La légalisation du cannabis avance chez les Latinos
Le débat avait été lancé par d’anciens présidents : le Brésilien Fernando Henrique Cardoso, le Mexicain Ernesto Zedillo et le Colombien César Gaviria s’étaient rassemblé pour proclamer l’échec de la « guerre contre les drogues » et pour prôner un tournant. A leur avis, la légalisation ou la dépénalisation de certains stupéfiants était désormais à l’ordre du jour.
Maintenant, ce sont des présidents en exercice qui prennent position, malgré l’opposition de l’opinion publique.
Le président du Guatemala, le général du cadre de réserve Otto Pérez Molina, a relancé la discussion. Son homologue de l’Uruguay, José Mujica, est allé plus loin, puisqu’il a proposé que l’Etat prenne en charge la production et la distribution de cannabis.
Le 6 novembre, aux Etats-Unis, les électeurs du Colorado et de l’Etat de Washington ont approuvé, par référendum, la consommation « récréative » de la marijuana. Cette initiative va plus loin que les Pays-Bas, dont la tolérance équivaut à une dépénalisation. Six jours plus tard, le 12 novembre, les gouvernements du Mexique, du Costa Rica, du Honduras et de Belize, ont signé une déclaration qui prend acte du « changement de paradigme » à l’égard du cannabis « dans certaines régions de notre continent ».
En Uruguay, bientôt un Institut national du cannabis
Le changement le plus audacieux a lieu en Uruguay, où la Chambre des députés étudie la proposition du gouvernement de José Mujica. Le projet prévoit la création d’un Institut national du cannabis, chargé du contrôle et de la régulation des activités liées à l’importation, l’exportation, la plantation, la culture, la cueillette, la production, l’achat, la commercialisation et la distribution de la marijuana et de ses dérivés.
Le consommateur individuel uruguayen sera autorisé à cultiver six plants de cannabis et à produire 480 grammes par an. La consommation serait fixée à 40 grammes mensuels, soit environ 20 joints, dont le coût serait de 700 pesos (27,50 euros). Des clubs de quinze consommateurs maximum pourront cultiver 90 plants.
« Pepe » Mujica a accordé un entretien épatant à la BBC où il explique que la marihuana « mérite plus de respect et d’être davantage connue ». Le président uruguayen, toujours en verve à ses 77 ans, assure néanmoins qu’il n’a jamais fumé un joint. « Ce qui m’effraie c’est le narcotrafic, pas la drogue », a dit l'ancien guérillero Tupamaro, en guise de justification à son initiative contre la prohibition.
LE COLORADO ET L'ETAT DE WASHINGTON LÉGALISENT LA VENTE ET LA CONSOMMATION DE CANNABIS
C'est une première pour les Etats-Unis. Une mesure similaire a été rejetée dans l'Oregon.
Les résidents du Colorado et de l'Etat de Washington ont voté en majorité pour Barack Obama, mais ils viennent aussi de valider la légalisation du cannabis par référendum. Une mesure similaire a été rejetée dans l'Oregon.
Dans ces deux Etats de l'Ouest, la production et la vente de marijuana seront supervisées par les autorités locales, alors que la consommation et la possession deviendront légales pour les plus de 21 ans.
Dans le Colorado, le maximum autorisé est de 28 grammes de marijuana et six plantes à la maison; il est de 28 grammes aussi pour Washington, mais sans plantes. Il ne sera nulle part permis de fumer des joints en public. Dans l’Oregon, la loi n’indiquait aucune limite de quantité, et cette approche plus laxiste a probablement contribué à son échec.
Ces deux lois locales vont plus loin que la légalisation mise en place aux Pays-Bas, où les ventes sont limitées en quantité. Mais ne sautez pas tout de suite dans un avion pour ouvrir un coffee shop à Seattle: il faudra attendre près d'un an avant que ces mesures ne soient mises en place.
Taxer la marijuana pour construire des écoles
A Denver, la capitale du Colorado, il y a déjà plus de dispensaires de cannabis thérapeutique que de Starbucks, et plus de 120.000 résidents de l’Etat ont leur carte d'utilisateur de marijuana médicale. Un magazine local a même embauché un critique «cannabique» spécialisé, qui décrit les saveurs de ses joints comme des grands vins.
Au-delà du folklore, l'argument principal mis en avant par les défenseurs de la légalisation est très pragmatique et raisonnable. Il s’agit de taxer les ventes d’herbe et de réinvestir cet argent dans des projets publics, comme la construction d’écoles, la santé et même la prévention de la toxicomanie.
Dans le Colorado, une publicité pour le oui expliquait les choses clairement:
«Utilisons l’argent généré par les ventes de marijuana pour améliorer nos écoles, pas pour enrichir des criminels mexicains.»
En effet, selon le ministère de la Justice mexicain, la moitié des revenus des cartels mexicains vient du trafic de cannabis. La grande majorité de leurs clients sont aux Etats-Unis, et ces ventes de drogue douce leur rapportent chaque année des milliards de dollars aux cartels.
Ne dites pas «légalisation» mais «régulation»
Bien rodés à la communication politique, les pro-légalisation ont fait très attention à ne pas prononcer le mot «légalisation», trop effrayant pour l’électeur moyen. Dans le Colorado, le mot d’ordre était de «réguler la marijuana comme l’alcool», la campagne de l'Oregon parlait «d’impôt sur le cannabis» et celle de Washington était pudiquement intitulée«nouvelle approche».
Dans ce dernier Etat, les défenseurs du oui avaient choisi un porte-parole à mille lieues de la caricature du fumeur de pétards: une mère de famille en gilet bleu et collier de perles.
«Personnellement je n'aime pas la marijuana», confessait-elle à la caméra, avant d’expliquer que c'est une industrie qui génère des millions de dollars, des sommes qui pourraient être taxées pour financer des projets publics.
Soutien de policiers et juges
Dans les trois Etats, ces propositions avaient obtenu le soutien de policiers, de juges, d’entrepreneurs et d’hommes politiques démocrates et républicains. Un autre grand thème de leur campagne était que la police serait plus efficace si elle ne perdait pas son temps avec des affaires de cannabis. La diminution des arrestations permettrait aussi de limiter la surpopulation carcérale.
«Nous savons très bien que des décennies d’arrestation liées au cannabis n’ont pas permis de réduire la consommation. Et ce sont les cartels qui continuent de s’enrichir», expliquait un ancien du FBI dans une publicité pro-légalisation.
Ces lois locales légalisent aussi la culture industrielle du chanvre, jusqu’ici illégale. Une plante qui peut être utilisée pour la production de papier, de textile, de bio-pétrole et de divers aliments.
Le joint = le verre de vin
Pour convaincre, les campagnes ont aussi placé le joint sur le même plan que le verre de vin, d’où une publicité dans laquelle un jeune homme écrivait à son père: «Cher papa… quand je rentre du travail, je préfère fumer un peu de cannabis plutôt que de prendre un verre d’alcool comme toi, en plus la marijuana est moins dangereuse pour ma santé… Parlons-en.» (Il y a aussi une version «Chère maman»).
Alors que ses défenseurs parlent d’un vrai coup de pouce pour l’économie locale, ses opposants avaient rétorqué que la légalisation ternirait la réputation de leur Etat. Les entreprises voudraient-elles encore s’implanter dans le Colorado, en sachant que leurs employés peuvent tranquillement cultiver du cannabis à la maison?
Pour le maire de Denver, la réponse est non, et selon lui, la légalisation repoussera aussi les touristes. Les opposants affirment de plus que la marijuana mène vers les drogues dures, et qu’il ne faut pas donner l’impression aux enfants que fumer des joints est inoffensif.
Au niveau fédéral, le cannabis toujours illégal
Au niveau des lois fédérales, le cannabis sera toujours considéré comme une drogue dangereuse et illégale malgré ces réformes locales. Ceci dit, le ministère de la Justice semble peu enclin à se lancer dans des procès contre les nouvelles politiques de ces Etats, même si elles sont en contradiction avec la loi nationale.
Récemment interviewé sur la chaîne NBC, James Cole, un des responsables du ministère, expliquait qu’il traiterait les problèmes au cas par cas:
«Notre préoccupation principale est que les enfants n’aient pas accès au cannabis, et que les ventes ne soient pas aux mains d’organisations criminelles.»
La marijuana médicale est aussi théoriquement illégale au niveau fédéral, ce qui ne l’a pas empêchée de fleurir dans 18 Etats.
Les gros fumeurs pas contents
Au final, de manière un peu inattendue, les pro-cannabis de l'Etat de Washington ont du faire face à des opposants venus de l’intérieur: les gros fumeurs de marijuana. Ceux-ci sont très mécontents d’une loi qui prévoit de créer un nouveau délit en cas de conduite sous l’influence du cannabis —le seuil charnière est placé à 5 nano-grammes de THC (tétrahydrocannabinol) par millilitre de sang.
Certains jugeaient la mesure trop draconienne, car les fumeurs réguliers (plusieurs joints par jour) ont constamment des taux élevés. Mais pour mettre les choses en perspective, le seuil en France est d’1 nano-gramme de THC par millilitre de sang…
En Uruguay, le Parlement étudie une loi sur la régulation du marché de la drogue. Le gouvernement promet que le cannabis vendu par le gouvernement sera de meilleure qualité et au même prix que celle vendue illégalement aujourd’hui.
Du cannabis plus pur
La marijuana vendue sous contrôle du gouvernement en Uruguay sera meilleure et moins chère promet, selon le directeur du Conseil national des drogues.
« Aujourd’hui, la marijuana qui est consommée en provenance du marché noir […] arrive mélangée avec des substances qui ne sont pas nécessairement de la marijuana » ou contient « des parties de la plante qui ne sont pas destinées à la consommation, comme les feuilles, les tiges ou autre. Ce que l’Etat va fournir est une substance de qualité supérieure à celle-ci », a affirmé lundi devant la presse Julio Calzada.
Au prix du marché
« Au marché noir, aujourd’hui, 25 grammes de marijuana valent 500 pesos (25 dollars) », a également affirmé le responsable. À l’issue de séances de travail avec des « experts internationaux et d’autres acteurs » locaux, il a été déterminé que le prix de « la substance dont pourra disposer l’Etat pour la distribuer de manière légale ne sera pas éloigné de cette moyenne ».
Un projet de loi visant notamment à faire réguler par l’Etat la production et la vente de marijuana a été déposé début août devant le Parlement. L’unique article de ce projet de loi ne précise pas quelles seraient les modalités d’application du texte.
Avec une carte de consommateur
Le législateur envisage également d’autoriser la culture de cannabis destiné à la consommation personnelle. Selon la presse locale, chaque consommateur disposerait d’une carte personnelle anonyme à code-barres qui lui donnerait droit à 40 grammes de cannabis chaque mois. De cette façon, le gouvernement éviterait d’enregistrer les consommateurs, comme cela avait été initialement évoqué.
Objectif : lutter contre la violence de la drogue
« Ce serait un document anonyme, sans photo et sans le nom du détenteur, qui servira pour contrôler la consommation », a expliqué M. Calzada au quotidien La Republica.
Le projet du gouvernement a pour but de lutter contre la violence générée par la consommation et le trafic croissant de « pasta base », un dérivé bon marché de la cocaïne aux effets dévastateurs sur les consommateurs.
20 000 consommateurs réguliers
Aujourd’hui, la consommation et la détention pour l’usage personnel de cannabis ne sont pas pénalisées en Uruguay, mais la commercialisation et la culture sont interdites. On estime qu’environ 20 000 personnes consomment régulièrement de la marijuana dans ce petit pays de 3,2 millions d’habitants.
Amsterdam veut garder son tourisme lié au cannabis
Vidéo
Amsterdam pourra-t-elle vraiment déroger à la “carte cannabis” ? Le maire de la ville refuse de fermer les 220 coffee shops de la capitale des Pays-Bas aux touristes étrangers le 1er janvier prochain, exploitant une disposition introduite dans le texte de loi par le nouveau gouvernement.
“Pas si simple”, répond le ministre de la Justice. Le débat est donc relancé, de quoi redonner le sourire aux patrons de coffee shops.
“90% de mes revenus seront perdus si je ne peux plus accueillir d‘étrangers et cela vaut pour tous les coffee shops de la zone”, estime Michael Veling, leur représentant.
Car sur les sept millions de touristes qui visitent Amsterdam chaque année, un million et demi achèterait du cannabis.
“Viendriez-vous toujours ici si vous ne pouviez plus acheter d’herbe?”, demande cette journaliste.
Réponse de ce jeune homme :
“Non. Je ne crois pas qu’ils devraient appliquer cette loi parce que c’est votre principale attraction touristique”.
La “carte cannabis” est entrée en vigueur le 1er mai dans le sud du pays. Elle aurait créé des problèmes de drogue dans la rue, c’est le principal argument avancé par le maire d’Amsterdam, qui semble déterminé à empêcher les coffee shops de tourner à vide dans la capitale néerlandaise.
Plus d'actualités sur : Amsterdam, Consommation de drogue, Pays-bas
Source : Euronews
Israël dit oui au cannabis-médicament, mais pas à celui qui fait planer
Par AFP, publié le 03/11/2012 à 15:07, mis à jour à 15:07
KFAR BIRYA (Israël) - Au bout d'une rue non pavée, dans la banlieue tranquille d'un village du nord d'Israël, des horticulteurs font pousser une sorte de cannabis qui, selon eux, soulage les symptômes de certaines maladies chroniques mais sans produire d'effets psychotiques.
Israël dit oui au cannabis-médicament, mais pas à celui qui fait planer
Une horticultrice israélienne cultive du cannabis médicinal, le 1er novembre 2012 dans la serre de Tikkun Olam près de Safed
Derrière la clôture portant l'inscription "Tikkun Olam" (réparer le monde, en Hébreu), l'équipe affirme avoir créé le premier cannabis israélien ne contenant pratiquement aucune trace de THC (tetrahydrocannabinol), la substance qui fait planer mais peut avoir de sérieux inconvénients pour les consommateurs.
Ce nouveau cannabis pourrait permettre de lever les obstacles psychologiques pour ceux qui pourraient bénéficier de ses bienfaits mais qui répugnent à utiliser de la marijuana, même avec le feu vert du ministère de la Santé.
"Nous avons réussi à isoler les molécules de TFC et CBD", assure Mor Cohen, le responsable de la plantation située à la limite de Safed, en Galilée. Il fait référence au cannabidiol, un autre composant du cannabis qui peut aider à soulager les symptômes liés aux diabètes et à des troubles psychiatriques.
La ferme est parvenue à développer une variété qui contient 99% de CBD, puis à la croiser avec d'autres variétés, ce qui donne des plants avec diverses composantes capables d'aider différents types de patients.
En parvenant au juste équilibre, affirment les concepteurs, on peut réduire la douleur et stimuler l'appétit tout en réduisant ou en éliminant des effets secondaires négatifs.
"Nous avons acquis une expérience grâce aux traitements de 2.000 malades avec différents symptômes; certains accompagnés de douleurs, d'autres de constipation, de vertiges, de nausées", précise Mor Cohen.
"Nous savons trouver les formules pour la maladie de Parkinson, pour le cancer, pour stimuler l'appétit, ou les problèmes d'insomnie liés à des stress post-traumatiques notamment", ajoute-t-il.
"Nous disposons d'une gamme de variétés de plants allant de ceux qui sont très concentrés en THC à ceux qui contiennent une très forte proportion de CBD ce qui nous permet d'effectuer des dosages adaptés aux patients", explique Tzahi Klein, le responsable du développement.
Pour décourager d'éventuels intrus, le site est protégé par une haute clôture surveillée par des gardes armés.
A l'intérieur, dans une petite salle qui fait penser aux chambres de dealers dans les films, de gros sacs plastique de marijuana séchée sont empilés pour être pesés avant d'être emballés dans de petits sacs contenant des doses de 10 grammes que les malades pourront se procurer sur simple ordonnance médicale.
Toute comme la drogue, ce médicament se fume, et pour ceux qui auraient du mal à rouler une cigarette, deux femmes confectionnent des "joints" qui seront mis dans d'autres sachets.
Toutes les substances utilisées pour les plants sont d'origine bio tandis que la lumière est fournie par le soleil, affirme Tzahi Klein qui voit dans le cannabis une alternative "verte" à des médicaments synthétiques.
Le ministre de l'Information Yuli Edelstein, tout en soutenant la marijuana médicale en général et le travail de "Tikkun Olam" en particulier, affirme que le gouvernement n'envisage pas une légalisation générale de la marijuana.
"Ce qui a toujours été considéré comme une simple drogue, comme quelque chose de négatif, est devenu, grâce au travail des cultivateurs, un médicament qui n'est en fait plus un narcotique", a-t-il affirmé lors d'une visite sur le site.
"Mais nous ne nous occupons pas pour le moment de la légalisation de la marijuana", a-t-il toutefois souligné.
Selon les statistiques publiées cette année par le centre médical Sheba et l'Association israélienne de lutte contre le cancer, l'usage médical de la marijuana a été autorisé pour 6.000 patients souffrant de différentes maladies.
Le maire d’Amsterdam, Eberhard van der Laan, renonce à fermer les portes des célèbres coffee-shops aux touristes. Les coffee-shops, ce sont ces cafés dans lesquels il est possible d’acheter et de consommer du cannabis.
Une 'carte cannabis' prévoyait que seuls les résidants des villes dans lesquelles les coffee-shops sont installés y aient accès. Cette limitation était censée lutter contre les nuisances liées au 'tourisme de la drogue' déjà entrée en vigueur dans le sud du pays depuis le 1er mai, et qui devait être étendue à l'ensemble des Pays-Bas à compter du 1er janvier 2013. La mesure était très critiquée.
Mais le gouvernement a décidé de laisser à chaque commune le choix d’appliquer ou non le principe de cette carte. Les motivations du maire de la capitale néerlandaise : épargner les petits commerçants. Mais surtout, à l’exemple de ce qu’il s’est passé à Maastricht, éviter que la fermeture des échoppes aux touristes ne profite aux dealers de rue. 'Plus de vols dans les rues, plus de disputes à propos de la drogue, aucun contrôle sur la qualité, tout les problèmes que nous avions reviendraient.'
Les 220 coffee-shops d'Amsterdam resteront ainsi ouverts aux 1,5 million de visiteurs qui profitent, chaque année, de leur voyage aux Pays-Bas pour une escale dans un coffee-shop.
Exiger de se faire juger pour trafic de stupéfiants en bande organisée plutôt qu’en correctionnelle pour consommation de cannabis, ça n’est pas banal. Mais ça n'a pas vraiment de sens.
Un Cannabis social club, c’est une sorte d’Amap de la production de cannabis. Vous ne savez pas ce qu’est une Amap? Bon je commence par-là alors. Une Amap (Association pour le maintien de l'agriculture paysanne), c’est un groupement de consommateurs qui s’engagent à acheter la production de fruits et légumes bios d’un petit paysan dont l’exploitation n’est pas située trop loin de leur quartier de lecteurs de Télérama et que l’on peut rallier facilement à vélo...
Hey, je rigole. Je suis membre d’une Amap moi-même et je circule partout à vélo même si je n’ouvre jamais un Télérama.
Un Cannabis social club, donc, c’est une coopérative d’amateurs de cannabis qui, lassés d’aller faire la queue dans les cités et payer les yeux de la tête (de chanvre) pour leur péché mignon, veulent produire et consommer solidairement en dehors de toute dimension commerciale.
Ça a l’air sympa comme ça, sauf que c’est totalement illégal. Les légumes bios, Manuel Valls s’en contrefiche et Marisol Touraine vous incite même à en manger cinq par jour mais le cannabis, il n’y a guère que Vincent Peillon et Cécile Duflot au gouvernement pour accepter qu’un adulte responsable puisse choisir le poison qui lui convient sans que l’Etat ne s’en mêle.
Faire quoi que ce soit avec du cannabis, en fait, c’est rigoureusement interdit et lourdement puni par la loi, comme le précise sans ambiguïté ni humour l’article 222-37 du Code pénal:
«Le transport, la détention, l'offre, la cession, l'acquisition ou l'emploi illicites de stupéfiants sont punis de dix ans d'emprisonnement et de 750.000 euros d'amende. Est puni des mêmes peines le fait de faciliter, par quelque moyen que ce soit, l'usage illicite de stupéfiants, de se faire délivrer des stupéfiants au moyen d'ordonnances fictives ou de complaisance, ou de délivrer des stupéfiants sur la présentation de telles ordonnances en connaissant leur caractère fictif ou complaisant.»
Se pointer en masse au commissariat
Outre leur projet général de fumer sain et bon marché, ce qui est une intention légitime au moins d’un point de vue pratique, les cannabis social clubbers sont convaincus de pouvoir affoler les girouettes de la maréchaussée à la manière des faucheurs d’OGM.
Ainsi, si l’un d’entre eux est interpellé, ils prévoient de se pointer en masse au commissariat pour rendre la procédure grotesque et intenable, s’il faut alors condamner 250 braves types à 20 ans de prison pour «trafic de stupéfiants en bande organisée» comme le dispose joliment 222-35, le petit frère de l’article cité plus haut.
«Mais est-ce que ça peut marcher, concrètement? je demande à Farid Ghehiouèche, principal animateur du mouvement et vieux combattant de la cause de la fumette. Est-ce que la police et la justice vont vraiment prendre au sérieux un groupe de farfelus exigeant d’être mis en examen par empathie avec un copain fumeur avéré?»
―En fait, tout ce que nous ferons, c’est de demander l’application pleine et entière de la loi. En règle générale, lorsque que quelqu’un est arrêté, il cherche à minimiser les choses et la correctionnelle, c’est déjà pas mal. Là, nous débarquerons au commissariat et demanderons à être interpellés pour trafic en bande organisée afin d’aller aux assises. Si le Parquet décide de classer sans suite, ce sera une victoire pour tout le monde et nous aurons réussi à faire avancer les choses et à faire bouger les marges de la tolérance.
―Peut-être pas pour l’interpellé initial, qui ne sera pas sorti d’affaire pour autant...
―Oui mais on en est au point où il faut se mobiliser d’une manière ou d’une autre. D’ailleurs, nous allons réunir les 150 Cannabis social clubs déjà créés en France (pour 1.200 membres) pour définir nos prochaines actions. Nous pensons par exemple à une opération massive de déclaration individuelle comme consommateurs dans les préfectures, sans doute en 2013.
Renée Kaddouch, avocate à Paris et docteure en droit, a tout de même l’air de douter de cette stratégie, au-delà de l’effet médiatique s’entend.
«
Il y a tout de même un principe de responsabilité individuelle devant la loi en droit français
,
et s’accuser d’être co-responsable d’un délit ne vous conduit pas immédiatement aux assises. Ce qui pourrait se concevoir, si tous ces gens sont membres d’une association dont l’objet est de contrevenir à la loi sur le trafic de stupéfiants, c’est que l’association elle-même soit poursuivie en tant que personne morale, un peu comme Total dans l’affaire de l’Erika par exemple, qui a été poursuivie pénalement indépendamment de ses dirigeants. Mais l’interpellé initial risquerait toujours la correctionnelle, solidarité de ses amis ou pas
.»
Zut alors! Tout ça pour ça? C’est à vous dégoûter de commettre des délits en réunion. Les fumeurs de pétards en viendront bientôt à dénoncer le laxisme de la police et, franchement, ça ne sera que justice.
150 associations de cannabiculteurs projettent de se déclarer en janvier en préfecture pour “engager le bras de fer avec les autorités”. Leur objectif : déclencher un séisme médiatique et juridique. Qui sont-ils ? Comment fonctionnent leurs “cannabis social clubs” ? Lyon Capitale a enquêté. Extraits du dossier à lire dans le mensuel de novembre.
Dans le débat politique, la question de sa légalisation/dépénalisation revient régulièrement, et ce fut encore le cas mi-octobre après l’intervention de Vincent Peillon sur France Inter. Le cannabis joue l’Arlésienne, mettant chaque fois tout le monde en pétard. Lyon Capitale a enquêté sur la filière, de la production au blanchiment d’argent, révélant notamment l’action de cannabiculteurs décidés à en découdre avec la justice.
“Nous ne voulons plus continuer à alimenter la pompe de l’insécurité et le financement des réseaux de l’économie souterraine”
Depuis quelques mois, des consommateurs réguliers de marijuana montent des coopératives pour planter et partager leur récolte, et ne plus dépendre ni alimenter l’économie souterraine. Leur production représente 3 à 5 tonnes d’herbe par an. Il y a aujourd’hui en France plus de 150 de ces associations, parfaitement illégales (le Code pénal punit de 30 ans de prison et 7,5 millions d’euros d’amende la production et la fabrication de stupéfiants en bande organisée). (…)
Bientôt des cannabis social clubs déclarés en préfecture ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces cannabiculteurs associés ne souhaitent pas rester cachés. Prêts à en découdre avec la justice, ils projettent, probablement pour janvier, de déclarer en préfecture des associations qui de fait relèvent aujourd’hui de la cour d’assises.
Comment fonctionne un “cannabis social club” ? Dans quel but ont-ils été créés ? Que représente leur production en chiffres (l’exemple de Saint-Étienne) ? Réponses des fondateurs du mouvement dans Lyon Capitale-le mensuel de novembre.
Également au sommaire :
• L’explosion de la culture indoor d’herbe en France, chiffres à l’appui
• Sinsemilla, ou Comment en est-on arrivé à cultiver de l’herbe “récréative” en France : l’éclairage de Michel Gandilhon, de l’OFDT
• Les “métiers” de la drogue et leurs revenus respectifs (exemple d’un trafic Maroc-Lyon)
• Blanchiment : les techniques se sophistiquent
• Faut-il légaliser ? L’avis de Christian Ben Lakhdar, économiste, et Michel Kokoreff, sociologue
On entend dire tout et n'importe quoi sur la marijuana. Tour à tour responsable des plus grands maux du Monde ou solution universelle à la dégénérescence de l'Humanité, le débat est d'un manichéisme saisissant. Pour que vous ayez aussi votre mot à dire, il serait utile que vous lisiez ce petit paquet d'infos inutiles sur le sujet dont vous ne soupçonniez certainement pas l'existence. Et qui, du coup, se révéleront absolument indispensables pour briller en société quand le sujet du pétard arrivera sur la table dans votre prochain dîner.
La marijuana était utilisée comme sérum de vérité par l'armée américaine pendant la 2ème Guerre Mondiale Du coup, le prochain ex-prisonnier de guerre qu'on entend se plaindre de ses conditions de détention, on lui en colle une.
La soudaine montée d'appétit qui suit traditionnellement la consommation de marijuana est scientifiquement expliquée La leptine est l'hormone qui contrôle la sensation de satiété. Or le THC, ce fourbe, vient squatter ses récepteurs et l'empêche d'accomplir sa besogne, d'où une gigantesque dalle persistante. Sûrement un coup des vendeurs de chips...
George Washington et Thomas Jefferson étaient de grands producteurs de marijuana: Ou plus exactement de chanvre, une culture extrêmement populaire à l'époque. La première version de la Déclaration d'Indépendance des Etats-Unis fut d'ailleurs rédigée sur du papier de chanvre. Mais le lobby des producteurs de coton utilisa l'argument psychotrope pour mettre à mal la concurrence : la production de chanvre fut réglementée, voire prohibée dans certains états dès la fin du 19ème siècle. Pour un peu, on fumait du coton.
La consommation de marijuana était régulièrement prescrite contre les douleurs liées à l'accouchement, et ce jusqu'en 1942 Futurs pères de tous les pays, au lieu de vous faire bêtement broyer la main par votre compagne pendant qu'elle essaye de pondre votre descendance, roulez lui un joint !
Le Paraguay serait le plus gros producteur de marijuana au Monde. Être numéro 1 dans le transport de personnes en aller simple vers les nuages et avoir pour capitale Asunción, ça ne s'invente pas...
Le lait maternel contient des cannabinoïde A votre avis, d'où vient cet air vaguement inerte que vous distinguez sur le visage béat de votre nouveau-né une fois sa tétée achevée ? Et bien oui : le lait maternel agit comme le THC sur l'organisme de votre nourrisson en lui octroyant, en plus de la sensation de satiété, un bon gros coup de barre derrière la nuque et un sentiment de plénitude. L'histoire ne dit pas si lui mettre du reggae dans les oreilles pendant son repas augmente les chances de l'endormir en 2 minutes chrono : un volontaire pour tester ?
Toutes les horloges (ou presque) du film Pulp Fiction sont réglées sur 4h20 Quel est le rapport, me direz-vous ? Il s'agit d'un clin d'oeil malicieux, 4:20 (four-twenty) étant une des expressions utilisées couramment aux Etats-Unis pour décrire la consommation de cannabis. Le code date du début des années 70 et fut inventé par un groupe de lycéens qui se donnait chaque jour rendez-vous à 4h20 au même endroit pour rechercher un champ de marijuana abandonné dont on leur avait conté l'existence. Rapidement découragés, ils finirent par ne plus rien chercher et se contenter de fumer quelques joints, tout en continuant à respecter scrupuleusement l'horaire. C'est pas parce qu'on est défoncé qu'on ne peut pas être ponctuel, que diable.
L'huile de chanvre est l'aliment le plus riche en Oméga 3 connu à ce jour Remballez vos saumons, jetez vos blancs de poulet, débarrassez-vous de votre huile de foie de morue et boycottez Isio 4 : la voilà, LA solution contre le cholestérol !
Consommer une mangue bien mure 20 minutes avant un joint décuple les effets Etrange, n'est-ce pas ? Et pourtant, il est démontré que le myrcène, un principe actif d'origine végétale, aide les molécules de THC à circuler dans le sang, leur facilitant un accès rapide et efficace à votre petit cerveau vulnérable. Et quel fruit rimant avec Bang présente une concentration démentielle en myrcène quand il est bien mûr ? Bingo...
Il faudrait consommer environ 800 joints en 20 minutes pour faire une overdose Et encore, le patient décéderait d'une intoxication au monoxyde de carbone plutôt que d'une réelle overdose de THC. Pour info, la solanine, substance présente dans la peau de la pomme de terre, est beaucoup plus toxique : vous avez donc beaucoup plus de chance de faire une overdose en consommant des patates qu'en fumant des joints.
Sources : Hailmaryjane, Oddee, OMG facts et Random facts
Le secrétaire général de l'UMP souhaite mettre en place des tests salivaires et sanguins "anonymes" et "aléatoires".
Invité de l’émission C Politique, ce dimanche 21 octobre, Jean-François Copé a fait du cannabis un véritable combat. En s’inspirant du Royaume-Uni, de la Belgique ou encore de certains pays nordiques (Norvège, Suède, Finlande…), l’actuel secrétaire général de l’UMP veut endiguer la consommation de cette drogue dès le collège.
Pour cela, il souhaite mettre en place des tests salivaires ou des prises de sang, "aléatoires" et "anonymes", afin d’informer les parents et donner lieu à "un échange, une discussion, une sensibilisation" avec leurs enfants consommateurs.
D’après le rapport ESPAD 2011, 39% des Français âgés de 15 et 16 ans disent avoir déjà fumé au moins un joint. Ce qui fait de ces adolescents les plus gros fumeurs de cannabis d'Europe.