Les lois sur le cannabis en France ont affecté les musulmans de manière disproportionnée
Tout comme dans d'autres parties du monde, un groupe marginalisé a été le plus touché par la guerre contre la drogue en France.
PARADDISON HERRON WHEELER
15 JUILLET 2022
Shutterstock
Aux États-Unis, c'est une histoire trop familière que les Noirs et les Mexicains ont été touchés de manière disproportionnée par la guerre contre la drogue, mais en France, ils ont un problème similaire avec l'impact des lois sur le cannabis sur les musulmans.
La France, comme de nombreux autres pays dans le monde, flirte enfin avec l'idée de mettre fin à la prohibition . Ils ont maintenant des cafés CBD, qui gagnent en popularité, et l'Union européenne commence lentement à changer le ton sur la façon dont ils traitent le cannabis. Mais comme dans de nombreux autres endroits, ce sont les personnes marginalisées qui ont été les plus touchées.
De nouvelles recherches montrent que les 50 dernières années ont été difficiles pour les musulmans en ce qui concerne la guerre contre la drogue. Près d'un cinquième des détenus du système pénitentiaire français sont actuellement arrêtés pour des délits liés à la drogue, et la plupart d'entre eux sont des hommes. Il est difficile d'obtenir des données démographiques spécifiques en France car leur loi « d'égalité absolue » rend illégale la collecte de données basées sur la race, l'origine ethnique ou la religion.
Cependant, le sociologue Farhad Khosrokhavar étudie le système carcéral français et a constaté que la moitié des personnes incarcérées aujourd'hui en France sont d'origine musulmane ou arabe. Cela signifie que la moitié des 69 000 personnes incarcérées sont musulmanes ou arabes, bien que ces données démographiques ne représentent que 9 % des 67 millions de personnes en France.
Une autre étude de 2018 commandée par l'Assemblée nationale française montre qu'en examinant les 117 420 arrestations en 2010, 86 % d'entre elles concernaient des accusations de cannabis, et le nombre de personnes arrêtées pour consommation de cannabis entre 2000 et 2015 est passé de 14 501 à 139 683. . Lorsque toutes ces études sont comparées, cela brosse un tableau clair des personnes musulmanes et arabes arrêtées pour cannabis à un taux disproportionné.
Tout comme la façon dont l'Amérique a diabolisé le cannabis en l'assimilant à un poison pédalé par les cartels de la drogue mexicains et les criminels noirs - un récit largement faux et gonflé - les historiens français ont fait quelque chose de similaire avec les musulmans. La fiction française parlait d'« assassins mangeurs de haschich » musulmans dérangés, violents et dangereux. Les chercheurs français se sont également lassés de travailler avec du cannabis alors qu'il était clair que ce n'était pas un remède contre le choléra. Le manque combiné d'intérêt médical et de propagande raciste a conduit à une méfiance envers le cannabis dans toute la culture. En 1953, le haschich médical est devenu illégal.
Ils ont même leur propre version de la folie du "reefer" : "folie haschischique". Les colonialistes français en Algérie ont affirmé que le haschisch provoquait la folie et un comportement criminel violent, plaçant souvent des malades mentaux sobres ou se soignant eux-mêmes en soins psychiatriques et affirmant que le cannabis en était la cause.
En 1968, reflétant à nouveau les événements aux États-Unis, il y avait des tensions raciales contre les Nord-Africains qui ont émigré en France, affirmant qu'ils étaient sujets à la violence et à la criminalité en raison de l'utilisation du cannabis dans leur culture. Cela a conduit à une criminalisation encore plus sévère de la plante. Le problème de la drogue en France a été qualifié de «peste étranger» et imputé aux trafiquants de drogue arabes et musulmans, aux personnes de couleur et aux immigrés. On parlait d'un culte d'assassins musulmans inspirés par le cannabis et connus sous le nom de « Hachichins ».
Aujourd'hui, bien sûr, la France prend position contre de telles formulations et pensées racistes, mais cela fait toujours intrinsèquement partie de leur culture en ce qui concerne le contrecoup contre le cannabis, et cela se voit clairement dans les chiffres lorsque les données des prisons sont extraites. Comme beaucoup d'autres endroits dans le monde, la France a beaucoup de travail à faire lorsqu'il s'agit de séparer ce qui doit vraiment être réglementé sur le cannabis et ce qui vient juste d'une histoire de propagande raciste.
Cannabis au volant et l’effet « aquarium »
Prévention MAAF dévoile le résultat d’une double enquête sur les usages et comportements routiers des 18/24 ans. Parmi les points mis en exergue, la dangerosité de l’inhalation passive de cannabis. C’est ce qu’on appelle l’effet « aquarium ».
Le cannabis est durement sanctionné.
Drogues, alcool, comportements dangereux ou inconscients…
Prévention MAAF vient de mener une double enquête sur les agissements des 18 / 24 ans au volant. 13 % des sondés ont déjà roulé sans permis. 80 % avouent faire des excès de vitesse, 19 % ont déjà roulé sans assurance et 63 % des jeunes ayant le permis ont avoué utiliser leur téléphone au volant (58 % en 2020). Malgré l’évidence des chiffres, les 18 / 24 ans se disent prévoyants quand ils sortent faire la fête. Et pourtant ! Les faits ne reflètent pas les dire. Près d’un jeune sur deux a déjà fumé du cannabis. 45 % des 18 / 24 ans ont consommé du cannabis au moins une fois dans l’année, soit 13 % de plus qu’en 2020. Dans le détail 5 % fument plusieurs fois par semaine, et 6 % fument tous les jours. Y compris au volant ! Quatre jeunes sur dix avouent avoir déjà pris la route après avoir consommé de l’alcool ou de la drogue. Parmi eux, 40 % se déclarent même récidivistes.
L’effet aquarium
Le risque n’est pas uniquement du côté du consommateur de cannabis. Près d’un jeune sur cinq (19 %) laisse leurs ami(e) s fumer des joints dans une pièce fermée en leur présence ou dans l’habitacle de leur voiture alors qu’ils conduisent. Sans avoir conscience du risque encouru par eux-mêmes. Pas besoin de tirer sur un joint, pour être positif à la drogue en cas de contrôle. L’inhalation passive de la fumée suffit. Comme pour le tabagisme passif. C’est ce qu’on appelle l’effet « aquarium ». Un dommage collatéral mis en exergue par des chercheurs du National Institute on Drug Abuse (NIDA). L’expérience fut menée sur deux groupes. Un premier groupe fut enfermé dans une pièce close avec 4 joints allumés pendant une heure. Le résultat fut que les non-fumeurs furent positifs aux tests de détection du cannabis sans toutefois en ressentir les effets. Dans le deuxième groupe, 16 joints furent allumés dans la pièce. Au bout d’une heure le groupe non-fumeurs dit ressentir les effets du cannabis. Et les résultats montrèrent qu’ils avaient autant de THC dans le sang que les fumeurs du même groupe test. Quand on sait que le cannabis ralentit la coordination des mouvements, allonge le temps de réaction et diminue les facultés visuelles et auditives, mieux vaut éviter la présence de fumeurs à ses côtés. Car contrairement au délit d’alcool au volant, qui sanctionne le fait même d’être sous l’emprise de l’alcool, le Code de la route sanctionne la conduite après avoir fait usage de stupéfiants que le conducteur soit encore ou ne soit plus sous influence de la substance inhalée ou ingérée, celle-ci pouvant être détectée plusieurs jours voire plusieurs semaines après sa consommation.
Drogue et comportement routier
15 % des 18 / 24 ans ont déjà essayé les drogues « dures ». Parmi les adeptes l’ecstasy (46 %) arrive en tête devant la cocaïne (44 %), la MDMA (25 %), les champignons hallucinogènes (24 %), le LSD (21 %) ou encore la Kétamine (7 %). Par rapport à 2020 ils sont moins nombreux qu’en 2020 (11 %) à dire avoir essayé ce type de drogues, mais le nombre d’usagers reste important au regard des risques encourus. L’ecstasy favorise les comportements irrationnels au volant. La cocaïne engendre une conduite agressive accompagnée d’erreurs d’attention ou de jugement. Les opiacés réduisent la conscience du danger, des obstacles et la capacité à prendre des décisions rapidement. Quant aux drogues hallucinogènes, elles provoquent la confusion, les illusions délirantes et les troubles de la perception clairement incompatibles avec la conduite.
Pour Pierre Nègre, responsable prévention au sein de la MAAF « cette étude confirme qu’il reste énormément de travail en termes de sensibilisation ». Et de rappeler que les accidents de la route sont « la première cause de mortalité des 18 / 24 ans ».
Méthodologie de l’étude MAAF Prévention :
Les données proviennent de 2 sondages réalisés via le chatbot JAM sur Messenger entre le 5 et 10 juin 2022 auprès de 3 463 et 2 390 jeunes redressés sur 2 échantillons de 1 000 répondants âgés entre 18 et 24 ans, représentatifs de la population des 18-24 en France selon les quotas de l’INSEE.
https://www.newscientist.com/article/2321524-legalised-cannabis-in-canada-and-us-hasnt-killed-illegal-market/
TRADUIT PAR GOOGLE
Le cannabis légalisé au Canada et aux États-Unis n'a pas tué le marché illégal
Même lorsque le cannabis est légalisé, certains consommateurs préfèrent toujours s'en tenir à leurs sources illégales habituelles, qui peuvent être moins chères et plus faciles d'accès.
SANTÉ 24 mai 2022
Par Claire Wilson
Plants de cannabis dans une serre d'une installation de Cresco Labs Inc. à Indiantown, en Floride
Eva Marie Uzcategui/Bloomberg via Getty Images
Certains consommateurs de cannabis continuent d'acheter la drogue auprès de sources illégales pendant des années après qu'il est possible de l'acheter dans des magasins légaux et réglementés, car les sources illégales peuvent être moins chères ou plus faciles d'accès, selon une enquête au Canada et aux États-Unis.
Les résultats suggèrent que les décideurs politiques qui veulent éliminer le marché noir du cannabis doivent s'assurer que les nouvelles sources légales sont à des prix compétitifs et largement disponibles.
Le cannabis est récemment devenu légal pour un usage récréatif dans plusieurs pays, dont le Canada, le Mexique et l'Afrique du Sud, ainsi que dans 18 États américains. Les partisans de la légalisation affirment qu'il est moins risqué pour les utilisateurs d'acheter du cannabis dans des magasins réglementés, car leurs produits à base de cannabis sont plus sûrs que ceux des revendeurs illégaux, avec un meilleur étiquetage des doses et des mesures de contrôle de la qualité, et les magasins sont moins susceptibles de vendre aux mineurs.
Mais tous les utilisateurs ne choisissent pas d'acheter dans les magasins réglementés. Le Canada, par exemple, a légalisé le cannabis en 2018, mais en 2020, environ la moitié de tout le cannabis utilisé dans le pays était toujours obtenu illégalement.
La nouvelle enquête, menée auprès de près de 12 000 consommateurs de cannabis au Canada et aux États-Unis, a révélé que le prix était la raison la plus courante pour acheter de l'herbe illégale, citée par environ 35 % des consommateurs au Canada et 27 % aux États-Unis. La commodité était le deuxième facteur le plus courant, cité par 17 à 20 % des répondants dans les deux pays.
L'enquête a été réalisée en 2019 et 2020. En 2020, le prix moyen du cannabis légal au Canada était de 8,04 $ le gramme, comparativement à 6,45 $ pour l'herbe illégale, mais l'écart de prix se rétrécit depuis 2018 et les prix en 2021 étaient de 6,63 $ et 5,52 $, respectivement, selon une étude distincte .
En effet, le nombre de magasins qui vendent du cannabis légal a augmenté au cours des quatre dernières années, explique David Hammond de l'Université de Waterloo en Ontario, au Canada. « C'est juste une fonction de rendre le marché opérationnel. Maintenant, il y a plus de concurrence sur les prix.
Steve Rolles de la Transform Drugs Policy Foundation, une organisation caritative pro-légalisation au Royaume-Uni, affirme que les gens peuvent avoir d'autres raisons de rester avec leur revendeur, notamment la loyauté et l'habitude. « Il existe un système d'approvisionnement établi qui ne disparaît pas du jour au lendemain », dit-il.
Le premier salon du cannabis mis en échec par le ministère de la Santé
L’organisatrice dénonce une «campagne de peur» du MSSS
SIMON BAILLARGEON
Jeudi, 19 mai 2022 20:48MISE À JOUR Jeudi, 19 mai 2022 20:48
L’organisatrice du premier salon du cannabis de Québec dénonce une «campagne de peur» de la part du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), qui l’a forcée à annuler son événement à trois semaines d’avis.
des «vendeurs légaux»
La toute première édition du CanFest devait avoir lieu le 28 mai prochain au Complexe Capitale Hélicoptère (CCH). La visite d’un agent du MSSS au début du mois a cependant tout fait basculer puisque ses mises en garde concernant de possibles amendes salées ont fait en sorte que le CCH a mis un terme au contrat le liant au CanFest.
La présidente de CanEmpire, qui organise l’événement, ne digère pas la façon de faire du MSSS et estime que son organisation est traitée «comme des criminels».
«Le ministère est allé raconter des informations sur notre événement qui n’étaient pas vraies. Il mentionnait [...] qu’on allait faire la promotion du cannabis, que notre événement était illégal, alors qu’aucun avis de non-conformité n’a été remis parce que rien n’a été jugé illégal. C’est seulement selon des prévisions de ce qu’eux croyaient qu’il allait se passer», déplore Awa Diagne.
Festival de cannabis «interdit»
Par courriel, le MSSS a confirmé avoir remis une lettre à CCH en lien avec le CanFest. On y rappelle qu’il est «interdit à quiconque d’associer à une installation... un nom, un logo, un signe distinctif, un dessin, une image ou un slogan associé au cannabis, à une marque de cannabis, à la SQDC ou à un producteur de cannabis. Il en est de même pour l’association à un événement sportif, culturel ou social. Par exemple, il est interdit d’organiser un festival de cannabis», est-il écrit.
Awa Diagne réplique que l’événement se voulait avant tout «éducatif» et comprenait «divers exposants, des conférenciers et des ateliers, dans le but de faire de l’éducation.»
«On a dû se tasser»
Du côté du Complexe Capitale Hélicoptère, on confirme que le passage d’un agent du MSSS les a convaincus de se retirer de l’événement. «Le ministère nous a mis au parfum de la loi encadrant le cannabis. On s’est rendu compte qu’on risquait de recevoir plusieurs [constats] d’infractions», a indiqué sa directrice générale, Stéphanie Huot.
«On a évalué le risque, simplement, et on a pris le temps de réfléchir et on a dû se tasser», a-t-elle ajouté.
Mais pour Mme Diagne, «la loi du cannabis est extrêmement large et laisse beaucoup trop place à l’interprétation.»
«C’est carrément de l’intimidation, d’aller faire des menaces de remettre des amendes de 500 000 $ et de mentionner que notre événement est illégal alors que c’est faux», avance-t-elle.
Elle déplore aussi que le ministère soit entré en contact avec le Centre des congrès de Lévis, qu’elle et son équipe avaient approché pour relocaliser le CanFest, afin de les mettre en garde.
«Toutes les règles étaient respectées»
Mme Diagne peine à comprendre la décision des fonctionnaires de la Santé, surtout que de nombreux changements ont été apportés «afin de respecter la loi.»
«Toutes les règles étaient respectées. On a même été plus prudent que nécessaire. On a coupé énormément de choses par rapport à l’événement qu’on voulait organiser en 2019. [...] On a enlevé tout ce qui touchait au cannabis récréatif. On a coupé tout ce qui pouvait être un problème pour garder le strict minimum.»
Seul l’After-Party a survécu au CanFest et il se tiendra au Centre des congrès de Québec. Un spectacle avec l’humoriste Jérémy Demay, suivi de prestations musicales de Souldia et Alaclair Ensemble sont toujours prévus.
CE QUE DIT LA LOI ENCADRANT LE CANNABIS
Article 52
Il est interdit d’associer à une installation sportive, culturelle ou sociale, à une installation maintenue par un établissement de santé ou de services sociaux ou à un centre de recherche un nom, un logo, un signe distinctif, un dessin, une image ou un slogan associé au cannabis, à une marque de cannabis, à la Société québécoise du cannabis ou à un producteur de cannabis.
Quiconque contrevient aux dispositions du premier alinéa ou du deuxième alinéa commet une infraction et est passible d’une amende de 5 000 $ à 500 000 $. En cas de récidive, ces montants sont portés au double.
Cannabis : la France est « le pays d’Europe où sa consommation baisse le plus »
En matière de sécurité, la lutte contre les trafics de stupéfiants fait partie des priorités affichées par le gouvernement. Mais quelle est la réalité du marché des stupéfiants en France, et notamment du cannabis, principale drogue consommée ? Réponses de la chercheuse Ivana Obradovic qui vient de consacrer un livre à ce sujet.
La lutte contre l’usage de stupéfiants est l’une des principales missions de la police nationale. Ici, un plant de cannabis. | BLAIR GAYLE, REUTERS
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Ouest-France Pierrick BAUDAIS.Modifié le 09/06/2022 à 18h41
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Quelle est l’ampleur du marché des stupéfiants en France ? L’une des dernières études consacrées à ce sujet, l’évaluait à 3,5 milliards d’euros en 2016. Soit un peu plus que le chiffre d’affaires atteint par les ventes de whisky dans l’Hexagone. Et près de la moitié des sommes générées par ces trafics de drogues provient de la vente de cannabis, sous différentes formes (résine, herbe…)
Autre estimation marquante : l’économie souterraine du cannabis emploierait, en France, 240 000 personnes. Cela correspond environ au nombre d’employés d’un groupe tel que La Poste, note Ivana Obradovic, directrice adjointe de l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT), qui vient de publier un livre sur le sujet ( « Cannabis », éditions La Découverte).
Mais la comparaison s’arrête là. Le secteur du cannabis emploie des personnes assignées à des fonctions peu rémunérées […] Cette main-d’œuvre à bas prix forme un prolétariat du cannabis soumis à un fort turnover, du fait de conditions de travail inconfortables, sans garantie, et d’une forte exposition aux risques d’interpellation, de sanctions pénales mais aussi de représailles de concurrents, précise la chercheuse.
Des trafiquants qui s’adaptent au marché
Autre constat : si le marché du cannabis s’est autant diffusé dans l’hexagone – il suffit de constater que les règlements de compte entre trafiquants ne sont plus l’apanage de villes comme Marseille et Paris, mais touche désormais bien d’autres agglomérations – c’est aussi parce que ce commerce a su s’adapter.
Auparavant, la résine de cannabis en provenance du Maghreb et d’Espagne était véhiculée par le biais de go fast : des transports rapides avec une voiture ouvreuse. Les trafiquants ont aussi recours, ces dernières années, au go slow : un transport mené avec une voiture ouvreuse sur les routes secondaires et en respectant les limitations de vitesse.
Et les ventes se sont développées sur la toile : sur le darknet, le web de surface, les réseaux sociaux… avec des livraisons à domicile, promotions du type trois grammes achetés, le quatrième offert ou des opérations spéciales lors de la Saint-Valentin et du Black friday.
Ils expérimentent avant 14 ans
Malgré une législation parmi les plus répressives d’Europe, la consommation de cannabis en France reste supérieure à la moyenne communautaire. En 2021, une personne sur quatre (11-75 ans) en avait déjà consommé, soit 18 millions d’individus.
A 16 ans, 13 % des jeunes ont fumé du cannabis dans le dernier mois (deux fois plus que la moyenne européenne). Plus inquiétant encore, 4,5 % des adolescents interrogés en 2019 ont admis avoir expérimenté ce stupéfiant avant 14 ans. Par rapport à d’autres jeunes d’Europe, les représentations du cannabis des adolescents français minimisent les risques. Certains d’entre eux ne savent même pas que c’est interdit, relève Ivana Obradovic.
La consommation baisse
Dans ce tableau, n’y a-t-il donc aucune bonne nouvelle ? Si la France est le premier pays européen en termes de consommation, il est aussi celui où la consommation de cannabis a le plus baissé. Dès lors, l’écart avec les autres pays de l’UE se réduit, même si la France reste en tête du tableau»,observe la chercheuse de l’OFDT.
Cette tendance à la baisse s’expliquerait en partie par le fait que la consommation de cannabis, et de résine notamment, est associée à la consommation de tabac. Or, la consommation du tabac diminue drastiquement depuis quelques années. Les adolescents d’aujourd’hui sont les premières générations nées avec l’interdiction du tabac dans les lieux publics. Cette génération a vu ses parents essayer d’arrêter, reprendre… Elle a vu des proches malades. S’y ajoutent les hausses successives des prix. Au final, pour ces nouvelles générations, le tabac a une image dégradée qui entraîne avec elle une baisse de l’usage de cannabis.
Les chercheurs notent aussi que le cannabis était majoritairement consommé lors de moments festifs. C’est un produit qu’on utilise beaucoup entre amis. Or, les pratiques de sociabilité des jeunes ont changé. La place prise par les réseaux sociaux, les jeux vidéo est désormais plus grande dans leurs loisirs, laissant moins de place aux occasions de sortie qui étaient autant de circonstances de consommation.
Quelle sera l’évolution de ce marché du cannabis dans les années à venir ? Tout dépendra en partie de l’évolution du débat sur la légalisation ou non du cannabis récréatif, en France. Ce qui est le cas dans dix-neuf états américains, au Canada, en Uruguay. Des projets sont également en cours au Luxembourg et en Allemagne. Quant au gouvernement maltais, il a autorisé la culture à domicile…
Cannabis : Le pays qui ne lutte plus contre la drogue et qui fabrique des épices à base de marijuana
24 juin 2022
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La Thaïlande a distribué des plants de marijuana pour encourager la culture
La Thaïlande a légalisé la culture et la consommation de marijuana ce mois-ci, inversant une approche radicale des longues peines de prison et même de la peine de mort pour les délits liés à la drogue. Le correspondant de la BBC en Asie du Sud-Est, Jonathan Head, rend compte de ce qui se cache derrière ce changement radical.
Il y a 21 ans, j'ai vécu l'une des expériences les plus remarquables de ma carrière de journaliste. Nous avons été invités à regarder et à filmer l'exécution de cinq prisonniers, dont quatre ont été condamnés pour trafic de drogue par un peloton d'exécution à la prison de Bangkwan à Bangkok.
Le regard sur les visages de ces hommes alors qu'ils se dirigeaient vers le pavillon d'exécution - avec le cliquetis des chaînes sur leurs jambes - est quelque chose que je n'oublierai jamais.
Cela faisait partie de la "guerre contre la drogue" menée par le Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui a entraîné la mort de centaines de trafiquants de drogue présumés.
La campagne de Thaksin était populaire. Les Thaïlandais étaient préoccupés par les effets nocifs des drogues comme la méthamphétamine sur leurs communautés - et étaient prêts à ignorer les violations choquantes des droits de l'homme qui accompagnaient la répression violente.
D'autres pays de la région ont suivi la même approche punitive, notamment les Philippines après l'entrée en fonction du président Rodrigo Duterte en 2016. Singapour et la Malaisie appliquent la peine de mort pour trafic de drogue depuis des décennies. Les touristes arrivant en Asie du Sud-Est sont avertis des sanctions sévères auxquelles ils s'exposent s'ils sont pris avec même de petites quantités de marijuana.
Il est difficile de croire, compte tenu de tout cela, que ce que nous avons vu au cours des dernières semaines se passe réellement en Thaïlande.
Les cafés et les stands vendent ouvertement toutes sortes de produits à base de cannabis et affichent des pots de fleurs en pot. Le ministre de la Santé publique Anutin Charnvirakul - architecte de la nouvelle loi - a été vu en train de déguster un plat typique avec une épice à base de marijuana et d'être acclamé par des agriculteurs qui espèrent que cela leur apportera une nouvelle source de revenus.
Lors du même événement, des femmes thaïlandaises âgées se sont amusées à déguster des boissons à base de marijuana et à faire la queue pour obtenir l'une des millions de plantes de marijuana gratuites que le gouvernement offre.
CRÉDIT PHOTO,GETTY IMAGES
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Un festival a célébré la nouvelle loi en distribuant des glaces à la marijuana.
La nouvelle loi semble donner à la Thaïlande ce qui est peut-être l'approche la plus libérale de la marijuana au monde. Les gens peuvent cultiver et consommer autant de plantes qu'ils le souhaitent, bien qu'il y ait des limites à la commercialisation du produit.
"C'est comme un rêve"
"Une chose est claire. Vous ne pouvez plus être arrêté en Thaïlande simplement pour avoir consommé de la marijuana", déclare Tom Kruesopon, un entrepreneur pionnier qui a aidé à persuader le gouvernement de changer son approche. "Vous pouvez aller en prison pour avoir fait d'autres choses comme fumer en public, pour avoir fait une émeute ou pour avoir cultivé et vendu un produit à base de cannabis sans l'approbation de l'Office des aliments et des drogues. Mais la Thaïlande est le premier pays au monde où vous ne pouvez pas aller en prison pour avoir cultivé ou consommé la plante."
"C'est comme un rêve pour nous. Nous n'aurions jamais pensé que nous arriverions aussi loin en Thaïlande", déclare Rattapon Sanrak, qui a commencé à faire campagne pour la légalisation de la marijuana après avoir découvert ses avantages médicaux pendant ses études aux États-Unis.
Deux grands-parents, son père et sa mère sont morts d'un cancer. De retour des États-Unis pour s'occuper de sa mère, il a tenté en vain de la convaincre d'utiliser des produits à base de cannabis pour soulager sa douleur et n'a pas pu avoir accès à des substances considérées comme illégales à l'époque.
Qu'est-ce qui explique ce revirement spectaculaire de la politique antidrogue dans un pays dirigé par l'armée conservatrice ?
Une partie de la raison est la politique partisane. Anutin a fait de la légalisation de la marijuana la principale politique de son parti lors des élections de 2019. La plus grande circonscription du parti se trouve dans le nord-est rural pauvre de la Thaïlande, et la nouvelle politique en matière de drogue a attiré des agriculteurs qui vivent difficilement de la culture du riz et du sucre, et ils ont besoin d'un nouveau type de recadrer.
Anutin a prononcé un discours plus tôt ce mois-ci à sa base politique dans la région de Buriram dans lequel il a parlé de la nouvelle loi et a déclaré qu'il avait tenu ses promesses. Il croit aux avantages médicaux de la légalisation, permettant aux Thaïlandais les plus pauvres de développer leurs propres traitements plutôt que d'avoir à payer pour des produits chimiques coûteux.
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Le ministre de la Santé, Anutin Charnvirakul, est l'un des plus grands défenseurs de la loi
L'évolution de la politique antidrogue est également liée au monde des affaires. Kruesopon estime que le commerce du cannabis générera 10 milliards de dollars au cours de ses trois premières années, sans compter le tourisme lié au cannabis, où les gens viennent en Thaïlande spécifiquement pour des thérapies et des traitements utilisant des extraits de cannabis.
Kruesopon a ouvert la première clinique à Bangkok qui se concentre exclusivement sur ce type de traitement. Certaines des plus grandes entreprises thaïlandaises cherchent déjà des moyens de tirer profit de l'économie de la marijuana.
En libéralisant aussi rapidement et complètement la loi, le gouvernement espère prendre de l'avance sur ses pays voisins, dont beaucoup hésitent encore à suivre la voie tracée par la Thaïlande.
Mais il y a un troisième facteur derrière la nouvelle politique sur la marijuana : il y a eu une réflexion sur l'approche radicale de la consommation de drogue, qui a commencé il y a sept ans, à une époque où la Thaïlande était gouvernée par une junte militaire.
Le pays possède certaines des prisons les plus surpeuplées au monde et les trois quarts des détenus sont détenus pour des délits liés à la drogue, dont beaucoup sont considérés comme des délits mineurs. Cela a non seulement suscité des critiques internationales sur les mauvaises conditions dans lesquelles vivent les prisonniers, mais cela a également coûté de l'argent au gouvernement.
En 2016, un ministre de la Justice militaire, le général Paiboon Kumchaya, a annoncé que la guerre contre la drogue avait échoué et qu'une autre méthode moins punitive pour lutter contre l'abus de stupéfiants était nécessaire.
Lorsqu'Anutin a présenté sa politique sur la marijuana, avec tous ses avantages économiques alléchants, il a trouvé qu'il y avait matière à discussion - bien qu'il ait dit qu'il lui fallait encore beaucoup d'efforts pour aller de l'avant. Une autre conséquence de la modification de la loi est que plus de 4 000 personnes accusées de cannabis sont libérées de prison.
Le gouvernement n'était pas préparé au soutien enthousiaste que sa politique en matière de drogue a reçu dans toute la Thaïlande depuis l'adoption de la nouvelle loi.
Poulet à la marijuana
La plante apparaît désormais partout : dans les glaces, ornant les plats thaïlandais classiques et dans les nouvelles recettes de smoothies. Il y a même une vente de viande de poulets qui auraient été nourris au cannabis. La nouvelle loi légalise pratiquement tout ce qui concerne le cannabis.
Le gouvernement est en train de rédiger des réglementations supplémentaires sur son utilisation. Officiellement, leur position est que la loi n'autorise l'usage du cannabis qu'à des fins médicales et non récréatives, mais il est difficile de comprendre comment les autorités feront cette distinction.
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Chidchanok Chidchob prend soin de ses plants de marijuana à Buriram
"Nous savons tous, en étudiant d'autres marchés, que l'argent réel est utilisé à des fins récréatives", déclare Chidchanok Chitchob, qui se dit passionné de marijuana. Son père, une personnalité politique puissante de Buriram, a été l'un des premiers à sauter dans le train de la marijuana thaïlandaise. "Je pense que c'est un bon pas dans cette direction, si nous y pensons vraiment comme un bon produit pour l'économie."
Elle expérimente différentes variétés de plantes pour aider les agriculteurs locaux à cultiver les bons types pour leur région.
Kruesopon dit qu'il ne voit aucun problème avec plus de réglementation. Il préconise la vente de marijuana uniquement auprès de vendeurs autorisés, avec une ordonnance, et jamais à des personnes de moins de 18 ans.
"Vous n'avez pas à trop réfléchir à ces choses. Ce qui s'applique déjà aux cigarettes peut être utilisé pour le cannabis. Il existe déjà des lois pour aider à contrôler la consommation de cigarettes et d'alcool - utilisez simplement les mêmes lois."
Il s'agit d'une étape inhabituelle et audacieuse du gouvernement thaïlandais vers un nouveau monde courageux. Le reste de la région regarde pour voir si la légalisation porte ses fruits.
ENTRETIEN. Addiction au Cannabis : « Être dépendant, c’est avoir une mémoire faussée »
Spécialiste du cannabis, le psychiatre Éric Guillem donne ses conseils pour diminuer ou stopper sa consommation. Car, comme pour de nombreuses addictoins, « le consommateur est souvent dans le déni du problème posé par sa consommation ».
« La plupart de ceux qui souhaitent arrêter ou limiter leur consommation le font seuls », selon le docteur Éric Guillem. | RAUL ARBOLEDA, AFP
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Ouest-France Recueilli par Philippe RICHARDPublié le 16/05/2022 à 10h00
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Selon les données de l’Observatoire français des drogues, plus de 900 000 Français consomment régulièrement du cannabis.
Quelles sont les spécificités de l’addiction au cannabis ?
Toutes les addictions partagent des mécanismes communs, comme l’hyperstimulation du système de récompense et la dérégulation des circuits émotionnels. Outre les autres risques sur la santé liés à la combustion du produit, l’état émotionnel de base est fragilisé, augmentant les risques de troubles anxieux et de dépression. Une des spécificités du cannabis est que la substance active, le THC, va se fixer de manière chronique dans les tissus graisseux et ne s’éliminer que lentement.
Le docteur Éric Guillem, psychiatre et addictologue. | DR
Le cannabis n’est pas un bon anxiolytique, contrairement aux croyances des consommateurs ?
En clinique, on voit des gens atteint d’épisodes d’anxiété aiguë. Le cannabis anesthésie plus qu’il ne diminue l’anxiété. Il met à distance les idées pénibles, favorise l’errement de la pensée.
Les effets délétères sur la mémoire sont bien connus. Sont-ils réversibles ?
L’altération de la mémoire et de la motivation sont courants. C’est une forme d’état pseudo-dépressif. Après quelques mois sans produit, les patients retrouvent leurs capacités cognitives.
Comme pour la cigarette, la rechute fait partie du processus ?
Il ne faut pas obligatoirement parler tout de suite d’arrêt mais de diminution. La reprise de la consommation n’est pas à exclure. Il ne faut ni en minimiser ni en exagérer la gravité. Il est cliniquement plus facile d’arrêter le cannabis que le tabac, plus addictif. Mais les deux consommations sont souvent liées.
Vous identifiez six stades dans le processus de sevrage. Le premier a ce drôle de nom de précontemplation.
Comme dans beaucoup d’addictions, le consommateur est souvent dans le déni du problème posé par sa consommation. L’alerte vient d’un proche. Il faut alors que la personne l’entende avant de reconnaître sa dépendance et être prête à l’évaluer.
Votre approche, basée sur les thérapies comportementales, a recours à toute une batterie de questionnaires.
Ces échelles et questionnaires sont issus de recherches cliniques internationales. Certains permettent d’évaluer sa propre consommation, l’impact sur la vie quotidienne, les attentes par rapport au produit. Ils permettent de démonter une logique faussée. Ou tout au moins de faire le point.
Pour réussir, faut-il se faire aider par un professionnel ?
Nous ne voyons qu’une infime partie des gens en consultation. La plupart de ceux qui souhaitent arrêter ou limiter leur consommation le font seuls. J’essaie juste de donner quelques outils. Montrer qu’être dépendant, c’est avoir une mémoire sélective et faussée. On surévalue les souvenirs positifs du produit, qui sont souvent anciens. Les souvenirs récents, moins flatteurs, sont mis de côté.
Le cannabidiol (CBD) peut-il être utilisé comme produit de substitution ?
Pas vraiment. En tout cas, aucun de mes patients ne l’envisage comme cela. Cliniquement, il n’y a pas de produit de substitution au cannabis ou de produit, comme le baclofène pour l’alcool, qui diminuerait le craving, l’appétit insatiable de consommation. Des essais ont été menés avec plusieurs médicaments, dont la N-Acétylcystéine mais les données cliniques ne sont pas très probantes. Des exercices de respiration ou de méditation, par contre, peuvent aider à repousser la sensation de besoin impérieux.
Avec l’entrée en fonction d’une agence créée ad hoc, le Maroc devient régulateur d’un marché du cannabis qui, jusque-là, lui échappait.
En ligne de mire, l’amélioration du quotidien des cultivateurs de “kif”, maillon faible de ce commerce. L’assouplissement ne concerne cependant que les usages médicaux et industriels, et non pas celui récréatif, de la plante.
Un villageois marche dans une plantation de cannabis, dans le nord du Rif, au Maroc, le 2 septembre 2019. Photo Fadel Senna/AFP
L’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (Anrac) a tenu, le 2 juin, son premier conseil d’administration, au sein duquel siégeaient plusieurs ministres, rapporte le magazine marocain TelQuel. La nouvelle structure aura pour mission de réguler le marché du cannabis, de la culture à l’exportation, suivant la politique de l’État.
À lire aussi : Kif. Au Maroc, l’heure de la dépénalisation du cannabis est-elle enfin arrivée ?
Il y a un an, le Maroc a adopté une loi autorisant “les usages licites du cannabis médical, cosmétique et industriel”, dont il espère qu’elle permettra aux cultivateurs de kif de devenir les “Goliath” du nouveau business licite, selon le terme utilisé par TelQuel. Pour l’instant, le dispositif mis en place par l’État concerne les provinces d’Al-Hoceima, de Chefchaouen et de Taounate, dans le nord du pays. D’après les chiffres de l’ONU, cités par Yabiladi, le Maroc est le premier producteur mondial de résine de cannabis.
Création d’emplois et protection des paysans
L’agence devrait lancer les démarches permettant à des opérateurs économiques nationaux et internationaux de se positionner sur le marché d’exploitation du cannabis dans ces régions, à des fins médicales et industrielles – pas récréatives. Le laboratoire pharmaceutique marocain Pharma 5 aurait même pris l’initiative de proposer un projet aux autorités.
Concrètement, cette ouverture se traduira probablement par “l’installation d’unités industrielles à proximité des champs de chanvre”, explique TelQuel. Des discussions entre le ministère de l’Intérieur et les parties prenantes seraient d’ores et déjà en cours, en attendant la naissance du premier projet concret.
Outre la création d’emplois, le ministère de l’Intérieur estime que les revenus d’exportation générés par le marché licite du kif oscilleraient entre 4,2 et 6,3 milliards de dollars à l’horizon 2028.
Un marché juteux que l’État voudrait voir profiter aussi aux paysans, qui sont souvent le maillon faible du commerce illicite. “Traditionnellement, les paysans revendeurs de résine aux trafiquants n’obtenaient que 4 % du chiffre d’affaires réalisé par la filière clandestine”, indique le journal marocain. Le gouvernement espère porter ce taux à 12 % en “mettant le rapport de force et le pouvoir de négociation du côté des agriculteurs locaux”. Le Maroc entend “libérer les agriculteurs de l’emprise des trafiquants et des réseaux mafieux”.
D’après l’institut d’études Prohibition Partners, cité par Tel Quel dans un autre article, la culture et le commerce du cannabis feraient vivre entre 90 000 et 140 000 familles au Maroc.
Par Malik Ben Salem
Alors qu’Emmanuel Macron a, lors du précédent mandat, défendu la prohibition, des élus locaux, de gauche comme de droite, réclament l’ouverture d’un débat sur la légalisation du cannabis.
Exit le débat sur la légalisation du cannabis ? Il y a cinq ans, lors de sa première campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron avait entrouvert la porte en lâchant sur France Inter : « Je crois que la légalisation a une forme d’efficacité. » Une petite phrase qu’il s’est évertué à faire oublier tout au long de son quinquennat, le président de la République faisant de la lutte contre les trafics une priorité et privilégiant le harcèlement des points de deal et l’usage massif des amendes forfaitaires délictuelles à l’encontre des consommateurs de cannabis.
Cette année, si les candidats de gauche, comme le porte-drapeau d’Europe Ecologie - Les Verts Yannick Jadot, se sont prononcés en faveur d’une forme de légalisation, Emmanuel Macron est resté figé dans sa posture, défendant, à l’instar des candidats de droite et d’extrême droite, Marine Le Pen comprise, une prohibition du cannabis. Quant à Anne Hidalgo (PS) et Fabien Roussel (PC), qui réclamaient un débat sur le sujet, leurs faibles scores (1,7 % pour l’une, 2,3 % pour l’autre) ne leur ont pas permis de véritablement se faire entendre.
Un sujet tabou
Sur le terrain, pourtant, face à l’impossibilité d’éradiquer les trafics, de plus en plus d’élus jugent nécessaire d’ouvrir le débat. Dans son « Livre blanc », le Forum français pour la sécurité urbaine (FFSU) titre « Oser réinterroger notre politique de prévention et de lutte contre les drogues » et explique : « Les élus du FFSU constatent que les législations en vigueur ne permettent pas de limiter la consommation et de sécuriser les espaces publics, et qu’une réflexion en profondeur est aujourd’hui indispensable. »
En 2019, la ville de Villeurbanne (152 200 hab., métropole de Lyon) avait lancé une consultation locale, « Cannabis, ouvrons le débat », avec des tables citoyennes et une plateforme en ligne, pour interroger la pertinence de la législation en vigueur et interpeller le gouvernement. Résultat, 50 % des personnes interrogées s’étaient prononcées en faveur de la légalisation et 22 % pour la dépénalisation. Les suggestions des habitants avaient fait l’objet d’un livre blanc, envoyé au président de la République, au Premier ministre ainsi qu’aux parlementaires. « A chaque élection, le sujet ressort, mais aucun gouvernement n’ose s’en emparer. Le cannabis reste un sujet tabou », déplore Didier Vullierme, ex-adjoint (PS) au maire de Villeurbanne, chargé de l’initiative de la consultation.
En mars, à Marseille, où les règlements de compte liés au trafic ont fait plus de 90 morts en 2021, des élus et des associations ont proposé, lors d’une conférence intitulée « Legalize-it ! », en écho à la chanson de Peter Tosh, d’expérimenter la légalisation dans la cité phocéenne. Signataire de l’appel, Michèle Rubirola, la première adjointe (EELV) au maire, médecin de profession, milite depuis des années pour la légalisation qui, selon elle, « permettrait de mettre enfin en place une politique de prévention ».
Pas l’apanage de la gauche
La légalisation, ou la dépénalisation, n’est pas l’apanage des élus de gauche. En mars 2021, à rebours de la tolérance zéro prônée par le gouvernement, plusieurs maires de droite, dont Gil Avérous (LR) à Châteauroux (43 400 hab., Indre), Boris Ravignon (LR) à Charleville-Mézières (46 400 hab., Ardennes) et Arnaud Robinet (ex-LR) à Reims (181 200 hab.), réclamaient eux aussi un débat : « Le trafic de cannabis, nous, les élus de villes petites, grandes ou moyennes, nous y sommes confrontés tous les jours ! En France, sa consommation est interdite. Mais, nous osons le dire, elle est aujourd’hui devenue massive. […] Légaliser le cannabis est le meilleur moyen d’en anéantir le trafic et de ruiner les trafiquants. »
Le maire de Reims avait même proposé de tester la légalisation du cannabis dans sa ville. Il n’a pas été entendu.
Le 20 avril est un jour férié pour les amateurs de marijuana ; il donne lieu à des offres spéciales dans les dispensaires et à des festivals.
Retour sur l'origine absolument inattendue et totalement sauvage du 420
Qu'ont en commun le phare de Point Reyes, le chimiste français Louis Pasteur et le groupe Grateful Dead ? Eh bien, ils font tous partie de l'histoire de l'origine du 420, qui est passé méthodiquement d'un code secret au jargon de l'herbe.
En 1971, cinq étudiants du lycée de San Rafael en avaient assez des matchs de football du vendredi soir et cherchaient à faire la fête. Les cinq étudiants se sont appelés les "Waldos", en référence au mur sur lequel ils s'asseyaient dans leur école. Le mur, situé dans la cour principale devant la cafétéria, était l'endroit idéal pour que les Waldos travaillent sur les impressions de leurs camarades de classe et des enseignants.
Ils ont commencé à occuper leur temps avec des aventures appelées "safaris", après que Steve Capper les ait emmenés dans ce qui est maintenant la Silicon Valley à la recherche d'une ville holographique dont il avait entendu parler dans Rolling Stone. Les safaris étaient un moyen pour les Waldo de se mettre au défi de trouver quelque chose d'original à faire. La plupart ont lieu dans la région de la baie de San Francisco, mais il arrive qu'ils se déplacent plus loin en Californie. Il y avait deux règles aux safaris : Ils devaient aller dans un endroit nouveau, et les participants devaient être défoncés.
Un jour, les Waldo se sont retrouvés à 16 h 20 pour un "safari" et ont fumé toute la Panama Red et l'Acapulco Gold - des variétés de marijuana populaires à l'époque pour leur puissance et leurs qualités énergisantes - qu'ils pouvaient se procurer. La mission de ce safari particulier était de trouver une parcelle d'herbe abandonnée. L'heure de la rencontre est restée dans les mémoires, tout comme le choix de l'herbe et leur bande-son constante composée de New Riders of the Purple Sage, Grateful Dead et Santana. Finalement, "420" est devenu le code secret des Waldo quand ils voulaient fumer.
Le 420, qui n'est plus un secret, est devenu une représentation de la culture du cannabis - qu'on l'aime ou qu'on le déteste - et un jour et une heure observés par les amateurs de cannabis du monde entier. C'était même un récent indice de "Jeopardy !
Les Waldo sont Capper, Dave Reddix, Jeffrey Noel, Larry Schwartz et Mark Gravitch. Ils ont soigneusement documenté les origines du terme avec des lettres portant le cachet de la poste, des coupures de journaux de lycée et des dossiers de l'armée américaine pour corroborer leur premier safari de 16h20.
Dave Reddix
(Alanna Hale / Pour le Times)
En 2002, Capper et Noel ont parlé au Times du rôle qu'ils ont joué dans la création du célèbre argot de la weed, mais ils n'ont pas voulu révéler leurs noms dans la presse en raison de la stigmatisation du cannabis à l'époque. Vingt ans plus tard, les Waldo ne sont plus anonymes dans le Times, alors que la légalisation du cannabis gagne le pays au niveau des États (le cannabis est toujours illégal au niveau fédéral). Capper et Reddix, qui n'ont pas hésité à parler du 420 ces dernières années, se sont entretenus par téléphone pour expliquer comment ils ont vécu le fait de voir le terme prendre une vie propre et leur point de vue sur l'avenir de la weed. Cette conversation a été modifiée pour des raisons de longueur et de clarté.
Quel était le premier safari de 16h20 ?
Capper : Un jour, on était tous les cinq assis sur le mur et un copain est arrivé et a dit que son frère était dans les garde-côtes, et qu'un groupe de gars des garde-côtes faisait pousser du cannabis sur la péninsule de Point Reyes. Ces gars pensaient que leur commandant était sur leur trace et qu'ils allaient se faire arrêter. Alors, ils ont décidé d'abandonner ce projet de culture d'herbe. Et ils ont dit [à mon ami], "Hé, si toi et tes amis voulez aller la cueillir, voici une carte."
Donc, [mon ami] est venu me voir et m'a dit, "Hey, voici cette carte avec de l'herbe gratuite à cueillir."
Reddix : C'était une évidence. Nous devions le faire, non ?
La Chevy Impala 1966 de Steve Capper.
(Steve Capper)
Capper : Jeff et Larry avaient un entraînement de football après l'école. L'entraînement de football durait environ une heure, juste le temps pour eux de se doucher, de s'habiller et de nous rejoindre. Nous nous sommes rencontrés devant une statue de Louis Pasteur, un chimiste, sur le campus.
Reddix : Nous avons décidé de nous y retrouver à 16h20. Nous nous sommes défoncés devant la statue, puis nous avons sauté dans la Chevy Impala 66 de Steve, et nous sommes partis à la recherche de ce patch, en nous défonçant tout le long du chemin. Et peut-être que c'est la raison pour laquelle nous ne l'avons pas trouvé.
Capper : On se rappelait les uns aux autres dans les couloirs pendant la journée, "420 Louis".
Reddix : Après ça, on a réalisé que c'était un code secret qu'on pouvait utiliser. On a laissé tomber la partie "Louis". On pouvait l'utiliser devant nos parents, nos professeurs, les flics, nos amis, n'importe quoi, et ils ne savaient jamais de quoi on parlait.
Comment avez-vous eu accès à l'herbe à l'époque ?
Reddix : Nos frères en avaient généralement, ou des amis. Et, au début, l'herbe n'était pas aussi bonne que maintenant. C'était de l'herbe brune et sale. Vous achetiez un sac d'herbe à quelqu'un pour 50 dollars. Ils appellent ça un sac de quatre ou cinq doigts. Il n'était même pas pesé. Vous leviez vos doigts pour voir à quelle profondeur il était, et il était généralement rempli de tiges et de graines.
Le bouchon : Les gens sont prompts à oublier cela à cause de l'environnement actuel. La marijuana était certainement illégale. Les conséquences étaient bien réelles. La fumer, la transporter, la vendre, l'acheter, tout était secret et nécessitait beaucoup d'énergie. Vous pouviez aller en prison pendant 10 ans pour un joint. C'était tout simplement ridicule. Mais je pense qu'étant donné ce danger et le fait de s'en sortir ensemble, il y avait comme une fraternité de hors-la-loi du cannabis.
Quand avez-vous réalisé que 420 était plus qu'une blague entre vous ?
Reddix : Nous avons consommé du 420 pendant plusieurs années, et en 1975, lorsque le Grateful Dead a fait une pause dans ses tournées, mon frère était très ami avec Phil Lesh (le bassiste du Grateful Dead) et Phil a demandé à Patrick (le frère de Reddix) s'il voulait gérer quelques uns de ses groupes.
Il m'a engagé comme roadie et nous fumions de l'herbe dans les coulisses avec Phil Lesh, David Crosby, Terry Haggerty, et je consommais du 420. Ça a filtré à travers les gens des coulisses et ça a filtré dans la communauté Grateful Dead. Et c'est comme ça que ça a commencé à entrer dans le lexique de la communauté Dead.
Steve, étiez-vous au courant que le 420 était utilisé par la communauté Grateful Dead ?
Capper : Eh bien, Waldo Mark, son père s'occupait des besoins immobiliers des Grateful Dead. Ils avaient besoin d'endroits pour répéter, d'endroits pour stocker leur matériel. Ils avaient toute une organisation à soutenir, et ils avaient besoin de bureaux. Ils achetaient des maisons dans les collines du comté de Marin. Le père de Mark disait : "Hé, ils partent en tournée. Ils ont besoin de quelqu'un pour garder leur maison et s'occuper de leurs animaux."
Le père de Mark nous mettait sur la liste des invités, on était dans les coulisses avec eux et on utilisait ce terme. On leur passait un joint et on utilisait le terme "420".
High Times Magazine a écrit sur le 420 en 1991. Comment cela s'est-il produit ?
Capper : Les célébrations du 420 ont eu lieu pendant des années à un niveau plus petit ici dans le comté de Marin.
Reddix : Et c'est devenu public parce que l'un des rédacteurs de High Times, en 1991, était à un concert de Grateful Dead, et il a vu un prospectus qui disait, "Retrouvez-nous pour célébrer le 420 le 20 avril au sommet du Mont Tamalpais sur Bolinas Ridge."
Ils ont fait un petit article là-dessus. Et puis ils ont commencé à utiliser 420 dans leurs articles et à y faire référence.
"Les gens sont prompts à oublier cela à cause de l'environnement actuel. La marijuana était certainement illégale. Les conséquences étaient très réelles", se souvient Steve Capper.
(Alanna Hale / Pour le Times)
Comment avez-vous ressenti les célébrations du 420 ?
Capper : [Les célébrations] ont été en quelque sorte le point de départ de la légalisation de la marijuana. C'était le début de l'activisme [de la marijuana] et de la riposte. Les médias ont commencé à rendre compte de ces rassemblements et, soudain, le 20 avril est devenu une sorte de forum dans les médias pour discuter de la suppression des drogues et de la légalisation de la marijuana.
Reddix : Et [un exemple précoce] de légalisation de la marijuana en Californie était le SB 420.
Capper : Donc, à cet égard, 420 a certainement été un catalyseur pour la légalisation et la réforme.
Vous avez écrit une lettre à High Times ?
Reddix : Nous avons contacté Steven Hager de High Times en 1998. Il est venu ici et nous a rendu visite. Nous l'avons emmené dans tous les endroits où nous aimions aller. Et puis il est revenu et a écrit cet article, et puis il est allé à la télévision avec ABC News, et il a dit, "J'ai trouvé les gars qui ont commencé."
Et en [2002], quand le L.A. Times a fait un article sur nous, c'était déjà semi-connu. Mais encore, beaucoup de gens ne savent pas qui a commencé.
Capper : Je lui ai écrit une lettre qui disait, "Hey, tout le monde pense que ce truc de 420 est un code de police. C'est des conneries. Ce n'est pas le moment où Jerry Garcia est mort. Ce n'est pas le nombre de composés chimiques dans la marijuana. Et nous avons des preuves physiques, des preuves, qui remontent aux années 1970."
Reddix : Nous lui avons montré ces lettres. Une lettre que j'ai écrite à Steve au début des années 70, quand il était à San Diego State. Je lui ai raconté comment j'ai eu ce job avec le groupe de Phil Lesh et que je me défonçais avec David Crosby. J'ai roulé un joint et je l'ai écrasé. Je l'ai mis dans l'enveloppe et j'ai dit à la fin de la lettre : "Un petit 420 pour ton week-end."
Une lettre du début des années 70 écrite par Dave Reddix à Steve Capper après que ce dernier ait quitté San Rafael pour l'université d'État de San Diego. La lettre comprenait un joint et un post-scriptum disant : "Un petit 420 ci-joint pour votre week-end."
(Steve Capper)
Comment les gens ont-ils essayé de faire des trous dans votre histoire ?
Capper : Nous n'avions jamais rencontré les gardes-côtes qui cultivaient l'herbe et les gens ont commencé à dire qu'il n'y avait pas de gardes-côtes.
Nous avons passé six ans à essayer de trouver [le frère de mon ami qui lui a donné la carte], à essayer de le retrouver. Et après six ans [en 2016], nous l'avons retrouvé. Il vivait sans abri dans les rues de San José. Nous l'avons retrouvé dans un rayon d'environ 5 km. Alors, j'ai engagé cette détective privée pour aller là-bas et voir si elle pouvait le trouver, et elle y est arrivée.
Le Super Bowl se déroulait à [Santa Clara cette année-là], et ils voulaient chasser tous les sans-abri de San Jose pour que la ville ait l'air propre. J'ai trouvé une boîte postale qu'il avait, et nous avons écrit à la boîte postale et dit, "Hey, nous savons que vous n'allez pas avoir un endroit où rester. Ils veulent expulser tous les sans-abri de la ville. Nous pouvons vous loger dans un hôtel pendant une semaine si vous voulez bien nous rencontrer et nous raconter votre version de l'histoire et ce dont vous vous souvenez."
Reddix : Nous avons pris contact avec [lui] et il nous a raconté son histoire. Il a dit qu'à l'époque, il travaillait dans un ranch tout près du phare.
Capper : Il a rejoint la réserve des garde-côtes.
Reddix : Et c'est pourquoi il voulait se débarrasser de cet écusson parce qu'il pensait qu'il serait arrêté ou renvoyé de la réserve.
Capper : L'un des principaux objectifs, parce que les gens doutaient de notre histoire, était d'obtenir ses dossiers de garde-côtes, et il l'a autorisé. Nous avons donc 166 pages de dossiers des garde-côtes américains prouvant qu'il était dans les garde-côtes en 1971 à cet endroit.
Y a-t-il eu un moment où vous avez senti que vous ne vouliez pas être associé au 420 ?
Reddix : Au tout début, aucun d'entre nous ne le voulait. Mais ensuite Steve et moi avons décidé de dire : "Hé, c'est à nous, nous devons le garder. Nous devrions le revendiquer."
Mais les trois autres Waldo, ils avaient des enfants à l'école, et ils ne voulaient pas être stigmatisés comme parents de marijuana. Alors, ils se sont tus jusqu'en 2012.
Qu'avez-vous prévu pour le 420 cette année ?
Capper : Il y a un artiste rock très célèbre. Son nom est Stanley Mouse. Il a fait toutes ces affiches du Fillmore dans les années 60. Il a fait une grande partie du travail artistique de Grateful Dead. C'est un ami de Larry, et il a fait une œuvre d'art que nous allons publier en tant que NFT le 4/20.
Reddix : Lorsque Larry a demandé à [Mouse], "Voulez-vous faire un NFT pour nous ?" Il a répondu : "Bon, d'accord, je pourrais le faire. Mais voici ce que je pense des NFT. Ça veut dire 'rien du tout'."
Capper : De plus, nous avons été occupés à essayer d'entrer en contact avec des cinéastes qui partageraient la vision de notre histoire, l'histoire de fond étendue et ses effets sociologiques.
Fumez-vous encore ?
Reddix : Nous fumons tous, mais pas quotidiennement.
Est-ce que les Waldo se réunissent pour le 420 ?
Reddix : Nous nous réunissons habituellement et parfois nous allons à la brasserie Lagunitas (Lagunitas-Heineken sort une ale spéciale Waldos pour le 4/20). Mais l'année dernière, pendant la pandémie, nous ne pouvions pas nous voir. Waldo, Larry et moi avons virtuellement fumé un joint ensemble sur FaceTime.
Que pensez-vous de la culture du cannabis en Californie en ce moment ?
Reddix : Eh bien, je pense que nous devons l'embrasser, mais ce n'est plus comme avant. Il n'y a pas la même ambiance que lorsque nous le faisions, mais il y a toujours une ambiance de communauté et de camaraderie.
Capper : Habituellement, il y a un bon esprit dans les dispensaires. Mais dans la mesure où il s'agit d'un simple magasin de détail, avec du marketing et des transactions financières, je préférerais que l'ambiance aille dans un de ces endroits qui ont le sentiment de recharge des années 70. La bonne volonté, la convivialité, la gentillesse, la tolérance. J'espère que ce genre d'esprit continuera à animer le secteur.
Vous vous réunissez souvent ?
Reddix : Nous nous parlons tous les jours ou tous les deux jours, et nous partons encore en safari de temps en temps.
Capper : Nous avons assisté aux mariages des uns et des autres, aux remises de diplômes de nos enfants, aux bat mitzvahs. C'est certainement une famille. Toute cette histoire montre que 420 n'est que la partie émergée de l'iceberg de l'histoire et de la culture Waldo.
Dave Reddix, Steve Capper et les autres Waldo restent des amis qui se parlent tous les jours ou tous les deux jours.
(Alanna Hale / Pour le Times)