Le Webmaster de Chanvre Info est décédé
Par mrpolo, dans Ce que nous avons retenu...,

Chanvre Info pleure un grand militant.
 
Chistian Furrer est décédé aujourd’hui
 
 
Christian Furrer, notre webmaster est décédé cet après midi des suites d’une opération.
 
Il a non seulement créé et géré notre site web mais a rendu possible un travail sur internet pour de nombreux autres groupes activistes avec tout son engagement personnel.
 
Aujourd’hui nous avons perdu un ami qui malgré ses graves problèmes de santé était toujours prêt à aider de ses grandes compétences et avec dévouement les proches et les militants.
 
Nous le remercions encore une fois très chaleureusement de tout ce que nous lui devons et souhaitons qu’il soit maintenant dans un monde meilleur où nos pensées l’accompagnent.
 
Chanvre Info
 
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UFCM : Programme pour la première conférence en France sur le cannabis médical
Par mrpolo,
Programme pour la première conférence française sur le cannabis thérapeutique, Strasbourg, 2012.
Le 19 octobre 2012 au Parlement Européen à Strasbourg
 
Action Sida Ville (association qui fédère des acteurs du soins et des addictions en Alsace), I Care (auto support et accès aux soins des usagers du système de soins) et UFCM (Union Francophone pour les Cannabinoides en Médecine) vous invite en octobre 2012, à la première conférence scientifique sur les propriétés médicinales des Cannabinoïdes ainsi que leur utilisations thérapeutiques.
 
Avancées pharmacologiques et utilisations thérapeutiques des Cannabinoïdes en médecine.
(19 octobre 2012 au Parlement Européen à Strasbourg, France.)
 
 
PROGRAMME DE LA CONFERENCE
 
9h : Ouverture et Accueil, Discours de bienvenue de la part des présidents des associations organisatrices
09h15 : Dr Marko Van de Velde , Bureau du Cannabis Médical, Ministère de la santé des Pays-Bas : « La politique du cannabis thérapeutique néerlandais, plus de 10 ans d’expériences ».
 
10h15 : Bernard Buchet, Laboratoire de pharmacologie, CNRS/Université de Strasbourg :
2Le système nerveux humain et les Cannabinoïdes et leurs actions sur la douleur. »
 
11h15 : Dr Millet, Institut de chimie pharmaceutique, Albert Lespagnol, Université de Lille. « Les propriétés anti-inflammatoires des Cannabinoïdes dans les maladies inflammatoires de
l'intestin. »
 
Coordination Administrative: 12, rue Kuhn – 67000 Strasbourg
Tel : 03-88-39-49-09 mail : actionsidaville@gmail.com Site web : www.action-sida-ville.com
N° SIRET : 41410956100020
 
12h30 : Repas
 
14h30 : Dr Claude Vaney, spécialiste de la sclérose en plaques, Clinique Bernoise Montana en Suisse: « L’utilisation du cannabis dans le traitement des maladies neurologiques en particulier celles de la sclérose en plaques ». 1 heure.
 
15h30 : Tjalling Erkelens, horticulteur sous licence du ministère de la santé néerlandaise, directeur de Bedrocan B.V: « La production standardisée de cannabis médical avec quatres variétés de cannabis distribuées dans les pharmacies néerlandaises et européennes (Bedrocan Flos, Bedrobinol, Bediol et Bedica) ». 45 mn
 
Demonstration: Storz&Bickel, Volcano, Allemagne : « Présentation du premier appareil de soins pour l’administration des Cannabinoides, certifié d’un agrément médical pour l’usage thérapeutique du cannabis médical ». 45mn
 
Témoignages : Expériences de patients, personnes ayant étaient dispensés de peines pour leur usage thérapeutique de cannabis.
17h30 Clôture
 
MERCI DE VOTRE SOUTIENT, NOUS VOUS ATTENDONS NOMBREUX A CETTE PREMIERE CONFERENCE UNIQUE EN FRANCE.
Pour tout informations contacter : rambaud.b@wanadoo.fr
 
Source: UFCM
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Cannabis : la dépénalisation de retour dans le débat politique ?
Par mrpolo,
La sénatrice communiste Laurence Cohen réclame la dépénalisation du cannabis.
 
Le recadrage avait été rapide. Le 5 juin dernier, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault avait déclaré que la dépénalisation du cannabis « n’était pas à l’ordre du jour ». Ces propos venaient après ceux de Cécile Duflot qui se prononçait, elle, en faveur de la dépénalisation.
 
Fin du débat ? Non. Jeudi, Laurence Cohen, sénatrice du Val-de-Marne et rapporteure sur les crédits de la MILDT (Mission Interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie), s'est à son tour prononcée en faveur de la dépénalisation du cannabis.
 
Dans un avis intitulé « Drogues et addictions : présentation d’une charte collective pour une nouvelle politique », l'élue recommande de passer d’une politique de répression à une politique de prévention.
 

La faillite de la tolérance zéro Pour Didier Touzeau, psychiatre et chef de service au Groupe Hospitalier Paul Guiraud et co-auteur du document, les « mesures répressives sont inefficaces. Elles amputent le budget qui devrait être utilisé pour la réinsertion. »
 
Dans la "Charte pour une nouvelle politique", les rédacteurs reprochent au précédent gouvernement d'être à l'origine d'une dérive sécuritaire autour des drogues. La prévention, elle, est jugée" lacunaire et inefficace".
 
La politique de la tolérance zéro n’aurait eu d'autre effet que de criminaliser l’usager et de fragiliser davantage la protection de sa santé.
 
« Il est temps d’écouter les experts de santé. C ‘est un problème de santé publique, pas de sécurité publique. », insiste Jean-Michel Costes, ancien directeur de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies de 1995 à 2011.
 
Une société « addictogène »La MILDT (Mission Interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) souhaite aussi alerter sur les risques que présentent les produits légaux. Alcool et tabac causeraient 100 000 décès par an en France.
 
« Nous abandonnons l’illusion d’une société sans drogue. Il faut réduire au maximum les dangers sanitaires et sociaux. », déclare Jean-Michel Costes.



Une nouvelle politique basée sur quatre piliers En rupture avec la politique de Nicolas Sarkozy, la MILDT met en avant de nouveaux axes stratégiques d’action : la prévention, la réduction des risques et des dommages, le soin et la réduction de l’offre de drogues et la réduction des dommages dus au trafic. En clair : une dépénalisation de l’usage pour empêcher l’incarcération d’usagers « au titre du seul délit de se faire du mal à soi-même. ». Mais pas question pour autant de supprimer l’interdit sur les drogues, ni de légaliser la vente.
 
Le gouvernement et les Français sont-ils prêts à l'accepter ? « C’est vrai que les enquêtes montrent que les Français sont majoritairement contre », concède Jean-Michel Costes. « Dépassionner le débat », c’est en tout cas l’objectif de Nathalie Latour, déléguée générale de la fédération Addiction.
 
Pour l’heure, donc, pas d’agenda précis. Un seul objectif : tenter timidement d’installer le sujet dans le débat public durant les cinq prochaines années, en attendant que Laurence Cohen puisse « en parler avec Jean-Marc Ayrault qui est très occupé. »
 
par Sophie Gauthier

Photo:©l'Humanité


Source: Quoi Info
 
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American Weed
Par mrpolo,
Le Colorado vit actuellement sa deuxième ruée vers l'or, mais cette fois c’est « la ruée verte ». Il est ici question de cannabis médical, qui est vite devenu un business florissant. Légalisé dans l'état depuis 2000, le cannabis médical n'a pas vraiment fait parler de lui jusqu'en 2009, quand le Procureur Général américain Eric Holder a déclaré que le gouvernement ne ciblerait pas les activités liées au cannabis médical tant que celles-ci respectaient la loi de l’état. Le boom était lancé!
 
Le nombre de patients a alors explosé passant de 4,720 en 2008 à 127,444 dans le courant de l’année 2011. Au cœur même du Colorado aux Etats-Unis, National Geographic vous plonge dans cette toute nouvelle culture qu’est le cannabis.
 
En suivant un groupe exceptionnel d’habitants du Colorado - des cultivateurs, des patients, des propriétaires de policlinique, les forces de l’ordre, le personnel soignant, des entrepreneurs – vous découvrirez combien leurs vies ont été transformées par le cannabis médical.
 
https://www.dailymotion.com/video/xqz5ne_inside-american-weed-la-ruee-verte_webcam?search_algo=1
 
https://www.dailymotion.com/video/xr66uw_american-weed-l-herbe-des-rocheuses_webcam
 
https://www.dailymotion.com/video/xrh3ln_american-weed-reve-ou-cauchemar_webcam
https://www.dailymotion.com/video/xrbffn_american-weed-4-20-journee-mondial-de-cannabis_webcam
https://www.dailymotion.com/video/xrriow_american-weed-la-roue-tourne_webcam?search_algo=2
 
https://www.dailymotion.com/video/xrmd4t_american-weed-bataille-a-fort-collins_webcam

https://www.dailymotion.com/video/xrx6kf_american-weed-la-guerre-de-l-herbe_webcam?search_algo=1
NEW -->
https://www.dailymotion.com/video/xs2ejt_american-weed-le-jour-du-scrutin_webcam?search_algo=2
 
Merci Yessai@cannaweed pour les liens
 
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Documentaire : "Weed Wars" Deux nouveaux episodes en Français !
Par mrpolo,
C'est avec plaisir que je partage avec vous deux nouveaux épisode en français de weedwars qui ont enfin été mis en ligne .
 
Épisodes en français du documentaire "Weed Wars" sur le fonctionnement du dispensaires Harboside en Californie .

https://www.dailymotion.com/video/xrvqin_weed-wars-trahison-dans-le-personnel_webcam?start=2
 
https://www.dailymotion.com/video/xs17mk_weed-wars-controle-fiscal_webcam?start=1

Photo: " Weed Wars sur Discovery Channel se penche sur le visage moderne de distribution de marijuana. (NY Times)
Source: Cannactus
 
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Canada : Séminaire sur la culture légale de marijuana à Calgary
Par mrpolo,
Les Calgariens qui souhaitent en apprendre davantage sur la culture légale de marijuana pourront assister à un séminaire portant sur le sujet, au cours du week-end.
 
Depuis un an, Don Schultz, fondateur de Greenline Academy à Kelowna en Colombie-Britannique, parcourt le Canada pour donner des séminaires sur la marijuana utilisée à des fins médicales.
 
Ses exposés ont lieu durant les fins de semaine et son prochain arrêt sera à l'Université de Calgary, le 14 et le 15 juin.« Nous nous consacrons seulement à l'éducation, ce n'est pas un party de marijuana », a souligné M. Schultz.
 
Des sujets tels que les effets thérapeutiques des cannabinoïdes et les dernières nouvelles législatives à propos de la culture légale de marijuana seront abordés.
 
« Nous vous enseignerons comment entamer [une culture de marijuana] qui respecte toutes les lois canadiennes », a affirmé M. Schultz. « De plus, vous pourrez découvrir les nouvelles techniques, outils et habiletés nécessaires pour gérer votre propre culture légale de marijuana médicale », a-t-il ajouté.
 
M. Schultz a affirmé que l'art de cultiver cette drogue pour aider les personnes malades est très sérieux et important à ses yeux.
 
Cependant, selon Wayne Brown, coordonnateur de l'équipe d'intervention d'urgence (Coordinated Safety Response Team) à Calgary, il est impossible pour un résident de se conformer à toutes les règles du code de sécurité en faisant pousser un plant de marijuana.
 
« Je ne crois pas qu'ils [les résidents] sauront bien le faire et d'après moi, Santé Canada ne s'y est pas pris de la bonne manière », a-t-il souligné.
Source:Radio-Canada
 
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Il poste des photos depuis sa cellule aux Philippines
Par mrpolo,
Facebook: Depuis sa prison, un Tessinois demande de l’aide via Internet. Il explique au «Matin Dimanche» avoir été arrêté pour 10 grammes de marijuana et risquer la prison à vie.
 
Le salut du détenu R. R. est suspendu à son smartphone depuis trois semaines. Il l’a miraculeusement gardé avec lui, alors qu’il est en prison aux Philippines. Arrêté le 18 juin à Puerto Princesa dans la province de Palawan pour trafic de stupéfiants («Le Matin Dimanche» du 1er juillet), ce Tessinois de 46 ans a publié, via son téléphone, des messages et des photos sur sa page Facebook. Son salut, puisqu’il a ainsi réussi à alerter ses proches à Lugano. Et le Corriere del Ticino. Hier, ce prisonnier tessinois a raconté par téléphone au «Matin Dimanche» la situation qu’il traverse (lire l’entretien).
 
R. R. est apparemment familier de Facebook qu’il utilise comme un journal intime. «Salut, je suis aux Philippines. Je rentrerai en Suisse peut-être l’année prochaine», écrit-il le 17 juin. Quelques heures avant son arrestation. Le 22 juin, il publie ce message glaçant: «Help me!!!» Ses amis à Lugano — R. R. en compte 73 sur Facebook — lui répondent et s’étonnent. «Que se passe-t-il», lui demandent-ils naïvement, avant de prendre conscience de la situation dramatique. R. R. a été arrêté pour un trafic de 10 grammes de marijuana. En Suisse, la possession de cette petite quantité de drogue douce vaut une amende d’ordre. Aux Philippines, la loi est plus sévère. Dès cinq grammes, de n’importe quel stupéfiant, c’est la prison à vie.
 
R. R. poursuit son récit les jours suivants. «Je commence à ne plus avoir d’espoir. J’ai le moral dans les talons», avoue-t-il le 29 juin. Selon lui, il vit dans une cellule de 12 m2 avec neuf autres détenus. Les photos publiées sur Facebook témoignent de l’environnement austère dans lequel les pensionnaires vivent, les uns sur les autres. Il dort par terre. Il n’y a pas de nourriture: chaque détenu doit se débrouiller. «J’ai l’impression de vivre le film Midnight Express, dit-il. Je suis avec des gens qui ont découpé leur femme, tiré dans la bouche de leur mère parce qu’elle ne leur avait pas donné d’argent pour acheter de l’alcool.» Alors que lui est accusé d’avoir dealé quelques grammes. «Je ne veux pas mourir pour de la marijuana», dénonce-t-il.
 
R. R. prend un sérieux coup au moral après avoir appris le sort qui l’attend au procès. Seul un bon avocat pourrait le sauver. Mais il faut de l’argent. R. R. n’est pas riche et l’ambassade lui a expliqué ne pas pouvoir lui en fournir un. «On parle ici de 10 000 francs pour assurer sa défense dans ce pays ultracorrompu», explique-t-il à ses amis au Tessin. Ces derniers ont alors lancé une campagne de récolte de fonds. Ils ont ouvert un compte de chèque postal en sa faveur. Le moral de R. R. oscille au fil des jours. Il alterne les messages d’espoir — notamment à propos d’amis à l’extérieur qui le soutiennent — avec d’autres messages beaucoup plus pessimistes. «Mon procès sera une farce. Je ne parle pas un mot de filipino», anticipe-t-il le 23 juin. «Le Comité international de la Croix-Rouge n’est certainement pas connu dans cette prison», ajoute-t-il.
 
La police de Puerto Princesa a expliqué, dans la presse locale, que R. R. était dans son collimateur depuis longtemps. Le Département des affaires étrangères, quant à lui, confirme qu’il soutient un citoyen suisse emprisonné aux Philippines. Sans en dire davantage. La famille de R. R. et ses amis, quant à eux, ne veulent pas commenter une affaire délicate. «Nous ne voulons qu’une seule chose, que R. R. soit rapidement libéré et rentre en Suisse», confie un proche.



«La police m'a tendu un piège»
«Le Matin Dimanche» a téléphoné à R. R., hier à 16 h (22 h à Puerto Princesa, Philippines). Entre deux rondes de matons, depuis sa cellule, le Tessinois a donné sa version des faits sur le cauchemar qu’il dit subir.
 
Etes-vous un trafiquant de drogue?
 
C’est n’importe quoi. Les policiers m’ont tendu un piège. Un inconnu dans une rue de Puerto Princesa m’a demandé si je pouvais lui vendre de l’herbe. Je lui en ai donné, mais je ne voulais pas d’argent. Il a quand même voulu me payer. Au moment où il a sorti son argent, quatre policiers antidrogue me sont tombés dessus. Pourquoi m’ont-ils tendu un piège? Je n’en sais rien.
 
Vous aviez quand même de la drogue dans les mains…
 
Je fume de l’herbe depuis 20 ans. Qu’y a-t-il de mal à cela? Mais je ne suis pas un délinquant. Et encore moins un dealer d’héroïne. La marijuana est encore une drogue douce que je sache. Et j’avais seulement dix grammes.
 
Comment avez-vous réussi à introduire un smartphone en prison?
 
Ben, je l’avais sur moi. Ils ne m’ont pas fouillé. Heureusement d’ailleurs, comme cela, je peux dénoncer les conditions de détention inhumaines que je subis. J’ai aussi pu alerter mes proches et les médias. Il faut que je sorte le plus rapidement possible. Je risque la prison à vie pour de l’herbe.
 
L’ambassade de Suisse vous soutient-elle?
 
Non. Pas du tout. Tout ce qu’ils ont fait, c’est de me couper ma rente invalidité parce que je suis en prison. Ce qui ne m’arrange pas: j’ai encore moins d’argent pour survivre. L’ambassade dit ne pas pouvoir m’aider. Je ne comprends pas. Je suis un citoyen suisse. J’ai travaillé vingt ans comme contrôleur dans les trains CFF. J’ai toujours payé mes impôts. Pourquoi ne font-ils rien? Je ne suis même pas sûr qu’ils comprennent ma situation, mon contact à l’ambassade est alémanique et ne parle pas l’italien.
 
Etes-vous donc seul face à la justice philippine?
 
Mes amis et ma famille tentent de m’aider depuis le Tessin. J’ai aussi des amis à Puerto Princesa qui font ce qu’ils peuvent. Ils m’apportent à manger — la prison ne nourrit pas les détenus. Ils m’aident aussi à chercher un avocat qui coûte très cher ici: plus de 10 000 francs à ce qu’on dit. Mais mes amis ne peuvent pas me fournir des médicaments. Alors que j’en ai besoin. Je suis malade, d’hypertension notamment. La prison ne m’offre aucun soin.
 
Que faisiez-vous aux Philippines avant d’être arrêté?
 
Je voyage comme touriste en Asie depuis deux ans. Après la Thaïlande et l’Inde, je me suis arrêté six mois aux Philippines.
 
La suite de votre affaire en justice?
 
Je suis actuellement dans une prison préventive. J’attends mon renvoi au Tribunal, ce qui provoquera mon transfert dans la prison de haute sécurité de Puerto Princesa. Où j’attendrai mon procès. L’attente peut durer des années. Je ne me réjouis pas, car le régime sera plus strict dans cette prison. Je ne pourrai certainement pas introduire un smartphone dans ma cellule.
 
Qu’espérez-vous?
 
De l’aide. Surtout de la part de l’ambassade. Je reste un citoyen suisse. Qu’elle me sorte de cet enfer.
 
 
Source:Le Matin
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BULLETIN ENCOD 89 - Juillet 2012
Par mrpolo,
Du 22 au 24 juin 35 membres d’ENCOD de 11 pays ont assisté à l’Assemblée Générale 2012 à T Klooster, Anvers.
 
 
Pendant trois jours, l’Assemblée a discuté de ses forces et faiblesses, des opportunités à saisir et des menaces pesant sur ENCOD après 20 ans d’une coalition de citoyens pour des politiques en matière de drogues justes et efficaces, sans oublier de prendre des décisions concernant les défis que nous devrons affronter lors des 12 prochains mois.
 

 
Comme d’habitude, la réunion a commencé par un tour de table sur la situation actuelle de la politique des drogues dans les différents pays représentés : Norvège, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni, Espagne, France, Italie, Slovénie, Israël. De nombreux points noirs ont été soulignés et quelques améliorations sont constatées dans ces pays. La Belgique et l’Espagne présentent des points positifs mais uniquement en ce qui concerne la politique du cannabis, et l’usage médicinal bénéficie d’une acceptation de plus en plus importante dans toute l’Europe. Cependant les politiques d’austérité menace les programmes de réduction des risques qui continuent d’exister dans des conditions très précaires, l’ère de la tolérance zéro n’est pas terminée comme le montre, par exemple, le « weedpass » (carte cannabis) au Pays-Bas.
 

 
 
 
 
Danny Freeman, Belgique
L’évènement le plus remarqué du premier jour a été la présence de Chakib el Khayari, président de l’association des Droits Humains du Rif, emprisonné entre 2009 et 2011 après avoir dénoncé les alliances entre des fonctionnaires de l’État et des narcotraficants du Maroc. En 2008, Chakib a été à l’origine du débat sur la légalisation du chanvre/cannabis à des fins industrielles et médicinales et malgré la violence de la répression à son encontre, l’impact et la force du débat n’ont fait que croître.
 
Aujourd’hui 3 partis politiques parmi les plus grands soutiennent ouvertement cette proposition, ainsi que le conseiller à la sécurité du roi du Maroc. Chakib a proposé a Encod d’accompagner l’introduction d’apports techniques et commerciaux à la culture du chanvre au Maroc. La part la plus importante des bénéfices de cette coopération devra rester entre les mains des producteurs marocains, cela peut permettre une avancée très importante et pas seulement au niveau du Maroc mais aussi au niveau international.
 

 
 
Cuisine populaire, vendredi soir, en T Klooster
Les activités fondamentales d’Encod ont été discutées le samedi : les actions de lobby pour les différentes rencontres, aussi bien pour la Commission des Stupéfiants des Nations Unies à Vienne que pour le Forum de la Société Civile sur la Politique des Drogues dans l’Union Européenne à Bruxelles, ainsi que pour la promotion des Clubs Sociaux du Cannabis comme modèle de régulation du marché du cannabis en Europe (en dehors des Pays-Bas).
 

 
 
Fredrick Polak (Pays Bas) et Max Plenert (Allemagne)
Ça n’a pas été très compliqué pour conclure. Lors des sommets internationaux et européens sur la politique des drogues, les marges dans lesquelles nous pourrons agir seront très étroites. Les représentants de gouvernements et ceux de nombreuses ONG n’arrivent pas à penser en dehors du concept de prohibition. Tout ce que nous pouvons faire c’est rester de côté et observer les mouvements de la tortue géante. On a très vite été d’accord sur le fait que nous ne pouvons ignorer de telles rencontres mais nous avons décidé de limiter notre présence à ce qui est pratiquement réalisable et stratégiquement nécessaire. On formulera les conditions concrètes à respecter concernant notre participation. Nous espérons que cela facilitera aux membres, le suivi et le partage des expériences des délégués d’Encod à ces réunions.
 

 
 
Ingrid Wunn, Allemagne
 
 
Des bonnes vibrations ont animé le débat sur la progression des Clubs Sociaux du Cannabis. Autant en Espagne qu’en Belgique, ce modèle semble avoir été reconnu comme une alternative légitime au marché noir, favorisant la protection de la santé et de la sécurité publiques. En Espagne, les clubs se sont rapidement professionnalisés et ils sont en train d’organiser le premier Forun Social International de Cannabis lors de la foire Expo Grow à Irun, au Pays Basque du 14 au 16 septembre 2012. En Belgique, Trekt Uw Plant a multiplié par deux le nombre de ces adhérents, depuis la fermeture, aux Pays-Bas, des coffeeshops frontaliers, aux résidents belges.Le 18 juin, le premier Club Social de Cannabis français a vu le jour à Tours et une initiative semblable se prépare en Slovénie.
 

 
 
Jaka Bitenc et Janko Belin, Slovenie
Dans le courant de cette année Encod réalisera un inventaire des données disponibles et nécessaires sur le fonctionnement des clubs du cannabis en Espagne et en Belgique, en mettant en évidence les preuves que ce système peut contribuer à la réduction du marché illégal. Nous construirons aussi une stratégie commune pour la défense légale de cette initiative qui pourra être utilisée par les avocats dans les pays d’Europe quels qu’ils soient. Nous ferons aussi la promotion active du modèle dans les pays où les activistes nous sollicitent et nous produirons du matériel d’information. Enfin nous défendrons la coopération technique transnational entre les clubs sur des thèmes comme l’organisation ou l’échange de matériel génétique.
 

 
 
Jan Bojer (Norvège)
Le dimanche, l’assemblée a pris des décisions sur une série de propositions d’actions qui ont été présentées par des membres. Suivant l’ordre chronologique :
 
Le site web d’Encod sera reconstruit en octobre par le webmaster.
 
Lors des prochains mois on diffusera des pétitions aux membres d’Encod traitant les thèmes urgents comme la réduction des risques (particulièrement en milieu carcéral).
 
Nous ferons un récapitulatif des membres d’Encod, de leurs compétences et de leurs capacités, pour que cette information puisse être partagée par d’autres membres et par le grand public, optimisant ainsi le réseau.
 

 
Nous commencerons à préparer une campagne pour les élections européennes de 2014. Nous voulons donner des informations sur le comportement des partis dans le débat sur la politiques des drogues et lancer une discussion publique sur ce thème. En France et au Royaume-Uni des membres pensent présenter leur propre liste.
 
Dans les 6 prochains mois Encod soutiendra les manifestations organisées par l’Association des Amis de la Feuille de Coca pour informer sur les vertus médicinales, culturelles et alimentaires de cette feuille et promouvoir son modèle de commerce équitable qui est la base du circuit fermé entre des consommateurs européens de la feuille de coca et des producteurs andins. Dans cette campagne nous espérons collaborer avec des membres d’Encod de plusieurs pays, ainsi qu’avec des populations et des ambassades péruviennes et boliviennes.
 

 
 
Pause dans le jardín du T Klooster
Enfin, nous avons décidé de créer un fond d’Encod. Grâce aux différents projets d’Encod (comme Trekt Uw Plant en Belgique ou VOC en Hollande) le poids administratif sur le budget d’Encod a été réduit. Cela veut dire que chaque année on peut mettre de côté une somme d’argent, une fois que tous les besoins d’Encod ont été satisfaits.
 
On a décidé que cet argent pouvait servir à soutenir des actions locales des membres d’Encod. Dans cet objectif, on élaborera une procédure pour l’application et la sélection.
 
La force d’Encod tient dans sa diversité et son indépendance. Nous sommes une authentique coalition de citoyens qui ne se laissent pas avoir par des intérêts à court terme. Toutefois notre point faible réside dans la fragilité de l’appareil qui impose trop de tâches à trop peu de gens qui ont tendance à surestimer leurs capacités propres et à sous-estimer les exigences pour réussir.
 

 
 
’Rien n’est vraiment certain, même pas cette phrase. » (mots de l’écrivain Frederik van Eeden, dans les rues d’Anvers) )
Nous avons des opportunités à saisir dans la cohérence entre travail de lobby concentré sur des actions concrètes qui démontrent qu’une alternative à la prohibition est possible ; et l’activisme de base dans l’aide aux personnes pour faire face aux nécessités du quotidien (CSC et Amis de la Feuille de Coca).
 
Nous ne sommes pas menacés. La prohibition des drogues est prête à être abolie comme un des programmes sociaux les plus absurdes de l’histoire humaine. L’appel à la population pour que soient envisagées des politiques alternatives plus justes et plus efficaces ne se renforcera que dans les années à venir. Avec d’autres, nous devrions faire en sorte que ces alternatives soient les plus convaincantes possibles. Si nous échouons, nous ne pourrions nous en prendre qu’à nous-mêmes.
 

 
 
 
Par Joep Oomen
 
Photos par Maja Kohek, Slovenie
 
Source: ENCOD
 
 
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“Le cannabis doit être légalisé” : lettre ouverte d’un gendarme à Hollande
Par mrpolo,
Farid Ghehioueche, de l’association Cannabis sans frontière, m’a adressé cette lettre ouverte que lui a remis un gendarme à l’attention du nouveau président. Tenu par le devoir de réserve, le rédacteur souhaite rester anonyme, mais son témoignage m’a semblé intéressant. Le voici.
 
Monsieur le Président,
 
Le cannabis doit être l’objet d’une légalisation contrôlée par l’État, c’est une urgente nécessité pour notre pays.
 
Je ne reprendrai pas avec d’autres mots les arguments pertinents développés par de nombreuses et éminentes personnalités du monde politique, médical ou associatif qui militent en faveur de sa légalisation pour des raisons de sécurité publique, de santé publique, de lutte contre les bandes et les réseaux mafieux et de finances publiques ; c’est inutile, ils sont largement connus depuis plusieurs années. Ils démontrent talentueusement la nécessité et l’intérêt d’adopter une politique tolérante et pragmatique de légalisation contrôlée.
 
Pour ma part, j’approuve la plupart d’entre eux avec force et sans la moindre ambiguïté car je juge qu’ils vont dans le sens de la justice, axe de votre campagne électorale, de la liberté, valeur essentielle au pays des droits de l’homme, particulièrement dans votre famille politique, et de la compassion.
 
Je souhaite juste ici, Monsieur le Président, participer, par mon témoignage, à l’enrichissement de votre réflexion sur ce sujet. A ma connaissance, peu de gendarmes et plus généralement peu de personnels des forces de l’ordre consomment eux-mêmes ou ont un a priori positif au sujet du cannabis ainsi qu’à propos de sa légalisation.
 
Mais les mentalités et les mœurs évoluent sensiblement, progressent et aujourd’hui, chez beaucoup d’entre nous ainsi que chez de nombreux magistrats le maintien de l’interdit apparaît être le problème et non la solution. Encore minoritaire, je sais ne plus être un cas isolé et surtout, l’être moins chaque jour.
 
La simple consommation, d’ailleurs rarement constatée n’est jamais réprimée avec la dureté imposée par les textes en vigueur ; c’est dire leur désuétude et leur inadéquation.
 
Pour ma part, consommateur récréatif occasionnel de cannabis depuis près de trente sept ans, fervent partisan de sa dédramatisation dans l’opinion publique et de sa légalisation, j’affirme être un père normal, un compagnon normal, un gendarme normal, bref, un homme normal, sérieux, responsable et parfaitement socialisé, loin des clichés de délinquant et de lamentable drogué dépendant.
 
L’hypocrisie et l’aveuglement qui prévalent quant à cette question dans notre société, parmi ses dirigeants et les principales institutions qui l’organisent et la défendent n’ont que trop duré. Pour moi-même, comme pour des millions d’autres usagers, cette situation est inacceptable et révoltante.
 
Ma démarche publique consiste à ne plus vouloir me taire ni m’appliquer le trop célèbre adage : pour vivre heureux, vivons cachés, et à le faire très largement savoir. Il est indigne de l’homme que je veux être et de l’honnête citoyen que je suis. J’espère faire des émules, de très nombreux émules et notamment parmi les acteurs de la sécurité publique, du droit et du respect de la loi, ainsi que ceux de la santé publique et du soin palliatif.
 
Je suis en mesure aujourd’hui de démontrer à ceux que le débat intéresse et à ceux que leurs responsabilités désignent de facto pour y participer que l’usage modéré du cannabis n’a altéré ni ma santé, ni ma sociabilité, ni mes qualités professionnelles ; pas plus que l’usage modéré de l’alcool et du tabac.
 
Pour preuve, il m’est bien évidemment loisible de produire plusieurs documents dont la véracité, compte tenu de l’institution rédactrice, ne peut être mise en cause. Ceux attestant de mon aptitude physique à tous services et aux sports, puis ceux, suffisamment éloquents, précisant mon sérieux, mes qualités professionnelles et relationnelles. Quant à la sociabilité, dans mon cas, elle va de soi.
 
Cela va naturellement sans dire, je n’ai bien évidemment pas glissé progressivement dans l’usage de drogues dures, nocives et addictives vers lesquelles une hypothétique dépendance au cannabis m’aurait irrémédiablement conduit selon certains services officiels d’information ; de propagande devrai-je dire.
 
Une propagande d’un autre âge qu’il est temps de combattre sans ménagement tant on observe les inepties qu’elle inspire à beaucoup, et notamment à certains hauts responsables, esprits prétendument éclairés et attachés aux valeurs humanistes et progressistes.
 
J’arrête ici la démonstration publique de son innocuité dans le cadre d’une consommation maîtrisée, avant d’être accusé de le présenter sous un jour favorable. Je note seulement au passage, qu’avec seuls des arguments objectifs, incontestables et intelligents, il est illusoire de vouloir le présenter sous un jour exclusivement défavorable de quelque manière qu’on l’aborde. C’est l’abus qu’il faut combattre, pas le produit ! Ça tombe sous le sens commun.
 
Je note également qu’en l’utilisant seul ou entre adultes, je ne nuis à personne en particulier, ni à l’ordre public, ni à l’intérêt général mais que j’use simplement d’une liberté individuelle qu’il est inconcevable de voir encore de nos jours bafouée dans notre Pays.
 
Compte tenu de l’évolution des mentalités, de la banalisation croissante de son usage chez les jeunes et les moins jeunes quels que soient le milieu ou la classe sociale, l’utopie de l’abstinence, l’aveugle prohibition et la guerre qui en découle, en lieu et place d’une politique de prévention et de qualité, ont, à mon sens, au moins ces quelques effets désastreux :
 
• Saper l’autorité de l’État aux yeux des quelques millions de Français utilisateurs, leurs proches et plus généralement ceux des observateurs avisés de la société.
 
• Amener plusieurs métropoles en France et plusieurs banlieues à ressembler plus aujourd’hui, par la violence qui les gangrène, à de lointaines provinces d’Amérique Centrale ou du d’Amérique du Sud qu’au fier pays des droits de l’homme, exemple des peuples et des Nations pour la paix, la liberté, la justice, contre l’obscurantisme et l’arbitraire.
 
• Laisser quelques millions de jeunes adultes consommateurs, tout encore empreints d’une certaine fragilité juvénile entre les mains expertes des dealers de rue et de cités en attendant benoîtement que ces derniers s’assurent de leur majorité, leurs proposent des produits sans additifs plus que douteux et leurs dispensent en prime quelques sages conseils de modération.
 
N’est-il pas légitime de se demander à qui profite ce crime ?
 
Sauf à admettre une position purement idéologique ou seulement guidée par de basses considérations, les citoyens normaux ne peuvent cautionner l’État quand il prive les consommateurs de cannabis, plus nombreux chaque jour, de son autorité et de sa protection. La situation me paraît en tout point comparable aujourd’hui à celle que dénonça madame Simone Veil le 26 novembre 1974 devant l’assemblée nationale à propos de l’avortement ; comme elle, je vous demande de mettre fin à une situation de désordre et d’injustice et
d’apporter une solution mesurée et humaine à ce problème.
 
La France n’est ni le Massachusetts au XIXe siècle ni l’Afrique du Sud à la même époque, pourtant aujourd’hui encore il semble que l’action directe doive venir en complément de toute proposition politique pour faire évoluer la législation dans le sens de l’intérêt général.
 
Devant ce triste constat, je soutiens bien évidemment sans la moindre réserve l’idée des « cannabis social clubs » à la française ou toutes autres initiatives citoyennes et courageuses du même acabit visant à sortir l’État de sa frilosité, de sa cécité, de son immobilisme.
Photo: Gendarmes à Arromanches le 6 juin 2004 pour l'anniversaire du Débarquement (Reuters)
Source:Les Inrocks
 
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Cannabis: Les bons plants du Colorado
Par mrpolo,
Depuis 2000, cet Etat américain a légalisé l'usage médical du cannabis. De la culture des fleurs au commerce des produits dérivés, les business se multiplient. Une économie très profitable, y compris pour les finances locales.


Photo © Jérôme Chatin: Dans une serre high-tech, Nick veille sur des milliers de plants de marijuana, dont les fleurs sont vendues à Denver Relief, un dispensaire réputé de Denver.
 
Au-dessus d'Aspen, la station de ski jet-set des Etats-Unis, la neige a pratiquement disparu des cimes, et les avions se font plus rares dans le ciel. En ces premiers jours de juin, ce petit village des Rocheuses vit au rythme paisible des randonneurs et des cyclistes. Sous le soleil estival, les façades bling-bling de Dior, Chanel, Gucci ou Louis Vuitton ont un air un peu décalé. Angie n'y prête même plus attention. Serveuse au Red Onion, à quelques pas de là, elle profite de sa pause pour filer à l'autre bout du village, chez Leaf, l'une de ses boutiques favorites. L'entrée se cache au pied d'un escalier dérobé coincé entre une pizzeria et un fast-food, et la porte s'ouvre à condition de montrer patte blanche.
 
18 États ont légalisé le cannabis
 
Le Colorado fait partie des dix-huit États américains (Alaska et Hawaii compris) qui autorisent l'usage médical de la marijuana. Réputé être celui où son commerce est le plus contrôlé, il est aujourd'hui regardé comme un modèle par les Etats qui envisagent la légalisation.
 



La légalisation totale est envisagée
 
Derrière elle, on découvre un élégant bar en marbre surplombé d'étagères où s'alignent de jolis bocaux en verre remplis d'herbes et des flacons aux noms mystérieux. Mais, derrière le comptoir, Pete n'a rien d'un apothicaire. Avec sa chemise hawaïenne et son large chapeau de paille, il explique à Angie les vertus de l'indica et de la sativa. En habituée, celle-ci n'a besoin que de quelques minutes pour choisir ses fleurs de... marijuana. La plante euphorisante la plus célèbre de la planète, enjeu de trafics partout dans le monde, est livrée ici, emballée dans un sachet de papier kraft, contre une liasse de dollars. Après avoir payé, Angie reprend le chemin du Red Onion et salue le client suivant, Thomas, avec un sourire complice. "C'est mon patron", s'amuse-t-elle avant de s'éclipser.
 




© Jérôme Chatin



Dans sa boutique, Leaf, à Aspen, Pete explique à sa cliente Angie les différentes vertus des fleurs de marijuana.


Tous deux détiennent une red card qui leur permet d'acheter de la marijuana légalement sur recommandation de leur médecin. Car le Colorado fait partie des dix-huit Etats américains qui l'ont légalisée au cours des deux dernières décennies. L'idée : donner aux patients la possibilité d'utiliser ce remède séculaire comme substitut aux antidouleurs et psychotropes classiques. En réalité, obtenir une red card est un jeu d'enfant, car les médecins convaincus des bienfaits de la marijuana la prescrivent aussi facilement que l'aspirine ou le paracétamol. Début 2012, on recensait 90 000 personnes, soit un peu moins de 2 % de la population du Colorado, en possession d'une carte. Et les dispensaires - comme on appelle ici les magasins où la marijuana est vendue - surfent déjà sur un marché de 172 millions de dollars.
 
Ce n'est sans doute qu'un début : dans cet Etat, près de 10 % des habitants consommeraient de la marijuana illégalement. Faute de red card, ils l'achètent sur le marché noir, mais bientôt les portes des dispensaires pourraient s'ouvrir à tous. En novembre, les électeurs du Colorado choisiront, en même temps que le nouveau président de l'Union, s'ils souhaitent ou non légaliser totalement le cannabis. Si l'amendement - le fameux "64th" - passe, ce sera une première aux Etats-Unis, et une aubaine pour de nombreux businessmans en herbe. Déjà, dans cet Etat laboratoire, les affaires prospèrent.
 
Un médicament "bon marché et efficace"
 
Wendy Zaharko, médecin, annonce même ses consultations dans les pages de l'Aspen Times, le quotidien local, bien en vue entre le programme du cinéma et un article consacré à Madagascar 3, le dernier Disney. Ce samedi, cette quinquagénaire pétillante au brushing impeccable reçoit dans les faubourgs de Grand Junction, une ville sans charme, à la frontière de l'Utah. C'est une petite salle de conférence, au deuxième étage du Grand Vista Hotel, qui fait office de cabinet médical.
 
 
Autour de la table, une dizaine de patients remplissent des formulaires sous l'oeil attentif d'une jeune et jolie assistante : des jeunes en tongs et tee-shirts, une petite mamie élégante, un vieillard avec ses béquilles, quelques pères de famille en jogging qui tentent de se faire oublier. Ils sont là dans l'espoir de soulager qui une migraine, qui une crise d'arthrose ou, plus grave, des douleurs liées à un cancer. Ici, point de confidentialité, l'entretien avec Wendy a lieu en public. Depuis qu'elle a commencé, il y a trois ans, elle a ainsi vu plus de 6 000 patients dans tout le Colorado. Pour Wendy, pas de doute : "La marijuana est la médecine du XXIe siècle : bon marché et efficace." Provocation ? Peut-être pas.
 
 
Dans un pays où l'assurance-maladie est loin d'être la règle, certains patients font leurs comptes : pour acheter de la marijuana, il leur suffit d'aller voir leur docteur une fois par an - soit une dépense comprise entre 80 et 120 dollars - et d'acquitter à l'Etat un fee annuel de 35 dollars. Et les prix ont chuté : l'once (28 grammes) ne vaut plus que 200 dollars dans les dispensaires, quand il fallait débourser le double il y a deux ans sur le marché noir. La boîte de Vicodin, l'un des antidouleurs préférés des Américains, vaut 100 dollars en pharmacie.
 
 
Pour des douleurs chroniques, il en faut au moins deux par mois, et la prescription doit être renouvelée chaque mois. Conclusion : la marijuana soigne aussi le portefeuille des malades. Remplit-elle celui des médecins ? "Pour un docteur, les antidouleurs comme le Vicodin sont bien plus rentables que la marijuana. Un patient accro au Vicodin rapporte sans effort 1 800 dollars par an. Il suffit d'une petite clientèle pour vivre...", souligne malicieusement Wendy en faisant tinter ses bijoux.
 
Des astuces marketing pour fidéliser le patient



© Jérôme Chatin



À Boulder, où les dispensaires s'affichent au grand jour, les étudiants du campus n'ont que l'embarras du choix.


Changement d'ambiance... et de clientèle. A 400 kilomètres des patients de Wendy, les jeunes étudiants du campus de Boulder déambulent dans les rues et profitent du dimanche pour faire leurs emplettes. Ici, les dispensaires attirent une jeunesse privilégiée en quête d'un bon trip. Leur lieu de rendez-vous favori : la boutique Farm.
 
Avec comme emblème une vache blanc et noir ornée d'une feuille de cannabis, ce dispensaire est l'un des endroits les plus fréquentés de la ville le dimanche après-midi. De nombreux étudiants viennent à vélo et s'approvisionnent pour la semaine. Derrière un joli comptoir en bois, Ashlee, une blondinette avenante, vérifie la validité de leur carte avant de leur ouvrir la porte de l'arrière-boutique, où ils pourront faire leur choix à l'abri des regards.
 
Mais le business va bien au-delà. Côté rue, dans un espace très bobo, la clientèle peut aussi acheter toute une série de produits dérivés : des tee-shirts en coton au logo de Farm, des vêtements en chanvre, des livres dédiés à la culture de la marijuana. "Cela attire beaucoup de monde, et c'est l'occasion pour nous d'expliquer ce que nous faisons, de donner des conseils", se félicite Ashlee. Résultat : Farm est une entreprise prospère, avec 500 patients réguliers qui y ont dépensé plus de 200 000 dollars en juin. Discount, places de concert gratuites, carte de fidélité, rien n'est négligé pour les séduire.
 
Les affaires marchent bien aussi pour Kayvan Khalatbari, 28 ans, fondateur de Denver Relief. Installé sur Broadway, l'avenue célèbre pour ses pot shops peu recommandables, son dispensaire est l'un des plus réputés de Denver, la capitale du Colorado. Avec ses associés, il a investi 500 000 dollars, et réalise aujourd'hui un chiffre d'affaires de 1 million de dollars par an avec 300 patients réguliers.
 
Son joyau : une serre aménagée dans un ancien entrepôt des faubourgs de Denver. Environ 1 500 plants de marijuana y poussent en musique sous l'oeil attentif d'un horticulteur, les fleurs étant récoltées tous les cent cinquante jours. "Nous avons investi dans les meilleurs équipements, indique Kayvan en montrant les climatiseurs, les humidificateurs et l'éclairage naturel. A l'avenir, la qualité sera la clé du succès !"
 




© Jérôme Chatin



Créée il y a trois ans, la compagnie de Tripp Keber, Dixie, est déjà multimillionnaire grâce à ses boissons à la marijuana.


Le "space cake" s'achète 10 à 15 dollars en magasin
 
A quelques minutes de là, un autre businessman en est aussi convaincu : Tripp Keber, le fondateur de Dixie. Avec son design élégant et ses couleurs acidulées, cette marque de sodas boostés à la marijuana est l'un des best-sellers des dispensaires.
 
Ce père de famille de 44 ans s'est lancé dans l'aventure après une carrière lucrative dans les télécoms. Installés dans un entrepôt discret au bord d'une autoroute, ses bureaux affichent un décor très corporate, avec d'épais tapis et des canapés confortables. Comptables, avocats, agence de communication : il a fait appel aux meilleurs professionnels de la place pour gérer ses affaires. Résultat : Dixie réalise aujourd'hui un chiffre d'affaires de plusieurs millions de dollars - pour un investissement de 1,2 million -, avec des marges copieuses.
 
"Elles sont en moyenne de 400 à 500 %, et atteignent 1 000 % pour certains produits", se félicite Tripp. Prochaine étape : développer sa marque dans l'ensemble des Etats où la marijuana est légale, et mettre un pied en Europe, où il a déjà signé des accords dans deux pays tenus secrets.
 
Des taxes et des licences qui profitent à l'Etat
 
Autre ambiance, mais même sens des affaires, à Dr. J's. Créée par Tom Sterlacci, l'entreprise est la référence en matière de space cakes, des cookies aux caramels. "Mes sachets dorés sont ma marque de fabrique", commente ce vieux routard des affaires aux faux airs de parrain. Il en vend aujourd'hui pour 100 000 dollars par mois, avec des prix à l'unité compris entre 10 et 15 dollars dans les dispensaires. Comme Tripp Keber, il compte bien faire de Dr. J's une marque nationale et cherche des investisseurs.
 




© Jérôme Chatin



La société Dr. J's vend pour 100 000 dollars par mois de "space confiseries".


A l'autre bout de la ville, un homme se réjouit de ces succès commerciaux. George Thomson dirige la division du Department of Revenue du Colorado chargée de la marijuana, mais aussi de l'alcool, des jeux et des courses automobiles. Il empochera cette année 5 millions de dollars de taxes sur les ventes de marijuana, et 2 millions sous la forme de licences d'exploitation.
 
Mais c'est encore insuffisant pour couvrir des dépenses qui vont des contrôles sur la qualité de la marchandise aux enquêtes sur les employés des dispensaires en passant par le démantèlement des plantations illégales. "Jusqu'en mars, trente-sept personnes étaient affectées à cela, mais j'ai dû en transférer dix-sept dans un autre service, faute de budget.
 
Si la marijuana est entièrement légalisée, ce sera beaucoup plus profitable pour l'Etat", lâche-t-il avec un grand sourire. Ce qu'il ne mesure pas, en revanche, ce sont les bénéfices indirects générés par le secteur. Mais il suffit de feuilleter Culture et Kush, deux magasines en vogue dédiés au marijuana lifestyle, pour en mesurer l'étendue. Longtemps hésitants, avocats, comptables, horticulteurs, consultants et agents immobiliers se bousculent désormais pour y passer leurs petites annonces. Le green rush ne fait que commencer.
 
 
 
 
La France, entre tabou et pragmatisme
 
Les déclarations de Cécile Duflot en faveur de la dépénalisation du cannabis ont eu l'effet d'une bombe. "L'objectif est double : il est de faire baisser le trafic, de supprimer la violence notamment, et d'avoir une politique de santé publique. Il faut considérer que le cannabis, c'est comme l'alcool et le tabac, même régime : une politique de santé publique et de prévention, notamment vis-à-vis des plus jeunes", a ainsi lâché la nouvelle ministre du Logement et encore secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts.
Vite recadrée par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, elle n'en a pas moins relancé la polémique. Alors que les caisses de l'Etat sont vides, le débat est devenu une question d'économie autant que de santé publique. En août, l'économiste Pierre Kopp chiffrait ainsi à 300 millions d'euros les dépenses de l'Etat dues aux interpellations. La légalisation pourrait s'accompagner d'une taxe, évaluée à 1 milliard d'euros.
 
Un bon filon pour l'État
 
La légalisation totale de la marijuana aux Etats-Unis rapporterait environ 6,4 milliards de dollars en taxes et permettrait de réduire les dépenses des Etats de 13,7 milliards de dollars. Dans le Colorado, cela représenterait un bonus de 35 millions de dollars dans les caisses de l'Etat, et une économie de 145 millions de dollars (frais de police, de justice et de prison).
 
Source : Jeff Miron, "The Budgetary Implications of Drug Prohibition".
 
Source: L'expansion. l'express
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