avec leurs addictions», déplore le juge Apaire, qui précise : « L'alcool aussi a fortement progressé chez les jeunes, ce qui aboutit souvent à une polyconsommation très préjudiciable à leur intégration dans le monde de l'entreprise.»
10% des salariés touchés
La question de la sécurité sur les lieux de travail est évidemment posée. «Cela vaut pour le consommateur de stupéfiants, bien sûr, qui se met en danger, mais aussi pour ceux qu'il expose, à commencer par ses collègues de travail et ses éventuels clients», rappelle Jean-Denis Combrexelle, directeur général du travail au ministère du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique.
À en croire les études épidémiologiques, «10% des salariés» consommeraient des «substances illicites». Et certaines professions seraient plus touchées que d'autres: les métiers de la construction, notamment, mais aussi ceux du transport, du tourisme ou de la sécurité privée, avec des vigiles «parfois un peu limites», confie le responsable de la sûreté d'un grand groupe. Pour les marins aussi, les analystes évoquent une «surexposition au risque».
Lors du colloque parisien, l'un des experts intervenant assurait que l'échouage de l'Exxon-Valdez, ce pétrolier américain qui déversa des millions de litres de pétrole sur la côte de l'Alaska en 1989, était largement dû au sérieux problème d'addiction de l'homme de quart. «Celui qui boit ou qui se shoote peut aussi se trouver aux manettes d'un Boeing transportant des centaines de passagers ou au pupitre de commandes d'une centrale nucléaire», s'inquiète Étienne Apaire. Selon lui, le risque tient surtout à la fonction exercée.
«La Belgique et le Canada ont déjà engagé une véritable politique de prévention contre ce fléau», confie un haut cadre de la direction du Travail. Et, aux États-Unis, une société qui veut travailler pour l'État fédéral n'obtiendra de contrat que si elle s'engage à dépister l'usage de produits illicites parmi son personnel. La police américaine est aussi régulièrement contrôlée.
La France n'en est pas encore là. Mais certains secteurs ont engagé une réflexion avec les syndicats pour réduire les risques, notamment dans le bâtiment. Des tests salivaires sont même pratiqués dans certaines entreprises, sans psychodrame connu à ce jour.
Les mentalités évoluent. Particulièrement prudents hier sur la question, les DRH seraient, selon une étude citée par la Mildt, «favorables aux tests de dépistage sur le cannabis, à 69% dans les entreprises de plus de 50 salariés et à 61% dans les petites entreprises».
Les professions les plus exposées
Des études épidémiologiques permettent d'identifier les secteurs d'activité les plus touchés par les comportements d'addiction.
Chauffeurs routiers
Cette branche est de plus en plus surveillée. Dans le Nord-Pas-de-Calais, des dépistages urinaires chez les chauffeurs ont permis de découvrir que 8,5% d'entre eux étaient positifs au test du cannabis et ses dérivés, 5% à l'alcool et 4,1% aux opiacés. Conduire sous l'effet du cannabis multiplie par 1,8 le risque d'être responsable d'un accident mortel, comparé à 8,5 pour l'alcool.
Professions médicales
Catégorie très étudiée «pour les consommations d'alcool», relève cliniquement la Mildt. Une enquête nationale de 2005 sur les anesthésistes-réanimateurs illustre cette tendance. Ses conclusions : «10,9% étaient abuseurs ou dépendants à au moins une substance autre que le tabac : l'alcool (59 %), les tranquillisants et les hypnotiques (41%), le cannabis (6,3%), les opiacés (5,3%) et les stimulants (1,9%).»
Marins et matelots
Une étude de 2008, portant sur 19 ports, révèle que les expérimentations de produits, non négligeables chez les pêcheurs, sont encore plus élevées chez les marins embarqués sur les navires de commerce. «21,9 % des marins civils ont consommé du cannabis dans les douze derniers mois», notent ses auteurs. Et d'ajouter : «L'expérimentation de produits stupéfiants hors cannabis concerne 15,4% des marins. On peut citer par exemple les champignons hallucinogènes (7,5%), la cocaïne (7,2%), le poppers (6,8%) ou l'ecstasy (5,1%).»
Intérimaires du bâtiment
Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), dans ce milieu où puisent beaucoup les entreprises du bâtiment, «31% des salariés consomment du cannabis. L'usage répété (plus de dix épisodes par an ou plus) touche presque 20% des intérimaires. 77% des consommateurs ont moins de 26 ans.»
Artistes, serveurs, chômeurs
L'OFDT assure que la consommation de cocaïne concerne toutes les catégories sociales et reste dissociée du travail, sauf pour deux types d'activité. D'abord, «les professionnels des arts et du spectacle». Ensuite, «des personnes qui connaissent des conditions de travail particulières induisant pour elles la nécessité de se sentir hyperperformant. Le secteur de la restauration en zone touristique, par exemple». Les chômeurs connaissent, quelle que soit la drogue, des taux de consommation plus élevés que la moyenne.