NANCY — Plusieurs commerçants d'un quartier de Nancy ont découvert dans leur boîte à lettres un petit paquet contenant une dizaine de grammes de cannabis, et les enquêteurs privilégient la piste d'une "mauvaise blague", a-t-on appris jeudi de source policière.
"La marchandise était emballée dans du film plastique alimentaire. Plusieurs commerçants nous ont prévenus, se doutant qu'il s'agissait de stupéfiants", a expliqué le directeur départemental de la sécurité publique de Meurthe-et-Moselle, Lionel Razurel.
Les faits se sont produits le 28 décembre dernier mais n'ont été révélés que jeudi par le quotidien régional L'Est Républicain.
En tout, 120 grammes de cannabis ont été retrouvés, uniquement dans les boîtes à lettres du seul côté gauche d'une rue commerçante.
"L'hypothèse privilégiée est celle de quelqu'un qui aurait trouvé un morceau de cannabis et aurait fait une mauvaise blague aux commerçants. La possibilité d'un système organisé de livraison est en revanche peu crédible", a estimé M. Razurel.
Certaines boutiques, faute de boîte aux lettres, ont par ailleurs retrouvé leur petit paquet parmi les prospectus, glissés sous la porte.
Le directeur de la sécurité publique n'a pas exclu que d'autres récipiendaires de ces étranges étrennes ne se soient pas signalés à la police.
"Mais les analyses ont montré que c'était un produit de mauvaise qualité, un peu vieux", a-t-il prévenu.
Face à la faillite de la "guerre contre la drogue", l'idée de décriminaliser l'usage de drogues fait son chemin.
Face à la faillite de la "guerre contre la drogue", l'idée de décriminaliser l'usage de drogues fait son chemin. Et ils sont de plus en plus nombreux, notamment en Amérique latine et dans les pays anglo-saxons, à aller plus loin, en préconisant la légalisation du cannabis, voire de toutes les drogues. Alors qu'en France le sujet paraît encore tabou, un tour d'horizon au-delà de nos frontières s'imposait.
Cet article a été publié dans le n°61 de Swaps.
Décriminaliser la possession et l'usage de drogues ? En France, cette question peine à s'imposer dans l'espace public. Et les accusations d'irresponsabilité envers ceux qui la posent ne sont jamais loin. Pourtant, en juillet, l'ensemble des experts internationaux de la lutte contre le sida ont signé la Déclaration de Vienne, un appel pour une "réorientation complète" des politiques en matière de drogues. Et en octobre, lors de la 65e assemblée générale de l'ONU, Anand Grover, un expert des Nations unies en matière de droits de l'homme, appelait à une refonte totale de la politique internationale sur les drogues. Mesure phare de ces deux appels : la décriminalisation.
Faillite de la guerre à la drogue
Les arguments étayant ces prises de position sont multiples : santé des usagers, droits de l'homme, constat de faillite de la guerre à la drogue... Pour rappel, quelque 30 000 décès par an seraient liés à l'usage d'héroïne en Russie (pays où la RdR n'a pas droit de cité), et environ 28 000 personnes sont mortes en quatre ans au Mexique dans les affrontements liés au trafic de la drogue. Pire encore : largement financé par ce trafic, le crime organisé devient "une menace globale" pour la stabilité internationale, selon l'Onudc, qui s'alarme, dans un rapport publié en juin, de voir les gangs mexicains nouer des liens directs avec la Camorra napolitaine et étendre leurs ramifications jusqu'au Liban. Dans le Sahel, le passage vers l'Europe de la cocaïne en provenance d'Amérique latine alimente déjà les noyaux islamistes qui se réclament d'Al-Qaida. Autre exemple plus près de nous : le crime organisé tenterait aussi de miner les efforts de la Serbie pour adhérer à l'Union européenne.
Mais si l'on veut bien se pencher sur une éventuelle évolution de la législation sur les drogues, encore faut-il s'interroger sur quelles bases : Décriminaliser ou légaliser ? Quelles quantités ? Pour un usage médical ou récréationnel ? Le cannabis ou tous les produits illicites ? Avec quels systèmes de contrôle ?
L'"exemple" américain
Le sujet est vaste, comme l'illustrent les différentes législations adoptées aux États-Unis, qui d'ailleurs n'arrêtent pas d'évoluer : début novembre, l'Arizona a été le 15e État américain à légaliser le cannabis à des fins médicales. Le District de Columbia, où se trouve Washington, a également voté une loi en ce sens au mois de mai, qui devrait entrer en application début 2011. Treize États (pas toujours les mêmes) ont quant à eux décriminalisé la possession de cannabis, possession qui reste néanmoins illégale au niveau fédéral...
Mais la Californie est bien sûr l'État qui cristallise le débat. Organisé le 2 novembre à l'occasion des élections de mi-mandat, le référendum sur la légalisation complète de la consommation, de la culture et du commerce du cannabis a été rejeté par 55% des électeurs. Ce qui ne décourage pas Ethan Nadelmann, de la Drug Policy Alliance, pour qui "il y a désormais une vraie légitimation du débat". Et le millionnaire Richard Lee, à l'origine du référendum, a annoncé qu'il retenterait sa chance en 2012.
Ils ont en effet quelques raisons d'être optimistes : selon un sondage effectué une semaine avant le référendum californien, près d'un Américain sur deux se dit favorable à la légalisation de la marijuana (46%, contre 50% qui y sont opposés, avec une marge de 5% d'erreur). Or, en 2000, seuls un tiers des sondés se prononçaient en faveur de la légalisation...
L'avis des pays en "première ligne"
Cette proposition de légalisation du cannabis en Californie a provoqué des réactions partagées en Amérique latine. "Comment pourriez-vous expliquer à quelqu'un dans la montagne colombienne que cultiver du cannabis est illégal et qu'on va détruire sa récolte si c'est légal de le consommer aux États-Unis ?", s'est par exemple interrogé le nouveau président colombien, Juan Manuel Santos. Mais celui-ci a aussi déclaré soutenir l'appel du président mexicain Felipe Calderon à un débat sur la légalisation des drogues : "Nous entrons dans une ère du trafic de drogues où chacun doit avoir ce type de réflexion. Le président Calderon a raison d'appeler à cette discussion, sans présupposer être en accord ou pas avec le choix de la légalisation."
Car (et ça n'a rien d'une coïncidence) les pays d'Amérique latine, en première ligne dans la "guerre contre la drogue", le sont aussi sur la question de la décriminalisation : en août 2009, le Mexique a décriminalisé la possession pour "usage personnel" jusqu'à 5 grammes de marijuana, un demi-gramme de cocaïne, 50 mg d'héroïne, 40 mg de méthamphétamine et 0,015 mg de LSD. La Colombie a fait de même, et la Cour de justice argentine a déclaré que les poursuites pour usage personnel étaient inconstitutionnelles.
Surtout, bon nombre de personnalités sud-américaines de premier plan se prononcent en faveur d'une légalisation des drogues, à l'instar de Fernando Henrique Cardoso (président du Brésil de 1995 à 2002), César Gaviria (président de Colombie de 1990 à 1994), Ernesto Zedillo (président du Mexique 1994 à 2000) et plus récemment Vicente Fox (son successeur à la tête du Mexique de 2000 à 2006), ou du nouveau prix Nobel de littérature et ex-candidat à la présidence du Pérou Mario Vargas Llosa.
L'ancien chef du gouvernement espagnol, Felipe Gonzalez, prône lui aussi une légalisation des drogues à l'échelle mondiale pour en finir avec les meurtres liés au trafic de stupéfiants, tout en reconnaissant qu'"aucun pays ne pouvait prendre cette décision de manière unilatérale sans que cela coûte extrêmement cher (politiquement) à ses dirigeants".
Une tradition anglo-saxonne
Légaliser toutes les drogues ? Certains n'hésitent pas à le préconiser, à l'instar de l'Américain Thomas Feiling, dont le livre Cocaine Nation. How the White Trade Took Over the World, publié en juin chez Pegasus, est un solide argumentaire sur les multiples effets contreproductifs de la prohibition de la cocaïne, et sur l'intérêt d'envisager sa légalisation... Un livre qui a bénéficié de critiques favorables dans une bonne partie de la grande presse anglo-saxonne.
Le thème de la prohibition des drogues est en effet beaucoup plus médiatisé aux États-Unis et au Royaume-Uni qu'en France, et ce de longue date. On peut y voir une influence de la pensée libérale, à l'image de la distinguée revue The Economist, qui plaide régulièrement pour une évolution des politiques anti-drogue. Mais comme l'a montré le débat sur la légalisation du cannabis en Californie, les motivations des pro et des antiprohibitionnistes sont variées, complexes, voire paradoxales : la California Cannabis Association, par exemple, craignait que le vote de la légalisation rende plus difficile l'obtention de cannabis thérapeutique, en créant une approche "chaotique" de la régulation. L'occasion de rappeler que les usagers ne sont pas forcément partisans de la légalisation, tandis que les partisans de la légalisation ne sont pas forcément des usagers - loin de là.
Outre-Manche, par exemple, certains scientifiques, responsables de la police, avocats, politiques, voire hommes d'affaires n'hésitent pas à prendre parti contre la prohibition. Et quand le Guardian, autre titre phare de la presse britannique, situé pour sa part au centre-gauche, signe un éditorial1 préconisant comme "un bon début" une décriminalisation de l'usage, c'est en s'appuyant sur "l'exemple portugais" mais aussi sur les prises de position de personnalités britanniques.
Un autre phénomène vient par ailleurs confirmer un renforcement du mouvement antiprohibitionniste dans les pays anglo-saxons : la création d'associations, de think-tank, voire de lobbies dédiés à cette cause, à l'instar de l'Association nationale de l'industrie du cannabis (NCIA), qui entend représenter les intérêts des industriels du secteur et des consommateurs et influencer depuis Washington les politiques fédérales, ou de l'ONG anglaise Transform, qui ambitionne d'explorer les alternatives à la prohibition.
Idées dangereuses
Si la décriminalisation de l'usage est une idée qui paraît en passe de recueillir un consensus assez large, nul doute que la légalisation, elle, reste un concept beaucoup plus controversé. Certains y voient le prototype de la "fausse bonne idée", de surcroît irréalisable.
Rendre l'usage de toutes les drogues légal était justement l'un des thèmes du stimulant Festival des idées dangereuses organisé en 2009 en Australie, à l'Opéra de Sydney ? un signe que le débat a aussi atteint l'autre côté de la planète. Mais, finalement, l'idée la plus dangereuse ne serait-elle pas de poursuivre aveuglément la "guerre à la drogue" ?
La police pourrait toutefois exiger 100 francs de toute personne de plus de 16 ans prise en flagrant délit.
Pas question de parler de dépénalisation du cannabis, le sujet est encore largement tabou. Pourtant, la Commission de la sécurité sociale et de la santé du Conseil national fait un pas dans cette direction. Elle a mis sous toit hier un projet d’amende pour remplacer l’actuel système de dénonciation pénale des fumeurs de chanvre, largement désuet.
Selon le projet de la commission, la police qui pince un jeune de plus de 16 ans en possession de moins de 10 grammes de cannabis peut lui infliger une amende d’ordre. Le tarif? 100 francs. Si l’amende est payée, l’infraction ne fait l’objet d’aucun enregistrement. En revanche, en cas de contestation, une procédure pénale s’ouvre, comme c’est actuellement le cas. «Fumer du cannabis reste interdit. Nous modifions uniquement le système de sanctions», précise la Fribourgeoise Thérèse Meyer, présidente de la Commission de la sécurité sociale et de la santé. La démocrate-chrétienne insiste: les amendes sont prévues pour des cas bénins. La police conserve le droit d’informer les parents, ou de recourir à la dénonciation pénale en cas de récidive. «Dans la loi sur les stupéfiants, il y a tout un arsenal de moyens pour venir en aide aux jeunes qui fument du cannabis. Tout cela reste.»
Le projet d’amendes fait suite au refus du Parlement, en 2004, de réviser la Loi fédérale sur les stupéfiants. Cela avait donné un coup de frein brutal au débat entourant une possible dépénalisation du cannabis. Dans les faits, pourtant, rares sont les fumeurs qui font l’objet d’une dénonciation pénale. Alors que la Suisse compte un peu plus de 200 000 consommateurs réguliers ou occasionnels de cannabis, l’Office fédéral de la police enregistre un peu moins de 35 000 dénonciations par année.
Il faut dire qu’après l’explosion de la consommation dans les années 90, la situation s’est stabilisée. Elle est même en recul. Selon Addiction info, les jeunes fument leur premier joint à 13 ans et 8 mois, tout juste un an après leur première cigarette. C’est dans la tranche des 20-24 ans que l’on trouve le plus de fumeurs de cannabis (environ une personne sur 10). Et dans cette tranche d’âge, les fumeurs réguliers – au moins une fois par semaine – sont en recul.
Le projet entre maintenant en phase de consultation. Si les échos sont favorables, il passera devant le Conseil national en décembre prochain. La mise sous toit définitive de ce système d’amende devrait se faire d’ici à la fin de 2012. Mais les avis restent très partagés. En commission, l’UDC a refusé le principe des amendes, tandis que la gauche a échoué de peu dans sa tentative de dépénalisation.
Par Judith Mayencourt le 22.01.2011
Source : La Tribune de Genève
Le ministère de la Santé devrait bientôt émettre la recommandation suivante : attendez 6 heures après avoir fumé de la Marijuana pour prendre le volant...
https://img195.imageshack.us/img195/3681/imgarticle.gif[/img]Cette annonce concerne en fait les personnes qui utilisent le cannabis dans un cadre médical. Selon le ministère de la Santé, près de 4000 patients en Israël auraient reçu l'autorisation légale d'en posséder jusqu'à 200g, et ce chiffre devrait passer à 40 000 après une série de régularisations.
La consommation de cannabis est interdite en Israël, sauf si elle a lieu au cours d'un traitement médical. La méconnaissance de cette exception aurait déjà provoqué plusieurs incidents entre des patients et la police.
À l'époque, en août 2008, l'homme avait défrayé la chronique. Dans son jardin, dans la campagne de Plomelin, les gendarmes étaient tombés sur une véritable forêt de cannabis. 1 520 plants, jusqu'à trois mètres de hauteur, qu'il cultivait au su et eu vu de tout le monde en les protégeant par un système d'alarme artisanal fait de fils et de clochettes.Au fond du jardin, dans une cabane, une centaine de plants étaient aussi en train de sécher. Et, dans la maison, 3,5 kg d'herbe avaient déjà été récoltés. Pour couronner le tout, les gendarmes avaient trouvé des armes, collectionnées par l'homme mais malheureusement non déclarées.
« La petite maison dans le champs de cannabis »
En regardant les photos, hier, Bernard Molié, le président du tribunal correctionnel de Quimper, s'amuse : « Ce n'est plus la petite maison dans la prairie. Mais la petite maison dans le champs de cannabis. On s'étonne qu'il ait fallu autant de temps pour que les gendarmes vous mettent la main dessus. »
À la barre, le prévenu, 56 ans, longue barbe blanche, bottes, pantalon et gilet en cuir avec un cheval ailé imprimé sur le dos, hausse les épaules. L'ancien chauffeur routier et intermittent du spectacle, « un bon bonhomme qui ne fait de mal à personne », explique « cultiver du cannabis depuis 40 ans ».
Fier de faire pousser de l'herbe bio
« Oui, oui, poursuit le juge, toujours aussi amusé. Et vous sembliez même en tirer une certaine fierté parce que ce n'est que du bio ! »
Aujourd'hui, l'homme ne cultive plus. Sous traitement médicamenteux, il doit d'ailleurs s'asseoir pendant l'audience. « Je suis devenu drogué avec des drogues à la con. Maintenant je ne fume plus. Je suis un drogué... mais un vrai, avec la dope vendue en pharmacie ! » La justice ne lui reproche pas de trafic. Uniquement des faits d'usage et de détention de stupéfiants. Il ne revendait que de temps à autre dans des concentrations de motards. « Car vous êtes un biker, relève le juge. Vous avez la barbe à la ZZ top, ça nous ramène à quelques années en arrière. »
« Comme dans Easy Rider »
Même commentaire du procureur, Philippe Lemoine : « Monsieur a l'impression de vivre dans une époque lointaine, comme dans Easy Rider, où l'avenir était radieux et où on pouvait faire pousser dans son jardin du cannabis. Il a expliqué qu'il ne faisait de mal à personne, qu'il faisait sa production dans son coin, ne vendait pas... Certes, si c'est pour usage personnel, ce n'est pas si grave que ça. C'est une philosophie de vie. Sauf que c'est interdit par la loi. »
Le procureur pointe aussi les armes non déclarées trouvées chez lui. « Il est un peu jardinier. Et aussi un peu armurier. » Il requiert une « peine d'avertissement » de dix mois d'emprisonnement avec sursis et une amende de 150 € pour la détention d'armes. Le tribunal suit.
Le Club compassion de la Colombie-Britannique divulguera le nom de ses fournisseurs à l'Agence du revenu du Canada.
Le club refusait jusqu'à présent de dévoiler le nom de ses fournisseurs de crainte qu'ils ne fassent l'objet de poursuites judiciaires.
L'Agence du revenu du Canada a assuré le club que l'information demeurerait confidentielle et que les fournisseurs ne seraient donc pas exposés à des poursuites.
Les producteurs de marijuana qui alimentent les clubs compassion doivent déclarer leurs revenus et payer des impôts.
La distribution de la marijuana à des fins thérapeutiques est légale. Par contre, la production de marijuana est une activité illégale sauf quand il s'agit de production pour consommation personnelle autorisée par un médecin.
* Science: traitement de la schizophrénie : Le THC efficace dans 4 cas
* Science: le nabilone aussi efficace que la gabapentine dans le cadre du traitement de patients atteints de neuropathie mineure
* Science: Amélioration spectaculaire d‘un cas de neuromyotonie (syndrome d’Isaac) par le THC
* En bref
Science: traitement de la schizophrénie : Le THC efficace dans 4 cas
Dans une lettre à l’éditeur du Journal of Clinical Psychiatry, des médecins du Centre psychiatrique de Rockland, à Orangeburg, New York, Etats-Unis, ont rapporté le cas de quatre patients atteints de schizophrénie qui ne réagissaient pas au traitement conventionnel, et dont le comportement s’est beaucoup amélioré par un traitement au THC. Des médecins avaient déjà publié un rapport de cas d’une étude similaire en 2009 qui avait porté sur 4 patients. Cette fois-ci, ils ont administré du dronabinol (THC) à huit patients de l’hôpital. Ces patients, souffraient d’une psychose sévère et étaient réfractaires aux traitements standards. Ils ont indiqué avoir expérimenté, dans leur vie antérieure, des expériences positives avec le cannabis. La condition de quatre d’entre eux s’est bien améliorée et quatre autres n’ont pas réagi.
L’un des cas concerne un homme de 54 ans souffrant de désordre affectif, très agressif, envahissant et désorganisé, en dépit de nombreux essais de médications depuis plusieurs années. Avant l’essai avec le THC, il avait pris pendant plusieurs mois, quotidiennement, de la clozapine, de la rispéridone, du carbonate de lithium, et du clonazépam sans amélioration notable. Après l’ajout dans le traitement de 5mg de THC, deux fois par jour, le patient s’est montré plus calme, coopératif et logique. Son état général s’est bien amélioré, comme chez les trois autres patients interrogés. Aucune des 4 personnes qui n’ont pas réagi n’a vu son état se détériorer, et n’a subi d’autre effet. Les auteurs ont indiqué que « l’addition du dronabinol n’avait simplement apporté aucun changement. » Ils ont ajouté « qu’ils suspectent que pour une partie de ces patients, l’étiologie de la maladie présente une déficience au niveau de la fonction du système endocannabinoïde endogène et que la stimulation par un cannabinoïde améliorerait leur état. »
(Source: Schwarcz G, Karajgi B. Improvement in refractory psychosis with dronabinol: four case reports. J Clin Psychiatry 2010;71(11):1552-3.)
Science: le nabilone aussi efficace que la gabapentine dans le cadre du traitement de patients atteints de neuropathie mineure
Dans une étude d’observaton menée à l’université de Calgary, Canada, des patients atteints de neuropathie mineure ont été autorisés à essayer une thérapie avec du nabilone ou de la gabapentine, utilisés seuls ou en addition à leur traitement. L’évaluation et la modulation du dosage et/ou la médication se sont faites à 3 et 6 mois d’intervalle. Les effets secondaires et l’efficacité des traitements ont été établis après 6 mois au travers d’un questionnaire.
101 patients ont commencé une monothérapie, 49 avec le nabilone et 52 avec la gabapentine.119 patients ont pris un des médicaments en addition de leur traitement habituel. 55 ont pris le nabilone et 64 la gabapentine. Après 6 mois, 35 patients prenaient toujours du nabilone et 32 de la gabapentine en monothérapie. 38 patients prenaient du nabilone et 46 de la gabapentine en traitement additionnel. La dose moyenne de nabilone après 3 et 6 mois de traitement dans le groupe monothérapie était d’environ 3mg. Après 6 mois, des améliorations significatives ont été notées quant à la douleur dans les deux groupes. De nombreux paramètres du sommeil se sont également améliorés pour les patients ayant reçu du nabilone ou de la gabapentine, que ce soit en traitement principal, ou en traitement additionnel. Les résultats quant à l’anxiété et à la dépression se sont aussi améliorés dans tous les groupes. Les auteurs ont conclu que « les bénéfices de la monothérapie ou de la thérapie additionnelle avec le nabilone sont comparables à ceux de la gabapentine dans le traitement de la neuropathie mineure."
(Source: Bestard JA, Toth CC. An Open-Label Comparison of Nabilone and Gabapentin as Adjuvant Therapy or Monotherapy in the Management of Neuropathic Pain in Patients with Peripheral Neuropathy. Pain Pract. 18nov 2010. [in press])
Science: Amélioration spectaculaire d‘un cas de neuromyotonie (syndrome d’Isaac) par le THC
Une étude menée à l’hôpital de Nantes, France, relate l’amélioration, par administration deTHC, des symptômes d’un patient porteur du syndrome d’Isaac que d’autres traitements n’avaient pas soulagé. Un homme de 56 ans présentant, depuis un an, des épisodes d’hyper sudation associés à des tremblements, a été admis à l’hôpital. Il était victime d‘accès de sudation intense, associés à des démangeaisons, d’une durée de 20 minutes à deux heures, 2 à 3 fois par jour. Son poids était passé de 70 à 55kg. Il présentait aussi une myokymie généralisée importante, c’est à dire des tremblements involontaires, spontanés et localisés de quelques groupes de muscles. Le taux d‘anticorps anti-canaux potassiques était élevé. Divers traitements, notamment de l’immoglobuline en intraveineuse, ont été essayés sans succès. Finalement, le THC administré seul, lui a été donné et lentement augmenté pendant une période d'un mois jusqu’à 20mg par jour.
Trois mois après le début du traitement, la condition du patient a commencé à s’améliorer. Après un an, la myokinie a complètement disparu ainsi que les accès de transpiration.Le poids du patient est passé de 55 à 65kg. De plus, le taux d’anticorps anti-canaux potassiques est revenu à un niveau normal. Les auteurs ont indiqué que “l’amélioration spectaculaire a été observée pendant 2 ans, et continue à ce jour.“ Le syndrome d’Isaac est aussi appelé neuromyotonie ou hypertonie musculaire permanente. C‘est un trouble secondaire de l’hyper activité nerveuse. Il est généralement considéré comme une maladie auto-immune causée par des anticorps agissant contre la jonction neuromusculaire, ce qui produit une augmentation de la détente du neurotransmetteur. Les auteurs indiquent aussi que “ le mécanisme d’action du dronabinol (THC) est d’ordre immuno-modulatrice plutôt que symptomatique.“
(Source: Meyniel C, Ollivier Y, Hamidou M, Péréon Y, Derkinderen P. Dramatic improvement of refractory Isaacs' syndrome after treatment with dronabinol. Clin Neurol Neurosurg. 6 décembre 2010. [in press])
En bref
Canada: consultation sur la légalisation
Selon une consultation menée par Angus Reid et publiée le 29 novembre, 50% des Canadiens seraient favorables à la légalisation du cannabis, 44% y seraient opposés et 6% seraient sans opinion. Cette consultation a été réalisée en ligne, les 23 et 24 novembre, parmi 1000 Canadiens adultes choisis au hasard. (Source: Angus Reid poll du 29 novembre 2010)
Science: infarctus
Selon une étude menée sur le modèle animal, à l’Université Complutense, Madrid, Espagne, l’activation du système endocannabinoïde par un cannabinoïde synthétique (WIN55,212-2) a conduit à la guérison de la matière grise et blanche du cerveau après une ischémie (diminution de l’apport sanguin) chez des rats nouveaux nés. (Source: Fernández-López D, et coll. Stroke 2010;41(12):2956-64.)
Science: trouble post-traumatique
Selon une étude menée en Australie, sur 80 personnes suivant un programme de soin par la méthadone, dont 52,7% souffraient d’un trouble post-traumatique (PTSD), le cannabis « pourrait être utilisé pour traiter certains symptômes dans l’hypothèse d’une auto médication d’appoint. » (Source: Villagonzalo KA, et coll. Compr Psychiatry. 24 novembre 2010. [in press])
Science: sclérose en plaques
Selon une étude menée à l’université de Bologne, Italie, un extrait du cannabis contenant du THC et du CBD (cannabidiol), administré à des souris souffrant de CREAE, pourrait réduire de manière significative les déficits neurologiques. CREAE est l’abréviation de la rechute chronique de l’encéphalomyélite auto-immune expérimentale, un modèle animal de la sclérose en plaques. (Source: Buccellato E, et al. J Ethnopharmacol. 19 novembre 2010. [in press])
Science: cancer de la bouche
Les scientifiques de l’université de Californie, San Francisco, Etats-Unis, se sont intéressés aux effets des cannabinoïdes sur les douleurs liées au cancer de la bouche et à des tumeurs dans les cas de cancer chez la souris. Le récepteur cannabinoïde sélectif CB1(ACEA), le récepteur cannabinoïde sélectif CB2 (AM1241), ainsi qu’un cannabinoïde non sélectif (WIN,212-2) ont réduit la prolifération des cellules cancéreuses, en fonction des doses, lors de l’expérimentation cellulaire. Tous ont réduit la douleur lié au cancer (allodynie mécanique). La croissance de la tumeur a été réduite par l’activation du récepteur cannabinoïde sélectif CB2. (Source: Saghafi N, et al. Neurosci Lett. 18 novembre 2010. [in press]).
Etats-Unis: New Jersey
Le 13 décembre, le Sénat du New Jersey a voté une résolution pour que l’Administration du Gouverneur Chris Christie réécrive les règles déjà proposées sur le cannabis médicinal. Le Sénat et la Chambre ont maintenant indiqué que les propositions très restrictives entravent l’intention empêchent le législateur de créer un système qui permettrait aux patients, souffrants de certaines maladies, d’avoir un accès légal à un médicament interdit au reste de la population. La Constitution de cet Etat stipule que l’Administration dispose de 30 jours pour reformuler les règles relatives à la culture et à la distribution du cannabis à usage médical. Si elle refuse, les législateurs pourraient voter une nouvelle fois pour invalider tout ou partie des règles proposées. (Source: Associated Press du 13 décembre 2010)
Hollande: Coffee shops
Dans un arrêt du 16 décembre, la plus haute cour EURopéenne a stipulé qu’ : « une ville hollandaise a le droit de refuser à des ressortissants étrangers d’acheter du cannabis, » afin d’aider le programme du gouvernement national à faire diminuer les ventes de ce produit aux touristes. La Cour EURopéenne de Justice a indiqué que le maire de Maastricht (une ville du sud proche des frontières allemande, belge et non loin de la France) avait le droit de fermer un coffee-shop qui vendait du cannabis aux touristes. «Une interdiction relative à l’accès des non-résidents aux coffee-shops constitue une mesure capable de limiter substantiellement le tourisme lié à la drogue, et par conséquent de réduire les nuisances associées, » a fait savoir par son jugement la Cour luxembourgeoise. (Source: Reuters du 17 décembre 2010)
Etats-Unis: Iowa
Un nouveau sondage indique que la majorité des habitants de l’Iowa est favorable à l’usage médical du cannabis. Le sondage exprime que 62% des habitants sont en faveur de la légalisation du cannabis médicinal, ce qui correspond aux chiffres déjà obtenus dans d’autres Etats. (Source: Daily Iowan du 8 décembre 2010)
Science: dysfonctionnement du cœur
Selon une étude menée par le National Institutes of Health in Bethesda, Etats-Unis, le cannabinoïde naturel CBD (cannabidiol) diminue, sur le modèle animal, le dysfonctionnement cardiaque, le stress oxydatif, les fibroses et la mort cellulaire causés par la cardiomyopathie diabétique. Les auteurs ont conclu que « ls résultats associés à la tolérance et l’excellente sûreté du CBD chez l’homme, suggèrent fortement que ce produit pourrait avoir un important potentiel thérapeutique dans le traitement des complications diabétiques, et peut-être, pour d’autres troubles cardiovasculaires. » (Source: Rajesh M, et coll. J Am Coll Cardiol 2010;56(25):2115-25.)
Science: Stress
Des chercheurs de l’université Complutense, Madrid, se sont intéressés aux effets d’un agoniste du récepteur synthétique CB1 sur les effets du stress provoqués chez la souris. L’exposition au stress provoque des blessures et des inflammations aux cellules nerveuses du cerveau, entraînant ainsi la mort de cellules nerveuses et des lésions liées au stress dans les maladies neurologiques et neuro-psychiatriques. Ils ont trouvé que les effets neuroprotecteurs à multiples facettes du cannabinoïde « suggère que l’activation du CB1 pourrait constituer une nouvelle stratégie thérapeutique pour des pathologies neurologiques et neuropsychiatriques, » impliquant certaines régions du cerveau et une composante neuro-inflammatoire. (Source: Zoppy S, et coll. Neuropsychopharmacology. 8 décembre 2010. [in press])
Science: stress post-traumatique
Selon une étude du National Center for posttraumatic stress disorder, à Boston, Etats-Unis, menée sur 142 adultes souffrants de stress post- traumatique, « les consommateurs de marijuana dont le symptôme de sévérité du stress est supérieur pourraient utiliser de la marijuana afin de surmonter leurs humeurs négatives dues partiellement à une capacité de résistance au stress émotionnel inférieure. » (Source: Potter CM, et coll. J Anxiety Disord. 17novembre 2010. [in press])
Science: anxiété
Selon une étude menée à la Virginia Commonwealth University, Richmond, Etats-Unis, dans un modèle animal, l’inhibition des enzymes qui dégradent les endocannabinoïdes, l’anandamide et le 2-AG (2-arachidonoylglycerol), réduit les troubles de l’anxiété tels que le trouble obsessionnel compulsif (TOC). L’augmentation du niveau d’anandamide et de 2-AG ont provoqué ces effets sur l’animal. Par contre, le THC n’a pas été efficace de manière constante dans le test. (Source: Kinsey SG, et coll. Pharmacol Biochem Behav. 7 décembre 2010. [in press])
* Etats-Unis: l’Arizona devient le 15e Etat à légaliser l’usage médical du cannabis
* Suède : Un premier patient autorisé à utiliser du THC (dronabinol)
* Science: la pharmacocinétique du dronabinol oral isolé (dans le Marinol) est identique au dronabinol sublingual de l’extrait de cannabis Sativex
* Europe: L’association allemande ACM cherche des partenaires européens pour organiser une initiative européenne pour l’usage médical du cannabis
* En bref
* Un coup d'œil sur le passé
Etats-Unis: l’Arizona devient le 15e Etat à légaliser l’usage médical du cannabis
Le 2 novembre dernier, les électeurs de l’Arizona ont approuvé, à quelques voix près, l’usage médical du cannabis pour les patients souffrant de maladies chroniques ou débilitantes. Cette décision fait de l’Arizona le 15e Etat à autoriser l’usage thérapeutique du cannabis. La Californie a été le premier en 1996 et suivirent ensuite 13 autres Etats (l’Alaska, le Colorado, Hawaii, le Maine, le Michigan, le Montana, le Nevada, le New Jersey, le Nouveau-Mexique, l’Oregon, Rhode Island, le Vermont, et Washington) et Washington D.C. (District de Columbia). Le décompte des voix a montré un écart de 4341 voix sur 1,67 million de votes. Les électeurs de l’Arizona avaient déjà, à une large majorité, approuvé une loi sur le cannabis à usage médical en 1996, puis de nouveau en 1998. Néanmoins, ces changements étaient restés sans application suite à des problèmes de formulation.
Désormais, la loi permettra, aux patients atteints de maladies telles que les cancers, le VIH, l’hépatite C et toute maladie chronique ou débilitante, de faire pousser ou d’acheter un maximum de 2,5 onces (70 grammes) de cannabis toutes les 2 semaines. Les patients devront obtenir une ordonnance de leur médecin et être enregistrés au Département de la Santé de l’Arizona. La loi autorise un maximum de 124 dispensaires dans l’Etat. A partir du 29 novembre, il faudra attendre 120 jours avant que celle-ci soit active.
Pour plus d’information:
- hosted.ap.org/dynamic/stories/U/US_ARIZONA_MEDICAL_MARIJUANA?SITE=FLTAM&SECTION=HOME&TEMPLATE=news_generic.htm
(Sources: New York Times du 15 novembre 2010, Associated Press du 14 novembre 2010)
Suède : Un premier patient autorisé à utiliser du THC (dronabinol)
Joakim Hedström est le premier citoyen suédois à être autorisé à utiliser du THC (dronabinol) pour le traitement de son Trouble Déficit de L’Attention / Hyperactivité (TDAH). Ce produit lui a été prescrit par un médecin allemand et il l’a lui-même importé en Suède. Sur son site web, il indique qu’il a passé cinq ans à s’intéresser aux expériences positives des personnes prenant du cannabis pour combattre les symptômes de l’hyperactivité (TDAH). «Je me suis adressé à des politiciens, à des médecins, et à des scientifiques en expliquant les bénéfices que ce produit pourrait m’apporter, alors que les 20 autres prescriptions que j'ai essayées se sont révélées inefficaces. »
En juin dernier, il s’est rendu en Allemagne pour consulter un médecin qui lui a prescrit du dronabinol. A son retour en Suède, il a déclaré ce médicament, et a été interrogé par un officier des douanes suédoises, puis par la police. Les charges d’importation de narcotiques illégaux ont été abandonnées. Le procureur a indiqué : «que compte tenu des preuves, il ne trouvait pas de raison objective de l’inculper et de le condamner. » C’est ainsi que deux jours plus tard, la police a remis à Monsieur Hedström son paquet contenant du dronabinol.
Pour plus d’information:
https://kol14.com/slaggtippen/legally-imported-cannabis-medicine/
(Source: communication personnelle de Joakim Hedström du 16 novembre 2010)
Science: la pharmacocinétique du dronabinol oral isolé (dans le Marinol) est identique au dronabinol sublingual de l’extrait de cannabis Sativex
Des scientifiques de l’Institut National de l’Abus des Drogues de Baltimore, Etats-Unis, se sont intéressés à la pharmacocinétique du dronabinol synthétique oral (Marinol) en le comparant au dronabinol issu du sativex, un extrait de cannabis administré en spray dans la bouche. Des fumeurs de cannabis ont été intégrés à l’étude contrôlée en double aveugle. Les participants ont reçu 5 et 15 mg de THC oral synthétique, des doses faibles (5.4 mg THC et 5.0 mg CBD) et des doses fortes (16.2 mg THC et 15.0 mg CBD) de Sativex, et un placébo lors des 5 sessions. Le CBD, le THC et les métabolites du THC ont été mesurés dans le plasma.
Neuf des fumeurs de cannabis ont complété les 5 sessions. Il n’a pas été noté de différence significative entre les concentrations maximums de dronabinol du plasma, du temps écoulé pour arriver à une concentration maximum ou de la biodisponibilité entre le THC oral et le sativex. Les auteurs ont conclu que « ces données suggèrent que les modulations des effets du THC par le CBD ne sont pas dues à l’interaction pharmacocinétique à ces doses thérapeutiques. »
(Source: Karschner EL, Darwin WD, Goodwin RS, Wright S, Huestis MA. Plasma Cannabinoid Pharmacokinetics following Controlled Oral {Delta}9-Tetrahydrocannabinol and Oromucosal Cannabis Extract Administration. Clin Chem. 15 novembre 2010. [in press])
Europe: L’association allemande ACM cherche des partenaires EURopéens pour organiser une initiative EURopéenne pour l’usage médical du cannabis
Europe: L’association allemande ACM cherche des partenaires EURopéens pour organiser une initiative EURopéenne pour l’usage médical du cannabis
L’Initiative EURopéenne des Citoyens est une innovation majeure du traité de Lisbonne ; elle est destinée à améliorer la participation du public au sein des décisions de l’Union EURopéenne (EU). L’initiative permet à un million de citoyens EURopéens d’interpeller directement la Commission EURopéenne pour introduire une initiative de leur intérêt et du ressort de la compétence de l’Union. Les dispositions particulières, les conditions et la procédure de l’initiative des citoyens seront déterminées par une nouvelle règle de l’EU. La Commission EURopéenne a adopté un avant-projet à l’initiative des citoyens en mars 2010, qui sera discuté par le Conseil et le Parlement EURopéen jusqu’à la fin de l’année. Le vote final en session plénière aura lieu le 13 décembre.
On ne sait pas encore si cette nouvelle disposition sera facilement utilisable pour les citoyens EURopéens. Néanmoins, l’association allemande ACM recherche des partenaires EURopéens pour mettre sur pied une initiative pour défendre les usages médicaux du cannabis, une fois que la réglementation finale adoptée, afin que cette question soit abordée à un niveau EURopéen. L’avant-projet indique qu’un quorum de citoyens issus d’au moins 9 pays de l’Union est nécessaire pour que l’initiative puisse être prise en compte.
Contacter l’ACM à : info@cannabis-med.org
Pour plus d’information:
(en anglais): https://ec.europa.eu/dgs/secretariat_general/citizens_initiative/index_en.htm
(en français): https://ec.europa.eu/dgs/secretariat_general/citizens_initiative/index_fr.htm
(Source: https://www.citizens-initiative.eu/)
En bref
Hollande: restrictions sur la vente de cannabis
Le 17 novembre, le gouvernement néerlandais a indiqué qu’il voulait interdire aux touristes d’acheter du cannabis dans les coffee-shops où ce produit est légalement en vente. Les Pays-Bas disposent de la plus libérale des lois sur les drogues douces, et les coffee-shops constituent une attraction touristique qui attire de nombreux touristes EURopéens, à Amsterdam et dans les villes limitrophes de la Belgique et de l’Allemagne. Le nouveau gouvernement en place depuis un mois, a indiqué qu’il voulait limiter la vente de cannabis aux seuls résidents du pays. (Source: Reuters du 17 novembre 2010)
Royaume-Uni: registre du cannabis médicinal
Au Royaume-Uni, un groupe a été créé, le British Medicinal Cannabis Register (Registre du Cannabis Médicinal Britannique) dont l’objectif est de créer une base de données d’informations factuelles détaillant le nombre de personnes qui utilisent du cannabis de façon thérapeutique, pour quelles maladies et de quelle manière. Ce groupe établit des statistiques à partir de ses données transmissibles aux médecins scientifiques, chercheurs et autres. Pour plus d’information : www. bmcr.org.uk (Source: British Medicinal Cannabis Register)
Science: colite
Des scientifiques du Snyder Institute of Infection, Immunity and Inflammation, à Alberta, Canada, se sont intéressés aux effets du cannabinoïde atypique O-1602 dans le cas de la colite induite chez la souris. On pense que le O-1602 lie le récepteur cannabinoïde putatif GPR55. Les chercheurs ont démontré l’effet protecteur de l’O-1602 contre la colite expérimentale induite et l’inhibition du recrutement neutrophile, indépendamment des récepteurs CB1, CB2, et GPR55." (Source: Schicho R, et al. Inflamm Bowel Dis. 15 novembre 2010. [in press])
Science: douleurs neuropathiques
Les inhibiteurs du cyclo-oxygénase-2, tels que le parécoxib et le valécoxib, sont utilisés dans le traitement de la douleur. Des scientifiques de l’Université Magdebourg, Allemagne, ont démontré que les effets analgésiques de ces 2 substances et de leurs métabolites chez le rat «peuvent être partiellement expliqués par une interaction directe avec les récepteurs CB1. » (Source: Schröder H, et al. Neurochem Int. 9 novembre 2010. [in press])
Science: Ménopause
Des chercheurs de l’Université d’Urmia, Iran, se sont intéressés aux effets de la nourriture à base de graines de chanvre (1, 2 ou 10 pour cent de leur nourriture totale) sur des souris, dont les ovaires avaient été enlevés pour simuler la ménopause. Tous les groupes ayant consommé la nourriture contenant des graines de chanvre se sont avérés moins anxieux. Ils ont obtenu de meilleurs résultats que les animaux non traités dans une situation de crise (le test de la nage forcée). Les chercheurs ont conclu que les graines de chanvre pourraient améliorer les complications post ovariectomie chez les souris. » (Source: Saberivand A, et al. Methods Find Exp Clin Pharmacol 2010;32(7):467-73.)
Science: Endométrioses
L’endométriose infiltrante profonde est caractérisée par des douleurs chroniques et l’hyper-prolifération d’endométriomes et de fibroses. C’est une maladie de la femme où des cellules comparables à endométriomes apparaissent en dehors de la cavité utérine. Des chercheurs issus de différentes institutions parisiennes ont montré que les cannabinoïdes réduisaient la croissance d’endométriomes humains implantés chez les souris. Ils ont conclu que « les agonistes cannabinoïdes exerçaient un effet anti prolifératif des cellules des tissus présentant des endométriomes. » (Source: Leconte M, et al. Am J Pathol. 5 novembre 2010. [in press])
Etats-Unis: un chiffre record
Un communiqué de presse de Patients Out of Time fait état de l’un de leurs membres, Irvin Rosenfeld, qui a reçu, il y a maintenant 28 ans, les premières cigarettes de cannabis fournies par le gouvernement fédéral. Les cigarettes, produites pour le gouvernement par l’Université du Mississippi, ont été délivrées à Monsieur Rosenfeld à un rythme de 200 grammes tous les 25 jours, dans le but de combattre les effets de la maladie chronique dont il souffre. Le 20 novembre 2010, Irvin a indiqué avoir fumé sa 120 000e cigarette de cannabis médicinal. Pour plus d’information : www.medicalcannabis.com (Source: communiqué de presse des Patients Out of Time du 20 novembre 2010)
Un coup d'œil sur le passé
Il y a un an:
* IACM: un nouveau type d’article présente le suivi des résultats importants de la recherche
* Science: l’extrait de cannabis sativex pourrait diminuer la douleur des patients souffrant de cancer
* Etats-Unis: l’Association Médicale Américaine demande un rapport sur l’interdiction de consommer du cannabis à des fins médicales
Il y a deux ans:
* Allemagne: des experts ont reconnu unanimement la valeur médicale du dronabinol et du cannabis
* Science: selon des recherches fondamentales, les cannabinoïdes pourraient rétablir la barrière hémato-encéphalique dans les cas d’infection par le VIH
* Science/Royaume-Uni: dans la revue scientifique Lancet, des experts en matière de drogue indiquent que l’alcool est plus dangereux que l’héroïne, le cannabis et d’autres drogues illégales
* Science: efficacité de l’extrait de cannabis dans la prévention des nausées et des vomissements induits par la chimiothérapie
* Israël: très prochainement, le cannabis en pharmacies
* En bref
* Un coup d'œil sur le passé
Science/Royaume-Uni: dans la revue scientifique Lancet, des experts en matière de drogue indiquent que l’alcool est plus dangereux que l’héroïne, le cannabis et d’autres drogues illégales
Le 1er novembre, des scientifiques britanniques ont déclaré que l’alcool, quand les dommages combinés et collatéraux sur le consommateur sont évalués, est plus dangereux que l’héroïne.
Lors de la présentation d’une nouvelle échelle des dommages induits par les drogues, qui évalue les dommages sur le consommateur et son entourage, les scientifiques ont indiqué que l’alcool est la substance la plus dangereuse, et presque trois fois aussi nocif que la cocaïne ou le tabac. Selon cette échelle élaborée par une équipe de scientifiques, incluant le Comité scientifique indépendant de Grande-Bretagne sur les drogues (ISCD) et un conseiller expert du Centre EURopéen sur les Drogues et l’Addiction aux Drogues (EMCDDA), l’héroïne et la cocaïne sont en deuxième et troisième positions.
Le Professeur David Nutt, Président de l’ISCD, dont le travail a été publié dans la revue médicale
Lancet, a noté que ces résultats indiquent qu’ « une campagne ciblée sur les ravages de l’alcool est nécessaire dans la stratégie de Santé Publique. » Il a aussi indiqué que ces résultats montraient que la classification actuelle des drogues était peu liée à leurs dommages respectifs. Les drogues étaient mesurées sur une échelle de zéro à cent pour la plus nocive. Les scientifiques ont déclaré l’alcool la substance la plus nocive avec un score de 72, suivi par l’héroïne (55), le crack (54). D’autres drogues ont aussi été évaluées : la cocaïne (27), le tabac (26), les amphétamines ou le speed (23), le cannabis (20), les benzodiazépines telles que le Valium (15), l’ectasie (9) et les stéroïdes anabolisants (9), le LSD (7) et les champignons magiques (5).
Pour plus d’informations :
www.reuters.com/article/idUSTRE6A000O20101101
(Sources: Reuters du 1er novembre 2010; Nutt DJ, King LA, Phillips LD; on behalf of the Independent Scientific Committee on Drugs. Drug harms in the UK: a multicriteria decision analysis. Lancet. 2010 Oct 29. [in press])
Science: efficacité de l’extrait de cannabis dans la prévention des nausées et des vomissements induits par la chimiothérapie
Différents instituts scientifiques espagnols ont participé à une étude clinique en double aveugle, croisée avec placébo et contrôlée, sur l’extrait de cannabis Sativex dans le traitement des nausées et des vomissements induits par différentes formes de chimiothérapie. Le Sativex contient pratiquement les mêmes teneurs en THC (dronabinol) et en CBD (cannabidiol). Il a été distribué au hasard aux patients qui souffraient de nausées, malgré un traitement standard anti vomitif, du cannabis ou un placébo, pendant les cinq jours suivants la fin de la chimiothérapie, en plus du traitement habituel anti vomitif. La proportion de patients ayant réagi partiellement ou totalement a constitué le point final de l’analyse.
Sept patients ont pris le placébo, et neuf du Sativex. Un des patients issus du groupe Sativex s’est retiré de l’étude suite à des effets secondaires. Une proportion plus importante des patients issus du groupe Sativex a fourni une réponse complète pendant la période d’observation (71.4 pour cent) par rapport au groupe placébo (22.2 pour cent). L’incidence des effets secondaires indésirables a été supérieure sur le groupe Sativex : 86 % contre 67 %. Aucun effet secondaire important n’a été mentionné. La dose moyenne administrée était de 4.8 pulvérisations, soit 12mg de THC pour le groupe Sativex. Les auteurs ont conclu que « le Sativex administré en complément du traitement standard anti vomitif a été bien toléré et a amené une amélioration de la condition » quant aux nausées et aux vomissements.
(Source: Duran M, Pérez E, Abanades S, Vidal X, Saura C, Majem M, Arriola E, Rabanal M, Pastor A, Farré M, Rams N, Laporte JR, Capellà D. Preliminary efficacy and safety of an oromucosal standardized cannabis extract in chemotherapy-induced nausea and vomiting. Br J Clin Pharmacol 2010;70(5):656-63.)
Israël: très prochainement, le cannabis en pharmacies
Selon un bulletin de l’ambassade d’Israël en Allemagne, un comité ministériel sur la santé pour l’usage médical du cannabis a recommandé, le 3 novembre dernier, d’inclure cette substance dans la liste des médicaments. D’ici six mois, le cannabis devrait être disponible dans les pharmacies d’Israël. A la suite des recommandations du président du comité, le docteur Yehuda Baruch, un comité interministériel sera formé afin de clarifier toute une série de questions relatives à ce sujet.
Baruch a indiqué que le cannabis est utile dans les thérapies de la douleur, dans le cas de certaines maladies telles que la sclérose en plaques, et qu’il contribue à la suppression des nausées dans les traitements chimiothérapies des cancers. En septembre 2010, le ministère de la Santé a autorisé cinq médecins supplémentaires à prescrire du cannabis, alors que jusqu’à présent un seul (le Dr. Baruch) était habilité à le faire. Le ministère estime qu’en 2010, l’accroissement des permis sera de l’ordre de 66%, ce qui permettrait à 5000 patients d’être traités. Dans le futur, le ministère s’attend à ce que des dizaines de milliers de patients soient traités avec du cannabis.
Pour plus d’informations :
https://nlarchiv.israel.de/index2.htm
(Source: Newsletter of the Israelian embassy in Germany du 4 novembre 2010)
En bref
Etats-Unis: Californie
Le 2 novembre, les électeurs de Californie ont décidé de ne pas légaliser le cannabis. L’initiative californienne, qui aurait permis a toute personne âgée de plus de 21 ans de posséder et de cultiver de petites quantités de cannabis, a été rejetée par 54% des votes contre 46%. (Source: Associated Press du 3 novembre 2010)
Etats-Unis: Dakota du Sud et Oregon
Dans le Dakota du Sud, les électeurs ont rejeté pour la seconde fois une mesure sur l’usage médical du cannabis, un premier pas qui a déjà été franchi par la Californie en 1996, et puis par 13 autres Etats. Les électeurs de l’Oregon ont refusé d’étendre leur programme médical de cannabis et de créer un réseau de dispensaires à but non lucratif et approuvés par l’Etat. (Source: Associated Press du 3 novembre 2010)
Nouvelle-Zélande: Sativex
Comme au Royaume-Uni, en Espagne, et au Canada, le Sativex est maintenant approuvé pour le traitement de la spasticité de la sclérose en plaques. (Source: communiqué de presse de GW Pharmaceuticals du 3 novembre 2010)
Science: VIH
Selon une recherche sur les rhésus des macaques, menée au Centre Scientifique de la Santé de l’Université d’Etat de Louisiane à la Nouvelle-Orléans, Etats-Unis, l’administration de THC pourrait réduire la progression du modèle HIV. Les singes ont été infectés par le virus SI, qui est l’équivalent du virus HI chez les hommes. L’administration du THC a commencé 30 jours avant l’infection. L’administration de THC a diminué la mortalité première, ce qui a été associé avec une charge virale diminuée et sans réduction de la masse corporelle. Les auteurs supposent que « les niveaux réduits de SIV, le mainien de la masse corporelle et l’atténuation de l’inflammation sont probablement des mécanismes de modulation transmis par le THC et justifient la poursuite de recherches complémentaires. » (Source: Molina PE, et coll. AIDS Res Hum Retroviruses. 28 septembre 2010. [in press])
Science: Allergie
Selon une étude menée à l’Université de Médecine de Taipei, Taiwan, l’administration de cannabidiol (CBD) a réduit, chez des souris, les réactions d’hypersensibilité retardées d’une protéine (ovalbumine). Les scientifiques ont observé que le CBD modifie les réactions d’hypersensibilité retardée en supprimant l’infiltration et l’activité fonctionnelle de certaines cellules immunes (cellules T et macrophages) de la région inflammée. Ces résultats suggérent « un potentiel thérapeutique pour le CBD dans le traitement de l’hypersensibilité de type IV », un certain type de réaction allergique. (Source: Liu DZ, et coll. Acta Pharmacol Sin. 1er novembre 2010. [in press])
Science: épilepsie
Un groupe de chercheurs de l’Université du Commonwealth à Richmond, Virginie, s’est intéressé aux effets du paracétamol dans une expérimentation sur les cellules nerveuses des décharges épileptiformes. Le paracétamol a bloqué l’activité similaire à l’épilepsie, un effet bloqué par un antagoniste du récepteur CB1. Les chercheurs ont conclu que « Le paracétamol transmet ses effets anticonvulsivants à travers les récepteurs CB1. » (Source: Deshpande LS, Delorenzo RJ. Neuroreport. 28 octobre 2010. [in press])
Science: graines de chanvre
Des chercheurs du Département des Sciences de la Nutrition de l’Université de Toronto, Canada, se sont intéressés à la composition et à la qualité des protéines contenues dans les graines de chanvre. Ils ont conclu que les données indiquent que ces protéines ont une digestibilité égale ou supérieure à certaines graines, noix, et légumineuses. (Source: House JD, et al. J Agric Food Chem. 26 oct 2010. [in press]).
Science: maladie de Parkinson
Selon une étude menée à l’Université d’Exeter et Plymouth, Royaume-Uni, le THC et le cannabidiol (CBD) sont neuroprotecteurs dans la culture cellulaire humaine de la maladie de Parkinson. (Source: Carroll Ce et coll. J Neurol Neurosurg Psychiatry. 2010;81(11):e60.)
Science: dyskinésie et maladie de Parkinson
Selon une étude menée à l’Institut de Recherche de Toronto Western, Canada, l’inhibition de l’acide gras amide hydrolase (FAAH) inhibe l’hyperactivité similaire à la dyskinésie, chez le singe atteint de Parkinson. Le FAAH est responsable de la dégradation de l’endocannabinoïde anandamide. L’inhibition du FAAH accroît la concentration de l’endocannabinoïde. Le traitement de la maladie de Parkinson par le L-DOPA est souvent associé à des effets secondaires, incluant une diskynésie, désordre du mouvement difficile à traiter. (Source: Johnston TH, et coll. J Pharmacol Exp Ther. 25 octobre 2010. [in press])
Un coup d'œil sur le passé
Il y a un an:
* Etats-Unis: le Maine devient le cinquième État à autoriser les dispensaires de cannabis
* Royaume-Uni: : le gouvernement limoge un haut conseiller en matière de drogues et jette la consternation parmi les scientifiques
* Europe: la proportion des consommateurs de cannabis aux Pays-Bas compte parmi les faibles de tous les pays européens
Il y a deux ans:
* Allemagne: l’absence de remboursement du dronabinol reste un critère toujours valable pour l’attribution d’une autorisation spéciale pour l’utilisation médicale du cannabis
* Science/Royaume-Uni: un groupe d’éminents experts écrivent dans un rapport que le cannabis est moins nocif que le tabac et l’alcool
* Allemagne: déclaration commune (médecins/patients) de soutien à l’utilisation thérapeutique des produits issus du cannabis
Un article de David Belliard dans le dernier numéro d’Alternatives économiques présente les avantages d’une politique de réduction de certains risques sanitaires liés à l’usage des drogues récréatives, face à ce qu’il appelle « les écueils opposés de la prohibition et de la libéralisation ». Cette question est importante, mais on voudrait ici présenter un point de vue plus large sur ce sujet peu débattu en France, en plaidant pour la libéralisation du commerce et de l’usage de toutes les drogues.
La France mène depuis longtemps une politique d’interdiction de la plupart des drogues récréatives, à l’exception de l’alcool. La principale loi en la matière date de 1970 et n’a pas été modifiée depuis. De manière surprenante, les enquêtes de l’EVS (European values study) établissent que la tolérance à l’égard de l’usage des produits stupéfiants (1) est très faible en France, (2) est à peu près aussi faible quelque soit l’âge et (3) n’augmente pas avec le temps. Même si un jeune sur deux a déjà fumé un joint, les bases d’un consensus prohibitionniste existent donc en France. Cette attitude est profondément déraisonnable.
Pendant longtemps, la légalisation a été défendue d’un point de vue surtout théorique, celui de la liberté de l’individu. Un débat s’engage alors, les prohibitionnistes opposant à l’argument de la liberté l’existence d’externalités négatives de l’usage des drogues, telles que la montée de la criminalité liée à la recherche de financements par les drogués. Ce débat est depuis longtemps dépassé par l’évolution du trafic. La légalisation s’impose aujourd’hui pour deux raisons pratiques : la prohibition a échoué et son coût est insupportable.
Un échec terriblement coûteux
L’interdiction du commerce et de la consommation des drogues dans la plupart des pays en application des décisions des Nations unies n’a entraîné aucune diminution de la consommation et du trafic. Il est évidemment difficile d’obtenir des statistiques fiables sur des activités illégales. Néanmoins, l’agence des Nations unies pour les drogues et la criminalité (UNODC) estime qu’environ 200 à 250 millions de personnes consomment des drogues illégales. Cette proportion ne manifeste aucune tendance à la diminution, malgré la « guerre contre la drogue » décrétée au niveau international. Ainsi, la production potentielle d’opium a doublé depuis 1995 et les saisies de drogues ont tendance à baisser, la production de cocaïne se maintient. Quant à la consommation, elle est estimée en légère baisse pour la cocaïne (la consommation des traders aurait-elle baissé du fait de la crise ?), stable pour l’héroïne, en légère hausse pour le cannabis et en hausse sensible pour les amphétamines et autres produits de synthèse.
Si les résultats de la « guerre contre la drogue » sont décevants, les conséquences négatives de l’interdiction des drogues sont catastrophiques et ces effets s’amplifient chaque année :
- Puissance de la criminalité organisée, qui prospère essentiellement grâce au trafic de drogues. Cette criminalité brasse des milliards d’euros, corrompt les administrations, tue et massacre, dans une escalade invraisemblable. La drogue entre aux Etats-Unis par avion ou par sous-marin, les trafiquants utilisent des mitrailleuses lourdes et des lance-roquettes.
- La violence liée à la drogue est proportionnelle aux enjeux financiers et à la puissance montante des cartels. Au Mexique, la lutte contre les trafiquants a fait plus de 10000 morts entre 2007 et 2010, dont un millier de policiers et militaires. Les personnels des forces anti-drogue n’opèrent plus qu’anonymement pour protéger leur famille, la corruption remonte au niveau des généraux et des gouverneurs. La guerre des gangs se traduit par la découverte de charniers ou de villages décimés, par la torture et l’assassinat de familles entières.
- Influence politique de la drogue, qui finance les Talibans en Afghanistan et entraîne l’émergence de « narco-Etats » en Amérique centrale, en Colombie, en Croatie. La responsabilité américaine dans cette situation est écrasante, les Etats-Unis ayant forgé à certaines époques des alliances avec les cartels de la drogue pour éradiquer les forces de gauche en Amérique centrale. Ces alliances ont favorisé le trafic, mais aussi l’armement lourd des cartels.
- Les politiques d’éradication par épandage ont affamé des milliers de paysans, la totalité des cultures, légales ou illégales, étant détruite par des raids aériens indiscriminés.
- La répression envoie des millions de personnes en prison, en particulier aux Etats-Unis, où 500000 personnes sont en prison pour des faits liés à la drogue. 1,5 million de personnes sont arrêtées dans ce cadre aux Etats-Unis chaque année, dix fois plus qu’en France, où les interpellations ont quasiment triplé en quinze ans.
La légalisation comme alternative
Les politiques de seringue propre ou le développement de produits de substitution facilitant le sevrage, pour utiles qu’elles soient, ne résolvent aucune de ces questions. La seule manière de couper l’herbe sous le pied des trafiquants (si l’on ose écrire) est de légaliser dans le monde entier la production, le commerce et la consommation, la seule limite étant l’interdiction de la vente aux mineurs et de la fumée dans les lieux fermés, comme pour le tabac et l’alcool.
Il n’y a pas de troisième voie.
A l’inverse du coût financier des politiques de lutte, la légalisation rapporterait de l’argent à l’Etat sous la forme de taxes. En effet, la légalisation entraîne évidemment un risque de hausse de la consommation qui n’est pas souhaitable. Des taxes plus ou moins élevées selon la dangerosité des produits, comme il en existe pour le tabac et l’alcool, sont nécessaires pour éviter l’effondrement des prix. Cet argent financerait les politiques de santé publique qui manquent tant à l’heure actuelle : aide au sevrage, contrôle sanitaire de la filière, information du public par des campagnes expliquant les dangers des drogues.
Il ne s’agit en effet pas du tout de supprimer les lois répressives et d’attendre que la raison l’emporte ou de faire confiance aux lois du marché, comme le prétend une caricature facile. L’hebdomadaire libéral The economist, qui plaide depuis des années pour la légalisation, insiste d’ailleurs sur la nécessité du traitement de la dépendance et de l’information sur les drogues. S’il n’est pas certain que cette stratégie réussisse, on peut remarquer qu’elle ne fonctionne pas si mal dans le cas du tabac, dont la consommation a nettement reculé dans la plupart des pays qui ont mis en place des politiques globales, jouant à la fois sur les prix, l’information et l’aide au sevrage.
L’ampleur de la catastrophe actuelle est telle que le risque de faire pire est très faible.
par Arnaud Parienty
https://www.alternatives-economiques.fr/pics_bdd/contenu_fr_visuel/11955722390_Parienty.jpg[/img]Arnaud Parienty, 49 ans, est professeur agrégé de sciences économiques et sociales au lycée de Courbevoie (92). Auteur d'ouvrages sur la fiscalité (Le monde - Marabout), la productivité (Armand Colin) et la protection sociale (Gallimard - Le monde), il a participé à de nombreux manuels scolaires et universitaires aux éditions Nathan et collabore régulièrement à Alternatives Economiques. Il a également été membre, en tant que représentant de la FSU, du Conseil d'orientation des retraites et du groupe "prospective des métiers et des qualifications" du Conseil d'analyse stratégique.