Selon un sondage, un nombre record d'Américains se disent favorables à la légalisation de la marijuana dans leur pays, contre 46% qui y restent opposés.
Il y a un an, 46% s’étaient déclarés favorables à la légalisation de cette drogue.
La moitié des Américains, soit un nombre record, se disent favorables à la légalisation de la marijuana dans leur pays, contre 46% qui y restent opposés, révèle un sondage de l’institut Gallup publié lundi.
Il y a un an, 46% s’étaient déclarés favorables à la légalisation de cette drogue, et en 1969, lorsque Gallup leur a posé la question pour la première fois, ils n’étaient que 12%, contre 84% s’opposant à toute légalisation.
"Si cette tendance se confirme, la pression va s’accentuer pour que les lois s’adaptent à ce souhait des gens", notent les sondeurs de Gallup dans un communiqué.
Graphique représentant les résultats des sondage Gallup depuis 1969 à 2011.
Les partisans de la légalisation de la marijuana sont proportionnellement encore plus nombreux parmi les Américains de gauche (69%), chez ceux âgés de 18 à 29 ans (62%) et parmi ceux qui vivent à l’Ouest du pays (55%).
Les catégories les moins enclines à soutenir une telle démarche sont les Américains de plus de 65 ans (31%), les conservateurs (34%) et les Américains vivant dans le Sud des Etats-Unis (44%).
En novembre 2010, les électeurs de Californie ont rejeté largement par référendum la légalisation complète de la consommation, de la culture et du commerce du cannabis. [NDLR: largement, pas vraiment... 46 pour, 53% contre]
Dans l’ensemble du pays, 16 Etats et le district de Columbia ont légalisé la production et la consommation de marijuana à des fins médicales. Quatorze Etats ont quant à eux dépénalisé la possession de faibles quantités de cannabis.
Quelque 850.000 Américains ont été arrêtés en 2009 pour des infractions liées à la marijuana, selon des chiffres du FBI: dans neuf cas sur dix, ils ont été arrêtés pour possession de cannabis.
« Jako » est séropositif depuis 1985, et ne supporte les effets secondaires de sa quadrithérapie qu'avec le cannabis. Son médecin l'autorise à prendre ce « traitement » et le juge l'a relaxé. Maintenant, il veut faire changer la loi.
Jean-Jacques Simon de son vrai nom est un cas : ce grand gaillard abîmé par la vie pète la forme pour ses 52 ans, dont une moitié avec le sida. Il interpelle tous ceux qui posent un regard sur lui et commence à débiter son incroyable parcours : premier joint fumé en CM2, l'héroïne à la vingtaine, six années en prison, l'AZT et dix autres traitements depuis, le sevrage et puis la lente renaissance...
Depuis qu'il a rompu avec la came, il s'est mis à raconter son histoire, dans un livre, à la télé, auprès des jeunes. Maintenant, il a quelque chose à dire aux politiques.
« Je n'ai pas interdit médicalement cette utilisation »
Le 10 janvier dernier, au péage de Vierzon, la douane volante arrête la voiture où il se trouve avec un ami qui l'aide à remonter sa plantation d'herbe. La quantité de cannabis contenue dans sa trousse de toilette est conséquente : 415 grammes, soit environ six mois de consommation personnelle.
Jako vit dans le logement d'une association près de Versailles et n'a pas de jardin. Il fait donc pousser son cannabis dans le jardin de ses nombreux amis disséminés à travers la France.
Il a bien connu les commissariats mais n'a plus l'habitude :
« Normalement, avec cette quantité, tu risques vingt ans. Quand la fliquette me signifie ma garde à vue, je lui signifie que j'arrête tous mes traitements. Ils m'envoient à l'hôpital avec les menottes. Le médecin voit bien que mon état est incompatible avec la garde à vue, et ils me relâchent... mais le pire c'est qu'ils gardent mes 400 grammes ! »
Jako demande alors à son médecin, Dr Jacques Doll, chef de service d'hépato-gastroentérologie, qui suit Jako depuis 22 ans, un certificat. Sans difficulté, Le médecin reconnaît noir sur blanc les « vertus thérapeutiques » connues du cannabis thérapeutique, et ajoute :
« Je n'ai pas interdit médicalement cette utilisation dans la mesure où elle est efficace, bien tolérée et améliorant sa qualité de vie. Une ATU (autorisation temporaire d'utilisation) individuelle serait souhaitable afin de l'autoriser légalement à poursuivre ce traitement. »
Relaxé par le tribunal au nom de sa « contrainte »
Le 13 avril, le tribunal correctionnel de Bourges prononce sa relaxe. Une « révolution » pour les avocats. Que dit le jugement ?
« M. Simon a agi sous l'empire d'une contrainte à laquelle il n'a pu résister. De ce fait, sa responsabilité pénale doit être écartée. »
Depuis, Jako s'est fait faire un T-shirt avec cet article 122-2 du code pénal qui stipule qu'il n'est « pas responsable », donc innocent.
Fort de cette relaxe, dont il espère qu'elle fera jurisprudence, et devenu sage après ses années de délinquance, il justifie son droit à consommer du cannabis :
« Je ne veux pas être un délinquant pour me soigner. C'est la double peine. Je ne suis un risque pour personne à consommer mon cannabis, je n'ai même pas le permis ! Mais je me retrouve à troubler l'ordre public pour atteindre mon traitement, car je dois fréquenter des dealers, fumer une herbe où plein de trucs chimiques ont été ajoutés, et ça me coûte beaucoup plus cher que si je cultive moi-même. »
Ce jugement lui a fait réaliser qu'il y a « quelque chose de pas logique dans la loi » : étrange de le relaxer alors qu'il a commis un acte puni par la loi.
Est-ce un premier pas vers un changement de la loi ? Le problème est qu'en France, les partisans de la légalisation du cannabis demandent la légalisation pour tous et pas spécifiquement pour les malades. Jako ne veut pas attendre que la France soit mûre pour ce débat : avec l'élection présidentielle qui approche, il considère qu'il faut séparer les deux sujets car la légalisation du cannabis thérapeutique est, elle, « urgente ».
Pas une consommation récréative
Il ne faut pas compter sur les médecins pour se mouiller sur ce sujet. Même si certains, comme le médecin de Jako, certifient que le cannabis fait du bien à leurs patients, même si d'autres font des ordonnances pour que leurs patients aillent se fournir dans les pharmacies hollandaises. C'est le cas de Bertrand, également malade du sida :
« J'habite à Strasbourg et je dois faire 900 km aller-retour pour chercher mon traitement. Il y a un problème d'accès au soin. On m'autorise à le consommer mais dans l'illégalité ! »
Ce malade, comme d'autres atteints de sclérose en plaque ou de cancer, de fibromyalgie, de la maladie de Crohn ou d'Alzheimer, ne fume pas parce que c'est « rigolo » mais parce que dans le cannabis, il y a des cannabinoïdes, qui agissent entre autres sur la douleur. Comme Nicolas, dispensé de peine pour sa consommation de cannabis et dont Libération a fait le portrait cette semaine.
D'ailleurs Bertrand ne fume pas, il inhale avec un Volcano, un vaporisateur à utilisation thérapeutique. Le cannabis ne le fait pas planer, mais agit sur son sommeil, ses nausées, son appétit...
Depuis dix ans qu'il se bat sur ce sujet, Bertrand pense aujourd'hui que les mentalités sont mûres pour une légalisation. Mais il pronostique :
« Ça ne bougera pas par les médecins, ni par les associations, mais par les tribunaux, les médias, et le mouvement citoyen. »
Photo: Jako à la rédaction de Rue89, en octobre 2011 (Audrey Cerdan/Rue89)
Des jolies couleurs et des tas d'infos non vérifiées ou fausses : c'est l'arme secrète de l'UMP pour son « argumentaire » contre la dépénalisation du cannabis.
Les socialistes (ceux qui « sont prêts à sacrifier la santé et la sécurité publique ») peuvent trembler : les militants UMP ont sous le coude une fiche, sorte d'infographie simpliste pour contrecarrer les pro-cannabis. Avec deux volets :
santé (un pot pourri de tous les risques – ceux du cancer et de la sécurité routière, majeurs, passent à la trappe) ;
sécurité.
Dépénaliser le cannabis « n'entraînerait pas la fin du trafic mais augmenterait l'insécurité ». Les premiers points reprennent les traditionnels arguments des anti-dépénalisation :
autoriser le cannabis attiserait le marché noir (une infographie représente plein de joints flottant autour de symboles d'euros) et le « financement des organisations mafieuses et criminelles » (là, l'argument est flanqué d'un gangster à chapeau) ;
« Pour concurrencer le cannabis classique, à bas taux de THC, les trafiquants répliqueront en inondant le marché avec du cannabis plus chargé. » Pour ce dernier point, citons le cas des Pays-Bas qui vient d'interdire le cannabis fort (concentration de THC supérieur à 15%) : selon l'institut Trimbos, la concentration moyenne de l'herbe des coffee-shops hollandais se situe autour de 16,5%. Rien à voir avec un raz-de-marée.
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Extrait de l'argumentaire UMP sur le cannabis.
Joints flottants et marché noir
Extrait de l'argumentaire UMP sur le cannabis.
Mauvais chiffres, fausse étude
Certains arguments sont carrément faux :
« Banaliser le cannabis, c'est repousser les barrières de l'interdit vers des drogues beaucoup plus dures. » C'est la « théorie de l'escalade » qui a aujourd'hui peu de crédit : il existe d'ailleurs des millions de consommateurs de cannabis en France (30% des adultes déclarent en avoir consommé en 2010). Pourtant, peu d'entre eux ont déjà essayé les drogues dures (ainsi la cocaïne a été expérimenté par 3,8% des 18-64 ans).
Extrait de l'argumentaire UMP sur le cannabis.
« 50% des jeunes de 17 ans qui ne consomment pas de cannabis déclarent ne pas le faire en raison de l'interdit qui pèse sur ce produit. » Cette fois-ci, l'info est sourcée mais pas linkée : une enquête Escapad datée de 2009. L'UMP l'a-t-elle eu en exclusivité ? Non, elle n'existe tout simplement pas. La dernière enquête Escapad remonte à 2008. Le chiffre cité est sensiblement différent : « L'illégalité est avancée par 39% des non consommateurs de cannabis. »
« Mais surtout »
Dernier point, enfin, le « mais surtout » (malhonnête) :
« Tous les pays
qui sont allés sur la voie de la dépénalisation font marche arrière. »
Extrait de l'argumentaire UMP sur le cannabis.
Tous ? Passons sur les cas des nombreux pays, en Europe, qui ont dépénalisé la consommation de cannabis (Allemagne, Danemark, Belgique, Italie...) ou le Portugal, qui a décriminalisé l'usage et la possession des drogues illicites en 2001 (ce qui n'a d'ailleurs pas entraîné de bond dans la consommation), sans revenir en arrière.
L'UMP cite les Pays-Bas, où dans certaines villes comme Maastricht, l'accès des coffee-shops est désormais réservé aux résidents et à certains étrangers (Belges et Allemands). Agacement de Dominique Broc du Circ (Collectif d'information et de recherche cannabique), contacté par Rue89 :
« Ils n'ont pas remis en cause le statut du cannabis. Mais le fait de le fournir aux touristes européens, sous la pression de la France notamment. »
Quant au Royaume-Uni, qui a soi-disant « reclassé le cannabis parmi les drogues dangereuses », ça n'est pas tout à fait vrai : le gouvernement a reclassé en 2008 le cannabis en classe B. Les drogues les plus dangereuses sont en classe A.
Enfin, pour blinder l'argumentaire de chiffres bien concrets, l'UMP a même osé le produit en croix. A partir d'un article du Figaro, qui cite des chiffres espagnols : il y aurait eu, en 1983, 93 morts d'overdose contre 813 en 1992. Soit une augmentation de 774%. « Mais surtout », problème : le risque d'overdose n'existe pas avec le cannabis.
Un homme d’une vingtaine d’années a été tué par balle, hier dans le Gard, par un agriculteur chez qui il était venu, avec des complices, dérober des pieds de marijuana dans un champ.
Les propriétaires d’un petit domaine agricole de Caissargues, en périphérie de Nîmes, n’ont pas supporté une intrusion sur leurs terres qui surplombent l’A 54. Lorsqu’ils se sont rendu compte hier à midi que trois individus étaient en train d’essayer de leur dérober leurs plants de cannabis, les paysans ont vu rouge. L’un d’eux a pris une arme et a tiré à deux reprises. Un des voleurs a tenté de fuir mais il s’est écroulé quelques mètres plus loin sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute A 54. « Les rôles des uns et des autres restent à définir lors des prochaines heures et avec les investigations à venir », expose prudemment Robert Gelli, procureur de la République de Nîmes.
L’un des propriétaires arrêté
Hier, à midi, aux abords de l’autoroute A 54, qui relie Nîmes à Marseille, un homme titube et s’écroule, à quelques centimètres de la chaussée. Arrivés sur place, les secours s’aperçoivent qu’il ne s’agit pas d’un accident ou d’un suicide, mais bien d’un homicide. Le jeune homme a été tué d’une balle.
L’enquête progresse rapidement. Les gendarmes de la section de recherche de Nîmes parviennent à récolter de précieux éléments. Les voleurs auraient été attirés par des plants de cannabis. Ces Nîmois répartis en deux voitures se sont garés sur une route peu passante située entre le pont qui domine l’autoroute et la propriété où se trouvaient les plants de marijuana. « Ces jeunes avaient l’intention de voler les plants des deux propriétaires du terrain », confirme le procureur de Nîmes. Un des jeunes faisait le guet tandis que les trois autres approchaient de la plantation illicite. C’est au moment où ils étaient à proximité des pieds d’herbe que les coups de feu ont éclaté.
Hier soir, un des propriétaires des terrains où s’est déroulé le drame était encore en fuite, tandis que l’autre était en garde à vue. On ne sait pas si c’est l’auteur du coup de feu mortel qui a été arrêté.
On sentait la pression monter depuis quelques mois, cette fois les jeux semblent faits: des propriétaires de cliniques de marijuana médicale californiennes ont réçu ces derniers jours un courrier des autorités fédérales leur enjoignant de fermer leur commerce dans les 45 jours. Des lettres qui ont causé un vif émoi au sein d’une industrie qui pèse plus d’un milliard de dollars pour la seule Californie. Et la confirmation du revirement de l’administration Obama, visiblement débordée par le phénomène.
En février 2009, conformément aux engagements de campagne de Barack Obama, le Département de la Justice s’engage à ne plus poursuivre les usagers de marijuana médicale dans les Etats autorisant son usage. Les dispensaires, eux, restent une cible pour Washington, mais de fait, les raids menés par les fédéraux sous l’administration Bush prennent fin. Conséquence de cette accalmie: le nombre d’usagers de marijuana, plus vraiment médicale, explose. Entre 2004 et 2011, l’Etat délivre près de 60 000 cartes autorisant les porteurs à consommer de la marijuana médicale. Dans la seule ville de Los Angeles, on compte plus de 600 cliniques, où le médecin vous fait une prescription en 5 minutes, juste à côté du guichet où l’herbe est quasiment en vente libre. La marijuana est, de facto, dépénalisée en Californie.
Mais depuis quelques mois, l’administration Obama tente de faire machine arrière. Au mois de mai, les raids reprennent dans le Montana puis dans d’autres Etats pour faire fermer des cliniques. Dans le Colorado, les services fiscaux tentent de faire pression sur les propriétaires. Et déjà, les procureurs généraux de plusieurs des quinze Etats à avoir légalisé la marijuana médicale adressent des courriers aux propriétaires de cliniques pour les menacer de poursuites, sans plus de détails:
« Nous restons déterminés à faire vigoureusement appliquer les lois fédérales envers les individus et les organisations qui participent illégalement à la production et à la distribution de marijuana, même si ces activités sont permises par les lois locales. »
Il y a quelques jours, dans un surprenant mémo, le Département de la Justice précisait qu’il est interdit de vendre des armes ou des munitions aux fumeurs de cannabis thérapeutique.
Cette fois, la menace semble se préciser. Et ce dans l’Etat le plus emblématique du boom de la marijuana médicale. Plusieurs propriétaires de dispensaires ont reçu cette semaine un courrier leur laissant 45 jours pour fermer boutique, sous peine de passer 40 jours à l’ombre et de voir leurs biens saisis. Dans la lettre adressée le 29 septembre au Marin Alliance for Medical Marijuana in Fairfax, le plus vieux dispensaire des Etats-Unis, il est précisé qu’il se situe à moins de 300 mètres d’un parc, ce qui serait interdit par la loi. Les autres courriers ne font toutefois pas état de cet élément. Les quatre procureurs fédéraux de Californie doivent donner une conférence de presse ce vendredi pour préciser les actions qui devraient être menées.
« La bureaucratie fédérale continue de faire ce qu’elle fait depuis quinze: se cacher la tête dans le sable et dire non à tout cela », conclue Dale Gieringer, directeur de l’association antiprohibitionniste NORML en Californie. Idem, donc, du côté des propriétaires cliniques, dont aucun ne semble pour l’instant décidé à fermer boutique…
Alors que l'on reparle de la dépénalisation du cannabis, la cour d'appel jugera ce lundi 10 octobre un planteur lotois condamné en première instance à un an de prison dont six mois avec sursis.
« Stupide, injuste, ridicule… » Me Francis Caballero n'a pas de mots assez forts pour dire son sentiment sur les décisions de la justice française envers les planteurs de cannabis. Et n'a d'autre but que de « bloquer la machine judiciaire à réprimer les planteurs de cannabis ».
L'occasion lui en sera donnée, une fois encore, ce lundi 10 octobre, devant la cour d'appel d'Agen où il défendra Pierre-Michel Zipstein, un Lotois de 56 ans, condamné le 14 janvier 2010 à un an de prison dont six mois avec sursis et 10 000 € d'amende pour avoir planté sur sa propriété de Carlucet 29 pieds de cannabis pour sa consommation personnelle et en faire profiter les gens de son entourage.
Lors de cette audience en première instance, l'avocat avait soulevé une exception d'incompétence fondée sur le principe de la plus haute acception pénale. Il avait contesté la qualification correctionnelle retenue par le ministère public et demandé au tribunal de requalifier les faits en production de stupéfiants au sens de l'article 222-35 du code pénal, infraction de nature criminelle qui relève de la compétence exclusive de la cour d'assises spéciales en vertu de l'article 706-27 du code de procédure pénale avec une peine maximale de 20 ans de prison et 7 500 000 € d'amende. Le tribunal ne l'avait pas suivi.
Question prioritaire de constitutionnalité
Devant la cour d'appel d'Agen, le 9 septembre 2010, Me Caballero était revenu à la charge en soulevant, cette fois, une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Pour faire court, il avait expliqué que la constitution impose que les crimes et délits soient définis uniquement par la loi, votée par les parlementaires. Une omission en matière de drogues qui, pour Me Caballero, rend les poursuites inconstitutionnelles. Les magistrats de la cour d'appel s'étaient rendus à son argumentaire, sursoyant à juger Pierre-Michel Zipsein et à saisir la Cour de cassation. Le 11 janvier, cette dernière rendait sa copie en refusant de saisir le Conseil constitutionnel au motif que les « textes ne méconnaissent pas la légalité des délits ». Pour Me Caballero, « il y a derrière ce refus la volonté de maintenir un flou et d'éviter un débat où l'alcool et le tabac seraient concernés. Il n'est pas possible de trouver une définition de la notion de stupéfiant qui englobe le cannabis et élimine l'alcool et le tabac », affirme-t-il.
A l'heure où dans le débat politique la question de la dépénalisation du cannabis est de nouveau évoquée, Me Caballero entend tout faire pour que son client évite d'être condamné.
LA HAYE — Le gouvernement néerlandais a annoncé vendredi l'interdiction de la vente du cannabis dit "fort", une mesure jugée "ridicule" par les propriétaires des coffee shops qui réclament la légalisation de la culture de cette plante.
"Nous considérons le cannabis avec une teneur en THC supérieure à 15% comme une drogue dure présentant des risques inacceptables" pour la santé, a déclaré le vice-Premier ministre néerlandais et ministre des Affaires économiques Maxime Verhagen, lors d'une conférence de presse à La Haye.
L'intensité des effets "psychoactifs" du cannabis dépend de sa concentration en THC, selon l'Institut Trimbos, auteur d'un rapport utilisé par le gouvernement néerlandais.
Environ 80% du cannabis vendu en 2010 dans les coffee shops des Pays-Bas avait une concentration en THC supérieure à 15%, selon cet institut, la concentration moyenne se situant aux alentours de 16,5%.
L'interdiction devrait entrer en vigueur en mars-avril 2012, le temps que la modification de la loi soit adoptée, a précisé à l'AFP Martin Bruinsma, un porte-parole du ministère néerlandais de la Justice.
La possession, la consommation et la vente au détail de moins de cinq grammes de cannabis, dans quelque 670 coffee shops, sont tolérées aux Pays-Bas depuis 1976. Mais la culture et la vente en gros, contrôlées par des groupes criminels, sont, elles, interdites.
"C'est ridicule d'imposer des normes alors que la culture du cannabis est encore illégale", s'emporte Marc Josemans, président de l'association des coffee shops de Maastricht (sud-est) et propriétaire de l'"Easy Going", un des 14 coffee shops de la ville.
"Si le gouvernement veut imposer un contrôle sur le cannabis, nous trouvons cela très bien, mais alors il faut un contrôle à la source, et cela passe par une légalisation de la culture", explique-t-il.
Trente mille à 42.000 plantations illégales de cannabis existeraient aux Pays-Bas, selon la police, qui estime que la vente en gros de cette drogue rapporte chaque année 2 à 5 milliards d'euros aux groupes criminels.
"De plus, nous pensons que le client est assez intelligent pour savoir ce qu'il veut", poursuit M. Josemans : "s'il veut moins de THC, il achète du cannabis avec moins de THC, et c'est tout".
"Avec l'alcool c'est pareil, assure-t-il, quand on va au bar, on peut choisir entre une bière et un whisky".
La mesure annoncée vendredi est perçue par M. Josemans comme une nouvelle tentative du gouvernement de mettre un frein au commerce du cannabis aux Pays-Bas, "une nouvelle excuse pour pouvoir fermer des coffee shops".
Les municipalités auront la possibilité d'ordonner la fermeture de coffee shops vendant du cannabis "fort", une sanction qui pourra s'ajouter à d'éventuelles procédures judiciaires, selon le ministère de la Justice.
Confronté aux nuisances occasionnées par les millions d'étrangers qui viennent s'approvisionner en cannabis, le gouvernement néerlandais est en train de plancher sur une "carte cannabis", réservée aux résidents des Pays-Bas et obligatoire pour entrer dans l'un des coffee shops du pays.
Pour remédier à ce problème, la ville de Maastricht a de son côté décidé de déplacer vers sa banlieue trois de ses coffee shops à partir de 2013. La municipalité espère de la sorte que les touristes de la drogue resteront en dehors de la ville et n'y provoqueront plus de nuisances.
Prenant en compte des justificatifs médicaux, l'avis étonnamment compréhensif des douaniers et du procureur, les juges sont tombés d'accord, le 13 avril dernier, pour relaxer "Jako". Ce malade du sida était pourtant coupable de consommation, contrebande, transport et détention de 415 g d'herbe. Dame justice commencerait-elle, l'air de rien, à reconnaitre l'usage thérapeutique du cannabis ?
A ce rythme là, les tribunaux risquent de devancer le législateur en matière de cannabis médical. La semaine dernière, un homme était condamné par le tribunal correctionnel de Strasbourg pour avoir cultivé des plants de cannabis. Atteint d'une sclérose en plaque, le coupable a été dispensé de peine. "Dans ce dossier, il faut faire preuve d'humanité", compatissait alors le procureur.
Le 13 avril, une affaire encore plus significative est passée inaperçue au tribunal de Bourges. Prévenu des chefs de consommation, contrebande et transport de 415 g de cannabis, Jean-Jacques Simon dit "Jako", a carrément été relaxé. Malade du sida depuis 1982 subissant sa onzième trithérapie, les juges ont estimé texto que ses "douleurs intolérables (…) ne peuvent être calmées que par la consommation de cannabis".
"Bonne efficacité de l'utilisation du cannabis"
En voiture côté passager, le 10 janvier dernier, Jako rentre avec un ami d'un petit tour dans le Sud-Ouest. Il vient de récolter "comme d'habitude" de quoi alimenter sa consommation personnelle de cannabis. Un petit imprévu se présente au péage de Vierzon. Les deux compères sont arrêtés par des douaniers. Il ne leur faut pas longtemps pour trouver, dans la trousse de toilette, les 415 grammes "d'herbe de cannabis".
S'en suit une garde à vue de huit heures, écourtée par un passage à l'hôpital. L'homme est grand et fin, les traits du visage tirés jusqu'à dessiner des rides qui s'animent à chaque envolée lyrique. Si il n'est pas relâché, Jako menace d'emblée de ne plus prendre sa batterie quotidienne de médicaments.
"Franchement, on m'aurait laissé continuer à fumer tranquillement j'aurais jamais milité, prévient de sa voix de loulou Jako. Mais comme disait ma psy, c'est dans l'adversité que je suis bon."
Jako décide alors de revendiquer l'utilisation médicale du cannabis comme un droit. Il sollicite son médecin, le docteur Jacques Doll, chef de service du centre hospitalier de Versailles, qui le suit depuis juin 1989. Le spécialiste accepte de lui rédiger un certificat relativement clair : "Il (Jako) a constaté une bonne efficacité de l'utilisation du cannabis dont les vertus thérapeutiques sont connues, utilisation dont il m'a fait part. Je n'ai pas interdit médicalement cette utilisation dans la mesure où elle est efficace, bien tolérée, et améliorant sa qualité de vie."
Douanier, procureur et juges compréhensifs
Une évidence, pour l'intéressé et son praticien, étonnamment partagée par tous les acteurs de la chaîne pénale rencontrés. Le 13 avril, lors du procès de Jako au tribunal correctionnel de Bourges, même le douanier a été sensible à son cas.
"C'est vrai que j'ai mentionné des circonstances atténuantes, précise le douanier aux Inrocks. Ca m'a permis de diviser par trois ma demande pour le montant requis (de l'amende douanière)."
Le procureur et les juges se sont montrés encore plus compréhensifs. Utilisant en clé de voute de leur démonstration juridique l'article 122-2 du code pénal - que Jako a floqué depuis sur un tee-shirt - ils ont considéré que "n'est pas responsable la personne qui a agi sous l'empire d'une force majeure ou d'une contrainte à laquelle elle n'a pas pu résister".
Plus explicite, le jugement précise "il ressort des justificatifs médicaux ( …) que les douleurs intolérables qu'il doit supporter de manière permanente (…) ne peuvent être calmées que par la consommation de cannabis". C'est la relaxe. Pour des faits similaires en 2010, deux hommes récidivistes avaient été condamnés à 1 ans de prison.
"Moi je ne me reconnais dans aucune association, je suis pas là pour revendiquer la légalisation", prévient Jako à l'adresse des néophytes ou militants de tout poil. Je dit qu'il y a des malades qui ont besoin de ça pour se soigner c'est tout."
Dans son élan, Jako a même tenté - sans succès - de récupérer auprès des douanes ses 415 g d'herbe. L'Allemagne, l'Italie, la Finlande, le Canada, Israël, la république Tchèque et une quinzaine d'Etats américains permettent déjà des exceptions pour ce type d'usage médical. Prenant en exemple les malades atteints du sida, le récent rapport sur la légalisation contrôlée du cannabis du socialiste Daniel Vaillant, ex-ministre de l'Intérieur, fait de l'usage thérapeutique une priorité à part entière.
Les rapporteurs rappellent que "les patients français subissent malheureusement une sorte de double peine, la criminalisation de l'usage thérapeutique s'ajoutant aux souffrances liées à leur maladie." Les juges français semblent avoir entendu le message.
Atteint de sclérose en plaques, un jeune homme qui faisait pousser chez lui de l'herbe pour apaiser ses douleurs, a été condamné lundi mais dispensé de peine par le tribunal correctionnel de Strasbourg.
La Marie-Jeanne le faisait aller moins mal. Un homme de 31 ans atteint de sclérose en plaques, qui cultivait du cannabis chez lui pour apaiser ses douleurs, a été condamné lundi mais dispensé de peine par le tribunal correctionnel de Strasbourg.
Le parquet avait lui-même requis une "application bienveillante de la loi". "Dans ce dossier, il faut faire preuve d'humanité", et ce même si l'infraction est caractérisée, a souligné le représentant du parquet. Le jeune homme, qui se déplace difficilement du fait de sa maladie, s'est dit surpris par ce jugement "inespéré". "Je pensais que j'aurais de la prison avec sursis, ou au moins une amende, même si je n'ai pas d'argent", a-t-il dit à l'AFP.
"Une décision exceptionnelle"
Le prévenu avait été interpellé en juin et placé 24 heures en garde à vue après avoir été dénoncé parce que des feuilles de cannabis, issues de sa plantation personnelle, étaient visibles depuis la rue. Il a expliqué qu'il cultivait ainsi chez lui depuis 2004, une quarantaine de plants dont il consommait les fleurs sous forme de gâteaux. "Si je pouvais, je m'en passerais: il faut cacher le goût du cannabis avec du miel pour que ce soit bon". "J'essaye de limiter les prises, car sinon mon corps s'habitue et l'effet antalgique s'amoindrit", a-t-il précisé.
A l'audience, il a produit un certificat établi par un médecin suisse attestant que le cannabis atténuait ses douleurs et améliorait sa motricité. Pour son avocat, Me François Trapp, "l'aspect thérapeutique était évident", ce qui a conduit le tribunal "à une décision exceptionnelle".
Publié le 03 octobre 2011
Source: TF1
On en parle sur le forum....
Pour l'Académie nationale de pharmacie, une drogue est tout produit ayant quelque propriété médicamenteuse, employé à l'état brut, tel qu'il existe dans la nature, ou après des opérations matérielles qui n'exigent aucune connaissance pharmaceutique. Le cannabis est utilisé dans différentes indications : douleur, nausées et vomissements, stimulation de l'appétit, mais aussi comme bronchodilatateur (dans l'asthme), comme antispasmodique (dans la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques) ou comme vasodilatateur (dans le glaucome).
Le principal composé du cannabis, le delta-9 tétrahydrocannabinol, et des cannabinoïdes de synthèse sont capable des faire régresser des tumeurs cérébrales chez des modèles animaux. Les recherches menées par une équipe madrilène, et publiées dans l'édition de mars du mensuel Nature Medicine, pourraient ouvrir une nouvelle voie thérapeutique contre les tumeurs gliales chez l'homme, qui sont les tumeurs cérébrales primitives les plus fréquentes.
Les cannabinoïdes permettent de contrôler la spasticité et le tremblement dans un modèle animal de la sclérose en plaques. Ce travail expérimental, mené par David Baker (University College, Londres) et une équipe anglo-américaine, a été publié le 2 mars dans l'hebdomadaire Nature. Plusieurs agonistes des récepteurs cannabinoïdes CB1 et CB2 ont permis d'améliorer les signes cliniques chez un type particulier de souris, tandis que des substances antagonistes les exacerbaient. Ce qui laisse à penser que le système cannabinoïde endogène jouerait un rôle tonique actif dans le contrôle du tremblement et de la spasticité.