Perpignan Il cultive son cannabis dans le placard
Par naywak, dans Ce que nous avons retenu...,

Cultiver à domicile un cannabis 'bio' à usage personnel : c'est le choix, risqué, qu'a fait ce cannabiculteur de Perpignan, et avec lui au moins 200 000 autres Français.
 
A première vue, c'est un appartement tout ce qu'il y a de plus normal. Un appartement de trentenaire célibataire, avec son matériel hi-fi, son ordinateur puissant, son désordre contenu… et un drôle de placard, qui s'ouvre - discrètement - sur des plants de cannabis.
 
Nicolas, comme nous l'appellerons, fait partie des quelque 1,2 million de consommateurs réguliers de cannabis en France. Et, comme au moins 200 000 autres*, il a fait le choix de cultiver lui-même son herbe. "J'ai pris cette décision il y a dix ans, quand un jour, je me suis aperçu qu'il y avait du verre pilé dans l'herbe que j'avais acheté. Les dealers l'avaient ajouté pour 'faire le poids'. Le haschisch déjà, une simple observation au microscope m'avait vacciné à vie : cristaux de résine mêlés à de la terre, des poils et autres matières brunâtres… J'avais compris pourquoi on appelait ça le 'shit'. Et même si la consommation de cannabis n'est déjà pas un cadeau pour la santé, j'ai mes limites…".
 
Nicolas a alors décidé d'investir dans la cannabiculture, en se renseignant de l'autre côté de la frontière auprès de magasins spécialisés. Et il s'agit bien d'un investissement : lampes choisies pour un meilleur rendement lumineux par watt consommé, humidificateur, ventilateur, intracteur et extracteur d'air… "Et surtout un filtre à charbon pour éliminer les odeurs, surtout en fin de culture".
 
En tout, il y en a pour près de 500 €. "Mais c'est rentable, dès la première récolte. Je cultive 16 pots sur 1 m2, la culture en terre me permet de cultiver jusqu'à 7 variétés différentes et comme je n'ai pas de vocation commerciale, une culture par an me suffit largement pour ma consommation personnelle : en trois mois environ je récolte entre 220 g et 270 g de produit sec". Un produit sec qui se vendrait entre 8 et 10 € le gramme*, auprès des circuits.
 
"Je prends moins de risques, qu'en courant après mon dealer"
 
Et Nicolas ne s'est pas arrêté là dans sa recherche d'un produit toujours plus 'naturel'. "Au départ j'ai voulu me lancer dans l'aéroponie, une technologie qui consiste à arroser les racines de solutions nutritives, sans aucun substrat. Mais j'ai fini par passer à la culture en terreaux, avec des engrais majoritairement bio. A l'inverse des cultivateurs à but commercial, qui utilisent des engrais chimiques, sans rinçage, pour augmenter leur rendement. Ces produits se retrouvent après dans l'organisme et s'accumulent dans les reins".
 
Il y a quatre ans, Nicolas a décidé de franchir un nouveau pallier en supprimant le tabac de sa consommation. "Cela va même au-delà, puisque j'ai complètement arrêté de fumer. J'ai acheté un appareil de vaporisation, qui fonctionne sur un principe très précis : la résine, qui contient les substances actives et gustatives, est vaporisée par un jet d'air chaud, sans combustion. La vapeur dégagée est stockée dans un ballon d'où l'on peut la respirer. Cela a réduit ma consommation de cannabis sur une année d'environ 30 %. Alors, l'appareil coûte plus de 350 €, c'est vrai. Mais l'économie, je la réalise sur le tabac, les feuilles à rouler…".
 
Mais ces explications circonstanciées ne sont pas un bouclier dédouanant Nicolas de sa responsabilité. Ce qu'il fait, il le sait, est strictement illégal. "Oui, trois mois par an, je prends des risques. Je connais la loi. Mais je prends sûrement moins de risques qu'à l'époque où je devais courir sans cesse après mon dealer, me rendre dans des lieux pas très fréquentables et transporter sur moi ma consommation".
Des explications qui ne convaincraient pas la justice, le cas échéant.
*Source : Observatoire français des drogues et des toxicomanies.
 
SOURCE : l'independant
 
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Cannabis social club : hymne à la feuille
Par Hellvice,
À quelques kilomètres de Tours, ils font pousser du cannabis au vu et au su de tous. Leur mouvement fait tâche d’huile un peu partout en France. Rencontre.


 
Dominique, 43 ans, est père de deux enfants. Depuis vingt ans, c’est un consommateur régulier de cannabis. Mais c’est aussi un producteur, un vrai. Tout commence en 1990 où un séjour en prison l’empêche d’assister à la naissance de son fils. À partir de ce jour, Dominique en fait un point d’honneur : plus jamais il ne veut avoir de contact avec le marché noir. Ce jardinier de profession commence alors à faire pousser la plante chez lui, à Esvres, à quelques kilomètres au sud de Tours.
Très vite, il est rejoint par plusieurs amis qui, comme lui, sont décidés à se passer des dealers. Au départ, l’entreprise est fastidieuse : les semis ne donnent rien, les feuilles fanent. Mais, d’essais en essais, les plantes s’épanouissent et le nombre des cultivateurs aussi. Et C’est ainsi que naît le Cannabis Social Club, un petit groupe au nom un brin provocateur qui ne tarde pas à essaimer un peu partout en France. Il y aurait aujourd’hui, la bagatelle de 300 CSC dans le pays.
Auto-production
Après des années de clandestinité, ce groupe d’auto-producteurs a décidé de lever le voile et d’assumer son action aux yeux de tous, pour clamer haut et fort que « produire son propre cannabis est un geste responsable qui réduit les risques ». Le message, atypique, inédit, trouve un écho dans les médias nationaux. Dominique Broc a les honneurs de Libération, du Monde, de l’AFP, qui viennent faire le portrait de ce briseur de tabous. Même Canal + et TF1 font le déplacement à Esvres. Après la tentative (avortée) de Vincent Peillon de remettre sur le devant de la scène le débat sur la légalisation du cannabis, l’aubaine médiatique est trop belle.
 
Mais, pour se faire entendre, Dominique et ses camarades n’entendent pas en rester là. « Le même jour (la date sera fixée début février), chacun des 300 Cannabis Social Club de France va déposer son statut d’association loi 1901 auprès des préfectures de France et se déclarer officiellement en tant que cannabiculteurs. »
« Sur l’utilisation thérapeutique du cannabis, la réponse de l’état français n’a jamais varié : c’est non… »
 
 
L’activité étant illégale, les demandes ont, naturellement, toutes les chances d’être rejetées. Mais l’essentiel n’est pas là. « En nous dénonçant auprès des préfectures, nous cherchons avant tout un dialogue avec le gouvernement » explique Dominique, qui se trouve à la tête de ce mouvement. « Notre action est responsable et réfléchie. Le CSC réclame le droit de cultiver son herbe en s’appuyant sur une transparence irréprochable. C’est-à-dire en tenant un cahier de culture, imposant un suivi rigoureux de la production, de la consommation par personne et une traçabilité au gramme. Ainsi le club s’assure qu’il n’y a aucun commerce, ni aucune revente et peut montrer patte blanche aux autorités à tout moment. Car le mot d’ordre de tous les CSC est clair : pas de business. »
Anti-dealer
 
Eviter toute forme de commerce pour couper l’herbe sous le pied (si le jeu de mots nous est permis) aux dealers de tous poils. C’est tout le sens de ce débat que Dominique Broc et son CSC veulent relancer.
Et puis, bien sûr, il y a l’aspect thérapeutique… Car le cannabis possède des propriétés antidouleurs, anti-spasmes, anti-vomitives reconnues par la médecine. « Une personne de notre groupe souffre d’une maladie orpheline neurodégénérative. Lorsqu’elle consomme du cannabis avec nous, son visage se décrispe, ses membres se détendent et ses tremblements diminuent. Une autre souffre de sclérose en plaques, et soulage ainsi sa douleur. » Et Dominique de rappeler que le Canada, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suisse ainsi que plusieurs états des États-Unis se sont laissés convaincre par l’utilisation du cannabis thérapeutique. Actuellement en France, l’usage du cannabis à titre médical est réservé à quelques dizaines de patients qui disposent d’une autorisation temporaire d’utilisation. Ils peuvent donc prendre du Marinol, un médicament à base de cannabis synthétique, le moins dosé du marché. Pour le reste, la réponse de l’état est toujours la même et ce quelle que soit la couleur politique du gouvernement : c’est non, en dépit des divers appels en provenance d’associations ou de médecins.
Les planteurs iconoclastes des CSC, de Touraine et d’ailleurs, parviendront-ils à relancer ce vieil et épineux débat ? Début de réponse en février, sur au bureau des associations de la préfecture…
 
 
Source : tmvmag.fr
 
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Angers. Cannabis au volant : relaxe définitive
Par mrpolo,
La relaxe d’un conducteur angevin, confirmée le 11 septembre 2012 par la cour d’appel d’Angers, est devenue définitive.
 
Pas de pourvoi en cassation
 
C’est ce que confirme le parquet général, ce vendredi après-midi. Aucun moyen n’ayant été identifié, il s’est désisté de son intention de se pourvoir en cassation. Le 14 octobre 2011, un peu après 17 h, un automobiliste segréen de 35 ans s’était soumis à un contrôle de la brigade motorisée de sa commune. Il reconnaissait avoir consommé « un peu » de cannabis le matin. Problème : le dépistage relevait des traces résiduelles de cannabis dans le sang, le THC-COOH, réputé substance inactive.
 
Quid des procédures en cours ?
 
Cette décision qui suit la démonstration des avocats Mes Rouiller et Jamoteau, ouvre le champ à des conséquences multiples en matière de dépistage du cannabis lors des contrôles routiers. Quid des procédures en cours ? La Chancellerie reverra-t-elle sa copie pour rendre la loi plus opérante ? Réponse dans les jours à venir.
 
Retour sur le jugement en appel
 
Voir aussi: vidéo des avocats angevins
 
Source: Ouest France
 
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USA : l'État de Washington recherche son consultant en cannabis
Par Invité,
À la suite de la dépénalisation du cannabis, les autorités locales sont à l'affût d'un spécialiste pouvant les conseiller. Cent mille dollars sont à la clef.
 
Amateur de joints au chômage, voilà une annonce qui pourrait vous intéresser. Pour y postuler, il faut se rendre de l'autre côté de l'Atlantique, dans l'État de Washington (États-Unis). L'administration locale y recherche son consultant en cannabis avec expérience obligatoire.
 
Salaire ? Cent mille dollars, tout rond.
 
Et il ne s'agit pas d'un piège tendu par la brigade des stups, mais d'une annonce bien réelle. L'État vient en effet d'autoriser la consommation de cannabis pour le plaisir de ses administrés et non pas seulement pour un usage médical. Cette loi prévoit, en outre, une importante taxe sur la vente des feuilles afin de financer un programme de santé publique destiné aux plus jeunes. Un référendum, à la participation record (81 % des inscrits), a permis l'adoption de ce texte. Et il n'autorise que la consommation des feuilles (la marijuana).
 
Expérience nécessaire
 
Depuis la publication de la petite annonce, les réponses affluent. Chacun se trouve des talents dans la chose et les recruteurs de la Washington State Liquor Control Board (LCB) en voient défiler de toutes les couleurs. Mikhail Carpenter, l'un des agents de l'organisation, en a témoigné à la chaîne King 5 : "Nous avons vu des gens qui font pousser du cannabis dans leur sous-sol jusqu'à ceux qui l'ont étudié dans des termes académiques." Le profil idéal pour la "LCB" ? Un individu capable de les conseiller sur la culture, la vente, la sécurité et le contrôle de la qualité de la plante. Un casier judiciaire n'est pas éliminatoire s'il se limite toutefois à des faits de consommation de cannabis, évidemment.
 
Du côté des candidats, cette démarche sonne la fin de la partie de cache-cache avec les autorités. Ben Carpenter, l'un de ces enthousiastes, a déclaré, toujours à King 5 : "J'ai le sentiment que la guerre est terminée et maintenant ils nous invitent à leur donner des conseils pour savoir faire pousser l'herbe !" De son côté, Aunt Mary a fait part au Weekly Volcano de sa "connaissance absolue de tout ce qui touche au cannabis". Elle avoue même fumer de la marijuana tous les soirs, et en farcir ses tourtes à la dinde. Attention, pour tous les intéressés : date limite du dépôt des candidatures le 15 février.
 
Source : le point
 
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Cannabis: La génération H s'exprime
Par Invité,
Ils sont chefs d'entreprises, ingénieurs, traders, étudiants, infographistes, responsables de magasins, vendeurs, musiciens, électriciens, pâtissiers.
Ils sont mariés ou non, croyants ou non, hétérosexuels ou non, ont des passions comme tout le monde: sport, musique, littérature.
Ils paient leurs impôts comme vous et moi, ne partent pas s'exiler en Russie ou en Belgique ou ailleurs quand il s'agit de participer à l'effort national.
 
Ils font partie des classes moyennes, populaires et aisées. Ils votent, ou pas, s'impliquent, ou non, dans la vie sociale ou culturelle de leurs cités, s'engagent dans des luttes justes que bien souvent l'État a abandonné. Ils s'engueulent le dimanche dans les repas de famille et se réconcilient comme toujours à l'heure de la sieste.
Ils sont citoyens français, ont été à l'école de la République et en ont intégré les préceptes et les valeurs. Ils sont responsables de leurs actes et sont totalement insérés dans la société française, mais pourtant tout les jours ils sont dans l'illégalité parce qu'ils fument un joint ou qu'ils cherchent à s'en procurer.
 
Ils ont entre dix-huit et soixante dix-huit ans et ils appartiennent à la Génération H dont on ne parle jamais si ce n'est pour la décrire comme un groupe homogène d'êtres passifs, lobotomisés par leur consommation de cannabis, caricatures post-baba-cool ou néo hippies bourgeois bohèmes.
 
Ils ne le sont pas, ou pas tous, en tout cas ils le sont autant que le reste de la population de ce pays.
Fumeurs réguliers ou occasionnels, ils ne veulent convaincre personne d'essayer le haschisch, mais souhaiteraient juste que la société dans laquelle ils vivent leur permette d'éviter de devoir prendre des risques en achetant de l'herbe dans des endroits improbables et glauques pour ne pas dire dangereux, les dispense du stress de se sentir continuellement dans l'illégalité alors qu'ils ne font de mal à personne, leur garantisse la qualité du cannabis qu'ils achètent, ou tout au moins les laisse cultiver de quoi fumer tranquillement chez eux.
 
https://www.youtube.com/watch?v=SL2nHlW-X8o&feature=player_embedded
 
Ils ne demandent rien d'autres qu'un peu de respect et de compréhension pour leur pratique et leur culture, car il s'agit bien de culture cannabis. Des milliers d'artistes et d'intellectuels ont écrit ou chanté leur amour ou leur intérêt pour la marijuana. Des médecins et des scientifiques réputés évoquent ses vertus médicinales. Des millions de Français ont testé ses qualités récréatives, festives ou méditatives. Des spécialistes de la question évoquent les centaines de variétés d'herbe et de shit existantes, l'importance du terroir dans sa production, l'essentialité de l'acclimatation des graines à leur environnement. Il existe des foires internationales où l'on déguste ces produits et ou les meilleurs produits sont récompensés, comme on peut l'observer dans nos foires de l'agriculture pour le fromage, le pain ou le vin.
 
Qu'on le veuille ou non, la consommation de cannabis s'est massifiée en France depuis quarante ans. On peut fermer les yeux pour ne rien voir, se cacher la vérité qui dérange, faire preuve de mauvaise foi ou de rhétorique habile, la ganja appartient désormais à la culture française, au même titre que le vin rouge ou le pastis. C'est un fait qu'il faut savoir traiter avec mesure et responsabilité. La Génération H ne demande qu'une chose: continuer à vivre sa vie tranquillement, à participer à la construction de la nation dans un système autre que celui de la prohibition et de la répression contre les simples consommateurs de shit et d'herbe.
 
Elle n'attend donc qu'une chose: l'autorisation des Cannabis Social Clubs et la permission de pouvoir produire chez soi de quoi satisfaire sa consommation.
 
 
Cette fin de la prohibition raisonnable et raisonnée permettrait de contrôler la qualité des produits circulant sur le territoire français. Elle permettrait d'en terminer avec le cannabis coupé au caoutchouc, au henné ou à la résine de pins, ou l'herbe vendue de piètre qualité. Elle porterait un coup dur aux trafics en tout genre et à l'économie informelle. Elle libérerait du temps pour les services de police qui pourraient se concentrer sur la lutte contre les mafias et les dangereux criminels.
 
Elle créerait même un peu d'emplois et donnerait une nouvelle passion à des centaines de milliers de Français: le jardinage.
Il paraît que cette activité apaise. Il est temps que nos gouvernants l'entendent et se réconcilient avec une grande partie de sa population.
 
Par Alex Grondeau.
 
Sources : Huffingtonpost.fr
 
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Les cannabis social clubs de France dévoilent leur plan de bataille
Par serie fatale,
Bonjour à tous ,Petite nouvelle sympa du matin , je vous la partage :
 
 
 
Les cannabis social clubs de France dévoilent leur plan de bataille pour être légalisés - EXCLUSIF
 
 
 
 
 

 
 
 
 
CANNABIS - C'est la stratégie d'un véritable coup de force que le Cannabis Social Club Français révèle au HuffPost. Ils en avaient fait l'annonce, ils en ont pris la décision officielle dimanche 3 février: pour mettre un terme à la prohibition du cannabis, la Fédération des Cannabis Social Clubs Français (FCSCF) déposera son statut d'association à la préfecture d'Indre-et-Loire, le 4 mars prochain à Tours. Si d'ici le 25 mars le gouvernement ne réagit pas, l'Etat devra alors faire face à une vague de déclarations officielles de cannabis social clubs en préfecture sur tout le territoire.
"425 clubs se tiennent prêts" assure Dominique Broc, le porte-parole du Cannabis Social Club Français. Cette vague de déclarations du 25 mars pourrait même être suivie d'une autre, à une date qui n'a pas encore été arrêtée. Au total, près de 700 cannabis social clubs (CSC) pourraient donc être amenés à se déclarer. "On demande au gouvernement de trancher sur le cas des cannabis social clubs," explique Dominique Broc. Jusqu'ici les autorités fermaient l'oeil, désormais elles devront se prononcer.
 
 

LIRE AUSSI: Les cannabis clubs, fer de lance d'une nouvelle vague de légalisation de la marijuana  
Car les cannabis clubs existent déjà. Répartis dans toute la France, on en dénombrerait plusieurs centaines. Sorte d'association officieuse à but non-lucratif, ils rassemblent plusieurs milliers de consommateurs de cannabis désireux de mutualiser leurs moyens afin de produire leur propre consommation. "La production de cannabis à des fins personnelles" telle sera donc la finalité déclarée et officielle des associations qui se déclareront en préfecture. Une disposition qui contrevient à l'article 3 de la loi de 1901 qui stipule que "toute association fondée sur une cause ou en vue d'un objet illicite, contraire aux lois (...) est nulle et de nul effet."
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Lutter contre le trafic  
Alors de quels effets seront suivies ces déclarations? Nul ne peut le dire aujourd'hui, mais depuis l'Appel du 18 joint, qui a vu le premier Cannabis social clubs français sortir du bois, Dominique Broc croit sentir le vent tourner. En pourparlers depuis plusieurs semaines avec la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), il confie au HuffPost qu'il a affaire à un "interlocuteur intéressé." "On suscite de l'intérêt parce que notre modèle réglerait le problème," affirme-t-il.
Le raisonnement des CSC est simple: "Plus le nombre de consommateurs assurant leur propre production sera grand, moins il y aura de trafic" explique Dominique Broc. Cette logique à rebours de la politique répressive est d'ores-et-déjà à l'oeuvre en Espagne ou au Portugal. Arrivée en France, elle fait aussi des émules.
Un article dans Le Monde, une dépêche AFP reprise dans Le Point, mais aussi dansL'Express, depuis que les CSC ont fait connaître leur désir de rentrer dans la légalité en décembre 2012, les médias les courtisent, et parmi eux de nombreux médias plutôt conservateurs. Un intérêt qui ne surprend pourtant pas leur porte-parole. "On s'attaque à enjeu sécuritaire légitime donc on est entendu" analyse-t-il.
Dominique Broc interrogé sur les CSC au journal de TF1, suite de l'article sous la vidéo:
 
https://www.wat.tv/vi...bd7_2i0u7_.html
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Forcer la décision du gouvernement  
Si l'interlocuteur du CSCF s'appelle la DCRI, c'était bien sur le gouvernement que Dominique Broc comptait. "Nous avons demandé une dérogation pour les CSC à titre expérimental et avons annoncé une date butoir, le 2 février, à laquelle nous prendrions une décision." Point de retour du gouvernement ce jour, c'est donc dans la nuit du 2 au 3 février que les 22 membres du bureau de la future Fédération des cannabis social clubs français se sont mis d'accord sur ce plan de bataille.
"On est tous solidaires," affirme leur porte-parole, "s'il y en a un qui trinque, le logique veut qu'on trinque tous," continue-t-il. Juridiquement, la méthode de la déclaration en masse est un pari risqué, mais le CSCF croit en la force des 5.700 individus prêts à se déclarer officiellement en tant que membre d'un CSC. "Soit ils fermeront les yeux et ce serait alors un accord tacite de la part du gouvernement, soit ils devront s'attaquer à nous, et cela fera beaucoup de monde dont il faudra s'occuper," explique-t-il.
Néanmoins, les CSC sont confiants. Une décision cadre de l'Union européenne sur le trafic de drogue, qui date du mois d'octobre 2004, leur ouvre en effet une porte de sortie. Si celle-ci affirme que "les États membres garantissent que la culture de plantes de cannabis, effectuée illégalement, est un délit punissable", son article 2.2 indique que "ne sont pas inclus dans le champ d’application de la présente décision-cadre lorsque leurs auteurs s'y livrent exclusivement à des fins de consommation personnelle telle que définie par la législation nationale." En d'autres termes, pour l'Europe, les cannabis social clubs sont légaux et n'entrent pas dans le cadre du trafic de drogues.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Réguler plutôt que dépénaliser  
Les CSC pourraient-ils ouvrir la voie à une forme de légalisation? Dominique Broc ne l'entend pas de cette manière. "La légalisation, on n'a pas encore le recul nécessaire pour en parler," avertit-il. Pas question non plus de prononcer le mot "dépénalisation", officiellement donc le CSCF parle de "régulation de la consommation."
"Notre ennemi ce ne sont pas les autorités, c'est le crime organisé," martelle Dominique Broc. Et il en veut pour preuve les menaces dont les CSC sont l'objet, y compris "des menaces de mort". "C'est bien la preuve qu'on gêne," nous dit-il. Alors par mesure de précaution, ce jardinier de 44 ans ne reçoit plus sa fille chez lui pour ne pas qu'elle soit là "le jour où ça arrivera." "Ça", c'est évidemment le pire, "je m'attends à recevoir de la visite," confie Dominique Broc qui, même s'il dit ne pas trop y croire, reconnaît qu'il est "exposé."
Militantisme oblige, le porte-parole du CSCF a la tête ailleurs, et notamment dans les milliers de courriers qu'il reçoit. "Je suis complètement dépassé," s'amuse-t-il, "rien que pendant les deux derniers jours, j'ai reçu plusieurs centaines de demandes et j'ai 10.000 emails en souffrance dans ma boîte." Ces emails, ce sont principalement des demandes de particuliers qui souhaitent créer leur club et qui seront examinése. D'autres écrivent pour savoir comment adhérer un club. Ceux-là, le CSCF en fait peu de cas et privilégie avant tout le volontarisme des membres.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

"Béquille sociale"  
Alors qui sont ces cannabis clubbers qui dérangent les trafiquants et provoquent l'Etat? "Chez nous, il y a de tout", indique Dominique Broc. "Des avocats, des chauffeurs de taxi, des éducateurs, des fumeurs récréatifs, d'autres qui font un usage thérapeutique." Faire un usage thérapeutique du cannabis pour ne plus souffrir, c'est ce que réclame Sandrine, l'une des membres du club de Tours. Atteinte d'une maladie orpheline rare, c'est son médecin qui l'a orientée vers le cannabis.
Dominique Broc parle quant à lui du cannabis comme d'une "béquille sociale", de quelque chose qui l'aide à vivre. Récréatif ou thérapeutique, nombreux sont ceux qui, comme lui, voudraient pouvoir consommer librement, hors de tout trafic et savoir ce qu'ils fument. Alors faudra-t-il autoriser et contrôler la création de cannabis social clubs? Au gouvernement d'en décider. Mais pour leur porte-parole, seule une chose est sûre: "la prohibition ne profite à personne sauf au crime organisé."
Capture d'un courriel de menace reçu par Dominique Broc:

 
Article tiré du site internet : https://www.huffingtonpost.fr
 
Bonne Journée à tous
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Canada : Légalisation , Les libéraux seraient en réflexion
Par ashrek,
OTTAWA – L’industrie de la marijuana est prête à décoller dans l’éventualité où la drogue serait légalisée au pays, révèle un rapport interne de l’aile britanno-colombienne du Parti libéral du Canada.
 
Le document de travail vise à solliciter les discussions sur la légalisation du cannabis chez les membres du Parti et les députés.
Le rapport met en lumière l’impact économique au chapitre de la création d’emplois partout au pays, du secteur touristique jusqu’aux commerces au détail.
«Les retombées économiques de la légalisation de la marijuana au Canada seraient très bénéfiques pour le gouvernement et les contribuables, précise le document qui a été dévoilé ce mois-ci. Des milliers d’emplois directs et indirects seraient créés.»
 
Le document a été rédigé à la suite d’un énoncé de politique concernant la légalisation du pot adopté il y a un an par près de 80 % des membres du parti.
Les libéraux n’ont toujours pas inclus l’idée en tant que politique officielle, mais l’ensemble des neuf candidats à la course à la direction du parti appuie une réforme, ne serait-ce que modeste, des lois entourant la marijuana.
 
Certains des candidats, comme Justin Trudeau et Marc Garneau, favorisent la décriminalisation de la marijuana. D’autres, incluant la députée de Vancouver Joyce Murray, voudraient la légalisation de la drogue, qu’elle soit réglementée et taxée.
«La prohibition ne fonctionne pas. Ce que le rapport dit, et je suis d’accord, est que nous voulons forcer les criminels à fermer boutique et ne pas envoyer nos jeunes en prison», a-t-elle expliqué.
 
Le chef libéral par intérim, Bob Rae, laisse à celui ou celle qui remportera la course à la direction, en avril, le soin de préparer le dossier à soumettre aux membres lors de la prochaine assemblée biennale.
 
Source: JournaldeMontreal
 
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Fumez, c'est du local : la nouvelle tendance du cannabis en Europe
Par ashrek,
Un "basculement". C'est ce qu'a connu ces dernières années le trafic de cannabis en Europe, selon Europol et l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT). Dans leur rapport sur le marché de la drogue (document PDF en anglais), publié jeudi 31 janvier, les deux organismes reviennent sur dix années d'évolution des pratiques en ce domaine.
 
Repli de la résine de cannabis au profit de l'herbe, trafiquants qui redoublent d'imagination pour dominer le marché... Francetv info vous dit tout ce qu'il faut savoir du visage du cannabis en Europe en 2013.

Consommation : les "grands" pays en tête
 
80,5 millions d'Européens âgés entre 15 et 64 ans ont reconnu avoir déjà fumé du cannabis. C'est à peu près l'équivalent de la population de l'Allemagne. Parmi eux, 16 millions reconnaissent en avoir fumé dans l'année. De quoi générer un important trafic : l'OEDT et Europol estiment à 2 500 tonnes la quantité de cannabis consommée chaque année dans l'Union européenne. Ramené au prix moyen de vente au détail, cela représente entre 18 et 30 milliards d'euros.
 
Fumer du cannabis semble également être une occupation d'Européen de l'Ouest et du Nord : c'est dans les pays les plus peuplés – et souvent les plus riches – que la proportion de fumeurs est la plus importante. "Les neuf pays dont plus de 20% des habitants ont déjà fumé – dont l'Allemagne, l'Espagne, la France, l'Italie et la Grande-Bretagne – représentent presque 70% de la population européenne", note le rapport.
 
En matière de consommation, chaque pays a sa spécificité. Plus des trois quarts du haschich (résine de cannabis, encore couramment appelée "shit") consommé en Europe l'est dans seulement trois pays : l'Italie, l'Espagne et la France. L'herbe, elle, a surtout les faveurs du Royaume-Uni et de l'Allemagne.

Production : poussée de la production locale de cannabis
 
L'un des grands phénomènes mis en lumière par ce rapport concerne la culture du cannabis sur le sol européen : aucun des 29 pays étudiés n'a indiqué être épargné par cette pratique. Celle-ci concerne aussi bien les groupes organisés que les simples consommateurs, "qui cultivent des plants pour leur consommation personnelle ou celle de leurs proches, veulent s'assurer de la qualité du produit, ou encore se détacher des éléments criminels du marché".
 
Pour mesurer la progression de ce phénomène, qui se pratique tant en intérieur qu'en extérieur, le rapport se base sur les saisies de plants de cannabis par la police. De 2,5 millions de plants saisis chaque année en moyenne entre 2005 et 2009, l'Europe est passée à 4,6 millions en 2011. Près de la moitié des plantes arrachées cette année-là l'ont été aux Pays-Bas, où la production et la commercialisation du cannabis sont encadrés.
 
Conséquence de cette production "made in Europe", "le trafic transfrontalier de l'herbe a baissé de manière plus brusque que celui du haschich", note le rapport, au point que désormais, "la majorité des pays étudiés semblent relativement autosuffisants". Ainsi, le rapport relève que le poids moyen de l'herbe saisie par la police a chuté en dix ans. De 1,4 kg en 2011, il est passé à 300 grammes en 2011.

Trafic : les organisations criminelles s'adaptent
 
Cet engouement pour la production locale a donné des idées aux organisations criminelles, qui cherchent à tirer des bénéfices de la drogue illégale la plus consommée en Europe. "Elles font fonctionner de grandes plantations, mais aussi – et c'est plus récent –, une multitude de petites installations dans plusieurs pays, dans le but d'atténuer les risques."
 
Pour cacher les installations, les trafiquants font parfois appel à des partenaires inattendus : "Les personnes vulnérables, comme les personnes âgées, sont parfois approchées avec la promesse d'importants revenus, indiquent Europol et l'OEDT. Mais elles finissent par se faire exploiter."

La police française investit une serre où pousse du cannabis, le 4 décembre 2012 à Saverne (Bas-Rhin). Elle était gérée par une organisation criminelle qui faisait également passer clandestinement des immigrants vietnamiens en Europe.(DCPAF / AFP)
 
D'où viennent ces filières de trafiquants-cultivateurs ?
Des Pays-Bas, en ce qui concerne la Belgique et l'Allemagne, mais aussi du Vietnam, détaille le rapport. Ces dernières "ont pris de l'importance dans de nombreux pays européens", comme l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France. "Hermétiques et très hiérarchisés, ces groupes se sont organisés avec des spécialistes : on trouve des électriciens, des plombiers et des gérants. Les jardiniers sont souvent des clandestins qui travaillent pour rembourser leur voyage", continue le rapport.
 
En parallèle, le trafic "classique" de résine de cannabis perdure. Le haschich venu du Maroc continue d'inonder l'Espagne (356 tonnes saisies en 2011) et le Portugal. Mais là aussi, de nouvelles tendances émergent. Le rapport indique que les trafiquants n'hésitent désormais pas à jeter à l'eau leur marchandise, préalablement équipée de traqueurs GPS, pour la récupérer plus tard.
 
Autre phénomène, plus marginal : l'utilisation de petits avions privés pour transporter de la résine entre le Maroc et la péninsule ibérique. Pour mesurer cette tendance, le rapport a une méthode un peu particulière : comptabiliser les crashs de ces engins. La plupart d'entre eux volent en effet très bas, de nuit et tous phares éteints, pour ne pas se faire repérer. Trente avions légers se sont ainsi écrasés au Maroc, en Espagne et au Portugal lors des six dernières années.
Vincent Matalon
 
Source: Francetvinfo
 
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Suisse : La prohibition est un échec, il faut l’abandonner
Par Invité,
Olivier Guéniat, commandant de la police jurassienne, tire un constat d’échec de la politique suisse de lutte contre la drogue et préconise un «changement de paradigme»
 
Le Temps: Nous sommes en échec face aux trafiquants, dites-vous. Comme commandant de police cantonale, êtes-vous le premier à dire tout haut ce que les autres pensent tout bas?
Pour chasser la drogue de l’espace public, il faut l’autoriser dans l’espace privé, argumente en substance Olivier Guéniat dans un article publié dans la revue Dépendances du Groupement romand d’études des addictions (GREA). Il est à notre connaissance le premier patron d’une police cantonale à prendre une telle position. Questions.
 
– Olivier Guéniat: Plus de 130 tonnes de cannabis se consomment annuellement en Suisse, pour un chiffre d’affaires qui dépasse le milliard de francs. Quant à la consommation de cocaïne, elle est supérieure à 5 tonnes, pour un chiffre d’affaires similaire, malgré la répression qui prévaut depuis une vingtaine d’années de la part de toutes les forces
sécuritaires. Je doute donc que quiconque puisse se prévaloir d’un autre avis, même si j’avoue n’en avoir pas discuté avec les vingt-cinq commandants des polices cantonales. De toute manière, j’ai écrit cet article en mon nom personnel, comme un bilan de ma sphère de spécialisation.
 
– Dépénaliser «partiellement» la consommation et la production de cannabis, qu’entendez-vous par là?
 
– Il faut déplacer le cannabis, son trafic et sa consommation, de l’espace public vers l’espace privé. Il est nécessaire à la fois d’augmenter la sévérité de l’interdit dans l’espace public et d’autoriser la culture et la consommation dans l’espace privé. L’Etat devrait faire la concession de délivrer des autorisations dans ce but à ceux qui les demandent. Cela devrait permettre de faire diminuer la demande, qui s’approvisionne essentiellement sur le marché noir, et de voir s’effondrer l’offre illicite. Cela va fonctionner pour autant que la sévérité soit crédible pour ceux qui s’aventureraient sur l’espace public. Cela fonctionnera, car la plupart des consommateurs, qui ne sont ni délinquants ni criminels, sauront faire la part des choses quant aux risques encourus et se discipliner, par analogie à ce qui s’est passé au niveau de la circulation routière.
 
L’espace public, que vous voulez libérer de la drogue, est occupé tout autant sinon plus par la cocaïne que par le cannabis. Que faire sur ce point?
 
– Le marché du cannabis est irrémédiablement le premier marché illicite, loin devant la cocaïne. Par contre, la cocaïne est le stupéfiant le plus épouvantable que nous connaissons: il n’y a ni produit de substitution, ni solution pour traiter son addiction. En fait, il n’y a qu’une solution de compromis, qui vise à médicaliser à outrance les plus addictifs, en leur prescrivant de l’héroïne à la place. Cela paraît fou, mais c’est bel et bien la moins mauvaise solution, j’en suis persuadé. Le corollaire attendu est aussi un déplacement du marché de rue vers l’espace socio-thérapeutique. Ce qui est certain, c’est que nous ne pourrons pas continuer comme cela sans rien pouvoir faire avec ces toxicomanes, tout en regardant notre espace social se dégrader.
 
– En 2008, vous vous prononciez contre toute forme de libéralisation. Qu’est-ce qui vous a fait changer de position?
 
– Je me suis toujours opposé, parce que tous les projets voulaient dépénaliser dans l’espace public, au détriment de la sécurité. Sur ce point, je serai toujours intransigeant: il est exclu de sacrifier la sécurité de la majorité.
 
– Des prises de position comme la vôtre montrent-elles que la Suisse va vers un tournant dans sa politique de la drogue?
 
– Franchement, c’est ce que je souhaite lorsque je vois comment l’espace public est mis à mal et les dégâts qui s’y produisent. La politique des quatre piliers (prévention, thérapie, répression et réduction des risques, ndlr) était très moderne, mais elle n’a pas évolué depuis à peu près vingt ans, alors que la société a transmuté à vitesse grand V dans l’intervalle. Je sais trop bien que le retard pris dans le domaine de la sécurité compte double ou triple. Reste à convaincre.
 
Photo: Pour le chef de la police du Jura, il faut «déplacer le cannabis, son trafic et sa consommation, de l’espace public vers l’espace privé». (Keystone)
Source :Le Temps.ch
 
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La justice a échoué contre la drogue
Par Invité,
Après la mise en place d'un « arsenal pénal impressionnant qui remplit les prisons de dealers mais qui n’empêche pas les trafics de perdurer», « il convient aussi d'envisager sérieusement d’autres voies comme la légalisation de la vente de la drogue », propose Christine Bartolomei, présidente du tribunal pour enfants de Marseille de 2000 à 2010.
 
 
 
La justice peut-elle mener « la guerre contre la drogue » ? Précisons tout d’abord ce que l’on définit par le mot drogue. Dans le code pénal, on ne connaît que les « stupéfiants », qui s’appliquent à toutes sortes de drogues : cannabis, héroïne, cocaïne, ectasy, etc. Les mêmes peines (créées par la loi du 31 décembre 1970) sont appliquées pour toutes les drogues : un an d’emprisonnement et 3 750 € pour usage de stupéfiants (art L3421-1 CSP), cinq ans et 75 000 € pour offre ou cession illicites de stupéfiants à une personne en vue de sa consommation personnelle (art. 222-39 CP), dix ans et 7 500 000 € pour transport, détention, offre, cession, acquisition ou emploi illicites de stupéfiants (art. 222-37 CP). Il convient aussi de souligner que la loi ne prévoit pas une aggravation des peines au regard des quantités de stupéfiants saisies : ainsi un mineur de 16 ans interpelé dans le couloir d’une cité avec 50 grammes de cannabis dans ses poches encourt théoriquement la même peine de 10 ans que le trafiquant arrêté avec des dizaines de kilos d’héroïne.
Pour les adolescents que j’ai côtoyés pendant des années, et parfois mis en examen pour des délits relatifs à l’usage, l’acquisition ou la vente de stupéfiants, cette pénalisation est incompréhensible, d’autant plus que, pour eux, le cannabis n’est pas une drogue, ni un produit dangereux, en tout cas pas plus dangereux pour la santé que la cigarette ou l’alcool, comme ils se plaisaient à me le rappeler. Et de fait, rares sont les jeunes qui passent du cannabis à d’autres drogues plus dures. En dix ans, je n’ai jamais rencontré de mineur héroïnomane. Si l’on excepte certains cas extrêmes de consommation effrénée de haschich, souvent associée à des prises de médicaments anxiolytiques, qui peuvent détruire la santé, il semble que la consommation de cannabis corresponde à un moment de l’existence de ces jeunes, moment réversible qui peut s’estomper en quelques mois au gré des événements qui se produisent dans leur vie (rencontre amoureuse, pratique d’un sport, premier boulot). C’est souvent une béquille pour panser momentanément les plaies laissées par une exclusion scolaire, un conflit parental douloureux, le manque de perspective d’avenir et surtout la frustration liée au manque d’argent… Le problème, c’est qu’ils passent assez facilement de la position de consommateurs à celle de « trafiquants », d’abord pour acheter les doses dont ils ont besoin pour eux-mêmes puis pour dépanner les copains, puis pour gagner de l’argent facile. C’est une activité attractive pour des jeunes désargentés, beaucoup plus que la scolarité dans laquelle ils se sentent largués…
Aussi sont-ils dans l’incompréhension totale lorsqu’on leur énonce les peines de prison qu’ils encourent légalement pour un morceau de résine trouvé dans leur poche (détention) ou quelques barrettes revendues au pied de leur immeuble, ou simplement pour s’être rendus complices d’un dealer en faisant le guet pour lui. Dans les cités, les jeunes garçons qui traînent dehors sont vite repérés et utilisés par de plus grands pour rendre de petits services : dès 9/10 ans, ils vont apporter la canette ou le sandwich sur le lieu de vente contre 1 ou 2 euros ou un paquet de bonbons et se sentent valorisés de participer à un trafic organisé par des grands. Et peu à peu, ils montent dans la hiérarchie des tâches : guetter, crier « ara, ara » à l’arrivée des policiers, remplacer un dealer pendant une heure ou deux pour le dépanner s’il a une course à faire, servir d’intermédiaire pour rabattre des clients, cacher des produits dans le trou d’un mur, puis devenir « charbonneurs» en revendant eux-mêmes du cannabis en quantités de plus en plus importantes.
Que risque un jeune surpris par la police en train de se livrer à un petit trafic au pied d’une cité ? Il va être placé en garde à vue, souvent 48 heures, pour être interrogé sur ses sources d’approvisionnement. Peine perdue ! La plupart du temps, il ne connaît pas l’identité de son fournisseur, et la connaîtrait-il qu’il ne la « balancerait » sûrement pas (vu le risque de très probables représailles). A l’issue de sa garde à vue, il sera généralement déféré devant un juge des enfants qui va le mettre en examen pour offre ou cession de stupéfiants et saisir ou pas le JLD (juge des libertés et de la détention) pour un éventuel placement en détention. S’il s’agit d’une première interpellation et d’une petite quantité de haschich, ou si le juge estime qu’il doit requalifier les faits en offre ou cession à autrui pour sa consommation personnelle, le juge ne prévoira pas sa détention mais plutôt un contrôle judiciaire ou une mesure de suivi éducatif. Mais le procureur peut, la peine encourue étant de dix ans, saisir directement le JLD pour demander cette mise en détention –ce qui arrive assez fréquemment, tant la voie répressive a été privilégiée ces dernières années par le parquet pour ce type d’infractions. Dans ce cas, la détention provisoire peut être de 4 mois renouvelables, même pour un mineur, et la peine prononcée in fine devant le tribunal sera le plus souvent une peine ferme ou une peine d’emprisonnement partiellement assortie d’un sursis. La peine de prison accomplie… ils recommencent, souvent mieux armés (au sens propre et au sens figuré) pour poursuivre des trafics plus importants.
J’ai pu constater que les adolescents arrêtés pour ILS sont souvent les plus ingénus, relégués en bout de chaîne et sans responsabilités. En ce qui concerne les mineurs, les procédures pénales, qui représentent environ 5% de la totalité des poursuites, ne débouchent jamais sur le démantèlement de réseaux. Certes pour les majeurs, la situation est différente : grâce à un très gros investissement d’une police spécialisée, des procédures concernant des bandes organisées sont ouvertes chez les juges d’instruction qui débouchent sur des procès fleuves au cours desquels des dizaines d’années de prison sont prononcées. Mais tout ceci ne représente qu’une goutte d’eau par rapport à l’ampleur des trafics installés dans les cités et qui font vivre des familles entières touchées par la précarité.
La loi sur les peines-plancher (10 août 2007) a eu beau renforcer les peines très lourdes déjà prévues à l’origine par la loi du 31 décembre 1970, rien n’arrête ce juteux trafic qui, de plus, devient dangereux en raison de l’utilisation mal maîtrisée d’armes de guerre par des bandes rivales, comme on le constate, hélas, à Marseille… Il me paraît évident que la justice a échoué dans la guerre contre la drogue malgré un arsenal pénal impressionnant qui remplit les prisons de dealers mais qui n’empêche pas les trafics de perdurer dans les banlieues et de devenir de plus en plus violents. Par ailleurs, la santé des millions de jeunes usagers de drogue n’est absolument pas prise en compte actuellement…
On ne pourra faire reculer ce fléau que par une véritable révolution sociale, éducative et culturelle dans les cités, susceptible de faire reculer le sentiment d’exclusion des jeunes à l’école et sur le marché de l’emploi et de leur donner l’espoir d’un avenir plus prometteur. Mais il convient aussi d'envisager sérieusement d’autres voies comme la légalisation de la vente de la drogue qui permettrait de réduire le pouvoir de la criminalité organisée et de mieux protéger la santé et la sécurité des citoyens par le contrôle de la délivrance des produits, de leur composition, des conditions d’accès et par l’intervention étatique sur les prix des produits et les volumes en circulation. Pourquoi ne pas essayer ?
Christine Bartolomei est magistrate honoraire, ancienne juge des enfants et présidente du Tribunal pour enfants de Marseille (de 2000 à 2010), membre du conseil scientifique de l'Observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux dirigé par Laurent Mucchielli.
 
Source : https://blogs.mediapa...ontre-la-drogue
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