Un colloque à Strasbourg pour débattre du cannabis sur ordonnance
Par Manuel de la gavotte, dans Thérapeutique,

Quelque 120 médecins, chercheurs, avocats ou juristes sont attendus vendredi à Strasbourg pour débattre des utilisations médicales du cannabis ou de ses dérivés, et prôner un assouplissement de la législation en la matière.
Cette rencontre, dans une salle du Parlement européen, survient quelques jours après une nouvelle polémique sur la dépénalisation du "pétard", mais les organisateurs assurent que les deux débats n'ont rien à voir.
 
"Nous voulons évoquer le cannabis en tant que médicament, et pas le cannabis récréatif", a expliqué à l'AFP le Dr Patrick Spiess, médecin généraliste à Strasbourg et membre de Action Sida Ville, une association d'aide aux malades du sida.
Les cannabinoïdes peuvent être utilisés en médecine comme antalgique, pour soulager les nausées ou certains symptômes de la sclérose en plaque, voire pour traiter l'anorexie ou l'obésité, énumère-t-il.
"Dans le cas des opiacés, la morphine est utilisée couramment comme antidouleur, alors que l'héroïne, de la même famille, est illicite. Pourquoi ne pourrait-il pas en être de même pour le cannabis et ses produits dérivés thérapeutiques?" demande le médecin.
Aux Pays-Bas, mais également en Allemagne, Espagne, Italie, Suisse ou au Royaume-Uni, l'usage des médicaments à base de cannabis, sous forme de comprimés ou de sirops, est beaucoup plus souple, rappelle le Dr Spiess, qui reconnaît défendre des positions très minoritaires en France.
Parmi les intervenants attendus au colloque - co-organisé par l'Union francophone pour les cannabinoïdes en médecine (UFCM) -, plusieurs médecins ou chercheurs présenteront les effets bénéfiques du cannabis pour le traitement de la douleur, des maladies inflammatoires de l'intestin, ou de la sclérose en plaque.
Les organisateurs ont également prévu de donner la parole à des patients. Parmi eux, Jean-Jacques Simon, 53 ans, séropositif et traité par trithérapie depuis 19 ans, qui affirme utiliser cette plante pour "améliorer (son) moral et (lui) ouvrir l'appétit". Jugé à Bourges pour contrebande et transport de près d'un demi-kilo de cannabis, il a été relaxé en avril.
Le traitement au cannabis lui avait été recommandé par son médecin, dans le cadre de la procédure complexe dite de l'ATU (autorisation temporaire d'utilisation). Une procédure dont les partisans du cannabis sur ordonnance demandent la simplification.
 
Source: AFP via Le parisien
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Du CANNABIS à la SCHIZOPHRÉNIE: Une explication génétique ?
Par mrpolo,
Un gène impliqué dans le risque de schizophrénie, également associé au risque d’addiction au cannabis, soulève la possibilité de certaines contributions génétiques communes à ces deux troubles, selon cette étude de l’Université du Texas, publiée dans la revue Biological Psychiatry.
 
Alors que l’association entre psychose et dépendance au cannabis est déjà suggérée, deux hypothèses sont défendues, la relation de cause à effet et, dans cette étude, le lien génétique.
 
Si de nombreuses recherches sont déjà en cours sur les gènes de susceptibilité de la dépendance au cannabis, cette recherche de Han Shizhong et ses collègues implique un nouveau gène dans le risque de dépendance au cannabis, NRG1, codant pour le récepteur ErbB4, une protéine impliquée dans le développement et la fonction synaptique.
 
Les auteurs ont analysé des données génétiques de familles afro-américaines et européennes et ont identifié un signal fort sur le chromosome 8p21 sur des participants Afro-Américains. Ensuite, en analysant tout un ensemble de données d'études d’association génomique, c’est-à-dire les des variations dans le génome humain associées à la susceptibilité à la dépendance, les chercheurs ont identifié une variante génétique de NRG1 qui montre des preuves cohérentes d’association pour les deux communautés, Afro-Américaine et Américaine d'origine européenne. Puis ils ont validé cette même variante sur un échantillon indépendant de participants Afro-Américains. Leurs résultats confirment que NRG1 peut être un gène de susceptibilité pour la dépendance au cannabis.
 
L’étude suggère donc un lien entre la génétique de la schizophrénie et la génétique de la dépendance au cannabis. Car NRG1 est bien impliqué et par toute une série d'études génétiques dans le risque héréditaire de schizophrénie. Des études sur tissu cérébral post-mortem ont également suggéré que la régulation de NRG1 est modifiée dans le cerveau des personnes atteintes de schizophrénie.
 
Ainsi, ces résultats actuels pourraient contribuer à expliquer le lien déjà établi entre la consommation de cannabis et le risque de schizophrénie, alors qu’un certain nombre d'études épidémiologiques ont attribué l'association cannabis-schizophrénie aux effets du cannabis sur le cerveau plutôt qu’au lien génétique. « Les données actuelles soutiennent l’hypothèse de contributions génétiques communes à ces deux troubles», commente le Dr John Krystal, rédacteur en chef de la revue.
 
Source: Biological Psychiatry doi: 10.1016/j.biopsych.2012.02.038 October 15, 2012
Linkage Analysis Followed by Association Show NRG1 Associated with Cannabis Dependence in African Americans (Visuel Fotolia)
 
santelog.com
 
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Au Swaziland, des grands-mères productrices de cannabis
Par mrpolo,
Ce petit pays enclavé dans l'Afrique du Sud est décimé par la pauvreté et le sida. Les grands-mères se retrouvent à cultiver de la drogue pour subvenir aux besoins de leurs petit-fils orphelins.
 
Après la mort de ses filles, Khathazile n’a pas hésité à recueillir ses 11 petits-enfants orphelins.
 
C’est ce que font toutes les gogo (grands-mères) au Swaziland, un pays où le taux de prévalence du sida - le plus élevé au monde - a laissé une myriade d’enfants sans mère. "Dieu nous viendra en aide", prophétise-t-elle. Peut-être. Mais Khathazile a une assurance pour le cas où l’intervention divine échouerait : Swazi Gold, une souche de cannabis aux effets puissants, très prisée sur le florissant marché des stupéfiants de l’Afrique du Sud toute proche.
 
Pour pouvoir nourrir, habiller et scolariser sa ribambelle de petits-enfants, la vieille dame en cultive sur un lopin de terre situé en pleine forêt, au sommet d’une colline éloignée. “Sans cela, on mourrait de faim”, confie-t-elle en demandant à être désignée sous son second prénom. Khathazile fait partie des milliers de paysans de ce petit royaume d’Afrique australe qui, selon des organisations humanitaires, parviennent tout juste à survivre en produisant du cannabis, une plante relativement robuste et facile à cultiver.
 
Difficile de trouver un emploi
 
Elle-même ne se considère pas comme un maillon de la vaste chaîne mondiale des producteurs de drogue, comme les cultivateurs de pavot en Afghanistan ou de coca en Amérique latine. Elle doit simplement penser à ses petits-enfants et elle ne s’est lancée dans cette culture qu’après avoir échoué dans d’autres. “Si vous faites pousser du maïs ou du chou, les babouins les mangent”, explique-t-elle.
 
Officiellement, le Swaziland, dernière monarchie absolue d’Afrique, est un pays à revenu intermédiaire, mais une profonde pauvreté continue de régner dans les campagnes environnant Piggs Peak, une ville poussiéreuse située dans le nord-ouest montagneux du pays. Il ne pousse pas grand-chose sur le sol rocheux de la région et il est difficile d’y trouver un emploi. De nombreux jeunes migrent vers les deux grandes villes du pays, Mbabane [capitale] et Manzini, ou vers l’Afrique du Sud voisine pour y chercher du travail. Ils laissent derrière eux un grand nombre de femmes âgées et d’enfants.
 
La mise au point de traitements de choc a certes permis d’infléchir la courbe de la mortalité due au sida, mais la maladie a touché pratiquement toutes les familles, obligeant les aînés des fratries à s’occuper des cadets et de frêles grands-mères à se lancer à nouveau dans l’éducation de jeunes enfants. C’est ce qui s’est produit pour Khathazile. En 2007, sa fille Tensile est morte à l’âge de 24 ans, en laissant derrière elle quatre orphelins. Deux ans plus tard, une autre de ses filles, Spiwe, a succombé, ce qui a lui a valu trois bouches de plus à nourrir. Puis, en juillet, c’est sa fille Nomsa qui s’est éteinte, en lui confiant ses quatre enfants. Khathazile n’a pas eu d’autre choix que d’accueillir tout ce petit monde dans l’unique pièce dont se compose sa hutte. “Je ne pouvais pas les abandonner”, dit-elle.
 
Toutes les familles comme la sienne luttent pour joindre les deux bouts. “La majeure partie des gens sont tributaires de la pluie pour leurs cultures”, commente Tshepiso Mthimkhulu, un responsable de la Croix-Rouge du Swaziland, basée à Piggs Peak. “Beaucoup d’orphelins et de veuves parviennent tout juste à survivre.” Il y a donc un marché pour des sources de revenus alternatives. Selon les Nations unies, l’Afrique du Sud fait état d’un accroissement de la consommation de marijuana et le Swaziland apparaît comme un enthousiaste fournisseur.
 
En 2010, ce pays d’à peine 1,4 million d’habitants possédait davantage de superficies consacrées à la culture du cannabis que l’Inde, un pays 180 fois plus grand. Sibongile Nkosi, 70 ans, a commencé à cultiver du cannabis avant même que sa fille ne meure en laissant deux orphelins à sa charge. Elle avait entendu dire par d’autres femmes de son village, situé non loin de Piggs Peak, que cette plante rapportait pas mal d’argent. “J’ai mis les semences dans le sol, je les ai arrosées et elles ont poussé”, raconte-t-elle à propos de sa première récolte. “Ça m’a permis de nourrir mes enfants.”
Un travail épuisant
 
Cependant, même si la culture du cannabis représente une certaine garantie, les grands-mères de Piggs Peak sont loin d’être des barons de la drogue. D’abord, elles doivent trouver un endroit secret au milieu de la forêt, à des heures de marche de leur village. Puis il leur faut défricher une parcelle, ce qui est épuisant même pour des femmes habituées à travailler dur. Elles doivent aussi acheter des semences et de l’engrais. Enfin, elles doivent tailler soigneusement les plantes pour qu’elles produisent des fleurs et surveiller les mauvaises herbes. Il y a aussi la police.
 
En mars et en avril, juste avant la récolte, des agents cherchent les champs de cannabis pour y mettre le feu et les grands-mères se retrouvent les mains vides. Une bonne récolte peut représenter 12 kilos de cannabis. Mais les grands-mères vendent leur production à des intermédiaires qui sillonnent la région à la saison des récoltes. Comme elles ne sont pas en position de négocier, la plupart en retirent moins de 400 dollars [309 euros].
Besoin d'argent tout de suite
 
“Des hommes viennent d’Afrique du Sud pour acheter nos récoltes, mais ils nous escroquent”, raconte Mme Nkosi. “Que faire ? Si on garde notre cannabis, la police peut venir nous arrêter.” Les cultivateurs les plus entreprenants enterrent une partie de leur production dans des barils étanches au fond des bois et les conservent jusqu’au mois de décembre, quand les stocks s’épuisent et que les prix montent. Mais la plupart des grands-mères ont besoin d’argent tout de suite et pas dans six mois.
 
Mme Nkosi dit n’avoir jamais été tentée de goûter au cannabis. “Ça saoule !”, s’exclame-t-elle. “Si j’essayais, je tomberais par terre.” Bien que sa famille en vive, elle se demande si le jeu en vaut la chandelle. “Je ne veux plus en cultiver”, dit-elle. “On gagne trop peu d’argent.” Mais alors que la saison de la plantation commence, elle se prépare pour une autre récolte. Les frais de scolarité pour ses deux petits-enfants vont approcher les 400 dollars l’an prochain et elle n’a pas d’autre moyen de subsistance. “Quand on est pauvre, on doit faire ce qu’on peut pour vivre”, explique-elle. “Si je gagne un tant soit peu, je serai contente.”
 
The New York Times | Lydia Polgreen
 
Source: Courrier International
 
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Marijuana à Oakland: les raids anti-canna d'Obama
Par mrpolo,
(Oakland) Depuis des décennies, Oakland, en Californie, est à l'avant-garde du mouvement pour libéraliser l'usage du cannabis: on y trouve d'ailleurs le plus grand dispensaire de marijuana médicale aux États-Unis. Ici, les militants voyaient l'arrivée au pouvoir du président Obama comme un signe positif. Puis les raids ont commencé.
 
On ne perçoit pas d'effluves de marijuana sur les trottoirs d'Oakland, mais l'herbe fait sentir sa présence partout: dans les logos verts des dispensaires, à travers les vitrines des vendeurs de pipes à haschisch de Telegraph Avenue, sur la murale grande comme un pâté de maisons de l'Oaksterdam University, «l'université du cannabis», en plein centre-ville.
 
Rendez-vous dans l'une des cliniques d'Oakland et plaignez-vous de maux de dos ou d'insomnie, vous repartirez avec l'autorisation, délivrée par l'État, d'acheter et de faire pousser de la marijuana, un remède légalisé depuis 1996 en Californie.
 
«Depuis des années, Oakland est à l'avant-garde du mouvement pour libéraliser l'usage du cannabis, explique Jeff Jones, directeur général du Patient ID Center, qui milite pour la marijuana thérapeutique depuis des années. On peut dire qu'ici, on se battait pour ça avant que ce soit cool de se battre pour ça.»
 
Les résultats de cette bataille sont visibles dans un quartier industriel près du port d'Oakland, où se trouve le Harborside Health Center, le plus grand dispensaire de marijuana médicale des États-Unis, voire du monde. Dans un hangar anonyme protégé par ces caméras de surveillance et des gardiens, le centre emploie 125 personnes et sert des milliers de patients. En 2011, il a réalité un chiffre d'affaires de 30 millions, dont 3,5 millions ont été payés en taxes à la Ville et à l'État de la Californie.
 
À quelques semaines de l'élection présidentielle, les militants d'Oakland devraient être en train de travailler à la réélection du président Obama, ancien fumeur de cannabis qui s'était engagé à faire progresser la cause de la marijuana thérapeutique en laissant les États gérer eux-mêmes la question.
 
Or, ces jours-ci, les militants n'ont pas le coeur à la fête. Ils se battent pour leur survie.
 
Le raid
 
Le matin du 2 avril dernier, des dizaines d'agents armés et masqués de la Drug Enforcement Agency (DEA) et du département de la Justice ont débarqué au centre-ville d'Oakland.
 
Ils ont vite investi l'Oaksterdam University, ouverte en 2007 par le militant Richard Lee, qui enseigne comment cultiver la marijuana à des fins médicales et en faire le commerce.
 
Les autorités n'ont pas expliqué pourquoi elles menaient un raid dans l'école et le dispensaire autorisé qui s'y rattachait. L'école a dû remercier 45 employés, et 63 autres personnes qui travaillaient dans des commerces liés à l'école ont perdu leur emploi.
 
Cinq mois plus tard, Dale Sky Jones, directrice d'Oaksterdam University, ne sait toujours pas pourquoi le gouvernement a fait fermer l'établissement.
 
«Le DEA dit que l'attestation d'exécution est sous scellé, dit-elle en entrevue. Or, personne n'a été arrêté, et personne n'a été accusé de quoi que ce soit. Mais ils ont saisi notre matériel, nos ordinateurs, tout.»
 
Le geste est une gifle, dit-elle, car l'école avait d'excellents rapports avec la Ville et la police municipale. «Si les feds attaquaient des commerces qui sont mal gérés ou qui enfreignent la loi, nous serions pour. Mais ils s'attaquent aux gens sérieux et responsables qui ouvrent la voie, des gens rigoureux qui établissent les meilleures normes dans le milieu.»
 
L'Oaksterdam University donne actuellement ses cours dans d'autres édifices, et d'anciens employés agissent à titre bénévole.
 
Puis, le 12 juillet, les autorités fédérales ont placardé un avis dans la porte du Harborside Health Center: le gouvernement ordonne au commerce de fermer ses portes sous prétexte qu'il est devenu un «supermarché» du cannabis thérapeutique et qu'il contrevient à l'esprit de la loi californienne.
 
La Ville d'Oakland, qui compte sur les revenus du commerce pour boucler son budget, a vivement dénoncé l'affaire. «Nous n'avons pas les moyens de perdre cet argent, de gaspiller les ressources de police de la Ville et de perdre les emplois que le centre a créés», a déclaré la conseillère municipale Rebecca Kaplan dans un point de presse à l'hôtel de ville.
 
Mike, employé du Harborside Health Center qui joue le rôle d'«ombudsman» et qui a préféré taire son nom de famille, explique que l'annonce du gouvernement a fait peur tant aux employés qu'aux patients du centre. «Le département de la Justice fait fermer les petits dispensaires de la région, puis il nous accuse de connaître une croissance trop rapide. Cette approche ne tient pas la route», dit-il.
 
Bush devant Obama
 
Jeff Jones, directeur du Patient ID Center, estime que les positions économiques et sociales du président Obama sont louables. Il se dit toutefois déçu par l'ingérence de son administration dans le dossier de la marijuana thérapeutique en Californie, particulièrement depuis quelques mois.
 
«Nous avons eu plus de descentes en trois ans sous Obama qu'en huit ans sous George W. Bush, dit-il. Les républicains n'ont rien à gagner à nous attaquer. Les démocrates, en revanche, veulent montrer qu'ils ne sont pas faibles. Ils font des descentes pour montrer au reste du pays qu'ils ne s'en laissent pas imposer par les hippies de Californie. C'est lamentable.»
 
Les États, rappelle-t-il, ont le pouvoir de légiférer sur la construction des barrages hydroélectriques et la gestion des déchets nucléaires. «Mais ils ne sont pas assez responsables aux yeux de Washington pour s'occuper du pot? Ça montre à quel point le gouvernement fédéral erre lorsqu'il use de cet argument.»
 
Ces jours-ci, M. Jones donne à ses clients un prospectus où l'on voit le visage souriant du président et une phrase qu'il a prononcée le 23 mars 2008, durant sa campagne contre John McCain, au sujet de la marijuana médicale: «Je ne vais pas utiliser les ressources du département de la Justice pour essayer de contourner les lois des États dans ce dossier.»
 
Depuis, Barack Obama a modifié légèrement son discours. Dans une entrevue accordée au magazine Rolling Stone, en avril, il a affirmé: «Je me suis engagé à ne pas faire de l'arrestation des gens qui utilisent la marijuana thérapeutique une priorité. Mais je ne peux demander au département de la Justice de passer outre aux lois fédérales.»
 
M. Jones trouve ironique le fait qu'Obama, qui a lui-même admis avoir fumé du cannabis et consommé de la cocaïne, montre si peu d'empressement à faire évoluer le dossier de la marijuana thérapeutique.
 
«Obama a eu de la chance de n'avoir jamais été arrêté quand il fumait du pot, dit-il. S'il l'avait été, il n'aurait jamais pu devenir président.»
 
 
Barack Obama, «l'Intercepteur»
 
Barack Obama a plusieurs fois admis qu'il avait fumé de la marijuana durant sa jeunesse.
 
Or, il semble que le président américain ait eu une relation particulièrement intense avec l'herbe interdite.
 
Dans une nouvelle biographie intitulée Barack Obama: The Story, publiée en juin, l'auteur David Maraniss, lauréat du prix Pulitzer, explique que le jeune Obama, au temps où il fréquentait l'école secondaire Punahou, à Hawaii, et l'Occidental College, à Los Angeles, dans les années 70, était «connu pour être à l'origine de nouvelles modes dans la consommation de marijuana».
 
Une de ses idées consistait à fumer dans une voiture en prenant soin de fermer les fenêtres. «Quand le joint était fini, Obama et ses amis renversaient la tête et aspiraient les dernières traces de fumée au plafond, écrit l'auteur. Gaspiller de la bonne fumée de marijuana n'était pas toléré, selon un camarade de classe d'Obama.»
 
À cette époque, précise l'auteur, Obama était surnommé «l'Intercepteur» parce qu'il avait l'habitude d'intercepter les joints qui circulaient. «Il jouait du coude et, au lieu d'attendre son tour, criait "intercepté! " et inhalait une autre fois.»
 
David Maraniss prend soin d'ajouter que le fait qu'Obama et ses amis consommaient de la marijuana n'a pas fait d'eux de mauvais élèves pour autant. «En fait, plusieurs des amis de la bande étaient des élèves appliqués et des athlètes qui ont eu des carrières productives comme avocats, écrivains et hommes d'affaires», écrit-il.
 
 
 
Plus de 500 économistes contre la prohibition
 
Les finances américaines seraient en meilleur état si le pays décidait de légaliser et de taxer la marijuana.
 
C'est ce qu'affirme une lettre ouverte signée par plus de 500 économistes américains, dont l'un des plus influents du XXe siècle, feu Milton Friedman, ainsi que deux lauréats du prix Nobel d'économie.
 
«Cesser la prohibition de la marijuana ferait épargner 7,7 milliards par année au gouvernement américain. Si la marijuana était taxée comme un bien de consommation, on en tirerait des revenus de 2,4 milliards par année. Si elle était taxée comme l'alcool et le tabac, les revenus grimperaient à 6,2 milliards annuellement.»
 
Les signataires disent vouloir «lancer un débat ouvert et honnête» sur la prohibition de la marijuana, une politique qui «a donné des bénéfices minimaux mais qui a pu causer des torts substantiels».
 
Au moins, le débat «forcerait les gens qui défendent la politique actuelle à montrer que les bénéfices sont suffisants pour justifier les coûts payés par les contribuables, de même que le manque à gagner en taxes.»
 
La pétition a été lancée par Jeffrey A. Miron, professeur d'économie à l'Université Harvard et auteur du rapport intitulé L'impact budgétaire de la prohibition de la marijuana.
 
Sur le Net: Prohibitioncosts.org
 
Photo : Pénélope Fortier, collaboration spéciale La Presse - Un mur à l'intérieur du Patient ID Center, à Oakland, en Californie.
 
Par Nicolas Bérubé
 
Source: La Presse.ca
 
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Mazamet. Ils attaquent une serre de cannabis
Par mrpolo,
Scène hallucinante dans la nuit de lundi à mardi, en plein centre de Mazamet : trois jeunes avaient pris d'assaut un immeuble pour s'approprier une grosse production de cannabis. Le cultivateur a dû faire appel à la police.
 
C'est la puissante odeur de cannabis qui s'exhalait d'une habitation de la rue Prat qui a déclenché convoitise et hostilités. Les policiers mazamétains ont été prévenus par le voisinage, mardi vers 1 h 30 du matin, qu'une violente bagarre se déroulait devant l'immeuble. Une banale intervention de police-secours pour un différent, rien que de banal. Mais, sur place, les policiers se trouvaient en présence de 3 individus particulièrement excités qui tentaient de casser la porte d'entrée. Dans le même temps, les passagers d'une BMW arrivaient en renfort des assaillis, ajoutant à la confusion et la violence générale.
 
 
Une serre de production et de conditionnement
L'odeur caractéristique confirmait en outre la présence évidente, à l'intérieur, d'une grande quantité de cannabis. Un des protagonistes tentait d'ailleurs de s'enfuir par les toits, avec une partie du produit illicite, tout en dérobant au passage le sac à main d'une des voisines.
 
L'occupant des lieux reconnaissait devant les policiers qu'il cultivait du cannabis chez lui, ce qui explique l'expédition de ses assaillants. Ces derniers, deux mineurs et un majeur étaient placés en garde à vue. Le producteur de stups «victime» était lui aussi interpellé et son domicile faisait l'objet au matin d'une minutieuse perquisition.
 
Outre la somme de 500 €, les enquêteurs découvraient un grenier bien aménagé. Une partie en serre chauffée à 30°, éclairée, entourée de panneaux isolants servait au bouturage pour 11 plants de cannabis, l'autre partie contenaient 13 plants en culture enfin une vaste zone de séchage présentait 5 kg d'herbe de cannabis prêts à la vente.
 
Au matin, le fuyard se livrait au commissariat pour être placé en garde à vue pour trafic de drogue. L'enquête a déterminé que l'occupant des lieux avait investi 800 à 1 000 € pour l'achat des graines, du matériel spécifique acquis en Espagne et se livrait à cette culture depuis plusieurs mois. Une revente locale était effectuée dont l'ampleur sera établie par l'enquête. Deux convocations devant le tribunal correctionnel ont été délivrées pour trafic de stupéfiants. Les 5 personnes impliquées dans les violences et la tentative de vol avec effraction font l'objet d'une procédure parallèle qui tentera de déterminer le rôle et l'implication de chacun. Tous sont connus des archives de la police. Enfin, tout le cannabis saisi ainsi que le matériel de culture ont été détruits sur ordre du parquet, un échantillon permettra les analyses éventuelles.
 
Source: la depeche
 
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Ces malades qui, face à la douleur, consomment du cannabis
Par mrpolo,
PARIS - Malgré l'interdiction, des malades consomment déjà du cannabis à des fins thérapeutiques, soulignent des associations qui attendent beaucoup du gouvernement, au moment où une étude souligne ses effets bénéfiques sur la sclérose en plaques.
 
Un essai réalisé en Grande-Bretagne sur 279 patients tend à démontrer que la consommation d'extrait de cannabis en cachets permet aux personnes souffrant de sclérose en plaques, de diminuer leur raideur musculaire, de moins souffrir et de mieux dormir.
 
L'ancien ministre socialiste de l'Intérieur Daniel Vaillant a exhorté vendredi son parti à s'engager sur la légalisation du cannabis thérapeutique qui permet de soulager des hommes et des femmes souffrant de maladies neurodégénératives, de certains cancers ou du sida.
 
La loi française interdit d'acheter, consommer, détenir, donner, revendre ou cultiver du cannabis. Le produit est classé parmi les stupéfiants dénués d'intérêt médical et ne peut donc être prescrit, rappelle la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT).
 
Pourtant, à l'étranger, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas, ou encore certains états américains admettent la prescription de médicaments issus du cannabis, souligne Jean-Pierre Galland, porte-parole du Collectif d'information et de recherches cannabiques (CIRC).
 
L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), qui estime que 1,2 million de personnes sont des usagers réguliers de cannabis, ne dénombre pas ceux qui le font à usage thérapeutique.
 
Pour Farid Ghéhiouche, porte-parole du collectif Cannabis sans frontière, peut-être un million de personnes utilisent le cannabis pour apaiser leurs douleurs, comme celles souffrant de maladies dégénératives, de sclérose en plaque, de lupus, de polyarthrites rhumatoïdes, celles sous chimiothérapie ou séropositives.
 
Parcours du combattant
 
Or seuls les patients disposant d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU), délivrée par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), peuvent consommer, sans être poursuivis, un médicament contenant du THC (substance active du cannabis), le Marinol.
 
Fin octobre 2011, un peu plus d'une centaine d'ATU avaient été accordées pour ce médicament, et moins d'une cinquantaine refusées, selon l'ANSM.
 
Mais la demande, qui doit être faite avec l'appui de son médecin, est un parcours du combattant, et la plupart des usagers préfèrent fumer la plante, car le Marinol n'est pas assez puissant, affirme Jean-Pierre Galland.
 
Lorsque les pathologies sont lourdes, les traitements sont aussi importants et le cannabis soulage les dommages collatéraux, explique Fabienne Lopez, présidente de l'association Principes actifs, qui regroupe des malades consommant du cannabis.
 
Elle-même sous chimiothérapie après un cancer, elle souffrait de démangeaisons qui la faisait se gratter jusqu'au sang, et de crampes en permanence: J'ai découvert que si je fumais du cannabis, je n'avais plus de crampes ni de démangeaisons.
 
Faute de pouvoir obtenir et consommer légalement, de nombreux malades sont dans l'illégalité, d'autant que beaucoup se lancent dans la plantation, note Fabrice Olivet, de l'association Asud (Autosupport des usagers de drogue).
 
C'est le cas de Fabienne Lopez, qui cultive uniquement pour sa consommation. Son médecin traitant la soutient et lui a écrit une lettre justifiant sa consommation de cannabis. Mais ce document n'a aucune portée légale.
 
On parle souvent des deux ou trois personnes qui ont été jugées et dispensées de peine ou relaxées, mais la majorité sont condamnées à du sursis avec mise à l'épreuve et à des amendes, dit-elle.
 
 
source: Romandie.ch
 
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Le cannabis pourrait atténuer la raideur musculaire dans la sclérose en plaques
Par mrpolo,
Des extraits de cannabis permettent d'atténuer la raideur musculaire chez des patients atteints de sclérose en plaques, selon les résultats d'une étude rendus publics,
 
Près de 90 % des malades atteints de sclérose en plaques souffrent de raideur musculaire à un moment donné de leur maladie, ce qui réduit leur mobilité et leur qualité de vie. Selon la revue médicaleJournal of Neurology, Neurosurgery and Psychiatry, une étude de phase 3 – la dernière étape d'un processus visant à approuver un nouveau médicament ou une nouvelle thérapie – a été réalisée sur 279 patients britanniques pendant 12 semaines.
 
EFFETS SECONDAIRES
 
Les patients étaient divisés en deux groupes, les uns recevant des cachets de tetrahydrocannabinol, un extrait de cannabis, et les autres un placebo. Les doses ont été régulièrement augmentées de 2,5 mg à une dose maximum de 25 mg au bout de 15 jours, une dose maintenue pendant le reste du test. A la fin de l'étude, 29,4 % des patients inclus dans le groupe cannabis ont fait état d'une atténuation de leur raideur musculaire contre 15,7 % dans le groupe témoin.
 
Le changement était perceptible dès la 4e semaine et s'étendait également à la douleur et à la qualité du sommeil. L'amélioration était la plus significative chez les patients qui ne prenaient pas de traitement antispasmodique, avec un taux de réponses positives atteignant 40 % chez les patients prenant des extraits de cannabis. Les effets secondaires étaient en revanche supérieurs dans le groupe cannabis et concernaient principalement des problèmes intestinaux et des troubles du système nerveux.
 
La sclérose en plaques est une maladie neurologique auto-immune qui affecte le cerveau, le nerf optique et la moelle épinière. Elle altère la transmission des influx nerveux et se manifeste par poussées, aboutissant au bout de quelques années à une pathologie très invalidante. "Nos résultats confirment les résultats de deux autres études qui avaient déjà montré une réduction significative de la spasticité [augmentation exagérée du tonus musculaire] chez des patients traités par un extrait de cannabis", relèvent les auteurs de l'étude dirigée par John Peter Zajicek, du groupe de recherche britannique sur la neurologie clinique.
 
 
 
 
Source: Le Monde
 
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Bientôt des "cannabistrots" ?
Par mrpolo,
En trois mois, la France a vu naître 150 «Cannabis social clubs». Un adhérent commente l’essor de ces associations autogérées de consommateurs qui entendent peser dans le débat sur la dépénalisation.
 
Interview par WILLY LE DEVIN
 
Candidat aux dernières législatives sous la bannière «Cannabis, santé, libertés, justice», rédacteur en chef de La Gazette du chanvre et militant anti-prohibition, Farid Ghehiouèche, 41 ans, commente l’essor en France des «Cannabis social club» (CSC), sorte de coopérative régulant la production et la distribution du cannabis. Il est lui-même adhérent d’un tout nouveau CSC situé dans l’Essonne.
 
Qu’est-ce qu’un «Cannabis social club» ?
 
C’est une association autogérée par plusieurs consommateurs de cannabis qui ont décidé de se regrouper pour planter et partager une récolte. Ce modèle, qui s’inspire des systèmes d'échanges locaux et des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), vient de Belgique et d’Espagne. Dans ces pays, la culture du cannabis est dépénalisée en-dessous d’une certaine quantité [5 plants par personne en Espagne, ndlr]. En France, sur les trois derniers mois, 150 «Cannabis social clubs» se sont montés, ce qui représente entre 1200 et 1500 consommateurs.
 
Comment s’organise la culture et la distribution de l’herbe ?
 
Chaque «Cannabis social club» est différent. En France, le nombre de membres peut aller de trois à une cinquantaine. En fonction, on évalue les besoins en volume et on définit les variétés de produits à cultiver. Nous essayons de faire pousser le cannabis dans les règles de l’art, sans pesticides. Notre herbe est la plus bio possible. Nous voulons aussi à tout prix éviter certaines souches qui contiennent des métaux lourds et qui s'avèrent extrêmement nocives pour la santé. Ensuite, la distribution se fait au prorata de l’argent investi dans la structure. Pour l’instant, les «Cannabis social clubs» demeurent assez confidentiels car nous marchons sur des œufs vis-à-vis des autorités. C’est pourquoi chacun vient avec ses graines. Dans la mesure du possible, nous évitons encore les achats groupés de plantes. Même sur Internet. Toutefois, si le gouvernement devait dépénaliser à terme, nous pourrions transformer les CSC en vrais lieux de vie. On pourrait ainsi monter des «cannabistrots» ou des «cannabars», sur le modèle de ce qui se fait aux Pays-Bas
 
Comment faire pour encadrer la production et ne pas déraper vers le trafic de stupéfiants ?
 
Un «Cannabis social club», c’est avant tout la rencontre d’une communauté, d’un groupe ayant des intérêts communs. Tout est basé sur la confiance. Chaque membre s’engage à respecter un code de conduite qui consiste à cantonner le cannabis à l'intérieur d'un circuit fermé. Toute revente à autrui est interdite. [L’article 222-35 du Code pénal stipule que la production ou la fabrication illicites sont punies de vingt ans de prison et de 750 000 € d’amende. Mais lorsque les faits sont commis en bande organisée, la peine grimpe à trente ans de réclusion criminelle et à 7,5 millions d’euros d’amende, ndlr.] On est dans l’autoconsommation pure. Maintenant, je ne me voile pas la face, je sais bien que certains CSC servent de base arrière à des dealers pour faire du trafic. L’avantage, néanmoins, c’est que tous les adhérents d’un CSC se connaissent. On peut donc s’apercevoir des dérives éventuelles d’un membre avant qu’il ne soit trop tard. L’idée, c’est de veiller collectivement à une bonne utilisation du cannabis. Cela demande une réelle maturité sociale et sociétale.
 
Les CSC peuvent-ils être perçus comme une arme politique pour peser dans le débat sur la dépénalisation ?
 
Nous comptons effectivement peser lors du Congrès du PS à Toulouse. Nous soutenons les motions qui prônent la dépénalisation pour que cesse l’hypocrite criminalisation des fumeurs de cannabis. Nous en avons marre de nous cacher et de vivre avec la peur de nous faire contrôler. L’Etat doit prendre ses responsabilités afin d’endiguer l'économie souterraine et encourager l’usage du cannabis thérapeutique. Le 1er décembre, nous organisons une Assemblée générale de tous les CSC de France. Ce jour-là, nous réfléchirons à un acte politique fort : nous pourrions tous nous déclarer comme consommateurs en préfecture et voir quelle sera la réponse des pouvoirs publics.
 
Source : Libération
 
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« L’information sur le cannabis est trop peu basée sur des faits réels » Michael Knodt - Interview
Par mrpolo,
Michael Knodt est rédacteur en chef du Hanfjournal (journal du chanvre) allemand et présentateur d’ Exzessiv, un magazine vidéo sur le web. Militant pour la légalisation, il déclare fonder sa pensée uniquement sur des arguments rationnels. Pour le Blogueur, il fait le point sur la stigmatisation des consommateurs, les avantages de la légalisation et la prévention insuffisante dans les écoles.
 
Hallo Herr Knodt ! A la différence de l’alcool, le cannabis a été diabolisé depuis toujours en Europe. Pour quelles raisons ?
 
 
Deux raisons principales expliquent ce phénomène. La première remonte à très loin : Depuis des millénaires, l’Église catholique a privilégié l’alcool au détriment des autres drogues. La deuxième raison est plus récente. À l’aube de la Convention internationale de l’opium signée en 1912 à La Haye, les États-Unis ont entamé une large campagne contre le chanvre qui a duré jusqu’aux années 1960. Le point culminant fut le film Reefer Madness dans lequel des étudiants sages s’entretuent après avoir fumé des pétards.
 
https://www.youtube.com/watch?v=sbjHOBJzhb0
 
En réalité, cette campagne était motivée par des intérêts privés. Les années 1920 et 1930 ont été marquées par de nombreuses créations de journaux. Le papier était fourni par l’industrie du bois et commençait, de plus en plus, à l’être par celle du chanvre. Or, le protagoniste de la diabolisation du cannabis, le politicien Harry Anslinger, avait des liens familiaux avec un producteur de bois. Il souhaitait donc que la production de chanvre soit complètement interdite…
 
La diabolisation du cannabis prit fin en 1968, lors de l’apogée du mouvement flower power. Depuis, le stéréotype des hippies est étroitement lié aux fumeurs de joints. Les consommateurs de cannabis sont-ils des fumistes ?
 
A mes yeux, près de 100 % des clichés sur les fumeurs de joints sont faux. Mais il faut dire que ce constat ne vaut pas que pour aujourd’hui. Il est vrai que les hippies ont rendu la consommation de cannabis à peu près acceptable. Mais ils n’ont pas développé une vraie culture du cannabis. Ce n’est que la deuxième et la troisième génération après 1968 qui s’en est occupée. Les hippies ont mélangé les différentes drogues sans en connaître les risques. Ils ont tout essayé mais ils connaissaient mal les effets de ce qu’ils prenaient. Ils ont contribué à l’amalgame entre le cannabis et les autres drogues par une consommation exagérée de celles-ci. Depuis ce temps, le cannabis et ses fumeurs ont une très mauvaise réputation.
 
Mais quand on s’entretient avec des consommateurs de cannabis, très peu de stéréotypes sont avérés, sauf lorsque l’on parle avec des gens ayant des problèmes de dépendance. C’est comme la différence entre quelqu’un qui aime boire un verre de temps en temps et un alcoolique. Seuls 2 % des gens qui ont essayé le cannabis auront de tels problèmes.
 
Ça veut dire que les médias parlent trop de ces 2 % ?
 
Oui. Car c’est plus simple. J’habite à Berlin, une capitale médiatique, et je connais beaucoup de journalistes qui fument eux-mêmes parfois des joints. Malgré tout, ils ne peuvent pas se permettre d’écrire différemment sur l’usage du cannabis car ils doivent suivre les lignes éditoriales de leurs journaux.
 
Est-ce que cette désinformation est due aussi à l’ignorance des journalistes sur la question ?
 
Oui. Malheureusement, l’information sur le cannabis dans les médias traditionnels est trop peu basée sur des faits réels. Les faits objectifs sont uniquement consultables sur Internet.
 
Vous êtes vous-même père de quatre enfants. Comment les éclairez-vous sur les drogues ?
 
Lorsque mes enfants sont en âge de comprendre ce genre de problématique, j’essaie de leur expliquer ce qu’est la consommation de drogue abusive – indépendamment du type de drogue. Le reste va de soi. Mes enfants posent plein de questions, car comme nous habitons dans une grande ville, ils voient beaucoup de junkies, des fumeurs de marijuana, des picoleurs… Je ne prône pas une éducation autoritaire.
 
Et qu’est-ce que vous pensez de la prévention de drogues à l’école ?
 
La prévention dans les écoles allemandes est très insatisfaisante car elle n’accepte aucune forme de consommation. Elle prône une abstinence totale – sauf pour l’alcool où la consommation modérée est tolérée. Mais en ce qui concerne le cannabis, il n’y a pas de vraie consultation, les jeunes sont juste sommés d’éviter. Or, les jeunes ne peuvent pas prendre le message au sérieux parce qu’il est trop loin de leur réalité.
 
Souvent, on leur transmet même des fausses informations. Dans la classe de ma fille aînée, le prof a affirmé que le cannabis causerait des trous dans le cerveau ! Afin de le prouver, il leur a montré une illustration d’un journal de caniveaux. Quand les jeunes sont exposés à de telles contrevérités, ils ne savent plus juger de la véritable dangerosité des drogues. Quand la prévention ne fait que diaboliser toutes les drogues au lieu d’alerter les jeunes sur les vrais risques, elle produit le contraire de son objectif. Pour changer cela, il devrait y avoir des travailleurs sociaux, des personnes proches des jeunes pour les instruire.
 
On a beaucoup parlé des jeunes. On imagine tout de suite un jeune homme de 15 à 30 ans quand on parle d’un fumeur de cannabis. Est-ce que c’est bien justifié ?
 
En aucun cas. En Allemagne, à la différence de la France d’ailleurs, il n’y a aucun sondage qui prend en compte les consommateurs de cannabis de plus de 30 ans. L’observatoire allemand des drogues et des toxicomanies a effectué une enquête dans le Land de Hesse l’année dernière. Sur 5 500 consommateurs de cannabis, 3 000 personnes ont déclaré avoir 40 ans ou plus. Cette tranche d’âge n’est pas incluse dans les statistiques officielles qui estiment à 4 millions (sur 80 millions d’Allemands) le nombre de fumeurs de joints. L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies a condamné cette mauvaise volonté de la part des Allemands.
 
Pourtant, on ne commande pas d’études qui incluent les vieux fumeurs car le résultat en serait qu’il y a un grand nombre de consommateurs de cannabis qui ne se font pas remarquer, qui ont un comportement très sain et qui aiment juste fumer un joint de temps en temps au lieu de boire une bière. Il n’est pas souhaité politiquement que cette réalité soit établie car ça apporterait de l’eau au moulin des gens en faveur la légalisation.
 
La légalisation est un sujet polémique. Mais est-ce que c’est aussi un bon sujet de campagne ? Qu’en disent les partis politiques en Allemagne ?
 
Les discussions politiques se sont multipliées ces dernières années grâce à une attention médiatique plus importante. Internet a redonné de l’élan à la communauté du chanvre. Les petits partis – les Verts, les Pirates et la Gauche – ont pris une position claire par rapport à ce sujet depuis trois ans (la dernière élection législative au niveau fédéral). Malheureusement, l’Allemagne et la France sont les deux derniers pays en Europe où les deux grands partis pratiquent la politique de l’autruche. La politique de drogue du SPD (parti social-démocrate) me fait penser à la période tardive de la RDA. Alors que dans tant d’autres pays – l’Autriche, la Suisse, l’Espagne, la République tchèque et les Pays-Bas – les partis de centre-gauche défendent une approche libérale face aux drogues, en Allemagne, le SPD se l’interdit encore. Mais il y a de légers espoirs.
 
La communauté du chanvre gagne constamment en nombre de supporteurs et en poids politique. Cette année, elle a obtenu deux interviews en live avec la chancelière sur Youtube. Lors du « Zukunftsdialog » (« dialogue sur l’avenir ») de Mme Merkel, le sujet de la légalisation du cannabis a été numéro 2 en termes de votes populaires. Par la suite, lors des entretiens privés avec Mme Merkel, nous avons été pris très au sérieux. Ce fut un grand succès très inattendu. Nous avons pu démontrer que nous ne sommes pas des cinglés et que nous nous basons sur des vrais arguments.
 
Pourtant, l’Allemagne est loin derrière les autres pays en ce qui concerne la libéralisation du cannabis…
 
Oui, définitivement. Récemment, l’Allemagne a même quitté le groupe Pompidou, un rassemblement créé en 1971 lors d’un sommet européen. Ses membres réfléchissent sur des approches de politique de drogues qui acceptent la consommation. L’Allemagne est sortie du groupe après avoir été membre pendant plus que 40 ans et sans en informer les citoyens. Le gouvernement actuel bloque toutes les approches de libéralisation et s’y oppose même activement au niveau européen. Il s’isole sur le plan international.
 
Quelles évolutions souhaitez-vous pour l’Allemagne et pour l’Europe ?
 
J’espère que l’Allemagne prendra la voie de la libéralisation après un éventuel changement de gouvernement auquel participera le SPD lors des élections législatives, l’année prochaine. Je souhaite que le modèle suédois ne s’exporte pas. En Suède, même les social-démocrates ont mené une politique extrêmement répressive pendant des décennies avec des thérapies forcées pour des consommateurs de cannabis ! L’Union Européenne a condamné cette politique. Sinon, je touche du bois pour la libéralisation se poursuive en République Tchèque et au Portugal, même avec un gouvernement conservateur. Je suis très optimiste.
 
En bref :
 
Est-ce que le cannabis rend vraiment bête ?
 
Non, c’est une faute de traduction. La dépêche originale dit simplement : le cannabis est sûr pour les adultes mais déconseillé aux mineurs. Ce n’est qu’un exemple de la guerre médiatique qui est menée contre les amateurs du cannabis.
 
Est-ce que vous prônez le cannabis thérapeutique ?
 
Ça dépend de la maladie. Surtout aux États-Unis et en Allemagne, les chercheurs connaissent de formidables succès. Je pense qu’il faut les laisser faire leur travail sans les en empêcher si ça sert la bonne cause.
 
Qu’est-ce que vous pensez du cannabis synthétique ?
 
Il y en a de plus en plus et je trouve ce développement préoccupant. Le nombre de substances est quasi illimité, car on peut les recombiner en laboratoire. En ce moment, on connaît une vingtaine de substances en Allemagne qui sont légalement accessibles. En fin de compte, j’espère que cette tendance va même accélérer la légalisation du cannabis, car les politiciens vont enfin comprendre que leur approche restrictive est mauvaise. Avec la légalisation, la problématique du cannabis synthétique partirait en fumée.
 
Source: Arte.tv / le blogueur
 
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Les Pays-Bas veulent couper l'herbe sous le pied des dealers
Par mrpolo,
Aux Pays-Bas, L'interdiction de vendre des drogues douces aux étrangers ruine les coffeeshops et fait la fortune des dealers. Une municipalité hollandaise, Haarlem, propose une alternative: un contrôle de la qualité du cannabis avec indication de son taux de THC, assortie d'un contrôle accru des circuits de vente.
 

Depuis mai 2012, dans le Limbourg, le Brabant et la Zélande - les provinces les plus méridionales des Pays-Bas - le "wietpas" ("carte de membre") est nécessaire pour acheter des drogues douces dans les coffeeshops.
 
Sous la pression de ses voisins européens et des commerçants locaux, le gouvernement (démissionnaire ) a voulu ainsi durcir les conditions de vente et restreindre l'accès aux coffeeshops aux seuls résidents néerlandais ou aux expatriés munis d'une carte de séjour. Ces coffeeshops doivent se reconvertir en clubs privés et peuvent délivrer un maximum de 2.000 "cartes de membres".
 
 
Qualité douteuse et violences
Le but avoué de cette politique restrictive était de couper l'herbe sous le pied aux trafiquants belges, français, italiens qui inondaient les villes frontalières. Cette nouvelle législation devra être appliquée dans l'ensemble du pays à partir du 1er janvier 2013. Dès le 1er mai 2012 - et pendant quelques semaines - de grands panneaux lumineux installés à proximité de la frontière belge indiquaient "pas de drogue douce à vendre"...
 
Mais le moins qu'on puisse dire est que les résultats de cette politique de durcissement à l'égard des consommateurs sont mitigés.
 
Moins de six mois après l'introduction de ces "wietpassen", l'humeur n'est plus au beau fixe. Onno Hoes, le maire de Maastricht - qui était pourtant un fervent partisan de la mesure - tire à présent la sonnette d'alarme : depuis l'introduction de ces cartes de membres, la criminalité liée à la drogue ne cesse d'augmenter.
 
https://www.youtube.com/watch?v=rZC-YW3FesE&feature=player_embedded
 
Jamais on n'a vu autant de dealers écouler leurs substances de qualité souvent douteuse, y compris dans le centre, alors qu'auparavant, leurs activités se cantonnaient plutôt à la périphérie, dans les quartiers situés au bord de la Meuse.
 
Dix-sept plateformes de voisins - sorte de comités de quartiers - sur les dix-huit que compte la ville dénoncent une augmentation des nuisances liées aux ventes à la sauvette. Même des quartiers huppés comme Céramique ou Statenkwartier, jusque-là relativement préservés, se plaignent désormais de ces répercussions négatives du commerce parallèle. Tapage nocturne, insécurité, violences verbales et physiques, ne sont que quelques-unes des infractions engendrées par le trafic de drogues.
 
 
Le commerce local trinque
La police pratique une politique de répression accrue et a procédé à 836 arrestations de dealers ou de clients entre le 1er mai et le 10 juillet dans la seule province du Limbourg... Roermond, une petite ville à environ 50 km au nord de Maastricht en a arrêté 130 à elle seule. Tandis que le maire de Venloo, ville frontalière avec l'Allemagne, réclame une enquête sur les conséquences négatives de l'introduction du "wietpas" : il constate lui aussi des "ventes agressives de drogue dans la rue. [Les dealers] provoquent des ennuis dans différentes parties de la ville".
 
L'Association des Coffeeshops Officiels (VOCM) de Maastricht elle aussi a commandité une enquête. Celle-ci estime que la diminution du nombre de touristes aurait entraîné une perte de 30 millions d'euros pour le commerce local. A Eindhoven, chef-lieu du Brabant, les propriétaires de coffeeshops évaluent la baisse de leurs ventes à 60 % tandis qu'en Zélande, ils citent des chutes de 80 à 90 % ! Les restaurateurs de ces villes ne sont pas en reste : cafés, restaurants, snackbars estiment avoir perdu entre 10 et 15 % de leurs clients depuis le 1er mai...
 
Quant au premier ministre démissionnaire, Mark Rutte, il se contente de se dire prêt à examiner les avantages et les inconvénients de la nouvelle législation…
 
 
Protection du consommateur
Pendant ce temps, d'autres réfléchissent à des alternatives. La municipalité de Haarlem - comme celle de New York, fondée par des colons néerlandais - propose une alternative intéressante au club privé et à la carte de membre.
Elle suggère d'introduire un label, délivré par les autorités municipales. Ce "modèle de Haarlem" est le fruit de la collaboration de la ville avec les propriétaires de coffeeshops et l'organisation de consommateurs "We Smoke".
 
Il prévoit des règles claires :
 

Pas de drogues dures Aucun affichage public Pas de nuisances Interdiction absolue de vente aux mineurs (moins de 18 ans) Vente maximale de 5 grammes de produit par personne En outre, les coffeeshops devront filtrer les entrées et disposer d'un règlement intérieur. Ils devront distribuer une information complète sur leurs produits, notamment la teneur en THC et se soumettre à une analyse de risque pour l'environnement et les établissements scolaires proches. Ils sont en outre évalués par le Bibob, un organisme de contrôle financier qui s'est déjà illustré dans la guerre contre la fraude à la prostitution à Amsterdam notamment.
 
En contrepartie de cette "reconnaissance" les autorités introduisent aussi des sanctions plus lourdes à l'égard des contrevenants.
 
Pour Bernt Schneiders, le maire, ce label doit offrir une garantie de sécurité et une protection accrue des consommateurs des 16 coffeeshops de sa ville.
 
De plus cela permettrait de mettre fin à un vide juridique. Car contrairement à une idée reçue, la consommation de drogues douces aux Pays-Bas n'est pas légalisée, mais tolérée. Les coffeeshops sont donc dans une situation ambiguë: ils distribuent un produit illégal à condition de respecter un cadre juridique incertain.
 
 
De plus en plus hallucinogène
Si plusieurs maires d'autres villes ont déjà manifesté leur engouement pour ce modèle, il ne fait pourtant pas l'unanimité. Les détracteurs affirment que cela ne règlera sans doute pas tous les problèmes : le National Drug Monitor, dans son rapport 2011 signale une augmentation spectaculaire du nombre de personnes dépendantes du cannabis demandant une aide médico-psychologique.
 
Ils étaient 3.534 en 2001 et 10.971 en 2010 ! Le taux d'étudiants de 15-16 ans qui consomment régulièrement du cannabis est de 14 %, alors qu'une moyenne européenne établie sur 36 pays atteint 7 %, soit la moitié... 48 % des personnes soignées dans les services d'urgence en 2011 pour un accident lié à la drogue avaient consommé du cannabis.
 
Certains opposants à ce modèle ajoutent que la quantité de THC - la substance hallucinogène du cannabis - des produits vendus dans ces coffeeshops est très faible : de 5 à 10 %. Alors que ceux vendus dans la rue en contiennent souvent plus de 15 %. Le consommateur sera donc toujours tenté d'acheter moins cher un produit qui fait plus d'effet. Quitte à mettre sa santé en jeu.
 
 
Par Marco Bertolini (Amsterdam)
Source: Myeurop.info.
 
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